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Exploitation illégale du Bubinga dans le Nyong et kellé, département du Cameroun

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par Jean Christian Mey Boudoug
Ecole nationale des eaux et forêts de Mbalmayo Cameroun - Brevet de technicien supérieur des eaux et forêts 2012
  

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2-CAUSES ET AUTEURS

Les causes d'inobservation des modalités d'exploitation des forêts sont diverses. Mais, celles susceptibles de retenir notre attention sont de deux ordres : Les causes liées à l'administration en charge de la gestion des forêts et les causes imputables à la participation passive, à l'ignorance des contraintes liées au contexte socioculturel des populations forestières.les auteurs quant à eux étant les exploitants et les populations.

a) LA CAUSE IMPUTABLE A L'ADMINISTRATION ET AUX EXPLOITANTS FORESTIERS.

· La sensibilisation et la vulgarisation insuffisante de la législation forestière.

La sensibilisation et la vulgarisation insuffisantes de la loi est en grande majorité à l'origine des activités illégales. Ces activités se manifestent de deux façons au moins: D'une part, les coupes illégales telles; la coupe en dehors des limites de la zone d'exploitation, la coupe sans autorisation par certains particuliers et même par la population locale, la sous-traitance de l'exploitation de coupe, la coupe d'arbres dont le diamètre est inférieur à la norme autorisée ( les exploitants prétendent dans ce cas qu'il s'agit de la partie supérieure d'un gros tronc, trop grand pour être transporté en un seul morceau sur le camion).

Toutefois, les manquements à la législation forestière ne sont pas uniquement dus à l'ignorance de la loi.

b) LES CAUSES IMPUTABLES AUX POPULATIONS FORESTIERES.

· La participation passive des populations forestières au processus décisionnel.

La participation et l'implication des populations riveraines dans la gestion des ressources forestières, faut-il le rappeler, constitue la « raison d'être » des forêts communautaires. L'étude de l'état des lieux de la foresterie communautaire dans le Nyong et kéllé montre une implication plus ou moins directe des acteurs extérieurs dans le processus d'acquisition des forêts communautaires. En effet, la force motrice de l'acquisition et de l'exploitation des forêts communautaires est l'exploitation forestière pour le bois d'oeuvre. Or, l'exploitation forestière pour le bois d'oeuvre reste une question de pouvoir et de moyens financiers, non accessibles aux populations forestières dont l'état de pauvreté n'est plus à démontrer ; lequel état de pauvreté pousse la grande majorité des dits populations à se jeter dans le sciage sauvage la vente et le transport des débités en vu de subvenir aux besoins les plus élémentaires.

La réglementation en vigueur consacre la propriété de l'Etat sur la terre et l'ensemble des ressources forestières( art. 6 de la loi de 1994 sur les forêts; art.1 de l'ordonnance du 6 juillet 1974 fixant le régime foncier) ; Il en ressort que les populations ne sont que des bénéficiaires de simples droits de jouissance ou des droits réels conditionnels. Par conséquent, les populations riveraines n'étant propriétaires ni des forêts encore moins des redevances forestières, n'ont pas qualité d'agir en justice pour faire cesser les opérations illégales qui sont de plus en plus récurrentes dans les massifs forestiers ni pour faire cesser les malversations ou les détournements de certains fonctionnaires locaux véreux, le statut de deniers publics reconnus aux redevances forestières limitant la participation des populations bénéficiaires. Celle-ci s'est limitée jusqu'ici à la participation communautaire. Les méthodes et outils pour assurer la participation des communautés riveraines n'ont pas intégré le fait que le processus (accès aux ressources et revenus), est un enjeu de pouvoir important.

· L'ignorance des contraintes liées aux contextes économique, social et culturel local.

Le caractère facultatif des avis émis par la population pendant la phase d'élaboration des modalités d'exploitation des forêts a eu comme conséquences, la non prise en compte des contraintes liées aux contextes économique, social et culturel local. Ainsi, les processus de classement et d'exploitation des forêts, en particulier des forêts communales et communautaires, n'ont pas intégré les facteurs du contexte spécifiques aux populations riveraines. Ces facteurs sont de plusieurs ordres à savoir: l'attentisme des populations forestières, leur inorganisation, leur perception par elles-mêmes et leur faible niveau de revenu.

Le constat général est que les populations villageoises deviennent avec le temps enclines au gain facile et à court terme, hypothèquent leurs ressources et leur avenir. C'est pourquoi les populations peuvent être considérées comme des agents destructeurs de leur propre environnement de plus, la perception des populations par elles-mêmes et leur faible niveau de revenus ne font pas d'elles de véritables partenaires dans le processus ; les populations forestières ne s'estiment pas à une grande valeur et ont d'elles-mêmes une image, qui les place dans une position inférieure aux autres acteurs sociaux; en l'occurrence des « élites » et des fonctionnaires. Elles n'osent pas « lever la tête devant eux », ni leur parler « d'homme à homme ». Ce facteur rend difficile la mise en oeuvre d'un processus de négociation approprié, indispensable pour la réussite de l'exploitation participative et durable des forêts au Cameroun et du potentiel naturel en Bubinga du département lorsqu'on sait que le Nyong et kéllé est l'un des départements les mieux fournis en Bubinga au Cameroun. Par ailleurs, leur taux de revenus demeure faible voire nul; ce qui les met à la merci de tous les pouvoirs d'argent et au lieu de promouvoir le développement économique local, l'exploitation des ressources de la forêt a dans la majorité des cas, favorisé plutôt l'avancement de la pauvreté et par conséquent la violation du droit des populations forestières à un environnement sain.

3- IMPACTS SUR LES DROITS DES COMMUNAUTES FORESTIERES.

Les impacts négatifs de cette exploitation forestière s'observent non seulement au niveau de la déstructuration et de la dégradation du cadre de vie des populations forestières, mais l'exploitation illégale altère aussi l'alimentation et aggrave la situation sanitaire des villageois.

a)La dégradation et la déstructuration du cadre de vie des populations forestières.

L'exploitation (industrielle et artisanale) non contrôlées des forêts a un impact négatif considérable sur le milieu et le mode de vie de la population vivant à proximité ou à l'intérieur des forêts.

Les populations villageoises vivant dans la zone de MBAANDJOCK dans l'assiette 004, n'exercent qu'une influence aucune sur la définition des modalités de l'exploitation. En effet, le lancement des opérations forestières tant industrielles qu'artisanales a constitué pour elles, une surprise qui modifie considérablement leur milieu de vie. C'est ce handicap qui a favorisé l'activité illégale de certains exploitants industriels du bois notamment du bubinga. De manière générale, l'exploitation industrielle du bois ouvre un accès à la forêt, avec toutes les conséquences que l'intrusion d'acteurs nouveaux entraîne dans le « système socio- écologique ». Pour abattre seulement les meilleurs arbres de quelques essences de grandes valeurs, les sociétés et exploitants non identifiés tracent des routes sur de vastes zones de forêt inaccessibles auparavant; cela facilite l'afflux des populations à la quête d'emplois et ouvre la forêt à d'autres activités tels que : la chasse commerciale de gibier, le défrichement ou le feu de brousse à des fins agricoles. L'industrie forestière a facilité directement et indirectement une augmentation importante du braconnage; par conséquent certaines espèces fauniques sont en voie d'extinction.

L'exploitation industrielle et illégale du bubinga a aussi un impact surtout qualitatif sur la flore. En coupant par exemple les gros arbres, l'exploitant élimine aussi les arbres qui produisent les meilleures graines. Les espèces exploitées souffrent ainsi d'érosion génétique et leur régénération naturelle s'en trouve ainsi affectée. En outre, le bruit des engins forestiers fait fuir la plupart des primates et suidés. Cette dégradation de leur milieu de vie entraîne une érosion des pratiques coutumières menaçant ainsi leur mode de vie et les responsables coutumiers encore soucieux du devenir de leurs localités craignent la perte de toutes valeurs coutumières et économiques leur étant propre.

Les activités d'exploitation forestière, altèrent aussi le mode de vie des populations locales et autochtones et tout particulièrement, celui des peuples vivant dans la forêt (pygmées).Paradoxalement, ce sont eux qui souvent, sont loués pour quelques jours par les entreprises comme prospecteurs pour indiquer les essences d'arbres intéressantes (non pour leur protection) sur le plan commercial. Ces pygmées accélèrent ainsi la fin de leur mode de vie traditionnel et la perte de la richesse de leur connaissance des produits de la forêt et de la nature. De cette manière, les habitants de la forêt, ignorant parfois l'impact négatif de la déforestation sur leur mode de vie, participent souvent inconsciemment à la destruction de leur propre environnement.

De plus, l'exploitation forestière illégale (par écrémages) contribue à la destruction de la culture des peuples de la forêt et altère les bases de leur vie. Les essences d'arbres comme le Bubinga et le Moabi sont très utiles pour la population locale et autochtone, qui accepte mal leur exploitation, car ces arbres à forte valeur commerciale ont également une importance « culturelle » et par conséquent, leur exploitation irrationnelle a un impact sur l'alimentation et sur la santé des populations locales.

b) Impact sur l'alimentation locale et sur la santé des populations forestières

La fragilité des peuples forestiers, de même que leur forte dépendance vis-à-vis de la forêt, auraient sans doute pu justifier une attention particulière de la loi et des exploitants industriels du bois à leur égard.

Les pratiques observées dans les zones forestières sont plutôt pitoyables. L'industrie illégale du bubinga ne favorise certainement pas l'amélioration des conditions de vie des populations, qui plus est, le commerce du bois génère directement et indirectement un nombre croissant de problèmes d'alimentation et de santé dans les zones forestières concernées.

· L'insécurité alimentaire des populations forestières.

Pour les peuples autochtones ou habitants de la forêt, les désavantages de l'exploitation forestière sont bien plus consistants que les avantages : Quand l'exploitation forestière ou quand une industrie de transformation du bois s'installe dans une zone forestière, la population riveraine croît rapidement. Les villages deviennent de petites villes, mais seulement l'infrastructure ou l'alimentation ne suit pas. La ville d'Eséka chef lieu du département du Nyong et kéllé est un exemple palpable de ce type de développement précaire; Les coûts des produits alimentaires y sont fortement augmentés, car l'alimentation locale est insuffisante, de sorte qu'il faut importer de plus en plus de produits.

Par ailleurs, l'abattage abusif du bois raréfie d'autres produits forestiers (non ligneux) tels que le gibier pour consommation propre, fruits, huile, chenille et miel. Les petits potagers et les plantations de maniocs sont régulièrement pillés par les travailleurs forestiers et les chauffeurs de camion qui passent par-là; L'invasion des braconniers, qui chassent le gibier à grande échelle dans les forêts pour les vendre aux exploitants forestiers ou dans les grandes villes, cause également de gros problèmes à la population qui voit ses propres réserves de gibier disparaître et son alimentation en protéine animale en péril sans la moindre compensation de la part des entreprises forestières.

Enfin, ni la provision d'eau propre pour les soins de propreté, ni la provision d'eau potable ne sont assurées. Dans la plupart des cas, les compagnies forestières creusent à proximité du camp un puits qui constitue la seule source d'eau disponible dans le camp. Creusé sans avoir recours à un expert, ce puits fournit une eau impropre à la consommation et peu attrayant pour la toilette. Elle contient en outre des amibes qui font souffrir en permanence les ouvriers et leur famille de sérieux problèmes de santé.

· Les conditions sanitaires déplorables.

Peu sont les exploitants forestiers qui se soucient du bien-être de la population riveraine. La plupart des exploitants industriels du bois animés par la recherche effrénée du gain, n'évaluent pas l'impact de leurs activités sur la communauté villageoise riveraine. Les constatations suivantes ont trait aux conditions de santé déplorables des populations villageoises et indiquent qu'un changement urgent est nécessaire et indispensable.

De prime abord, l'exploitation illégale du Bubinga n'est pas sans conséquence sur la santé des populations quand on sait que le Bubinga permet la fabrication de remèdes pour soigner l'hernie et les douleurs musculaires.

Somme toute, les populations des forêts du Nyong et kéllé ont souffert et continuent de souffrir de l'exploitation intensive et des ruptures sociales résultant des intérêts étrangers pour les ressources forestières dans le département.

L'application ineffective de la loi forestière et l'exploitation illégale du Bubinga ont crée des déséquilibres sociaux niant ainsi les droits des populations forestières à leurs terres et ressources, diminuant aussi leur contrôle et surtout leur participation aux prises de décisions en matière d'exploitation des forêts.

Assurément, l'exploitation industrielle des forêts a hypothéqué le droit des communautés forestières du Nyong et kéllé à un environnement sain vu que tout le long de cette chaine de production, aucune des règles d'exploitation forestière à impact réduit (EFIR) ne sont ni consultée encore moins utilisée. D'où l'urgence de réagir en faveur de la redynamisation de la gestion durable et participative des forêts, garantissant le droit des communautés de la forêt à un environnement sain.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote