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L'habitat informel dans les villes d'Afrique subsaharienne francophone à  travers l'exemple de Niamey (Niger )

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par Hamadou ISSAKA
Université de Pau et des pays de l'Adour - Master 2 de géographie 2007
  

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6.3.2 L'habitat informel de moyen standing

L'habitat informel de moyen standing regroupe la catégorie dite habitat urbain c'est-à-dire les maisons construites en matériaux définitifs, et qui se repartissent en trois groupes :

- les maisons en banco : le banco est une sorte de pisé fait de glaise mélangé à de la paille et formant de briques séchées au soleil. Les constructions en banco sont prédominantes dans les villages urbains. Elles constituent le modèle évolué d'habitat exigé par l'administration coloniale après l'incendie qui ravagea les paillotes de Niamey en 1935.

- Les maisons en semi dur : Ce sont les constructions faites de banco sur lequel est fixé du ciment sur un grillage lui-même solidarisé au banco par des pointes métalliques. Contrairement au banco où la toiture est faite généralement de terrasse constituée de poutres de rônier ou d'Eucalyptus recouvertes de branchages et de seccos ou parfois de tôles de récupération ou de tonneaux dépliés sur lequel on coule du banco, la toiture des semis durs est généralement faite de tôles ondulées. C'est une imitation du dur mais qui est moins résistante. - Les maisons en dur : c'est l'habitat des classes aisées, symbole de réussite économique et sociale. Nous l'avons classé dans le moyen standing pour le simple fait que malgré la nature de la construction, dans les zones informelles, il n'y a en général pas les commodités accompagnant ce type d'habitat : eau courante, électricité, ou dans le meilleur des cas la présence de l'une ou de l'autre.

De prime abord, on peut dire que les occupants de cet habitat de moyen standing sont les
squatters à revenus moyens. Certes pour bâtir une maison en banco de deux pièces

communément appelée célibatorium28, il faut au moins 200 000 F CFA (environ 305 €), mais cette réalité en cache une autre : c'est le statut de l'espace qui détermine beaucoup à Niamey la nature de l'habitat informel. Beaucoup de gens qui occupent les paillotes ont le moyen de construire en banco mais ils ne le peuvent pas parce qu'ils savent le risque qu'ils courent d'engager des frais importants pour bâtir une demeure qui sera détruite tôt ou tard. Par contre, ceux qui construisent en matériaux définitifs le font pour deux raisons principales. D'abord, les terrains sur lesquels ils construisent leur ont été vendus et ils disposent d'une attestation de vente signée par le propriétaire coutumier et le chef de quartier. Disposant donc

Figure n°8 : un exemple de construction en banco, le quartier Pays-Bas.

Source : ISSAKA H (2007), cliché ABDOU I.

de cette légitimité, ils estiment qu'ils courent moins de risques en construisant en matériaux définitifs car ils espèrent être confirmés dans leur droit après une opération de restructuration. Ensuite, lors de l'achat il leur est exigé de construire en matériaux définitifs pour mieux renforcer la capacité des habitants à lutter contre toute tentative de déguerpissement pour taudification que les autorités avancent comme prétexte pour déguerpir l'habitat informel. Mais au vu des résultats de notre enquête, il faut aussi dire que la présence de 34% de

28 Il s'agit en fait d'une maison composée d'une pièce et d'une véranda.

squatters sans revenu s'explique par le fait que certains commerçants, leaders politiques ou religieux construisent des maisons dans ces zones et les font occuper par des parents ou des disciples ou encore des militants. Par contre, 32% des chefs de ménage de l'habitat de moyen standing ont des revenus qui leur permettent de faire un tel investissement comme le prouve la figure ci-dessous.

Figure n°9 : Revenu des squatters habitant les lotissements coutumiers à Niamey

Revenu en F.CFA

Effectifs en (%) ('

34 34

23

5 4

30

25

20

15

10

5

0

40

35

Aucun revenu Moins de 50 000

50 000 - 100 000

100 000-150 000 Plus de 150 000

Source : ISSAKA H. enquête (2004)

Cette figure montre que 9% des squatters habitant l'habitat de moyen standing font partie de la classe moyenne car pour bénéficier d'un revenu mensuel de 100 000 F CFA, il faut être un cadre dans l'administration. 32% des chefs de ménage ont donc au moins un revenu mensuel de 50 000 F CFA et sont loin des critères de pauvreté établis par l'enquête nationale sur le budget et la consommation. Dans cet habitat de moyen standing, se retrouve une population cosmopolite constituée aussi bien de lettrés 66,7% (dont 2% ont des diplômes universitaires) que d'analphabètes (33,3%). Contrairement à ceux qui habitent les paillotes, les squatters vivant dans l'habitat de moyen standing ont moins de personnes à charge. Par exemple, la proportion des chefs de ménage ayant au moins 10 personnes à charge varie de 44,8% à 47%. A un niveau plus élevé, l'écart d'élargit. En effet, 31,3% des chefs de ménages habitant les paillotes ont plus de 15 personnes à nourrir contre 20,1% de ceux qui habitent les maisons en matériaux durables. La paillote est le reflet de la vie villageoise où le communautarisme est plus développé.

Les squatters constituent une population contrastée appartenant à des catégories sociales diverses. On y trouve aussi bien des pauvres que des gens à revenu moyen. Parmi eux ce sont les artisans qui sont les plus nombreux 34% (ISSAKA H. 2004). Ils sont secondés par les revendeurs (19%) et les cultivateurs 10%. Si toutes ces catégories ont des revenus aléatoires, il faut souligner la présence de salariés parmi lesquels des fonctionnaires (environ 3%), des chauffeurs (4%), des forces de défense et de sécurité (2%) mais aussi des gardiens (9%). Par contre, les éleveurs qui sont à l'origine de la création du premier squat autorisé depuis la période coloniale représentent une infime proportion (1%). Comme on peut le constater même s'ils ne sont pas tous de la classe moyenne, certains squatters ont les moyens de vivre dans les zones d'habitat traditionnel si les conditions d'accès à la parcelle officielle étaient équitables.

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