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Les causes de l'insuffisance du crédit bancaire au Sénégal

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par Ngor SECK
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Diplôme d'études approfondies 2010
  

Disponible en mode multipage

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    République du Sénégal
    Un peuple-Un but-Une foi

    UNIVERSITÉ CHEIKH AN TA DIOP
    DE DAKAR

    FACULTÉ DES SCIENCES ÉCONOMIQUES ET DE GESTION (FASEG)

    CONFÉRENCE

    DES INSTITUTIONS

    D'ENSEIGNEMENT ET

    ÉCONOMIQUE

    AFRIQUE (CIEREA)

    DE RECHERCHE

    ET DE GESTION EN

    Mémoire de DEA

    THEME :

    LES CAUSES DE L'INSUFFISA NCE DU

    CREDIT

    BANCAIRE AU SENEGAL.

    Présenter par :

    Ngor SECK

    Etudiant

    Option : Macroéconomie

    Spécialité : Economie Monétaire-Bancaire

    Et Financière

    :

    Sous la direction de

    au NPTCI Seydi Ababacar Dieng

    Appliquée Professeur agrégé des

    Facultés

    des Sciences

    Economiques Gestion

    et de

    Année académique 2009-2010

    DEDICACES

    Au Seigneur le Tout Puissant et Miséricordieux.

    A Mon Père et Ma mère.

    A Mes grands parents (paix à leurs âmes).

    A Mes frères, soeurs, oncles et tantes.

    A Mes amis.

    REMERCIEMENTS

    Au Pr. Seydi Ababacar DIENG, qui malgré ses multiples occupations, a accepté de diriger ce travail qui est capital dans mes études. Nous avons appris auprès de lui la rigueur scientifique, l'amour du travail bien fait et une grande humilité.

    A tous les Professeurs et Assistants de la FASEG, pour la formation de qualité qu'ils nous ont donnée.

    A tous ceux qui ont soutenu le NPTCI, au directeur national et général pour la formation en rigueur, en compétence que ce programme nous a permis d'acquérir.

    A mes parents, frères, soeurs, tantes et oncles. Ils ont toujours été à mes côtés pour me soutenir et me réconforter dans les moments difficiles. Je vous remercie pour la marque d'affection que vous m'avez témoignée.

    A mon frère Moussa SECK, qui ma beaucoup soutenu dans mes études. A mes défuntes grandes mères Seynabou SENE et Fatou NGOM sans oublier mes soeurs Marème et Khady.

    A mon Ami Ibrahima SY pour notre fructueuse cohabitation, et son soutien matériel et logistique. A Mrs Douda DIOGOUL et Omar Bâ pour leur soutien surtout financier. A Mr et Mme NDONG qui me considèrent comme un fils et m'ont beaucoup aidé dans mes études. A ma tante Mariame SECK.

    A Sokhna Sarr BOP, personne qui est entrée dans ma vie au bon moment et qui m'a aussi aidé dans la rédaction de ce mémoire, personne à qui je réserve d'immenses remerciements sans oublier toutes sa famille ainsi que ses amies. A Aïssatou NDIAYE pour son aide et son important travail de relecture, qui ont été une grande source de motivation pour moi.

    Au Personnel et enseignants de l'ISI (Institut Supérieur d'Informatique), formation qui beaucoup aidée dans le traitement informatique de mes données. En particulier à Mr NDIAYE, le directeur des études du premier cycle. A Mr FALL, professeur d'économie à l'ISI, qui m'a non seulement inspiré dans l'écriture de ce mémoire mais également guidé et apporté son expertise reconnue.

    A mes camarades de la 2ème promotion du NPTCI pour avoir facilité mon intégration dans le groupe. A mes camarades de la 3ème Année Informatique-MIAGE (ISI).

    A mes amis Masse FAYE, Khadime WANE, Daouda LO, Madieng TOP pour l'aide qu'ils m'ont apporté dans la documentation. A Tako NIANG pour les fructueux documents qu'elle a mis à ma disposition.

    A tous ceux dont les noms n'ont pas été cités, qu'ils trouvent en ce travail le résultat de multiples services qu'ils nous ont rendus.

    SOMMAIRE

    DEDICACES ...i

    REMERCIEMENTS ii

    abréviations, acronymes et sigles iv

    Liste des graphiques et des tableaux v

    RESUME vi

    AVANT-PROPOS : vii

    INTRODUCTION GENERALE: 1

    CHAPITRE I : LE DYNAMISME DU SYSTEME BANCAIRE DU SENEGAL ET LES OBSTACLES AU CREDIT BANCAIRE 5

    SECTION I - L'EVOLUTION DU SYSTEME BANCAIRE DU SENEGAL :... .......5

    SECTION II- LA BANQUE ET LA MICRO FINANCE :... ...... ... ......13

    CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE SUR L'INSUFFISANCE DU CREDIT BANCAIRE 21

    SECTION I- REVUE DE LA LITTERATURE THEORIQUE :... ...... .......21

    SECTION II- REVUE DE LA LITTERATURE EMPIRIQUE :... ...... ......43

    CHAPITRE III : LE CADRE METHODOLOGIQUE ET EMPIRIQUE DE L'ETUDE DES

    OBSTACLES AU CREDIT BANCAIRE AU SENEGAL 52

    SECTION I- LE CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE :............ .........52

    SECTION II- RESULTATS EMPIRIQUES ET RECOMMANDATIONS :................ ... 56

    CONCLUSION GENERALE : 63

    REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE 65

    ANNEXE I 67

    ANNEXE II 70

    ANNEXE III 72

    TABLE DES MATIERES 74

    ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES

    ANSD : Agence national de la statistique et de la démographie

    BCEAO : Banque Centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest

    BEAC : Banque Centrale des Etats d'Afrique Centrale

    BHS : Banque de l'Habitat du Sénégal

    BICIS : Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Sénégal

    BIS : Banque Islamique du Sénégal BRS : Banque régionale de Solidarité BOA: Bank Of Africa

    CBAO: Compagnie Bancaire de l'Afrique de l'Ouest

    CEMAC : Communauté Economique et Monétaire des Etats d'Afrique Centrale

    CFA : Communauté Financière Africaine

    CNCAS : Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal

    CP: Capitaux propres des banques

    DPEE : Direction de la Prévision et des Etudes Economiques

    FMI : Fonds Monétaire International IMF : Institutions de Micro Finance NR : Niveau de Risque

    PIB : Produit Intérieur Brut

    PME : Petites et Moyennes Entreprises PMI : Petites et Moyennes Industries

    S : Epargne collectée par les banques

    SGBS : Société Générale de Banques du Sénégal

    TX : Taux d'intérêt

    UBA: United Bank for Africa

    UEMOA: Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

    LISTE DES GRAPHIQUES ET DES TABLEAUX

    Listes des graphiques Pages

    Graphique 1: Les postes du passif du bilan des banques au Sénégal 16

    Graphique 2: Les postes de l'actif du bilan des banques au Sénégal 17

    Graphique 3: Le modèle de rationnement du crédit de Stiglitz et Weiss (1981) 37

    Graphique 4: Evolution du CR, des CP, de S et du TX 70

    Graphique 5: Evolution du CR, du PIB et du NR 70

    Graphique 6 : Test Cusum 71

    Listes des tableaux et schéma Pages

    Tableau 1 : Quelques statistiques et ratio relatifs au système bancaire sénégalais 15

    Tableau 2 : Répartition du crédit à l'économie selon les branches d'activité en % 19

    Tableau 3 : Variables explicatives et signes attendus 54

    Tableau 4 : Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test 67

    Tableau 5 : Test de cointégration de Johansen 68

    Tableau 6 : Estimation du modèle à correction d'erreur 69

    Tableau 7 : Test de White 69

    Tableau 8 : Données relative au secteur bancaire sénégalais 72

    Tableau 9 : Données relative au passif des banques 73

    Tableau 10 : Données relative à l'actif des banques 73

    RESUME

    Les mutations intervenues dans le secteur financier senegalais et plus particulierement le secteur bancaire avec l'implantation en masse de nouvelles banques nous ont conduits a mesurer l'impacte des capitaux propres et des depots de la clientele sur le credit octroye par les banques.

    L'analyse de la structure du marche du credit bancaire du Senegal, au regard des indicateurs traditionnels de structure, montre globalement une structure fortement concentree. Le credit bancaire est mal reparti entre les secteurs de l'economie.

    L'etude econometrique, basee sur un modele a correction d'erreur a travers une specification du credit bancaire nous a permis de montrer qu'un certain nombre de variables ont un impact non negligeable sur le credit bancaire. L'estimation de notre modele montre non seulement que les variables explicatives retenues sont significatives mais peuvent aussi etre source de recommandations en termes de solutions a apporter a la situation d'insuffisance du credit bancaire observe au Senegal.

    Ainsi nos recommandations portent essentiellement sur l'ancrage de regulation, la
    promotion d'un secteur bancaire dynamique, le renforcement du cadre juridique et
    reglementaire, le developpement de la micro finance et la stabilite macroeconomique.

    Mots clés : secteur bancaire, capitaux propres , depots de la clientele, credit bancaire, modele a correction d'erreur.

    Avant-propos :

    Longtemps les économistes se sont penchés sur les questions intéressant le système bancaire. En général, ils réfléchissent sur le comment faire pour avoir un système bancaire stable, ou bien sur les effets d'une réglementation, mieux la concurrence dans le secteur. Et pourtant, la finance d'une manière générale et le financement bancaire de manière particulière est dans ce monde moderne gage de croissance et donc d'une économie prospère.

    Il importe alors d'essayer d'apporter des réponses, étant donné que dans ce monde actuel le crédit bancaire est gage de compétitivité pour une économie, au pourquoi au Sénégal ce crédit à l'économie est insuffisant. Autrement quelle est l'explication du rationnement du crédit bancaire au Sénégal.

    L'objectif principal de ce mémoire s'inscrit dans ce cadre avec comme vision ; une bancarisation bénéfique à une économie qui en à besoin (l'économie sénégalaise). Autrement dit ce travaille cherche à trouver les obstacles au crédit bancaire en proposant par suite des solutions idoines.

    INTRODUCTION :

    Le concept de croissance économique est difficile à cerner. Les économistes s'interrogent encore aujourd'hui sur ce qu'ils savent de la croissance et sur la meilleure manière de définir une politique économique en l'absence de modèle fiable. Il n'en demeure pas moins que l'accélération de cette croissance économique est la grande priorité des responsables politiques dans la plupart des pays, dans l'espoir de faire reculer la pauvreté et de relever le niveau de vie de la population.

    Pour l'Afrique qui n'est pas en marge du phénomène, le problème se pose différemment. En effet, depuis quelques années, l'Afrique subsaharienne connaît une croissance économique soutenue, avec des taux qui dépassent 5% par an. Ces chiffres souffrent d'une contestation qui touche à la fois au concept même de croissance économique et au manque de fiabilité de l'appareil statistique. Au Sénégal, la poursuite de la croissance se heurte à un obstacle fondamental : la fragilité des secteurs financiers. La pérennité de la croissance économique ne peut pas se faire sans la mise en place d'une infrastructure financière sur laquelle elle peut s'appuyer. Des secteurs financiers solides profonds et efficients sont donc indispensables pour le Sénégal en vue d'améliorer le climat des affaires et créer les conditions dont l'économie a besoin pour « booster » la croissance à travers l'augmentation du crédit à l'économie.

    En Afrique subsaharienne d'une manière générale, les marchés boursiers sont embryonnaires. De même le secteur de l'assurance et les intermédiaires financiers non bancaires sont peu visibles. Dans ce contexte, l'analyse que nous comptons mener se limite au seul secteur bancaire.

    Au Sénégal, le secteur bancaire représente plus de 80 % des actifs ; il est donc la partie la plus développée du secteur financier. Toutefois, la bancarisation se distingue par des taux très bas : entre 5% et 10%. Des taux très bas sont des obstacles à l'amélioration de la croissance économique et à sa stabilisation. Dans ce contexte, la réforme du secteur bancaire doit poursuivre l'objectif d'une bancarisation de masse car celle-ci va dans le sens du développement économique. En effet, en dehors du fait que l'accès aux services bancaires est indispensable pour mener une vie normale dans une société moderne, la fourniture des services financiers aux populations les plus démunies est un vecteur de lutte contre la pauvreté. Au regard de la zone CFA (Communauté Financière Africaine) en Afrique francophone, le secteur bancaire compte des établissements financiers qui exercent une activité de banques universelles caractérisée par une structure

    oligopolistique dominée par des groupes internationaux qui contrôlent près de 70% du marché. Dans cet espace, les banques françaises conservent des positions fortes notamment la BNP, la Société Générale, le Crédit Agricole et le Crédit Lyonnais. Compte tenu du fait que dans ces zones, les dépôts de la clientèle progressent plus vite que les crédits à la clientèle, le système bancaire comporte souvent une situation de trésorerie nette largement excédentaire1. Depuis les années 90, période marquée par plusieurs crises, les banques ont subi une restructuration brutale et en profondeur ; la gestion du secteur a accompli d'énormes progrès. Le système bancaire est devenu relativement sain, liquide et rentable. Cependant il existe encore des lacunes en matière juridique, mais surtout dans le financement de l'économie gage de croissance dans ce monde moderne. L'encours du crédit intérieur se serait contracté de 39,4 milliards de francs CFA, pour se situer à 1.480,2 milliards en fin décembre 2008 au Sénégal, signale une note de conjoncture mensuelle de la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE). Cette contraction s'est, selon la DPEE, opérée sous l'effet des créances nettes du système bancaire à l'Etat et, dans une moindre mesure, des crédits accordés par le système bancaire au secteur privé. En effet, précise la note, les crédits nets accordés par le système bancaire à l'Etat diminueraient de 38,6 milliards ou 60,5% en rythme mensuel, passant de 63,8 milliards à 25,2 milliards entre fin novembre et fin décembre 2008. Sur un an, cette diminution représenterait 71 milliards, précise la DPEE, ajoutant que l'encours des créances du système bancaire au secteur privé se situerait à 1.454,9 milliards à la fin décembre 2008. `'Cette situation, explique la note, traduirait l'évolution des crédits de campagne qui baisseraient de 4,3 milliards par rapport au mois précédent pour se chiffrer à 5,2 milliards à fin décembre 2008». L'encours des crédits ordinaires a, quant à lui, `'légèrement progressé de 3,5 milliards, pour se situer à 1.449,8 milliards».

    En glissement annuel, l'encours du crédit intérieur se renforcerait de 156,1 milliards, en rapport avec les crédits accordés par le système bancaire au secteur privé, relève la note de conjoncture. En fin décembre, début 2009, les créances du système bancaire au secteur privé seraient constitués de 1.018,4 milliards de crédit à court terme, 392,8 milliards de crédits à moyen terme et 43,6 milliards de crédits à long terme, ajoute le document. D'après la DPEE, `'la part des crédits à long terme dans le financement bancaire se situerait ainsi à 3%, dénotant la faiblesse des crédits destinés à

    l'investissement». Avec 400,8 milliards, le sous-secteur `'Hôtels-Bars-Restaurants» serait en tête des bénéficiaires des financements accordés par le système bancaire. Vient ensuite l'industrie manufacturière avec 304,9 milliards.

    Cette situation est tellement vrai que le Sénégal voit aujourd'hui se développer de nouveaux modes d'organisation financière notamment la micro finance pour faciliter cet accès. Cependant, cette situation de concurrence entre secteur bancaire et micro finance est loin d'avoir favorisé l'élévation de taux de bancarisation et donc le niveau du crédit à l'économie.

    Dès lors il est donc important de voir quelles sont les entraves à cette bancarisation et dans quelle mesure elle peut être porteuse d'opportunités pour les différents agents économiques en stimulant le crédit bancaire. Répondre à la question, pourquoi le financement bancaire est insuffisante et d'essayer d'apporter des réponses est alors capital. Pourquoi y a-t-il rationnement du crédit au Sénégal ?

    Dans ce contexte, un certain nombre de questions se pose à savoir : quels sont les principaux obstacles qui empêchent les banques de financer l'économie (raisons internes aux banques)? Quelles sont les causes du gap non négligeable entre les dépôts de la clientèle et les crédits accordés à ces deniers et la faiblesse du taux de bancarisation ? Pourquoi les banques n'accordent pas suffisamment de crédit aux agents économiques, malgré le nombre de banques (raisons externes aux banques)?

    Ce travail essayera d'apporter des réponses en se basant sur les hypothèses suivantes : il y a une insuffisance de capitaux propres dans la structure des bilans des banques. Le niveau des dépôts de la clientèle est faible. Ou est c'est plutôt les taux d'intérêts qui se situent à des niveaux non soutenables. Ces hypothèses nous permettrons de spécifier notre modèle.

    L'objectif principal de cette recherche est d'évaluer le crédit bancaire en vu de trouver les facteurs qui bloquent son expansion à travers une fonction de crédit, et d'en dégager les implications quant aux stratégies à mettre en oeuvre tant du côté des autorités monétaires (en terme de supervision du système bancaire) que des firmes bancaires (en terme de stratégie interne). Dans cette optique, il s'agira de spécifier une fonction de

    crédit qui sera expliquée par les différentes variables qui permettent l'octroi de crédit par une banque.

    Après avoir fait le point sur le dynamisme du système bancaire du Sénégal et les obstacles au crédit (Chapitre I), nous présenteront la revue de la littérature sur l'insuffisance du crédit bancaire (Chapitre II) et enfin, le cadre méthodologique et empirique de l'étude des obstacles au crédit bancaire au Sénégal (Chapitre III).

    ngorsecka@yahoo.fr/ngorsecka@hotmail.com

    CHAPITRE I

    LE DYNAMISME DU SYSTEME BANCAIRE DU

    SENEGAL ET LES OBSTACLES AU CREDIT

    BANCAIRE

    Introduction :

    Le système bancaire du Sénégal s'est densifié ces dernières années. On note l'implantation en masse de nouvelles banques mais également l'absorption de certaines d'entre elles par d'autres. Seulement, le taux de bancarisation reste toujours à améliorer. Ainsi dans ce chapitre, sera retracée une étude plus ou moins exhaustive du système bancaire du Sénégal trop erratique. Pour mener à bien ce travail, ce chapitre sera divisé en deux principales sections. Dans la première sera étudiée l'évolution du système bancaire au Sénégal, la deuxième et dernière partie sera consacrée aux comportements des banques parfois comparables aux IMF.

    Section I - L'évolution du système bancaire au Sénégal

    Le paysage bancaire au Sénégal a connu de profondes mutations au cours de ces dernières années. En effet, on a assisté au développement du réseau des banques. Par ailleurs, la clientèle des banques est souvent très nombreuse et hétérogène dans ses attentes, ses besoins, ses comportements ; d'où la nécessité d'une option par rapport à la clientèle ciblée et à la mise en place d'une stratégie adaptée.

    A- Caractéristiques du système bancaire au Sénégal :

    1- La répartition fonctionnelle :

    Le paysage bancaire au Sénégal se caractérise par la présence de plus de 19 banques et
    148 guichets permanents. Elles se répartissent en quatre grandes catégories selon leur
    clientèle cible. La première regroupe les banques généralistes à réseau national, dont la

    Société générale de banques au Sénégal (SGBS) et la Banque internationale pour le commerce et l'industrie au Sénégal (BICIS), qui s'intéressent à divers types de clients - des particuliers modestes aux grands groupes internationaux. La seconde catégorie est composée de banques à réseau sous-régional, dont Ecobank et Bank of Africa Sénégal, qui privilégient les grandes sociétés sises en Afrique de l'Ouest. Les banques d'affaires2 dont, le Crédit lyonnais Sénégal et la Citibank, constituent la troisième catégorie ; elles concentrent leurs interventions sur les grandes entreprises, excluant de fait les PME et les particuliers. La dernière catégorie de banques sénégalaises se singularise par leur vocation spécifique ; par exemple la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal (CNCAS) spécialisée dans le financement des activités rurales et la Banque de l'habitat du Sénégal (BHS) ayant pour mission de faciliter l'accès à la propriété et le développement du logement social.

    Financer l'activité économique revient à accorder des crédits aux principaux créateurs de la richesse nationale, à savoir les entreprises. Celles-ci ont besoin de ressources financières suffisantes pour accroître la quantité et la qualité de biens et services produits et répondre ainsi à une demande nationale et étrangère de plus en plus diversifiée et exigeante. Le problème du financement des petites et moyennes entreprises (PME) - y compris les petites et moyennes entreprises industrielles (PMI) - et des petits entrepreneurs sénégalais demeure toujours d'actualité.

    La prédominance des crédits à court terme, qui concernent le financement de l'exploitation, pourrait relever tout de même d'une certaine insuffisance du fonds de roulement et par conséquent une faiblesse des fonds propres.

    D'où la nécessité pour ces entreprises de disposer certes de crédits à court terme mais aussi et surtout de financements longs pour renforcer le haut de bilan. Or la contribution du système bancaire au financement des entreprises est insuffisante au regard de l'importance des besoins de l'économie et inégalement répartie tant au niveau sectoriel qu'au niveau du terme des crédits octroyés. Le bilan ci-dessous donne certaines informations sur la structure financière (système bancaire) au Sénégal.

    Hors-bilan

    Engagements de financement 139,6 236,9 144,1 Coef. net d'exploitation (%) 57,4 60,8 59,2

    (en milliards de francs CFA)

    ACTIF 2006 2007 2008 PASSIF 2006 2007 2008

    Op. de trésorerie et interbancaires 351,1 451,7 429,7 Op. de trésorerie et interbancaires 163,5 239,2 322,4

    Opérations avec la clientèle 1228,3 1281,8 1515,4 Op. avec la clientèle 1493,5 1661,1 722,9

    Opérations sur titres et diverses 276,6 393,9 369,4 Divers 68,1 88,9 99,2

    Valeurs immobilisées 105,9 127,8 136,6 Provis, fonds propres et ass. 236,7 266,0 306,5

    Total actif 1961,8 2255,2 2451,1 Total passif 1961,8 2255,2 2451,1

    Engagements de garantie 281,0 302,4 383,8 (Frais gén. + dot. am/PNB)

    Engagements douteux 2,0 2,0 101,8 Taux de marge nette (%)(*) 23,1 24,1 22,6

    Autres engagements 0,2 2,0 19,4 (*)(Résultat net/Produit net bancaire)

    Coefficient de rentabilité (%) 14,5 14,6 13,5

    Total hors-bilan 422,8 543,2 649,1 (Résultat net/Fonds propres )

    Système bancaire du Sénégal

    Source : Commission bancaire de l'UMOA

    En plus de ces informations, en fin mars 2009, la situation de la finance au Sénégal laisse apparaître une augmentation des crédits en souffrance par rapport à fin mars 2008 (+72,6 %), le taux brut de dégradation du portefeuille passant de 2,6 % à 3,9 %. Dans la même période, les encours de crédits (+ 14,0 %) et les dépôts (+ 11,8 %) se sont accrus. En décembre 2008, on comptait plus d'un million de bénéficiaires directs (+ 20,7 % par rapport à décembre 2007). Le bilan montre que le secteur bancaire est rentable. En effet les coefficients de rentabilité respectivement pour 2006, 2007 et 2008 sont 14,5% ; 14,6% et 13,5%. Le bilan montre une augmentation continue des capitaux propres, en milliard de FCFA, en passant de 236,7 en 2006 à 306,5 en 2008; de l'autre côté, à l'actif,

    les crédits octroyés ont connu également une hausse en passant de 1228,3 en 2006 à 1515,4 en 2008 ce atteste nos hypothèses avec une nette amélioration des dépôts de clientèle respectivement de 1493,5 ; 1661,1 ; 1722,9 pour 2006, 2007 et 2008 (Annexe 9-1 et 9-2).

    2- La répartition spatiale :

    Depuis des années, la répartition des banques sur le territoire laisse apparaître une situation de déséquilibre. En effet c'est seulement, ces dernières années, qu'il a existé des agences bancaires dans des zones comme Pikine, Guédiawaye (banlieue dakaroise) ou des localités telles que Kolda (région au Sud du Sénégal). Malgré les efforts, la situation reste à améliorer ; la région de Fatick n'est pas une cible privilégiée des banques.

    Avant, la majorité de la population, géographiquement parlant, n'était pas couverte par le réseau bancaire et de nos jours la situation est loin d'être satisfaisante malgré les efforts consentis. En 2010, le Sénégal a vu l'implantation d'une nouvelle banque, UBA (United Bank of Africa), qui n'a d'agence pour le moment qu'à Dakar.

    Pour plus de précisions, répertorions les principales banques en service sur le territoire national sénégalais :

    o Société Générale (SGBS) : La SGBS (filiale du groupe Société Générale) bénéficie du plus large réseau d'agences et de distributeurs automatiques à travers le pays. Filiale du groupe français Société Général, elle propose des cartes de paiement internationales ainsi que la gestion des comptes sur internet. Elle s'adresse autant aux particuliers qu'aux entreprises et bénéficie du réseau international de la Société Générale (banques au Bénin, au Burkina, etc.). Elle a de nombreuses agences à travers le pays et de nombreux distributeurs automatiques de billets.

    o Attijari Bank : (group Attijariwafa Bank) C'est la banque qui monte au Sénégal. Présente seulement depuis 4 ans au Sénégal, elle s'est implantée en masse dans la capitale sénégalaise en s'imposant comme une banque moderne, indépendante et 100% africaine. Plus ouverte aux particuliers à revenus moyens que les banques "historiques" du Sénégal elle projette de densifier rapidement son réseau d'agences dans le pays. Elle a racheté la banque CBAO et la banque sénégalo-tunisienne.

    cartes Eurocard Mastercard. Prêts, crédits, comptes-courants, cartes bancaires et produits d'épargne sont proposés aux clients de cette banque qui fait partie du puissant groupe Mimran, propriétaire entre autres de l'industrie sucrière sénégalaise.

    o UBA : Banque panafricaine, s'est récemment implantée au Sénégal (mise à jour janvier 2010) et ne dispose pour l'instant que de 4 agences, toutes situées à Dakar. Elle ne facture aucun frais de tenue de compte ce qui est nouveau au Sénégal.

    o La Banque Islamique du Sénégal : Malgré son nom qui laisserait penser à une obscure banque maraboutique, la BIS est une des meilleures banques du Sénégal y compris pour les entreprises. Elle propose les plus basses commissions de transfert d'argent du Sénégal vers l'étranger. Gestion des comptes sur internet. Agences à Dakar et Touba. Sur certains documents (avis de transfert, etc.) la mention "Gloire au Miséricordieux" peut faire sourire les clients ou fournisseurs en Europe mais le sérieux de la banque est sans faille.

    o BICIS : (du groupe BNP PARIBAS) ; BICIS (Banque internationale du commerce et d'industrie du Sénégal), filiale de la multinationale française BNP Paribas a plusieurs guichets automatiques et agences mais mal répartis géographiquement : la BICIS n'est présente qu'à Dakar, dans la région de Thiès (Saly, Mbour, Thiès) et la vallée du fleuve (Saint-Louis, Richard Toll, Ourossogui). La BICIS est une filiale du groupe bancaire français BNP. Elle propose à ses clients des cartes VISA, des prêts immobiliers et prêts à la consommation, Gestion des comptes sur internet. A NOTER : La BICIS propose des ouvertures de compte au Sénégal depuis la France à des non-résidents (sénégalais ou français) grâce à l'authentification de signature dans une agence BNP.

    o Crédit Agricole : Anciennement "Crédit Lyonnais du Sénégal", c'est une grande banque française qui en remplace une autre. Filiale sénégalaise du Crédit Agricole de France, elle s'adresse désormais tant aux particuliers qu'aux entreprises et a commencé à mettre en place un réseau de distributeurs de billets dans la capitale et sa banlieue (notamment dans les hôtels Novotel, Sofitel et Méridien de Dakar et Ngor). Crédits immobiliers, crédits à la consommation, gestion des comptes sur internet, cartes bancaires internationales Visa, Visa Electron et Visa Select.

    0 Banque Sénégalo-Tunisienne : N'existe plus. Elle a été rachetée par l'Attijari Bank marocaine.

    o BHS : C'est la Banque de l'Habitat du Sénégal. Elle est une des principales sources de prêts immobiliers en direction des fonctionnaires et salariés au Sénégal bien que les autres banques s'y soient mises aussi. La BHS est elle-même promotrice de plusieurs projets immobiliers. Elle propose en outre des formules de "comptes épargne-logement" à destination des particuliers, Gestion des comptes sur internet, une agence de représentation à Paris.

    o BOA : (groupe AFH) La Bank Of Africa est une des banques panafricaines présentes au Sénégal. Le réseau est peu développé (uniquement à Dakar) mais pour des entreprises opérant des transferts de fonds d'un pays africain à un autre, elle peut se révéler plus intéressante que certaines concurrentes. Elle propose des Guichets automatiques pour cartes Visa.

    o Banque Régionale de Solidarité (BRS Sénégal) : La BRS soutient grâce au microcrédit dans les pays du Tiers Monde les pauvres qui souhaitent prendre leur sort en mains afin d'améliorer leur quotidien et d'offrir un avenir à leurs enfants. A cette fin, elle soutient des initiatives en matière d'épargne, de crédit et d'assurances répondant aux principes coopératifs précités. La BRS accorde une priorité absolue à l'évolution de ces activités vers l'autonomie. Il s'agit cependant d'une véritable banque.

    o Ecobank : (groupe ETI) Banque présente dans plusieurs pays africains, elle est assez peu connue au Sénégal. Les guichets de retrait automatique ne sont ouverts qu'aux cartes émises par eux-mêmes.

    o Banque Atlantique : La Banque Atlantique est présente dans quelques pays africains (Sénégal, Burkina, Côté divoire...) avec un réseau d'agence très modeste implanté uniquement dans les capitales. Partenaire du réseau Mastercrad, leurs guichets automatiques ne permettent des retraits qu'avec ce type de carte bancaire.

    0 Citibank : (groupe CITIBANK) est une banque américaine implantée au Sénégal.

    Ces banques sont présentes sur l'ensemble du territoire mais de manière disproportionnée. En plus de Dakar et sa banlieue, on peut en trouver dans toutes les capitales régionales et zones touristiques (retrait d'argent, distributeurs de billets) : Saint-Louis, Mbour, Tambacounda, Ziguinchor, Kradolack, Touba, Louga, Richard-Toll, Kolda, Thiès, Saly, Cap Skirring, Louga, Rufisque, Diourbel, Fatick, etc.

    De plus, il est bon de savoir que la Poste gère également des comptes postaux garantis par l'état. Les conditions difficiles d'ouverture d'un compte dans une banque classique et leurs frais de fonctionnement font que l'immense majorité des fonctionnaires et un grand nombre de Sénégalais préfèrent les comptes postaux qui bénéficient en plus du large réseau de bureaux de poste dans tout le pays. La poste propose en outre des virements nationaux appelés "mandats-fax", rapides, sûrs et peu coûteux. Ce secteur bancaire Sénégalais est tellement mouvant qu'on a assisté à la ressente implantation de Diamond Bank (banque nigériane).

    B- Un faible niveau de bancarisation :

    1- Nombre de banques et le taux de bancarisation :

    Aujourd'hui la situation bancaire au Sénégal peut pousser à affirmer à tort qu'il y a trop de banques, si l'on part du principe que la concurrence est saine, par essence. Auparavant, on avait quelques grandes banques qui dominaient le marché, qui intervenaient autour de la Place de l'Indépendance, n'avaient pas ou alors peu d'implantations dans le pays donc peu accessibles à la grande majorité de la population. Depuis 5 à un peu moins de 10 ans, on voit un développement des installations de banque. L'intérêt, en tous cas tel qu'on peut le percevoir, c'est que cela facilite l'accessibilité, de la population aux services bancaires et financiers. Seulement la réalité est tout autre.

    Le renforcement du réseau bancaire pourrait permettre donc de développer la bancarisation de nos économies et contribue ainsi à apporter une réponse au besoin d'intégrer le secteur informel à l'économie moderne.

    Au cours des cinq dernières années, le système bancaire au Sénégal a enregistré une augmentation sensible du nombre d'établissements de crédit (banques et établissements financiers), qui est passé de 14 en 2004 à 20 à fin août 2009. Cette évolution, qui s'est amorcé au milieu des années 1990, à la suite des réformes

    entreprises par les Autorités monétaires (libéralisation du secteur, privatisation des banques nationales, dérogation pour les expatriés, etc.) en réponse à la crise bancaire à laquelle la zone a été confrontée durant les années 1980, a été impulsée au cours de ces dernières années par trois facteurs principaux.

    D'abord, la relative rentabilité de l'activité bancaire dans la zone, comme l'atteste le résultat net des établissements. Ensuite, l'existence d'une épargne à faible coût, en liaison avec la relative maîtrise de l'inflation dans l'Union. Enfin, le niveau relativement faible du capital minimum exigé jusque là pour la création d'un établissement de crédit dans l'UEMOA.

    A ces principaux facteurs, il y a lieu d'ajouter, au plan interne, la convertibilité du franc CFA et son arrimage à l'euro qui lui confère une certaine stabilité. Au niveau externe, l'abondance de liquidité des banques des pays producteurs de pétrole, notamment du Nigeria (UBA ; United Bank for Africa implantée en 2010) et de la Libye, en relation avec l'envolée des cours du pétrole ces dernières années, a été également un facteur d'incitation à la conquête de nouveaux marchés.

    Par ailleurs, le Sénégal a bénéficié au cours de ces dernières années d'une stabilité politique et d'une croissance économique soutenue, en particulier sur la période 1994- 2005 (à l'exception de l'année 2002, seule fausse note).

    Au total, sur les 20 établissements de crédit, 8 unités, soit plus du tiers (40%) des établissements ont été créées après 1999. Ces nouvelles unités appartiennent, pour la plupart, à des groupes bancaires étrangers qui sont au nombre de 11 en activité à ce jour au Sénégal.

    L'un des traits caractéristiques des évolutions observées est la diversification des pays d'origine des maisons- mères des banques au Sénégal, historiquement dominées par les groupes français. La nouvelle cartographie de l'actionnariat du système bancaire distingue essentiellement trois pôles. A savoir les capitaux étrangers historiques provenant de l'Occident (7 groupes) dont notamment la France, les capitaux provenant des pays arabes (4 groupes) et les capitaux de l'Afrique subsaharienne (9 groupes). Pour avoir une vision claire et nette sur les banques qui s'installent au Sénégal on peut se référer à la sous section sur les banques implantées au Sénégal.

    2- Les effets de la mésentente entre banquiers et population :

    Le marché du crédit au Sénégal comporte des limites dans la mesure où les agents économiques affichent encore d'importants besoins non satisfaits. Il convient toutefois de distinguer les besoins de la grande entreprise nécessitant des produits financiers de court, moyen ou long termes de ceux de la PME auxquels correspondent des produits à échéance encore plus longue.

    Au Sénégal, cela pose un problème dans la mesure où les populations démunies ne peuvent pas s'en prévaloir pour demander un crédit ou ouvrir un compte bancaire.

    Les institutions financières font preuve de peu d'imagination pour trouver des solutions alternatives. Or la solidarité et la confiance que les individus se font au sein d'un groupe plus ou moins élargi constitue une meilleure garantie pour la finance. C'est à ce niveau que la notion de capital social trouve toute sa signification. En effet, tous les travaux récents sur le concept de capital social démontrent qu'il influence les relations financières. Selon que le degré de confiance est plus ou moins élevé dans une société, l'attitude vers le système financier sera différente autrement dit, dans une société à capital social moins élevé, les agents seront réticents à déposer leurs avoirs sur un compte bancaire, ils préféreront conserver leur richesse par conséquent la société sera moins bancarisée. Alors dans un pays comme le Sénégal où la crise bancaire des années 80 n'est pas encore inscrite dans l'agenda du passé des populations, et où le niveau de capital social reste à améliorer les banques doivent nouer des partenariats avec la population.

    Ainsi le niveau de capital social dans une économie influence de façon significative le développement financier de cette société notamment sa bancarisation ou son recours au crédit. Cela est assez conforme à l'intuition, dans la mesure où la finance est liée à la confiance. Donc toute action allant dans le sens d'élever le capital social est susceptible d'augmenter la bancarisation.

    Section II- La banque et la micro finance

    Cette section est divisée en deux parties. D'une part nous passerons en revue le secteur bancaire sénégalais encore embryonnaire et d'autre part la banque au Sénégal est parfois comparable à une IMF.

    A- Un secteur bancaire encore embryonnaire :

    1- La faible diversité des produits bancaires et une faible contribution à la création de valeur ajoutée:

    Les banques au niveau national proposent pratiquement les mêmes formules à la clientèle. Ceci est une des spécificités des IMF. Cette situation laisse apparaître un manque de choix des clients. En sus, des études menées ont montré une appréciation de la contribution effective du système bancaire sénégalais à l'économie nationale dans le court terme faible. En effet, il s'agissait de circonscrire l'étude dans le court terme en s'intéressant aux données bancaires de la période récente. L'évolution des statistiques monétaires sur les trois dernières années - 2004-2006 - révèle une tendance favorable à l'activité économique. En effet, la masse monétaire, les dépôts à terme et le crédit intérieur, en particulier, connaissent une progression encourageante. Cependant, la contribution du secteur bancaire au financement de l'économie sénégalaise est insuffisante si l'on se fie aux deux principaux indicateurs d'après S.A. Dieng (2010) - que sont les ratios crédit à l'économie/masse monétaire et évolution du crédit à l'économie.

    Tableau 1 : Quelques statistiques et ratio relatifs au système bancaire sénégalais :

    Année

    2004

    2005

    2006

    Masse monétaire

    1445,8

    1565,2

    1750,9

    Dépôts à terme en banque

    538,3

    582,4

    645,5

    Crédit intérieur

    880,9

    1032,1

    1122,7

    Crédit à l'économie

    856,9

    1066,9

    1111,6

    dont crédit à court terme

    551,2

    661,9

    603,4

    dont crédit à long terme

    305,7

    405

    508,2

    Evolution en % du crédit à l'économie

    -

    24,5

    4,2

    Crédit à l'économie/masse monétaire en %

    59,3

    68,2

    63,5

    Crédit à court terme/crédit à l'économie en

     
     
     

    %

    64,3

    62,0

    54,3

    Source : BCEAO (2007). Bulletin de statistiques monétaires et financières, décembre, 115 p, p. 68. Les calculs des ratios et des pourcentages sont effectués par nous(S .A.Dieng)3.

    Sur la période spécifiée, l'examen à vue du tableau ci-dessus révèle que la part du crédit à l'économie n'atteint pas 70 % de la masse monétaire. Cette part s'établit à 59,3 % en 2004 et 68,2 % en 2005 mais elle régresse d'environ 5 points pour se fixer à 63,5 % en 2006. Bien qu'enregistrant une hausse en termes absolus sur la période, le crédit à l'économie a significativement diminué en termes relatifs : son taux de croissance est passé de 24,5 % entre 2004 et 2005 à seulement 4,2 % entre 2005 et 2006.

    Naturellement, une appréciation plus objective et crédible de la contribution du secteur bancaire au financement de l'économie sénégalaise doit s'appuyer sur des données concernant une période de temps beaucoup plus longue de sorte à neutraliser les éventuels « accidents conjoncturels ». C'est ainsi que S.A. DIENG (2010) a construit un modèle linéaire général qui exprime la croissance économique réelle (produit intérieur

    3 Présenté lors de la journée de l'économie sénégalaise

    Postes du Passif du bilan des banques au Sénégal

    Opération avec la clientèle

    Divers

    Operation de trésorerie

    Provisions, Fonds Propers

    brut réel, PIBR) en fonction des crédits à court terme déflatés (CCT

    ), des crédits à moyen et long terme déflatés (CMLT) et de la position nette du gouvernement (PNG).

    2- L'analyse bilancielle de la situation bancaire au Sénégal :

    Le secteur financier du Sénégal se caractérise comme suit: les dépôts totaux atteignent 34% d

    u PIB, cette situation s'explique par le dépôt moyen par habitant qui s'élève environ à 69 000 FCFA.

    Au plan des activités en termes de ressources et d'emplois, le secteur bancaire du Sénégal

    a évolué ces dernières années, seulement, avec un taux de bancar isation faible environ 6%. Les dépôts bancaires ont atteint 1 378 milliards de FCFA à fin 2006, représentant ainsi plus d'un quart du total de la zone UEMOA.

    Entre 2002 et fin juin 2007, les ressources ont connu une progression significative en passant de 930 881 millions de FCFA à 1

    609 584 millions de FCFA soit un taux de

    croissance de 73%

    ; sur la même période les emplois ont une croissance plus prononcée avec un taux de l'ordre de 82%, ils sont passés de 702 332 millions de FCFA à 1 279 350 millions de

    FCFA. L'analyse de l'évolution de ces principales activités bancaires laisse apparaître sur la période une surliquidité moyenne du secteur bancaire dans son ensemble.

    Le graphique ci- dessous donne les postes du passif du bilan des banques au Sénégal. Graphique 1 : Les postes du passif du bilan des banques au Sénégal

    L'analyse de ce graphe laisse apparaître une forte prédominance des opérations avec la clientèle sur les ressources des

    provisions. Comme annoncé en hypothèse, les capitaux propres jouent un rôle fondamental dans l'octroi de crédits.

    Et le graphique ci-dessous donne la situation de l'actif. Graphique 2 : Les postes de

    Source : L'auteur

    L'analyse montre que l'actif du bilan des banques au Sénégal est dominé par les opérations avec la clientèle, ensuite viennent les opérations de trésorerie et interbancaire. Ce qui peut pousser à

    banques en bénéficie.

    B- La banque au Sénégal parfois comparable à une institution de micro finance :

    1- Le secteur de la micro finance

    Les pratiques traditionnelles d'épargne et de crédit ont toujours existé en Afrique subsaharienne. Son importance a amené de nombreux experts et chercheurs à s'intéresser à ce qui est appelé la finance informelle. Sous cette appellation on retrouve tous les flux financiers générés par le réseau des marchands, de prêteurs professionnels, des amis, de la famille, des gardes monnaie ainsi que des tontines. Ces flux qui échappent

    au secteur bancaire constituent un ensemble fort disparate qui ne doit son unité qu'à la proximité des relations entre les débiteurs et les créanciers. C'est de cette vitalité de la finance informelle que naît la micro finance avec surtout la création de la GrameenBank au Bangladesh en 1976 dont le modèle a été repris partout en Afrique. À cela il faut ajouter trois caractéristiques survenues dans le paysage économique sénégalais: la prépondérance du financement extérieur par rapport au financement local, le secteur public auquel on préfère le secteur privé, l'épargne préférée à la place du crédit.

    Ainsi le Sénégal voit émerger de nouvelles institutions de micro finance (IMF) qui s'insèrent dans la nomenclature des institutions financières.

    Aujourd'hui si la micro finance est bien connue, sa définition reste encore imprécise. C'est pourquoi, il est souvent fait référence au terme de microcrédit auquel il est associé. Le microcrédit est un crédit d'un montant peu élevé. Pour la Banque Mondiale le plafond est de 30 % du PNB par habitant, environ 100 000 FCFA (150 euros). Ce crédit peut être demandé pour différents mobiles mais il l'est principalement pour développer « une activité génératrice de revenu ». Pour ce crédit le ou les emprunteurs n'offrent pas de garanties personnelles. Pour la micro finance on distingue généralement quatre catégories d'institutions : les mutuelles d'épargne et de crédit ; les caisses villageoises ; les expériences de crédit direct ou les programmes d'appui au micro crédit qui sont financés par les ONG ; les projets volet crédit financés et gérés comme les précédents mais dont l'activité principale est tout autre.

    Toutefois, le monde de la micro finance est difficile à appréhender dans la mesure où les banques commerciales commencent à faire de la micro finance.

    2- Une répartition inéquitable des services bancaires entre les différents secteurs de l'économie :

    La situation économique du Sénégal est marquée par l'occupation du secteur primaire de la majeure partie de la population. Paradoxalement, c'est le secteur qui contribue le moins à la croissance économique du pays. Les banques si on se fie aux données de la banque centrale évite ce secteur. D'après ces chiffres, ne serait-il pas ce délaissement qui aggrave la situation ? En outre le secteur tertiaire qui occupe le moins la population mais se place au premier rang des secteurs générateurs de revenus semble être privilégié par les banques. Le tableau ci-dessous donne de plus amples informations.

    Tableau 2 : Répartition du crédit à l'économie selon les branches d'activité en %

    Type de crédits

    Crédit à CT

    Crédit à MLT

    Années

    Branches d'activités

    2005

    2006

    2005

    2006

    Agriculture, sylviculture et pêche

    2,9

    2,7

    2,1

    1,9

    Industries extractives

    0,3

    0,4

    0,5

    0,7

    Industries manufacturières

    32,7

    28,0

    22,4

    18,5

    Electricité, gaz, eau

    4,8

    3,6

    3,7

    5,0

    Bâtiments, travaux publics

    5,7

    6,9

    5,4

    4,9

    Commerce gros et détail, restaurants, hôtels

    27,3

    30,9

    17,5

    16,6

    Transports, entrepôts et

    communications

    7,5

    7,7

    7,1

    9,9

    Assurances, Affaires immobilières,

    services aux entreprises

    6,4

    6,7

    10,0

    9,1

    Services fournis à la collectivité, services sociaux et personnels

    12,5

    13,1

    31,3

    33,3

    Montant total du crédit

    813113

    795948

    314353

    350494

    Source : BCEAO (2007), op. cit., p. 75. Tous les calculs de pourcentages sont effectués par nous (DIENG).

    Le tableau ci-dessus révèle que le secteur agriculture, sylviculture et pêche n'obtient que 2,9 % et 2,7 % des crédits à court terme en 2005 et 2006. Quant aux crédits à moyen et long terme, c'est au secteur des services fournis à la collectivité, services et personnels que revient près du tiers du total des encours de prêts. Le secteur des industries manufacturières - 22,4 % en 2005 et 18,5 % en 2006 - et celui du commerce, restaurants, hôtels - 17,5 % en 2005 et 16,6 % en 2006 - sont les deux autres grands

    bénéficiaires des crédits à moyen et long terme. Le secteur agriculture, sylviculture et pêche demeure à la traîne car il ne recueille que 2,1 % et 1,9 % des crédits à moyen et long terme en 2005 et en 2006. On doit s'attendre au cours des prochaines années à un accroissement très substantiel du volume de crédits destiné à ce secteur si le Sénégal veut atteindre l'autosuffisance alimentaire.

    3- Complémentarité entre le secteur bancaire et la micro finance :

    Au Sénégal la distinction entre secteur bancaire et secteur de la micro finance ; dans certains cas est sans ambigüité. En effet les institutions de micro finances (IMF) ont la réputation d'appliquer des taux d'intérêts élevés et sont plus décentralisées. En outre le secteur de la micro finance est plus lucratif que le secteur bancaire. Le statut juridique donne une autre distinction entre banques et IMF. Les établissements bancaires sont sous la tutelle de la banque centrale et sont réglementés par la loi bancaire, tandis que les structures de micro finance sont sous celle du Ministère de l'Economie et des finances, et réglementées par une loi spécifique (Fall François Seck (2010)). Mais dans certains cas, cette différentiation enter Banque et IMF reste flou ; certaines banques s'immiscent dans le secteur de la micro finance (BRS) et d'autres qui peuvent avoir un statut de banque mais restent toujours IMF (CMS - Crédit Mutuel de Sénégal).

    ngorsecka@yahoo.fr/ngorsecka@hotmail.com

    CHAPITRE II

    REVUE DE LA LITTERATURE SUR

    L'INSUFFISANCE DU CREDIT BANCAIRE

    Introduction :

    La littérature qui traite du crédit bancaire repose sur l'impacte de ce dernier sur le secteur réel (A. Smith), le rôle très important que ce dernier puisse jouer dans l'initiative d'innover (Schumpeter) mais également le rôle du taux d'intérêt et les risques qui animent le métier du banquier.

    Ce chapitre mettra en revue non seulement cette littérature théorique qui traite des facteurs qui peuvent engendrer un rationnement du crédit après avoir expliqué le fonctionnement d'un système bancaire mais également une littérature empirique c'està-dire des études menées par des chercheurs en privilégiant le cas du Sénégal.

    Ainsi ce chapitre sera divisé en deux principales parties. Dans la première, nous traiterons de la littérature théorique et la deuxième et dernière partie sera consacrée à la littérature empirique.

    Section I- Revue de la littérature théorique :

    Cette section qui traite de la littérature théorique est divisée en deux grandes parties. En première lieu nous ferons un rappel sur les banques ainsi que leurs activités et deuxième lieu nous traiterons la théorie économique bancaire.

    A- Quelques éclairages théoriques sur les banques et leurs activités :

    1- Les différents types de banques :

    > Les banques de détail ou traditionnelle : Leurs activités sont

    principalement orientées vers une clientèle non financière (ménages, entreprises, collectivités), avec une prédominance de la collecte de dépôt et de l'octroi de crédits ;

    > Les banques de marché : elles sont spécialisées dans les opérations

    sur les marchés de capitaux et caractérisées par la prédominance des opérations sur titres, sur instruments financiers, interbancaires et la quasi absence d'opération avec la clientèle non financière ;

    > Les banques d'affaires : spécialisées dans les prises de participation

    dans l'industrie, elles se caractérisent par l'importance de leurs portefeuilles de titres (action, certificat d'investissement) et le montant élevé de leurs fonds propres ;

    > Les banques universelles : contrairement aux précédentes,

    qualifiées de banques spécialisées, ces banques exercent toutes les activités bancaires possibles et élargissent même leur gamme à d'autres activités non bancaires (assurances par exemples4). Il est important de signaler que ce modèle de banques universelles se trouve avoir mieux résistés à la crise financière de 2007, ceci pour trois raisons principales. D'une part, les banques universelles sont généralement moins dépendantes des marchés en matière de financement, compte tenu d'une large clientèle de dépôt. Cet atout est devenu décisive quand les marchés monétaires se sont bloqués, ce qui a conduit à l'assèchement de la liquidité. D'autre part, lorsque les activités de marché se sont effondrées avec l'amplification de la crise, la banque de dépôts a alors pris le relais pour fournir des revenus stables, jouant ainsi son rôle d'amortisseur permettant de contrebalancer les lourdes pertes enregistrées par la banque de financement et d'investissement (BFI). En fin, ces établissements disposent également d'un large matelas de fonds propres leur permettant de faire face aux turbulences5.

    A coté de ces banques il ya les « banques »6 appelées :

    > Les banques mutualistes et coopératives : Les banques mutualistes

    4 S. BRANA, M. CAZALS, P. KAUFFMANN (1999)

    5 Mathieu Plane & Georges Pujals (2009)

    6 Il serait plus judicieux d'utiliser le terme d'Institutions de micro finance (IMF).

    et coopératives ont été créées, à l'origine, pour répondre à des besoins spécifiques que les banques ne voulaient ou ne pouvaient satisfaire : faire des crédits aux agriculteurs, aux artisans, aux petites entreprises, c'est courir les risques et n'en recevoir des maigres bénéfices.

    Aujourd'hui, cette originalité s'est quelque peu atténuée ; les agriculteurs sont minoritaires dans la clientèle du Crédit Agricole et les PME ne s'adressent plus exclusivement au Crédit Populaire.

    Ces banques gardent cependant une spécificité propre et peuvent être caractérisées ainsi :

    v' Une structure très décentralisée assise sur leur statut

    mutualiste : la cellule de base est l'échelon local, organisme à capital variable détenu par les « sociétaires », c'est-à-dire les clients de crédits ;

    v' Des privilèges (souvent d'ordre fiscal) consentis par les pouvoirs publics, mais qui s'atténuent ;

    v' Relativement peu de grandes entreprises dans leur clientèle. A titre d'exemples, nous pouvons retenir :

    Le Crédit Agricole

    Le Crédit Agricole est spécialisé dans le financement des activités agricoles. De ce fait, permet de promouvoir les activités en générales délaissées par les banques fautes de garanties et de l'ampleur des risques qu'elles courent en octroyant des crédits à haut risques.

     

    Le Crédit Mutuel

    Le Crédit Mutuel est né de la même idée, rendre possible l'accès aux crédits pour les catégories défavorisées, de la même population, et est assis sur la même base coopérative, que le crédit agricole.

    Le Crédit Populaire

    Le Crédit Populaire peut être considéré, en schématisant, comme un troisième volet du système coopératif, s'adressant plus particulièrement aux petites et moyennes entreprises (PME), le Crédit Agricole tournant vers le monde rural, le Crédit Mutuel vers les ménages.

    On distingue :

    v' Un système de cautionnement destiné à prendre en charge une partie

    des risques présentés par la clientèle des banques populaires : les sociétés de caution mutuelle.

    v' Un réseau bancaire assis sur le même principe coopératif avec unités locales, régionales et fédératives : Les Banques Populaire.

    Le Crédit Coopératif

    Son capital est détenu par ses sociétaires, qui appartiennent au secteur coopératif nonagricole (coopératives de consommateurs, commerciales, de production, de pêche maritime, de logement social, artisanales, des professions de santé) et à certaines catégories d'institutions à but non-lucratif. Ses ressources sont constituées en majeur partie par le produit de ses emprunts obligataires, qui bénéficient de la garantie de l'Etat. Le Trésor accorde des bonifications d'intérêt sur les ressources obligatoires que la Caisse affecte au financement des secteurs coopératifs, par des prêts à moyen ou à long terme consentis à ses sociétaires.

    2- Les prestations rendues par les banques :

    > Le financement de l'activité : Pour faire face à la concurrence, les

    entreprises se doivent d'accorder des délais de paiement à leurs clients ; elles doivent parfois subir des retards dans les règlements ou assurer leurs approvisionnements en matières premières.

    D'une façon générale, une entreprise peut avoir à faire face à des difficultés de trésorerie soit en raison de la longueur du processus de fabrication soit en raison de la lenteur des règlements des ventes.

    Pour résoudre ses besoins de trésorerie, l'entreprise va se tourner vers son banquier qui pourra lui proposer des crédits à court terme ou des crédits à moyen et long terme encore appelés emprunts financiers. Ces crédits sont consentis aux entreprises pour remédier à des insuffisances temporaires de capitaux. Pour le premier type en général accordé par les banques, leur durée est inférieur à deux ans et correspond à la nature du besoin à financer les opérations suivantes : financement des approvisionnements, du stockage, de la fabrication ou de la commercialisation.

    > Le financement des investissements : Pour produire, les

    entreprises ont besoin de matières premières, de main-d'oeuvre mais aussi de divers équipements : terrains, constructions, matériel de fabrication, etc. ; l'ensemble de ces équipements est appelé l'outil de production.

    Que ce soit à la création ou pour des nécessités de développement, toute entreprise se doit d'investir, c'est-à-dire d'acquérir de nouveaux moyens de production. Une foi mis en place, ils permettront à l'entreprise de produire plus et dans de meilleures conditions, ce qui va lui permettre de dégager des profits supplémentaires. Ce sont ces profits qui permettront à l'emprunteur de rembourser sa dette.

    Le financement de ces investissements se fait, en effet, le plus souvent en ayant recours aux crédits bancaires, conjointement bien sûr à l'autofinancement, à l'appel au marché financier, ainsi que, dans certains cas, aux aides publiques (les subventions).

    Ces crédits bancaires, appelés crédits d'équipement, financent des biens et des matériels qui par leur fonctionnement vont générer les fonds nécessaires à leur remboursement : c'est là leur première caractéristique.

    > Le financement du commerce extérieur : Les opérations effectuées

    avec l'étranger, sont appelées opérations du commerce extérieur (Importations et Exportations). Importateurs et exportateurs doivent disposer de moyens financiers spécifiques à leur activité.

    > La gestion des excédents de trésorerie : Si les entreprises mais

    également tout agent économique sans oublier les IMF (qui nouent des partenariats avec certaines banques) ont souvent des besoins de trésorerie, il leur arrive de disposer d'excédents qu'elles peuvent placer selon différentes formules.

    > Intervention sur les marchés de capitaux : Les banques ont de

    nombreux besoins de capitaux pour faciliter la gestion de leur trésorerie ou pour financer leurs investissements. Pour répondre à ces besoins aussi variés dans leurs origines que par la diversité des opérateurs, elles font souvent recours au marché des capitaux où elles peuvent être financées par d'autres banques : les plus importants sont le marché monétaire et le marché financier.

    > La gestion de comptes : Les banques offrent à tout agent

    économique un service de caisse, c'est-à-dire un certain nombre de facilités pour la manipulation de leurs fonds.

    3- La notion de rationnement du crédit :

    Le métier de banque rime avec des facteurs non maîtrisables de façon certaine comme le risque d'où parfois nous observons un rationnement sur le marché du crédit. Dans cette partie, nous montrerons en quoi le marché du crédit est différent des autres marchés. Pour ce, nous réfléchirons sur la notion d'incertitude en mettant en évidence la spécificité du marché du crédit et les différents types de risques auxquels s'expose une banque lorsqu'elle s'engage vis-à-vis d'un client. Dans un dernier point, la notion de rationnement sera définie.

    a) L'incertitude :

    Le financement de projets est une activité risquée en raison de la possibilité de non remboursement. Selon la théorie néoclassique, dans un univers risqué, toutes les situations possibles sont connues par les agents. Ils sont omniscients et attribuent une probabilité (dite objective) de survenance à chaque éventualité. Le risque est équivalent à celui d'une loterie. Dans ce cadre, la banque et l'emprunteur établissent un contrat

    complet, de type Arrow-Debreu7. Ce contrat, appelé contingent contraignant, spécifie les actions des deux parties pour chaque état de la nature. Le problème de l'incertitude sur le comportement de l'autre est donc écarté. Les actions de chaque cocontractant sont vérifiables par un tiers, la justice.

    Knight (1921)8 estime que les agents économiques ne connaissent pas les différents états de la nature possibles ni les probabilités d'occurrence associées. Selon son analyse, l'activité bancaire s'inscrit dans un monde incertain plutôt que dans un monde risqué (Voir encadré). Pour faire face à l'incertitude, les banques disposent de deux instruments. Le premier consiste à prévoir la probabilité de survenance du risque à partir de l'observation de fréquences empiriques. C'est ainsi que procèdent les assurances. Le deuxième instrument, suggéré par Knight est de nature complètement différente. Il s'agit de l'utilisation de probabilités subjectives établies par un spécialiste. Celui-ci se distingue des autres agents par la qualité des probabilités subjectives qu'il émet. Chaque agent connaît en effet ses propres compétences à établir des prédictions, mais ignore celles des autres. Il est alors tout à fait possible que deux agents qui possèdent les mêmes informations ne partagent pas les mêmes prédictions.

    L'incertitude (cas où on ne fait pas l'hypothèse que le décideur affecte des probabilités aux états du monde) et le risque (cas où on ne fait cette hypothèse) sont souvent distingués.

    Cette distinction remonte à l'économiste américain Franck Knight qui l'a proposée en 1921 dans son ouvrage Risk, Uncertainty and Profit. Elle est antérieure à la démonstration de Savage sur les probabilités subjectives (1954). Knight s'intéressait au rapport entre profit et incertitude. Il considérait que ce n'est pas le risque calculable (celui qui peut se traduire par une distribution de probabilité) que le profit rémunérait. Ce risque, disait-il, l'entreprise peut s'en décharger en versant une prime d'assurance, qui s'analyse comme un coût. En revanche, selon lui, le profit rémunérait le risque non calculable et donc non mesurable, qu'il appelait incertitude.

    7 Le modèle d'Arrow et Debreu est une théorie générale de l'incertitude sur les états du monde (on appelle état du monde l'évènement qui détermine la conséquence qu'a une action). En tant que généralisation du modèle d'équilibre général d'univers certain, cette théorie ne suppose rien sur le fait que les agents soient capables ou non d'affecter une distribution de probabilité aux états du monde.

    8 Knight (1921) : «Risk, Uncertainty and Profit»

    b) Les différents risques auxquels sont confrontées les banques :

    Les banques sont confrontées à deux types de risque : la réalisation de l'état défavorable de la nature et le comportement de l'emprunteur.

    + Etat défavorable de la nature

    Ce type de risque peut être divisé en trois sous-groupes. Le premier sous-groupe concerne les caractéristiques spécifiques du projet (qualité du matériel de production, procédé de fabrication, prévisions financières...). Si, avant même sa mise en oeuvre, le projet n'est pas viable ou a de fortes chances d'échouer, l'état défavorable de la nature a de grandes chances de se réaliser. Il est généralement admis que l'emprunteur connaît les caractéristiques spécifiques du projet. Dans ce cas, il peut cacher ces informations au moment de la signature du contrat. Si la banque désire connaître les caractéristiques spécifiques du projet, elle devra effectuer des démarches coûteuses pour sélectionner les bons projets.

    Le deuxième sous-groupe concerne le secteur ou plus exactement les débouchés du projet. On considère en général que la banque est dans ce domaine plus apte que l'entreprise à évaluer les probabilités de réalisation du risque (c'est-à-dire à anticiper correctement la demande). Elle peut en effet tirer des leçons de l'expérience des autres clients. Mais tel n'est pas toujours le cas. Ainsi, au cours de la période de croissance économique au Cameroun, les banques ont surtout financé les secteurs basés sur l'exportation des matières premières, et après l'effondrement de leur cours et le déclenchement de la crise, beaucoup de débiteurs ont été incapables de respecter leurs engagements.

    Une banque qui n'a pu identifier que le projet était mal conçu ou que les débouchés étaient limités est confrontée à un risque d'anti-sélection. Le troisième sous-groupe de risques concerne l'environnement économique. Dans ce cas, la réalisation de l'état de la nature est complètement indépendante des actions du prêteur et de l'emprunteur, et, dans les modèles, c'est en général une variable aléatoire indépendante. Dans les pays en développement, il y a des risques accrus que l'environnement macroéconomique se modifie en devenant défavorable à la réussite du projet. Au cas où ce risque se réalise, l'entrepreneur concerné est considéré comme malchanceux.

    Le deuxième et le troisième sous-groupe de risques, c'est-à-dire la difficulté à anticiper
    la demande et les éventuelles modifications de l'environnement, constituent le risque

    macroéconomique, contrairement au premier sous-groupe qui représente le risque microéconomique.

    + Le comportement de l'emprunteur

    Le deuxième type de risque est lié au comportement de l'emprunteur. Il peut être divisé en deux sous-groupes. Tout d'abord, le prêteur ne connaît pas les efforts que fournira l'emprunteur pour mener à bien son projet. Au lieu de raisonner en termes d'efforts de l'emprunteur, on peut aussi considérer que l'emprunteur va utiliser le crédit pour entreprendre un projet plus risqué que celui pour lequel il a obtenu le crédit. Ce problème est généralement désigné sous le terme d'aléa moral ex-ante. Le terme ex-ante signifie que le risque se réalise avant que le projet n'aboutisse et ne permette de dégager des revenus pour rembourser la banque. Celle-ci cherchera donc à diriger le comportement de l'emprunteur par "le monitoring".

    Si les risques identifiés ci-dessus (état défavorable de la nature et efforts insuffisants fournis par l'emprunteur) ne se réalisent pas et si le projet a dégagé des revenus suffisants pour pouvoir rembourser le prêteur, alors l'emprunteur tiendra ses engagements. Soit il est honnête et révèle le montant réel des revenus dégagés, soit la banque peut observer sans coût les revenus dégagés par le projet. Si l'emprunteur a plus d'informations que la banque sur la probabilité d'échec du projet (sur la réalisation de l'état défavorable de la nature et sur son propre comportement), il est question d'asymétrie d'information ex-ante.

    Le deuxième risque lié au comportement de l'emprunteur concerne la communication à la banque des revenus dégagés par le projet. Si les emprunteurs sont malhonnêtes, ils annoncent à la banque des ressources inférieures à celles dégagées pour ne pas honorer leurs engagements. Ce risque est appelé aléa moral ex-post. Cette situation se produira lorsque le non-remboursement procure un gain supérieur à la perte engendrée par les coûts de défaillance, c'est-à-dire par les pénalités pécuniaires ou non-pécuniaires (mise en faillite) ou par la perte de réputation. L'asymétrie dont est victime la banque est dite ex-post car elle est postérieure à la réalisation du projet. Pour éviter ce risque, la banque engage des recherches coûteuses9 afin de connaître les véritables revenus dégagés par l'entreprise.

    9 Le parallèle avec le cas du fermier permet de bien cerner les différentes sortes de risques. Le fermier reverse un
    certain pourcentage de sa production au propriétaire terrien. Le risque aléatoire (état de la nature) est la météo, le
    risque spécifique du projet est la qualité des graines et de la terre. L'aléa moral ex-ante est le travail et les efforts

    c) La spécificité du marché du crédit :

    Sur les marchés néoclassiques, la livraison du bien par le vendeur et le paiement par l'acheteur sont simultanés, alors que sur le marché du crédit, le prêteur et l'emprunteur échangent une promesse de remboursement. Le risque de défaut s'explique par la différence entre cette promesse et les remboursements effectués. Les prêteurs se préoccupent donc d'évaluer la qualité de la promesse de l'emprunteur, c'est-à-dire sa probabilité de défaillance.

    Une des activités principales des banques est de collecter et de traiter des informations sur les emprunteurs potentiels. Les informations ainsi accumulées par chaque banque sont non-transmissibles (elles reposent en partie sur des critères subjectifs) et, de ce fait, l'engagement est irréversible : le contrat de prêt n'est pas négociable10.

    De plus, la banque spécifie elle-même les termes du contrat : elle définit le taux d'intérêt et n'est pas un agent "price taker" comme sur les marchés néoclassiques habituels. Le taux d'intérêt défini par la banque comprend une prime de risque censée compenser la perte encourue en cas de défaillance de l'emprunteur. Cependant, la prime de risque ne peut être trop élevée car le taux d'intérêt influence la qualité du crédit, c'est-à-dire la capacité de l'emprunteur à respecter ses engagements.

    Contrairement aux prix sur les marchés néoclassiques, le taux d'intérêt ne peut servir de variable d'ajustement entre l'offre et la demande.

    d) Définition de la notion de rationnement du crédit :

    Le terme rationnement est fréquemment utilisé dans la littérature économique. Il signifie qu'une banque refuse de prêter à un emprunteur potentiel aux conditions demandées (quantités et taux d'intérêt). Il désigne en fait les quatre différents cas de figure suivants11 :

    Dans une situation de rationnement de type 2, les banques refusent de s'engager envers
    certains emprunteurs alors qu'ils présentent les mêmes caractéristiques que ceux qui
    obtiennent le crédit. De plus, ces emprunteurs sont prêts à payer un taux d'intérêt plus

    fournis par le fermier. L'aléa moral ex-post se produit lorsque le fermier déclare au propriétaire que la récolte a été très mauvaise (alors que ce n'est pas le cas) afin de ne pas avoir à lui reverser le pourcentage prévu.

    10 Les créances hypothécaires font exception, elles peuvent être négociées sur un marché secondaire étant
    donné qu'elles sont assorties d'une garantie (hypothèque) proche de la valeur du montant à rembourser.

    La titrisation permet également de négocier des titres de créance. Ce phénomène n'est pas encore très

    répandu dans les pays en développement, et il concerne certains types de contrats bien spécifiques.

    11 La présentation de ces quatre définitions du rationnement est inspirée des travaux de Jaffee et Stiglitz (1990).

    élevé et à apporter des collatéraux (c'est-à-dire des garanties) plus importants. La plupart des modèles analytiques s'attachent à expliquer ce phénomène. C'est notamment le cas des modèles de Stiglitz et Weiss (1981) et de Williamson (1987). Le rationnement de type 2 est qualifié de pur rationnement. Dans ce cas, la demande est supérieure à l'offre et, contrairement aux modèles néoclassiques, l'ajustement se fait par les quantités et non par les prix car le taux d'intérêt influence la probabilité de défaut de l'emprunteur. Le rationnement n'est plus simplement considéré comme une situation de déséquilibre ou comme un retard d'ajustement, c'est une situation d'équilibre durable, qui se produit même en situation de concurrence pure et parfaite.

    Dans une situation de rationnement, que nous appellerons de type 1, la banque accorde le prêt pour un montant inférieur à celui qui a été demandé. Cette définition repose sur l'hypothèse qu'il existe une relation positive entre montant emprunté et difficultés de remboursement.

    Le troisième type de rationnement correspond à un refus de prêter au taux d'intérêt désiré par l'emprunteur. Ce troisième type de rationnement découle de la différence d'anticipations des probabilités de réussite du projet entre l'emprunteur et la banque, celle-ci étant plus pessimiste, et désirant appliquer une prime de risque plus élevée que celle souhaitée par l'emprunteur.

    Le quatrième type de rationnement est appelé "red-lining" dans la littérature anglosaxonne. Dans ce cas, les emprunteurs écartés se distinguent de ceux qui ont obtenu le crédit car ils ont été identifiés comme trop risqués par la banque : quel que soit le taux en vigueur, ils sont exclus du marché du crédit. Dans ce cas, le rationnement ne s'explique pas en termes d'apurement du marché et d'adéquation de l'offre et de la demande par les quantités, c'est un refus de prêter. Le "red-lining" correspond au rationnement le plus communément observé dans la réalité ; nous en analyserons les causes au Sénégal dans le chapitre suivant.

    B- Théorie économique et crédit bancaire :

    1- Le socle de départ :

    Historiquement et pour l'essentiel, la pensée économique de la grec antique se trouve dans les oeuvres de deux grands auteurs : Platon et Aristote. Leurs idées en matière économique apparaissent de façon incidente dans le cadre de leur philosophie politique et sociale. Platon est hostile au libre échange. Quant à Aristote, il distingue deux

    catégories d'activités économiques : l'économie domestique et la chrématistique (échange monétaire lorsque le « bien-vivre » des communautés ne peut pas être atteint de manière autarcique). Au regard de ces analyses, la monnaie n'est utilisée que dans le cadre des échanges et mieux, même pas toujours si le « bien-vivre » des populations peut être atteint sans échange avec l'extérieur. La théorie classique, d'autre part, inaugure une tradition en analyse économique, celle de la primauté de la notion d'enrichissement réel (et non monétaire), la définition du concept de capital et celle du financement de ce dernier par l'épargne disponible. En d'autres termes, c'est l'épargne pour Smith, qui permet une accumulation du capital et non le crédit bancaire. Dans son ouvrage, l'accroissement de Richesse des Nations (l'objet de l'ouvrage même) dépend de la division du travail et de l'accumulation du capital.

    Celle - ci est le résultat de l'épargne du revenu net, c'est-à-dire de la masse totale du produit annuel de la nation déduction faite des dépenses d'entretient du capital fixe et circulant. Cette épargne est soit transformé en autofinancement des entreprises soit prêtée sur le marché financier. La tradition sera poursuivi par Ricardo selon lequel le capital ne peut être accru par les opérations bancaires, ni le volume des échanges par la monnaie de papier (neutralité de la monnaie). Comme pour Smith, le taux d'intérêt est déterminé par le secteur « réel » de l'épargne, le taux de profit des entreprises. Ainsi monnaie et capital sont clairement distingués. Selon Smith, il n'existe pas de véritable marché de la monnaie et de la régulation du marché pour la monnaie; c'est pourquoi il substitue une régulation par le marché du crédit et les banques qui permettent d'introduire la monnaie bancaire dans la circulation.

    Si les banques n'ont pas d'influence sur le taux d'intérêt (ou prix du capital) la monnaie bancaire a un rôle à jouer, et ce rôle est plus important chez Smith que chez Ricardo car il articule monnaie et crédit. Comme le note Perlman (1989, page.79), si seul l'épargne finance l'investissement dans le cadre de la macroéconomie smithienne, quel est le mécanisme qui garantit que « toute augmentation des prêts correspond à une décision de ne pas consommer par certains, ce qui rend des ressources disponibles pour accroitre le capital », lorsqu'il existe des banques qui font du crédit ? Seulement l'opération de crédit par les banques ne fournit pas forcément d'indication sur les décisions d'épargner qui ont été faites dans l'économie. Les banques introduisent une opacité de l'information ; car il existe une information privée de la banque sur ses actifs (leur

    valeur et leur qualité ne peuvent être observés sans coûts) c'est la différence entre la finance de marché et la finance bancaire. Pour la résoudre, Smith construit sa théorie bancaire. Celle-ci a donc des implications macroéconomie. Mais elle est fondée micro économiquement. Pour Smith, bien que les banques créent de la monnaie à l'occasion de leur crédit, celle-ci ne remplace qu'une partie de leur capital circulant ; celui destiné à faire face aux dépenses courantes qui étaient purement « oisif » et ne rapportait aucun profit (donc un capital un peu particulier) et qui est de plus un capital qui coûte pour son entretient (donc diminue le surplus qui peut être épargné en vue de la croissance). Car si les banques permettent la substitution du papier au métal, elles permettent aux marchands et à la société de diminuer les coûts d'entretien de la circulation monétaire et financent seulement une encaisse de transaction, donc une partie du capital qui fonctionne comme monnaie et non tout le capital des marchands qui sert à faire des investissements à long-terme. De plus, au niveau microéconomique, il y a alors augmentation de capital productif même si l'épargne n'a pas augmenté. A ce niveau, Smith note les effets positifs du crédit bancaire.

    2- Instabilité du crédit et réglementation bancaire :

    De nombreuses études, dans la littérature relative aux activités bancaires et plus généralement dans l'organisation industrielle, ont mis en évidence un rapport positif entre la rentabilité et les structures du marché. Le modèle SCP (StructureComportement-Performance) établit un rapport général entre les déterminants de la performance de marché. Cette corrélation dans les marchés bancaires, comme le fait remarquer Gilbert (1984), « a été lancée dans les années 60, quand les organismes fédéraux de régulation bancaire ont commencé à répondre à la nouvelle condition légale au sujet des effets de fusion des banques sur la concurrence ». Le modèle de SCP affirme que les banques peuvent extraire des rentes monopolistiques sur des marchés concentrés par leur capacité à offrir des taux de dépôts inférieurs et des taux de prêts plus élevés. Ce qui reflète un niveau des prix moins favorable aux consommateurs sur des marchés plus concentrés, en raison de la collusion ou à d'autres formes de comportement non concurrentiel. Plus le nombre de firmes est petit et plus concentré est la structure du marché, plus grand est la probabilité que les firmes opérant sur le marché réalisent une configuration commune de pris-produit qui approche la solution monopolistique.

    Empiriquement, la relation SCP est habituellement examinée au regard du rapport entre la rentabilité et la concentration du marché avec une corrélation positive indiquant le comportement non concurrentiel sur des marchés concentrés. Une théorie relative est l'hypothèse relative au pouvoir de marché qui affirme que seules les firmes possédant de grandes parts de marché et des produits biens différenciés peuvent exercer un pouvoir de marché en évaluant ces produits et réaliser des profits très élevés (Berger,1995). Alors ces performances sont étroitement liées au niveau du crédit octroyé par la firme bancaire. Beaucoup d'études empiriques sur le modèle SCP appliqué au secteur bancaire ont été réalisées (une large revu de littérature est couverte par Rhoades (1977), Gilbert (1984), Molyneux et autres (1996) et Staikouras (2001)).

    A. Smith a préconisé des conséquences de l'instabilité du crédit : le risque systémique (contagion en cascade d'une crise). D'une part les banques peuvent être imprudentes, ne pas suivre les règles de bonne gestion privé, ou, si elles les suivent, elles peuvent être trompées. Selon Smith (1776), les déséquilibres microéconomiques au niveau d'une banque ont des conséquences macroéconomiques. L'équilibre général entre l'épargne et l'investissement repose sur les comportements bancaires qui ne doivent pas fausser l'information transmise.

    3- Le crédit bancaire et la croissance économique :

    Certains modèles financiers de croissance endogène -Bencivenga et Smith (1991)12, M. Pagano (1993)13, King et Levine (1993a et b)14 - insistent aussi sur le rôle du développement financier dans le mécanisme de la croissance économique. Ces modèles mettent ainsi en exergue l'impact positif du système financier car il permet, par son rôle de collecte d'information sur les projets d'investissement, une meilleure allocation des ressources financières15. En particulier, Bencivenga et Smith (1991) montrent que, pour un même niveau d'épargne globale, une meilleure gestion du risque de liquidité par les

    12 V. R. Bencivenga et B. D. Smith (1991). « Financial intermediation and endogeneous growth », Review of Economic Studies, avril, vol. 58, n° 2, pp.

    195-209.

    13 M. Pagano (1993). « Financial markets and growth, an overview », European Economic Review, n° 37, n° 2-3, pp. 613-622.

    14 R.G.King et R. Levine (1993a). « Financial intermediation and economic development », in Capital markets and financial intermediation, C. Meyer, X. Vives (eds).,CEPR,Cambridge University Press,London, pp.156-189. R. G. King et R. Levine (1993b). « Finance and growth : Schumpeter might be right », The Quarterly

    Journal of Economics, vol. 108, n° 3, pp. 717-737.

    15 Pour plus d'informations, on peut se référer à l'article de J.-C. Berthélemy et A. Varoudakis (1998). « Développement financier, réformes financières et croissance - une approche en données de panel », Revue Economique, vol. 49, n° 1, pp. 195-206.

    banques permet d'accroître la part de l'épargne destinée à des placements plus productifs. Ce résultat établit ainsi une relation théorique positive entre le système bancaire et la croissance économique.

    La théorie de Modigliani-Miller (1958) considère que la théorie bancaire s'est donné de nouveaux fondements microéconomiques en mettant en cause le paradigme de l'information complète et de l'existence d'un système complet de marché qui aboutissait à considérer le système financier comme neutre et sans action sur le secteur réel.

    La question qui s'est posée très tôt est celle de savoir si la finalité du crédit bancaire est le financement de la croissance et à quelles conditions. A cette occasion, a été mise en évidence la fonction spécifique des banques dans le traitement du risque de solvabilité avec la contribution de A. Smith dans la Richesse des Nations, 1776, au livre 2 consacré à l'accumulation du capital et aux banques avec la traduction française par G.Garnier en 1881. Les implications au niveau du financement de l'innovation et des investissements de long terme n'en sont tirées que plus tard par J.Shumpeter (1939) qui approfondit cependant les bases dégagées auparavant au niveau de la sélection des emprunteurs et la réduction des asymétries d'information. 16

    4- Effets des taux d'intérêt :

    Adam Smith propose de réglementer les taux d'intérêt afin d'éviter les comportements de prise de risque immodérée des spéculateurs qui sont à l'origine du risque de défaut auquel elles ne peuvent se protéger, ni protéger la société .Il n'y a pas de régulation de marché efficace mais une défaillance de ce dernier. En quelque sorte, ce type de réglementation joue le rôle de régulation prudentielle indirecte. En effet A. Smith montre que l'existence d'un taux d'intérêt très élevé (au-delà du taux normal du marché sur les meilleurs signatures) sur les emprunts tend à augmenter la demande des emprunts trop risqués (les «faiseurs de projets ») car ils peuvent seuls envisager de payer les charges de remboursement (le rendement de leur projet est élevé mais leur probabilité de remboursement est faible)17au détriment de celle des « hommes prudents » (effet d'antiselection). Ce sont justement ces mauvais emprunteurs qui, notamment en émettant les « lettres de change circulantes » indétectables par les banques, les

    16 Shumpeter(1939), traduction original de« the role of Money and Banking in the Process of Evolution »,chapitre 3,de Bisiness Cycles : A Theorical Historical and Statical Analysis of the Capitalist Proces,volume 1,1939 .

    17 A.Smith (1776),p446

    conduisent à la faillite et à la destruction de capital. Le seul moyen de les empêcher est alors une action indirecte de l'Etat qui fixe un plafond réglementaire au taux d'intérêt : on limite ainsi l'afflux de ces « mauvais » emprunteurs et évite l'éviction des bons. Même analyse faite par J. Stiglizt en citant cette remarque de Smith. Le modèle de Stiglizt-Weiss (1981) donne, en effet, des éclaircissements sur l'effet de taux d'intérêt haut mais aussi d'un niveau bas des taux d'intérêt (vor encadré).

    Rationnement du crédit

    J. Stiglitz et A. Weiss (1981) presentent un modele de rationnement de credit dans lequel, parmi des emprunteurs identiques, certains regoivent un prat et d'autres non. ~ We reserve the term credit rationing for circumstances in which either (a) among loan applicants who appear to be identical some receive a loan and others do not, and the rejected applicants would not receive a loan even if they offered to pay a higher interest rate ; or (b) there are identifiable groups of individuals in the population who, with a given supply of credit, are unable to obtain loans at any interest rate, even though with a larger supply of credit they would * J. Stiglitz et A. Weiss (1981, p.394- 395).

    Les emprunteurs potentiels qui ont ete rejetes ne pourront pas emprunter, meme s'ils indiquent leur volonte de payer plus que les taux d'interets du marche. Dans ce contexte, le taux d'interets qu'un individu accepte de payer agit comme un moyen de discrimination car seules les entreprises dont le projet est a haut risque accepteraient d'emprunter a de telles conditions. Par consequent, l'accroissement du taux d'interet peut accroitre le risque du portefeuille de prat de la banque en provoquant une degradation de la qualite et donc de la rentabilite des actifs bancaires, dans la mesure o:, elle se traduit par un accroissement de la proportion de mauvais emprunteurs, ou si elle incite au developpement de projets plus risques (qui ont d'ailleurs une probabilite de succes plus faible mais des rendements plus eleves en cas de succes).

    Ainsi, un taux d'interet unique ne peut equilibrer le marche du credit. S'il est trop bas, la rentabilite des prets n'est pas assuree, s'il est trop haut les projets les moins risques seront dissuades. L'equilibre va se faire par les quantites. Les emprunteurs qui semblent les plus risques sont rationnes. Dans ces circonstances, les restrictions de credit prennent la forme d'une limitation du nombre de prets et non d'une limitation de la taille de chaque prat ou d'une limitation par le taux d'interet paye en faisant dependre celui-ci de l'amplitude du prat. L'appreciation realisee par le banquier ne permettrait pas de s'approcher autant qu'il serait souhaitable d'une tarification individuelle du risque de credit.

    Il est donc interessant de noter ici que, lorsqu'il n'est pas possible d'evaluer la probabilite de defaillance associee aux demandes de credit des emprunteurs potentiels, la banque risque, en augmentant ses taux, de selectionner les projets les plus risques (antiselection) ou bien d'inciter les emprunteurs, après l'obtention de leur prêt, a choisir des projets plus hasardeux pour accroitre leur gain en cas de reussite (alea moral). La selection adverse temoigne par consequent de la difficulte pour les investisseurs a discerner les meilleurs projets (M. Cherif, 1999).

    3. STIGLITZ ET A. WEISS w Credit rationing in markets with imperfect information * The American Economic Review, 1981, vol. 71, n°3, pp. 93-410.

    M. CHERIF w Asymétrie d'information et financement des PME innovantes par le capital-risque * Revue d'Economie Financiere, 1999, n°54, pp. 163-178.

    Graphique 3 : Le modèle de rationnement du crédit de Stiglitz et Weiss (1981)

    4

    3

    1

    2

    Hypothèses :

    Considérons une économie composée d'une banque et d'un groupe d'emprunteurs ayant chacun un seul projet sur une période. Chaque projet requiert un montant fini de fonds L, que chaque promoteur doit obtenir pour monter son projet. Chaque emprunteur doit en garantie une valeur C, avec C < L.

    On va aussi faire l'hypothèse que chaque projet requière un financement avec une distribution de remboursement F qui dépend de R et O.

    R : est le rendement du projet.

    O : est le risque du projet.

    Alors F = F(R, O).

    Modèle :

    Les projets rapportent R s'ils sont fructueux ou 0 s'ils échouent. L'emprunteur ne peut en aucun cas influencer R. Une valeur plus élevée de O est considérée comme représentant d'une augmentation du risque du projet.

    L'emprunteur reçoit le montant fixé de prêt L au taux d'intérêt contractuel r et les défauts sur les prêts si le rendement du projet R plus (+) la valeur de la garantie C sont insuffisants pour rembourser le projet.

    La banque reçoit soit le montant contractuel total (1+r)L soit le maximum possible R+C. Le rendement de la banque est donné par le minimum de ces 2 valeurs :

    Min{R+C, (1+r)L} ;

    Comme le projet rapporte un rendement nul s'il échoue, le rende ment de l'emprunteur est donné par :

    Max{R - (1+r)L, -C} ;

    Stiglitz et Weiss montrent que pour un taux d'intérêt donné, il existe une valeur critique de O notée õ telle qu'un agent empruntera pour investir si O > õ. C'est-à-dire que le taux d'intérêt sert d'instrument de sélection.

    Le cadran (1) du graphique présente la demande de prêt Ld et l'offre de fonds prêtable Ls. La fonction de demande de prêt Ld est représentée de façon standard comme une fonction décroissante du taux d'intérêt r. Au contraire l'offre de fonds Ls est considérée positivement liée au taux d'intérêt jusqu'à un niveau ?, au-delà de ? l'offre de fonds est une fonction décroissante du taux d'intérêt. Les augmentations du taux d'intérêt au delà du taux d'intérêt optimal de la banque entraine deux types de faits : un effet de sélection adverse qui se traduit par une augmentation de la valeur seuil õ et qui provient du fait qu'en augmentant le degré de risque du groupe des candidats, les emprunteurs à faible risque se retirent du marché. Deuxièmement, un effet d'aléa moral qui apparait car d'autres emprunteurs sont appelés à choisir des projets pour lesquels la probabilité d'échec est élevée car en retour les projets plus risqués sont associés à des rendements espérés plus élevés. Des augmentations du taux d'intérêt entrainent des effets de

    sélection adverse et d'alea moral qui en réduisant le taux de rendement attendu de la banque induisent des montants de croissance faibles de crédits faits aux emprunteurs. Par conséquent, la relation entre l'offre des fonds prêtables et le taux d'intérêt contractuels devient négative et la valeur de Ls décroit à droite de ?. La courbe de fonds prêtable à une forme concave. Le taux de rendement espéré de la banque noté ñ est le produit du taux d'intérêt contractuel et de la probabilité de remboursement. En raison des effets de sélection adverse et d'alea moral associé à l'augmentation de r, la probabilité de remboursement baisse plus que l'augmentation du taux d'intérêt au-delà du niveau seuil du taux d'intérêt ?. Ainsi, la relation entre le taux de rendement ñ et le taux d'intérêt r est donc non monotone comme l'illustre la courbe RR du cadran (2). Un taux de rendement attendu plus élevé augmente l'incitation à prêter ; il y a donc une relation positive entre ñ et l'offre de prêt Ls comme indiqué au cadran (3).

    En fin le cadran (4) représente une ligne à 45o correspondant au montant des prêts d'équilibre.

    La valeur du taux d'intérêt contractuel d'équilibre qui assure l'égalité entre l'offre et le demande prêtable est obtenue au point A du cadran (1). Cependant, l'équilibre de rationnement du crédit caractérisée par un excès de demande est ?*. A ce taux d'intérêt, le rendement ñ attendu de la banque est à son niveau maximum. Pour la banque, le taux d'intérêt d'équilibre r* n'est pas optimal car c'est à ? que le rendement est maximum (mais à ? il y a rationnement).

    L'hypothèse de rationnement du crédit de Stiglitz et Weiss semble utile pour comprendre dans certains pays en développement, notamment ceux des pays africains, le crédit est sévèrement rationné avec des taux débiteurs des banques insensibles à l'excès de demande de crédit.

    Le modèle de Stiglitz et Weiss permet aussi de comprendre pourquoi dans nos pays, les banques commerciales détiennent des réserves excédentaires de liquidité.

    Dans un environnement dans lequel la probabilité de défaut sur les engagements de prêts est élevée, les réserves excédentaires tendent également à être élevées.

    5- Asymétrie d'information sur le marché du crédit :

    De quel moyen disposent les banques pour contrôler leur prise de risque et détecter les « faiseurs de projets » ? Elles ont tout d'abord l'avantage de gérer les comptes de leurs propres emprunteurs, surtout si elles leur font crédit sous forme de « découvertes », ce qui permet d'observer les mouvements de ce compte et d'en tirer des

    informations sur leur capacité à rembourser ; la production conjointe de crédit et de monnaie, par les banques est la source de leur raison d'être et de leur savoir faire dans la réduction des asymétries d'information. Ce point est repris par les auteurs contemporains comme Fama (1985). Seulement, il semble qu'en agissant ainsi, cet asymétrie d'information est source d'insuffisance du crédit bancaire car les banques ne prêtent qu'à ceux qui ont déjà un compte bancaire.

    De plus Smith leur conseille de suivre des règles de bonne gestion. Elles ne doivent escompter qu'un seul type de traites, des effets « réels » par opposition à des effets « fictifs », et ne prêter qu'à court terme soit par escompte soit par découverte. D.Diamond, qui a construit le modèle sans doute le plus connu en ce domaine et qui est au centre de la théorie contemporaine de la banque, débute son analyse par une référence à Schumpeter, sans oublier le modèle de Stiglizt et Weiss (1990) qui se réfère aussi à Schumpeter ; les banques sont des « comptables sociaux » (« social accountants »).

    Le modèle de Diamond rend compte du rôle de « surveillant délégué » qu'assure la banque et montre la supériorité de la solution bancaire par rapport au financement direct par de multiples prêteurs sur un marché. Elle est capable de résoudre à moindre coût le problème de risque moral issu de l'information privé que détient l'emprunteur. En effet, ce dernier peut « tricher » et invoquer la mauvaise chance ou les difficultés économiques du secteur pour ne pas révéler la réussite de son projet et ne pas rembourser. L'avantage de la banque réside dans la réduction des asymétries d'informations. Elle peut diminuer (par rapport à la situation où il existe de nombreux prêteurs) les coûts de surveillance de l'emprunteur grâce aux économies d'échelle, une fois le contrat de prêt signé. Elle évite donc la multiplication des coûts de vérification des emprunteurs (audit et « sanction ») ou les comportements de passager clandestin de la part des prêteurs. De plus, la délégation à l'intermédiation financière de la surveillance par les prêteurs individuels est exemple de risque moral qui pourrait être encouru par ceux qui ont déposé, du fait des possibilités de diversification de son portefeuille de prêts. L'intermédiaire financier est donc décri dans ce modèle comme le siège de l'articulation de deux relations d'agence : l'une entre les prêteurs individuels et l'intermédiaire (le contrat de dépôt) et l'autre entre ce dernier et l'emprunteur (le contrat de crédit). Les coûts de délégation à l'intermédiaire financier (coûts de surveillance de l'intermédiaire lui-même) sont plus faibles que les gains provenant de

    l'exploitation des économies d'échelles dans le contrôle des emprunteurs. La nécessité d'une bonne gestion de l'information est d'autant plus importante qu'une crise bancaire a des effets très négatifs sur le système bancaire. Cette dernière (crise bancaire) n'a pas seulement une influence en deuxième lieu sur le secteur réel du fait de la diminution de la quantité de monnaie mais aussi du fait de la destruction des relations de clientèle des banques et du capital informationnel qui y est lié.

    Pour Diamond (1991), les effets de réputation et l'analyse multi périodique forment le cadre de l'analyse : le modèle de Diamond permet de bénéficier l'emprunteur de sa réputation acquise quant aux résultats de ses projets et au respect de ses engagements au niveau des conditions futures de financement. Sharpe (1990) montre que les relations de long terme émergent de façon endogène puisqu'une banque qui prête à une firme (la banque « interne ») apprend sur elle plus (elle reçoit un « signal » parfaitement exact du résultat du projet). Ceci lui permet de faire bénéficier les firmes qui ont réussi dans leurs projets de conditions meilleurs de financement à la période suivante puisque leur probabilité de succès apparait plus forte que pour les nouvelles firmes qui sont inconnues de la banque. Les banques « externes », qui n'ont pas prêté à ces firmes ne peuvent que proposer des conditions moins bonnes (elles ont des coûts d'acquisition de l'information plus forts). Les avantages de la relation de long terme sont aussi soulignés par Haubrich (1989) dans le cadre d'une variante du modèle de Diamond (1984). La banque, du fait de la relation de long terme, observe l'historique des versements véritables de remboursement des emprunts. A partir de ces informations, elle peut procéder à des teste statistiques. Il en résulte que les rendements des projets peuvent être connus soit directement par le méthode de la surveillance envisagée dans le modèle de Diamond (1984), à chaque période, avec un coût k, soit indirectement par le test statistique dont le coût est a dans la relation de long terme, avec a<k . La banque compare le résultat moyen déclaré au rendement moyen véritable [E(Y)].

    Si la moyenne des versements s'écarte de la vraie moyenne, l'emprunteur est sanctionné, le crédit suspendu. Seulement, il peut s'écarter, avec tolérance, de la moyenne dans une certaine proportion.

    Le risque de représailles de la part du banquier du fait de la relation de clientèle est souligné par Stiglizt et Weiss (1983). En cas de non-révélation de ses résultats par l'emprunteur, la banque peut menacer de ne pas renouveler le prêt.

    Pour Mayer (1988), analyse la cause de l'insuffisance du crédit dans la même lancée mais différemment. En effet, il indique que la concurrence sur le marché financier empêche les firmes comme les prêteurs de s'engager ensemble à prendre des risques. Au contraire, les relations de long terme bilatérales, et exclusivement entre banques et firmes permettent de tels engagement qui sont avantageux. Dans ce cadre, prêteurs et emprunteurs partagent ensemble une même information non utilisable par d'autres prêteurs potentiels. Ceci incite les banques à maintenir leur financement, même durant les périodes difficiles que traverse les firmes, en retour l'emprunteur garantit à la banque qu'il lui sera fidèle. Il peut donc être intéressant pour le prêteur de restructurer le prêt pour compenser les pertes actuelles par des gains futurs et à ne pas mettre en faillite la firme. Les banques peuvent ainsi procéder à un lissage temporel des remboursements ou à une péréquation des remboursements entre périodes dans un horizon de long terme, ce que ne peuvent pas faire les marchés.

    A contrario, Von Thadden (1995) dénonce les aspects négatifs de la relation de long terme. Il y a deux types de firmes : les firmes de bonne qualité et celles de mauvaises qualités. Chacune peut entreprendre soit des projets de court terme soit des projets de long terme. Les projets de long terme sont en général plus profitables mais ils se caractérisent par des rendements plus faibles en matière période que ceux de court terme. Comme les prêteurs ne peuvent connaître à priori le type de firme, ils ne peuvent avoir confiance aux firmes. Les bonnes firmes sont tenues alors d'investir dans des projets à court terme.

    Rajan (1992) a montré que la position de monopole acquise par les banques internes (banque qui a déjà financé) oblige la firme qui a un faible pouvoir de négociation à laisser une grande partie de ses profits à cette banque ; elle va donc chercher à diversifier ses ressources de financement faisant appel à d'autres banques. Si ceci incite la firme à choisir des projets plus efficients, ce sera bénéfique pour la firme et la banque interne elle-même.

    Section II- Revue de la littérature empirique :

    Cette section comme la précédente sera divisée en deux parties. D'une part les travaux menés à travers le monde seront traités et d'autre part ceux menés en Afrique de l'ouest.

    A- Travaux empiriques menés à travers le monde :

    Le rôle de la finance d'une manière générale, dans une économie, n'est plus à démontrer. En première lieu, ces études reposent surtout sur le type de banque à mettre en place pour stimuler l'investissement accroitre ainsi le produit intérieur à travers un crédit intérieur de masse. Ce type de banque a commencé à être mis en place, pour la première fois en France, au XIXe siècle, à la suite de l'action de J.Laffite qui fonda la Caisse Générale du Commerce et de l'Industrie, puis fut repris par les frères Pereire lorsqu'ils créèrent le Crédit Mobilier en 1852 qui participa surtout au financement des chemins de fer et moins à celui des manufactures selon Kindleberger (1993). Il s'agit d'une innovation majeure dans l'histoire financière de la France et de l'Europe qui servira de prototype ultérieurement pour les banques de financement de l'industrie en Allemagne et dans l'ensemble de l'Europe.

    Les banques allemandes furent d'abord des banques privées familiales ; puis se formèrent des sociétés par actions au milieu du XIXe siècle. La Dresdner Bank, par exemple, a été créée spécialement pour faire des prêts à l'industrie ; à cette époque les marchés financiers ne participaient pas à ce financement, mais plutôt à celui de la finance publique.

    Des travaux contemporains s'interrogent sur les performances des différents systèmes financiers vis-à-vis des choix d'investissement et de la croissance (R. Levine (1971)). On distingue aujourd'hui deux type de système financiers : les systèmes centrés sur les banques tels ceux de l'Allemagne et du Japon (plus précisément appelés système de « house banks » où les relations entre banques et firme sont étroites et de long terme) et, dans une moindre mesure celui de la finance, et ceux centrés sur les marchés tels ceux des Etats Unis et de la Grande Bretagne où la concurrence est forte et les relations entre prêteurs et firmes plus distantes.

    Pour Anne JOSEPH (2004), qui a mené une étude dont l'objectif principal est de
    comprendre pourquoi, au Cameroun, les banques rejettent la plupart des demandes de

    financement d'investissements productifs émanant d'entreprises locales. Pour ce dernier certaines banques camerounaises manquent de liquidités, il note en effet que c'est l'objet de son étude, mais paradoxalement d'autres dégagent une surliquidité. D'une part il note le manque d'institutions d'accompagnement des entreprises dans leur demande de crédit comme les sociétés de capital-risque et les sociétés de crédit-bail ; d'autre part, il note le manque de coopération et d'entente entre banquier et population. Pour mettre en exergue la nécessité de chercher des solutions au rationnement du crédit, il serait judicieux de revenir sur les relations secteur réel-secteur financier. Ainsi certains auteurs pensent que c'est le secteur financier qui profite du secteur réel. En effet pour Jean-Paul Pollin (2009)18 la croissance mondiale a principalement concerné les pays émergents (La Chine bien sûr, les pays producteurs de pétrole, certains pays de l'Est...). Il ajoute que les surplus dégagés par ces pays sont transférés vers les pays développés via les places financières. Ceci est défendu par d'autres auteurs. En effet pour ces derniers, le développement financier est endogène puisqu'il est la conséquence directe de l'accroissement des besoins - donc de la demande - de services financiers engendré par le développement économique. Les analyses traditionnelles considèrent que la sphère réelle de l'économie se développe de manière autonome et le système financier ne joue qu'un rôle passif en ce sens qu'il s'adapte aux besoins de financement de l'économie réelle. C'est donc la croissance économique qui, par la demande de services financiers spécifiques, induit le développement du système financier. Le processus de croissance économique entraîne un élargissement continu des marchés financiers avec des produits financiers innovants nécessitant une diversification accrue et adéquate des risques et une meilleure maîtrise des coûts de transaction.

    H. T. Patrick (1966)19 a été l'un des premiers à s'interroger sur la possibilité d'une causalité inverse entre développement financier et croissance économique. Pour lui, le sens de causalité entre ces deux variables dépend du stade de développement économique d'un pays. Dans les phases initiales du développement, c'est l'offre de services financiers qui permet de promouvoir la croissance économique. Cette phase appelée « supply leading » correspond à la mobilisation et au transfert des ressources du secteur traditionnel vers le secteur moderne autorisant ainsi le financement de projets plus efficients car incorporant des technologies innovantes. Toutefois, avertit M. Pagano

    18 Jean-Paul Pollin « Quel système bancaire pour l'après crise » Juillet 2009

    19 H. T. Patrick (1966). « Financial development and economic growth in underdeveloped countries », Economic Development and Cultural Change,vol. 14, n° 2, pp. 174-189.

    (1993), l'approfondissement financier peut parfois entraîner des effets défavorables à la croissance économique. Il pense en particulier au fait qu'une distribution plus importante de crédits aux ménages accroisse leur consommation au détriment de leur épargne.

    En revanche, dans la phase de maturité du processus de développement, c'est la croissance économique qui induit le développement du système financier : c'est la phase dite de « demand following » où le secteur financier s'accommode à satisfaire les demandes de services que lui adresse le secteur réel.

    S'intéressant à la même problématique de la causalité entre développement financier et croissance économique, W. Jung (1986)20 confirme les propositions théoriques de Patrick (1966).

    Dans cette optique, le FMI (1996)21, analysant les performances des pays en développement, affirme que le niveau actuel du développement financier détermine le niveau futur de la croissance économique.

    B- Résultat d'études empiriques menées en Afrique de l'ouest :

    1- Cas de l'UEMOA :

    L'UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest africaine) est une zone monétaire qui comprend sept pays, anciennes colonies françaises (le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo) et la Guinée Bissau qui y a adhéré en 1997. Ces pays partagent une monnaie commune : le Franc CFA qui est arrimé à l'euro depuis 2000, selon une parité fixe (1 euro = 655,65 F CFA). L'UEMOA fait partie d'un ensemble plus grand de zone monétaire que constitue la Zone Franc. En fait, après les indépendances, les anciennes colonies françaises signent un accord de coopération monétaire entre leurs Etats réunis au sein de deux sous ensembles (la CEMAC et l'UEMOA) et la France (France d'outre-mer y comprise). Cet accord consiste en une garantie du trésor français apportée à la valeur des deux Francs CFA. De cet accord de coopération découle plusieurs avantages dont bénéficient les pays membres de cette zone, bien sûr des inconvénients sont aussi à noter. Ces pays sont à l'abri des

    20 W. S. Jung (1986). « Financial development and economic growth : international evidence », Economic Development and Cultural Change, vol. 34, n° 2, pp. 333-346.

    21 FMI (1996). « Pays en développement : défis des marchés de capitaux et performances économiques », Perspectives de l'économie mondiale, octobre, pp. 62-84.

    incertitudes de la valeur d'une monnaie sous un régime de change flottant et bénéficient de la crédibilité de la monnaie ancre. Ainsi, la Zone Franc a été fondée dans le but de maintenir un cadre institutionnel favorisant la stabilité macroéconomique, mais également le développement économique22.

    Des travaux menés par Jean-Placide KEZA (2010)23 ont permis de constater que sur le plan des croyances, l'Afrique subsaharienne, présente ceci de particulier, qu'elle n'est pas un ensemble homogène ; contrainte au crédit bancaire. On y trouve à la fois des animismes, des chrétiens, des musulmans, des hindouistes et des bouddhistes. Même si toutes ces religions ne sont pas totalement compatibles avec le « développement économique » c'est l'islam qui s'avère plus rétive à toute idée de profit. Or une bonne partie de la population en l'Afrique étant islamisé (l'Afrique de l'ouest), il s'ensuit que toute activité ou initiative ne peut pas être déconnectée de ce milieu culturel.

    Dans la doctrine islamique l'argent en soi est improductif et ne sert que d'instrument de mesure de la valeur de biens. Il ne peut donc être considéré comme un bien en soi, dont le prix serait fixé par l'offre et la demande. Par conséquent le « riba » (l'augmentation non justifiée des montants prêtés) est interdit par l'islam.

    En dehors de l'injustice sociale, fondement commune de cette interdiction aux trois religions monothéistes, une autre raison explique la position de l'islam. En effet pour l'islam, le capital (argent) n'est qu'une mesure de la richesse et non la richesse ellemême. Il ne le devient que grâce à son association avec le travail de l'homme. Par conséquent l'intérêt comme prix de l'argent épargné n'est pas justifié. Une telle justification n'existera que si cette épargne était investie en vue de créer plus de richesses.

    Selon les économistes musulmans, les fonds disponibles dans le système non islamiques sont souvent susceptibles d'être alloués à des emplois purement spéculatifs et ne profitent pas nécessairement aux projets les plus productifs. Ce qui conduit à une mauvaise allocation de ressources et représentent une entrave à l'emploi.

    De même, l'intégration du prix de l'argent dans la valeur de bien induit de l'inflation dans la société, l'ensemble affecte la croissance et le bien être de la société civile. En définitive, pour la majorité des musulmans tout intérêt même pour les crédits productifs reste interdit, puisque le « riba » est interdit, tout remboursement au-delà du montant

    original d'un prêt est donc illicite. Par conséquent l'activité bancaire dans une région à dominante islamique doit être établie sur la base de ces principes. Le secteur bancaire et financier doit donc offrir des produits qui reflètent l'ensemble de ces conceptions. Dés lors Jean-Placide KEZA propose comme solutions l'association des banques classiques avec les banques islamiques pour fournir des financements mixtes où le taux d'intérêt prohibé est remplacé par un taux de rendement sur des activités réelles.

    En plus de ce facteur religieux, il constate que les pratiques traditionnelles d'épargne et de crédit ont toujours existé en Afrique subsaharienne. Son importance a amené de nombreux experts et chercheurs à s'intéresser à ce qui est appelé la finance informelle. Sous cette appellation on retrouve tous les flux financiers générés par le réseau des marchands, de prêteurs professionnels, des amis, de la famille, des gardes monnaies ainsi que des tontines. Ces flux qui échappent au secteur bancaire constituent un ensemble fort disparate qui ne doit son unité qu'a la proximité des relations entre les débiteurs et les créanciers.

    ARY TANIMOUNE Nasser (2002) après une étude sur l'UEMOA trouve une prédominance des crédits à court terme qui s'expliquerait par l'aspect gestion de risques. En effet, par exemple le financement à long terme fait appel à certaines dispositions de gestion de risques de liquidité et de taux, en plus des risques de crédit et d'insolvabilité (de Coussergues, 1996). A cela s'ajouterait la capacité limitée de l'absorption des crédits bancaires (Eboué 1998). Par ailleurs, on remarque que les banques dans l'Union sont en moyenne sur- liquides : le niveau des réserves obligatoires constituées par ces derniers auprès de la BCEAO représentaient en moyenne en juin 1999 sept fois le montant requis. Toutefois, cette caractéristique des systèmes bancaires nationaux dans l'UEMOA semble commune à de nombreux autres systèmes bancaires. En effet, dans une récente étude empirique sur le comportement des banques, Demergüç-Kunt, Detragiache & Gupta (2000) trouvent que contrairement aux conclusions de nombreuses analyses théoriques, d'une part les dépôts bancaires se sont plutôt accrus et d'autre part, les crédits bancaires ont connu une baisse même pour les banques qui sont relativement peu affectées par la crise.

    2- Cas du Sénégal :

    S.A.Dieng (2010) après une étude sur la Contribution du système bancaire sénégalais
    au financement de l'économie nationale a constaté qu'au cours de ces dernières
    années, le faible niveau de croissance du crédit à l'économie s'explique essentiellement

    par une moindre vigueur de l'activité économique - engendrant un fléchissement de la demande de crédit - et par une probable amélioration sensible de la trésorerie des grandes entreprises qui en sont les principales bénéficiaires. Pour mener cette étude, il procède à une analyse dans le court terme en s'intéressant aux données bancaires de la période récente. Dans une seconde étape, c'est la perspective de longue période qu'il a privilégié.

    Tableau : Quelques statistiques et ratio relatifs au système bancaire sénégalais

    Année

    2004

    2005

    2006

    Masse monétaire

    1445,8

    1565,2

    1750,9

    Dépôts à terme en banque

    538,3

    582,4

    645,5

    Crédit intérieur

    880,9

    1032,1

    1122,7

    Crédit à l'économie

    856,9

    1066,9

    1111,6

    dont crédit à court terme

    551,2

    661,9

    603,4

    dont crédit à long terme

    305,7

    405

    508,2

    Evolution en % du crédit à l'économie

    -

    24,5

    4,2

    Crédit à l'économie/masse monétaire en %

    59,3

    68,2

    63,5

    Crédit à court terme/crédit à l'économie en

     
     
     

    %

    64,3

    62,0

    54,3

    Source : BCEAO (2007). Bulletin de statistiques monétaires et financières, décembre, 115 p, p. 68. Les calculs des ratios et des pourcentages sont effectués par nous (d'après S.A.DIENG).

    Sur la période spécifiée, l'examen à vue du tableau ci-dessus révèle que la part du crédit
    à l'économie n'atteint pas 70 % de la masse monétaire. Cette part s'établit à 59,3 % en
    2004 et 68,2 % en 2005 mais elle régresse d'environ 5 points pour se fixer à 63,5 % en

    2006. Bien qu'enregistrant une hausse en termes absolus sur la période, le crédit à l'économie a significativement diminué en termes relatifs : son taux de croissance est passé de 24,5 % entre 2004 et 2005 à seulement 4,2 % entre 2005 et 2006.

    L'insuffisance du crédit ne date pas d'aujourd'hui. En effet selon S.A.Dieng, la principale source de création monétaire en 1994 a été l'accroissement des avoirs extérieurs nets, dû aux apports des bailleurs de fonds bi et multilatéraux en appui aux mesures d'accompagnement à la dévaluation et au retour de capitaux spéculatifs (soutien technique). Aujourd'hui encore, les avoirs extérieurs nets représentent environ 40 % de la masse monétaire. La contribution des avoirs extérieurs nets à la création monétaire est de 43,4 % en 2004, 39 % en 2005 et 41% en 2006.

    En outre, il constate que le crédit bancaire est inégalement réparti entre les différents secteurs de l'économie.

    Selon une étude faite par la Direction de la Prévision et des études économiques (DPEE), « le crédit bancaire est majoritairement attribué dans le court terme à hauteur de 71,0%, contre 26,6% et 2,4% pour le moyen et le long terme respectivement. Les principaux bénéficiaires du crédit bancaire de court terme sont le secteur du commerce (29,3%), les industries manufacturières (29,1%) et les crédits aux ménages (13,6%). S'agissant du crédit bancaire à moyen terme, il est principalement destiné aux crédits aux ménages (27,5%), aux industries manufacturières (21,8%) ainsi qu'au secteur du commerce (19,1%). Quant au crédit bancaire à long terme, il finance essentiellement les crédits aux ménages et le secteur du commerce à hauteur de 76,2% et 11,9% respectivement ».

    Toutefois, la part du sous secteur des banques dans l'économie nationale, affirme le Directeur de la DPEE, « n'est pas si importante, mais il est de la banque comme il en est de l'énergie. C'est-à-dire, si vous prenez la part du secteur énergétique dans le Pib, il n'est pas important, c'est entre 2% et 3% du PIB. Mais s'il n'y a pas un secteur énergétique, l'économie est au point mort ». Dans la même foulée, M. Diarisso24 rajoute que « sans un secteur bancaire actif, il n'y a pas d'activités. Cependant, il y a un paradoxe. Pour autant, les banques se développent au Sénégal, pour autant elles ne financent pas l'économie si on voit ce qui se passe en Afrique du Sud, en Malaisie, en Europe et même aux Etats-Unis par exemple ».

    24 Directeur de la DPEE (Publié le 25 Mai 2009)

    En 2008, le secteur bancaire a contribué à hauteur de 24,6% au financement de l'économie, selon une étude réalisée par la DPEE. Sur la période allant de 2003 à 2008, cette contribution s'est située autour de 22,2% en moyenne, contre un peu moins de 20,0% dans les pays de l'UEMOA.

    Ce qui fera dire à M. Diarisso que « le niveau de financement du secteur bancaire reste faible pour booster la croissance économique. En effet, aux Etats-Unis d'Amérique, le secteur bancaire finance plus de 90% de l'activité économique. En Angleterre et au Canada, le financement bancaire de l'économie dépasse 150%. En Malaisie, ce taux est d'environ 140%. Au Brésil, le secteur bancaire finance environ 60% de l'activité économique ». Cette efficacité du secteur bancaire dans le financement des activités porteuses de croissance économique est défendue par beaucoup d'auteurs. En effet, S.A.Dieng (2010) montre que pour un nombre important d'auteurs, dans la lignée de Schumpeter (1939), pensent que le développement financier exogène, par l'offre de services financiers adéquats, dynamise la croissance économique. Chez des auteurs comme Goldsmith (1955,1969), Gurley et Shaw (1955, 1967) et Mac Kinnon (1973, 1991), un système financier solide et efficace contribue au développement économique. R.Levine (1996)25 fournit les justifications théoriques de cette causalité en évoquant, entre autres, le fait qu'un système financier développé permet une allocation optimale des ressources et promet l'échange de biens et services. En effet, la présence d'un système bancaire et financier permet une meilleure mobilisation de l'épargne domestique et externe et une meilleure maîtrise des problèmes d'asymétrie d'information. Aussi, le système bancaire et financier permet d'assurer le fonctionnement d'un système de paiement efficace et évolutif et de réduire les coûts de transaction et le risque de liquidité - en transformant les ressources courtes (dépôts) en emplois longs (crédits) et les instruments financiers liquides en investissements longs illiquides ; d'où la nécessité de chercher les facteurs qui bloquent ce financement bancaire et d'apporter les solutions idoines.

    Des études empiriques ont montré que l'approfondissement financier ait joué un rôle déterminant dans la croissance économique d'une grande majorité des pays de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) pour la période 1970-1995.

    Les résultats des tests de causalité de Granger réalisés par M.Raffinot et B. Venet (1998)26 ont révélé que pour certains pays - Bénin, Côte d'Ivoire et Mali - c'est l'approfondissement financier qui détermine la croissance de la sphère réelle de l'économie.

    ngorsecka@yahoo.fr/ngorsecka@hotmail.com

    26 Voir M. Raffinot et B. Venet (1998). « Approfondissement financier, libéralisation financière et croissance : le cas de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) », Contribution au Colloque de l'AFSE, Paris, septembre.

    CHAPITRE III

    LE CADRE METHODOLOGIQUE ET EMPIRIQUE DE

    L'ETUDE DES OBSTACLES AU CREDIT BANCAIRE

    AU SENEGAL

    Introduction :

    Ce chapitre permettra à partir des données collectées et des hypothèses émises d'apporter des réponses sur l'état du crédit au Sénégal. Ceci se fera en étudiant en premier lieu le cadre théorique et méthodologique et en deuxième et dernier lieu l'étude des résultats et les recommandations.

    Section I- Le Cadre théorique et méthodologique :

    Les hypothèses théoriques et empiriques seront d'abord traitées ensuite le choix des variables et enfin la description de l'échantillon et la source des données.

    A- Hypothèses théoriques et empiriques :

    Deux hypothèses théoriques et empiriques permettent d'opérationnaliser notre modèle :

    - La première hypothèse consiste à une approche bilancielle. En d'autres termes les capitaux propres des firmes bancaires sont supposés avoir un niveau non satisfaisant pour booster le crédit bancaire ;

    - La deuxième, les dépôts de la clientèle ont un niveau insuffisant pour stimuler le crédit bancaire.

    B- Le choix des variables :

    Le but de cette présente recherche étant une tentative d'explication des soubassements des crédits bancaires qui, dans le cas du Sénégal, connaissent des insuffisances.

    On fera abstraction de certaines variables que des auteurs considèrent comme influant le crédit bancaire dans l'espace UEMOA d'une manière générale. Dans ce présent travail, nous avons opté travailler qu'avec des variables quantitatives. Et donc, des variables comme la localité du demandeur de crédit c'est-à-dire son adresse ou bien le niveau de confiance que le banquier a envers son client ou bien encore le statut social du demandeur de crédit ne seront pas prises en compte. Seulement la confiance du client vis-à-vis de la banque sera étudiée car nous supposons que cette dernière est incluse dans les dépôts. En effet, l'épargnant qui dépose son argent à la banque, le fait parce qu'il a confiance à cette institution financière. En outre des auteurs ont montré que la confiance doit en générale être réciproque.

    A l'opposé, d'autres variables seront retenues : il s'agit surtout des capitaux propres des banques. Ces derniers sont supposés avoir une influence sur le crédit bancaire. En outre le niveau de dépôt de la clientèle sera aussi retenu comme variable explicative c'est-àdire variable qui pourrait expliquée l'octroi de crédit bancaire.

    En plus de ces variables, le niveau de la conjoncture, en l'occurrence le PIB (Produit Intérieur Brut) est aussi retenu car le développement d'un pays repose sur des niveaux de PIB de plus en plus élevé en passant d'une année à une autre. Et ceci peut être garanti par le financement bancaire inversement, la croissance économique peut permettre le développement financier. Et donc plus les besoins de production se font sentir, plus son financement augmente et en réponse plus le secteur financier se dynamise.

    Tableau 3 : Variables explicatives et signes attendus

    Variables Dénominations Signes

    Capitaux propres CP (+)

    Dépôts de la clientèle S (+)

    Produit Intérieur Brut PIB (+)

    Le taux d'intérêt réel TX (-)

    Niveau de risque sur le prêt NR (-)

    Nous proposons d'élaborer des testes statistiques à partir de la spécification suivante :

    Spécification (Equation de crédit) :

    Nous utilisons la spécification des modèles en correction d'erreur et cointégration : LCRt = a0 + a1D(LCP1t) + a2D(LS2t) + a3D(LPIB3t) + a4D(LTX4t) + a5D(LNR5t) + a6LCRt-1 + a7LCP1t-1 + a8LS2t-1 + a9LPIB3t-1 + a10LTX4t-1 + a11LNR5t-1 + å t

    Où les variables sont des logarithmes (L désigne le logarithme). Et les coefficients a0, a1, ..., a5 étant les paramètres à estimer.

    LCRt : est la variable endogène c'est-à-dire à expliquer

    LCPt, LSt, LPIBt, LTXt, LNRt : sont les variables exogènes ou explicatives å t : est le terme d'erreur

    DL(CPA) : Différence première du logarithme des capitaux propres

    C- Description de l'échantillon et source des données :

    > L'échantillon :

    Notre échantillon est composé de l'ensemble des banques au Sénégal ; c'est l'ensemble des firmes bancaires exerçant leur activité sur le territoire national.

    > La source et le traitement des données :

    Les données couvrent l'ensemble du secteur bancaire au Sénégal et sont disponibles de 1980 à 2008.

    Elles ont été collectées à l'ANSD (Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie), dans les différents rapports de la commission bancaire de l'UEMOA, ainsi que dans les rapports de la zone franc, divers éditions.

    Face aux difficultés d'accès aux données microéconomiques relatives à chaque firme, nous avons fait recours aux données agrégées. Ces derniers fournissent des estimations de comportement qui sont interprétées comme des moyennes pondérées des paramètres bancaires sous-jacents. Par exemple, la fonction de coût marginale de l'industrie est alors interprétée comme la sommation horizontale des fonctions des coûts marginaux des banques constituants. L'utilisation de données agrégées pourrait dissimuler le pouvoir de marché exercé par les petites banques locales potentielles. Or les effets totaux sont surtout influencés par le comportement des grandes firmes bancaires dont le degré de pouvoir de marché est très intense dans la plupart des modèles d'oligopoles asymétriques. Pour le traitement de nos données, nous avons fait recours au logiciel Eviews3 (version 3.3).

    Quelques commentaires sont nécessaires pour comprendre l'introduction du terme d'erreur å t .

    une influence sur la variable expliquée (endogène) sont très nombreuses (on ne les retient pas toutes). Mais, l'effet des variables qui ont été omises explique qu'il y ait des écarts entre la réalité observée et le résultat de la fonction.


    · Les phénomènes économiques sont mises en oeuvre par les individus qui n'ont eux même pas un comportement déterminé. C'est donc leur libre arbitrage qui fait que parfois ils n'agissent pas comme prévu et donc on n'obtient pas le résultat escompté.

    Les lois économiques sont donc seulement vraies en moyenne. Elles ont le caractère de lois statiques. On a choisi de traduire cet écart par le terme d'erreur å t qui est une variable aléatoire. Compte tenu de l'existence de ce terme d'erreur, la loi qui gouverne la variable endogène n'est plus une loi mathématique mais une loi statistique.

    Section II- Résultats empiriques et recommandations :

    Après l'analyse et l'interprétation des nos résultats, nous passerons aux recommandations et enfin aux limites du modèles.

    A- Analyse et interprétation des résultats empiriques:

    1- Analyse des résultats :

    L'estimation (Annexe I-3) du modèle a permis d'obtenir les résultats suivants :

    LCRt = 0.222679 + 0.112172 D(LCP1t) + 0.763551 D(LS2t) + 0.335711 D(LPIB3t) - 0.217394 D(LTX4t) - 0.063224 D(LNR5t) - 0.851965 LCRt-1 + 0.142886 LCP1t-1 + 0.148033 LS2t-1 + 0.038225 LPIB3t-1 + 0.138644 LTX4t-1 - 0.041944 LNR5t-1

    Vu la disponibilité des données, notre choix devrait se tourner sur les modèles linéaires générales logarithmique. En effet nos données étant modestement de long terme, les méthodes économétriques d'estimation de paramètres et de tests d'hypothèses privilégient ce type de modèle. Outre les modèles linéaires générales, nous pouvons aussi utiliser un modèle à correction d'erreur et cointégration plus adéquate pour des séries longues. En fait, c'est cette dernière approche que nous allons utiliser car la

    plupart des séries macroéconomiques sont non stationnaires du fait qu'elles sont affectées par une évolution de long terme (elles sont tendancielles). Ces modèles permettent dans le cas où les données ne sont pas stationnaires de les stationnariser. D'après la valeur de la force de rappel, 85,19% des effets de choc intervenu une année donnée sont résorbés dans l'année qui suit le choc.

    Afin de pouvoir mieux appréhender les résultats et dévaluer la fiabilité du modèle, différents tests statistiques seront menés :

    Exemple :

    1' Test de Student ;

    1' Test de Ramsey ;

    1' Test de Dickey-Fuller etc.

    Au seuil de 5%, on accepte l'hypothèse de normalité dès que la probabilité est supérieure à 0.05. Les variables dépôts de la clientèle, produit intérieur brut, taux d'intérêt et niveau du risque suivent des lois normales et lognormales sur la période 1980 à 2008 et les capitaux propres, une loi normale. Ainsi la probabilité associée aux capitaux propres est de 0.283. Autrement dit, si on rejette l'hypothèse de normalité de la variable CP, il y'a 28.3% de chances de se tromper.

    2- Interprétation et commentaire :

    A l'issue de l'analyse, les tests donnent des résultats satisfaisants. Etant donné que nous travaillons avec des variables macro-économiques, les tests de Duckey-Fuller augmenté (Annexe I-1) montrent que toutes les variables sont non stationnaires car pour chacune d'entre elles, la valeur du ADF Test Statistic est supérieur à la crirical value à 5%. Le test de cointégration de Johansen (Annexe I-2) montre une cointégration des variables avec comme rang de cointégration 1 ; on accepte donc l'hypothèse de cointégration. Dès lors, l'utilisation d'un modèle à correction d'erreur se trouve pleinement justifiée. Le test de Student valide la significativité de chacune des variables explicatives. Et celui de Ficher montre que la significativité globale du modèle. En fin le Cusum test montre que le modèle est stable (Annexe II-3).

    La variable capitaux propres :

    Cette variable a un impact positif sur l'offre de crédit par les banques. Elle est significative au seuil de 10% et son signe est positif; ce qui est conforme à nos attentes. Ce qui suppose qu'une augmentation de 100% des capitaux propres dans le bilan des banques provoquerait, toute chose étant égale par ailleurs, une augmentation de 11,21% du crédit octroyé par les banques. Dans notre raisonnement, les crédits étant considérés comme des outputs, leur progression impacte positivement le niveau de profitabilité. Les banques au Sénégal continuent d'offrir leurs liquidités qu'aux grandes entreprises déjà installées et ignorent les autres emprunteurs.

    La variable dépôts de la clientèle :

    Cette variable a aussi un impacte positivement le niveau du crédit. Elle est significative au seuil de 1% et son signe positif est attendu, comme indiqué dans l'hypothèse. Ainsi un accroissement d'un point des dépôts de la clientèle par exemple entraine une augmentation de 76,34% du niveau du crédit. Alors, plus les banques produisent des dépôts, plus elles auront des revenus. C'est dans cette logique que peut s'appréhender l'accroissement du nombre d'agences et de guichets dans le but d'accroitre la collecte de dépôts.

     

    La variable Produit Intérieur Brut :

    Cette variable représente d'une certaine manière le dynamisme d'une économie dans la mesure où ce qui est produit est distribué. Elle est significative au seuil de 5% et son signe est positif. Ainsi, une économie dynamique est souvent accompagnée d'un système bancaire à son tour dynamique. Les résultats des estimations montrent que le PIB est significatif dans le processus d'octroi de crédit par les banques. Sans doute cela se comprend aisément. D'une part, le niveau de production élevé requière un niveau de financement élevé pour l'approvisionnement et le maintient de la production. Alors ceci est souvent accompagné par de fortes demandes de crédits par les entrepreneurs.

    D'autre part, à la fin du processus de production, les entreprises peuvent dégager des excédents de trésoreries et donc générant ainsi des dépôts au près des banques. Ce dépôt, à son tour, génère le financement d'autres projets d'investissement d'autres entrepreneurs. Alors le PIB dans le modèle connait un décalage d'une année quant à son

    impacte sur le niveau du crédit. Les estimations montrent qu'une augmentation de 100% du PIB entraine une hausse du crédit à l'économie de 33,57%.

    La variable risque :

    La variable risque (NR) a un impacte négatif sur les performances des banques au Sénégal. Son signe négatif est attendu, comme indiqué dans l'hypothèse. Elle est significative au seuil de 10%. Plus le niveau des créances douteuses augmente plus les banques du Sénégal sont exposées au risque systémique. Au Sénégal, selon nos résultats, les créances douteuses dégradent la rentabilité du système bancaire au cas elles augmentent de 100% de l'ordre de 6,32%. Cet état de fait justifie les imperfections sur le marché du crédit. En effet, le marché bancaire est par définition caractérisé par des asymétries d'informations et des problèmes de sélection adverse et de hasard moral. Ainsi, pour maintenir durablement le niveau de rentabilité, un effort particulier devrait être fait dans le sens de l'apurement des créances en souffrance et plus particulièrement limite la progression du niveau des créances douteuses ; étant donné que les défaillances bancaires sont positivement reliées à une forte exposition aux risques. En outre, pour limiter les risques de défaillances des emprunteurs, les banques sont obligées d'exiger d'importantes garanties d'une part et de rationner le crédit d'autre part. Cette sensibilité des revenus bancaires aux créances douteuses conduit les banques à un excès de prudence se traduisant par la conservation de leurs liquidités ou la préférence d'investissement en bons de Trésor ou dans des actifs moins risqués.

     

    La variable taux d'intérêt réel :

    La variable taux d'intérêt produit aussi l'effet attendu c'est à dire un impact négatif sur le crédit accordé. Seulement l'effet n'est pas d'une grande ampleur comme ça devrait être le cas; ceci est la principale particularité des pays en développement. En effet le cas du Sénégal en est une parfaite illustration. Elle a un effet sur l'octroi de crédit bancaire de l'ordre de 21,73% en cas d'augmentation de 100%.

    La variable la plus influente au crédit bancaire d'après les résultats des estimations est le dépôt de la clientèle. Alors une politique visant à encourager l'épargne au près des banques est sans doute une solution aussi bien du coté des autorités monétaires qu'au niveau des banques. A ce niveau les banques devraient être plus souples dans leur comportement vis-à-vis de la population ; ce qui favorisera un climat de confiance qui est la règle d'or en finance. Il est à noter que le problème ne se situe pas seulement qu'au niveau des banques ; la population elle-même est trop réticente par rapport aux services bancaires. Après viennent les variables émises en hypothèses ; le taux d'intérêt et les capitaux propres. Dès lors, une exigence d'un niveau obligatoire de capitaux propres dans le bilan des banques est à mettre en place par les autorités monétaires. En effet par mesure de prudence et dans un souci de donner du crédit à des demandeurs consommateurs et non faiseurs de projet, les banques sont amenées à être trop réticentes à donner des crédits à ces types d'emprunteurs. Donc les banques grâce à ces capitaux propres pourront en jumelant à ces derniers une bonne gestion du risque octroyer plus de crédit.

    Il est à noter que les recommandations vont de pair avec certaines considérations. Pour apporter des solutions à la situation d'insuffisance du crédit bancaire constatée de fait au Sénégal, il est important de prendre en considération, non seulement, l'environnement juridique mais aussi institutionnel et macroéconomique :

    + La nécessité de réguler l'industrie bancaire : Le constat tiré de nos données

    indique l'existence d'une structure de marché bancaire oligopolistique constitué de quelques grandes banques en parfaite collision. Cette situation appelle à la vigilance des autorités monétaires qui doivent créer les conditions d'un marché bancaire concurrentiel, ou à défaut contestable, empêchant les oligopoleurs de capter à eux même seuls le surplus économique par le biais des tarifications non optimales. Cependant, vu la sensibilité du secteur bancaire, une prise en compte à la fois de l'objectif d'allocation optimale de ressources et du renforcement des règles prudentielles est nécessaire pour assurer une meilleure répartition de ressources dans l'économie ainsi que la sécurité du système bancaire et des déposants. Les autorités monétaires doivent intervenir dans l'amélioration du cadre juridique et institutionnel déjà existant. Elles doivent empêcher la concentration des prêts dans les mains de quelques clients, exiger des banques la

    diversification de leurs portefeuilles, contrôler l'entrée dans l'activité bancaire et renforcer les sanctions pour les banques dont la gestion est imprudente.

    + Le renforcement du cadre juridique : Le comportement des firmes bancaires

    par rapport aux surliquidités s'explique en partie par l'absence d'une structure juridique adéquate. C'est un point important si l'on considère les demandes de garanties de la part des banques vis-à-vis de leurs emprunteurs. En effet, la disposition de l'information sur le marché financier améliore l'efficacité de la réglementation bancaire et cette dernière permet de diminuer les risques d'insolvabilité ou de crise bancaire.

    + Favoriser le développement des institutions de micro-finance : Le

    fonctionnement harmonieux des institutions de micro finance (IMF) peut renforcer la concurrence bancaire, élargir la gamme des prestations bancaires offerts au public et concourir à la baisse du coût du crédit. Pour favoriser la collecte de l'épargne populaire, il conviendrait de créer les conditions propices au développement des structures de micro finance car, dans le contexte sous régional, la micro entreprise s'impose comme un outil efficace de création de richesse, de biens et d'emplois, et donc de lutte contre la pauvreté.

    + La stabilisation macroéconomique : La stabilisation macroéconomique est

    une condition préalable à la réussite des réformes instituées dans l'industrie bancaire. Il s'agit principalement de la stabilisation du niveau général des prix et un déficit public modéré. Préalablement, des niveaux de taux d'intérêt réel positif peuvent être atteints facilement si l'inflation est peu importante. En outre dans un environnement d'inflation modérée et moins volatile, les taux d'intérêt nominaux ne sont pas excessivement élevés permettant d'éviter des faillites d'entreprises et des établissements financiers endettés. Ceci évitera aux firmes bancaires de se lancer dans des stratégies de guerre de prix pour attirer le maximum de dépôts.

    macroéconomique Stable. L'objectif de solvabilité et de liquidité doit s'accorder aux variabilités inhérentes aux cycles économiques.

    C - Les limites du modèle :

    La principale limite est la non utilisation de variables qualitatives. Il est à noter que la finance d'une manière générale est marquée par l'incertitude et le risque. Alors une analyse sur le secteur, pourrait se faire avec un modèle dynamique incluant surtout des variables qualitatives. En outre la disponibilité de données plus longues permettrait d'obtenir des testes plus robustes et donc des résultats plus précis. La pertinence de notre modèle pourrait être renforcée si jamais c'était le secteur financier dans son ensemble qui a été pris en compte.

    Conclusion :

    Différentes raisons pourraient expliquer l'insuffisance du crédit bancaire au Sénégal. Certains auteurs avaient mis en avant un problème de localisation de l'emprunteur. Mais d'autres soulignent des croyances culturelles et religieuses ; Jean-Placide KEZA (2010) alors que pour certains, c'est principalement les niveaux élevés des risques encourus par les banques qui expliqueraient la surliquidité au sein des banques. Le travail que nous avons mené, en plus de la considération de ces différents résultats, et l'utilisation d'un modèle à correction d'erreur nous a permis de dégager d'autres pistes qui pourraient expliquer le rationnement du crédit au Sénégal. La considération de variables plutôt quantitatives dont les fonds propres, les dépôts mobilisés ont apporté plus de réponses à nos questionnements. En effet, notre modèle montre que l'impacte des variables est plutôt mitigé. Cela nous a permis de savoir sur quelles variables les autorités monétaires d'une part et les banques d'autre part peuvent s'appuyer pour apporter des solutions à la situation d'insuffisance de financement bancaire observé au Sénégal. L'impacte des capitaux propres, vu la principale ressource des banques ; les dépôts et des résultats du modèle, peut nous permettre d'affirmer qu'un rehaussement du niveau des capitaux propres dans le bilan des banques pourrait pousser ces derniers à octroyer plus de crédit. En effet l'intermédiation pure et simple peut pousser les banques à prendre du recul face au risque. En effet, deux éléments sont à gérer par les banques ; d'une part il y a le risque de liquidité et d'autre part la préservation de la crédibilité du système bancaire sous peine de sanction. L'impact des dépôts de la clientèle apparaît plus important d'après les résultats. Ceci pourrait s'expliquer par le fait que les banques n'utilisent pratiquement que ces fonds pour donner du crédit. En outre l'impact positif

    des capitaux propres, encore une fois de plus s'explique par le fait que ces derniers permettent aux banques de diversifier leur portefeuille.

    L'influence négative des risques sur le crédit octroyé par les banques a été confirmée au Sénégal. Sa significativité prouve une fois de plus la sensibilité du système bancaire aux risques systémiques et corrobore ainsi le comportement frileux des firmes bancaires en termes d'octroi de crédit. Le produit intérieur brut, dans le cas du Sénégal montre une évolution croissante par rapport à celle du crédit octroyé ; une croissance économique s'accompagne ainsi par un financement qui permettrait la disponibilité des moyens pour sa réalisation. Le taux d'intérêt est une fonction décroissante du crédit, du point de vu des emprunteurs, seulement à court terme, à long terme, il suit une évolution croissant par rapport au crédit. Le modèle de Stiglitz-Weiss est une parfaite illustration de cet état de fait.

    En tout état de cause, les conclusions de nos recherches doivent être relativisées dans la mesure où l'intégration d'autres variables dans le modèle surtout qualitatives pourrait permettre d'améliorer qualitativement les résultats obtenus. En outre, la disponibilité de données plus longues aurait donné des résultats encore plus satisfaisants. Pour mieux mettre en exergue le rôle des capitaux propres et des dépôts de la clientèle, la manipulation de données individuelles des banques faciliterait le travail. Alors la prise en compte du secteur financier dans son ensemble ne permettrait -elle pas d'avoir des réponses plus claires sur les causes de l'insuffisance du crédit au Sénégal vu la structuration de son secteur financier ?

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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    -Allé Nar Diop (2004) : Mémoire de DEA-PTCI «Libéralisation financière et demande de monnaie dans l'UEMOA : Cas du Sénégal ».

    -Rapport annuel, Commission Bancaire, Bceao, diverses éditions.

    -Rapport annuel, BCEAO nationale, divers éditions.

    - Notes d'informations et Statistiques, Bceao, diverses éditions.

    -Rapport Banque Mondiale.

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    -www.yopdf.com

    -www.afd.fr

    -eBoukf.com

    -www.gouv.sn

    - www.cesbc.org/congo/Keza/labancarisationdemasse.htm

    Tableau 4:

    Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test On LCR

    ADF Test Statistic

    -1.513411

    1% Critical Value*

    -4.3382

     
     

    5% Critical Value

    -3.5867

     
     

    10% Critical Value

    -3.2279

    *MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit root.

    Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test On LPIB

    ADF Test Statistic

    -3.485642

    1% Critical Value*

    -4.3382

     
     

    5% Critical Value

    -3.5867

     
     

    10% Critical Value

    -3.2279

    *MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit root.

    Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test On LNR

    ADF Test Statistic

    -1.455556

    1% Critical Value*

    -4.3382

     
     

    5% Critical Value

    -3.5867

     
     

    10% Critical Value

    -3.2279

    *MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit root.

    Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test On LS

    ADF Test Statistic

    -1.567409

    1% Critical Value*

    -4.3382

     
     

    5% Critical Value

    -3.5867

     
     

    10% Critical Value

    -3.2279

    *MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit root.

    Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test On LTX

    ADF Test Statistic

    -2.647909

    1% Critical Value*

    -4.3382

     
     

    5% Critical Value

    -3.5867

     
     

    10% Critical Value

    -3.2279

    *MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit root.

    Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test On LCP

    ADF Test Statistic

    -1.711621

    1% Critical Value*

    -4.3382

     
     

    5% Critical Value

    -3.5867

     
     

    10% Critical Value

    -3.2279

    *MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit root.

    Annexe I-2:

    Tableau 5 : Test de cointégration de Johansen :

    Sample: 1980 2008

    Included observations: 27

    Test assumption: No deterministic trend in the data

    Series: LCR LCP LNR LPIB LS LTX

    Lags interval: 1 to 1

     

    Likelihood

    5 Percent

    1 Percent

    Hypothesized

    Eigenvalue

    Ratio

    Critical Value

    Critical
    Value

    No. of CE(s)

    0.700621

    91.26122

    82.49

    90.45

    None **

    0.675286

    58.69796

    59.46

    66.52

    At most 1

    0.430075

    28.32806

    39.89

    45.58

    At most 2

    0.254972

    13.14729

    24.31

    29.75

    At most 3

    0.174686

    5.200288

    12.53

    16.31

    At most 4

    0.000612

    0.016532

    3.84

    6.51

    At most 5

    *(**) denotes rejection of the hypothesis at 5% (1%) significance level L.R. test indicates 1 cointegrating equation(s) at 5% significance level

    Tableau 6 : Etimation du modèle à correction d'erreur :

    Dependent Variable: D(LCR)

    Method: Least Squares

    Sample(adjusted): 1981 2008

    Included observations: 28 after adjusting endpoints

    Variable

    Coefficien

    t

    Std. Error

    t-Statistic

    Prob.

    C

    0.222679

    1.094401

    0.203471

    0.8413

    DLCP

    0.112172

    0.064027

    1.751939

    0.0989

    DLS

    0.763551

    0.098135

    7.780624

    0.0000

    DLNR

    -0.063224

    0.035836

    -1.764279

    0.0914

    DLTX

    -0.217394

    0.197165

    -1.102603

    0.0997

    DLPIB

    0.335711

    0.113281

    2.963532

    0.0349

    LCR(-1)

    -0.851965

    0.191134

    -4.457434

    0.0004

    LCP(-1)

    0.142886

    0.070155

    2.036719

    0.0412

    LS(-1)

    0.148033

    0.163668

    9.044712

    0.0001

    LNR(-1)

    -0.041944

    0.033494

    -1.992255

    0.0285

    LTX(-1)

    0.138644

    0.206126

    2.672616

    0.0458

    LPIB(-1)

    0.038225

    0.111147

    3.343915

    0.0304

    R-squared

    0.994998

    Mean dependent var

    0.316137

    Adjusted R-squared

    0.991559

    S.D. dependent var

    1.202317

    S.E. of regression

    0.110465

    Akaike info criterion

    -1.270702

    Sum squared resid

    0.195242

    Schwarz criterion

    -0.699757

    Log likelihood

    29.78983

    F-statistic

    289.3202

    Durbin-Watson stat

    1.804815

    Prob(F-statistic)

    0.000000

    Annexe I-4 :

    Tableau 7 : Test de White

    White Heteroskedasticity Test:

    F-statistic

    3.585908

    Probability

    0.080264

    Obs*R-squared

    26.33115

    Probability

    0.237736

    Graphique 4 : Evolution du CR, des CP, de S et du TX

    Annexe II-2 :

    Graphique 5 : Evolution du CR, du PIB et du NR

    Annexe II-3 :

    Graphique 6 : Test Cusum

    ngorsecka@yahoo.fr/ngorsecka@hotmail.com

    Annexe III-1 :

    Tableau 8 : Données relative au secteur bancaire sénégalais

    obser
    vatio
    ns

    CR
    (Milliards
    de FCFA)

    CP
    (Milliards
    de FCFA)

    NR (en %)

    PIB(Milliar
    ds de FCFA)

    S (Milliards
    de FCFA)

    TX (en %)

    1980

    0.210000

    0.001000

    50.10000

    740.2000

    0.170000

    6.187500

    1981

    0.368882

    0.001200

    51.20000

    863.2000

    0.180000

    6.250000

    1982

    0.417367

    0.001600

    40.40000

    1021.900

    0.187600

    7.750000

    1983

    0.454751

    0.001700

    56.70000

    1057.200

    0.231000

    7.500000

    1984

    0.456000

    0.002000

    60.00000

    1182.200

    0.200000

    7.250000

    1985

    0.554194

    0.002770

    61.10000

    1330.800

    0.210099

    7.250000

    1986

    0.538347

    0.001356

    61.40000

    1451.000

    0.223725

    6.083333

    1987

    0.557500

    0.004900

    60.00000

    1514.900

    0.228400

    5.250000

    1988

    342.0000

    82.50000

    61.20000

    1484.800

    236.8000

    5.250000

    1989

    313.7000

    102.7000

    66.80000

    1587.300

    262.8000

    6.416667

    1990

    427.8000

    106.7000

    60.40000

    1556.400

    252.0000

    7.000000

    1991

    430.7000

    128.9000

    63.10000

    510.6000

    353.8000

    7.000000

    1992

    442.4000

    141.4000

    65.50000

    505.2000

    374.0000

    7.750000

    1993

    492.7000

    140.9000

    69.00000

    1608.000

    358.2000

    3.500000

    1994

    530.7000

    100.9000

    74.20000

    2152.600

    453.0000

    3.500000

    1995

    536.2000

    97.90000

    78.70000

    2435.200

    484.1000

    3.500000

    1996

    575.5000

    86.60000

    84.10000

    2591.400

    576.6000

    3.500000

    1997

    583.3000

    30.10000

    84.10000

    2727.200

    543.6000

    3.500000

    1998

    621.5000

    48.90000

    84.10000

    2967.700

    568.7000

    3.500000

    1999

    674.6000

    80.00000

    84.10000

    3167.200

    627.2000

    3.500000

    2000

    785.3000

    114.6000

    84.10000

    3331.800

    749.8000

    3.500000

    2001

    837.4000

    126.7000

    84.10000

    3575.500

    823.3000

    3.500000

    2002

    792.9000

    133.9000

    84.10000

    3717.600

    919.0000

    3.500000

    2003

    848.8000

    116.4000

    84.10000

    3986.800

    1119.500

    3.500000

    2004

    880.9000

    104.8000

    2.100000

    4242.800

    1253.400

    3.500000

    2005

    1031.300

    124.6000

    2.900000

    4582.300

    1168.600

    3.500000

    2006

    1122.400

    150.5000

    3.800000

    4846.400

    1280.500

    3.500000

    2007

    1324.100

    194.5000

    3.600000

    5088.720

    1465.100

    3.500000

    2008

    1467.300

    200.0000

    3.600000

    5292.269

    1518.500

    3.500000

    Source : L'auteur

    ngorsecka@yahoo.fr/ngorsecka@hotmail.com

    Annexe III-2 :

    Tableau 9 : Données relative au passif des banques

    ANNEES

     
     
     

    PASSIF

    2006

    2007

    2008

    Operation de trésorerie

    163.5

    239.2

    322.4

    Opération avec la clientèle

    1493.5

    1661.1

    722.9

    Divers

    68.1

    88.9

    99.2

    Provisions, Fonds Propers

    236.7

    266

    306.5

    Source : L'auteur

    Annexe III-3

    Tableau 10 : Données relative à l'actif des banques

    ANNEES

     
     
     

    ACTIF

    2006

    2007

    2008

    Op. de trésorerie et interbancaires

    351,1

    451,7

    429,7

    Opérations avec la clientèle

    1228,3

    1281,8

    1515,4

    Opérations sur titres et diverses

    276,6

    393,9

    369,4

    Valeurs immobilisées

    105,9

    127,8

    136,6

    Source : L'auteur

    ngorsecka@yahoo.fr/ngorsecka@hotmail.com

    TABLE DES MATIERES :

    DEDICACES i

    REMERCIEMENTS ii

    Abréviations, acronymes et sigles iii

    SOMMAIRE iv

    Liste des graphiques et des tableaux v

    RESUME vi

    AVANT PROPOS vii

    INTRODUCTION GENERALE 1

    Chapitre I : Le dynamisme du système bancaire sénégalais et les obstacles au
    crédit bancaire 5

    Introduction ............ ... ...... 5

    SECTION I - L'EVOLUTION DU SYSTEME BANCAIRE SENEGALAIS : 5

    A- Caractéristique du système bancaire au Sénégal:... ... ...... ........5

    1- La répartition fonctionnelle :... ... ... ... ... ... ....5

    2- La répartition spatiale : ... ...... ... ... ...... 8

    B- Un faible niveau de bancarisation : 11

    1- Le nombre de banques et le taux de bancarisation : ... ......11

    2- Les effets de la mésentente entre banquiers et population : .......13

    SECTION II- LA BANQUE ET LA MICRO FINANCE : 14

    A- Un secteur bancaire encore embryonnaire : ...... ...... ......14

    1- La faible diversité des produits bancaires et une faible contribution à la création de valeur ajoutée:... ... ... ... ...... 14

    2- L'analyse bilancielle de la situation bancaire au Sénégal : 16

    B- La banque au Sénégal parfois comparable à une institution de micro finance: 17

    1- Le secteur de la micro finance :... ... ........ .............. ...17

    2- La répartition inéquitable des services bancaires entre les différents secteurs de l'économie : 18

    3- Complémentarité entre le secteur bancaire et la micro finance : 20
    CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE SUR L'INSUFFISANCE DU CREDIT BANCAIRE 21

    Introduction : ... ... ...... ... ... ...... ... ... 21

    SECTION I- REVUE DE LA LITTERATURE THEORIQUE : .21

    A- Quelques éclairages théoriques sur les banques et leurs activités : ...... 21

    1- Les différents types de banque : 21

    2- Les prestations rendues par les banques : ... ... ... ....24

    3 - La notion de rationnement du crédit... ... ... ...... .......26

    a) L'incertitude ... ...... ... ......... ... 26

    b) Les différents risques auxquels sont confrontées les banques 28

    c) La spécificité du marché du crédit ... ...... ... 30

    d) Définition de la notion de rationnement du crédit......... ... ......30

    B-Théorie économique et crédit bancaire :... ... ...... 31

    1- Le socle de départ : ... ...... ...... ...... ......31

    2- Instabilité du crédit et réglementation bancaire :... ...... 33

    3- Le crédit bancaire et la croissance économique :... ... ... 34

    4-Effets des taux d'intérêt :... ... ... ... ...... 35

    5- Asymétrie d'information sur le marché du crédit :... ...... ........39

    SECTION II- REVUE DE LA LITTERATURE EMPIRIQUE : 43

    A- Travaux empiriques menés à travers le monde :... ... ...... 43

    B- Résultat d'études empiriques menées en Afrique : ... ... ... 45

    1- Cas de l'UEMOA : ... ... ... ... ......... 45

    2- Cas du Sénégal : ... ...... ... ... ...... ......47

    CHAPITRE III : LE CADRE METHODOLOGIQUE ET EMPIRIQUE DE L'ETUDE DES
    OBSTACLES AU CREDIT BANCAIRE AU SENEGAL 52

    Introduction : ... ... ...... ... ... ...... ... ........ 52

    SECTION I- LE CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE : 52

    A- Hypothèses théoriques et empiriques :... ... ...... .......52

    B- Le choix des variables : ... ... ... ... ...... ......53

    C- Description de l'échantillon et source des données :... ... ... ...55

    A- Analyse et interprétation des résultats empiriques:... ... .......56

    1- Analyse des résultats :... ... ... ...... ...... 56

    2- Interprétation et commentaire : ... ... ... ...... ........57

    B- Les recommandations : ... ... ... ... ...... ......59

    C- Les limites du modèle :... ... ...... ... ...... ... 62

    Conclusion Générale : 63

    Références bibliographiques 65

    Webographie 66

    Annexe I 67

    Annexe II 70

    Annexe III 72

    ngorsecka@yahoo.fr/ngorsecka@hotmail.com






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