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Evaluation des impacts sociaux de la gestion de l'eau potable dans les quartiers périphériques de Touba au Sénégal

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par Modou Loum
Ecole nationale d'économie appliquée Sénégal - Ingénieur des travaux d'aménagement du territoire et gestion urbaine 2009
  

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PREMIERE PARTIE: LE CADRE DE
REFERENCE

CHAPITRE I: LA REVUE CRITIQUE DE LITERATURE

De façon schématique, l'eau est considérée comme patrimoine commun de l'humanité, à léguer aux générations futures, d'où sa gestion publique dans une perspective de développement durable (Rapport Brundtland). L'accès à l'eau serait alors reconnu comme un droit humain fondamental, avec les dispositifs de recours juridiques qui s'imposent. Pour d'autres, l'eau est une marchandise, de plus en plus rare, dont la saine gestion passerait par une prise en main par le marché. Cela implique son appropriation privée, quitte à accepter des règles d'exploitation évitant de tuer trop rapidement la poule aux oeufs d'or et quitte à reconnaître l'eau, non comme un droit, mais comme un besoin vital, un besoin à satisfaire selon la solvabilité des personnes.

Valérie PEUGEOT (1999), indique que du point de vue politique, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international encouragent la privatisation. Les crédits accordés aux pays en voie de développement sont liés à la condition que les prestations publiques soient privatisées. Dans certains cas, comme au Gabon, le résultat est positif. En 1997, Vivendi a acquis une participation majoritaire au capital de l'entreprise étatique de polydistribution du Gabon. Depuis, Vivendi a investi 125 millions d'euros dans le développement des infrastructures, ce qui a permis d'augmenter le nombre de clients raccordés au réseau de 26% tout en abaissant le prix de l'eau de 17%.

D'autres exemples, comme la Bolivie, illustrent en revanche l'échec auquel peut conduire la privatisation. Après avoir racheté le service de distribution d'eau de la ville de Cochabamba (Bolivie), le groupe américain Bechtel a doublé le prix de l'eau. Par la suite, Bechtel s'est retiré, laissant le service de distribution entre les mains d'une coopérative. Aujourd'hui, ces infrastructures sont dans un état déplorable.3

Ensuite, pendant longtemps, les hommes se sont peu préoccupés de leur milieu
naturel, s'ingérant dans la nature et usant d'elle sans compter, aménageant à tour de

3 Valérie PEUGEOT (1999), «L'eau, patrimoine commun»

bras, et rejetant largement effluents et déchets de toutes sortes. Le constat aujourd'hui est dramatique. Des régions entières ont été dévastées et nombre de cours d'eau, lacs et nappes souterraines sont aujourd'hui pollués de par le monde, une pollution que la nature a du mal à résorber. Quand y a-t-il pollution de l'eau? D'où viennent les différents polluants? Quels sont les risques encourus par les milieux aquatiques? Pour prévenir et combattre la dégradation générale de ces écosystèmes, il importe de distinguer et de déterminer les effets des différentes sources de pollution, et de toutes les modifications que peut subir le milieu physique.

En plus, Alain Gras (2008)4, affirme qu'il faut sacrifier un confort basé sur la rapidité, sur la consommation, sur la prédation de la nature. «Nous avons reçu de Descartes, entre autres, un virus idéologique de ?maître et possesseur? qui a infecté notre manière de penser le monde: la maîtrise de la nature». La seule condition de survie réside aujourd'hui dans l'établissement d'un rapport plus humble avec la planète, un rapport qui tienne compte des caractéristiques de l'eau qu'elle nous fournit. Ce document nous a permis de voir que les rapports entre l'homme et la nature doivent être pris dans la définition de toute politique de gestion des ressources naturelles. Il nous montre aussi les limites des modèles de développement connus jusqu'alors.5

Le site du Programme Eau potable et Assainissement pour le Millénaire (PEPAM) nous a informés sur la situation d'approvisionnement en eau potable de manière générale de la région de Diourbel et plus précisément de la ville de Touba. Dans ce document, le taux d'accès à l'eau dans les CR est de 77% et le taux d'accès à l'eau par AEP est de 72%. Par contre le taux d'accès à l'assainissement est de 17% (cf. Annexe). A coté de ces taux au niveau régional, la CR de Touba elle seule enregistre 92% pour l'accès à l'eau potable. Donc avec le développement industriel qui s'y implante, la problématique de la pollution de la nappe et la surexploitation de la ressource eau ne tarde de se répandre avec toutes ces formes. En d'autres termes ce chiffre d'accès pose problème car ne tient pas compte les périodes de forte

4 L'Atlas des ressources de la planète (2008), «Construire un monde durable», 243 hors série trimestriel,

5 L'Atlas des ressources de la planète (2008), «Construire un monde durable», 243 hors série trimestriel, p.155; 156

consommation comme le Grand Magal et le Gamou. En effet derrière ce taux (92%) se cache des disparités entre le centre et la périphérie que nous essayerons dans notre étude de déceler.

Kane Racine (2004) développe les problèmes sanitaires liés à l'approvisionnement en eau potable dans la ville de Touba. Ces problèmes sont résumés en facteurs dont les déterminants majeurs sont:

facteurs liés au service : Fuites importantes d'eau ; les pannes fréquentes de forages; vétusté des ouvrages existants. Il faut voir que le déficit est plus ressenti dans les quartiers périphériques où le réseau d'approvisionnement s'il existe, se limite le plus souvent à une borne fontaine dont la gestion pose des problèmes, entre autres les pertes de pression dues à la longueur du réseau.

Facteurs socio-environnementaux; Absence d'une gestion rationnelle des ordures ménagères et des matières de vidange des fosses septiques et assimilés.

Facteurs sociodémographiques: L'augmentation rapide de la population, associée à une urbanisation sauvage est un facteur essentiel de l'apparition des maladies diarrhéiques et même les maladies comme le choléra. Les mouvements incessants de populations vers Touba, les grands rassemblements humains, la proximité et le manque d'hygiène. A cela s'ajoute la gratuité de l'eau qui entraine chez les consommateurs un abus dans son utilisation ; les nombreuses interventions de plombiers mal formés sur le réseau et les nombreux ouvrages publics et privés de stockage d'eau.

N'Guemb J. (1994), analyse les problèmes sociaux liés à l'approvisionnement en eau potable dans les villes des pays Tiers-monde. Il montre que malgré la disponibilité de la ressource il existe un grand écart entre les conditions de vie dans les quartiers périphériques et celles du centre. Il apporte dans sa documentation que selon l'une des conclusions des chercheurs de l'Institut Londonien d'Hygiène et de la Médecine Tropicale: sur le plan de la santé, il est plus intéressant d'avoir une eau plus abondante qu'une eau plus propre. Mais selon N'Guemb J. «ici le problème ne se pose pas en termes de rareté mais, mais plutôt en termes de potabilité, de qualité et non de quantité. L'idéal c'est que deux impératives soient remplis avec deux variables:

?demande réelle? et ? offre réelle ?.6Or dans le cadre de la ville de Touba le problème implique à la fois ces deux variables, car la demande non seulement se pose avec acuité mais l'offre aussi est très limitée dans les quartiers périphériques et pendant les périodes de pointe.

SANDRA POSTEL (1992), évoque la question de l'eau dans le monde sous trois angles: les problèmes en perspective; la gestion de l'eau disponible et garantir la sécurité hydrique. Dans chaque partie il analyse avec lucidité les dangers, écologiques, économiques et politiques, liées à la raréfaction de cette ressource essentielle.

Ainsi, cet auteur montre les différentes considérations que l'homme a sur l'abondance de l'eau; il parle d'une illusion. Les inégalités d'accès à l'eau sont traitées aussi dans ce livre. L'eau constitue une ressource renouvelable, mais il n'est pour autant inépuisable. Tous les ans, le cycle hydrologique ne fournit qu'une certaine quantité en un endroit donné. Cela signifie que l'approvisionnement par personne qui représente un indicateur général de la sécurité hydrique, diminue au fur et à mesure que la population augmente.

Dans certaines des pays industriels et des pays du Tiers Monde, de nombreux logements ne sont même pas équipés de compteurs d'eau, ce qui exclut toute possibilité de faire payer convenablement la consommation. Pour assurer la réussite des programmes de conservation de l'eau, il est indispensable de pouvoir comptabiliser les quantités consommées; en outre, une facturation fondée sur la consommation encourage aussi les économies. Il est souvent politiquement difficile d'augmenter le prix de l'eau mais si on assortit une telle mesure d'une campagne d'information publique, pour expliquer les rasons de la hausse et les mesures que les consommateurs peuvent prendre pour réduire leur facteur d'eau, l'effet peut être positif.

Pour relever la gageure qui consiste à satisfaire les besoins des êtres humains tout en
protégeant les fonctions écologiques dont dépend toute vie, il faut prendre conscience
du lien existant entre notre destin et celui du monde aqueux qui nous entoure. Nos

6 N'Guemb J. (1994), dans « l'envers d'un urbanisme social, les problèmes socio sanitaires posés par l'eau consommée dans les quartiers périphériques de Pointe Noire -Congo»,

agriculteurs, nos usines et nos maisons ne sont pas seulement en concurrence pour l'utilisation d'une même ressource, ils font aussi partie d'une communauté insérée dans les écosystèmes indispensables à leur vie qui les entourent.

Selon lui il existe maintenant des technologies qui permettraient de réduire la consommation d'eau de 10 à 50% dans l'agriculture, de 40 à 90% dans l'industrie et de 30% dans les villes, sans sacrifier la production économique ni la qualité de la vie. Ces techniques, recyclage des eaux usées, préservation de l'humidité des sols, réglementation du début des appareils ménagers.7

En effet, les travaux de HARDIN, (1968) ont été le fondement de certaines théories de gestion des ressources naturelles. La conclusion à laquelle il a abouti, est que les ressources d'accès libre sont vouées à la disparition. Il prône ainsi la coercition de l'Etat; lequel devant définir un ensemble de règles d'accès. L'accès libre aux ressources naturelles est à présent donc voué aux gémonies. Désormais, l'appropriation des ressources s'impose, qu'elle soit privée ou communautaire. Cette nouvelle vision de la gestion des ressources naturelles s'est concrétisée par la naissance de deux principales théories: celle de la valorisation des actifs naturels et celle des «droits environnementaux». 8

Donc ce document nous a permis d'avoir une situation mondiale de l'eau et quelques pistes pour une gestion durable. Il faut dire seulement que le non prise en compte des considérations religieux limite ces deux ouvrages. Par conséquent Touba est un exemple car c'est un lieu où les considérations socioreligieux remportent sur celles scientifiques par contre plus difficiles à gérer dans cette ville car il y'a l'existence de plusieurs facteurs religieux, socioéconomiques, culturels, qui font que l'eau est difficile d'être commercialisée. D'ailleurs c'est ce qui justifie notre étude dans ce sens

7 SANDRA POSTEL (1992), dans «la dernière oasis : l'eau en danger»,

8 Mémoire de fin d'études - B. Alphonse .Diouf ATEGU/ENEA 2006

Contribution à l'étude des facteurs d'utilisation des SET dans les systèmes de cultures, d'élevage et de pêche; p 6.

afin de proposer une gestion rationnelle de l'eau qui mobilise tous les acteurs concernés.

Concernant les modèles de gestion, Néné Makoya Touré (2009), aborde le modèle de gouvernance de l'eau. Il montre le caractère récent de la gestion dite moderne de l'eau qui crée de nouveaux territoires de l'eau avec les réseaux d'adduction d'eau, de nouvelles formes de centralité avec les ouvrages hydrauliques et la prise en compte du genre dans la gestion de l'eau. A la faveur de ce document, nous avons été largement renseignés sur les outils de gestion de l'eau dans les villes.9 Par contre ce qui limite ce travail, il développe seulement les aspects techniques liés à la gestion de l'eau, alors que c'est important d'y ajouter les facteurs sociologiques qui influent la perception des populations sur leur manière d'utilisation de la ressource.

La croissance de la population mondiale dans les prochaines décennies se fera surtout dans les grandes villes du sud, à un rythme sans précédent dans l'histoire humaine. Les services à ces populations sont loin de croître à la même vitesse, et les enjeux cruciaux de ce développement urbain sont peu maîtrisés pour le moment.10

Au terme de l'ensemble des documents consultés au cours de notre étude, nous pouvons retenir les points suivants:

Il y'a un consensus que :

Avec les menaces des changements climatiques sur la disponibilité de l'eau dans le monde, la rareté de la ressource se manifeste de jour en jour;

L'urbanisation galopante est un facteur déterminant sur l'augmentation des besoins des populations en services sociaux de base comme l'eau, l'électricité, la santé, l'éducation, etc.;

Pour une réussite des politiques de l'eau il faut une gestion efficace des points d'eau et une équité dans la distribution de l'eau

9Néné Makoya Touré (2008-2009) «Etude de la pauvreté en eau dans la commune de Mbour: pertinence du SIG dans l'aide à la prise de décision

10 Pierre-Noël Giraud; Professeur à l'Ecole des Mines de Paris

En effet, ces documents ont une importance capitale car il nous a permis d'égailler notre étude mais surtout d'avoir des informations sur la situation actuelle de l'eau dans le monde de manière générale et en particulier au Sénégal.

Cependant notre étude a une spécificité par rapport aux autres documents sur l'eau car d'abord le cadre de l'étude a une particularité voire même une originalité du fait Touba a un statut d'exterritorialité avec un titre foncier. Les limites de l'espace urbain dépassent de loin ce titre foncier, empiétant même les autres établissements humains frontaliers comme Mbacké; Ndame, Touba Fall. Ceci fait que sa gestion diffère des autres villes tant sur les décisions des acteurs que sur les actions à mener. Pour dire qu'à Touba nous assistons à une gestion hybride où toutes les actions à mener dans la ville répondent aux aspirations premièrement du Khalife et enfin de la collectivité locale. Ce statut de la ville procure à la population des avantages et des privilèges sur la satisfaction des besoins; d'où la gratuité de l'eau.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote