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Du droit de résistance aux abus de pouvoir: une lecture du "second traité du gouvernement civil" de John Locke

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par Victor SETIBO BATUZOLELE
Faculté de philosophie Saint Pierre Canisius - Bachalauréat en philosophie 2002
  

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5.2. Prospective

Il existe un grand besoin d'information et de formation sur les principes et les méthodes de résistance civile et de l'action non-violente. La résistance doit conquérir son droit de cité dans notre culture et dans notre histoire. Il est temps qu'elle cesse d'être clandestine pour devenir sujet d'études et de débats. Une relecture de la résistance civile permettra d'envisager quelle forme lui donner aujourd'hui. Par souci de maintenir la justice, la paix et l'harmonie dans nos sociétés, notre travail se veut une modeste contribution aux mécanismes de résistance à la violence ; mécanismes à mettre en place pour épargner le peuple des malveillances de la violence et de l'arbitraire.

Alors qu'en l'homme il y a toujours une part de lui-même qui l'incline à la violence, pourquoi souscrire à la non-violence ? A la suite de Jacques Sémelin, nous répondons : << C'est parce qu'elle est porteuse d'une morale politique ; non pas une morale de pureté mais une morale d'efficacité. Elle repose sur l'idée que les moyens de l'action politique ne sont pas neutres, que l'on ne peut utiliser n'importe quel moyen pour construire véritablement un monde de paix et de justice108 ».

<< Les maux de ce monde proviennent en partie du penchant de l'homme à dissocier les

conséquences de ses actes du moment des objectifs qu'il leur assigne dans le futur. Il
en résulte une vision assez schizophrénique de l'existence où l'on prétend défendre la

108 Jaques SEMELIN, Pour sortir de la violence, Paris, Les Editions ouvrières, 1983, p.198.

paix par la violence, conquérir la liberté en la supprimant aux autres. Dès lors, les moyens l'emportent sur une fin qui n'est plus que formellement affichée.109 »

Il faut alors veiller à ce que la juste logique du droit d'opposition ne se dérègle pas et ne conduise pas à la sédition ou même au terrorisme. Il y a un grand risque d'une dénaturation de ce droit qu'un mauvais usage pervertit. Utilisé à mauvais escient ou avec mauvaise foi, il peut conduire à des tragédies.

A ce niveau, il convient de dépasser John Locke pour qui, il semble difficile, à la limite inconcevable, de résister à la force et à la violence sans donner des coups110. En effet pour lui, l'état de guerre qui s'installe en cas d'abus de pouvoir, rend les parties égales entre elles. C'est une sans doute une déclaration à placer dans son contexte. Aujourd'hui, plusieurs procédés non-violents peuvent être appliqués. En entrant dans la logique de la violence, on finit par se lancer dans une course effrénée aux armements en instaurant ainsi la logique de la vengeance dans le seul désir de maltraiter et d'humilier son ennemi.

Depuis plus de deux siècles, les peuples se sont efforcés de se libérer de l'esclavage, du colonialisme, du totalitarisme. Cette quête de la liberté et de la justice est bien loin d'être achevée à en juger par la multitude des dictatures dans le monde. La lotta continua, peut-on dire. La liberté est à conquérir infiniment. La lutte à poursuivre doit tenir compte du fait que la violence a connu d'importantes mutations avec la présence des dispositifs de guerre capables des destructions massives. Cela oblige à un nouveau combat : celui consistant à préserver la vie contre les risques d'une mort collective.

Il est alors urgent de mettre en oeuvre des formes et des systèmes de défense qui, tout en permettant aux hommes de préserver ou de conquérir leurs droits, leur évitent de courir à leur perte, de s'acheminer plus ou moins malgré eux vers le suicide nucléaire. Pour sa part, la non-violence est au carrefour de cette double préoccupation des fondements assez solides pour relever le défi propre à notre modernité111.

Tout en déclarant légitime la résistance civile après John Locke et tant d'autres, il nous semble important de laisser ouvert d'autres champs d'investigation. Pourquoi ne mènerait-on pas par exemple une réflexion qui aurait pour visée principale d'étudier la possibilité de rendre effectif le droit de résistance ? En effet, force est de reconnaître que la proclamation des droits universels de l'homme et, tout particulièrement de ce droit d'opposition, peut fort bien, au gré de l'hypocrisie de certains gouvernements, ne correspondre à aucune effectivité

109 Jacques SEMELIN, op. cit., p. 199.

110 Second Traité, § 235, p. 319.

111 Jaques SEMELIN, Pour sortir de la violence, Paris, Les Editions ouvrières, 1983, p.200.

concrète. Dès lors, à quoi servent les déclarations solennelles de droits si, en fait, ceux-ci ne sont ni respectés, ni reconnus et pour tout dire, sont bafoués. Cette difficulté entre théorie et pratique peut bien faire l'objet d'une étude approfondie. Actuellement des questions d'abus de pouvoir, de résistance à l'oppression, surtout des droits de l'homme, font de plus en plus partie de multiples débats et études. Nous espérons que les luttes continuellement menées pour la liberté, la justice et la paix produiront des résultats escomptés.

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