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Mobilités résidentielles et habitat spontané à  Niamey

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par Bachirou Ayouba Tinni
Université Abdou Moumouni de Niamey Niger - Maitrise  2011
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DU NIGER

M1M5/K5

UNIVERSITE ABDOU MOUMOUNI DE NIAMEY Faculté des Lettres et Sciences Humaines

Département de Géographie

Mobilités résidentielles et habitat spontané à Niamey

Mémoire de maîtrise

Présenté et soutenu par :
AYOUBA TINNI Bachirou

Sous la direction de: Président du jury : Pr SIDIKOU HAMIDIOU Arouna

MOUNKAILA Harouna, maître de conférences GAME/IRSH

département de géographie /ENS/UAM Assesseur : Dr ISSAKA Hamadou

Attaché de recherche. GAME/IRSH

1

Année académique 2011-2012

2

Table des matières

SIGLES ET ABREVIATIONS 10

DEDICACE 11

REMERCIEMENTS 12

RESUME 13

SUMMARY 14

INTRODUCTION GENERALE 15

CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE 17

1.1. La problématique 17

1.1.1 Les hypothèses 20

1.1.2 Les objectifs du travail 20

1.1.2.1 L'objectif général 20

1.1.2.2 Les objectifs spécifiques 21

1.1.3. La revue de la littérature 21

1.1.4. Les raisons du choix du thème 23

1.2. L'approche méthodologique 23

1.2.1. La recherche documentaire 23

1.2.2. L'enquête de terrain 24

1.2.2.1. L'Enquête par questionnaire 24

1.2.2.2. La biographie migratoire 24

1.2.3. L'échantillonnage 24

1.2.3.1. Le choix des lieux d'enquête 24

1.2.3.2. La cartographie 25

1.2.3.3. Les entretiens 25

4

1.2.4. Le traitement et l'analyse des données 25

1.2.5. Les difficultés rencontrées 25

CHAPITRE II. PRESENTATION DE NIAMEY 27

2.1. Historique de la ville 27

2.1.1. Migration et croissance urbaine 27

2.1.1.2. Sécheresses, famines et croissance urbaine 28

2.2. Mutation socio-urbaine 30

2.2.1. La première phase de la mutation 30

2.2.2. La seconde phase de la mutation (1939-1945) 31

CONCLUSION PARTIELLE 33

CHAPITRE III. CARACTERISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES DES CITADINS

OCCUPANT LES CASES 34

3.1. Les zones de provenance 34

3.1.1 Une présence marquée des populations de l'Ouest 34

3.1.2. Une population majoritairement Zarma-Sonrai 35

3.2. Des chefs de ménages physiquement épuisés 35

3.3. Une prédominance du secteur informel 37

3.4. Un environnement de pauvreté 38

3.4.1. Un habitat précaire 38

3.4.2. Un habitat largement situé à la périphérie 39

3.4.3.1. Présence de l'adduction en eau et fourniture en énergie électrique 42

3.4.3.2. Présence douche _W c dans les parcelles 42

CONCLUSION PARTIELLE 44

CHAPITRE IV : UNE MOBILITE RESIDENTIELLE MARQUEE 45

4.1. Une mobilité complexe 45

4.1.1. Une mobilité centrifuge 45

4.1.2. Une mobilité partant de la périphérie suivant le front urbain 47

4.1.3. Une mobilité centripète 48

4.2. Mobilité ou stabilité résidentielle 49

4.2.1. Mobilité inter quartier 50

4.2.2. Mobilité intra-quartier 55

4.2.2.1. L'ampleur de la mobilité intra urbaine 56

4.2.2.2. Les causes de la mobilité intra quartier 58

4.3. Les causes de l'instabilité résidentielle 58

4.3.1. Le changement de statut matrimonial 59

4.3.2. La municipalité 59

4.3.3. La spéculation foncière 61

4.3.4. Les activités professionnelles 61

4.4. L'émergence d'une catégorie résidentielle spécifique 61

4.4.1. Un habitat majoritairement précaire 62

4.4.2. Les raisons de changement de logement 65

CONCLUSION PARTIELLE 66

CHAPITRE V : UNE LARGE CONSECRATION RESIDENTIELLE DES ENFANTS DES

CITADINS OCCUPANT LES CASES 67

5.1. Une consécration résidentielle marquée 67

5.1.1. Une large autonomie résidentielle des enfants 67

5.1.2. L'ampleur de la consécration résidentielle 68

5.2. Les facteurs de la consécration résidentielle 68

5.2.1. Le changement matrimonial 68

5.2.2. Commerce et activités professionnelles 68

5.2.3. L'école facteur d'ascension sociale 69

5.3. Perspectives en matière d'habitat 70

5.3.1. Les raisons d'un projet de retour au village 70

5.3.2. Les raisons évoquées pour se fixer à Niamey 71

5.3.3. Perspectives sur l'habitat précaire à Niamey 73

CONCLUSION PARTIELLE 74

CONCLUSION GENERALE 74

6

TABLE DES ENCADRES

Encadré 1 exemple de mobilité résidentielle centrifuge 46

Encadré 2 exemple de mobilité résidentielle centripète 48

Encadré 3 exemple de mobilité intra quartier 56

Encadré 4 exemple de catégorie résidentielle spécifique 62

Encadré 5 exemple de promotion sociale par l' école 69

TABLE DES FIGURES

Figure 1 : Carte de l'extension de la ville de la ville de Niamey 32

Figure 2 : Carte de localisation des ménages enquetés 40

Figure 3 : Type de clôture des maisons en case 40

Figure 4 : Exemple de mobilité résidentielle centrifuge 47

Figure 5: Exemple de mobilité résidentielle allant de la périphérie au centre 49

Figure 6: Durée de résidence des citadins à la première étape du parcours ..50

Figure 7: Situation matrimoniale à la première étape du parcours résidentiel 51

Figure 8: Durée de résidence à 2ème étape du parcours résidentiel 52

Figure 9 : Situation matrimonial à la deuxième étape du parcours résidentiel 53

Figure 10 : Durée de résidence à la 3ème étape du parcours résidentiel .54

Figure 11: Durée de résidence à la 4èmeétape étape du parcours résidentiel .55

Figure 12: Exemple de mobilité intra urbaine 57

Figure 13: Exemple de catégorie résidentielle spécifique 64

8

TABLE DES PHOTOGRAPHIES

Photo 1 : Habitat de case au quartier Golf» 29

Photo 2 : Habitat précaire au quartier Plateau 38

Photo 3: Habitat de case sans clôture au quartier Nouveau marché 41

Photo 4: Espace aménagé servant de douche 43

Photo 5 : Habitat de case au quartier Gaweye novembre 2011. 60

Photo 6 : Le même site en mai 2012 après le déguerpissement 60

Photo 7 : Ménage menacé de changement de logement du fait de la mise en valeur de la parcelle 61

TABLE DES TABLEAUX:

Tableau 1 : Age C M ... 36

Tableau 2: Personnes en charge par C M... 37

Tableau 3 : Type d'habitat aux différentes étapes du parcours résidentiel 64

Tableau 4 : Les raisons évoquées pour se fixer à Niamey 72

10

Sigles et abréviations

AOF : Afrique occidentale française.

CCFN : Centre culturel franco nigérien.

CIDES : Centre d'information et de documentation économique et sociale.

CM : Chef de ménage

CPCT : Caisse de prêt aux collectivités territoriales.

CSCN : Coordination de la société civile nigérienne.

ENS : Ecole normale supérieure.

IRSH : Institut de recherche en sciences humaines.

FLSH : Faculté de lettres et des sciences humaines.

GAME : Géographie et aménagement de l'espace

G P S: Global positioning system

MOBOUA : Mobilité ouest africaine.

NIGELEC : Société nigérienne d'électricité.

ONG : Organisation non gouvernementale.

PAS : Programme d'ajustement structurel.

RGP/H : Recensement général de la population et de l'habitat.

SEEN : Société d'exploitation des eaux du Niger.

SONUCI : Société nigérienne d'urbanisme de construction immobilière.

TER : Travail d'étude et de recherche

UAM : Université Abdou Moumouni.

Dédicace

Je dédie ce travail à :

> A mon père, Ayouba Tinni, enseignant de carrière. A travers sa modeste personne à tous ceux qui exercent ce noble métier.

> A ma mère, Fatouma Hamadou notre répétitrice à l'école primaire.

> A ma soeur, Halimatou Ayouba Tinni à travers elle tous les malades de la drépanocytose. > Enfin, à tous mes frères et soeurs.

12

Remerciements

Au terme de ce travail d'étude et de recherche, nous tenons à remercier monsieur Mounkaila Harouna, maître de conférences à l'Ecole Normale Supérieure de Niamey, qui malgré ses multiples occupations a accepté de diriger ce travail. Nous avons été surtout impressionné par sa disponibilité, sa rigueur et son amour pour le travail bien fait. Ses multiples conseils et appuis de tout genre nous ont permis de bien conduire ce travail.

Nos remerciements vont également à l'endroit du président du jury le professeur Sidikou Hamidou Arouna pour avoir accepter de présider cette soutenance et à l'assesseur le docteur Hamadou Issaka pour avoir accepté d'examiner ce travail.

Nous tenons à témoigner notre gratitude au programme Mobilité ouest africaine (MOBOUA) pour avoir financé nos enquêtes. Nous remercions Docteur Florence Boyer, chercheuse à l'IRD, docteur Issa Abdou Yonlihinza, docteur Abdoulaye Adamou enseignant-chercheur à l'université de Zinder.

Il serait ingrat de notre part de ne pas mentionner le concours de certaines personnes à la réalisation de ce mémoire. Nous pensons à notre aîné Moussa Yayé et ses amis Hassane Younsa, Ibrahim Abdoulaye, Siddo sambo et Rahila tous appelés du service civique au GAME/ IRSH pour les multiples efforts. A notre camarade Garba Seyni et Sani Magagi pour avoir mis a notre disposition leurs ordinateurs, nos amis Abdoul Farouk Adamou Hamidou, Iddé Issoufou Rahila et Zakou Seybou Kadidja. Nous n'oublie pas notre parrain El hadj Garba Zady (EGZ) et toute sa famille pour l'hospitalité.

Enfin, une motion spéciale à tous les enseignants qui ont contribué à notre formation du préscolaire à l'université, nos camarades de la promotion 2008, et à tous ceux qui ont de prés ou de loin participé à la réalisation de ce travail. Qu'ils trouvent tous ici l'expression de notre profonde gratitude.

RésuméL'habitat précaire est le recours de bon nombre de ménages à Niamey. C'est le résultat des difficultés d'accès à un logement décent. Les ménages occupant les habitats précaires se caractérisent par la précarité de l'occupation du sol et une instabilité résidentielle marquée. D' où l'intérêt d'analyser la trajectoire résidentielle des ménages occupant ce type d'habitat. Cette trajectoire est très complexe car elle est souvent centrifuge, centripète, de la périphérie suivant le front urbain, de la périphérie au centre. L'analyse de la courbe résidentielle des enfants des ménages occupant les habitats précaires se caractérisent par une large consécration résidentielle. Ce qui implique qu'il n'y a pas de reproduction socio spatiale de la précarité en milieu urbain.

Mots clés : mobilité résidentielle ; habitat précaire ; trajectoire résidentielle ; parcours matrimonial.

14

Summary

The precarious habitat is using it of a good many of household in Niamey. It is the result of difficulties of access to a decent accommodation. Occupying household the precarious habitats are characterized by the precariousness of the occupation of the soil and a marked residential instability. D' where interest to analyze the residential trajectory of occupying household these types of habitat. This trajectory gets up again be very complex because it is often centrifugal, of the urban lost zone in the periphery, periphery according to the urban forehead, periphery in the centre. The analysis of the residential curve of the children of occupying household the precarious habitats are characterized by a broad residential consecration. What implicates that there is not socio space reproduction of precariousness in urban middle.

Key Words: residential agility; habitat meadow, residential trajectory; conjugal course.

Introduction générale

Le développement rapide des villes dans le monde pose l'épineux problème d'accès au logement des citadins. En effet, l'accès au logement dans les centres urbains devient de plus en plus difficile tant l'offre publique et privé en logement pour les populations pauvres, est quasi inexistante. En réponse à cette offre déficitaire, les populations pauvres procèdent au développement des quartiers irréguliers. Ainsi, construisent-elles dans ces quartiers des habitations avec des matériaux de récupération. L'ampleur et le développement de ces types d'habitat ont abouti à la formation des taudis ou des bidonvilles sur des vastes espaces à travers le monde. Ces milieux sont reconnaissables par la précarité de l'habitat, le surpeuplement de l'espace et l'insécurité permanente.

Face au développement rapide de ces types d'habitat et les conditions misérables et humiliantes dans lesquelles vivent les occupants ; la problématique d'accès au logement des citadins dans les villes devient une préoccupation mondiale. Ainsi, des institutions comme la Banque mondiale, le Fond Monétaire International(FMI), l'intègrent dans leurs domaines d'intervention. Mieux, en 1978, l'Organisation des Nations Unies (ONU) a crée un organe spécialisé sur la question dénommée : ONU-habitat ; avec comme siège, Nairobi au Kenya (l'une des capitales les plus touchées par l'expansion fulgurante de l'habitat précaire). L'objectif assigné à cet organe est l'urbanisation durable, l'accès au logement décent pour tous et la réduction de la pauvreté.

En 2007, l'ONU-habitat estime à un (1) milliard, le nombre de personnes vivant dans les taudis. Mais, une différence existe d'une région à une autre. Elle représente 62% de la population urbaine de l'Afrique sub-saharienne, 27% de celle de l'Amérique Latine, et moins de 10% de celle de l'Afrique du Nord. Il ressort de ces chiffres que l'Afrique Sub saharienne est l'épicentre de la crise, avec une proportion assez importante de citadins qui ont des difficultés pour se loger. C'est ce qui explique le recours à l'habitat précaire. C'est le cas des taudis de Soweto en Afrique du sud ou encore les bidonvilles de Nairobi, de véritables foyers de misère et de criminalité.

Le Niger, sans atteindre le niveau de ces pays n'échappe pas pour autant à la crise du logement dans ses villes et le recours à l'habitat précaire. On trouve de ce fait, dans le pays des espaces où la précarité de l'habitat est à un niveau alarment surtout dans sa capitale Niamey. Dans cette ville l'habitat précaire diffère de celui qu'on observe dans

16

d'autres capitales. En effet, à Niamey les habitats précaires sont construits avec du secco1. Or, dans d'autres capitales ce sont les matériaux de récupération qui sont utilisés. Les habitations en secco constituent donc le symbole de la précarité de l'habitat à Niamey. Elles se caractérisent par la précarité de l'occupation du sol qui contraint ses occupants à une forte mobilité résidentielle. Cette étude vise donc à analyser la trajectoire résidentielle des citadins occupants les cases.

Nous avons structuré ce mémoire en 5 chapitres :

- Le premier chapitre porte sur le cadre théorique et méthodologique

- Le deuxième présente la zone d'étude.

- Le troisième présente les caractéristiques sociodémographiques des citadins occupant les cases.

- Le quatrième est axé sur la mobilité résidentielle des citadins occupant les cases.

- Le cinquième est consacré à la consécration résidentielle des enfants des citadins occupant les cases.

1 Espèce végétale appelée scientifiquement andropogon gayanus

Chapitre I. Cadre théorique et Méthodologique

Introduction

Ce chapitre est divisé en deux parties : le cadre théorique et la méthodologie. La première
est composé d'une problématique, les hypothèses de recherche, elle expose également
les objectifs assignés à la présente étude. La seconde partie fait l'état de la connaissance

sur la thématique ainsi que la méthodologie adoptée pour mener le travail. 1.1 Problématique

La forte croissance urbaine est un des faits marquants du continent africain. Le dernier quart du 20eme siècle a coïncidé avec une forte extension spatiale des villes telles que Kinshasa (en RDC) et Lagos (au Nigeria), qui grignotent jusqu'à 800ha/an.2

Au cours de cette période, l'Afrique a amorcé son développement urbain, de façon spectaculaire. En effet, le taux d'urbanisation en Afrique est passé de 5% à 6% en 1950 à 39% en 2011. La population urbaine africaine a été donc multipliée par plus de 11 dans l'intervalle d'un demi-siècle entre 1950 à 2011, une progression que les autres continents ont mis des siècles à accomplir.

Malgré la tendance générale à l'urbanisation que connaît l'Afrique, le niveau d'urbanisation n'est pas uniforme car il varie selon les régions. Ainsi, en 2011, l'Afrique du Nord avait un taux d'urbanisation de 65% contre 35% pour l'Afrique subsaharienne. De ce fait, le fait urbain est bien plus marqué en Afrique du Nord qu'au sud du continent.3 Cependant, depuis le début des années 1970, l'Afrique sub-saharienne est celle où l'urbanisation augmente le plus rapidement, soit 5% en moyenne par an, par comparaison aux autres régions4. Toutefois, une nuance doit être faite à ce niveau entre les pays côtiers et ceux de l'intérieur du continent. Ainsi, les premiers connaissent un développement urbain plus rapide que les seconds en raison de la situation géographique qui leur offre un certain avantage. En effet, l'économie de plantation et des mines permet à la côte d'accueillir plus de migrants en provenance de l'intérieur du continent.

Par conséquent, malgré les contrastes dans le niveau d'urbanisation, la tendance générale
à l'échelle de l'Afrique sub-saharienne est à la formation de villes millionnaires. De ce

2PDME, 2006_cglua cité par jeune Afrique N 2551 du 29 novembre au 5decembre 2009 pp 68 3Fiche de donnée sur la population mondiale 2010

4 Op cité 1

18

fait, Il faut s'attendre dans les années à venir à une concentration des populations dans les centres urbains en particulier les villes capitales et cela dans tous les pays .5

Le Niger n'est pas resté en marge de ce phénomène du 20ème siècle. En effet, au cours des dernières décennies, les villes nigériennes ont connu une expansion assez rapide. Ainsi, la population urbaine nigérienne qui représentait 15% de la population totale en 1988 passa en 2012 à 21,7%6.

Au Niger, le fait remarquable de l'urbanisation est l'ascension fulgurante de la ville de Niamey. Ainsi, ville coloniale, Niamey comptait 242.873 habitants au premier recensement de 1977. Elle est passée à 398.625habitants en 1988 pour atteindre 707 951 habitants au dernier recensement de 2001. En 2012, l'Institut National de la Statistique estime la population de Niamey à 1.388.682 habitants.7 Cette croissance démographique a permis à la ville d'abriter plus de 40% de la population citadine du pays contre 1/3 en 19608. Aujourd'hui, elle est la seule ville du pays ayant atteint le million d'habitants. Au même moment, la ville connait une extension spatiale rapide due à la prédominance des constructions horizontales et à la concentration des populations dans la ville (Abdoulaye 2005)...C'est ainsi que le territoire de la communauté urbaine de Niamey est passé de 4.848 ha en 1988 à environ 11.000 ha en 2003 selon (Issaka 2003). Elle passa à 19 000 ha en 2012. (Abdoulaye Adamou 2012)

En outre, s'agissant de la croissance naturelle, le Niger a un taux d'accroissement naturel de 3,3%. Ce taux, qui est l'un des plus élevé au monde implique un doublement de la population du pays tous les 20 ans ; ce qui n'est pas sans conséquences sur la population urbaine. Quant aux migrations, c'est surtout l'exode rural qui contribue à grossir les villes nigériennes. En effet, ce phénomène a pris de l'ampleur surtout avec les crises répétitives que connaît le monde rural. Le milieu rural nigérien souffre de plusieurs maux dont entre autres des crises alimentaires (famines répétitives, sécheresses, manque de terres cultivables), et sur le plan socio économique (la baisse de revenus, la dégradation des relations sociales). Ces crises accentuent le départ massif des populations vers les centres

5 Op cité 2

6 Institut national de la statistique (I N S) Population du Niger 2012

7 Idem

8 Idem

20

urbains à la recherche d'un mieux être, car pour les ruraux la ville renferme plus d'opportunités que leurs lieux de départ.

Il faut noter que, cette croissance démographique et spatiale pose d'énormes problèmes à la ville ; notamment celui du logement. En effet, l'expansion spatiale de Niamey contraste avec la capacité de la ville à offrir un logement décent aux citadins. Il en résulte une distorsion entre la production de logement et la demande. Cela s'explique en partie par le coût élevé des parcelles qui sont inaccessibles à une grande partie de citadins. En fait, la parcelle qui constitue la première étape de la production d'un logement a vu son prix grimper de 30.000FCA en 1960 à 60.000 en 1975 et à plus de 600.000FCFA, de nos jours (Issaka 2004), soit 20 fois plus cher qu'il y a 50 ans. A cela s'ajoute la lourdeur de la procédure officielle de lotissement. Il faut (Motcho 1991) compter 6 à 12 mois entre la demande officielle et la vente du terrain.

Parallèlement, les structures étatiques spécialisées dans la production immobilière n'ont pas survécu à la crise économique des années 90. Même avant cela, la Caisse de prêt aux collectivités territoriales(CPCT), la Société Nigérienne d'urbanisme et de construction immobilière (SONUCI) et le crédit du Niger se caractérisent par une inefficience prouvée et un faible impact sur la production de l'habitat. En effet, le peu de logements qu'elles arrivent à produire ne sont pas accessibles à la grande majorité des citadins du fait des normes qu'elles imposent ; d'où l'exclusion de la majorité des citadins du circuit officiel de la production foncière et immobilière.

Par ailleurs, face à cette marginalisation dont les citadins sont victimes, certains se réfèrent aux propriétaires coutumiers pour avoir une portion d'espace pour bâtir un abri. A ce niveau la procédure est très simple. Il suffit de s'entendre avec le propriétaire et de procéder à l'occupation de l'espace. En outre, d'autres citadins et néo citadins procèdent à l'occupation des rues ou autres réserves foncières sans l'autorisation de l'Etat. Ce type d'appropriation a commencé dans les années 70, suite à l'afflux massif des populations rurales vers Niamey, consécutif aux différentes famines. Ces migrants sans logements, procèdent à l'occupation anarchique de ces espaces. Le phénomène a pris de l'ampleur au début des années 1980 suite à la crise économique et à l'application du programme d'ajustement structurel (PAS) qui ont mis au chômage de nombreux citadins. Ces derniers, vont aussi occuper ces espaces pour échapper au coût élevé du loyer.

Ainsi, les caractères extralégaux de ces appropriations font de ces milieux, des espaces d'occupation spontanée. Ici, l'insécurité foncière est le dénominateur commun de tous les habitants. Conscients de ce fait, ils ne construisent que des cases. Selon Motcho/1991.

les cases de ce type appelées aussi paillotes, ne comportent pas de fenêtre, mais seulement une porte étroite et basse faite de tôle ondulée aplatie, souvent les cases sont entourées de tiges de mil (Pennisetum amricanum) qui sert à cacher l'intimité des habitants». Un tel choix est motivé par son coût qui est compatible avec leur revenu mais aussi du fait qu'il convient mieux à des ménages qui souffrent d'une grande instabilité résidentielle. En effet, ces habitants font quotidiennement l'objet de déguerpissement de la part de la municipalité. Ils sont donc obligés de déplacer leurs résidences d'un endroit à un autre. On assiste de ce fait, à une mobilité intra-urbaine de ses ménages à l'intérieur de la ville de Niamey. Face à l'extrême précarité de logement de ce milieu, ces questions de recherche suivantes nous viennent à l'esprit:

> Ces processus de marginalisation sont ils volontaires ou contraints ?

> Quelles sont les causes de la mobilité intra urbaine des habitants de case ?

> Quels sont les parcours résidentiels des ménages vivant dans les zones d'habitat en case ? > Cette mobilité résidentielle aboutit-elle à la production d'une catégorie résidentielle spécifique ?

> Y-a- t- il une reproduction socio spatiale de la précarité en milieu urbain?

Pour répondre à ces questions nous formulons les hypothèses suivantes :

1.1.1 Les hypothèses

> La marginalisation des citadins occupant les cases est contrainte.

> L'instabilité résidentielle des citadins occupant les cases aboutit à la production d'une catégorie résidentielle spécifique mais ne s'accompagne pas d'une reproduction socio- spatiale de la précarité en milieu urbain.

1.1.2 Les objectifs du travail

1.1.2.1 L'objectif général

> L'objectif général de cette étude vise à comprendre les trajectoires résidentielles des

ménages occupant l'habitat de case.

1.1.2.2Les objectifs spécifiques

> Dresser le profil des citadins occupant les cases;

> Ressortir le parcours résidentiel et matrimonial des occupants de l'habitat de case; > Identifier les logiques et les stratégies qui sous-tendent ces installations;

> Analyser s'il y a une reproduction de la précarité en milieu urbain.

1.1.3. Revue de la littérature

La littérature sur l'occupation illégale des espaces par les citadins est riche et variée. Plusieurs auteurs ont abordé le phénomène différemment mais parviennent à la même conclusion qu'il est le résultat d'une marginalisation d'une catégorie de citadins du circuit foncier officiel.

C'est le cas d'Alain Durant Lasserve (1986). Ce dernier se penchant sur l'occupation illégale des espaces dans les villes du tiers monde conclue qu'elle est le résultat d'une exclusion dont sont victimes les citadins de ces pays. Cette exclusion est créée et entretenue par les pouvoirs publics dont l'intervention dans la chaîne de production foncière et immobilière se traduit par l'imposition de normes qui ne tiennent pas compte des revenus réels des citadins, d'où l'exclusion de ces derniers du circuit officiel.

D'autres auteurs ont mis l'accent sur le rôle de l'Etat dans la prolifération des espaces d'occupation spontanée. C'est le cas d'Emmanuel G (2003) et de Hamadou Issaka (2004). Le premier estime que s'il fallait reprocher à quelqu'un la prolifération des quartiers spontanés, c'est bien aux pouvoirs publics qu'il faudrait s'en prendre, car en imposant des normes élevées et en appliquant des règlementations inadéquates sans mettre en place des infrastructures suffisantes, les Etats poussent les ménages à faibles revenus à occuper illégalement des terrains non aménagés. Par contre, les pouvoirs publics sont les premiers à se plaindre des quartiers insalubres. En fait, ils sont les véritables coupables de cette situation, d'où sa formule coupables plaignants victimes accusées.

Le second, analysant les espaces d'occupation spontanée à Niamey impute la responsabilité à l'Etat par:

- La mauvaise distribution des parcelles par la CUN ;

22

- Les normes et les coûts élevés imposés par la municipalité pour l'acquisition d'une parcelle ;

- La dualité des lotissements : propriétaires coutumiers et municipalité ;

- Le non respect des règles et procédures d'urbanisation par tous les acteurs.

Ainsi, les citadins qui ne peuvent répondre aux normes de la municipalité se tournent vers les propriétaires coutumiers pour avoir une portion d'espace à des fins d'habitation. Ces lotissements illégaux favorisent l'occupation spontanée des espaces.

S'agissant de la mobilité résidentielle, il faut déplorer à ce niveau la faiblesse de la documention traitant du cas spécifique de Niamey. Néanmoins, le document qui a attiré le plus notre attention est le mémoire de maîtrise d'Abdoulaye Adamou (2004), portant sur la mobilité résidentielle et la perception de l'espace dans le quartier Lacouroussou. Cet auteur a mis l'accent sur les causes de la mobilité résidentielle dans ce quartier. Au cours de ses recherches, il découvre que Lacouroussou connaît une forte stabilité résidentielle du fait que la plupart des habitants soient propriétaires de leurs maisons. Ainsi, les ménages qui sont propriétaires de leurs ménages connaissent une stabilité résidentielle contrairement aux locataires. Toute analyse sur la mobilité résidentielle doit donc intégrer le statut de l'occupant pour parvenir à des résultats concluants.

Ce même auteur, dans sa thèse de doctorat portant sur la mobilité résidentielle et le processus l'étalement de la ville de Niamey a mis l'accent sur le rôle de la mobilité intra urbaine des ménages dans l'étalement urbain de la ville de Niamey.

Il est aisé de constater que la littérature traite de la mobilité résidentielle et de l'habitat spontané de façon générale. Les auteurs ont dénoncé, d'une façon ou d'une autre, la mauvaise gestion urbaine qui conduit au développement de l'habitat spontané. Nous pensons qu'une étude spécifique sur un type d'habitat de ces espaces d'occupation spontané s'avère nécessaire pour montrer la précarité résidentielle du milieu. C'est pourquoi, nous avons étudié l'habitat de case de ces espaces et analysé la mobilité intra urbaine de ses occupants.

1.1.4. Les raisons du choix du thème

En abordant le thème mobilité résidentielle et habitat spontané, nous n'avons pas la

prétention de détenir les solutions aux problèmes que cela suscite. Notre intérêt dans le cadre de cette étude est avant tout pratique. En effet, à travers cette étude nous tentons de comprendre les parcours résidentiels et la précarité de l'habitat dans une ville en pleine expansion. Notre seconde motivation est d'apporter notre modeste contribution à l'analyse de ce fait urbain afin de susciter une prise de conscience des pouvoirs publics et des Niaméens en général sur l'ampleur du problème auquel ils participent sans mesurer la gravité de la situation. Les conséquences de ces faits peuvent être énormes à tous les niveaux en commençant par la planification urbaine, la santé, l'enjeu sécuritaire.

Enfin, il faut noter que ce thème s'inscrit dans un programme de recherche intitulé MOBOUA (mobilités ouest africaines). Le premier objectif du projet MOBOUA est « de montrer que les flux orientés vers le Nord, qui retiennent des attentions de politique croissantes dans la dernière décennie, en relation avec la fermeture des frontières européennes et avec la mondialisation des échanges, sont indissociables d'un système plus large de circulations internes qu'il convient d'aborder dans leur contexte sousrégionaux, nationaux et locaux. »

Le deuxième objectif du projet est de contextualiser les expériences individuelles et sociales des « migrants ». Il s'agit de montrer comment ces pratiques s'articulent entre elles dans la composition sociale et territoriale de l'Afrique de l'Ouest.

Le troisième objectif du projet MOBOUA est méthodologique. On recherche les modes d'investigation les mieux appropriés pour rendre compte à la fois des expériences des migrants et du jeu des migrations sur les territoires. Les premières engagent l'environnement social de la mobilité, les filières qui brident ou autorisent au contraire l'individuation des plus jeunes. Le second justifie une analyse multi niveau.

1.2. Approche méthodologique

Pour mener notre étude nous avons adopté une méthodologie axée sur la recherche documentaire, et l'enquête de terrain.

1.2.1. La recherche documentaire

Notre recherche documentaire s'est déroulée dans les bibliothèques et centres de

documentation de la ville Niamey. Il s'agit des bibliothèques de la faculté des lettres et

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des sciences humaines (FLSH), de l'institut de recherche en science humaine (IRSH), du centre culturel franco nigérien (CCFN), et du centre d'information et de documentation économique et sociale (CIDES). Nous avons consulté les ouvrages généraux et spécifiques traitant de la mobilité résidentielle et de l'habitat spontané. Nous avons également mis à profit l'internet lors de nos recherches. C'est ainsi que nous avons consulté à plusieurs reprises le site perse.fr.

1.2.2. L'enquête de terrain

C'est la phase la plus importante de notre étude. Elle est divisée en deux parties à savoir l'enquête par questionnaire et les entretiens.

1.2.2.1. L'Enquête par questionnaire

Nous avons administré un questionnaire aux ménages de notre zone d'étude. Celui-ci, a porté sur les points suivants :

- Identification et localisation de l'enquêter ;

- Activité et revenu de l'enquêter ;

- Parcours résidentiels de l'enquêter ;

- Appréciation du cadre de vie :

- Evolution résidentielle des enfants des habitants de case ;

1.2.2.2. La biographie migratoire

Pour compléter les informations recueillies lors de l'enquête par questionnaire, nous

avons jugé utile de retracer les parcours résidentiels et migratoires des personnes enquêtées à travers une biographie migratoire. Ce travail est d'autant plus intéressant qu'il nous a permis de compléter certaines informations qui échappent souvent avec l'enquête par questionnaire.

1.2.3. L'échantillonnage

Compte tenu des difficultés à avoir des statistiques sur la population des habitants de

case ; nous avons pris un échantillon de 100 ménages et procédé par la technique de << porte à porte » pour administrer le questionnaire. Notre échantillon n'est donc basé sur aucun effectif de la population mère.

1.2.3.1. Le choix des lieux d'enquête

Les ménages enquêtés ressortent des 5 arrondissements communaux qui composent la

ville de Niamey en raison de 20 ménages par arrondissement communal. L'objectif

visé est de montrer que la précarité de l'habitat n'est pas l'apanage d'un seul arrondissement mais de tous les arrondissements. Sur cette base, nous avons retenu les quartiers Banga Bana, Gaweye, Banifandou I et II, Dan Gao, Wadata, Poudrière, Foulan Koira, Cité Chinoise, Dar Es Salam, Plateaux, Recasement, Toulomboutou, Cité Sonitel, Bagdad, Route Filingué, Jiddah. Mais il faut noter, que courant novembre 2011, le site de Gaweye abritant des dizaines de ménages vivant dans les cases a été déguerpi par les autorités pour permettre la construction de la route reliant le deuxième pont au rond point rive droite. De ce fait, les ménages enquêtés ne se trouvent plus sur leur site. Ils étaient contraints chacun d'aller se reloger ailleurs.

1.2.3.2. La cartographie

La carte est le moyen le plus simple pour un géographe de matérialiser un phénomène

dans l'espace. Pour ce faire, nous nous sommes munis d'un G P S au cours de notre enquête afin de géo localiser les ménages enquêtés. Ceci, dans le but de faire une cartographie de ce type d'habitat à l'échelle de la ville de Niamey mais aussi de repérer ces ménages pour une éventuelle enquête.

1.2.3.3. Les entretiens

Nous avons réalisé des entretiens avec des personnes ressources plus ou moins

impliquées dans la gestion urbaine. Il s'agit des différents responsables des services en charge de la gestion urbaine et des chercheurs. Dans ce cadre nous avons jugé utile d'élaborer un guide d'entretien pour mieux exploiter leur connaissance sur la question.

1.2.4. Le traitement et l'analyse des données

Le traitement des données recueillies lors de l'enquête par questionnaire s'est fait à

l'aide du logiciel SPHINX PLUS. Après la phase du dépouillement nous avons exporté les résultats sur EXCELL.

1.2.5. Les difficultés rencontrées

Comme tout travail, la réalisation de ce TER a été confronté à plusieurs difficultés.

D'abord, l'insuffisance de la documentation traitant spécifiquement de la thématique au niveau de la ville de Niamey. Ensuite, à la collecte des données ; les populations étaient très réticentes à se faire enquêter. En effet, l'enquête ne concernait spécifiquement que les occupants des cases. De ce fait, elles nous assimilent à un agent de la municipalité. Elles pensaient alors à un recensement des cases en vue d'un déguerpissement comme

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ce fut le cas il y a 2 ans. Il a fallu prendre le temps nécessaire pour leur expliquer pour qu'elles acceptent enfin de collaborer.

Les personnes qui acceptent de collaborer spontanément nous assimilent aussi à un agent de la mairie ou d'une ONG qui procèdent à un recensement des démunies en vue d'une éventuelle distribution de vivres, comme ce fut le cas l'année précédente, à la même période. A ce niveau, il a fallu expliquer que notre étude n'a qu'un but académique.

Enfin, l'autre grande difficulté est liée à l'indisponibilité des chefs de ménage surtout ceux de la périphérie. Ces derniers travaillent toute la journée au centre ville et ne regagnent leur logement que le soir pour dormir. Il a fallu multiplier les passages pour les trouver et administrer enfin notre questionnaire.

Chapitre II. Présentation de Niamey

Située dans l'Ouest du Niger entre 2° 01'et 2° 14' de longitude Est, et de 13° 25' et 13° 36' de latitude Nord, la ville de Niamey est enclavée dans le département de Kollo. Elle est limitée au Nord Est par la commune rurale de Hamdallaye, à l'Est et au Sud par la commune rurale de Liboré et à l'Ouest par le canton de Lamordé et la commune rurale de Karma.

La ville est bâtie sur les deux rives du fleuve. La rive gauche abrite les arrondissements I, II, III, IV et la rive droite le Vème arrondissement. Ces cinq arrondissements forment un ensemble de 96 quartiers répartis sur une surface de 239,263 km2. C'est donc, sur cet espace géographique que portera notre travail. Mais avant, il convient de présenter succinctement l'historique de la ville. Ceci, pour mettre en exergue l'évolution socio spatiale du petit village qui est aujourd'hui capitale du Niger. Cela nous parait très important, car il permet de comprendre certains problèmes actuels de la ville, notamment celui de la forte mobilité intra urbaine des citadins et le développement de l'habitat précaire.

2.1. Historique de la ville

Petit village au début du 20ème siècle, composé d'agriculteurs et de pêcheurs Sorko, Niamey sera très vite remarqué par le colonisateur. Son site, très favorable a été sans doute déterminant. En effet, le village est traversé par un fleuve dont le pays porte le nom et un relief tout aussi impressionnant. Ces deux éléments géographiques vont déterminer son occupation. Celle-ci sera traduite en acte par la création d'un poste militaire le 15 mai 1902. Par la suite, plusieurs facteurs notamment les migrations et des mesures administratives vont contribuer à la croissance démographique et spatiale de la ville.

2.1.1. Migration et croissance urbaine

Il s'agit pour nous, de montrer dans cette partie comment les migrations ont contribué au développement démographique et spatial de la ville de Niamey. Pour y parvenir, nous analysons d'une part les migrations liées à l'action coloniale et d'autre part celles liées aux famines et sécheresses. .

2.1.1.1. Migration et installation coloniale

Les premiers flux de migrants à Niamey remontent à la création du poste militaire. En

28

effet, au cours de cette période, les populations environnantes attirées par les emplois et autres activités consécutives à l'installation de l'administration coloniale rejoignent volontairement le village. Ces populations, constituent donc la première vague de migrants. Mais l'arrivée à Niamey d'un important « stock de migrants » est à mettre en relation avec les différentes mesures administratives prises en faveur du peuplement du village par les administrateurs coloniaux. C'est le cas notamment, de celles prises par le capitaine Salaman. Il s'agit de:

- la distribution gratuite de parcelle sur le site de Niamey ;

- la suppression des travaux forcés pour les populations de Niamey ; - l' exemption d' impôt des populations de Niamey ;

- la création d'un marché à Niamey avec des taxes plus attractives que les autres marchés environnants.

Ces mesures, comme on le voit, visent essentiellement à faire de Niamey un centre d'attraction privilégié des populations. Et comme il fallait s'y attendre, en cette période coloniale, les résultats escomptés furent atteints. En effet, Niamey a absorbé l'essentiel des populations environnantes et parfois même lointaines. C'est le cas des Haussa venus de l'Est vivant du commerce. Leur présence a abouti à la création du quartier Zongo et dès 1906 le premier Sarki Zongo est investi. Cet afflux de commerçants sera suivi par celui des fonctionnaires ressortissants de l'Afrique Occidentale française (A O F) travaillant dans la colonie du Niger. Ces derniers laisseront leur empreinte sur la petite ville en gestation par la création du quartier Lacouroussou. Enfin, la dernière vague de migrants de la période précoloniale est consécutive à l'installation des grandes maisons de commerce et des travaux publiques. C'est le cas, des entreprises Vidal, Personaz avec leur personnel étranger composé de Maliens, Sénégalais, installés un peu partout dans la ville. Certains d'entre eux ont fini par s'installer définitivement même après le départ de leurs employeurs.

2.1.1.2. Sécheresses, famines et croissance urbaine

L'histoire des peuples du Sahel est celle d'un perpétuel combat contre les famines et les longues périodes de sècheresses. Dans leurs tentatives d'adaptation à ces fléaux, les populations choisissent de quitter les campagnes vers les villes. Ce réflexe va s'avérer au cours des années (1903,1913, 1931, 1965,1973,) comme l'une des principales causes de la croissance spatiale et démographique de la ville. Comme le souligne Boureima

Alpha Gado (1997) « l'exode massif des populations chassées par les sécheresses et famines constitue également l'un des principaux facteurs à l'origine de l'accroissement rapide de la ville ». En effet, dès 1903, à peine une année après la création du poste de Niamey, une terrible sécheresse dénommée « Izé neré » va toucher la colonie du Niger. Les populations sans aucune ressource vont déserter les campagnes pour la ville à la recherche d'un bien-être. Ces migrants finissent en majorité par s'installer définitivement à Niamey même après la calamité du fait des facilités d'intégration qu'offre la ville. Il en est de même de la famine de 1913-1915. Mais de toute évidence, la famine de 1931-1932 semble être celle qui a le plus marqué la ville de Niamey. En témoigne, au cours de cette période, l'arrivée de 22 000 à 23 000 habitants installés aux portes de Niamey, attirés par la distribution gratuite de vivres opérées par l'administration coloniale. L'arrivée de ses migrants a aboutit à la création des quartiers Deyzeibon, Foulan kwara et Koira Tegui. On assiste dès lors à Niamey à la création des tous premiers quartiers peuplés de pauvres, vivant dans des habitats de case.

A l'indépendance du pays, les cycles de famines (1965,1973, 1984,2005) et les vagues de migration qui en découlent ont abouti à l'installation des populations rurales autour de la Ceinture verte, Route Filingué, Couronne nord, Dar es Salam, Boukoki. Ce qui a eu pour conséquence l'essor spatial et démographique de la ville.

Photo 1: Habitat de case au quartier `' Golf» (Source Hamadou Issaka 2010)

30

2.2. Mutation socio-urbaine

2.2.1. La première phase de la mutation

Le village de Niamey situé au bord du fleuve Niger a connu de profonds changements socio urbains à partir du 20ème siècle. Ces changements sont liés à la présence et à l'occupation coloniale. En effet, jusqu'à l'arrivée du colonisateur, le village était installé le long du fleuve, sa population était estimée à 600 habitants en 1901. Quant à l'habitat, il était de type rural représenté par des cases symboles de la culture Zarma- Songhay. Mais avec l'occupation coloniale qui se traduit par la création d'un poste militaire sur le plateau au détriment de la vallée qui accueillait jusqu'alors les populations ; c'est toute la dynamique d'occupation du sol qui est ainsi bouleversée. Niamey entame de ce fait, l'une des premières phases de sa mutation socio urbaine. Elle se traduit par une extension spatiale considérable et un changement dans l'habitat. Ainsi, contrairement aux populations qui ont leur habitat traditionnel, le colonisateur choisit de construire en matériaux définitifs sur le plateau contrastant ainsi avec les cases installées le long du fleuve. Elle ouvre par là même, une nouvelle page de l'architecture urbaine du village. Celle-ci va s'accentuer avec la forte pression démographique née d'un croit naturel important et des vagues de migration en direction de la ville. Dès 1910 Niamey abrite plus de 3000 âmes. On assiste de ce fait, à une extension spatiale considérable de la ville. D'une part, le long du fleuve domaine de l'habitat de case et d' autre part sur le plateau avec des maisons en matériaux définitifs. Ceci, traduit un début d'urbanisation du village.

Mais la grande mutation n`intervient qu'à partir de 1926 .Elle fait suite à l'acte de 1924 par lequel le gouverneur général de l'AOF Jules Brevié transfert la capitale de la colonie du Niger de Zinder à Niamey même si son application n'interviendra qu'à partir de 1926. Il sera accompagné d'énormes investissements dans les infrastructures nécessaires au fonctionnement de l'administration coloniale. On peut retenir à ce niveau la construction de l'hôtel du gouvernement, le premier pavillon hospitalier, le logement du quartier résidentiel, les réseaux d'adduction d'eau et d'électricité. L'objectif ultime de ces efforts financiers était de « bâtir entièrement une ville nouvelle et en faire une capitale incontestée tant au plan intérieur que régional, telle était la préoccupation essentielle du moment » (SIDIKOU 1980). Ces objectifs seront consolidés jusqu'en 1935, année de la grande rupture. En effet, au cours de cette année un grand incendie ravage les six quartiers en case installés le long du fleuve. L'administration coloniale

somme les populations de quitter la zone du fleuve pour s'installer sur le plateau avec obligation de construire en matériaux définitifs. Les cases furent alors interdites de construction à Niamey, ce qui est une grande avancée dans l'architecture urbaine de la ville. Elle a d'ailleurs nécessité la mise en oeuvre d'un plan d'urbanisme dès 1937. C'est sur ce plan qu'est bâtie la forme actuelle de la ville.

2.2.2. La seconde phase de la mutation (1939-1945)

Elle commence avec le début de la seconde guerre mondiale. Elle a duré 8 ans. Elle se caractérise par un ralentissement des investissements en matière d'urbanisation. Mais cela n'entrave en rien l'évolution démographique de la ville. Mais le fait le plus important qu'il faut souligner durant cette période c'est la réapparition dans la ville de Niamey des cases qui furent interdites de construction en 1935. Ces cases, loin de refléter un mode de vie ou la culture d'une communauté quelconque sont tout simplement le symbole de la précarité résidentielle dans une ville en extension. Aussi, à partir de cette période les cases ne seront plus l'apanage d'une seule communauté. . Elles sont surtout le refuge des vagues de migrants que la ville accueille et qui sont en mal d'intégration urbaine. Ces migrants, incapables de construire en matériaux définitifs profitent du laxisme de l'administration coloniale pour construire en case dans une ville où jusqu'à ces dates, les parcelles étaient distribuées gratuitement. Ces citadins constituent donc le reflet de la misère et de la précarité urbaine. De même, les cases traduisent les difficultés qu'une frange importante des citadins a pour accéder à un logement décent.

Ces difficultés s'accentueront au fur et à mesure que les ruraux chassés par un milieu hostile abandonnent leur terroir pour la ville. Ils contribuent par là même à la croissance démographique de la ville et au développement des foyers de pauvreté en milieu urbain. Dès 1955, Niamey avec ses 12 000 habitants est le premier centre urbain de la colonie. Ce qui lui a permis d'être érigé en commune de plein exercice en 1957. Cette consécration met fin à la tradition de distribution gratuite de parcelles. Désormais, les parcelles seront vendues aux citadins désirant en acquérir. Son prix est fixé à 4000f/600m2 en 1958. Ce qui est une avancée significative dans la valorisation du foncier urbain. Les propriétaires terriens et la municipalité vont profiter de cette nouvelle situation pour se faire de l'argent par la vente de parcelles. Elle affectera très peu le quotidien des citadins démunis vivant dans les cases. Ceci, est dû d'une part, au caractère très récent de la valorisation du foncier et d'autre part au faible intérêt que les

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populations accordent à cette époque à l'accumulation foncière tant l'espace est vaste et facile à acquérir.

Cette situation évoluera très vite à l'accession du pays à l'indépendance. Désormais, la spéculation foncière sera au coeur des activités économiques. Une concurrence rude se développe entre les propriétaires coutumiers et la municipalité dans le lotissement et la vente de terrain. Comme on le voit sur la figure n° 1 ci-dessous. Ce qui portera un coup dur aux habitants des cases qui jusque là bénéficiaient des largesses des propriétaires coutumiers. Ces citadins démunis qui continuent de peupler la ville de Niamey seront obligés de développer plusieurs stratégies pour répondre à la nouvelle situation.

Figure 1 : Extension de la ville de Niamey

Conclusion partielle

En définitive, il ressort que la croissance spatiale et démographique de la ville de Niamey est liée à l'installation coloniale. En effet, le colonisateur par des actions multiformes a fait de Niamey un site attractif pour les populations environnantes et parfois lointaines.

En outre, il a modifié l'architecture de la ville notamment le type d'habitat en introduisant l'habitat en dur. Or, jusqu' à cette date l'habitat principal dans le petit village était la case. Il finira d'ailleurs par l'interdire de construction sur le site de Niamey durant des années avant que les populations ne profitent de son laxisme lié en partie à la seconde guerre mondiale pour reprendre sa construction.

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Chapitre III. Caractéristiques sociodémographiques des citadins occupant les cases

L'objectif de ce chapitre est de décrire et d'analyser le profil et le cadre de vie des personnes enquêtées. Ces caractéristiques constituent une gamme d'informations intéressantes qui peuvent nous aider à démontrer d'une part la marginalisation socio spatiale et professionnelle des citadins occupant les cases, d'autre part, déterminer les difficultés qui les contraignent à faire le choix de ce type d'habitat.

Ce qui nous aidera à mieux comprendre leur mobilité résidentielle. Ceci, en mettant surtout en relation la mobilité intra urbaine de ces ménages et leur précarité financière ainsi que les difficultés d'accès au logement dans la ville de Niamey.

3.1. Les zones de provenance

3.1.1 Une présence marquée des populations de l'Ouest

Les personnes interrogées proviennent des différentes parties du pays. Cependant, une grande proportion provient de la partie ouest notamment, des départements de Filingué (25%) et Ouallam (11%). Cela s'explique par la proximité de ces zones avec la CUN. En outre, il y aussi les conditions naturelles dans ces départements, qui contraint les populations à abandonner leur terroir. A cela s'ajoute la persistance de l'insécurité alimentaire. C'est aussi le cas des ressortissants du Boboye, Tillabéri, Téra, Loga. La présence des ressortissants de Bouza et Zinder s'explique pour la plupart par des raisons économiques et/ou matrimoniales qui amènent les femmes à rejoindre leurs conjoints. En effet, certains citadins retournent dans les villages d'origine de leurs parents pour se marier. Par conséquent, le mariage occupe une place prépondérante dans la mobilité géographique des personnes.

Mais, le fait le plus surprenant concerne la provenance des personnes interrogées ; c'est l'importance des natifs de Niamey. En effet ; ils représentent (13%) de notre échantillon c'est à dire le deuxième taux. Cela prouve, si besoin en est, que les difficultés d'accès au logement n'épargnent pas aussi les natifs de la ville qui ont l'avantage d'être plus intégrés que les autres.

Cette diversité de la provenance géographique révèle aussi la multiplicité ethnique des citadins occupant les cases.

3.1.2. Une population majoritairement Zarma-SonraiIl

ressort de notre étude qu'une bonne partie des ethnies de ce pays sont représentées
dans les cases. Toutefois, les Zarma-Sonrai occupent la première place avec (54 %).
Cette situation s'explique par les flux en provenance de Filingué et de Ouallam,
Tillabéri, Téra auxquels s'ajoutent les natifs de Niamey. Ils sont suivis par les Haoussas
(23%) venus du Kourfey et de l'Est du pays. . Enfin, suivent les nomades Touareg
(13%) et les Peuls (12%) qui se caractérisent surtout par la diversité de leur provenance
géographique.

L'absence de Kanouri dans notre échantillon peut s'expliquer par l'éloignement de leur région naturelle à savoir Diffa de Niamey leur migration s'oriente beaucoup plus vers le Tchad et/ou le Nigeria.

3.2. Des chefs de ménages physiquement épuisés

De la lecture du tableau 1 ci-dessous, il ressort que l'âge moyen des personnes interrogées est de 52 ans. Cela s'explique par le fait que seul les C M ont été enquêtés. Le tableau révèle, par ailleurs que ce sont des personnes du troisième âge. Certaines personnes vivent ici depuis leur jeunesse. En effet, certains affirment être venus pour les opportunités de la ville (à savoir l'emploi, les études coraniques, le climat des affaires, la mendicité, les possibilités d'assurer leur survie face à un milieu rural de plus en plus hostile.). Ce sont d'anciens riches du commerce informel, des musiciens de renommée à l'époque de la samaria ayant fait fortune dans la ville et qui sont tombés en faillite. Par contre, d'autres n'ont jamais eu cette fortune à laquelle elles rêvent.

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Age C M

Nb.cit

Moins de 30

3

De 30 à 40

15

De 40 à 50

32

De 50 à 60

26

De 60 à 70

11

De 70 à 80

9

80 à plus

4

TOTAL OBS.

100

Tableau.1: Age chef de ménage (source notre enquête).

Aujourd'hui, quelque soit l'ancienneté de leur statut, ces personnes ont actuellement une caractéristique commune, à savoir la précarité du logement. Cette précarité est accentuée par une charge familiale assez importante. En effet, celle-ci est élevée (8 personnes en moyenne par CM) pour des personnes de cet âge surtout en ville où la solidarité de la communauté, symbole de la culture africaine tend à disparaitre. En outre, du fait qu'elles manquent de formation, leur chance d'avoir accès à l'emploi reste limitée. Leur âge avancé est aussi un frein car elles ne peuvent pas exécuter des activités physiques secteur qui correspond mieux à leur profil. Ces personnes sont de ce fait exclues du circuit financier de la ville et de tout ce qu'elle offre comme confort. Néanmoins, certaines personnes continuent à exercer des activités qui leur procurent des revenus non négligeables pour subvenir aux besoins de leurs familles.

Personne en charge

Nb. Cité

Moins de 2

1

De 2 à 4

6

De 4 à 6

24

De 6 à 8

23

De 8, à 10

19

De 10 à 12

11

12 et plus

16

Total

100

Tableau.2: Personnes en charge par C M (source notre enquête).

3.3. Une prédominance du secteur informel

Le secteur informel est le domaine par excellence où évoluent les personnes interrogées (83%). Elles sont pour l' essentiel des gardiens, des blanchisseurs, des marabouts, des charlatans, des manoeuvres, des revendeurs ambulants ou fixes. Elles évoluent dans un ensemble de petites activités qui n'assurent même pas la survie. En effet, 79% des personnes interrogées affirment avoir un revenu mensuel inferieur à 50 000f. Ce qui est sans doute très insignifiant dans une ville comme Niamey où la vie coûte de plus en plus chère. Ensuite (15%) de nos enquêtées déclarent être sans activité, donc sans revenu. Cette catégorie est formée de personnes âgées, de commerçants en faillite, de veuves. Enfin, nous avons la catégorie de ceux qui ont des revenus mensuels compris entre 50 000 et 100 000 FCFA ils représentent 6% de notre échantillon. Ils sont tous des charlatans, des marabouts qui proposent leurs services aux citadins moyennant une rémunération. Ce groupe constitue la classe aisée des habitants occupant les cases. En effet, ils se particularisent par des revenus financiers assez importants mais aussi par des réseaux relationnels très développés. A côté de ces aisés vient la catégorie des cultivateurs dont il est difficile de quantifier les revenus. Ils sont pour l' essentiel situés en périphérie de la ville et en profitent pour avoir un lopin de terre afin de s'assurer une disponibilité céréalière.

38

Conscients des faibles revenus que procurent leurs activités principales, ces citadins développent d'autres stratégies en particulier l'agriculture. A cela s'ajoute une forte proportion de gardiens notamment aux quartiers Plateau, Bagdad (couramment appelé Recasement), Dar es Salam, Cité Sonitel.

3.4. Un environnement de pauvretéDans cette partie, nous allons décrire le cadre de vie des citadins de case, c'est-à-dire

l'habitat en question, sa localisation, son équipement, son degré de confort afin de faire ressortir les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles vivent ces citadins.

3.4.1. Un habitat précaire

Les cases représentent l'habitat dominant des personnes enquêtées. Elles représentent 92% de notre échantillon, le reste est constitué de hangars. Ce type d'habitat se caractérise par leur précarité et le fait qu'il soit très inflammable. En effet, les cases sont construites avec des murs en secco, c'est à dire d'une natte épaisse constitué par des touffes d'herbes entrelacés. Leurs diamètres varient de trois(3) à (4) mètres comme on le voit sur la photo 2 ci dessous.

Photo 2. Habitat précaire au quartier Plateau (Source notre enquête)

Le toit, conique, est constitué par une carcasse recouverte de chaume et souvent de plastique noire pour pallier l'infiltration des eaux de pluie. Les occupants des ces cases font face, durant toute l'année, à des contraintes climatiques à cause de la nature de leur habitat. Aussi, chaque saison vient avec ses contraintes spécifiques. D'abord, pendant la

saison des pluies, ces citadins sont à la merci des averses violentes. En effet, le caractère précaire de leur habitat ne les protège pas contre les fortes précipitations. Ils sont alors contraints de se retrouver avec les femmes, enfants et bagages dans des camps ou sites de sinistrés. Ensuite, pendant la saison froide, ils doivent aussi lutter contre le froid. Cela a d'énormes conséquences notamment sur la santé des enfants qui sont des personnes très vulnérables. De ce fait, ils sont souvent obligés d'allumer le feu dans ces cases avec tout ce que cela comporte comme risque d'incendie. Enfin, pendant la longue saison sèche, ces citadins doivent lutter contre les contraintes de l' harmattan. Ces cases, étant pour l'essentiel, situées à la périphérie, elles cohabitent souvent avec de déchets qui, une fois transportés par le vent, provoquent des maladies. Aussi, ce vent engendre des incendies occasionnant souvent des morts d'homme et d'énormes dégâts matériels. A ces contraintes, s'ajoutent les difficultés quotidiennes de la vie, c'est-à-dire, assurer et satisfaire les besoins alimentaires du ménage.

3.4.2. Un habitat largement situé à la périphérie

Bien que notre étude n'ait pas concerné tous les quartiers de la ville de Niamey, nous pouvons néanmoins tenter de localiser ce type d'habitat à l'échelle de la ville de Niamey. De manière générale, du fait des vagues de déguerpissement ayant touché les occupants des cases et la nouvelle dynamique urbaine; il n'existe pas à Niamey de quartiers spécifiques de cases. Néanmoins, on les retrouve sur des grands secteurs de la ville notamment au centre, squattant des voies publiques, à côté des murs des écoles et sur des parcelles non encore mises en valeur. Ceci, dans beaucoup de quartiers, y compris résidentiels où ces cases contrastent souvent avec les immeubles bien bâtis de la ville.

En outre, on retrouve les cases dans les périphéries de la ville sur des parcelles non viabilisées ou en instance de construction. La dynamique urbaine ayant réduit les possibilités de squatter au centre, les citadins occupant les cases se sont repliés sur les périphéries en suivant le tissu urbain comme sur la figure 2.

40

Figure 2

: Carte de localisation des ménages enquêtés

Selon le site, on les retrouve avec trois types de clôtures qui révèlent d'importantes

Il s'agit:

informations sur les occupants de la parcelle.

40

35

30

25

20

15

10

5

0

Secco

Dur

Absence de
cloture

NB.Ct

Figure 3: Type de clôture des cases (source notre enquête)

- des parcelles clôturées en dur. Ce type de clôture représente 29 % de notre

échantillon. Il est fréquent au centre ville sur des parcelles en instance de mise en valeur ou des parcelles gelées. Dans ce cas, le plus souvent, l'occupant est un parent ou une connaissance du propriétaire de la parcelle qui lui confie l'entretien de la parcelle en attendant une éventuelle mise en valeur. Il arrive aussi que l'occupant n'ait aucun lien avec le propriétaire. C'est notamment le cas où le citadin est un squatter que le nouvel acquéreur de la parcelle trouve sur place et recrute comme gardien pendant la construction du mur ou de la maison.

- Des parcelles clôturées en secco, elles représentent 34% de notre échantillon. Les clôtures en secco sont souvent l'apanage des squatters qui, conscients de la précarité de l'occupation, utilisent des seccos ou du bois pour cacher l'intimité de leurs familles. On les retrouve dans les grandes artères de la ville et à la périphérie. Elle est aussi l'apanage d'une faible proportion de ménages propriétaires de leurs parcelles mais qui n'ont pas les moyens de les mettre en valeur.

Enfin, on retrouve ce type de clôture pour les cas de personnes qui occupent des parcelles d'un parent ou d'une connaissance.

~ Des parcelles sans clôture, elles représentent 37% de notre échantillon. Elle est l'apanage des squatters occupant les rues, les devantures des édifices publics. A ce niveau, la proximité de l'espace squatté et la précarité de l'occupation ne permettent pas d'ériger une clôture comme on le voit sur la photo 3. Ces espaces, occupés par les cases traduisent une marginalisation spatiale. Car même les cases situées au centre vivent dans des situations précaires. Les occupants sont surtout exposés à des déguerpissements selon l'humeur des autorités communales. En outre, leur localisation à la périphérie est le symbole même de marginalisation spatiale. En effet, cette localisation traduit les contraintes d'accès au logement au centre ville. Au delà de leur localisation, analysons à présent les équipements de ces habitats.

Photo 3. Habitat de case sans clôture (Source notre enquête)

42

3.4.3. Des ménages sous équipés

3.4.3.1. Présence de l'adduction en eau et fourniture en énergie électrique

L'eau fait quasiment défaut pour les citadins occupant les cases. En effet, seule une faible proportion des ménages enquêtés dispose de robinet dans leur cour. Pourtant, pour la plupart ils sont situés sur des sites où le branchement de la SEEN existe. Mais, leurs conditions financières ne permettent pas de se relier au réseau d'adduction d'eau. Les occupants de cases qui en disposent, sont ceux qui se trouvent surtout dans des parcelles clôturées et qui d'ailleurs sont en début de mise en valeur. La grande majorité qui en est dépourvue s'approvisionne chez leurs voisins. D'autres sont contraints de parcourir de longues distances pour se procurer cette ressource au niveau des bornes fontaines à des coûts onéreux comparativement à leurs revenus.

S'agissant de l'électricité, outil d'éclairage par excellence qui ne doit plus être considéré comme un luxe, mais une nécessité, du fait de ses multiples services. Elle est également un outil de développement. Pourtant, à Niamey cette denrée n'est pas accessible à de nombreux ménages en particulier les occupants des cases. En effet, tous les CM interrogés affirment qu'ils ne disposent pas de l'énergie électrique chez eux, y compris ceux vivant dans les quartiers résidentiels, temples par excellence de l'électrification urbaine. Ces citadins qui par contraintes financières ne peuvent s'abonner à la NIGELEC ou avoir une rétrocession auprès d'un particulier s'éclairent à base de lampe tempête. De plus, leurs enfants scolarisés doivent aussi apprendre leurs leçons dans ces conditions ou mettre à profit les lampadaires des voies publiques avec tout ce que cela comporte comme danger pour leur sécurité mais aussi d' incommodité du cadre liée aux bruits des voitures , des moteurs et des engins .Cette absence d'eau et d'électricité dans ces ménages révèle les difficultés quotidiennes de la vie dans ces ménages, le faible niveau de vie de ces citadins, leur précarité urbaine et enfin l'exclusion économique.

3.4.3.2. Présence douche _W c dans les parcelles

Il ressort de notre étude qu'une bonne partie des ménages interrogés dispose de douche.
Elle reflète d'ailleurs le nombre de ménages dans la parcelle car chaque ménage en
possède une. Cependant, les douches demeurent insuffisantes en raison du nombre de

personnes appelées à les utiliser. A cela s'ajoute leur caractère très défectueux. En effet, ces douches sont construites avec des matériaux de récupération ou de secco dans un angle de la cour. L'état des douches laisse à désirer car la surface n'est pas cimentée et par conséquent l'eau s'infiltre dans le sous sol et pollue la nappe phréatique. En outre, la hauteur de la douche atteint rarement un mètre comme on le voit sur la photo 4, ce qui oblige ses utilisateurs à se courber constamment pour cacher leur intimité.

Photo 4: Espace aménagé servant de douche (source notre enquête).

En ce qui concerne la présence des lieux d'aisance notamment les W.C, seule une faible proportion (11%) dispose de cette infrastructure. On le retrouve pour la plupart dans les ménages où les occupants sont les propriétaires de leurs parcelles. On les retrouve également dans les parcelles clôturées en dur en instance d'être mise en valeur. Le nombre élevé de citadins (89%) dépourvus de W C s'explique par les contraintes financières, et la précarité de l'occupation du sol. En effet, ces espaces sont le plus souvent squattés ou sont en instance de mise en valeur. Par conséquent, ces occupants ne peuvent pas se permettre de construire des W C car, disent ils, les propriétaires l'interdisent strictement. Ces citadins, dépourvus de cette infrastructure indispensable, doivent parcourir de longues distances pour s'isoler afin de se soulager à la périphérie ou sur des espaces propices notamment les dépotoirs de déchets installés un peu partout dans la ville. Le paradoxe dans ce cas, c'est que les citadins sont obligés de faire leurs besoins à la tombée de la nuit, qui est un moment propice à cela, et ceci, malgré les risques de maladies, d'insécurité ambiante et de pollution de l'environnement. Ceux des quartiers résidentiels font le plus souvent leurs besoins chez les voisins avec lesquels ils entretiennent de bonnes relations.

44

Conclusion partielle

En définitive, il ressort que ce sont les contraintes financières et les difficultés d'accès au logement qui contraignent certains citadins à occuper les cases. Dans ce type d'habitat ils subissent au quotidien des contraintes liées à la nature de leur habitat, et de la vie quotidienne pour assurer leur survie. En outre, même pour se soulager ils sont contraints de parcourir de longue distance. Leur « vie » à Niamey est donc parsemée de contraintes.

L'analyse de leur cadre de vie montre un environnement insalubre où les équipements sont quasi absents. Aussi, il faut ajouter l'exclusion sociale qui est la leur. En effet, ces citadins qu'ils soient au centre ou à la périphérie ne bénéficient d'aucun avantage lié à la ville. Ils sont d'ailleurs des rejetés de la ville qui exercent des activités subalternes nécessaires au fonctionnement de la ville. Quelles sont les causes de l'instabilité résidentielle de ménage occupant les cases ? Cette instabilité résidentielle aboutie- t-elle à l'émergence d'une catégorie résidentielle spécifique? Quels sont les parcours résidentiels et matrimoniaux de ces citadins ? la réponse à ses questions fera l' objet du prochain chapitre.

Chapitre IV : Une mobilité résidentielle marquée

La mobilité est la redistribution des populations dans l'espace. Elle permet de retracer le parcours résidentiel des citadins. Ainsi, dans le cadre de cette étude nous analysons les différents changements de logements des ménages occupant les cases. L'objectif poursuivie est de retracer la trajectoire résidentielle des personnes interrogées et ceci, dans le but de vérifier notre deuxième hypothèse de recherche.

Pour y parvenir nous analyserons successivement la mobilité intra urbaine de ces ménages à deux échelles :

_ Premièrement, à l'échelle de la ville, l'analyse va s'intéresser aux différents changements de quartier qui impliquent des changements de résidence. C'est donc une mobilité inter quartier. De ce fait, << la porte d'entrée >> est le changement de quartier qui traduit aussi celui du logement.

_ Deuxièmement, à l'échelle du quartier. A ce niveau, l'analyse intra urbaine se fera à l'intérieur du quartier. Elle concerne les différents changements de logement à l'intérieur d'un même quartier.

Cette démarche nous permet de mesurer le degré de mobilité résidentielle à ces deux niveaux.

4.1. Une mobilité complexe

Il ressort de notre étude une mobilité résidentielle assez complexe des personnes interrogées. Celle-ci obéit à des logiques assez diverses. Mais, malgré cette diversité, elle répond pour l' essentiel à 3 logiques :

_ Une mobilité centrifuge : du centre à la périphérie ;

_ De la périphérie suivant le front urbain ;

_ Une mobilité centripète : de la périphérie au centre.

4.1.1. Une mobilité centrifuge

On appelle mobilité centrifuge, le déplacement des citadins du centre vers la périphérie. Ce type de mobilité est très fréquent chez les personnes interrogées. En effet, elle est pour l'essentiel l'apanage des néo citadins qui à leur première arrivée en ville, sont le plus souvent hébergés par des parents ou des connaissances du village dans les quartiers centraux tels que Kalley, Maourey, Lacouroussou, Terminus.

46

A partir de ces quartiers centraux, les citadins s'intègrent peu à peu dans la ville par leurs activités. Au fur et à mesure qu'ils arrivent à avoir une autonomie économique, ces derniers quittent ce premier logement pour un autre. De ce fait, ils prennent le plus souvent des logements dans les quartiers péri-urbains. C'est la deuxième étape du parcours résidentiel.

A partir de ce quartier péri urbain une double situation peut intervenir dans la vie de ces néo citadins. En effet, soit par des opérations de déguerpissement ou de mise en valeur de l'espace occupé ; le citadin se retrouve à la périphérie pour avoir de l'espace squatté. Ceci, soit par incapacité financière, ils sont contraints de chercher des espaces à squatter ou loger gratuitement. Dans de tels cas, ils s'orientent vers la périphérie. Ce qui conduit à une troisième étape dans le parcours résidentiel.

Mais, faut il aussi noter que cette mobilité centrifuge peut être l'apanage des natifs de Niamey. En effet, leur cas se particularise par une longue stabilité résidentielle dans les quartiers centraux, puis quelques années de location dans la zone péri urbaine, le squattage ou le logement gratuit à la périphérie suite à une détérioration des conditions de vie.

Encadré 1 : exemple de mobilité résidentielle centrifuge à travers la trajectoire résidentielle de monsieur I à l'intérieur de la ville de Niamey.

Monsieur I (50ans) est né en 1962 à Tchamé (Dosso). Il arriva à Niamey en 1973. Il se fait héberger par des parents au quartier maison économique dans des logements en banco. Il y résida pendant 7 ans tout en exerçant le travail de garçon de maison. Il changea de logement suite à l'accession d'emploi de gardien à la SNV. Il prend alors en location un logement en dur au quartier Nouveau marché. Il quitte ce logement après avoir perdu son travail et s'installa à Dan Gao où il loue une maison en banco. Dans ce quartier il accède de nouveau à un emploi de gardien au stade Général Seyni Kountché. Il exerça ce travail pendant 3 ans avant de le perdre ce qui le contraint à quitter Dan Gao pour Route Filingué où il construit sa case. C'est dans ce quartier que nous l'avons trouvé à notre passage.

Banco

Dur

Semi dur

Case

Zone péri urbaine

Zone péri urbaine

Centre ville

Périphérie

Nouveau marché

Maison
économique

Dan Gao

 

Route Filingué

 

47

Figure 4: Exemple de mobilité résidentielle centrifuge à travers la trajectoire résidentielle de monsieur I à l'intérieur de la ville de Niamey.

4.1.2. Une mobilité partant de la périphérie suivant le front urbain

On parle de mobilité suivant le front urbain quand le parcours résidentiel suit

l'évolution du tissu urbain. Ce type de mobilité est pour l' essentiel l'apanage des ruraux qui se fixent à la périphérie de la ville. En ce qui concerne les personnes interrogées, la première étape de cette mobilité se situe autour des quartiers comme Dar es Salam, Route Filingué, Wadata, Foulan Koira. A partir de ces quartiers, ils sont repoussés suite à des déguerpissements ou par la dynamique urbaine. Ils se retrouvent une fois de plus à la périphérie de sorte que leur mobilité résidentielle est intimement liée à l'évolution du tissu urbain.

48

4.1.3. Une mobilité centripète

Ce type de mobilité intervint dans le cas où les citadins quittent la périphérie pour le centre. Elle est rare, compte tenu des difficultés d'accès au logement au centre pour les citadins. Néanmoins, certains y parviennent mais progressivement. En effet, elle commence par une intégration partant de la périphérie à la zone péri urbaine au centre. Comme on le voit sur la figure 5 ci-dessous. Mais cette mobilité est le plus souvent déterminée par des activités professionnelles ou un changement de statut matrimonial pour les femmes. C'est le cas où le citadin, par des activités professionnelles ou des relations sociales arrivent à avoir un espace où il va construire sa case. Ce citadin bénéficie des conditions de vie assez meilleures que celles de la périphérie car profitant de la proximité des voisins et certains équipements de la ville. Exemple de mobilité résidentielle centripète à travers la trajectoire résidentielle de monsieur Sani à l'intérieur de la ville de Niamey.

Encadré 2. Exemple de mobilité résidentielle centripète à travers la trajectoire résidentielle de monsieur S à l'intérieur de la ville de Niamey.

Monsieur Sani 45 ans né en 1966 à Filingué. Il arriva en 1978 à Niamey. Il exerça le métier d'apprenti-chauffeur et se fait héberger par des parents au quartier Foulan koira. L'habitat était en case. Il y resta pendant 6 ans avant de quitter suite à un déguerpissement. Il s'installa au quartier plateau dans un logement dur. A ce niveau il est logé gratuitement par son patron. Il passa 5 ans au plateau avant de quitter pour Lacouroussou. Dans ce quartier, il prend en location un logement en banco où il passa 2 ans. Il se marie et prend un logement en banco en location au quartier Boukoki. Là aussi, son séjour dura 2 ans. Il quitta ce logement pour problème de loyer pour venir à Banga Bana construire sa case. Il redevient loger gratuitement pendant 14 ans avant de quitter à cause d'un problème de cohabitation et construit sa case toujours dans le même quartier. C'est dans ce deuxième logement que nous l'avons trouvé à notre passage.

Foulan Koira

Case

Périphérie

Dur

Zone péri urbaine

Lacouroussou

Banco

Centre ville

Plateau

Banga Bana

- Case
- Case

Périphérie

49

Figure 5: Exemple de mobilité résidentielle centripète à travers la trajectoire résidentielle de monsieur S à l'intérieur de la ville de Niamey.

4.2. Mobilité ou stabilité résidentielle

Il s'agit pour nous dans cette partie d'analyser la trajectoire résidentielle des ménages

occupant les cases. Ceci, dans le but de voir s'il s'agit de stabilité ou d'instabilité résidentielle. Pour y parvenir, nous avons mis en relief les différents changements de quartier qui impliquent celui du logement. La << porte d'entrée>> de l'analyse est la durée de résidence. Cela nous parait très pertinent, car c'est un bon indicateur qui permet de mesurer le degré de stabilité ou d'instabilité résidentielle.

50

4.2.1. Mobilité inter quartier

Il ressort de notre étude une mobilité résidentielle inter quartier fortement marquée

pour les personnes interrogées. En effet, la moyenne est de trois (3) changements de quartier, dix (10) maximum contre un (1) minimum. Ce qui traduit une certaine distribution dans l'espace. Dans le travail qui va suivre, nous allons analyser les caractéristiques de ces ménages dans chacun de ces quartiers, à savoir le parcours résidentiel en mettant en relief la durée de résidence par quartier et le parcours matrimonial.

25

20

15

10

Nb. cit.

5

De 2,00

De 4,00

De 6,00

De 8,00

De 10,00

12,00 et

à 4,00

à 6,00

à 8,00

à 10,00

à 12,00

plus

0

moins de
2 ans

Figure 6: Durée de résidence des citadins à la première étape du parcours Résidentiel (source notre enquête).

De la lecture de ce graphique, on remarque une relative stabilité dans cette première étape du parcours résidentiel. En effet, la durée moyenne de résidence est de 10 ans. Cela traduit une certaine stabilité dans ce premier logement. Mieux, 39% des personnes interrogées affirment avoir fait plus de 10 ans dans leur première résidence ce qui est largement supérieur à la moyenne générale. Cette stabilité résidentielle s'explique par le nombre élevé des natifs de Niamey dans notre échantillon. Ces derniers ont grandi sous le toit familial ce qui implique une longue durée de résidence avant de le quitter.

Aussi, cette proportion peut être mise en relation avec une certaine autonomie financière qui permet aux citadins locataires de durer dans ces logements.

Néanmoins, il faut noter un début d'instabilité résidentielle dans ce premier logement. Car 40% des personnes interrogées affirment avoir fait moins de 6 ans dans leur premier quartier. Cette instabilité peut être liée au fait qu'une bonne partie des néo citadins à leur première arrivée en ville se font héberger gratuitement. Dès que leur situation

économique le permet, ils quittent ce premier logement pour un autre. Ainsi, les 5 à 6 années passées dans le premier logement traduisent tout simplement les difficultés que les néo citadins ont de plus en plus pour s'intégrer en ville.

60

4

35

1

Célibataire divorcé marié veuf(ves)

Figure 7: Situation matrimoniale à la première étape du parcours résidentiel (Source notre enquête).

S'agissant de la situation matrimoniale, le graphique ci-dessus montre une large prédominance des citadins mariés (52%) au premier logement. Cette situation s'explique par le fait que l'essentiel des personnes qui ont quitté les villages à cause des difficultés pour la ville sont déjà mariées. Mais, en majorité, elles viennent seules avant d'être rejoints par leurs épouses et enfants.

Cette proportion est suivie par celle des célibataires (35%). Cela, peut être en relation avec le nombre relativement élevé de natifs de Niamey dans notre échantillon mais aussi de ces ruraux qui viennent en ville très jeunes à la recherche d'un bien-être. Enfin, on note une faible proportion (4%) de veuf (ves). Ce sont en général des personnes du 3ème âge qui viennent en ville pour assurer leur survie le plus souvent dans la mendicité.

30

25

20

15

Nb. cit.

10

5

De 2 à 4
ans

De 4 à 6
ans

De 6 à 8
ans

De 10 à
12 ans

0

moins de
2 ans

De 8 à 10
ans

12 ans à
plus

52

Figure 8: Durée de résidence à 2ème étape du parcours résidentiel. (Source notre enquête).

A travers ce graphique, il ressort un début d'instabilité résidentielle assez marquée chez les personnes interrogées. La durée moyenne de résidence au cours de cette deuxième étape du parcours résidentiel est de 8 ans. On note donc une baisse de la durée moyenne de résidence par rapport à la première étape du parcours. Mieux, 40% des enquêtées affirment avoir fait 6 ans dans leur 2ème logement. Ceci, s'explique par une dégradation des conditions de vie mais aussi les difficultés réelles de la vie urbaine auxquelles ces citadins ont commencé à faire face. Puisque pour l' essentiel, ils sont des

personnes logées gratuitement au départ et qui ont quitté ce logement pour un autre ils se mettent à leur propre compte pour des raisons diverses. Cependant, en l'espace de

quelques années, ils font face à la dure réalité de la vie urbaine. En effet, les conditions économiques font qu'ils sont obligés de changer ce logement pour un autre moins cher ou échapper complètement au coût du loyer.

Mais, il faut aussi noter qu'une forte proportion (17%) de citadins interrogés affirme avoir fait plus de 12 ans dans leur deuxième logement. Ce qui traduit, sans doute, une certaine stabilité résidentielle. Cela peut s'expliquer par la prospérité des activités économiques ou professionnelles qui permettent aux citadins de durer aussi longtemps que possible dans ces logements.

63

4

15

1

Célibataire divorcé marié veuf(ves)

Figure 9 : Situation matrimonial à la deuxième étape du parcours résidentiel (Source notre enquête).

Ce graphique traduit une baisse sensible de la proportion de célibataires à cette étape du parcours. En effet, elle est passée de 32% à 15%. Au même moment, on constate une augmentation de la proportion des mariés qui passe de 54% à 63 %. Ceci a un impact sur le changement de logement car pour les filles, le mariage est synonyme du départ du logement familial pour celui conjugal. Il en est de même pour certains hommes, car souvent ; ils attendent le mariage pour quitter la famille et prendre un logement. Cela dénote, si besoin en est, la place du changement matrimonial dans la mobilité résidentielle des personnes.

18 16 14 12 10 8 6 4 2 0

 
 
 
 
 
 

Nb. cit.

Moins de De 2,00 De 4,00 De 6,00 De 8,00 De 10,00 12,00 et
2,00 à 4,00 à 6,00 à 8,00 à 10,00 à 12,00 plus

54

Figure 10 : Durée de résidence à la 3ème étape du parcours résidentiel. (Source notre enquête).

A la 3ème étape du parcours résidentiel, on note une instabilité résidentielle assez marquée des personnes interrogées. Ainsi, la durée moyenne de résidence est de quatre (4 ans). On remarque dès lors qu'elle est en nette régression, et cela au fur et à mesure qu'on s'éloigne de la première étape du parcours résidentiel. Ce qui est confirmé par nos résultats qui révèlent que seuls 14% des personnes interrogées à cette étape du parcours affirment avoir fait plus de 10 ans dans leur logement. Par contre, 27% affirment y avoir résidé pendant moins de 4 ans, ce qui est sans doute le résultat des difficultés d'accès au logement.

A cette étape du parcours résidentiel, on note une prépondérance de personnes mariées (65 %). Par contre, on note une baisse de la proportion des célibataires qui est réduite à 10%. Cette baisse s'explique par le fait que plus le citadin avance en âge, plus il a tendance à quitter le célibat pour se marier, d' où une chute de la proportion des célibataires. En outre, du fait de l'âge, on constate une augmentation du nombre de veuf (ves) qui est passé à 6%.

30 25 20 15 10 5 0

 
 
 
 
 
 

Nb.cité

Moins de De 2,00 De 4,00 De 6,00 De 8,00 De 10,00 12,00 et
2,00 à 4,00 à 6,00 à 8,00 à 10,00 à 12,00 plus

Figure 11: Durée de résidence à la 4èmeétape étape du parcours résidentiel. (Source notre enquête)

A la dernière étape du parcours résidentiel, on constate une accentuation de l'instabilité résidentielle. En effet, plus de la moitié des enquêtées affirment avoir fait moins de deux (2) ans dans leurs logements. Cela s'explique par une dégradation des conditions économiques qui réduisent la stabilité résidentielle car les citadins ne peuvent faire face au coût élevé du loyer. En outre, les possibilités d'avoir un espace à squatter sont réduites, car la municipalité procède à des opérations de déguerpissement. Aussi, la spéculation foncière influe sur la possibilité d'avoir des parcelles vides où l'on peut construire sa case.

A cette étape du parcours résidentiel, on constate une large prédominance des mariés. Cela s'explique par le fait qu'à ce niveau les citadins étant d'un âge avancé se retrouvent quasiment tous mariés. Ce qui se traduit par une baisse drastique de la proportion des célibataires qui revient à 7%. Aussi, il faut noter une légère augmentation de 5% des polygames.

4.2.2. Mobilité intra-quartier

On appelle mobilité intra- quartier les différents changements de logement effectués à l'intérieur d'un même quartier. Il s'agit pour nous d'analyser ce type de mobilité dans la ville de Niamey, mettre en évidence son ampleur, les facteurs qui sous tendent ce choix ainsi que les espaces concernés.

56

4.2.2.1. L'ampleur de la mobilité intra urbaine

Encadré 3 : Exemple de mobilité intra quartier à travers le parcours résidentiel de Monsieur F à l'intérieur du quartier Wadata.

Monsieur Farouk 55 ans est né en 1956 Gossi à Gao (Mali). Après 28 ans passé dans son village où il était marié et cultivateur. Il emprunta le chemin de l'exode à la suite de la sécheresse de 1984. C'est ainsi qu'il arriva à Niamey dans le quartier Wadata où il était logé dans une case chez des parents. Avec l'aide de ces derniers, il trouva un travail de gardien à domicile. Après 6 ans, sans retour au pays il fait venir sa famille à Niamey et quitta le logement de ses parents. Il construit alors sa case ailleurs sur une parcelle mais toujours dans le même quartier. Après 5 ans dans ce logement il est contraint de le quitter pour cause de mise en valeur de la parcelle sur laquelle est bâtie sa case. Il cherche alors un autre endroit à Wadata et construit sa case. Il était toujours gardien. Dans ce nouveau logement, il passa 8 ans avant d'être déguerpi par la municipalité. Ce qui le contraint à chercher un autre endroit pour s'installer. Cette fois c'est à Wadata qu'il construit sa case sur une place publique. C'est là où il vivait à notre passage. Il est dans ses 8 années et il est toujours gardien.

Quartier Type d'habitat Statut

d'occupation

Hébergé

Wadata

Case

Wadata

Case

Loger gratuitement

Wadata

Case

Squatter

Wadata

Case

Squatter

Figure 12 : Exemple de mobilité intra urbaine à travers le parcours résidentiel de Monsieur F à l'intérieur du quartier Wadata.

A travers notre étude il ressort que beaucoup de citadins changent de logement tout en restant dans le même quartier. Ainsi, nos investigations révèlent que le maximum de changements de logement à l'intérieur d'un quartier est de 4. Ce chiffre prouve le degré de mobilité intra-quartier des ménages. Mais, s'il s'agit de comparer, la mobilité inter quartier est plus importante que celle intra-quartier. Cela est visible à travers l'étalement urbain sans précédent que connaît la ville qui est sans doute la conséquence d'une forte mobilité intra-urbaine des ménages.

58

4.2.2.2. Les causes de la mobilité intra quartier

Les causes de la mobilité intra quartier des ménages de Niamey sont variées .Elles sont le résultat de la combinaison d'un certain nombre de facteurs à savoir : le déguerpissement, la mise en valeur ou la vente de parcelles, l'incapacité de payer le loyer, le problème de cohabitation. Ainsi, il arrive qu'un citadin en location ne soit pas satisfait de son logement pour son confort, à cause des problèmes de cohabitation fréquents dans les maisons en location, décide de changer de logement tout en restant dans le quartier. La volonté de ne pas changer de logement traduit un fort attachement à l'espace vécu notamment à cause des connaissances tissées dans le quartier, de la proximité avec le lieu de travail et les enfants qui sont inscrits dans l'école du quartier. Ensuite, la mise en valeur ou la vente de parcelle intervient aussi dans la mobilité intra quartier des ménages. C'est le cas, lorsque des citadins, notamment les plus démunis qui squattent ou qui vivent gratuitement sur une parcelle voient celle-ci vendue ou mise en valeur. Ils sont alors contraints de chercher un autre espace pour y habiter. Dans de tels cas, ils cherchent toujours à construire leurs cases dans le quartier afin de pouvoir profiter des largesses de certains voisins notamment pour l'apprivoisement en eau et l' utilisation des lieux d' aisance.

4.2.2.3. La périphérie zone de prédilection de la mobilité intra quartier

La mobilité intra quartier des ménages est un phénomène qui ne peut être spécifique à une partie de la ville. Elle se pratique au centre, dans la zone péri urbaine et à la périphérie de la ville. Mais on constate néanmoins qu'elle est plus importante dans la périphérie que dans les autres parties de la ville. Cela s'explique par le fait que les personnes interrogées sont en majorité des démunies plus enclins à vivre dans cette partie de la ville où il est facile d'avoir un espace à habiter. Une fois celui-ci mis en valeur elles cherchent un autre dans le même quartier.

4.3. Les causes de l'instabilité résidentielle

Dans cette partie nous allons analyser les facteurs à l'origine de la mobilité des personnes occupant les cases. Ainsi, à travers les résultats, il ressort que les causes de l'instabilité sont diverses et variées. Il s'agit:

- du changement matrimonial ;

- de la municipalité ;

- de la spéculation foncière et la dynamique urbaine ;

- des activités professionnelles.

4.3.1. Le changement de statut matrimonial

On parle du changement de statut matrimonial quand une personne passe d'un statut de célibataire à celui de marier, de polygame, de veuf (ves) ou de divorcé. Ces différents changements matrimoniaux ont un impact sur la mobilité des personnes. En effet, en cas de mariage, la fille quitte le logement familial pour celui conjugal. Il en est de même pour certains hommes qui attendent d'être mariés pour quitter le logement familial. Ce qui se traduit par un changement de logement. Le mariage est donc le moteur principal du changement de logement à la première étape du parcours résidentiel. Mais à partir de la 2ème étape, ce sont surtout le remariage, le divorce et le décès qui jouent sur la mobilité des personnes. Ainsi, suite au passage d'une situation de monogamie à celui de polygamie, les citadins ont tendance à changer de logement pour un autre ce qui correspond à la nouvelle vie. Aussi, le divorce implique obligatoirement un changement de logement pour l'homme ou la femme. S'agissant des décès, il faut noter qu'il joue un rôle non négligeable dans la mobilité des personnes. Comme l'attestent les nombreuses veuves rencontrées dans le quartier Gaweye du 5ème arrondissement qui affirment avoir rejoint le site suite aux décès du conjoint pour échapper au coût de la location.

4.3.2. La municipalité

La municipalité est une institution chargée de la gouvernance locale. Elle permet aux citoyens d'être proches de leur administration. Elle est chargée de la gestion administrative, foncière et de l'aménagement de son entité politique.

A Niamey, cette institution dans l'exercice de ses fonctions joue un rôle fondamental dans la mobilité des personnes occupant les cases. En effet, pour des raisons diverses la municipalité procède à des opérations de déguerpissement qui est l'acte par lequel l'autorité somme des personnes de quitter un espace qu'ils occupent. L'espace ainsi libéré sert souvent à construire des édifices publics comme les marchés (marché Bonkaney et rive droite) ou tout récemment de la route reliant le second pont ou pour un souci d'aménagement de l'espace. Ce type d'opération, les citadins occupant les cases le connaissent très bien, en particulier ceux du quartier Foulan koira qui a été

60

déguerpis sept (7) fois et se trouve à son 8ème site actuellement. Les citadins qui squattent les espaces publics ou des réserves foncières notamment la ceinture verte font fréquemment l'objet de déguerpissement. C'est dans le but de reprendre ces espaces que la municipalité procède à des déguerpissements. Comme on peut le voir sur les photos 5 et 6. C'est d'ailleurs ce qui explique en partie pourquoi à Niamey il n'y a pas de taudis comme on le constate dans certaines capitales africaines.

Mais faut -il noter aussi que même si les objectifs assignés aux déguerpissements sont salutaires ; dans la pratique ces opérations se déroulent de façon brutale. En effet, elles consistent à donner un délai à des populations démunies et sans ressources à quitter leurs lieux d'habitation sans pour autant leur aménager un site d'accueil. C'est le cas du déguerpissement de 2009 à Niamey au cours duquel plusieurs chefs de familles ont assisté à la destruction de leurs logements en présence du gouverneur de la région de Niamey de l'époque. La cruauté de l'opération se ressent par les scènes rapportées dans la presse. En effet, on rapporte qu'au moment de l'opération la case d'une femme en travail ne fut pas épargnée. Elle était obligée de sortir de celle-ci pour accoucher dehors dans un espace aménagé pour la circonstance.

De telles anecdotes, qui dénotent de la cruauté de ce déguerpissement les anciens habitants du quartier `'GOLF» en ont le secret.

Devant le tôlée soulevé par l'opération, la société civile s'est saisie de l'affaire. C'est ainsi que suite à des négociations, des parcelles ont été vendues à ces déguerpis à des prix abordables avec des facilités de payement sur les sites de Kalley Plateaux I et II.

Photo 5:Habitat de case au quartier Gaweye Photo 6: Le même site après déguerpissement en mainovembre 2011. (Source notre enquête) 2012. (Source notre enquête)

4.3.3. La spéculation foncière

La spéculation foncière a aussi un impact évident sur l'instabilité résidentielle des

citadins occupant les cases. Puisque, au fur et à mesure que le foncier connaisse une valorisation et une spéculation, les propriétaires terriens, les particuliers et la municipalité ont tendance à produire et à vendre des parcelles. La conséquence indirecte est la réduction des espaces sur lesquels certains citadins construisent leurs cases. En outre, la mise en valeur des parcelles (comme sur la photo 7) agit sur la mobilité des citadins du fait que ceux qui occupent les parcelles les quittent dès que celles-ci sont mises en valeur.

Photo 7 : Ménage menacé de changement de logement du fait de la mise en valeur de la parcelle. (Source notre enquête).

4.3.4. Les activités professionnelles

L'activité professionnelle influe aussi sur la mobilité. En effet, c'est le cas des citadins

qui changent de logement pour se rapprocher de leurs lieux de travail afin d'échapper aux coûts de transport. Il arrive aussi qu'ils changent de logement suite à l'accession à un emploi comme le gardiennage où il bénéficie de logement annexe pour gardien. Dans ce cas, le déménagement est systématique dès la fin du contrat.

4.4. L'émergence d'une catégorie résidentielle spécifique

Il s'agit pour nous de faire ressortir dans cette partie des éléments d'appréciation

permettant de conclure sur l'émergence d'une catégorie résidentielle spécifique au sein de notre population cible. Pour y parvenir, nous avons choisi deux <<portes d'entrée>> à savoir le type d'habitat des citadins et les raisons du déménagement. Au cours de l'analyse, nous allons mettre donc l'accent sur le type d'habitat de ces citadins tout au

62

long de leurs parcours résidentiels, mettre ces types d'habitat en relation avec les raisons du déménagement de ces différents logements.

4.4.1. Un habitat majoritairement précaire

Encadré 4: exemple de catégorie résidentielle spécifique à travers la trajectoire résidentielle de monsieur A dans la ville de Niamey.

Monsieur A est né en 1966 à Marafa koira (Ouallam). Après 14 ans passé au village où il était cultivateur ; il prend le chemin de l'exode en 1980 et vient à Niamey. Il s'installa alors chez des parents au quartier Poudrière dans une case. Il trouva un travail d'employé de maison qu'il exerça jusqu' au début de l'installation de la saison hivernale où il rentra au village. Après les travaux champêtres, il revenait à Niamey au quartier Poudrière toujours dans les cases. Après 4 ans d'aller-retour entre son village et Niamey pendant lesquels il passa la saison sèche de chaque année en ville (toujours au quartier Poudrière chez les mêmes parents) et l'hivernage au village. Il se fixa définitivement à Niamey la 4ème année après avoir décroché un travail de gardien au quartier Poudrière. Il quitta alors ses parents du quartier et construit sa propre case dans le même quartier. Il passa 4 ans dans ce logement exerçant le même travail avant de quitter pour Talladjé où il construit sa case. Là aussi, il passa 4 ans avant d'être victime de déguerpissement. Il construisit alors sa case au quartier Aéroport où il vient d'être recruté comme gardien sur un chantier. Il passa 2 ans dans ce quartier avant de quitter à la fin du chantier. Il quitta alors pour le quartier Saga o? il venait de décrocher un travail de gardien. Là aussi, il se fixa dans une case et passa 3 ans avant de quitter le quartier pour Talladjé. Car il venait d'accéder à un travail de gardien mieux rémunéré que le précédent. Il se fixa de nouveau à Talladjé, construisit sa case dans le même quartier. A la date de notre passage il était dans ses 8 années dans le même logement.

QUARTIER TYPE D'HABITAT STATUT D'OCCUAPATION

Poudrière

Case

Hébergé

Poudrière

Case

Loger gratuitement

Talladjé

Case

Squatter

Squatter

Talladjé

Case

Saga

Case

Squatter

Aéroport

Case

Squatter

64

Figure 13. Exemple de catégorie résidentielle spécifique à travers le type d'habitat.

Ce tableau 3 est un résumé des différents types d'habitat des personnes interrogées tout au long des 4 étapes de leurs parcours résidentiels. Ainsi, à travers ce tableau on peut avoir une idée sur les types d'habitat dans lesquels le citadin a logé. Cette démarche permet de conclure ou non sur l'existence d'une catégorie résidentielle spécifique.

Type d'habitat

1 ère étape

2ème étape

3ème étape

4ème étape

Case

63%

61%

57%

46%

Dur

13%

10%

9%

8%

Hangar

3%

1%

2%

1%

Banco

21%

14%

13%

10%

Total

100%

88%

81%

65%

Tableau 3: Type d'habitat aux différentes étapes du parcours résidentiel (notre enquête)

Ainsi, à la lecture de ce tableau, il ressort qu'à la première étape du parcours l'habitat dominant est constitué de cases (63%). Cela montre que ces citadins dès leur arrivée en ville sont des populations démunies aux conditions économiques très précaires. De ce fait, ils se contentent des cases qui correspondent mieux à leur situation économique. Aussi, faut il souligner que certains citadins se sont vus imposé les cases car à leur arrivée en ville, ils ont trouvé des parents ou des connaissances du village ; en un mot leur potentiels tuteurs vivre dans ce type d'habitat.

Néanmoins, on constate au cours de cette étape du parcours que (21%) des enquêtés vivaient dans des logements en banco. Cela s'explique d'une part par le poids de ce type d'habitat dans le parc immobilier de Niamey à l'époque et par les conditions économiques relativement précaires d'autre part.

Ce tableau révèle que plus de la moitié des personnes interrogées vivaient dans des
cases. Il montre par ailleurs, une baisse sensible de la proportion des citadins vivant
dans les bancos (14%) au profit de ceux vivant dans les cases. Cela s'explique par une

détérioration des conditions de vie mais aussi la dynamique urbaine qui se traduit par des constructions en dur, ce qui contraint les citadins qui ne peuvent pas louer des logements en dur à se retrouver dans les cases.

La troisième étape du parcours révèle la persistance de l'hégémonie de l'habitat en case. Elle concerne (28%) des personnes interrogées. Cette fréquence traduit tout simplement l'existence d'une catégorie de citadins ayant des difficultés pour accéder à un logement décent en milieu urbain. Ils se retrouvent alors dans les cases qui correspondent à leurs situations financières. C' est pourquoi on constate une large prédominance des cases aux différentes étapes du parcours résidentiel. Ainsi, on peut conclure à l'émergence d'une catégorie résidentielle spécifique vivant dans les cases. Comme l'attestent les propos de ce vieux<< mon fils, depuis que je suis à Niamey tous les logements que j'ai habités sont des cases>>.

4.4.2. Les raisons de changement de logement

A travers notre étude, il ressort une diversité de raisons pour lesquelles les citadins changent de logement. Tout de même, on remarque la persistance de deux: la mise en valeur de parcelle et le déguerpissement. Ces facteurs représentent respectivement 20% et 18% des raisons évoquées par les personnes interrogées pour justifier leur changement de logement à la première étape du parcours résidentiel. A première vue, cela dénote de la dynamique urbaine à travers les nouvelles constructions mais aussi un souci réel d'aménagement urbain à travers les opérations de déguerpissement.

A la deuxième étape du parcours résidentiel, il ressort une fois de plus que c'est la mise en valeur des parcelles et des déguerpissements qui sont à l' origine des changements de logement avec respectivement 18% et 15%. Cela traduit la précarité financière et d'occupation du sol par une frange de citadins dont le statut d'occupation varie du squatter au logement gratuit.

A la troisième étape du parcours résidentiel, on remarque la persistance du déguerpissement et de la mise en valeur des parcelles comme principales raisons de changement de logement. Cette persistance révèle, par ailleurs, l'existence d'une catégorie de citadins qui ne changent de logement qu'à cause des déguerpissements et la mise en valeur des parcelles. C'est en effet, ce qui prouve que ce sont des populations démunies et dont la précarité résidentielle à Niamey aboutit à l'émergence d'une catégorie résidentielle spécifique.

66

Conclusion partielle

En définitive, il ressort une forte instabilité résidentielle des personnes interrogées. Cette instabilité se traduit par une mobilité intra- urbaine des ménages à deux échelles. D'une part, des changements de logement qui impliquent le changement de quartier et d'autre part, des changements de logement à l'intérieur d'un même quartier.

L'analyse des parcours résidentiels à travers le type d'habitat et les raisons de changement de logement permettent de conclure à l'émergence à Niamey d'une catégorie résidentielle spécifique. Cette catégorie vit tout au long de son parcours résidentiel dans des habitats précaires et dont le changement de logements est motivé pour l'essentiel par les déguerpissements, la mise en valeur ou la vente de parcelle.

Chapitre V : Une large consécration résidentielle des enfants des citadins occupant les cases

L'objectif de ce chapitre est de voir s'il y a une reproduction sociale de la précarité en milieu urbain. Pour y parvenir, nous allons analyser l'évolution résidentielle des enfants des citadins occupant les cases. Il s'agit donc de mettre en relief la courbe résidentielle de ces enfants afin de voir si celle ci est descendante, stationnaire ou ascendante. Ensuite, il s'agit de faire ressortir les facteurs qui expliquent l'état de la courbe. Enfin, il sera question de dégager des perspectives en matière de résidence pour ces citadins. A ce niveau, nous privilégions l'analyse des relations qu'entretiennent ces citadins avec les villages de leurs parents, ceci, dans le but d'avoir des éléments d'appréciation quant à leur probable retour au village ou une éventuelle fixation en ville. A ce niveau aussi, nous ferons ressortir les éléments qui sous tendent de tels choix.

5.1. Une consécration résidentielle marquée

5.1.1. Une large autonomie résidentielle des enfants

Il ressort de notre étude une faible dépendance résidentielle des enfants des citadins occupant les cases. En effet, seuls 47% des C M interrogés affirment résider avec leurs enfants majeurs. La moyenne de charge par C M est de deux enfants. Cette proportion qui est relativement élevée s'explique par le poids des jeunes filles. En effet, ces dernières sont naturellement condamnées à rester dans le logement familial aussi longtemps que cela puisse durer en attendant un hypothétique mari. Ce qui n'est pas le cas des garçons qui peuvent quitter le domicile des parents sans contrainte sociale. La dépendance résidentielle vis-à-vis des parents touche donc plus les filles que les garçons. Néanmoins, on retrouve des jeunes garçons au chômage donc sans ressource qui dépendent des parents en matière de logement. Aussi, il n'est pas difficile de voir un jeune marié vivre avec sa femme dans une case construite sur la même parcelle que celle de ses parents. II s'agit là d'une certaine reproduction de la précarité résidentielle en milieu urbain.

68

5.1.2. L'ampleur de la consécration résidentielle

Selon le dictionnaire Larousse, la consécration est l'évolution du statut social d'une

personne physique ou morale. La consécration résidentielle traduit donc l'accession d'une personne à un logement plus confortable que le précédent.

L'analyse de la courbe résidentielle des enfants majeurs des citadins occupant les cases révèle leur large consécration. En effet, 89% des personnes interrogées affirment connaître des enfants (souvent leurs propres enfants ou des enfants des voisins) ayant quitté les cases pour un autre logement. Une telle proportion traduit tout simplement une large consécration résidentielle de ces enfants, en termes clairs. Ainsi, 53% des enfants ayant quittés les cases se retrouvent dans des logements en banco contre 43% pour les durs. Ce qui est sans doute une réelle prouesse du fait qu' elle constitue un parfait exemple de mobilité sociale ascendante.

5.2. Les facteurs de la consécration résidentielle

Il s'agit pour nous, de faire ressortir dans cette partie les facteurs qui sont à l'origine de

la consécration résidentielle des enfants des citadins des cases. Ce sont entre autres, le mariage, l'école, le commerce informel, les activités professionnelles, et les associations ou organisations de bienfaisance.

5.2.1. Le changement matrimonial

Le changement matrimonial, notamment le mariage est le principal facteur à l' origine

de la consécration résidentielle. Elle concerne surtout les filles qui, en cas de mariage, quittent le logement familial pour celui du mari. Or, les résultats de nos investigations révèlent qu'en majorité le logement d'accueil est en banco ou en dur. On dénote alors une évolution ascendante de la courbe résidentielle suite au passage de l'habitat en case pour le banco ou le dur. Cependant, le fait le plus important qu'il faut souligner est que même si les filles restent aussi longtemps au domicile familial avant le mariage, leur situation résidentielle change le plus souvent dès qu'elles se marient. Donc, les filles ont plus de facilité pour accéder à un logement décent que les hommes.

5.2.2. Commerce et activités professionnelles

En effet, ce sont les premières portes de sortie pour les enfants des citadins occupant les

cases. Ces activités varient du commerce informel en passant par l'exercice d'emplois
divers tels que la mécanique et le gardiennage. Elles représentent 36% de la
consécration résidentielle. Ainsi, les enfants issus des habitats de case bien que

provenant des milieux défavorisés arrivent à travers ces activités à accéder à un logement en dur ou en banco. Le statut d'occupation varie de la location à la propriété.

5.2.3. L'école facteur d'ascension sociale

Encadré 5 : exemple d'ascension sociale par l'école à travers le parcours de monsieur B

Monsieur Boubacar est né en 1978 à Niamey au quartier Foulan Koira (ancien site sis à l'emplacement actuel du stade Général Seyni kountché). Il vivait alors avec ses parents dans des paillottes dans ce quartier. A l'âge de 7 ans il est inscrit au C I à école Foulan koira ou il passa 2 ans ; donc jusqu' au CP. En 1986 suite au déguerpissement du quartier Foulan Koira pour la construction du stade Général Seyni Kountché ; il se retrouva avec sa famille à Foulan koira Tégui. Il continua son cursus scolaire jusqu' à l'obtention de CFEPD. Il fut alors orienté au C E G lazaret et obtint son BEPC en 1997. Il se retrouva au Lycée Kassey de Niamey ou il obtint le baccalauréat, série A4 en 2000. Il s'inscrivit à l'université ABDOU MOUMOUNI en 2001. Il s'installa à partir de ce moment au campus universitaire durant l'année académique et pendant les vacances dans les paillottes à Koira Tégui Foulan koira. En 2005, il quitta l'université avec une maitrise en anglais. Il est affecté la même année au CES/RD en tant qu'enseignent contractuel. Il prit un logement en dur en location au quartier Banga Bana au 5eme Arrondissement. Il passa 2 ans dans ce logement avant de le quitter pour un autre en dur dans le même quartier. Après 8 mois, il quitta ce logement pour un autre en dur et se maria. A la date de notre passage, il continue à vivre dans ce logement avec sa femme et sa fille bien que depuis avril 2012 ; il est recruté à la fonction publique.

Dans une société où les chances d'ascension sociale sont réduites l'école apparait comme la seule alternative dans la distribution des places dans la société. Elle est un facteur essentiel de développement d'une société. C'est aussi un outil silencieux de promotion sociale et d'égalité des chances. Conscients de ce fait, les citadins des cases choisissent d'inscrire leur progéniture à l'école pour qu'ils profitent des chances que celle ci offre. Ainsi, certains arrivent à tirer les bienfaits de l'école car 6% des consécrations résidentielles dans ce milieu sont imputables à elle. C'est à dire que ce sont des enfants, qui grâce à la scolarisation, accèdent un emploi qui leur permet d'avoir un logement décent.

70

Aujourd'hui, en dépit de la prise de conscience de ces parents sans ressources des bienfaits de l'école, il faut souligner la réduction progressive de cette porte de sortie. En effet, depuis les années 1990, au Niger, le diplôme ne rime plus avec emploi. Cette situation est la résultante de la politique d'ajustement structurelle (PAS) qui a eu pour conséquence la réduction de la capacité de création d'emplois de l'Etat qui est le principal moteur dans ce domaine face à un secteur privé quasi inexistant.

A cela, il faut ajouter les difficultés auxquelles fait face le secteur de l'éducation depuis les années 1990. Cette situation se traduit par une baisse des fonds alloués par l'Etat au secteur de l'éducation, des grèves répétitives des enseignants et des scolaires. Ce qui a pour conséquences la privatisation progressive des écoles publiques, leur dé crédibilisation au profit des écoles privées. Tout ceci, conduit à l'accentuation des difficultés que les enfants des plus démunies ont pour accéder à une formation de qualité et à leur exclusion du système éducatif. A cela s'ajoute, le caractère très sélectif du système éducatif nigérien qui conduit à l'exclusion précoce de certains enfants.

5.3. Perspectives en matière d'habitat

Dans cette partie, nous allons dégager quelques perspectives pour une éventuelle fixation ou un retour au village des enfants des citadins des cases. Pour y parvenir, nous allons surtout mettre en exergue les relations qu'entretiennent ces enfants avec les villages d'origine de leurs parents. Ainsi, il ressort de notre étude que les 3/4 des personnes interrogées ont l'intention de se fixer à Niamey, contre 1/4 qui souhaite rentrer. De ce fait, dans la majorité des cas l'errance résidentielle se termine par une fixation en ville.

5.3.1. Les raisons d'un projet de retour au village

D' après les résultats de notre étude les raisons évoquées par ces citadins pour retourner au village sont essentiellement dominées par les travaux champêtres. Il s'agit en réalité d'un retour saisonnier et cyclique des enfants ou accompagnés de leurs parents pour aider la famille restée au village. Ce type de déplacements temporaires aboutit rarement à une fixation définitive. Car les enfants qui le pratiquent sont le plus souvent des scolaires qui partent pour leurs vacances en fin d'année ou des revendeurs qui sursoient provisoirement à leurs activités. Ce retour provisoire a une portée sociale et économique. En effet, Il s'agit de maintenir ou de mettre en contact ces enfants (qui

sont nés en ville ou qui ont quitté le village très jeune) avec le village en même temps les utiliser comme main d'oeuvre agricole.

A ces installations provisoires s'ajoutent d'autres à caractère définitif. C'est le cas des jeunes filles qui vivent à Niamey et se marient à une personne du village. Dans ce cas, elles sont contraintes de s'installer au village avec leurs époux. Mais, il faut noter que ce type de mariage est de plus en plus rare. Il concerne surtout des personnes d'une même famille. Mais on remarque de plus en plus que les ruraux renvoient leurs filles de 15 ans à 17 ans au village afin d'accroître leurs chances de se marier sur place.

Aussi, le cas le plus illustratif de retour définitif semble être celui des personnes qui en l'absence de toute alternative face à la précarité de la ville décident « de plier bagages » avec femmes et enfants pour rentrer au village. Ceci, est le dernier recours pour bon nombre de chefs de famille ayant épuisé toutes les solutions locales à leurs difficultés quotidiennes. Ainsi, il n'est pas rare d'entendre des chefs de famille parler en ces termes « C'est le manque de frais de transport qui me retient à Niamey ». Ces propos traduisent tout simplement le désarroi, la précarité financière et la volonté de rentrer au village de ces chefs de famille. Ces personnes sont, en général, des anciens commerçants, revendeurs, fonctionnaires, en un mot des personnes en déchéance sociale.

5.3.2. Les raisons évoquées pour se fixer à Niamey

De la lecture du tableau 4, il ressort une multitude de raisons qui expliquent le choix des citadins quant à leur volonté de se fixer définitivement à Niamey.

72

Raisons ne pas retourner

 

Nb.cit

Rupture de contact avec le village

18

Mariage en ville

9

Scolariser en ville

15

A cause de leur activité en ville

11

Difficulté du village

18

Dépendance parent

12

Ne connaissant même pas le village

17

TOTAL

100

Tableau 4: Les raisons évoquées pour se fixer à Niamey (source notre enquête)

Ainsi, bon nombre (18%) optent pour ce choix car nés ou grandis à Niamey. En plus, ils n'ont même pas de contacts avec leurs villages souvent. D' où un fort désir de continuer à vivre dans cette ville où ils mènent leur activité. Aussi, il faut ajouter que c'est surtout les difficultés (en matière d'alimentation, d'emploi, d'opportunité économique) de la vie au village qui font que les gens (18%) sont réticents à se fixer. Ainsi, il préfère vivre en ville malgré leur précarité que de rentrer au village. Car selon eux, la ville offre beaucoup d' avantages et d' opportunités comme l' illustre le propos d' un vieux qui l' explique en ces mots « A Niamey si tu as 100f tu peux acheter du gari et manger, alors qu'au village avec ton argent tu peux manquer de quoi manger ». Ces propos traduisent tout simplement une réelle prise de conscience de ces citadins quant aux bénéfices qu'on peut tirer de la vie en ville.

L'autre aspect qui influe sur la fixation des jeunes à Niamey est naturellement l'école. Elle est la raison évoquée par (15%) des personnes interrogées pour justifier leur choix de se fixer en ville. En effet, les parents disent avoir plus confiance à l'enseignement en milieu urbain malgré les dérapages qu'à celui des villages ; alors que certains villages n'ont pas de collège ou de lycée pour accueillir ces enfants.

5.3.3. Perspectives sur l'habitat précaire à Niamey

On retient sur la base des analyses que les 3/4 des enfants des personnes interrogées préfèrent se fixer définitivement à Niamey contre 1/4 qui compte retourner au village. A partir de ce constat, on peut dégager des perspectives sur l'habitat précaire à Niamey. Ce qui nous amène à dire que l'installation définitive de ces personnes aura des conséquences multiples pour la ville. En effet, tant qu'il existe des foyers de pauvreté à Niamey, tant que la crise du monde rural persiste; les ruraux n'auront aucun choix que de rejoindre leurs parents en ville à travers les réseaux relationnels. Ce qui contribue à grossir les foyers de pauvreté, accentuer la crise de logement et le recours à l'habitat précaire.

La solution pour réduire l'habitat précaire passe donc par la recherche d'alternatives crédibles aux problèmes du monde rural. Elle doit être envisagée en amont c'est à dire au niveau des villages. L'objectif est de fixer ces ruraux dans leurs terroirs en leur proposant d'autres alternatives crédibles qui les dissuadent de quitter.

En ville, la solution passe par une politique courageuse et réelle de logement. Celle-ci doit viser les plus pauvres, de sorte que même les plus démunies n'auront pas besoin de recourir à l'habitat précaire. Cette solution doit être précédée par une bonne politique d'emplois et d'insertion des jeunes pour permettre à chaque citadin d'avoir des revenus substantiels. Enfin, il faut une bonne maitrise de l'anarchie qui caractérise la question foncière.

Il est vrai que les déguerpissements et la spéculation foncière réduisent du jour au jour le nombre de cases à Niamey et la marge de manoeuvre des squatters. Mais, c'est pour autant qu'ils mettront fin à la prolifération des cases. Elles ont plutôt tendance à apporter des solutions provisoires au problème. Car après une opération de déguerpissement ; les déguerpis sont le plus souvent recasés sur un autre site en attendant d'être rattrapées par le front urbain. Néanmoins, il faut reconnaitre au déguerpissement une certaine efficacité car du fait de sa fréquence ; cette opération arrive à contenir et à gérer les foyers de pauvreté de sorte qu'elle réduit le risque de développement de l'habitat précaire dans une ville en forte croissance. La solution définitive pour résoudre la prolifération de l'habitat précaire passe par une politique de logements touchant les plus démunis. Ce sont tous ces aspects que le projet « Niamey gnala » doit prendre en compte pour qu'il soit à la hauteur de ses ambitions.

74

Conclusion partielle

Au terme de cette analyse, il ressort que les enfants majeurs des citadins de case dépendent moins de leurs parents en matière de logement. Ce sont surtout les filles qui ont une longue durée de séjour dans la résidence familiale. Mais la situation s'inverse dès qu'elles se marient car on constate une large consécration résidentielle après le changement matrimonial. Quant aux hommes ils arrivent à accéder à un bon logement par diverses voies.

On retient donc qu'il n'y a pas de reproduction de la précarité en milieu urbain du fait de l'ascension fulgurante des enfants. Les facteurs de l'ascension sont le mariage, le commerce, les activités professionnelles et l'école.

Conclusion générale

Au terme de ce travail d'étude et de recherche, nous sommes loin d'avoir traité tout le thème. Tout de même la présente étude a le mérite d'avoir couvert certaines zones d'ombre sur la thématique abordée. Concernant la ville de Niamey ; on peut retenir qu'au début du XXème siècle que c'était un village essentiellement rural dominé par des cases. L'installation des Français dans le village consacra son essor démographique et spatial. Cet essor sera suivi d'énormes investissements en matière d'urbanisation. C'est ainsi que suite à un incendie en 1931, l'administration coloniale interdit la construction des cases à Niamey. Cette décision fut respectée pendant des années. Mais durant la seconde guerre mondiale (1939-1945) les cases font de nouveau leur apparition à Niamey. Les cases seront surtout le refuge des migrants et les populations pauvres. La prolifération des cases va continuer jusqu' après l'indépendance du pays en 1960. Les cases seront ainsi les indicateurs d'une misère urbaine mais aussi les difficultés d'accès au logement pour bon nombre de citadins.

Les citadins occupant les cases viennent de toutes les parties. Cependant, on note une présence assez marquée des ressortissants de l'Ouest du Niger. Ces citadins sont des personnes du troisième âge, avec une charge familiale assez importante qui contraste avec leurs revenus mensuels, qui sont le plus souvent inférieurs à 50 000 FCFA. Quant

au cadre de vie il est délétère avec un environnement insalubre où les équipements de base sont quasi absents. Le cadre de vie reflète une certaine marginalisation à la fois sociale et spatiale des ménages qui y vivent. Ces ménages se caractérisent par une instabilité résidentielle marquée. Cette instabilité résidentielle se traduit par une mobilité résidentielle à deux échelles des ménages dans la ville de Niamey: à l'échelle de la ville inter-quartier ou à l'échelle du quartier intra quartier. S'agissant du parcours matrimonial, on note les caractéristiques suivantes :

- une diminution de la proportion des célibataires au fur et à mesure que le citadin avance en âge ;

- une faible pratique de la polygamie ;

- une hausse de la proportion des veufs (ves) surtout à la dernière étape du parcours.

Concernant le parcours résidentiel, il peut être représenté par une courbe résidentielle descente qui présente le plus souvent les mêmes caractéristiques à savoir le type d'habitat et la raison de déménagement. La fréquence de ces caractéristiques à chaque étape du parcours résidentiel permet de conclure à l'émergence d'une catégorie résidentielle spécifique. Le parcours résidentiel de cette catégorie se singularise par le même type d'habitat et évoque quasiment les mêmes raisons pour justifier leur changement de logement.

Néanmoins, on note que l'émergence de cette catégorie résidentielle spécifique ne s'accompagne pas d'une reproduction socio spatiale de la précarité en milieu urbain. En effet, on assiste à une large consécration résidentielle des enfants des citadins occupant les cases. Les facteurs de la consécration sont le changement matrimonial, les activités professionnelles ou commerciales, l'école.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote