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Sociologie de Baraka: (Liberté IV Nord ) étude des conditions socio-économiques et environnementales (Sénégal )

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par Benoà®t TINE
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Licence de sociologie 2004
  

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3-CADRE D'ETUDE

BARAKA est une des formes d'habitat spontané et sous intégré qui prolifèrent dans les villes du Tiers Monde, secrétée par une croissance démographique exponentielle, désordonnée, sauvage et incontrôlée. C'est une composante de la grande ville, numériquement parlant, de « squatting » dont la formation procède d'un manque de moyen mais aussi de logement.

Au fur et à mesure qu'on pénètre à l'intérieur, la pseudo homogénéité qu'on a à l'entrée, disparaît pour laisser apparaître une forme d'habitat intermédiaire puis totalement désordonné et hétérogène.

Les premiers habitants sont arrivés en 1988 ; il y avait au total 70 familles venant de Woré I et II, actuel Sacré Coeur III, où ils avaient été déguerpis, après une somation de six mois, par la SICAP vers la fin de l'année 1988, qui voulait étendre ses tentacules. N'ayant où aller, ils ont demandé au chef de quartier de Liberté VI, M. Ahmed Fall, avec l'appui du Gouverneur de Dakar, s'ils pouvaient occuper le terrain nu, rocailleux, de 61 ares, sur les hauteurs de la Sicap Liberté VI, terrain inoccupé jusque là et qui était en broussaille ; Ils obtinrent cette autorisation à condition de le restituer dès que le l'Etat en ferait la demande. Ces vulnérables rendirent ces terres, sociables par des campagnes d'assainissement, puisque terrain hostile repères de serpents, animaux sauvages et autres éléments hostiles. Au fur et à mesure, ces terres ont été habitées par des gens venant d'horizons divers. Aucune condition importante n'était à remplir pour avoir un lopin de terre. Il suffisait de laisser juste un passage et de ne pas louer ou vendre son espace.

En juin 2001, tout indiquait que ce bidonville s'étendant sur deux hectares, perché entre les quartiers Sacré Coeur, Liberté VI, Liberté VI Extension et le Camp Pénal, serait à la merci des bulldozers selon le quotidien national Le Soleil10(*). C'était sans compter avec la détermination de l'ONG Enda Tiers-Monde qui y développait un volet très sensible de son intervention en milieu infra-urbain défavorisé.

Il est recensé dans le patrimoine du domaine national et à l époque, les autorités municipales mirent le terrain à la disposition des déguerpis, il est nommé Baraque. La particularité de cet habitat réside en son caractère précaire. Le manque de sécurité foncière combinée à la faiblesse des revenus des populations se traduit par un habitat extrêmement précaire. Depuis 1993 Enda s'est efforcé d'appuyer l'organisation de la population. L'habitat était fait d'un assemblage de tôles, de cartons, de bois et d'autres matériaux récupérés. Son aspect bidonville n'échappe à personne. Ses ruelles sont serpentueuses, un assemblage de logis plus miteux les uns que les autres abritent des familles composées de huit à dix membres se partageant souvent des chambres de 5m². L'électricité qui illumine le voisinage cossu en pleine expansion est presque une chimère pour la plupart des habitants de baraque.

En 2000, il y avait à peu près, six cents « Baraques ». Devenu entre temps Baraka, on recensait 1500 résidents dont 70% au-dessous de 30 ans. La population est hétérogène avec une grande majorité de Halpular et évoluant dans le secteur informel : mécaniciens, filles domestiques, gardiens, commerçants... mais aussi des nationalités diverses : Maliens, Burkinabés, Guinéens surtout. Actuellement selon le Président du comité de quartier (qui est élu pour deux ans), le nombre de pères de familles est de 350. En 1996, ce nombre était 130.

C'est précisément en 1993 que l'ONG Enda Tiers Monde a commencé officiellement la collaboration en y mettant en branle un programme de restructuration encouragé par les autorités de l'époque et soutenu par celles qui sont issues de l'alternance politique survenue en 200011(*) ;

Si Enda n'était pas intervenu en leur faveur, ils auraient étaient déguerpis depuis longtemps. Mais pour lui, le problème n'est pas encore totalement réglé car des gens véreux sont entrain de chercher des brèches pour attaquer les populations et Enda, afin d'occuper ces terres.

C'est pour cette raison que l'accès aux sources documentaires concernant ce quartier est quasi impossible.

Au début, il n'y avait que sept pères de famille qui croyaient que la collaboration avec Enda allait aboutir à des actions bénéfiques. Tous les autres étaient réticents à tenter cette aventure. Aujourd'hui, le rêve est devenu réalité car des infrastructures de base y ont vu le jour même si le chemin est encore long et parsemé d'embûches: eau : deux bornes fontaines ; le seau est à 20 FCFA ; électricité : six abonnements à la Sénélec. L'électricité est effective depuis le 02-09-98 sous couvert de Enda TM qui par ailleurs a pris en charge les frais de l'extension qui s'élevait à 1495905 FCFA, quelques habitats en dur restructurés, des locaux scolaires (du CI au CM2 ; Une crèche pour les tous petits) et de soins de santé primaires (une case de santé), deux W.C publiques (à 25 FCFA) y ont vu le jour, mais aussi son réseau axé sur les nouvelles technologies de l'information.

L'organisation de l'activité productive, son extension aux sous-groupes de jeunes et de femmes par le biais des mutuelles, la sécurisation du milieu, le reboisement de cette zone rocailleuse sont aujourd'hui des réalisations palpables. Elles ont été rendues possibles grâce à la collaboration de Enda Tiers Monde et l'accord des autorités. La structuration du quartier programmée en trois phases a commencé en 1995. Mais elle piétine depuis le décès de Jacques BUGNICOURT (16 avril 2002), leur « papa », comme ils l'appelaient affectueusement, président exécutif de l'ONG Enda Tiers Monde qui tenait Baraka comme son bébé.

D'après les témoignages, c'est de ce quartier qu'il rejoignait l'aéroport. Et de retour de voyage sa première destination était toujours Baraka, pour s'enquérir de la situation des habitants pendant son absence. Ce dernier a beaucoup fait pour eux. Ils lui en sont vraiment très reconnaissants. « Il aimait davantage ses ennemis et n'offrait jamais de l'argent préférant travailler pour eux et avec eux afin de les sortir des ornières ».

Mais ils ont confiance en l'avenir et espèrent que le quartier sera enfin structuré dans sa totalité. Pour bénéficier d'un habitat solide, il suffisait d'en faire la demande au niveau de Enda Tiers-Monde et la construction était faite gratuitement, en fonction du plan déjà établi et en présence d'un architecte. Mais la finition doit être assurée par le bénéficiaire, et il doit être favorable au plan.

Pour le moment cela est suspendu. Ces habitations sont sous le couvert du Comité de quartier, qui est entrain de voir déjà comment faire participer financièrement les occupants dans l'optique de s'autogérer: L'avenir commence dès maintenant.

Les négociations auraient abouti, après une longue période, dans l'objectif premier d'acquérir le sésame précieux à savoir le titre foncier sur ces terres non immatriculées, en d'autres termes d'en faire leurs propres terres. Des promesses des différents candidats aux différents postes électifs ont été faites mais jusqu'à présent, il n y a rien de concret, pour dire avec l'ancien ministre français M. Charles Pasqua, que les « promesses électorales n'engagent que ceux qui y croient ». Mais toujours avec l'aide de Enda Tiers Monde, le quartier est branché sur le système d'égouts de la SICAP Sacré Coeur.

Il y a quelques rares toilettes dans les maisons. Un des objectifs du comité de Quartier est d'en faire bénéficier toutes les maisons. Le bassin qui servait de dépotoirs aux ordures ménagères, est nivelé. Et des négociations sont en cours pour que les camions ramasseurs puissent au moins passer pendant la semaine et pour cela ils comptent sur un résident élu conseiller municipal au niveau de la commune d'arrondissement de Liberté II. Il se pose toujours un problème d'insuffisance de budget.

Dans ce quartier, prolifèrent des boutiques qui offrent aux résidents des produits adaptés à leur besoin surtout en matière de d `alimentation : riz, huile, sucre, lait, savon, pétrole, produits cosmétiques, bonbons, cigarettes et autres divers articles. Les 7 boutiquiers de Baraka se consultent pour fixer les prix afin d'attirer la clientèle qui a tendance à aller ailleurs ;Les affaires marchent tant bien que mal. Les boutiquiers se ravitaillent à la Sicap Liberté 6. De même, une buvette vendant de la boisson alcoolisée fait partie du décor ; Des gens viennent même de l'extérieur pour se ravitailler. Voilà un milieu propice qui rime parfaitement avec le banditisme, la prostitution... Phénomènes qui ont beaucoup baissé par rapport aux années passées où des gens, la nuit tombée, stationnaient leurs voitures dans le but d'assouvir leurs instincts. C'est pourquoi même de nos jours, les habitants de Baraka jouissent d'une mauvaise presse, dans les environs, d'après des témoignages.

Depuis 2000, des arrivées ne sont plus constatées au niveau de Baraka car tous les deux hectares sont occupés et beaucoup de leurs amis sont en situation de sans domicile fixe. Et les départs sont rares et sont plutôt liés à l'accession à un statut social meilleur. Le comité de village est l'organe exécutif de Baraka et toutes les activités, associations, structures sanitaires et scolaires et groupements, gravitent autour de lui. Il y a actuellement le groupement des femmes et encore qu'il est sans financement ;

A Baraka tout le monde est conscient du fait que d'un moment à l'autre les autorités étatiques peuvent les déguerpir comme ce fut le cas en 2001 aux baraques qui ceinturées le camp pénal, Bignona en 2002, le terrain foyer en mars 2003, Rebeuss en 2003. Ce domaine qui s'étend sur deux hectares avait été convoité par des spéculateurs fonciers. Au plus fort du bras de fer entre ces derniers et les habitants en juin 2001, il valsait entre 400 et 800 millions de FCFA. De quoi aiguiser les appétits ! Même si un accord est trouvé entre l'Ong et l'Etat, le peu de gens au courant, pense que Enda n'est qu'une Ong et que l'Etat peut à tout moment revenir sur sa décision.

* 10 Les baraques de Baraka : le feuilleton d'un déguerpissement avorté ; Le soleil du 7 janvier 2002, page 15

* 11 ibid.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand