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Les déterminants du salaire au Maroc

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par Younès EL MENYARI
Université Mohamed V Rabat - Agdal - Maroc - Master en sciences économiques 2007
  

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4.2.2. Résultats du test de cointégration

Nous testons le nombre de relations de cointégration à l'aide des tests proposés par Johansen et Juselius (1990). Les résultats sont reportés en annexe 4. Ces tests analysent la possibilité qu'une ou plusieurs relations de cointégration existent entre le taux de salaire du secteur industriel, les prix à la consommation, la productivité apparente du travail et le taux de chômage urbain. Le test de la trace indique l'existence d'une relation de cointégration à un seuil de 1%. Le test de la valeur propre maximale indique le même résultat. On conclut donc naturellement à l'hypothèse de l'existence d'une seule relation de cointégration.

Ce résultat nous conduit à l'étape suivante de l'estimation des solutions de long et de court terme de l'équation de salaire dans le cadre d'un modèle vectoriel à correction d'erreur (VECM).

4.2.3. Estimation d'un VECM : résultats et interprétations

Bien que nous ayons trouvé trois spécifications de l'équation du salaire23, nous n'avons retenu que la relation qui semblait interprétable sur le plan économique et dont le coefficient de détermination est le plus élevé. En effet, la spécification retenue n'inclut pas une constante dans la relation de long terme.

L'estimation de la cible de long terme, s'écrit :

LN_SMI = 0,72LN_IPC + 0,62LN_PDL - 0,03TCHO

L'estimation d'un modèle à correction d'erreur fait apparaître un coefficient significativement différent de zéro et négatif pour la cible de long terme. A noter que ce coefficient est assez élevé (0,40), ce qui indique que l'ajustement vers l'équilibre se réalise assez rapidement.

L'étude des résidus estimés issus des relations vectorielles de ce modèle montre qu'ils
sont tous stationnaires (d'après la Q-statistique de Ljung-Box, voir annexe 6). Cette

23 Le tableau en annexe 5 représente l'ensemble des spécifications de l'équation du salaire.

constatation nous confirme donc la bonne spécification et la stationnarité de cette modélisation VECM.

De plus, les coefficients de détermination sont tous assez élevés. Ce résultat nous indique que le pouvoir explicatif du modèle est très fort.

En outre, la présence de la variable DUM dans ce modèle est justifiée par le test de Cusum qui indique les dates d'éventuelles ruptures de comportements. Cette variable est statistiquement significative pour l'année 2001 (Annexe 7).

A court terme les résultats ne sont pas conformes aux attentes. Le coefficient du taux de chômage est positif à court terme. Ceci trouve son explication dans l'analyse des imperfections du marché du travail et l'absence d'un système d'indemnisation du chômage pour le licenciement économique qui peuvent intervenir pour changer les résultats théoriques. En effet, le marché du travail urbain marocain connaît beaucoup d'imperfection. La présence du secteur informel rend la collecte de données statistiques très difficile.

Il convient de rappeler que le développement de l'emploi informel (constitue environ 17% du PIB marocain) peut lui seul expliquer le résultat de court terme que nous obtenons. Ainsi, lorsque des travailleurs sont licenciés ou lorsque des diplômés ne trouvent pas de poste à pourvoir, ils sont automatiquement orientés vers le secteur informel. Ce comportement automatique, d'aller vers le secteur informel, trompe les statistiques officielles concernant le nombre de chômeur dans le pays et baisse, à court terme, l'offre d'emploi dans le secteur formel.

En ce qui concerne la productivité du travail, le signe négatif à court terme est une nouveauté par rapport aux estimations antérieures du Maroc [notamment, CMC, 2001] où on observait un signe positif. L'interprétation du résultat à court terme reste difficile dans la mesure où la question de la place de la productivité dans une équation de salaire surtout à court terme reste assez controversée et n'est pas résolue à ce jour dans la littérature.

En revanche, l'équation du VECM confirme l'impact positif et significatif du SMIG sur le salaire moyen dans le secteur industriel, avec une élasticité de 0,44, toutes choses égales par ailleurs. On peut donc établir une fourchette allant de 0,44 à 0,56.

Globalement, la spécification de la dynamique de court terme de l'équation du salaire n'est pas satisfaisante. La majorité des coefficients n'ont pas le signe attendu et parfois ne sont pas significatifs. Cependant, l'estimation des relations de long terme entre les variables a été privilégiée au détriment de la spécification de la dynamique de court terme. En effet, les signes des coefficients de la relation de long terme sont conformes à la théorie et toutes les variables sont statistiquement très significatives.

Le degré d'indexation des salaires sur les prix à long terme est de l'ordre de 0,72. Donc, l'indexation des salaires sur les prix n'est pas unitaire, ce qui rend compte d'un arbitrage inflation/chômage à long terme. Par ailleurs, les prix à la consommation n'apparaissent pas avec le signe attendu à court terme dans le modèle du VECM (notamment pour le retard 3). En effet, pour mesurer plus précisément l'effet des prix à la consommation sur la dynamique des salaires, nous avons procédé à une estimation d'un modèle VAR d'ordre 1 [Voir Annexe 8] (l'ordre est retenu selon les critères de Akaike et de Schwarz pour des retards allant de 0 à 2). Ce modèle montre lui aussi une sous-indexation de l'ordre de 0,73 (significative au seuil de 10%). Toutefois, la désindexation estimée impliquerait clairement une plus grande rigidité à la hausse des salaires pris au sens du salaire moyen du secteur industriel. Les salaires réels peuvent en conséquence subir temporairement des pertes de pouvoir d'achat. De fait, la perte du pouvoir d'achat pourrait jouer en faveur d'une extension des conflits entre groupes sociaux.

A long terme, on constate aussi que le niveau du taux de chômage exerce une pression significative à la baisse sur la croissance des salaires. Une hausse d'un point du taux de chômage urbain diminue la croissance du salaire nominal de l'ordre 3,1%24, toutes choses égales par ailleurs. En effet, la hausse négociée des salaires est d'autant moins grande que la situation du marché du travail se dégrade et affaiblit le pouvoir de négociation des salariés. Il convient de noter, toutefois, que le coefficient relatif au taux de chômage urbain a une valeur plus faible que certaines estimations faites sur données françaises (Cotis, Méary et Sobczak indique une élasticité de 5,8%, Bonnet et Mahfouz ou L'Horty et Sobczak présente une élasticité de 5,5%). Dans le modèle MESANGE,

24 Dans l'estimation, le taux de chômage est exprimé en points de pourcentage. L'élasticité donnée se réfère à un taux de chômage exprimé en décimal.

l'estimation indique une élasticité de 4% qui n'est pas statistiquement très différente de notre estimation.

A long terme, une augmentation de la productivité permet une progression des salaires. L'élasticité des salaires par rapport à la productivité s'élève à 0,62 selon nos estimations, toutes choses égales par ailleurs. Notre estimation est assez proche de celle du CMC (2001) qui indique une élasticité de 0,68. Donc, l'indexation des salaires sur les gains de productivité n'est pas unitaire. Cela veut dire que l'entreprise dans le secteur industriel profite des gains de productivité et conserve le droit de gérer.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon