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L'aide personnalisée en école primaire: quelle utilité pour les élèves?

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par Lionel Mayorgas
Université Toulouse II le mirail - Master I sciences de l'éducation 2012
  

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CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE

I) Visions enseignantes sur une nouvelle circulaire

Mots clés : évolution, mise en oeuvre, méthodes, lois, débats, apprentissages

L'évolution des lois dans le domaine de l'enseignement du premier degré dans notre pays date de plusieurs décennies (grandes réformes : Lois Haby (1975), Savary (1984), Jospin (1989), Fillon (2005)), et donne des indicateurs quant à la tendance politique et éducative du moment. Ces lois sont proposées le plus souvent après un travail en commissions. Celles-ci sont demandées par la personne référente du ministère en réunissant des intervenants compétents. Par exemple, en ce qui concerne la "Loi Fillon", le socle commun de référence a été proposé par le haut conseil de l'Éducation (membres définis pas l'Article L. 230-1).

Ces réformes sont préparées et votées pour tenter de faciliter l'apprentissage des élèves souvent sans concertation préalable avec les professeurs. Cela peut donc représenter un problème car ils sont les acteurs de terrain qui interviennent auprès des élèves. Le corps enseignant se retrouve devant une série de mesures législatives, servant de justification à des tentatives d'amélioration de la qualité des acquisitions des connaissances des élèves (Schizzerotto & Barone, 2006).

Dernièrement, la circulaire relative à l'organisation du temps d'enseignement scolaire et de l'aide personnalisée dans le premier degré a été votée3. Cette aide personnalisée est conçue pour apporter aux élèves les plus en difficulté un soutien ponctuel ou à plus long terme sur des notions ou des contenus qu'ils n'ont pas entièrement acquis en classe.

En concernant les trois cycles d'apprentissages4 sa portée est grande et concerne tous les instituteurs. Sa nouveauté réside dans le fait qu'elle s'applique à tous les établissements publics et non pas seulement aux établissements de ZEP5, la "discrimination positive" n'est donc plus d'actualité.

Les enseignants vont devoir s'approprier cette circulaire pour l'adapter au contexte de leur
établissement. Le problème est qu'ils n'ont pas été formés pour cela. Des objectifs à mettre en

3 Circulaire N°2008-082 du 5 Juin 2008, parution dans le BO n°25 du 19 Juin 2008

4 Cycle 1 : Petite, Moyenne et Grande section de maternelle.

Cycle 2 : Grande section de maternelle, CP, CE1 (la grande section est à cheval sur les deux cycles). Cycle 3 : CE2, CM1, CM2

5 Zone d'Education Prioritaire

oeuvre vont être définis, ceux-ci correspondant à une interprétation de la circulaire qui sera amenée à résoudre des problèmes locaux propres à chaque établissement ou à chaque classe. Les équipes pédagogiques devront donc s'entendre sur les méthodes à utiliser. En effet, l'enseignant de l'élève participant au dispositif ne sera pas obligatoirement le même que celui qui va l'aider individuellement. Ce choix appartient naturellement à chaque école et nous verrons comment celles-ci s'approprient la circulaire (varier la taille des groupes, les jours de la semaine, les moments dans la journée, les professeurs...).

Ce dispositif nouveau suscite plusieurs interrogations quant aux pratiques enseignantes : les professeurs le sont-ils toujours ou bien deviennent-ils des enseignants "particuliers" ? Comment appliquer cette circulaire récente sur laquelle peu d'études se sont penchées ? Ce conflit serait-il générateur d'apprentissages ou bien plutôt un frein à ceux de l'élève ? Comment arriver à construire de nouvelles entrées pédagogiques pour les enfants ? Comment gérer les deux heures en moins pour le "groupe classe" ?

L'étude que nous allons mener va nous permettre d'appréhender au mieux les discours sur le métier d'enseignant grâce au témoignage des professeurs d'une école entière. Elle va s'attacher à mettre en exergue les conditions d'application de l'aide personnalisée chez chacun d'entre eux.

Nous tenterons de répondre, après avoir analysé l'organisation de l'aide personnalisée chez des enseignants et leur adhésion au BO à la question suivante : "en quoi cette réforme peutêtre utile aux élèves ?"

I.1) Revue des lois fondatrices du système scolaire actuel.

Cette revue des lois depuis plusieurs années, montre que le paysage du monde de l'enseignement a connu (et connaît encore) de nombreuses modifications. L'évolution des lois, est donc une des caractéristiques importantes dans le domaine de l'éducation, chaque gouvernement étant confronté à des problèmes récurrents ou naissant. Une obligation de résultats étant attendue de la part des parents, mais aussi des élèves ("être un bon élève"), la Loi dite "Jospin"6détermine pour la première fois un chiffrage de réussite. Le système éducatif doit amener 80 % d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat. C'est dans cette optique que la

6 Loi n° 89-486 du 10 juillet 1989 parue au JORF du 14 juillet 1989 page 8860

circulaire sur l'aide personnalisée trouve sa place : aider les élèves en difficulté, et ce, par une autre entrée didactique que celle utilisée en classe.

L'élève au "centre du système scolaire" va ainsi bénéficier dans sa scolarité de plusieurs changements pédagogiques que les professeurs devront appliquer. Cependant, il est bon de se demander selon quel point de vue est située cette transition. Au niveau des élèves ? Ou au niveau des enseignants ? Ceux-là doivent remettre en question leur style d'enseignement pour l'adapter à leur classe mais aussi à la loi. Nous allons voir qu'avec une multiplication des lois, il devient difficile de trouver une méthode efficace et généralisable.

I.1) 1. L'élève au coeur du dispositif.

Jules Ferry, de par les premières lois concernant le système scolaire va engager un changement dans les mentalités des français. "L'école", en devenant obligatoire (1882)7, est perçue comme une possibilité pour tous les élèves de recevoir le même enseignement. Le principe de gratuité s'appliquant également aux matériels scolaires, renforce le fait que l'Etat a décidé de former les générations futures. Toutes les classes socioprofessionnelles peuvent y avoir accès (1881)8.

Voyant que des apprentissages plus longs et complets seraient plus profitables, Jules Ferry instaure l'instruction obligatoire (et non l'enseignement obligatoire), ce qui veut dire que les parents qui le souhaitent peuvent faire la classe à leurs enfants ou engager un enseignant privé. Nous pouvons déjà extrapoler en parlant de certains élèves mieux encadrés. L'âge de sortie du système scolaire passe de 13 à 16 ans (18829). La loi "Haby" confirme cet âge minimum pour quitter le système scolaire (197510).

Cette Loi "Habby" va introduire la notion d'élèves en difficulté (Article 7). C'est la première fois que certains élèves sont ciblés et qu'ils vont être considérés comme en difficulté. La nécessité d'un repérage le plus précoce possible de ces enfants est ainsi introduite. Le problème étant qu'il n'y a aucune obligation de création d'école maternelle dans les communes (Article 3) ce qui aurait permis un meilleur repérage.

Déjà, des écarts peuvent apparaître entre les élèves bénéficiant des maternelles et ceux qui n'y
ont "pas droit". En effet, comme le préconise la "Loi Jospin", malheureusement postérieure,

7 loi du 28 mars 1882 parue au JO 29-03-1882 p. 1697-1699

8 Loi du 16 juin 1881 parue au Journal Officiel du 17 Juin 1881

9 Loi n° 11 696 du 28 Mars 1882 parue au JO le 29 Mars 1882

10 Article 1, Loi n°75-620 du 11 juillet 1975, parue au JORF du 12 juillet 1975 page 7180

un accueil en maternelle à partir de 3 ans (et de 2 ans pour les élèves des ZEP) permet aux élèves d'avoir de meilleurs résultats scolaires par la suite. Cet article 3 détaille les objectifs pédagogiques, et les compétences attendues d'un élève en fin d'école primaire. Ici l'élève est au coeur du système éducatif, les mesures lui sont dédiées.

La Loi dite Jospin11 structure les bases du système éducatif actuel avec l'organisation des compétences en trois cycles. Les 36 semaines de cours sont instaurées, il est tenu ici compte des rythmes chronobiologiques de l'enfant. La répartition des programmes est plus adaptée aux profils des élèves qui peuvent apprendre "à leur rythme" dans leur cycle d'enseignement. L'épée de Damoclès de la peur d'un redoublement annuel n'était pas productive et stressait les élèves. Ceci est donc révolu.

Ces cycles concernent les enseignants de 3 niveaux de classe, ils peuvent ainsi échanger les informations sur l'évolution des compétences acquises ou non par les élèves. Des programmes d'aide de toute sorte vont alors éclore sans véritable lien pour la majorité des enfants. Le RASED, amené à disparaître, est le seul dispositif plébiscité par les enseignants, pour une aide très spécialisée et individualisée avec des collègues formés spécifiquement.

Des efforts sont faits dans ce sens pour les élèves issus en particulier de quartiers prioritaires ou sensibles. Plus l'enfant est mis en relation avec les pairs et avec un milieu éducatif, plus il aura de facilités plus tard dans sa scolarité. Des ateliers en petits groupes de niveau sont très efficaces.

C'est l'époque où l'on donne plus aux établissements en difficulté. Plus d'argent. Plus de possibilités matérielles. Moins d'élèves dans les classes.

Cela n'a pas forcément été la solution.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius