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Dette extérieure, croissance économique et réduction de la pauvreté au Cameroun

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par Youssoufa Nasser
Université de N'gaoundéré Cameroun - Maà®trise  2010
  

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    I-CONTEXTE

    La dette est définit comme une obligation contractée à l'égard d'un tiers de payer une somme d'argent. On distingue les dettes à court terme (dont l'échéance se situe dans un delai inférieure à un an) et les dettes de long terme qui regroupent l'ensemble des emprunts de plus d'un an. Dans les pays en voie de développement (PVD) comme ailleurs, la mobilisation des ressources financières est une condition nécessaire de tout processus de développement. C'est dans ce cadre que, dès le lendemain de leur indépendance, les pays africains dans la perspective de parvenir à leur développement économique et social se sont rendu compte que les infrastructures d'équipements et de productions déjà en place étaient insuffisantes pour amorcer un quelconque décollage économique. L'écart entre le besoin d'investissement nécessaire et les ressources disponibles était énorme. C'est pourquoi, la plupart ont dû se baser sur un fort endettement qu'ils doivent désormais gérer, l'augmentation des besoins ayant très vite dépassée les capacités de financements. Le phénomène de l'endettement est une conséquence naturelle des activités économiques. Il vient du fait que certains pays ou institutions ont des excédants financiers et d'autres des besoins de financements. L'endettement permet donc à un pays d'investir des capitaux au-delà de ses propres disponibilités financières en empruntant des excédants de capitaux (Klein, 1994). La dette ainsi créée est supposée générer la croissance et le développement. Mais pour générer des ressources et pouvoir rembourser l'emprunt, ce dernier doit être utilisé de manière efficace et dans des secteurs productifs.

    Encouragés par un contexte favorable (croissance rapide et taux d'intérêt peu élevés), les pays en voie de développement ont été amenés à avoir recours à de nombreux emprunts auprès des institutions financières. La dette leur permettait de réaliser des taux de croissance élevés. Mais vers la fin des années 1970, l'environnement international a changé et n'était plus favorable en raison notamment de la chute des prix des matières premières (entraînant ainsi la baisse des recettes d'exportations), de la hausse des taux d'intérêt, de la fluctuation des taux de change et de la détérioration des termes de l'échange (Baîlo Diallo, 2007). Cependant, les pays en voie de développement ont continué à s'endetter sans pour autant changer leur politique intérieure en matière d'emprunt. Les capitaux empruntés servaient de moins en moins à financer les investissements, mais couvraient surtout les déficits de la balance courante et les déficits budgétaires. L'évolution de la dette de l'ensemble des PVD dans le temps montre donc que l'endettement a été causé davantage par des raisons qui émanent de facteurs purement financiers que par un vrai besoin de financement des transferts de l'investissement productif. La résultante est un ensemble d'augmentations successives du montant de la dette. La dette extérieure a donc pris de l'ampleur et le cercle vicieux de l'endettement s'est installé. C'est ainsi que la dette extérieure des Pays en voie de développement a été multipliée par 5 passant de 500 à 2 500 milliards de dollars entre 1980 et 2000. Quant à la dette africaine, elle a été multipliée par 3.4 passant de 60 à 206 milliards au cours de la même période (selon la banque mondiale)1(*).

    C'est dans cette mouvance générale que le Cameroun s'est retrouvé fortement endetté et contraint de se soumettre aux programmes des Institutions de Bretton Woods (IBW). En effet, ces dernières, suite à la crise de la dette des pays en développement (PED), vont intervenir dans ces pays via diverses sortes de programmes dont l'un des plus récents est l'initiative Pays pauvres très endettés (IPPTE) qui propose aux pays du sud un processus d'allègement de leur dette.

    Lancée en 1996 au Sommet du G7, à Lyon, sous l'égide de la Banque Mondiale (BM) et du

    Fonds Monétaire International (FMI), l'IPPTE vise à ramener la dette extérieure des pays pauvres très endettés à un niveau dit soutenable2(*).

    II-PROBLEMATIQUE

    A la fin de la deuxième décennie de l'endettement des pays en voie de développements nouvellement indépendant (1970-1980), la dette atteignaient 650 milliards de dollars, mais de bons taux de croissance dans plusieurs pays maintiennent l'illusion que la voie adoptée est la bonne c'est-à-dire celle d'emprunter davantage même si le contexte ne le permettait pas. De plus, la dette, inflation aidant, ne représente encore que 20 % du PNB. Dans le même temps pourtant, la croissance de la production agricole vivrière par habitant devient négative dans la plupart des pays les plus pauvres ; et le partage des richesses au sein des populations devient de plus en plus inégal. Pour les plus endettés (par rapport à leur production), la dette représente alors 160 % des exportations annuelles.

    La deuxième décennie est marquée par une rupture importante avec le choc pétrolier de 1973. Paradoxalement, alors que les pays industrialisés connaissent une récession à partir de 1974, seuls les pays du Tiers Monde semblent susceptibles de faire un bon usage des "pétrodollars", placés dans le système financier international. Aussi, malgré le choc pétrolier, l'endettement du Tiers Monde continue-t-il à croître. De plus, ces pays semblent d'autant plus solvables que le monde entier est sous le choc des prévisions données par le Club de Rome en 1972 concernant les pénuries prévisibles pour la plupart des matières premières minérales.

    Or, le Tiers Monde est avant tout fournisseur de matières premières.

    Vient alors la troisième décennie du développement, devant couvrir la période 1980-90. Les rapports entre les pays riches et les plus pauvres se sont tendus. Ces derniers, réunis pour partie dans « le groupe de 77 », plaident pour une plus grande ouverture des marchés mondiaux à leurs produits. Selon eux, le Sud devrait fournir 25 % de la production industrielle mondiale contre 10 % à la fin des années 1970. Une convention est signée début 1981. On y retrouve des volontés déjà maintes fois exprimées : il faut davantage de liquidités, davantage de croissance et davantage de commerce.

    C'est dans ce sillage que le Cameroun a vue sa dette croître depuis le début des années 1970, période de grands projets d'investissement au lendemain des indépendances. En effet, son encours total est passé de 260,3 millions de dollars EU en 1971 à 1 485 millions en 1980 et 2 674 millions de dollars en 1981, représentant ainsi environ 10 fois le volume des dettes de l'année 1971. L'encours total de la dette extérieure a continué de croître passant de 2 262 millions de dollars en 1985 à 4 592 millions en 1990 et 6 473 millions en 1992, soit un taux de progression d'environ 46 %. En 1999, la dette du Cameroun atteignait 7 091 millions de dollars EU3(*).

    Parallèlement, le service de la dette a connu une évolution fulgurante au cours des années 1990. Il est passé de 223,3 millions de dollars en 1992 à 421,8 millions de dollars en 1997, soit une augmentation d'environ 47,06 %. Cet accroissement s'explique notamment par le passage du pays sous ajustement structurel.

    En septembre 2000, le montant de la dette extérieure du Cameroun s'élevait à 7 802 millions de dollars EU en valeur nominale (soit 6 601 millions en valeur actualisée nette, VAN), dont 68,8% étaient dus aux créanciers du Club de Paris, 21,1% à des créanciers multilatéraux, 8,9% à des créanciers commerciaux privés et 1,3% à des créanciers bilatéraux non-membres du Club de Paris

    Au regard de ce fort taux d'endettement du Cameroun il convient de s'interroger sur l'impact de la dette extérieure sur la croissance économique et ses effets sur la réduction de la pauvreté au lendemain de l'atteinte du point d'achèvement(2006) de l'initiative pays pauvres très endettée(IPPTE) . Autrement dit, quel serait l'impact de la dette extérieure sur la réduction de la pauvreté à travers la croissance économique au lendemain de l'atteinte de l'IPPTE ?

    -Existe-t-il un seuil en dessous duquel la dette extérieure freinerait elle la croissance économique après le point d'achèvement de l'IPPTE par le Cameroun ?

    -Les effets de la dette sur la croissance économique suite aux programmes d'ajustement structurels(PAS) faciliterait elle ou compromettrait elle la réduction de la pauvreté au Cameroun ?

    III-OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

    Dans notre recherche, il sera question d'analyser l'impact de la dette extérieure sur la croissance économique et sur la réduction de la pauvreté au lendemain de l'atteinte du point d'achèvement de l'IPPTE par le Cameroun. C'est-à-dire d'évaluer si les fonds dégagés après l'atteinte de ce point permettraient-elles de réduire significativement la pauvreté et de stimuler la croissance économique au Cameroun.

    VI-INTERETS DE LA RECHERCHE

    Les études antérieures portant sur la dette du Cameroun n'ont présentées que des aspects liés à la relation entre la dette et la croissance ou sur la croissance et la réduction de la pauvreté. Rares ont portées sur le lendemain de l'IPPTE dont nous, nous tenons en compte dans le cadre de ce travail. Les difficultés auxquels nous faisons face sont liées premièrement aux manques de données disponibles et actualisées portant sur la dette et la croissance et la réduction de la pauvreté au lendemain de l'IPPTE du Cameroun et de l'absence d'instrument d'analyse. Deuxièmement la difficulté à laquelle nous faisons face est la partialité de notre travail dans ce cadre (mémoire mineur). Malgré ces limites nos résultats présentent un double avantage tant sur le plan théorique que pratique :

    -Sur le plan théorique : Ils permettent de compléter et d'améliorer la littérature existante et d'analyser puis d'évaluer l'impact de la dette extérieure sur la réduction de la pauvreté à travers la croissance économique et d'aider nos dirigeants à bien ajuster la dette extérieure et de bien utiliser la croissance économique comme instrument efficace de lutte contre la pauvreté au lendemain de l'IPPTE par le Cameroun.

    -Sur le plan pratique :Notre étude permet également de constituer des nouvelles pistes à explorer grâce aux résultats obtenus , de mettre l'accent sur un axe porteur, susceptible d'avoir un effet d'entraînement de la réduction de la dette extérieure sur l'accroissement des deux autres variables à savoir la croissance économique et la réduction de la pauvrété au Cameroun après l'IPPTE.

    V-BASES D'HYPOTHESES ET HYPOTHESES

    Patillo et al. (2002), étudient le fait qu'aurait le doublement de la dette sur la croissance et ont trouvé une réduction du PIB per capita pour plus de la moitié des points de pourcentage. En prenant comme base l'endettement extérieur moyen des PPTE en 2000 (300% des exportations et 80% du PIB), ils étudient l'effet qu'aurait une réduction de la dette de moitié des PPTE et trouvent une augmentation du taux de croissance du PIB par tête d'un point de pourcentage. Néanmoins une limite apparaît dans cette analyse, celle-ci est due au fait que son raisonnement est appliqué aux PPTE mais basé sur un échantillon incluant de non-PPTE. Mais Ils confirment la thèse du surendettement selon laquelle au delà de 160-170% du ratio de la dette sur les exportations et 35-40% de la dette sur le PIB en valeur nominale, la dette rend négative la croissance.

    Selon Rina B., Benedict C. (2004) Le lourd service de la dette absorbe des fonds qui pourraient être affectés aux dépenses essentielles anti pauvreté et détourne des ressources de l'investissement public.

    Idlemounden et Raffinot (2005), pensent que la dette extérieure constitue un fardeau pour les économies surtout celles en developpement. Ils montrent que le paiement du service de la dette tend à évincer les dépenses publiques menant une baisse de l'investissement global et son poids futur décrit par l'encours de la dette. Celle-ci influerait sur les incitations des agents économiques à travers l'accroissement de la pression fiscale. Ensuite, cet effet ne va se manifester qu'à partir d'un certain niveau justifiant ainsi l'annulation partielle lorsque le seuil est dépassé.

    De ce qui précède nous pouvons formuler l'hypothèse suivante :

    H1- la dette extérieure lourde influence négativement la croissance dans les PPTE et compromet la réduction de la pauvreté.

    L'évolution de l'économie mondiale au cours des dernières décennies nous amène à un constat paradoxal : en dépit d'une accumulation de richesse sans précédent, certaines régions demeurent ancrées dans des états de privations en tous genres. Ce paradoxe a conduit les économistes à accorder à la question des inégalités une place centrale dans l'étude de la relation entre croissance économique et pauvreté.

    Ainsi, En utilisant les donnés de Deininger et Squire (1996), Dollar et Kraay (2000), à partir d'un panel de 80 pays et des données couvrant 4 décennies qui correspondent à 236 épisodes analysent la relation entre l'évolution du revenu du quintile le plus pauvre de la population et l'évolution du PIB par tête. Ces auteurs dégagent une élasticité4(*) du revenu moyen des 20% des individus les plus pauvres de la population par rapport au revenu moyen égale à une unité. Cette élasticité donne une idée de la contribution de la croissance à la pauvreté. Les résultats montrent bien que la croissance pourrait bien réduire la pauvreté absolue.

    De même, Deininger et Squire (1996) avaient examiné l'effet de la croissance économique sur la pauvreté en utilisant le revenu des deux premiers quintiles pauvres de la population, ils avaient remarqué que la croissance économique était fortement corrélée avec les variations du revenu des deux premiers quintiles pauvres de la population de sorte que l'évolution du revenu respectif au premier quintile suivait l'évolution de la croissance dans 85% des 95 cas.

    De ce qui précède nous pouvons formuler l'hypothèse suivante :

    H2-Une forte croissance économique favorise la réduction de la pauvreté.

    VI- DEMARCHE METHODOLOGIQUE

    Afin que les résultats de la présente recherche soit pertinents et crédibles, nous opterons pour une démarche scientifique en l'occurrence, celle de type hypothético-déductive. Démarche qui consiste à construire à partir de la littérature existante, des réponses théoriques sur le phénomène étudié et de les confronter à la réalité après une recherche empirique. Les données de nature secondaires que nous utilisons proviennent des sources aussi fiables que celles du fonds monétaire international, de la banque mondiale, de l'institut national de statistique du Cameroun (INS), des différentes publications de la BEAC. La raison qui milite en faveur de ce choix est tout simplement le fait que la dette extérieure, influence parfois négativement la croissance économique et la réduction de la pauvreté. Cette étude empirique ne peut être faite qu'ultérieurement d'autant plus que le mémoire mineur est uniquement constitué de la partie théorique.

    VII-PLAN DE REDACTION

    Pour la présentation de ce travail, nous allons adopter un plan en deux parties : La première va porter sur l'analyse conceptuelle de la dette et de la croissance économique, dans laquelle on va trouver le chapitre premier : la notion de la dette extérieure. Le chapitre deuxième quand à lui portera sur la croissance économique et en fin une deuxième partie intitulée : L'analyse conceptuelle de la pauvreté et dans laquelle on y trouve le troisième chapitre : les indicateurs de mesures de la pauvreté. Et un dernier chapitre : l'impact de la dette extérieure sur la croissance économique et la réduction de la pauvreté.

    La plupart des travaux réalisés sur l'éventuel lien entre la dette extérieure et la croissance économique dans les pays en voie de développements est unanime qu'une dette extérieure lourde ralentit la croissance économique et est à l'origine des nombreux maux dont souffrent nos pays parmi lesquels la pauvreté. Ceci contribue à ralentir le développement des pays concernés.

    Au lendemain des indépendances, les gouvernements des pays anciennement colonisés se sont massivement tournés vers le marché des capitaux pour emprunter des ressources additionnelles nécessaires au financement des grands travaux d'investissement en cours. Ceux ci partaient notamment de l'assurance que les prix du pétrole et des autres produits de base allaient se maintenir à un niveau soutenable sur une longue période. Le marché des capitaux était alors submergé par les eurodollars que les banques occidentales prêtaient massivement.

    Mais au début des années 1980, vont se produire une série de chocs extérieurs défavorables

    (Hausse des taux d'intérêt, baisse de prix et de la demande des exportations des produits de base, hausse des prix à l'importation, resserrement du crédit extérieur et chute du cours du dollar américain) qui vont durement affecter les pays en développement (PED) et contribuer à l'émergence de leur crise d'endettement.

    Il sera question dans cette première partie de mieux appréhender les contours de la notion de la dette extérieure et ses origines puis celle de la croissance économique. Ce n'est qu'en deuxième partie que mettrons le point sur l'analyse conceptuelle de pauvreté et de l'éventuel lien entre la dette extérieure et la croissance économique et de la réduction de la pauvreté.

    Tout au long de ce chapitre il sera question définir d'abord la dette extérieure et de présenter l'origine de celle-ci dans les pays du tiers en monde en général et celui du Cameroun en particulier et puis l'on analysera quelques concepts assimilés à cette dernière :

    Section I : Dette extérieure

    Dans cette première section il sera question tout  d'abord de présenter l'Origine de la dette extérieure ou Genèses de la dette extérieure du tiers monde puis de donner la Définition de la dette extérieure.

    I-Origine de la dette extérieure ou Genèses de la dette extérieure du tiers monde.

    Pour Damien Millet (1999), la dette du tiers monde est considérée comme une catastrophe pour l'humanité, maintenant les contrées entières dans l'extrême pauvreté possédant portant d'énormes richesses naturelles et humaines importantes.

    L'on tentera de donner les effets ayant entrainés l'endettement des pays pauvres en général et ceux du Cameroun en particulier, Ces effets seront présentés en différents points. Il convient de noter que certains pays naissent endettés, Par exemple les dettes hérités du Congo belge avant les indépendances, Ou de Haïti obligé de payer une caution à la France pour obtenir son indépendance.

    -Le contexte des années 1960-1970 : Après la seconde guerre mondiale, les Etats -Unis ont instauré le plan Marshall pour la reconstruction de l'Europe ruinée par la guerre. Ils ont massivement investit dans l'économie Européenne pour l'aider à se remettre et subitement ces pays (Européens) sont devenus des partenaires commerciaux privilégiés.

    De plus en plus des dollars (monnaie de références) circulent à travers le monde, et les autorités Américaines tentent de freiner les demandes de conversion de dollars en or, pour ne pas assécher leurs coffres-forts car elles détenaient à elles seules 3/4 du stock d'or mondial à l'époque. Elles encouragent alors des investissements des entreprises Américaines à l'étranger, pour éviter le retour de dollars en excès et une flambée de l'inflation chez eux. Voilà pourquoi dans les années 1960 les banques occidentales regorgent de dollars (les eurodollars) pour lesquels elles sont en recherche de débouchés et d'investissements. Elles les prêtent alors aux pays du sud qui cherchent à financer leur développement, notamment les pays Africains nouvellement indépendants et les pays d'Asie et d'Amérique latine.

    A partir de 1973, le choc pétrolier apporte des revenus confortables aux pays producteurs de pétrole qui les placent dans les banques Occidentales : ce sont des pétrodollars. Là aussi les banques les proposent aux pays du sud, à des taux faibles, pour les inciter à emprunter. Tous ces prêts provenant des banques privées constituent la dette privée des PED.

    S'ajoutent à cela dans les Etats du Nord où à partir du choc pétrolier, la crise s'est installée. Les marchandises des produites dans le Nord ont du mal à trouver les preneurs à cause de la récession et le début du chômage massif. Ces pays riches décident de distribuer pouvoir d'achat au Sud, à fin de les inciter à acheter les marchandises du Nord, d'où les prêts d'Etat à Etat, souvent sous forme de crédits à l'exportation, (par exemple En gros je te prête 10 millions à bas taux, à condition que tu achètes chez moi les marchandises de 10 millions...) C'est la partie bilatérale de la dette extérieure des PED qui entrent en jeu.

    Le troisième acteur de cet endettement est la banque mondiale qui dès sa naissance était taillée à la merci des Etats Unis car ceux-ci était en pôle position, et possédaient environ 17 des droits de vote, alors que le groupe formé par 24 pays d'Afrique du Subsaharienne ne disposaient que de 2%. A partir de 1968, son président Robert McNamara ancien ministre de la défense Américaine. Par l'intermédiaire de la banque mondiale va agir pour contrecarrer l'influence soviétique et les différentes tentatives nationalistes et va placer son combat sur le plan financier en accordant des prêts à certains dictateurs à travers le monde notamment avec Mobutu du zaïre, Suharto en Indonésie... et les dictateurs haïtiens, brésiliens, argentins... dont les populations seront obligées de rembourser lesdites dettes. Connu sous le nom de dettes odieuses. La banque mondiale incite les pays pauvres à emprunter dans l'espoir de financer la modernisation de leur exportation et de se connecter davantage au marché mondial l'on parle de la partie multilatérale de la dette des PED

    - Le début de la crise de la dette, Dès la fin des années 1979, pour sortir de la crise qui les frappe, lutter contre une inflation importante et affirmer leur leadership sur le plan international. Paul Volker directeur de la FED de l'époque décide une forte augmentation du taux d'intérêts Américains dans le but d'attirer des capitaux et ainsi relancer l'économie Américaine plusieurs opérateurs économiques sont donc forcement inciter à investir aux Etats-Unis. Ce qui eut des conséquences fâcheuses sur la dette du tiers-monde : C'est que les taux d'emprunts accordés aux Etats du Sud étaient faibles, mais variable par rapport au taux américains, De l'ordre de 4-5% dans les 1970, ils passent à 16-18% au plus fort de la crise. Par conséquent, du jour au lendemain, le Sud doit rembourser trois fois plus d'intérêts. De surcroit les pays du Sud sont confrontés à des changements brutaux : baisse du cours de matières premières qu'ils exportent. La grande majorité des prêts a été contractée en dollars, or, au cours de ces années 1970 les pays débiteurs doivent donc se procurer de devises pour rembourser leurs créanciers. Ils tentent alors d`exporter encore plus (du Cacao, café, coton, sucre, arachides, minerais, pétrole...) pour récupérer d'avantage de devises, ce qui fait encore baisser les cours, vu l'absence de demande supplémentaires des pays du Nord. Le sud se retrouve donc pris par l'étau de la dette sans bien sûr pouvoir faire face à ses échéances. C'est la crise de la dette. L'une des solutions proposées par le FMI fut le programme d'ajustements structurels.

    -Mise en place des programmes d'ajustement structurel, Cette crise de la dette est intervenue à la période où elle était le moins attendu. Les institutions censées réguler le système et prévenir des crises n'ont rien vu venir. Dès qu'un pays était contraint de stopper ses remboursements, Le FMI apparaissait alors comme la seule issue de sortit pour ce pays qui doit emprunter. Il accepte de prêter l'argent nécessaire aux taux d'intérêt élevés, à des conditions qu'il impose et par une politique économique de l'Etat endetté décidée par ses experts.

    -L'utilisation des sommes empruntées par les PVD, Les emprunts massifs contractées par les dirigeants des pays du Sud n'ont pourtant que très peu aux populations concernées. La majeure partie fut décidée par des régimes dictatoriaux, alliées stratégiques de grandes puissances du Nord. Une partie importante des sommes empruntées a été détournée par des régimes corrompus, par exemple, la fortune de Mobutu s'élevait à 2/3 de la dette extérieure de son pays après 30 ans de règne. Ou en Haïti avec la famille des Duvalier (père et fils) après 30 ans de règne alors que la dette de son pays s'élevait à 750 millions de dollars, le fils s'est enfuit avec 900 millions de dollars... Parfois les crédits empruntés sont allés dans les mégaprojets, énergétiques ou infrastructures très souvent inadaptés que l'on a surnommé « éléphant blanc » c'est-à-dire des projets ayant coûtés d'importantes sommes d'argent et ayant des résultats insignifiants.

    -Crises de la dette proprement dite : Dans les années 90, dans leur très grande majorité, les PVD sont tombés sous la coupe du FMI. Malgré tout, la dette continuait à s'alourdir l'ouverture totale des pays du tiers monde aux capitaux étrangers imposés et les mesures libérales imposées également ont attiré des capitaux très volatils surtout dès les premiers signes de fragilités économiques. Ces nouveaux prêts sont justes là pour permettre l'Etat en crise de rembourser ses créanciers du Nord. D'où l'origine de l'alourdissement de la dette extérieure des pays du tiers monde.

    II-Définition de la dette extérieure.

    Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.

    Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.

    Dette bilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque Africaine de Développement, et à d'autres institutions multilatérales comme le Fonds Européen de Développement.

    Dette amortissable : dette remboursable à terme fixe ou par annuités, elle comprend notamment les emprunts à long terme et les emprunts obligatoires de plus de dix ans.

    Dette consolidée : Dettes de l'Etat anciennement constituées de titres à court terme (et donc faisant peser les risques de remboursements massifs sur le trésor) et transformées en emprunts à long terme. Cette consolidation de dettes peut être obligatoire et forcée en obligeant par exemple les intermédiaires financiers à conserver constamment un certain volume de titres à court terme en convenant d'une nouvelle échéance.

    Dette flottante : Totalité des dettes à court terme de l'Etat dont les créanciers peuvent demander le remboursement sans préavis (bon du trésor ou certificats de dépôts).

    Dette perpétuelle : Ensemble de dettes dont l'Etat n'est pas tenu de rembourser le capital, ses charges sont ici limitées au paiement des intérêts.

    Dette viagère : Ensembles des retraites des fonctionnaires et des pensions (anciens combattants, victime de guerres...) Elle ne peut figurer dans la dette publique car le nombre d'annuités de versement est incertain.

    Dette extérieure : L'endettement extérieur d'un pays est une transaction économique naturelle, qui permet aux agents économiques nationaux et étrangers de procéder à des arbitrages inter temporels mutuellement avantageux, qu'ils n'auraient pas pu réaliser dans une économie fermée.

    Dette odieuse : Selon Alexander Sack, théoricien de cette doctrine, « Si un pouvoir despotique contracte une dette non pas selon les besoins et les intérêts de l'Etat, mais pour fortifier son régime despotique, pour réprimer la population qui le combat, cette dette est odieuse pour la population de l'Etat entier. Cette dette n'est pas obligatoire pour la nation : c'est une dette de régime, dette personnelle du pouvoir qui l'a contractée ; par conséquent, elle tombe avec la chute de ce pouvoir » (Sack, 1927)5(*)

    Section II : Quelques concepts assimilés à la dette extérieure

    Tout au long de cette section il sera question de définir quelques concepts assimilés à la dette ainsi que les différentes formes qu'elle peut prendre ou renvoyant parfois au traitement de la dette extérieure.

    Aide publique au développement (APD) : Ce sont des dons ou les prêts consentis à des conditions financières privilégiées accordés par des organismes publics de pays industrialisés. Il suffit donc qu'un prêt soit consenti à un taux inférieur à celui du marché (prêt concessionnel) pour qu'il soit considéré comme une aide, même s'il est ensuite remboursé jusqu'au dernier centime par le pays bénéficiaire. Les prêts bilatéraux liés et les annulations de dette font aussi partie de l'APD. Outre l'aide alimentaire, on peut distinguer trois grands types d'utilisation des fonds ainsi dégagés : le développement rural, les infrastructures, l'aide hors projet (financement des déficits budgétaires ou de la balance des paiements). C'est ce dernier poste qui augmente le plus. Cette aide est " conditionnée " par la réduction du déficit public, la privatisation, la bonne conduite écologique, l'attention aux plus pauvres, la démocratisation, etc. Toutes ces conditions sont définies par les principaux gouvernements du Nord et le couple Banque mondiale/FMI. Cette aide passe par trois canaux : l'aide multilatérale, l'aide bilatérale et les ONG.

    Club de Londres : Ce Club réunit les banques privées qui détiennent des créances sur les États et les entreprises des PED. Dans les années 1970, les banques de dépôt étaient devenues la principale source de crédits des pays en difficulté. Dès la fin de la décennie, ces dernières al louaient déjà plus de 50 % du total des crédits accordés, tous prêteurs confondus. Lorsque la crise de la dette éclate en 1982, le Club de Londres se tourna vers le FMI pour trouver un soutien. Aujourd'hui ces groupes de banques de dépôt se rencontrent pour coordonner le rééchelonnement de la dette des pays emprunteurs. Les commissions consultatives, formées dans les années 1980, ont toujours conseillé aux pays débiteurs d'adopter immédiatement une politique de stabilisation et de demander le soutien du FMI, avant de solliciter un rééchelonnement ou de l'argent frais auprès des banques de dépôt.

    Club de Paris : Créé en 1956, il s'agit du groupement d'Etats créanciers spécialisés dans la normalisation des défauts de paiement des PED. Les Etats membres du Club de Paris ont rééchelonné la dette de près de 80 pays en développement. Les membres du Club de Paris détiennent près de 30% du stock de la dette du Tiers Monde. Le FMI joue un rôle clé dans la stratégie de la dette mise en oeuvre par le Club de Paris qui s'en remet à son expertise et son jugement macro-économiques pour mettre en pratique l'un des principes essentiels du Club de Paris : la conditionnalité. Réciproquement, l'action du Club de Paris préserve le statut de créancier privilégié du FMI et la conduite de ses stratégies d'ajustement dans les pays en voie de développement.

    Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) : document mise en oeuvre par la Banque mondiale et le FMI à partir de 1999, le DSRP, officiellement destiné à combattre la pauvreté, est en fait la poursuite et l'approfondissement de la politique d'ajustement structurel en cherchant à obtenir une légitimation de celle-ci par l'assentiment des acteurs sociaux. Parfois appelés Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP).

    Eurodollars : Le marché des eurodollars trouve son origine anecdotique dans le souci des autorités soviétiques, dans le contexte de guerre froide des années cinquante, de faire fructifier leurs réserves en dollars sans avoir à les placer sur le marché financier américain. C'est toutefois l'ampleur des sorties de capitaux américains qui constitue la cause structurelle de l'essor spectaculaire de ce marché dans la seconde partie des années soixante. Pour freiner ces sorties de capitaux, les autorités américaines ont introduit en 1963 une taxe sur les emprunts des non-résidents. Celle-ci a eu pour effet de déplacer la demande de financements en dollars du marché américain vers les euromarchés, où les filiales des banques américaines pouvaient opérer en toute liberté. Echappant à tout contrôle étatique, non contraintes de constituer des ré serves obligatoires, les eurobanques peuvent offrir des rémunérations élevées à leurs déposants et des taux compétitifs à leurs clients sans pour autant réduire leurs marges bénéficiaires.

    Facilité d'Ajustement Structurel (FAS) - et Facilité d'Ajustement Structurel Renforcé (FASR) : Les FAS sont des facilités de crédits octroyées par le FMI, qui mettent l'accent sur la croissance, la lutte contre la pauvreté, les réformes structurelles et un financement extérieur adapté sur une période de trois ans. Les pays qui peuvent y avoir accès doivent être très pauvres.
    Les FASR, qui ont pris le relais, comportent des prêts d'un montant plus élevé mais exigent des efforts importants dans le domaine structurel et font l'objet d'une conditionnalité rigoureuse : un programme d'ajustement structurel à moyen terme (trois ans). Pour pouvoir en bénéficier, un pays doit présenter un document-cadre de politique économique (DCPE) définissant son programme d'ajustement structurel. La FASR est financée par plus de 40 Etats-membres du FMI, dont la moitié environ est des pays en développement. Ces Facilités d'ajustement ont été rebaptisées 'Facilités pour la réduction de la pauvreté et la croissance en septembre 1999 (D'après Lenain, 1993, p. 99).

    Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance (FRPC) : Facilité de crédit du FMI avalisée en 1999, en remplacement de la FASR, qui concerne 81 pays à faible revenu (dont le revenu par habitant en 2002 est inférieur à 875 dollars). La nouveauté par rapport à la FASR consiste en l'apparition de la notion de lutte contre la pauvreté, dans une stratégie économique globale toujours axée sur la croissance. Les autorités nationales sont alors chargées de rédiger un vaste document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP). En cas d'éligibilité, le pays peut emprunter, dans le cadre d'un accord de 3 ans, un montant variable suivant ses difficultés de balance des transactions courantes et son passé envers le FMI, en général dans la limite de 140 % de sa quote-part au FMI. Le taux annuel est de 0,5 %, sur une durée de 10 ans, avec une période de grâce de 5 ans et demi.

    G7 : Groupe réunissant les pays les plus puissants de la planète : Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon. Leurs chefs d'Etat se réunissent chaque année généralement fin juin, début juillet. Le G7 s'est réuni la première fois en 1975 à l'initiative du président français, Valéry Giscard d'Estaing.

    Investissements directs à l'étranger : Les investissements étrangers peuvent s'effectuer sous forme d'investissements directs ou sous forme d'investissements de portefeuille. on considère qu'un investissement étranger est un investissement direct si l'investisseur étranger possède 10% ou plus des actions ordinaires ou de droits de vote dans une entreprise. En revanche, un investissement étranger qui est inférieur à 10% sera comptabilisé comme un investissement de portefeuille. Les investissements en portefeuille désignent l'ensemble des dépôts bancaires et des placements financiers sous forme de titres publics ou privés. Les flux d'investissement directs, quelle que soit leur destination, représentent la somme des éléments suivants :

    - apports nets en capital accordés par l'investisseur direct sous forme d'achat d'actions ou de parts, d'augmentation de capital ou créations d'entreprise ;

    - prêts nets, y compris les prêts à court terme et avances consenties par la maison mère à sa filiale ;

    - bénéfices non distribués (réinvestis).

    Rééchelonnement de dette : Modification des termes d'une dette, par exemple en modifiant les échéances ou en reportant les paiements du principal et/ou des intérêts. Le but est en général de donner un peu d'oxygène à un pays en difficultés en allongeant la période des remboursements pour en diminuer le montant ou en accordant une période de grâce où les remboursements n'ont pas lieu.

    Service de la dette : Somme des intérêts et de l'amortissement du capital emprunté.

    Stock de la dette : Montant total des dettes.

    Valeur actuelle nette : représente la valeur de la dette extérieure d'un pays donné en terme nominal.

    Section III : Conditions financières et soutenabilité de la dette extérieure

    Au cours de cette section, il sera question pour nous de déterminer d'abord : Les conditions financières de la dette extérieure, puis nous mettrons le point sur la soutenabilité de la dette extérieure.

    I- Les conditions financières de la dette extérieure

    Les conditions financières des emprunts contractés pour un pays en développement jouent un rôle majeur dans la problématique de l'endettement. En théorie, la solvabilité se définit comme la capacité de l'Etat à assurer dans le temps le service de la dette sans emprunt supplémentaire. Le remboursement de la dette est analysé comme le résultat d'une volonté de payer le montant de la dette correspondant à la maximisation de son intérêt par le débiteur, en l'absence de toute possibilité de saisie de garantie par le créancier.

    Les conditions financières des emprunts extérieurs agissent sur le niveau et l'évolution du service de la dette, donc sur le ratio du service de la dette et partant, sur celui des transferts nets. Cet effet s'exerce principalement par l'intermédiaire des taux d'intérêts d'une part, par le biais de la maturité des prêts et des différés de remboursement d'autre part. Les financements obtenus par les PED comportent souvent un élément don, et plus ce dernier est important, plus il est possible d'emprunter sans mettre en danger la viabilité de la situation budgétaire. C'est ce qui est souvent appelé la concessionnalité. Elle revient à réduire le taux d'intérêt effectif.

    Les dons de l'étranger constituent la forme externe de financement concessionnel, bien qu'ils soient considérés comme des recettes. Le recours au financement extérieur à des conditions non concessionnelles entraîne un gonflement de la dette, dont il faut assurer le service et à terme, le remboursement. Il expose davantage l'économie aux variations du taux de change sur apprécié, ce qui est défavorable à l'exportation et encourage l'importation.

    II- La soutenabilité de la dette extérieure

    La plupart des travaux des institutions internationales privilégient le déficit de la balance des paiements comme cause principale de l'endettement. Ceci conduit à mettre l'accent sur la soutenabilité de l'endettement extérieur. Néanmoins, la capacité de gérer convenablement la dette extérieure reste tributaire d'un côté de la crédibilité du pays, qui est fonction de l'évolution du taux d'endettement, et d'un autre côté de sa solvabilité qui dépend de l'évolution des rapports du service de la dette aux exportations de biens et services.

    La soutenabilité de la dette désigne l'aptitude du pays débiteur à satisfaire entièrement à ses obligations extérieures actuelles et futures sans devoir recourir au rééchelonnement ou à l'accumulation d'arriérés. Comme la vulnérabilité d'un pays augmente en fonction de sa dette extérieure, on juge prudent de chercher à limiter le fardeau de cette dette. La méthode typiquement utilisée pour le calcul de la viabilité de la dette consiste à choisir un horizon temporel sur lequel on peut projeter les variables macroéconomiques du pays débiteur. Ces projections, couplées aux estimations de la valeur future des variables exogènes, servent ensuite à établir les comptes de la balance des paiements du pays. Pour que la dette extérieure puisse être jugée viable, les pays en question doivent satisfaire à deux conditions :

    -Premièrement, pendant la période de projection, l'équilibre de la balance des paiements doit être atteint sans l'aide de financements exceptionnels ;

    - Deuxièmement, le niveau d'endettement en fin de période doit être assez faible pour rendre peu probable tout problème éventuel de service de la dette. Ainsi, ni les taux d'intérêt ni le taux de croissance de la dette extérieure ne devraient dépasser d'une manière persistante le taux de croissance des exportations ou du revenu.

    L'évaluation de la seconde condition de la soutenabilité de la dette exige habituellement de recourir à certains indicateurs du fardeau de la dette. Selon la méthode classique, le fardeau de la dette est assimilé au rapport entre l'encours de la dette et un paramètre des ressources disponibles par exemple, les exportations de biens et services ou le PIB (ou le PNB). Toutefois, de tels paramètres ne tiennent pas compte de l'impact de l'allégement de la dette ni d'une baisse des taux d'intérêt sur le coût du service de la dette. La valeur actuelle des obligations futures au titre du service de la dette devrait en théorie être comparée à la valeur actuelle des recettes futures d'exportation. Cette méthode exige qu'on dispose d'une certaine quantité d'informations, et peut être sensible au taux d'escompte utilisé pour calculer la valeur actuelle. En pratique, trois ratios sont couramment utilisés pour l'analyse du fardeau de la dette :

    ·le ratio des paiements prévus au titre du service de la dette sur la valeur des exportations de biens et services ou ratio du service de la dette qui mesure l'impact des obligations au titre du service de la dette sur les flux de trésorerie en devises;

    ·le ratio des paiements d'intérêts prévus (ou réels) sur la valeur des exportations de biens et services, qui mesure le coût actuel de l'encours de la dette ;

    ·l'encours total de la dette par rapport au PIB (ou à la valeur des exportations de biens et services) qui reflète la soutenabilité à long terme du fardeau de la dette.

    En règle générale, les ratios de la valeur actualisée nette (VAN) du service de la dette totale sur le PIB et sur la valeur totale des exportations servent à évaluer deux aspects importants de la capacité potentielle d'un pays à assurer le service de sa dette : les exportations (parce qu'elles procurent les devises nécessaires à cette fin) et le PIB (puisqu'il s'agit de la mesure la plus large de la génération de revenus dans une économie). Ces indicateurs sont habituellement fondés sur la notion de valeur actualisée plutôt que sur la valeur du service de la dette prévu pour tenir compte de la variation des conditions de crédit.

    Il est rarement possible, même après coup, de mesurer le facteur qui autoriserait une prédiction exacte des niveaux appropriés de ces ratios. Les indicateurs ont pour intérêt principal de signaler les situations où les problèmes de service de la dette deviennent plus probables. Les pays utilisent ces indicateurs en guise de signal d'avertissement empirique le point à partir duquel l'un ou l'autre de ces ratios dépasse une valeur critique : 80% dans le cas du ratio de la valeur actualisée du service de la dette sur le PIB, et 200-250% pour le ratio de cette valeur actualisée sur la valeur des exportations, avec un ratio correspondant du service de la dette sur les exportations supérieur à 25%. Dans de telles circonstances, un pays est jugé gravement endetté. Si aucune des valeurs critiques n'est dépassée, mais que l'un ou l'autre des ratios atteint 60% ou plus de la valeur critique, le pays sera jugé modérément endetté. Si les deux ratios sont inférieurs à 60% de la valeur critique, le pays sera jugé moins endetté. Ces chiffres sont fondés sur une analyse empirique de l'expérience des pays en développement et de leur performance en matière de service de la dette avec le temps. Le choix de ces ratios se répercute sur les déficits soutenables (souhaitables) des transactions courantes.

    La dette publique est soutenable lorsque l'Etat arrive à plus ou moins long terme à rembourser les dettes sans recourir au schéma de Ponzi (les générations d'après paient les dettes pour les générations d'avant).

    En temps discret l'équation d'évolution de la dette peut s'écrire6(*) : Bt+1 = (1+i) Bt +Dt

    B = dette, i = rendement du Bon de trésor et D = déficit public (hors paiement d'intérêt).

    Dt = Gt - Tt - At ;

    Gt = dépenses publiques, Tt = taxes, At = transfert publics (Aide publique au développement...).

    Un des indicateurs de la soutenabilité de la dette est le ratio de la dette sur le niveau du PIB : bt = Bt / Yt

    Soit nt le taux de croissance du PIB : bt = (1+i) bt-1 / (1+n) + dt

    d est le ratio du déficit primaire au PIB.

    Si on suppose un ratio constant de la dette sur le PIB comme objectif ou un chemin d'évolution stationnaire de l'économie :

    b (g-r) = b (n-i) = d; Où g = taux de croissance réelle, r = taux d'intérêt réel, n = taux de croissance nominale et i = taux d'intérêt nominal.

    Tout au long de ce chapitre il était question d'appréhender le concept de la dette extérieure, l'origine de la dette extérieure ou la Genèse de la dette extérieure du tiers monde ; De définir la dette extérieure, à travers quelques concepts assimilés à cette dette extérieure et en fin de déterminer les conditions financières de la dette extérieure et celle de sa soutenabilité.

    Tout au long de ce chapitre il sera d'abord question de définir la croissance économique, et puis l'on mettra le point sur les différentes théories de la croissance économique.

    Section I : la croissance économique

    La croissance économique est définit comme l'accroissement durable de la production globale dans l'économie. C'est donc un phénomène quantitatif que l'on peut mesurer. C'est aussi un phénomène de longue période. En effet une augmentation brutale et sans lendemain de la production nationale ne correspond pas à la croissance économique. Il ne faut pas confondre croissance et expansion qui quant à elle caractérise une augmentation de la production sur une courte période.

    I-Contextualisation de la croissance en Afrique subsaharienne et au Cameroun

    1-En Afrique

    Les pays d'Afrique subsaharienne sont en effet de plus en plus nombreux à renouer avec le progrès économique grâce à la mise en oeuvre de politiques économiques et de réformes structurelles plus efficaces. Ils ont réussi à réduire les déséquilibres financiers intérieurs et extérieurs et à accroître ainsi leur efficience économique. Ils ont en outre accordé une attention plus grande aux dépenses publiques en faveur de la santé, de l'éducation et d'autres services sociaux fondamentaux.

    La situation économique et sociale de ces pays reste cependant fragile et vulnérable aux chocs endogènes et exogènes ; il leur faudra encore beaucoup de temps et d'efforts pour regagner le terrain perdu au cours des deux dernières décennies. En dépit d'une certaine amélioration de la croissance économique, la pauvreté reste très répandue, et certaines régions du continent connaissent encore une misère extrême. L'investissement reste peu actif, ce qui limite la portée des efforts de diversification des structures économiques et de stimulation de la croissance. De plus, certains des pays de la région sortent à peine de guerres civiles qui ont gravement hypothéqué leur développement économique, et de nouveaux conflits armés surgissent malheureusement ailleurs sur le continent. Ces conflits et d'autres facteurs négatifs, notamment les intempéries et la détérioration des termes de l'échange, ont fait obstacle aux efforts de développement économique au cours des deux dernières années.1

    Les pays d'Afrique subsaharienne sont donc confrontés à des défis de taille : il leur faut rehausser leur croissance et faire reculer la pauvreté afin de réussir leur intégration dans l'économie mondiale. Les taux de croissance économique de ces pays sont toujours trop bas pour leur permettre de lutter efficacement contre la pauvreté endémique et de rejoindre les rangs des autres pays en développement. Ils ont besoin d'une augmentation substantielle et soutenue du taux de croissance du PIB réel par habitant, accompagnée d'une amélioration sensible des conditions sociales.

    2-Au Cameroun

    Le Cameroun comme la plupart des PVD dispose d'énormes ressources naturelles (agricoles, forestières, minière et pétrolière...). Son PIB en 2009 représentait environ 42.750 Mds de $ au total (pour : 3.923 Mds de budget de l'État en 2009 et par habitant 2300 $ en PPA), Le taux de croissance du PIB, en 2008 était de 3.9%7(*).

    La dette publique constitue 14.3% du PIB (est. 2009), ce qui lui confère le 116e rang mondial8(*).

    La dette extérieure est de 2.929 milliards $ (est.2009). Rang mondial = 1239(*). De 1965 à 1985, le Cameroun a connu une croissance soutenue (plus de 15% par an en moyenne), portée par les prix des matières premières, et a longtemps été parmi les pays les plus prospères du continent africain. La situation économique s'est ensuite fortement dégradée jusqu'à la dévaluation du FCFA (intervenue en janvier 1994 du franc CFA, précédée par une diminution drastique des salaires de l'ordre de 70%). Après une décennie de récession caractérisée par une forte baisse du PIB (-30% entre 1985 et 1993) et une chute de 40% de la consommation par habitant, le Cameroun a renoué avec la croissance économique depuis 1994 avec une moyenne de 5% par an.

    Section II : Différentes théories de la croissance économique

    Jusqu'à la fin du XIX° siècle, les théories dites classiques (Smith, Malthus, Say, Ricardo) et la synthèse néoclassique (jusqu'à l'optimum Parétien) s'intéressent aux mécanismes de croissance, en privilégiant le facteur capital (épargne et investissement), dans un cadre général marqué par la faiblesse de l'intervention publique, cantonnée dans des domaines généraux : Sécurité interne et externe, infrastructure et monnaie (l'analyse marxiste n'étant pas abordée ici). Après la généralisation de la révolution industrielle, la première moitié du XX° siècle est caractérisée par la formulation du marché de concurrence imparfaite, et par l'accélération du progrès technique et organisationnel. Schumpeter fait de ce progrès à la fois le moteur d'un mode de croissance cyclique, et la source de crises économiques.

    L'économie contemporaine s'intéresse plutôt aux conditions de la croissance et aux mécanismes d'optimisation de celle-ci en posant notamment la question de la maîtrise de la croissance. On distingue ici deux courants opposés :

    · L'école de la croissance exogène, d'inspiration plutôt néo classique (Solow) montre que l'action volontaire des agents n'a pas d'influence décisive sur le rythme de la croissance (en rejoignant ici l'image de la main invisible).

    · L'école de la croissance endogène, initialement d'inspiration néo keynésienne, qui montre que l'action des pouvoirs public peut avoir une influence durable sur la croissance (Harrod-Domard) En élargissant cette approche, G. Becker montre que la formation du capital humain, puis du capital public, joue également un rôle sur la croissance.

    Enfin la théorie de la régulation apporte un regard complémentaire par l'articulation du lien entre production de masse et consommation de masse.

    1-Théories traditionnelles

    Les théories classiques : Dès le XVIII° siècle, A. Smith identifie les multiples causes de l'augmentation de « la richesse des nations ». Outre l'accroissement des moyens de production, A. Smith privilégie la division du travail et la spécialisation, ainsi que le développement des échanges. Ces facteurs sont considérés comme exogènes, c'est à dire indépendants les uns des autres, et extérieurs à la logique des agents économiques. Les théories classiques privilégient l'accumulation du capital, source d'investissements.

    Pour Ricardo la croissance conduit à un état stationnaire : « L'augmentation de la population nécessite une augmentation de la production agricole. Mais les nouvelles terres mises en culture sont soumises aux rendements décroissants. Le coût de production et donc le prix des denrées alimentaires augmentent ». Les industriels, en augmentant les salaires réduisent leurs marges et donc l'investissement 10(*). Enfin, toujours dans cette perspective d'état stationnaire, Malthus note que la croissance économique semble limitée par l'accroissement plus rapide de la population que de la production.

    La théorie hétérodoxe de J. Schumpeter (1883 - 1950) : L'innovation est le facteur explicatif de la croissance et du développement économique à long terme. L'entrepreneur schumpétérien est un innovateur, et le profit légitime est la rémunération du risque pris lors de la mise en oeuvre du processus d`innovation. A court terme, les conditions de l'activité économique sont fixées (par l'état de la technologie par exemple). Dans le long terme, les conditions de l'activité économique se transforment, les agents se renouvellent, les technologies, l'environnement juridique et les marchés se modifient. En distinguant 5 types d'innovation (produits, marchés, procédés, matières premières et organisation des entreprises), Schumpeter fait des grappes (ou vagues) d'innovations, le moteur de la croissance (et l'origine des crises de mutation, par le remplacement des anciennes activités dominantes, par de nouvelles industries émergentes).

    2-Théories contemporaines

    Les théories contemporaines : Dans celle-ci l'on y trouve des théories classiques, néo-classiques et également les théories keynésiennes :

    -La théorie néo-keynésienne d'Harrod-Domar (1947) montre que Le taux de croissance (G) est lié au rapport du taux d'épargne (S) au taux d'investissement en capital (K) tel que G= S/K. La croissance est liée à l'investissement en capital des entreprises, lui même lié à l'épargne des ménages. En conséquence, l'État peut agir sur le niveau de croissance en favorisant l'épargne, soit par la politique des revenus (directs ou de transferts) soit par la politique fiscale et budgétaire.

    -La théorie néo-classique de Solow (1956) explique la nature exogène de la croissance. La croissance est stable et équilibrée lorsqu'il y a une « juste » répartition entre les deux facteurs de production, K (capital) et L (travail). La relation entre K et L est définie par une fonction de production homogène de type Cobb-Douglas telle que Y = f (K á, L 1-á). Par la suite le progrès technique sera intégré à ce modèle comme une variable exogène, et défini en tant que « facteur résiduel ». Dans le modèle de Solow, il existe une croissance de long terme stable, dont le rythme ne dépend que de l'évolution de la population et de la technologie, et non des comportements économiques des agents11(*).

    -La théorie de la régulation (Ch. Boyer et M. Aglietta -1970) explique la croissance par l'adéquation entre production et consommation. En effet, la phase de croissance des 30 glorieuses repose sur l'articulation stable des éléments du couple production de masse/consommation de masse.

    La production de masse repose sur l'organisation fordiste du travail (OST + chaîne de montage) qui permet la standardisation de la production et de grands gains de productivité.

    La consommation de masse se traduit par la création de débouchés pour de nouveaux produits, et s'accompagne de l'augmentation des revenus réels. Cette dernière est liée aux relations professionnelles basées sur la négociation collective et à l'évolution du rôle de l'État (Welfare State) chargé de la redistribution des revenus.

    La rupture du lien entre production et consommation de masse, liée au chômage durable de la fin des années 1970 explique la nouvelle nature de la crise des années 1980.

    -Le renouveau de la croissance endogène (depuis 1990) : Pour ces théories plus récentes, la croissance résulte de l'interaction de 4 facteurs. En investissant dans de nouveaux équipements (capital physique), l'entreprise contribue directement à la croissance (hausse de la production). Mais l'investissement induit à terme une augmentation du capital technique (par le progrès technique) et du capital humain (par la hausse du niveau d'éducation/formation). Les investissements consentis par la collectivité (État et collectivités locales) agissent sur le capital public et sur le capital humain (éducation et santé publique).

    Dans ce cadre, contrairement au modèle de Solow, le taux de croissance est endogène dans la mesure où il dépend aussi du comportement des agents économiques. Le modèle de croissance endogène (le modèle « AK »), suppose notamment que le comportement économique des agents, tel que le choix du taux d'épargne, a une influence sur la croissance. Plus le taux d'épargne est élevé, plus la croissance peut être forte comme le montre le schéma suivant12(*) :

    Figure1 :

    Les effets de l'investissement sur la croissance économique

    Conclusion de la première partie :

    Au cours de cette première partie, il était question de : de mieux appréhender les contours de la notion de la dette extérieure et des Quelques concepts assimilés à celle-ci et en plus elle nous a permit d'expliciter la notion de la croissance économique. En fait, Dette extérieure d'un pays est une transaction économique naturelle, qui permet aux agents économiques nationaux et étrangers de procéder à des arbitrages inter temporels mutuellement avantageux, qu'ils n'auraient pas pu réaliser dans une économie fermée, alors que La croissance économique est définit comme l'accroissement durable de la production globale dans l'économie.

    La première partie nous a permis de définir la notion de la dette extérieure et de la croissance économique il sera question pour nous dans cette deuxième partie de présenter concepts de la pauvreté (chapitre3). Et ensuite de d'analyser d'une part l'impact de la dette extérieure sur la croissance économique, et d'autres part l'impact de la croissance économique sur la réduction de la pauvreté (Chapitre4).

    La pauvreté est l'insuffisance de ressources matérielles, comme la nourriture, l'accès à l'eau potable, les vêtements, le logement, et des conditions de vie en général, mais également de ressources intangibles comme l'accès à l'éducation, l'exercice d'une activité valorisante, le respect reçu des autres citoyens. Elle touche des personnes isolées ou des groupes et populations entières dans les pays développés, voire la majorité de la population dans certains pays en développement. Des analyses économiques et des débats portent sur la mesure de la pauvreté, ses causes, et les moyens à mettre en oeuvre pour réduire cette pauvreté : économie du développement, aide sociale, etc.

    Le concept de la pauvreté et ses causes est par nature relative. Avant d'étudier l'impact de la croissance économique sur la réduction de la pauvreté, il convient d'abord de la définir, de donner ses différentes caractéristiques et puis de l'évaluer et de voir ce qu'indiquent les données existantes sur son origine et son évolution.

    Section I : Définition de la pauvreté

    La pauvreté est généralement considérée comme un phénomène multidimensionnel : On distingue généralement la pauvreté pécuniaire, pauvreté globale, pauvreté des potentialités. Seule la dimension pécuniaire est la plus fréquemment prise en compte.

    1- la pauvreté pécuniaire

    La pauvreté pécuniaire est le manque d'argent, entraînant souvent des difficultés, pour se nourrir, s'habiller, se loger et ce, plus ou moins intensément, selon que l'on a éventuellement accès à des ressources naturelles valorisables. La pauvreté pécuniaire ou de revenu monétaire est estimée au moyen de seuils de pauvreté (un individu est considéré comme pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté choisi). Différentes définitions de ces seuils existent ; les pays développés utilisent généralement des seuils relatifs, alors que la pauvreté dans les pays en développement est estimée au moyen de seuils de pauvreté absolus. Cette évaluation de la pauvreté, du fait de sa simplicité, est couramment utilisée pour définir les individus pauvres et mesurer le taux de pauvreté d'une population.

    Selon l'approche absolue, le seuil est fixé, depuis les travaux de Seebohm Rowntree (1901), en fonction d'un panier de biens alimentaires et non alimentaires nécessaires à la survie quotidienne (2400 calories par jour pour la pauvreté et 1800 pour l'extrême pauvreté). Les biens non alimentaires comprennent l'habillement, le transport, l'hygiène, l'eau et l'énergie. Les États-Unis et le Canada ont recours à la mesure absolue de la pauvreté.

    Selon l'approche relative, le seuil est fixé par rapport à la distribution des niveaux de vie de l'ensemble de la population, avec comme référence le revenu médian (le revenu médian est le revenu séparant la population en deux, c'est-à-dire que la moitié de la population a un revenu plus élevé, et la moitié un revenu inférieur). Ces deux mesures dévoilent deux regards sur le problème de la pauvreté, deux approches politiques que l'on pourra en première approche qualifié de socialiste et de libérale. A travers le prisme socialiste, la pauvreté pose avant tout un problème d'exclusion ; l'homme ne se réalise qu'au sein de rapports sociaux et les inégalités de richesse sont des sources de discrimination. La vision libérale donne elle la primauté à l'individu, l'important étant la satisfaction de ses besoins fondamentaux.

    2- Pauvreté globale

    La Pauvreté globale s'exprime sous formes des dimensions regroupées en termes de « pauvreté humaine ». Il s'agit des dimensions sanitaire, éducationnelle, sociale, culturelle et politique de la pauvreté. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a créé l' indice de développement humain, puis deux indicateurs synthétiques de pauvreté : l'IPH-1 et l'IPH-2 (Indicateur de Pauvreté Humaine). Ces indicateurs sont très corrélés.

    Pour le PNUD, le pauvre est celui qui est incapable de saisir les opportunités qui s'offrent à lui au cours de son existence. Soit par ce qu'il manque de revenu, soit parce qu'il n'est pas en bonne santé, la manière d'utiliser ces variable pour mesurer la pauvreté humaine diffère chez le PNUD suivant qu'il s'agisse d'un pays développé ou d'un pays sous développés un IPH-1 pour les pays en développement, et un IPH-2 pour les pays développés :

    -Modalités de calcul de L'IPH-1 :

    *Pour mesurer le revenu, le PNUD utilise le pourcentage de population susceptible de mourir avant 40 ans, soit P1-1.

    *Pour mesurer l'éducation le PNUD utilise le nombre d'individu analphabète ayant 15 ans et plus, soit P2-1.

    *Pour mesurer la santé le PNUD utilise 3 variables :

    -La proportion des individus n'ayant pas accès au soin de santé, par P3,1

    -la proportion d'individu ayant accès à l'eau potable, par P3 ,2

    -La proportion des enfants de moins de 5 ans souffrant d'une insuffisance pondérale : P3 ,3 soit une moyenne donnée par P3-1 : P3-1=

    IPH-1=

    -Modalités de calcul de L' IPH-2 : IL comprend quatre variables :

    *Pour la santé, le PNUD utilise le pourcentage d'individu susceptible de mourir avant 60 ans : P1-2

    *Pour l'éducation le PNUD utilise le taux d'analphabétisme fonctionnel mesuré par le nombre d'individu âgé entre 16 et 65 ans ne pouvant ni lire ni écrire : P2-2

    *Pour le revenu, le PNUD utilise le nombre d'individu en dessous du seuil de pauvreté. Celui étant définit comme la moitié du revenu médium : P3-2

    *Pour l'emploi le PNUD utilise le taux de chômage de longue durée (=12 mois) soit : P4-2

    IPH-2=

    3- Pauvreté des potentialités

    La pauvreté de potentialité s'exprime par le manque de moyens permettant de sortir de la pauvreté absolue qui se caractérise par le manque de revenus minimum requis pour survivre dans une société.

    L'état de pauvreté d'une personne ou d'un groupe d'individus se rapporte à un concept très complexe. En effet, dans un groupe humain, les pauvres sont schématiquement, ceux faisant partie de la population dont les conditions de vie sont en deçà des « moyennes » observées. Il apparaît ainsi une espèce de ligne de démarcation entre « pauvres » et « non pauvres », qui est variable dans l'espace et dans le temps. Au Cameroun, par exemple, des sources bien variées permettent aujourd'hui de circonscrire la population « pauvre » sur la base d'un large éventail de caractéristiques parfois étroitement liées au contexte socioculturel.

    Section II : Quelques indicateurs et mesures de la pauvreté.

    Il sera question pour nous dans cette section de présenter les indicateurs ainsi que les mesures de la pauvreté.

    I-Les indicateurs

    L'on distingue deux types d'indicateurs : les indicateurs quantitatifs et les indicateurs qualitatifs.

    1-Les indicateurs quantitatifs

    Les indicateurs quantitatifs font références aux dimensions élémentaires qui affectent la vie d'un individu : éducation, nutrition de qualité et accès aux soins de santé.

    -Education, elle est définit comme le fait d'aller à l'école dans le but d'apprendre, à lire, à écrire. Par conséquent, le niveau d'éducation est mesuré par la combinaison de deux tiers du taux d'alphabétisation des adultes et d'un tiers du taux brut de scolarisation. En fait, ceci a pour objectif de connaître le taux d'alphabétisation et celui de scolarisation des garçons et des filles.

    -Nutrition, Elle fait référence au fait qu'un individu ne puisse manger suffisamment c'est-à-dire trois fois par jours. De ce fait, l'objectif était de réduire de moitié de 1995 à 2005. Puis retenue comme faisant partie des objectifs du développement du millénaire (ODM) de réduire la moitié le pourcentage d'enfants souffrants de malnutrition.

    . Logement, le logement c'est le fait pour une personne d'avoir un logement décent. C'est le fait pour une personne de ne pas habiter dans des endroits insalubres et précaires.

    -Accès aux soins de santé, C'est le fait pour un individu de ne pas être capable d'avoir accès à des soins de qualité, par manque de moyens financiers or, cet accès aurait permit à l'amélioration de ses conditions de vies, en bref, l'amélioration de l'espérance de vies.

    2-Indicateurs qualitatifs

    Ces indicateurs ne sont pas nombreux, l'on retiendra qu'un seul indicateur : L'exclusion psychosociale. En fait, dans la plupart des cas, le pauvre est diminué de ses capacités psychologiques car il se sent exclu de la société. Il est complexé, pour lui la pauvreté est une fatalité. Ceci peut le pousser à ne rien faire et à attendre tout des autres.

    Son analphabétisme constitue pour lui un handicap majeur parce qu'il est exclu de certaine décisions surtout le concernant.

    II- Les mesures de la pauvreté

    D'après le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), les pays où la pauvreté est la plus forte sont des pays d'Afrique, en particulier les pays les moins avancés13(*).

    Les indicateurs du PNUD permettent d'établir des comparaisons entre pays ; ainsi, en 2005,

    · le Tchad est le pays où la pauvreté humaine est la plus forte, et la Sierra Leone est le pays où le développement humain est le plus faible ;

    · l' Islande est le pays à plus grand développement humain, et la Suède à plus faible pauvreté humaine14(*).

    En 200815(*), la Banque mondiale a fixé à 1,25 dollar américain par jour le seuil de pauvreté international, contre un dollar précédemment. Le nouveau seuil représente le seuil de pauvreté moyen des 10 à 20 pays les plus pauvres. Selon ce nouveau critère, 1,4 milliard de personnes dans le monde en développement vivent avec moins de 1,25 dollar par jour en 2005, contre 1,9 milliard en 1981. Le taux de pauvreté mondial a été divisé par deux (de 52 % à 26 %), mais il est stable en Afrique subsaharienne (50 %). Pour les pays à revenu intermédiaire, la Banque mondiale trouve plus indiqué de fixer le seuil de pauvreté à 2 dollars par jour, ce qui donne un total de 2,6 milliards de personnes sous ce seuil.

    Selon le seuil de pauvreté de 1 dollar par jour en parité du pouvoir d'achat ( PPA) en 1985, la majorité des pauvres se trouvent en Asie du Sud (39%), Asie de l'Est (33%) et en Afrique sub-saharienne (17%). Les pays comptant plus de la moitié de leur population sous le seuil de pauvreté sont: Guatemala, Guinée-Bissau, Inde, Kenya, Lesotho, Madagascar, Népal, Niger, Sénégal, et Zambie.

    En plus de ce qui précède, il existe une multitude d'instruments utilisé pour mesurer la pauvreté monétaire. Dans la littérature actuelle, deux principales méthodes sont couramment utilisées pour estimer la ligne de pauvreté absolue : la méthode basée sur la satisfaction des besoins nutritionnels (Food Energy Intake : FEI) et la méthode des coûts des besoins essentiels (Coast of Basic Needs CBN).

    -La méthode FEI consiste d'abord à fixer un nombre de calories de référence pour la consommation d'énergies nutritive, puis à déterminer les dépenses de consommation ou le niveau de revenu qui permet à une personne d'assurer cette consommation. On peut estimer ce niveau en effectuant une régression de la consommation des calories par rapport aux dépenses de consommation ou au revenu.

    -L'approche CBN quant à lui consister à définir un panier de biens et services qu'un individu devait se procurer pour être considérées comme non pauvre. Un tel panier engloberait non seulement l'alimentation et la nutrition de base, mais aussi l'habillement et le logement. Il s'agirait de calculer le montant de dépenses minimales nécessaires à l'achat de biens de consommation indispensables au niveau calorifique de survies. Cette méthode n'est pas nouvelle dans la littérature. En effet, elle se retrouver déjà dans les travaux de Rowntree(1911), qui a essayé de construire une ligne de pauvreté en définissant un panier de besoins essentiels pour étudier la pauvreté à New York.

    Les méthodes les plus utilisées : sont le seuil de pauvreté, l'incidence de pauvreté et l'écart de pauvreté.

    1-Le seuil de pauvreté

    L'on distingue : le seuil de pauvreté objectif et le seuil de pauvreté subjectif :

    a-Le seuil de pauvreté objectif

    Il est déterminé à partir des données objectives en suivant deux principales approches et peut être distingué de la pauvreté absolue.

    -Il existe différentes méthodes de détermination de ce seuil de pauvretés : Mais l'on n'en retiendra que deux méthodes : méthodes nutritionnistes et celle obtenue à partir la courbe de Lorenz :

    *La méthode nutritionniste : Ici, l'on détermine d'abord le seuil de pauvreté alimentaire, qui est généralement égal au coût du panier de biens les moins coûteux. Pour passer du seuil de pauvreté alimentaire (SA) au seuil de pauvreté (s), on établira la loi d'Engel qui stipule que la part de dépenses alimentaires dans le budget familial diminue au fur et à mesure que le revenu s'élève. C'est-à-dire que l'élasticité-revenu de l'alimentation est inférieur à 1. Soit :

    j = áY (3)

    s=SA (4)

    ÄCj : Représente la variation de la dépense journalière

    áY : Représente la variation du revenu.

    *A partir de la courbe de Lorenz : Une autre méthode de détermination du seuil de pauvreté consiste à adopter le revenu moyen d'une certaine tranche de base de la population. On peut aussi considérer une certaine proportion de revenu par tête comme le seuil de pauvreté.

    Exemple, si dans un pays le PIB par tête est de 1500 on peut décider de prendre comme seuil de pauvreté de 1/3 du revenu, on aurait alors : 500 comme seuil de pauvreté.

    -La pauvreté absolue, si la pauvreté désigne la difficulté de vivre décemment, la pauvreté absolue est définie par référence à un seuil de pauvreté associé à un pouvoir d'achat fixe permettant de couvrir l'ensemble des besoins essentiels, qu'ils soient sociaux ou physiques.

    b-Seuil de pauvreté subjectif

    La pauvreté subjective est appréciée suivant le jugement des individus concernés. Ce qui veut dire que l'on détermine le seuil de pauvreté subjectif sur la base des opinions des citoyens recueillies au cours des enquêtes qui consiste à demander à chaque individu interrogé quel revenu lui faudrait -il pour vivre décemment. Le dépouillement du questionnaire formulé lors de cette enquête sera extrapolé à l'ensemble de la population c'est-à-dire qu' il sera présenté sur le plan global. Le revenu minimal désigné sera fonction du revenu effectif. Cette fonction est croissante à taux décroissant.

    Ainsi, avant un seuil de pauvreté t, les individus interrogés pensent que leurs revenus est insuffisants. Mais au-delà du seuil de pauvreté significatif z ils pensent que leurs revenus est suffisant pour eux.

    2-L'incidence de pauvreté

    C'est la proportion d'individu dont le revenu est inférieur à un seuil de pauvreté de la population totale. Si dans une société, n individus ou n autres est inférieures au seuil de pauvreté, on aura une incidence de pauvreté suivante :

    Soit : A=U/n (5)

    3-L'ECART DE PAUVRété

    On calcul le revenu moyen de pauvres dans une société donnée de la manière suivante :

    Yp=1/nyi (i=1, 2, 3, 4,5...n) (6)

    L'écart de pauvreté est la distance entre le seuil de pauvrété Sp et le revenu moyen des pauvres yp.

    Soit : =Sp-Yp (7)

    iII- LE PROFIL DE LA PAUVRété

    La contribution de chaque secteur à la pauvreté nationale est définie comme suit :

    Cj=

    La décomposition suivant les zones géographiques et suivant la structure socio-économique de la population pourra être observée dans la description du profil de la pauvreté au Cameroun.

    En effet, le Cameroun fait partie des pays ayant un indice du développement humain(IDH) moyen variant autour de 0.500% depuis les années 1990. Toutefois, la pauvreté monétaire reste préoccupante selon les estimations effectuées lors des décennies précédentes. La direction des statistiques et de la comptabilité des nations (1996) a estimé l'incidence de la pauvreté à 50.5%, étant donné un seuil de pauvreté de 148000 FCFA. Ensuite, Kamgnia et Timnou(2000) suivent la méthode de « coûts en besoin essentiels », ont obtenu une incidence de 60% avec un seuil de pauvreté de 136236FCFA.

    1-LES ZONES GEOGRAPHIQUES

    Il s'agit ici de la contribution des zones urbaines et des zones rurales dans la détermination de la pauvreté au Cameroun. Depuis 2001, le niveau de pauvreté reste très élevé (INS, 2007) et les IDH n'évoluent pas de manière favorable. La troisième enquête Camerounaise auprès des ménages (ECAM III) confirme que « la tendance à la baisse de la pauvreté que le pays a connu au cours de la période 1996-2001 ne s'est pas renouvelé pendant la période 2001-2007. Avec un taux de pauvreté de 39.9%, l'on constate que l'objectif de 37.1% retenu dans le document stratégique de réduction de la pauvreté (DRSP) n'est pas atteint celle-ci a plutôt favorisée une aggravation de 3% entre 2001 et 2007, le milieu rural reste le plus touché par ce phénomène (environ 85% des pauvres vivent en milieu en rural, pourtant on évalue à 59% de la population active se trouve dans le secteur rural).

    De manière générale, les transferts publics étaient rares dans la mesure où la crise imposait une baisse importante des dépenses publiques, les transferts privés vers les zones rurales n'ont pu être maintenues à cause de conditions désormais difficiles dans les zones urbaines. La pauvreté s'est ainsi généralisée touchant tout autant des zones urbaines que rurales.

    2-La structure socio-économique de la population Camerounaise

    Le degré de pauvreté au Cameroun dépend de deux éléments : le revenu moyen et son inégalité.

    Ainsi, la baisse de la pauvreté absolue résultera mécaniquement de deux facteurs :

    -D'une part l'augmentation du revenu moyen de la population, à distribution relative des revenus constants, entraînant une réduction de la pauvreté.

    -D'autres part, a revenu moyen constant, toute redistribution des revenu en direction des pauvres produit d'effets.

    Par conséquent, la variation de la pauvreté peut être décomposée en deux effets : une composante de croissance relative au changement du revenu moyen, et une composante d'inégalité due aux changements de l'inégalité. Les niveaux de ces composantes fournissent la sensibilité relative de la réduction de la pauvreté due la croissance et à l'inégalité.

    En somme, la solution à la pauvreté réside dans la croissance du produit. Le plus souvent, les caractéristiques de la pauvreté se retrouvent d'une catégorie à une autre :

    Insatisfaction des besoins essentiels, peu de recours aux services publics quels qu'ils soient (eau, électricité, santé, éducation, etc.), analphabétisme empêchant la progression sociale et le changement de la situation, etc. il peut alors apparaître difficile, devant une telle complexité, de proposer une réponse unique de politique économique et sociale qui prétendrait résoudre tous les problèmes à la fois. Cependant, dans la mesure où la valeur du produit intérieur brut (PIB) par tête semble l'un des déterminants principaux de la pauvreté, on en arrive très vite à établir des liens entre la croissance et la réduction de la pauvreté.

    Section III : Réduction de la pauvreté

    Selon le DSRP(2003), Afin de formuler une stratégie efficace de réduction de la pauvreté, les autorités camerounaises ont mené deux séries importantes de travaux complémentaires, qui ont permis d'évaluer l'ampleur de la pauvreté et d'en identifier les caractéristiques ainsi que les déterminants. En premier lieu, des analyses quantitatives fouillées ont été faites à partir des résultats des deux grandes Enquêtes Camerounaises Auprès des Ménages (ECAM I, 1996, et ECAM II, 2001). Cette approche quantitative a été complétée par une évaluation qualitative de la pauvreté et de ses déterminants, qui repose sur une série de consultations participatives auprès des populations menées sur l'ensemble du territoire national.

    I-L'analyse quantitative de la réduction de la pauvreté au Cameroun

    Elle révèle notamment que : Le taux de pauvreté monétaire au Cameroun demeure encore élevé à 40,2% de la population en 2001. Bien qu'en régression significative de 13,1 points par rapport au niveau de 1996, la pauvreté au Cameroun varie considérablement selon les régions, passant du simple au double entre des zones urbaines où l'incidence est de 22% en moyenne et des zones rurales où elle atteint 50%; La pauvreté touche particulièrement les « exploitants agricoles » (57%), les « dépendants agricoles informels » (54%) et ceux du secteur informel et les sans-emplois en zones urbaines (40%). Les résultats mettent aussi en exergue l'importance de l'éducation et des services l'infrastructure. Un pauvre sur deux vit dans un ménage où le chef est sans instruction primaire et l'accès aux services sociaux de base (éducation, santé, eau, routes) est plus difficile pour les pauvres comparativement aux non pauvres.

    II- L'analyse de la dynamique de la réduction de la pauvreté

    L'analyse de la dynamique de la pauvreté indique que les gains en termes de réduction de l'incidence de la pauvreté entre 1996 et 2001 (13,1 points) sont plus le fait de la croissance (11,8 points) que celui de la redistribution (1,8 points). Enfin, l'analyse quantitative des déterminants confirme l'importance de la zone agro économique, de l'occupation professionnelle, de l'éducation, de la disponibilité et de l'accès aux services d'infrastructure dans la dynamique de la pauvreté.

    Les principaux résultats de l'analyse quantitative sont confortés par les informations tirées des consultations participatives que les autorités ont mené auprès des populations. En particulier, les populations camerounaises perçoivent bien la pauvreté d'abord comme un état de dénuement matériel caractérisé notamment par : L'insuffisance de ressources pour satisfaire des besoins essentiels ; L'indisponibilité des services d'infrastructure ou une grande difficulté d'accès à ceux-ci, principalement l'eau, les routes, l'énergie électrique, et aux services sociaux, notamment la santé et l'éducation. Les populations perçoivent aussi la condition de pauvreté comme conséquence d'un « dysfonctionnement social », notamment la dépravation des moeurs, la perte de respect de soi, de solidarité familiale, les préjugés et attitudes discriminatoires à l'encontre de certains groupes ethniques ou sociaux. Enfin, elles associent bien la condition de pauvreté à l'insécurité, au manque de protection contre les abus, à l'absence de droits et à l'inaccessibilité aux services légaux. Les consultations participatives ont aussi permis de recenser les recommandations des populations concernant les axes stratégiques de lutte contre la pauvreté. Les populations ont mis l'accent sur l'importance d'améliorer leurs capacités à générer des activités économiques afin de se « prendre en

    Charge », d'appuyer les filières agricoles de production et de faciliter l'insertion des jeunes et des pauvres dans le circuit économique par des actions ciblées. Elles ont aussi relevé la nécessité de résoudre les problèmes d'accès à l'eau, en particulier dans la région Nord et de l'Extrême -Nord du pays, de développer les routes pour désenclaver les régions et faciliter la participation des pauvres aux activités marchandes. Les populations ont recommandé que les autorités accordent une plus grande attention et engagent plus de ressources pour améliorer l'éducation et combattre les maladies contagieuses, en particulier la pandémie du VIH/SIDA et le paludisme qui compte pour l'essentiel de la morbidité et de la mortalité au Cameroun.

    En somme, le concept de la pauvreté peut être définit comme une insuffisance de ressources matérielles et financières, telles la nourriture, l'accès à l'eau potable, les vêtements, le logement, et des conditions de vie en général, mais également de ressources humaines intangibles comme l'accès à l'éducation, l'exercice d'une activité valorisante, le respect reçu des autres citoyens. En fait, dans ce chapitre il était question d'éclaircir la notion de pauvreté et ses manifestations dans la société.

    Cette notion de pauvreté peut ne pas être influencée par la dette extérieure et la croissance économique. Il sera question pour nous dans le prochain chapitre d'analyser l'impact de la dette extérieure sur la croissance économique et sur la réduction de la pauvreté.

    L'histoire du développement des pays sous développés nous renseigne que les pays pauvres dans leurs majorité en générale et en particulier celle du Cameroun ont connu l'alourdissement de leurs dettes extérieures dans le temps. Ceci a eu pour conséquence l'affectation de leurs ressources de plus en plus importantes au service de la dette or ces ressources leur aideraient à renforcer la croissance économique et à réduire significativement la pauvreté. Tout au long de ce chapitre il sera question d'analyser d'abord l'impact de la dette extérieure sur la croissance économique puis de la croissance économique sur la réduction de la pauvreté.

    SECTION I : impact de la dette sur la croissance économique

    Il sera question pour nous d'analyser l'eventuel lien entre la dette extérieure et la croissance économique tant sur le plan théorique qu'empirique.

    I : Relation entre la dette extérieure et la croissance économique

    Pendant les décennies 80 et 90, les pays pauvres de l'Afrique du sud du Sahara ont exhibé des résultats économiques très frustrants, et insatisfaisants car un bon nombre de pays ont présenté des scénarios de croissance faible (voire de recul) du revenu per capita, de très fortes inflations et des difficultés de balance des paiements. Bref, tous les équilibres macroéconomiques fondamentaux étaient en péril. Vers la fin de la dernière décennie, les performances se sont améliorées et le revenu per capita a quand même connu des progrès (bien que minimes). Cependant, certains pays ont enregistré des performances économiques très manifestes avec une croissance économique toujours à la hausse depuis la fin des années 90 c'est-à-dire après le lancement des programmes d`ajustements structurels par les institutions de Bretton woods, Il est alors nécessaire d'étudier la relation entre la dette extérieure et la croissance économique tant sur le plan théorique qu'empirique :

    I-Sur le plan théorique :

    Il y a principalement deux courants qui s'affrontent sur la théorie économique de l'endettement extérieure et la croissance, à savoir les keynésiens et les néoclassiques :

    -Pour les keynésiens, l'endettement n'occasionne pas de charges ni pour les générations futures ni pour des générations actuelles du fait des investissements qu'il génère. Dans cette approche, l'endettement entraînant la relance de la demande provoque par l'effet accélérateur une hausse plus proportionnelle de l'investissement, qui à son tour incite une hausse de la production.

    -Pour les classiques, ils considèrent l'endettement comme un impôt futur et l'imputent à l'Etat. C'est une connotation négative car selon eux, l'endettement public défavorise l'accumulation du capital et la consommation des générations présentes et futures.

    Aussi, toutes les études théoriques sur le rapport entre la dette extérieure et la croissance sont largement centrées sur les effets négatifs du surendettement. La théorie du surendettement (ou Debt overhang) suggère que les emprunts extérieurs, au-delà d'un certain seuil, ont des effets pervers sur la croissance économique. Cela signifie que les emprunts supplémentaires vont décroître la probabilité de rembourser. En outre, l'endettement est lié à un déséquilibre. Suivant les cas, il s'agit du déséquilibre épargne-investissement ; du déficit budgétaire et du déficit de la balance courante.

    Le modèle à double déficit de Chenery et Strout (1966), préconise que l'épargne externe conditionne le développement économique si les déséquilibres épargne-investissement et importation-exportation peuvent être comblés. Sur le plan interne, il s'agit selon ces auteurs d'accumuler l'épargne nécessaire pour financer l'investissement interne et sur le plan externe, de trouver les ressources nécessaires pour financer le déficit de la balance des paiements.

    Dittus (1989) a mis en évidence une relation entre la pression fiscale et le remboursement de la dette. Il dénote l'existence des coûts associés à l'endettement entraînant une croissance artificielle basée sur un investissement supérieure à l'effort du pays déclanchant par la suite un ajustement par l'inflation. Le modèle de Barro (1990) a attribué aux dépenses publiques productives, comme les dépenses publiques en capital d'infrastructure, un rôle moteur dans le processus de croissance économique à long terme. Il a conclu que la dette ne constitue pas une richesse pour la géné- ration actuelle et le fait de substituer l'emprunt à l'impôt n'entraîne pas nécessairement la croissance.

    La dette extérieure a le potentiel de stimuler la croissance économique à condition qu'elle serve à financer des investissements. Cependant, lorsque le rendement du capital baisse, les avantages nets de tout nouvel investissement pourraient diminuer à mésure que la dette s'accroît. En outre, une lourde dette risque de nuire à la croissance par l'effet de «surendettement». Lorsqu'il y a surendettement, la dette d'un pays dépasse normalement sa capacité de remboursement, et on peut s'attendre à ce que le service de la dette soit une fonction croissante du niveau de sa production. En conséquence, une partie du rendement des investissements dans l'économie nationale sera «taxée» par les créanciers étrangers. Les investissements des agents intérieurs et étrangers -- et avec eux la croissance économique sont ainsi découragés. Face à un endettement élevé, l'Etat est moins enclin à procéder à des réformes structurelles et budgétaires importantes s'il s'attend à voir celles-ci bénéficier surtout aux créanciers étrangers. Le surendettement peut en outre freiner la croissance en renforçant l'incertitude quant aux actions et politiques que le gouvernement mènera pour assurer le service de la dette.

    La théorie conduit donc à penser que l'emprunt extérieur a un effet positif sur l'investissement et la croissance s'il ne dépasse pas un certain seuil; au-delà de ce seuil, son effet devient négatif, donnant lieu à une relation en forme de «courbe de Laffer» entre la dette extérieure, d'une part, et l'investissement et la croissance du revenu par habitant, d'autre part16(*). Le service de la dette extérieure (par opposition à l'encours total de la dette) peut en outre influer sur la croissance en évinçant les investissements privés ou en modifiant la composition des dépenses publiques. Toutes choses étant égales par ailleurs, un service plus lourd peut accroître la facture des intérêts et le déficit budgétaire de l'État et réduire ainsi l'épargne publique ; cette évolution peut, à son tour, conduire soit à une hausse des taux d'intérêt, soit à l'éviction des investissements privés. Un tel service peut en outre réduire le montant des ressources disponibles pour l'infrastructure et la formation du capital humain, avec les effets négatifs à en attendre sur la croissance.

    II-Sur le plan empirique

    Différents auteurs ont menés des études sur ce plan, allant dans le sens du lien entre ladette et la croissance économique parmi lesquels l'on peut citer celles de (Krugman, 1988) ; (Sachs 1989), Froot (1989) et de Calvo (1989) ont montré que l'accumulation de la dette et son service constituent une taxe sur la production future et découragent l'investissement par l'effet d'éviction. Les travaux de B. Eichengreen et de R. Portes (1986) se sont intéressés à l'identification des déterminants du stock de la dette d'une trentaine de pays à un moment donné (1955) de leur économie. En effet, l'endettement excessif et le défaut de paiement tendent à réduire le taux de croissance réelle et la crédibilité de l'Etat. Aussi, Claessens (1990), Warner (1992) et surtout de Borensztein (1990) ont identifié le service de la dette comme étant un déterminant qui influence négativement l'endettement extérieur à travers des modèles économétriques. Borensztein a conclu par une étude économétrique sur les données de la dette des Philippines l'encours et le ratio du service de la dette/exportations ont globalement un effet inverse sur la formation du capital privé et incitent l'endettement du pays.

    Selon Benedict et al(2005) qui ont conclu qu'un endettement elevé peut freiner la croissance économique dans les pays à faible revenu, la dette ne pese sur la croissance qu'à partir du moment où elle atteint un certain seuil, estimé à 50 % du PIB environ pour la valeur nominale de la dette extérieure (ou à 20-25 % du PIB pour sa valeur actuelle nette). Ces resultats montrent que la reduction substantielle de la dette extérieure escomptée pour les pays benéficiant de l'initiative en faveur des PPTE aura pour effet d'ajouter directement 0,8-1,1 point à leurs taux de croissance du PIB par habitant. En fait, l'impact positif de l'allègement de la dette se traduit peut-être déjà par les taux de croissance plus favorables qu'ont affiché ces pays ces dernieres années, contrairement aux résultats médiocres obtenus dans les années 90. (La croissance annuelle du PIB a été en moyenne de 1,2 % en 2000-02, contre 0,2 % durant les années 90).

    De ce qui précède, l'on constate que le service d'une dette extérieure très importante ralentit la croissance économique. Au dela d'un certain seuil.

    SECTION II : IMPACT DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE SUR LA REDUCTION DE LA PAUVRETE

    Le débat qui s'intéresse au rôle de la croissance économique sur la réduction de la pauvreté reste aussi bien théoriquement qu'empiriquement source de discussions. Dans cette section on va essayer de présenter les principaux courants qui ont traité la relation entre la croissance économique et la pauvreté. La question que l'on se pose est celle de savoir si la croissance économique est bénéfique pour la réduction de la pauvreté.

    I-Analyse théorique de la relation entre croissance et réduction de la pauvreté

    Dans le but d'évaluer plus précisément l'impact de la croissance économique sur les couches de la population les plus défavorisées, Charles-L. GRIFFONI(2005), utilisent un indice de croissance pro pauvre (pro-poor growth index) et l'appliquent à l'économie marocaine sur la période 1985-1999. De par sa construction, cet indice permet de comparer la réduction de la pauvreté observée suite à une augmentation du PIB avec la diminution de la pauvreté que l'on aurait observée si les gains de la croissance avaient été équitablement répartis. En d'autres termes, on quantifie et on compare les contributions de la croissance (facteur revenu) et de la redistribution des richesses (facteur inégalités) à la variation de la pauvreté. Ils ont tiré des conclusions selon lesquels, Le cas marocain fait apparaître que, durant la période étudiée, la croissance économique s'est accompagnée, en milieu urbain, d'une diminution des inégalités ayant contribué à améliorer les résultats entermes de réduction de la pauvreté

    Le deuxième article symbolique qui vise à réaffirmer le caractère ou bien le rôle central de la croissance économique dans les politiques de réduction de la pauvreté est celui de Dollar et Kraay (2000) « Growth Is Good For The Poor ». En utilisant les donnés de Deininger et Squire (1996), Dollar et Kraay (2000), à partir d'un panel de 80 pays et des données couvrant 4 décennies qui correspondent à 236 épisodes analysent la relation entre l'évolution du revenu du quintile le plus pauvre de la population et l'évolution du PIB par tête. Ces auteurs dégagent une élasticité17(*) du revenu moyen des 20% des individus les plus pauvres de la population par rapport au revenu moyen égale à une unité. Cette élasticité donne une idée de la contribution de la croissance à la pauvreté. Les résultats montrent bien que la croissance pourrait bien réduire la pauvreté absolue. Ils mettent l'évidence que la croissance est bénéfique pour les pauvres et que les politiques de promotion de la croissance sont aussi bonnes pour les pauvres que pour l'ensemble de l'économie.

    II- L'analyse empirique de la relation entre la croissance et la réduction de la pauvreté

    L'analyse empirique de Dollar et Kraay (2000) de la relation entre le revenu des pauvres et la croissance économique est généralement de 1 à 1. Autrement dit, il s'agit du taux de variation de pauvreté lorsque la croissance augmente de 1% ou de 10% l'élasticité du revenu des pauvres par rapport à l'évolution du PIB par tête montre que lorsque le PIB par tête augmente de 10%, le revenu des pauvres augmente aussi de la même proportion c'est-à-dire de 10%.

    De même, Dollar et Kraay (2000) étudient la relation entre la croissance du revenu des pauvres et la croissance économique durant des périodes de crise économique. L'idée de base est que les crises sont généralement mauvaises pour les pauvres. Ils divisent l'échantillon entre des périodes de crise et des périodes d'expansion. La relation estimée entre le revenu des pauvres et le revenu moyen est de 1.08 pour les périodes de crise et 1.09 pour les périodes de croissance normale.

    Contrairement aux idées reçues, Dollar et Kraay (2000) montrent que les pauvres ne sont pas plus touchés que le reste de la population lors des récessions économiques et il n'y a pas l'évidence que les crises affectent le revenu des pauvres d'une manière disproportionnée. De même, ils montrent que l'effet de la croissance sur le revenu des pauvres est le même dans les pays pauvres que dans les pays riches et que la croissance déclenchée par des politiques est aussi bénéfique aux pauvres qu'à l'économie en général.

    On peut conclure que la croissance économique constitue une puissante force de réduction permanente de la pauvreté. Kraay (2006) décompose18(*) les changements de la pauvreté en trois sources potentielles de la croissance pro-pauvre :

    Pourcentage d'évolution de la pauvreté= Croissance en moyenne × Sensibilité de la pauvreté à la croissance + Evolution des revenus relatifs

    Les deux premières sources représentent la part de l'évolution de la pauvreté suite au changement proportionnel du revenu, la distribution du revenu relatif étant inchangée. La dernière source représente la part de l'évolution de la pauvreté suite à une modification du revenu relatif. Il dégage une pente égale à 0.97 qui constitue la part de la variation des changements de la pauvreté à la composante croissance. Cette pente montre que la variation de l'évolution de la pauvreté est due à la seule composante croissance de modification de la pauvreté et non pas à des changements du revenu relatif c'est-à-dire que la pauvreté n'a pas diminué suite à une diminution de l'inégalité des revenus.

    Deininger et Squire (1996) avaient examiné l'effet de la croissance économique sur la pauvreté en utilisant le revenu des deux premiers quintiles pauvres de la population, ils avaient remarqué que la croissance économique était fortement corrélée avec les variations du revenu des deux premiers quintiles pauvres de la population de sorte que l'évolution du revenu respectif au premier quintile suivait l'évolution de la croissance dans 85% des 95 cas.

    Roemer et Guerty (1997) estiment que l'élasticité du revenu des 40% les plus pauvres par rapport à la croissance du PIB est de 1 et celle des 20% les plus pauvres est de 0.92. De même, ils observent que sur 39 intervalles considérés dont la croissance du PIB a été supérieure à 2% le revenu des pauvres a uniquement baissé dans 6 cas.

    En se basant sur les consommations moyennes issues d'enquêtes auprès des ménages, Ravallion et Chen (1996)19(*), montrent que l'élasticité de l'incidence de la pauvreté à la consommation moyenne varie entre -0.53 et -3.12 pour différents seuils de pauvreté. Cela signifie que pour un accroissement d'un point de 8 pourcentages de la consommation moyenne, la proportion de la population vivante dans la pauvreté diminuera entre 0.53 et 3.12 points de pourcentage.

    Adams (2003) fait une contribution importante à la littérature en réalisant une étude en coupe transversale pour évaluer la relation entre la mesure de pauvreté et le revenu moyen. Il a régressé le taux de pauvreté contre le taux de croissance du revenu moyen. Les résultats empiriques montrent également qu'une augmentation de la croissance du revenu moyen peut être associée avec une réduction de la pauvreté. Comme le revenu moyen augmente, la pauvreté apparaît diminuer.

    Dans une étude menée sur la Chine, Meng, Gregory et Wang (2005) ont examiné la relation qui existe entre la croissance du revenu moyen et la proportion de la population en dessous du seuil de pauvreté en utilisant les données de Panel à effet fixe sur 29 provinces. Ils ont trouvé une relation négative entre le logarithme du revenu moyen et le logarithme du taux de pauvreté. Les résultats de régression montrent qu'une augmentation de 10 points de pourcentage du revenu permet la réduction de la pauvreté de 26.1%.

    De l'analyse qui se dégage ci -dessus l'on peut confirmer l'hypothèse selon laquelle :

    Une forte croissance économique favorise la réduction de la pauvreté

    En somme, la majorité d'études semble s'appuyer largement sur la thèse de l'existence d'une relation positive entre la croissance économique et la réduction de la pauvreté.

    D'autres études ignorent que la croissance à elle seule ne suffit pas à combattre la pauvreté. La présence des inégalités présente une contrainte pour réduire la pauvreté. Elles considèrent qu'une inégalité élevée est souvent associée avec une réduction moins rapide de la pauvreté et qu'une inégalité faible contribue à une réduction aussi importante de la pauvreté.

    Néanmoins, la réduction de la pauvreté constitue le principal objectif de développement. Puisque les inégalités semblent constituées un maillon déterminant de la lutte contre la pauvreté, la mise en place de politiques de réduction des inégalités semblent nécessaires. De telles politiques, ont généralement pour effet de renforcer la baisse de la pauvreté sur le long terme. On peut conclure qu'une réduction rapide de la pauvreté monétaire passe essentielle- ment par une croissance économique forte et une réduction importante des inégalités au lendemain de l'IPPTE en général et au Cameroun en particulier.

    Conclusion generale

    En somme, Le fardeau de la dette écrase l'Afrique subsaharienne qui affiche une ardoise de 210 milliards de dollars bien qu'elle ait remboursé 91 % de la somme empruntée. La part des dépenses consacrée à la réduction de la pauvreté reste faible par rapport aux recettes budgétaires et au PIB. Le ratio dette extérieure sur exportations tourne en moyenne aux alentours de 250 % entre 1990 et 2003. Les efforts fournis par les services des régies financières pour l'augmentation des recettes budgétaires servent tout simplement à payer la dette alors que le pays est confronté à une déficience des infrastructures de base, or ces ressources leur permettraient également de réduire la pauvrété. Ce qui fragilise davantage les économies des pays sous developpés.

    Cette fragilité des économies de la plupart des pays pauvres et leur très faible capacité de remboursement sont manifestes. Le ralentissement du processus économique, l'endettement excessif et les incertitudes des systèmes politiques constituent en grande partie les éléments du nouveau cheminement du développement qui paraît long mais possible à atteindre avec le temps. Au terme de ce travail l'on constate donc que : la dette extérieure lourde influence negativement la croissance économique dans les PPTE et compromet la réduction de la pauvrété. L'initiative PPTE quant à elle permet de réduire significativement la dette extérieure, qui libère les ressources financières dans le cadre de la lutte contre la pauvrété et stimule la croissance dans les pays en voie de developpement.

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    http://www.industrie.gouv.fr/pdf/devdurable1.pdf
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    -Mondialisation et environnement : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/spip/IMG/pdf/337-monjon-hanoteau.pdf

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    - CADTM France (Comité pour l'annulation de la dette du Tiers-monde) : www.users.skynet.be/cadtm

    * 1 _ Banque Mondiale (2004), Global Finance Development 2004 Washington.

    * 2 _ FMI. L'aide financière aux pays membres à faible revenu, en ligne

    www.imf.org/external/pubs/ft/pam/pam45/fre/chap4F.pdf

    3 Source : BEAC. Secrétariat Exécutif de la CEMAC. Comité de convergence de la zone franc, BEAC, Avril 2005

    4 Source : Rapport mondial sur le développement humain 2005.

    * 3 _ Fambom, S. Endettement du Cameroun : problèmes et solutions. United Nations University, Mai 2002, 50 P, p.2 cité par Mounira M. (2005), « IPPTE : cas du Cameroun » Maîtrise Droit International, faculté de sciences politique et de droit, université du Quebec à Montréal.

    * 4 _ Il s'agit du taux de variation de pauvreté lorsque la croissance augmente de 1% ou de 10%

    * 5 _ Borensztein E. (1990), Barro R.J. et X. Sala-I-Martin, (1996), « La croissance économique », Ediscience, Paris. Cité par Dedehouanou G. M. A. (2009) « effets de la dette extérieure sur la croissance économique au Benin » Université D'Abomey-Calavi. Nouveau Programme de Troisième Cycle Interuniversitaire en Economie Première promotion du Master recherche en Economie

    * 6 _ Youmbi, Pierre Alain (2006) DEA Economie Monétaire et bancaire opt citation p24 cité par Dedehouanou G. Modeste Arnaud(2009) Effet de la dette sur la croissance économique au Benin.

    * 7 _ http://www.statistiques-mondiales.com/cameroun.htm

    * 8 _ https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/cm.html

    * 9 _ https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/cm.html

    * 10 _ http://www.etudiants.ch/upload/documents/book/etufile_132_les_theories_de_croissance.pdf

    * 11 _ http://www.ladocumentationfrancaise.fr/revues-collections/problemes- économiques/théories/macroeco.shtml

    * 12 _ http://www.vcharite.univ-mrs.fr/pp/yildi/croissance/croissanceweb/node31.html

    * 13 _ Human development report 2007/2008 , PNUD, page 229-242

    * 14 _ Human development report 2007/2008 , PNUD, page 240-241

    * 15 _ De Récentes Estimations Indiquent Que 1,4 Milliard De Personnes Vivent Avec Moins De 1,25 Dollar Par Jour, Mais Les Acquis De La Lutte Contre La Pauvreté Restent Positifs , communiqué de presse n° :2009/065/DEC de la Banque mondiale, Washington, 26  août  2008

    * 16 _ «Dette extérieure et croissance», F&D, juin 2002, page 32

    * 17 _ Il s'agit du taux de variation de pauvreté lorsque la croissance augmente de 1% ou de 10%

    * 18 _ Kraay (2006) décompose les variations de la pauvreté en utilisant la méthode de Datt et Ravallion (1992)

    * 19 _ Ravallion et Chen (1996), dans « what Can New Survey Data Tell us about recent changes in distribution and poverty .»






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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand