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Agbonou: dynamique d'un quartier périphérique d'Atakpamé au Mali

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par John Kodjo Gnimavor FAGBEDJI
Université de Kara Mali - Maitrise ès lettres option géographie urbaine 0000
  

Disponible en mode multipage

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    Présenté

    UNIVERSITE DE KARA
    KARA-TOGO
    FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES (FLESH)

    Département de Géographie

     

    AGBONOU : DYNAMIQUE D'UN QUARTIER
    PERIPHERIQUE D'ATAKPAME

    MEMOIRE DE MAITRISE ès-LETTRES

    Option: Géographie urbaine

    Kodjo Gnimavor

    et soutenu par Sous la codirection de :

    FAGBEDJI Assogba GUEZERE

    Assistant au Département de Géographie Université de Kara

    et de

    Gabriel Kwami NYASSOGBO

    Maître de conférences à l'Université de Lomé

    Octobre 2009

     

    DEDICACE

    A MON PERE, FEU FAGBEDJI HOINDE SATOGNON MARTIN
    A MA MERE, GODEVI MENSAH DOVI HELENE
    A MES FRERES, GILBERT & KEVIN

    ET SOEURS JOYCE & BELLA

    POUR LEUR PRECIEUX SOUTIEN INDEFECTIBLE

    SOMMAIRE

    Pages

    REMERCIEMENTS ii

    SIGLES UTILISES iii

    INTRODUCTION 1

    PREMIER CHAPITRE : CADRE CONCEPTUEL ET APPROCHE METHODOLOGIQUE . 4

    1.1. LE CADRE CONCEPTUEL 5

    1.2. L'APPROCHE METHODOLOGIQUE 16

    DEUXIEME CHAPITRE : PRESENTATION DU QUARTIER 25

    2.1. LES CONDITIONS GEOGRAPHIQUES D'IMPLANTATION DU QUARTIER 29

    2.2. L'APERCU HISTORIQUE DU QUARTIER 33

    2.3. CARACTERES HUMAINS ET EVOLUTION DE LA POPULATION D'AGBONOU 36

    2.4. ANALYSE DE L'ESPACE URBAIN 57

    TROISIEME CHAPITRE : LA CONCENTRATION DES ACTIVITES ECONOMIQUES AUTOUR DE

    LA NATIONALE N°1 69

    3.1. LA ROUTE, FACTEUR DE CREATION ET DE DEVELOPEMENT DES ACTIVITES

    INFORMELLES 70

    3.2. APPORT DE CES ACTIVITES A L'ECONOMIE URBAINE 94

    QUATRIEME CHAPITRE: PROBLEMES ET APPROCHES DE SOLUTIONS 98

    4.1. LES PROBLEMES 99

    4.2. LES SOLUTIONS D'APPROCHES 103

    CONCLUSION GENERALE 108

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 110

    TABLE DES MATIERES 116

    REMERCIEMENTS

    Nous tenons à remercier très sincèrement du fond du coeur Monsieur Gabriel Kwami NYASSOGBO, Maître de conférences à l'Université de Lomé et Monsieur Assogba GUEZERE, Assistant au Département de Géographie à l'Université de Kara qui malgré leurs multiples occupations ont accepté de codiriger ce travail.

    Nos remerciements vont également à l'ensemble du corps professoral du Département de Géographie de l'Université de Kara pour le rôle appréciable qu'il a joué dans notre formation, spécialement à notre Doyen de Faculté M. Kossi S. BADAMELI et à notre chef de département M. Padabô KADOUZA.

    Que tous ceux que nous avons eu à solliciter dans les différents services (Direction du Plan et de l'Aménagement-Plateaux-, Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale -Plateaux-, La municipalité d'Atakpamé...), le chef du quartier d'Agbonou Olou Kokou AHANOU, sa famille, ainsi que tous les chefs de ménages et commerçants qui étaient soumis à notre enquête trouvent ici l'expression de nos profondes gratitudes.

    A vous membres du jury qui a accepté de juger ce travail, nous vous disons merci.

    Nous tenons aussi à remercier un certain nombre de camarades et amis qui nous ont aidés d'une manière ou d'une autre sur le terrain ou dans la réalisation du document que nous avons en main. Il s'agit de :

    -M. SANDJAKOU Banank, juriste.

    -M. AKODA Messan, administrateur réseau.

    Nos pensées vont enfin à tous les amis(es) et camarades qui de près ou de loin ont manifesté leur sympathie et leur soutien et que nous ne pouvons citer tous.

    SIGLES UTILISES

    ANPE : Agence Nationale Pour l'Emploi

    BTD : Banque Togolaise de Développement

    CEB : Communauté Electrique du Bénin

    CHR : Centre Hospitalier Régional

    COOPEC : Coopératives d'Epargne et de Crédit

    DRSCN-PL : Direction Régionale de la Statistique et de la Comptabilité

    Nationale - Plateaux -

    ENS : Ecole Normale Supérieure

    FLESH : Faculté des Lettres et Sciences Humaines

    FNUAP : Fonds des Nations Unies pour la Population

    FUCEC-Togo : Faîtière des Unités Coopératives d'Epargne et de Crédit du Togo

    IDH : Investir Dans l'Humain

    ISF : Indice Synthétique de Fécondité

    LK : Lomé-Kara

    ONU : Organisation des Nations Unies

    ONG : Organisation Non Gouvernementale

    OPTT : Office des Postes et Télécommunication du Togo

    PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

    RN°1 : Route Nationale Numéro 1

    SKV : Société Kossouka Voyage

    STMB : Société Transport Mixte Bangrin

    TAN : Taux d'Accroissement Naturel

    TCV : Transport Confort Voyage

    URD : Unité de Recherche Démographique

    INTRODUCTION

    L'urbanisation a été l'un des traits les plus caractéristiques des pays du Tiers Monde au XXe siècle. En effet, ces pays connaissent pour la plupart, une croissance démographique effrénée et une croissance urbaine spectaculaire à partir des années 1950. Toutefois, cette urbanisation rapide et tardive n'est pas à la même vitesse sur tous les territoires en développement.

    Le continent africain enregistre la plus forte croissance urbaine (4,8% par an) suivi de l'Asie (2,6%) et de l'Amérique Latine (2,3%) où le processus s'est enclenché plus tôt. Cependant l'Afrique est encore peu urbanisée (38%) par rapport à l'Asie (41%) et à l'Amérique Latine (78%) (FNUAP, 2007). Le continent noir est aussi caractérisé par un faible nombre de grandes villes (ONUHabitat, 2007) et une multitude de villes secondaires. C'est d'ailleurs pourquoi depuis une vingtaine d'années, les Etats africains ont cherché à focaliser toutes les énergies sur les petites et moyennes villes qui sont, à en croire les spécialistes du développement et les autorités politiques, l'espoir d'un meilleur développement urbain en Afrique. Mais, force est de constater que toutes les politiques audacieuses et discours vibrants des années 80 sur la décentralisation et la déconcentration ne sont que désuets, mal visés et chargés d'intentions politiques qui ne servent malheureusement que les régimes en place dans ces Etats. Ainsi plusieurs villes secondaires, souvent des villes de l'hinterland sont enclavées. D'autres ont la chance de se trouver dans les carrefours ou sur les axes routiers importants. Dans ce cas, seule leur situation par rapport à ces voies de communications détermine leur dynamique.

    Le Togo, pays de l'Afrique de l'Ouest ne fait pas exception à cette triste réalité. La croissance des villes secondaires du Togo, depuis deux ou trois décennies aussi modeste soit-elle, est loin de présenter partout les mêmes caractères. Ces différences légères ou marquées se comprennent aisément par les traits particuliers de leurs rôles administratifs et économiques. Lomé, la

    capitale concentre à elle seule, toutes les fonctions administratives, politiques, économiques et autres du pays, le reste des villes ne joue que des rôles subsidiaires. Pour le reste, leur développement est tributaire de leur situation par rapport à la route nationale N°1 ou par rapport à un axe routier à vocation commerciale. Et là encore, il faudrait que la circulation marque un temps d'arrêt puisque, « en réalité, la ville ne se développe que là où la circulation marque un temps d'arrêt. » (Derruau M., 1995). Ainsi, la seule chance qu'ont les petites et moyennes villes du Togo pour se développer dépend de leur position géographique par rapport à un axe routier. De ce rôle des axes routiers dans la structuration des espaces urbains et de leurs dynamiques pour comprendre les réalités d'aujourd'hui, Atakpamé est un exemple remarquable. Sa dynamique spatiale est sous l'influence directe de sa situation géographique. L'extension d'Agbonou, quartier situé dans la pénéplaine à l'est et juste à l'entrée de la ville d'Atakpamé n'est pas seulement la preuve tangible d'une contrainte topographique, mais aussi du pouvoir attractif d'un axe routier.

    Outre cette extension spatiale, le quartier Agbonou qui fait l'objet de notre étude jouit d'une dynamique économique tout à fait particulière par rapport aux autres espaces urbains de la ville. C'est justement de là que découlent les singularités de son mode de développement urbain.

    Notre étude nous permettra d'appréhender non seulement les raisons qui expliquent cette dynamique économique et spatiale, mais aussi de mesurer les changements socio-économiques que pourraient apporter une route dans un espace urbain.

    Ce travail s'organise autour de quatre chapitres répartis comme suit :

    > Le premier chapitre présente le cadre conceptuel et l'approche

    méthodologique.

    > Le second traite de la présentation géographique et historique

    d'Agbonou, de la mobilité résidentielle vers cette zone, et enfin, analyse l'organisation de l'espace urbain.

    > Le troisième parle des activités économiques concentrées autour de la

    N°1. Il sera question de montrer l'importance de la RN°1 dans le développement des activités informelles et leurs apports à l'économie urbaine.

    > Le dernier et quatrième chapitre fera l'objet des problèmes qui minent

    actuellement la population de ce quartier périphérique afin de proposer les approches de solutions.

    PREMIER CHAPITRE

    CADRE CONCEPTUEL ET APPROCHE
    METHODOLOGIQUE

    1.1. LE CADRE CONCEPTUEL

    1.1.1. La problématique

    Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu'au début du 3e millénaire, la dynamique urbaine de l'Afrique subsaharienne est le fait le plus marquant pour ce continent. Lié dans une large mesure à la colonisation pour les besoins de l'expansion européenne, le processus d'urbanisation moderne a véritablement démarré durant cette période avec un rythme très lent (Coquery-Vidrovitch, 1987 cité par Nyassogbo, 2004). Il a commencé à s'accélérer au début des années d'indépendance surtout dans les grandes villes pour atteindre sa vitesse de croisière durant les années 1970 avant de connaître une nouvelle phase de décélération au début de la "décennie perdue ",(Nyassogbo, op. cit.), au profit des villes secondaires. En effet, au lendemain des indépendances, les responsables africains ont élaboré des plans de développement ambitieux fondés sur les grandes villes notamment les capitales "vitrines du développement", (Nyassogbo, op. cit.). Mais au début des années 1980, la tendance s'inverse ; on remarque désormais un intérêt particulier pour les petites et moyennes villes au service du développement régional et local. L'intérêt que suscitent à présent les petites villes trouve son origine dans une série de facteurs. D'abord, il s'agit des échecs répétés de développement fondés sur les capitales. Ensuite à cause de la crise urbaine qui caractérise l'ensemble de l'Afrique tropicale. Il trouve enfin son origine dans une croissance exagérément rapide des villes qui aboutit au phénomène du gigantisme urbain. On pouvait donc constater aisément que : « les grandes viles sont incapables de promouvoir le développement harmonieux des pays africains dans les conditions actuelles de l'urbanisation avec tous les problèmes qu'elles posent » (Nyassogbo, op. cit.).

    Un autre aspect de ce gigantisme urbain se traduit par la consommation d'espace. En effet, La forte croissance démographique que connaissent les

    grandes villes d'Afrique subsaharienne depuis plusieurs décennies se traduit par un étalement urbain incontrôlé, un équipement déficient en services de base (écoles, centres de santé, électricité, eau potable...) et une mauvaise accessibilité des quartiers périphériques, qui abritent généralement des populations à bas revenus. A titre d'exemple, Lomé, entre 1970 et 1981 avait une population qui s'est dédoublé passant de 145000 à 375000 hbts, alors qu'à la même période la superficie urbanisée s'est multipliée par trois, passant de 1900 à 6000 hectares (Nyassogbo, op. cit.). Dziwonou Y. en l'an 2000 note un triplement de cette superficie qui revient à 18000 ha et plus entre 1980 et 1998 alors que la population peine à se dédoublée ; or malheureusement les infrastructures et équipements de bases peinent à suivre le rythme imposé par la croissance démographique et spatiale de la ville. Bref, Les villes sont entrées dans une phase d'extension spatiale démesurée entraînant derrière elles tout un cortège de problèmes de logements, d'infrastructures de bases, de déplacements... surtout dans les nouvelles zones d'expansion. Certes, Comparativement, l'étalement urbain dans les pays du sud est intervenu beaucoup plus tôt que dans les pays occidentaux, mais la conférence sur l'étalement urbain organisée en Septembre 2007 à l'Université d'Orléans par les spécialistes des questions urbaines vient confirmer l'ampleur du phénomène sur le plan mondial. Partout, on parvient au même constat : « l'explosion spatiale de la ville ne s'est pas accompagnée d'un développement d'infrastructures urbaines à sa mesure » (Paul Claval dans son allocution d'ouverture lors de la conférence d'Orléans). Plus généralement donc, les zones périphériques restent à la fois marquées par la rareté des équipements de quartier et par une mauvaise qualité de la voirie. Le colloque d'Orléans d'après Zaninetti Jean-Marc, responsable de l'organisation proposait ainsi à « la communauté scientifique mobilisée par l'étude des villes de débattre de l'étalement urbain comme mode de régulation des rapports sociaux et comme enjeux de gouvernance territoriale à partir d'études de cas concrets, prises dans différents contextes urbains situés partout à travers le

    monde ». En ce qui concerne les pays en développement, les chercheurs prônent la décentralisation qui est présentée non seulement comme une solution pour désengorger les grandes villes, mais aussi, comme une condition sine qua non de la croissance des villes secondaires et du développement de leurs arrière-pays.

    Au Togo, après l'indépendance, le fait urbain est, à l'image des pays de l'Afrique subsaharienne, marqué par la présence d'une seule grande ville, Lomé, qui étend son influence sur toute l'étendue du territoire. Elle écrase de tout son poids les centres secondaires qui s'échelonnent, pour la plupart, le long des principales voies de communications. Pour ces centres secondaires, leur développement est tributaire de leurs rôles administratifs et de leur situation par rapport à la route nationale N°1 ou par rapport à un axe routier.

    Atakpamé, chef-lieu de la Région des Plateaux, qui est notre zone d'étude est une ville qui doit son dynamisme à sa situation géographique et à son rôle administratif et économique.

    Par sa position, Atakpamé est un carrefour important, situé à mi-chemin entre Lomé et Sokodé sur la voie centrale, à 100 km de Kpalimé, du Litimé et également à une centaine de km de Savalou en République du Bénin. << Cette position stratégique d'Atakpamé n'a jamais été démentie au cours de l'histoire. Elle a été au contraire confirmée et renforcée par son choix, d'abord par l'administration coloniale (allemande puis française), comme chef-lieu du cercle du centre, puis après l'indépendance, comme chef-lieu de la Région des Plateaux » (Nyassogbo, 1985).

    Cette évolution politique et administrative est vigoureusement soutenue par l'évolution économique et démographique.

    Sur le plan économique, Atakpamé est le seul débouché des produits agricoles vivriers d'un vaste arrière-pays largement excédentaire et centre de transit des produits d'exportation (café, cacao et coton).

    Sur le plan démographique, elle occupe la 5e place dans l'armature urbaine du Togo avec 77 300 habitants (DRSCN-PL, 2007) derrière respectivement Lomé, Sokodé, Kara et Kpalimé. " Blotti au fond d'une cuvette " (Nyassogbo, op.cit.), le premier noyau urbain formé de Woudou, Blakpa, Gnagna et Djama, est entouré d'une série de collines qui lui ont permis de résister aux grands assauts des Dahoméens au 15e et 16e siècle. Durant la période coloniale, la ville s'est étendue sur les versants est des monts Akposso. Cette ceinture naturelle formée par ces hauteurs confère à la ville un paysage géographique très attrayant. Mais le relief et la configuration du périmètre urbain sont une entrave à l'extension de cette ville. En réalité, c'est l'ouverture sur la pénéplaine d'Agbonou, il y a une vingtaine d'années après une longue hésitation de la population, qui a donné un nouveau coup d'accélérateur à l'extension spatiale de la ville. Ceci renforça sa fonction de carrefour puisqu'elle occupe désormais le site d'Agbonou qui est situé sur la route nationale N°1.

    Noeud de l'axe routier Nord/Sud et du chemin de fer du centre, Agbonou est un des plus grands carrefours commerciaux du Togo situé sur la route nationale N°1 après celui de Sokodé. Les nombreuses escales répétées et effectuées ça et là par les automobilistes empruntant la Nationale N°1 en témoignent largement. Ces escales sont surtout sources d'une dynamique économique, démographique et spatiale impressionnante. Ce quartier a une dynamique économique singulière par rapport aux autres quartiers de la ville et à d'autres espaces urbains situés sur la Nationale N°1 au Togo tout comme Komah un quartier au sud de Sokodé qui connaît aussi une dynamique pareille. L'ambiance qui prévaut dans ce carrefour, le nombre de commerçants qu'on trouve là, sur une distance d'à peine un km sont de nature à témoigner de la dynamique économique que lui imprime la route nationale N°1. Quant au progrès démographique, il a été rapide depuis la moitié du 20e siècle. En 1940, l'administration y dénombra 1297 âmes (DRSCN-PL). Au premier recensement de 1960, le village comptait 4154

    habitants. En 1997 et en 2004, les chiffres des estimations selon la Direction Régionale de la Statistique et de la Comptabilité Nationalité - Plateaux - (DRSCN-PL), étaient respectivement de 13008 et 17401 habitants ; ce qui donne un taux d'accroissement de 3,28%. Actuellement, cette population peut être estimée à une vingtaine de milliers.

    Sa dynamique spatiale a été plus spectaculaire. Au dernier recensement de 1981, Agbonou n'était qu'un petit village, mais aujourd'hui, il fait pratiquement la moitié de la superficie urbaine d'Atakpamé, soit 152 ha sur 377 que compte la ville (DRSCN-PL). Comment expliquer le dynamisme de ce quartier d'Atakpamé ?

    Quelles sont les spécificités géographiques, historiques et socio-culturelles de ce quartier ?

    Quelle est la part des migrations résidentielles dans le périmètre urbain ? De quels types d'équipements socio-collectifs dispose-t-il ?

    Quel rôle joue la route nationale N°1 dans l'extension spatiale du quartier ? Quel rôle joue-t-elle dans le développement local et régional ?

    Telles seront schématiquement nos pistes de réflexion dans ce travail. 1.1.2. Objectif général

    > Le travail vise à étudier la dynamique des quartiers périphériques des

    villes secondaires.

    1.1.3. Objectifs spécifiques

    Pour atteindre cet objectif général, nous nous sommes fixé des objectifs spécifiques suivants :

    > Etudier les phases et les facteurs de la formation de l'espace urbain.

    > Analyser les caractéristiques socio-démographiques du quartier.

    > Montrer la part des migrations résidentielles dans le peuplement du

    quartier.

    > Montrer l'importance de la route nationale N°1 dans le développement

    du quartier.

    > Analyser les relations périphéries/centre-ville.

    > Recenser les activités exercées et montrer leurs apports socio-

    économiques dans le développement du quartier et de la ville.

    > Identifier les problèmes majeurs liés à l'extension du quartier et à

    l'exercice du commerce ambulant du carrefour.

    1.1.4. Hypothèse principale

    Les contraintes topographiques du site de la ville ont entrainé précocement la rareté des terrains dans le centre-ville. En effet, la topographie locale d'Atakpamé rend difficiles les constructions dans le centre-ville très accidenté et ceinturé par les collines de la chaîne d'Atakora. Très tôt, les terrains deviennent rares dans le centre-ville, ceci poussa la population à aller au-delà des limites théoriques de la commune pour s'acheter un terrain et construire. Or, Agbonou est le seul endroit restant où la ville s'ouvre sur la plaine, d'où sa colonisation.

    1.1.5. Hypothèses spécifiques

    > Agbonou est situé au carrefour de deux grands axes routiers : la route

    nationale N°1, qui traverse le pays du nord au sud, et la route N°8, qui relie Nangbéto à Atakpamé. Ce carrefour, vecteur du commerce ambulant encouragea avec son site de plaine la migration résidentielle et l'exode rural dans le quartier, d'où sa croissance démographique et spatiale.

    > Agbonou était le terminus de la voie ferrée du centre de 1911-1913,

    d'où la naissance précoce des activités commerciales, notamment du sel qui venait de Lomé. Il tient donc son dynamisme actuel de son histoire à l'image du rôle qu'il a joué en tant que marché de sel, gare ferroviaire et lieu de résidence pour les colons allemands.

    > L'augmentation de la population d'Agbonou est due d'une part à une

    migration résidentielle du centre-ville vers Agbonou et d'autre part à un exode rural massif. Cette croissance démographique est la base de son développement économique puisqu'on sait que l'augmentation de la population est créatrice de richesse dans la mesure où cette population est obligée de produire et de consommer pour sa survie.

    > Agbonou est entrain d'être doté des services administratifs avec à la

    tête les bureaux de la préfecture et des équipements socio-collectifs comme les centres de santé, de loisirs, d'éducation, des marchés et autres, ce qui pousse la population à descendre des versants pour essaimer la plaine d'Agbonou.

    Avant de vérifier les hypothèses ci-dessus posées, il s'avère important de faire un bilan sommaire des recherches antérieures relatives au sujet.

    1.1.6. La revue de la littérature

    La littérature consacrée à la dynamique des périphéries urbaines est abondante et diversifiée. Devant cette abondance, nous n'évoquerons que les plus significatives concernant les villes ouest-africaines d'une façon générale, avant d'aborder en particulier, celles qui ont trait aux petites et moyennes villes du Togo en les comparant à Atakpamé.

    Les espaces périurbains ont fait l'objet de plusieurs études et leurs dynamiques sont liées à plusieurs facteurs. Sur ces facteurs, nombre d'experts en la question se sont prononcées.

    Jaglin S. (1991), dans son étude portant sur les périphéries Ouagalaise a décrit d'abord l'ampleur de l'occupation des espaces périurbains et montré que plus de la moitié de la population citadine de Ouagadougou habite les périphéries. Gibbal J. M. (1984) pour sa part a présenté les raisons d'être des quartiers périphériques en étudiant spécifiquement un quartier périphérique de Bamako (Fadjiguila). Selon son étude, plus de 50% de ménages ont quitté le centre-ville pour plusieurs raisons : les loyers trop élevés, les logements trop exigus, la promiscuité des cours surpeuplées, les conditions d'hygiènes très mauvaises, etc. Pour Marguérat Y. (1986), « dès que les prix des terrains d'un quartier en cours de création commencent à monter, il suffisait de s'en aller un peu plus loin pour retrouver des offres très basses ; conséquence, une expansion spatiale très rapide. »

    Les travaux de la thèse de Dziwonou Y. (2000) et les mémoires de Tossou K. (1982), Adjimah Y. (1987), Akpakli K. (1996), Ataké H. (2007), sur les quartiers périphériques de Lomé, viennent confirmer l'ampleur de la problématique des quartiers périphériques au Togo. Tous ont montré que la conséquence directe de la croissance démographique a été la recherche d'espace vers les périphéries face à la saturation du centre-ville sur le plan foncier. De même Koumako Y. (1988), Gam K. (1991), Kwassi A. (2000), Buaka A. (2005), tous ensembles, affirment que la submersion des périphéries de Lomé est autant l'oeuvre des « venues » du centre-ville que des villages et autres villes du pays. Dziwonou faisant le point sur les facteurs qui expliquent l'installation des populations à la périphérie écrit : « Le centre-ville « se déverse » ainsi à la périphérie en donnant une configuration tripartite à l'habitat : le moderne, le semi-moderne et le traditionnel. La cause première de l'installation des

    différents groupes sociaux à la périphérie est le coût peu élevé du foncier dans ces milieux par rapport au centre-ville. La volonté d'avoir son « chez », le manque de terrain dans le centre-ville, la vie de plus en plus difficile dans les villages et à l'intérieur du pays et la pollution constituent également quelques causes qui sous-tendent l'installation des populations à la périphérie ». Ainsi, l'urbanisation subsaharienne, horizontale, se traduit par un fort étalement spatial, repoussant de plus en plus les frontières des villes et rallongent les distances intra-urbaines. Guézéré A. (2007) dans sa thèse d'état sur les Taxis moto à Lomé montra que cet étalement urbain se caractérise par un déséquilibre important entre les périphéries peuplées et sous-équipées et des noyaux anciens qui concentrent la majorité des activités et des services, accentuant ainsi l'allongement des distances de déplacement. De plus, il expliqua comment le développement des infrastructures viaires a des difficultés à suivre le rythme imposé par la croissance « démo-spatiale >.

    En ce qui concerne les villes secondaires le problème est le même autour des périphéries urbaines. « L'extension de ces villes est toujours en avance sur la réalisation des travaux d'aménagements et la fourniture d'équipements publics » a relevé le rapport des Nations Unies pour le développement (PNUD, 1997).

    Dans « Dynamique urbaine et évolution de l'habitat dans la ville de Kara > Bikilimé T. (2006), a étudié la croissance démographique et spatiale de Kara et son impact sur l'habitat. D'après ses investigations, il ressort que la croissance démographique de la ville est due d'abord à un accroissement naturel élevé, ensuite à une immigration importante et enfin à une implantation d'infrastructures qui soutiennent quelque part cette immigration. Il établit enfin une trilogie entre la croissance démographique, la croissance spatiale et la dégradation de l'habitat estimant que le premier entraine le second et le second induit le troisième. Dans son mémoire de DEA, il se propose d'étudier les

    différents facteurs de l'extension de l'espace urbain et les incidences de cette dynamique spatiale sur l'aménagement des franges urbaines à Kara. Il montra que le rattrapage des zones rurales par le front d'urbanisation a entraîné le recul sensible des activités agricoles et des changements majeurs dans les modes de productions de l'habitat.

    Adoko Tchaa, dans << Dynamique spatiale et périurbanisation de la ville de Sokodé : cas des quartiers Komah et Konloundè au sud-est » soutient que la périurbanisation est la transformation de l'espace périphérique à caractère urbain par la mise en place des équipements, des infrastructures, etc.

    L'extension et le développement des petites et moyennes villes sont aussi liés aux axes routiers importants.

    Nyassogbo K. (1991) dans << Introduction à l'étude des villes du Togo » a relevé l'importance des transports dans le développement des petites et moyennes villes du Togo. Ainsi, parlant des conditions de localisation de Bassar et Badou, à savoir leur situation géographique quadrillée par la chaîne de l'Atakora, il émet l'hypothèse de l'isolement de ces villes. Il ajoute que les difficultés de développement économique de Bassar sont renforcées par l'insuffisance des voies de communications et les difficultés de circulation. Allant dans le même sens, Koubongma-Balatime M.K. (1991) a démontré que Bassar est une ville isolée et marginalisée de par sa position excentrique, ce qui n'est pas le cas d'Agbonou à Atakpamé qui a la chance d'être situé sur la route nationale N°1.

    Dans le même ordre d'idée, Bonfoh L. (1993) dans son mémoire de maîtrise << Transport et structuration de l'espace en pays Bassar » a dégagé les conséquences positives du bitumage de la route Kara-Kabou-Natchamba sur la vie économique. Cette route a favorisé la naissance de petits commerçants et l'accroissement du trafic routier. Cela se confirme dans le mémoire de Guézéré

    A. (1999) oü Kabou a été présenté comme un centre semi-urbain très dynamique à vocation commerciale à cause de son important marché et le bitumage de la route en 1988 qui ont apporté un coup de pouce au dynamisme de cette petite ville. C'est à ce niveau aussi que se trouve l'intérêt de notre travail puisque nous montrerons l'importance de la Nationale N°1 sur la dynamique économique et spatiale d'Atakpamé à travers l'étude d'Agbonou. Dès lors, quel est l'état des lieux des recherches sur la ville d'Atakpamé ?

    En effet, Atakpamé ne constitue pas un champ vierge pour la recherche. Elle est dotée de multiples écrits selon les approches thématiques. Les spécialistes et pionniers sur l'étude d'Atakpamé sont Nyassogbo K., Marguérat Y. et Dupont V. Les travaux de Nyassogbo K. (1985), ont évoqué le problème d'approvisionnement et d'assainissement de la ville. Le caractère extensif de l'urbanisation et le mode d'habitat ont été abordés par l'équipe italienne de Technosysnesis et dans des mémoires par les étudiants de l'EAMAU. C'est dans les années 90 que les étudiants ont commencé par étudier divers thèmes sur la ville. Parmi eux, nous avons Yenléré D. (1991), qui a fait une étude sur les difficultés de recouvrement en eau potable dans la ville d'Atakpamé réputée pour ses fortes pentes. En l'an 2000, Noumonvi S. a fait un travail sur l'évolution géomorphologique du site urbain d'Atakpamé en plein croissance. Sonokpon K. (2003), a analysé le phénomène de taxis-moto dans la ville en insistant sur ses atouts, ses inconvénients et les difficultés rencontrées dans l'exercice du métier dans une ville connue pour ses cailloux et ses fortes pentes.

    Assogba K. (1991), à partir des recherches sur l'artisanat dans le quartier Djama, s'est intéressé au processus d'insertion des jeunes dans ce secteur. Les résultats de ses recherches sur l'artisanat ont permis de montrer que l'artisanat est le secteur qui offre le plus d'emplois urbains aux jeunes par le biais de l'apprentissage.

    Yébli T. (2004) quant à lui a étudié l'habitat à Atakpamé sous toutes ses formes et les facteurs qui rentrent dans la composition d'un habitat et ses problèmes dans une ville à topographie contraignante.

    D'une façon générale, il faut reconnaître que presque toutes les études faites sur la ville Atakpamé ont toujours parlé du quartier Agbonou sans pour autant faire un approfondissement sur les facteurs liés à son extension spatiale. C'est pourquoi nous nous sommes proposé d'étudier ce quartier en plein dynamisme spatial et économique. Il s'agira pour nous de montrer principalement, d'une part, les facteurs de l'extension de la ville d'Atakpamé vers l'est et d'autre part de monter l'importance du carrefour d'Agbonou pour les activités commerciales et de son impact dans la dynamique socio-économique et spatiale du quartier.

    1.1.7. L'intérêt du sujet

    L'intérêt de notre sujet est double : scientifique et pratique.

    L'intérêt scientifique apportera plus de lumière sur les facteurs expliquant l'étalement des villes de l'Afrique subsaharienne.

    L'intérêt pratique nous permettra de mettre à la disposition du public, des intervenants externes (les ONG, les institutions internationales...), des informations susceptibles de les éclairer dans l'élaboration des projets de développement d'Atakpamé.

    1.2. L'APPROCHE METHODOLOGIQUE

    1.2.1. La population-cible

    Compte tenu de nos objectifs, nous avons choisi deux population-cibles, et deux types de questionnaires.

    Le premier questionnaire traite des migrations résidentielles. A ce niveau la population-cible est composée des chefs de ménages issus des deux sexes

    résidant dans le quartier. Nous entendons par ménage, l'ensemble des personnes résidant dans un logement. Un ménage peut donc être constitué aussi bien par une personne vivant seule que par un ensemble plus complexe, non nécessairement lié par un lien de parenté. Dans ce cas, le chef de ménage, c'est la personne qui, à l'intérieur d'un ménage, s'est déclarée comme telle au moment de notre enquête.

    Le second questionnaire concerne les activités économiques. La populationcible est constituée des commerçants propriétaires opérant autour du carrefour d'Akparé jusqu'à l'hôtel « Le Sahélien » au nord.

    1.2.2. Le choix de l'échantillon

    Selon les travaux menés par la Direction Régionale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale des Plateaux en 2004, 1881 ménages ont été dénombrés dans le quartier Agbonou répartis en 4 sous-quartiers: Agbonou-Gare, AgbonouCampement, Agbonou-Kpotamé et Agbonou-CEET. Compte tenu du manque d'information sur le nombre de ménages et de sa répartition à une date plus récente que celles de 2004, nous avons été dans l'obligation d'utiliser ces estimations vieilles certes mais fiables. Pour ce faire nous avons choisi au hasard un taux de sondage de 6% pour avoir un échantillon représentatif. Selon la méthode d'échantillonnage par quotas on a :

    Soit N la population-mère, t le taux de sondage et n l'échantillon à déterminer, n = N/t

    Suivant chaque sous-quartier d'Agbonou, le résultat donne ceci : Agbonou-Campement : N=555 t=6% n=555/6% 4 n=33

    Agbonou-CEET : N=279 t=6% n=279/6% 4 n=17

    Agbonou-Gare : N=595 t=6% n=595/6% 4 n=36

    Agbonou-Kpotamé : N=452 t=6% n=452/6% 4 n=27

    Après ces calculs, nous avons réparti équitablement les ménages tirés dans chaque sous-quartier sur les propriétaires et locataires parce qu'ils sont les acteurs de la dynamique du quartier. Nos résultats sont consignés dans le tableau suivant.

    Tableau N°1: Répartition de la population d'Agbonou suivant les sousquartiers

     

    Sous-quartiers

    Population 2004

    Nombre de
    ménages

    Ménages tirés

    propriétaires

    Locataires

    CAMPEMENT

    4975

    555

    33

    16

    17

    CEET

    2365

    279

    17

    8

    9

    GARE

    5835

    595

    36

    18

    18

    KPOTAME

    4226

    452

    27

    13

    14

    TOTAL

    17401

    1881

    113

    55

    58

    Source : nos enquêtes de terrain d'après les données de la DRSCN-PL-

    Enfin sur le terrain nous avons choisi les enquêtés en tenant compte des maisons de façon aléatoire.

    Pour le second échantillon concernant les commerçants, des observations avaient d'abord été faites pour identifier les différentes zones d'activités le long de la route nationale N°1 à Agbonou. Ces observations ont été ensuite complétées par un recensement des divers acteurs intervenant dans ces activités. Au terme de notre démarche, 202 commerçants propriétaires ont été dénombrés avec leurs différents produits vendus. Ne pouvant pas les interroger tous, nous avons appliqué la méthode d'échantillonnage par quotas sur la population-mère pour avoir un échantillon de 63 commerçants à enquêter répartis comme suit :

    Tableau N°2 : Répartition des commerçants tirés suivant les types de produits vendus

    Types de produits

    Effectifs des

    commerçants

    échantillon de

    commerçants

    Poissons grillés

    59

    18

    Fruits

    40

    12

    Pains

    46

    14

    Eau glacée/Jus

    14

    4

    Repas/boissons

    25

    8

    Beignets

    2

    1

    Brochettes

    2

    1

    OEufs

    2

    1

    Gari/Tapioca

    12

    4

    TOTAL

    202

    63

    Source: nos enquêtes de terrain

    Ce résultat a été possible avec un taux de sondage de 31% appliqué à chaque différente catégorie de commerçants propriétaires recensée sur le terrain. Le taux est certes élevé mais il faut comprendre par là, qu'avec une populationmère très petite le taux de sondage doit être élevé au risque d'éviter que l'échantillon ne soit représentatif.

    Sur le terrain nous avons interrogé les commerçants dans chaque zone d'escales à savoir le carrefour d'Akparé, le carrefour d'Agbonou et les environs de l'hôtel « Le Sahélien ».

    1.2.3. Sélection et justification des variables

    1.2.3.1. Les variables socio-démographiques

    Elles regroupent dans le cadre de notre thème le sexe, l'âge, l'ethnie, la situation matrimoniale et le niveau d'instruction.

    - Le sexe est une variable qui nous permet de connaître non

    seulement la structure par sexe de la population, mais aussi, d'avoir une idée sur la répartition des activités selon que l'on est femme ou homme.

    - L'âge : il permet de déterminer l'âge des chefs de ménages. Pour

    les besoins de notre étude, les chefs de ménages interrogés ont 20 ans et plus.

    - L'ethnie : elle favorise la connaissance de la composition socio-

    professionnelle de la population.

    - La situation matrimoniale nous donne la proportion des personnes

    mariées, célibataires, veuves, séparées ou en union libre de notre échantillon.

    - Le niveau d'instruction : cette variable permet de connaître le

    degré d'instruction des enquêtés.

    1.2.3.2. Les variables socio-économiques
    Elles regroupent la profession et les revenus.

    - La profession donne la possibilité de structurer la population active d'Agbonou en plusieurs secteurs d'activités.

    - Le revenu, qu'il soit journalier ou mensuel a permis d'une part de dégager la part du secteur informel notamment du commerce dans l'économie urbaine et d'autre part de montrer l'importance d'une route dans le développement du petit commerce.

    1.2.4. La collecte des données

    Elle s'est faite en deux étapes, la recherche documentaire et les enquêtes sur le terrain.

    1.2.4.1. La recherche documentaire

    La recherche documentaire a consisté à rechercher des informations contenues dans les livres qui ont trait à notre thème. Pour ce faire, nous avons exploité des documents dans les bibliothèques de l'Université de Kara, de Lomé, de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLESH), de l'Unité de Recherche Démographique (URD), de la municipalité d'Atakpamé, du Centre Culturel Français de Lomé et auprès de certains professeurs du Département de Géographie. Nous avons ensuite approché certains services administratifs comme la Direction Régionale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale - Plateaux - (DRSCN-PL), la Direction Régionale du Plan et de l'Aménagement - Plateaux -, la Direction Régionale de la Cartographie - Plateaux -, la préfecture de l'Ogou et la municipalité d'Atakpamé.

    Tous ces renseignements collectés ici et là ont été complétés par les enquêtes sur le terrain.

    1.2.4.2. L'enquête sur le terrain

    A ce stade nous avons usé des méthodes de collectes suivantes : L'observation directe, l'interview et l'enquête par questionnaire. 1.2.4.2.1. L'observation directe

    Elle a consisté en une observation minutieuse des activités se déroulant autour du carrefour d'Agbonou, du carrefour d'Akparé et près de l'hôtel «Le Sahélien».

    Nous avons, tout d'abord, analysé le flux des véhicules pendant sept jours, dans la semaine du 12 au 18 janvier 2009, ensuite observé les catégories de véhicules qui font escale au carrefour d'Agbonou afin d'estimer le nombre approximatif de véhicules qui font escale par jour, toutes catégories confondues. Ensuite a suivi le recensement des différentes activités artisanales qui jalonnent cet espace urbain. Il a été enfin question d'une observation sur l'organisation du tissu urbain : forme des îlots, des rues, disposition des infrastructures, etc.

    Pour bien comprendre ce que nous avons vu, nous avons procédé à quelques interviews qui se sont révélées utiles.

    1.2.4.2.2. L'interview

    C'est une interview qui s'est intéressée à certaines activités du transport et de l'artisanat qui se déroulent aux carrefours d'Agbonou et d'Akparé, pour lesquelles nous n'avons pas prévu un questionnaire spécifique.

    Nous nous sommes approché aussi des autorités municipales et du chef du quartier d'Agbonou pour avoir des informations sur l'historique du quartier.

    La 3è phase de notre méthode d'approche sur le terrain a été l'enquête par questionnaire.

    1.2.4.2.3. L'enQuête par Questionnaire

    Compte tenu du fait que notre travail porte sur la dynamique urbaine et économique d'Agbonou, nous avons élaboré deux types de questionnaires.

    L'un traite de la dynamique spatiale et le second de la dynamique économique. Les deux questionnaires comportent deux grandes parties :

    - La première partie s'intéresse aux caractéristiques socio-démographiques des enquêtés qui englobent les variables indépendantes comme le sexe, le lieu de

    naissance, l'ethnie, la religion, la situation matrimoniale, le nombre d'enfant et l'âge. Ce volet est commun aux deux types de questionnaires élaborés.

    - La deuxième partie dépend des objectifs visés et de la population ciblée.

    C'est ainsi que pour le questionnaire traitant de la dynamique spatiale, sa seconde partie regroupe les questions liées à la migration résidentielle, à la mobilité des chefs de ménages et aux équipements socio-collectifs existants dans la zone. Elle a concerné exclusivement les chefs de ménages vivant à Agbonou.

    Pour le second type de questionnaire, sa deuxième partie s'intéresse aux activités commerciales: les articles vendus, les raisons du choix du lieu de vente, les types de clients, les recettes obtenues, etc. Toutefois, nous avons analysé les autres activités en rapport direct ou indirect avec les arrêts momentanés des véhicules afin de montrer l'importance des escales dans la dynamique du quartier.

    1.2.5. Le dépouillement

    Pour rendre les opérations de dépouillement aisées, nous avons fait appel à un informaticien. Le dépouillement des questionnaires a été fait à la main mais les tableaux et graphiques ont été réalisés à l'aide du logiciel Excel en vue de réduire les risques d'erreurs et de gagner aussi du temps durant la confection de ce document.

    1.2.6. Les difficultés de terrains

    Les principales difficultés rencontrées ont été enregistrées au niveau de l'enquête chez les commerçants. Ces difficultés sont de deux ordres : primo, nous avons été confrontés à l'indisponibilité des commerçants. Ils sont tout le temps en mouvement surtout dès l'arrivée d'un véhicule. A ces difficultés, il faut ajouter la réticence, la méfiance et la sincérité douteuse ou le refus catégorique de certains commerçants à se prêter à nos questions malgré

    l'exhibition des papiers officiels prouvant que nous faisons un travail académique. Certains, nous prenaient pour des agents d'une ONG ou de la municipalité et pensaient que nous sommes payé pour faire cette enquête. Du coup, ils demandent un pourboire avant de répondre aux questions. Mais à force de les persuader dans leur patois (îfê) et avec des attestations de recherche à l'appui, ils ont fini par nous écouter et répondre à nos questions.

    Enfin, nous pouvons passer sous silence les difficultés financière et matérielle liées d'une part aux multiples voyages que nous avons effectués entre Lomé et Atakpamé et d'autre part au manque d'outils informatiques.

    Néanmoins, malgré ces difficultés auxquelles nous avons fait face, notre collecte des données s'est bien déroulée dans l'ensemble ainsi que la finition du document.

    DEUXIEME CHAPITRE
    PRESENTATION DU QUARTIER

    Capitale administrative de la Région des Plateaux, Atakpamé, 5e ville du

    Togo, se situe à 160 km au nord de Lomé. La ville est bâtie sur un site formé de reliefs montagneux situés aux confins occidentaux de la grande plaine du Mono. Sa banlieue se compose de nombreux villages périphériques dont les plus importants sont en 1981 : Agbonou, Agbofon, Sada, Lama-Kopé, ainsi que Tchakpali et Hihéatro qui appartiennent à la préfecture d'Amou. Aujourd'hui, Agbonou fait partie intégrante de la ville et présente un aspect urbain. Situé sur la Nationale N°1 dans la banlieue est de la ville d'Atakpamé (voir carte N°1), Agbonou est limité au nord par le quartier Sada, au sud par le quartier Talo, à l'est par le quartier Koèroma et à l'ouest par le quartier Kéta. Carrefour majeur sur l'axe reliant la côte et le nord, le quartier est découpé en quatre sousquartiers regroupant 17401 habitants en 2004. Il s'agit d'Agbonou-Gare, Agbonou-CEET, Agbonou-Campement et Agbonou-Kpotamé. En réalité c'est une seule entité géographique, mais compte tenu de son étendue, la population a fini par le sectoriser par rapport à certaines infrastructures ou particularités géographiques. Ainsi entend-on par Agbonou-Gare la zone où se situe la gare ferroviaire, par Agbonou-CEET, la zone située à côté de la centrale électrique de la CEB (Communauté Electrique du Bénin). Agbonou-Campement tient son nom de « la nouvelle zone d'habitation ou la nouvelle zone de peuplement ». Agbonou-Kpotamé, un nom composé aussi, en raison de sa situation sur le talus qui raccorde les hauts plateaux de l'ouest à la plaine du Mono à l'est (en Hudu kpotamé signifie sur la colline). (Voir carte N°2).

    Carte N°1 : Localisation de la zone d'étude

    RN°1

    RN°1

    Source : K.G. FAGBEDJI

    28

    Vers SOKODE

    2

    2.1. LES CONDITIONS GEOGRAPHIQUES D'IMPLANTATION

    DU QUARTIER

    2.1.1. Le site de plaine: un avantage pour le développement d'Agbonou

    Le développement rapide du quartier d'Agbonou est perçu comme étant la résultante de divers facteurs tels que la liberté du marché foncier, le désir d'habiter chez soi des Atakpaméens et le manque de terrains pour bâtir dans le centre-ville. Cependant, il ne faut pas perdre de vue le site, dont la configuration et le substratum géographique se révèlent particulièrement avantageux pour l'implantation des infrastructures socio-économiques et immobilières.

    En effet, Agbonou a pour site la plaine de Kamina. C'est une plaine d'environ 200 à 250 mètres d'altitude légèrement inclinée vers l'est. C'est une plaine qui s'étend sur toute la partie orientale de la Région des Plateaux. Elle est traversée par le fleuve Mono aux environs de la frontière béninoise d'où son second nom, la plaine du Mono. Cette plaine constitue un atout important dans la dynamique spatiale d'Agbonou. Actuellement les zones « propices » à l'établissement humain sont presqu'épuisées dans le périmètre urbain notamment au centreville. La ville ne pourra plus s'étendre au-delà des hauteurs présentement atteintes sur les flancs des collines à cause des hauts plateaux de l'ouest qui ceinturent la cité. La seule zone d'expansion reste donc la zone située entre Agbonou et Kamina.

    Les deux profils topographiques dans deux directions différentes (Nord-Sud) et (Est-ouest) ci-après, obtenus à partir de la feuille topographique d'Atakpamé au 1/50000e (en annexe), illustrent bien la forme de cuvette que présente la ville d'Atakpamé favorisant naturellement l'essaimage d'Agbonou.

    D'une manière générale, le site de la ville a la forme d'une cuvette légèrement inclinée vers l'est et à fond relativement peu accidenté. Il est limité au nord, à l'ouest et au sud par une série de collines qui culminent à 430 m d'altitude en moyenne. Il présente une ouverture sur l'extérieur du coté Est, ce qui donne toutes les chances de développement à Agbonou.

    2.1.2. Un milieu favorable à l'installation des infrastructures

    socio-économiques

    Agbonou repose sur un socle dahoméen composé essentiellement de granite enclavé, de pegmatite, du gneiss, et de granito-gneiss idéal aux implantations des infrastructures.

    D'aspect tabulaire et légèrement incliné vers l'est, il est au pied des quartiers anciennement urbanisés de la ville (Djama, Gnagna, Doulassamé...) à une centaine de mètres. Au prime abord donc, la plaine d'Agbonou ne présente pas d'obstacles naturels pouvant constituer un frein à l'installation de l'homme. Secundo, sa composition géologique ne pose pas non plus de problèmes pour le creusement des tranchées nécessaires pour l'édification des fondations des bâtiments. Ce double avantage allié à d'autres facteurs comme le vaste espace qu'elle offre a permis que cette plaine fût mise à profit depuis les années 1900 à la réalisation de très grands équipements collectifs : la gare ferroviaire d'Agbonou, le lycée d'Agbonou, les dispensaires, etc. Ainsi, le site favorise la création de nombreuses infrastructures socio-économiques et culturelles.

    Agbonou favorise aussi l'installation d'une multitude de constructions résidentielles à cause de son climat.

    2.1.3. Un milieu propice à l'habitat résidentiel

    La plaine du Mono dans laquelle est situé Agbonou jouit d'un climat doux, propice à l'installation humaine. En effet, le climat de la ville d'Atakpamé se

    rattache à la zone de transition du tropical sec du Nord et du tropical humide du Sud. Il est caractérisé par une forte humidité avec des écarts diurnes assez élevées et une nébulosité importante surtout en saison humide. L'insolation est minimale en janvier et maximale en août. C'est le même climat qui règne à Agbonou. La population ne connaît ni les fortes chaleurs ni les vents violents du Nord du pays. La température moyenne varie entre 19°C et 29°C durant toute l'année.

    Grâce à ces avantages qu'offre la plaine de Kamina, il s'ensuit une occupation massive, mais quelque peu lente vers cette zone qui est aussi le fruit d'une histoire particulièrement riche en événement mystique.

    2.2. L'APERCU HISTORIQUE DU QUARTIER

    Le débat sur l'origine de la ville d'Atakpamé passionne beaucoup de personnes. Son origine est très controversée et est imputée à trois peuples (Hudu, Tchetti et Djama) présumés autochtones qui revendiquent chacun la primauté d'installation à Atakpamé (Adotévi S., 1996). Seulement depuis lors, personne ne s'est intéressée à l'histoire d'Agbonou pour savoir qui des trois présumés autochtones a occupé premièrement la porte d'entrée de la cité refuge.

    2.2.1. Agbonou, une création des Ifê de Modjigbéri

    Les Ifê de Modjigbéri (un sous-quartier du quartier Tchetti), un des rameaux du groupe Ifê de Tchetti furent les premiers occupants du site d'Agbonou. Leur installation à Agbonou remonte probablement au XVIIIe siècle et marque le temps des grands assauts subis par les Ifê de la part des Dahoméens.

    « Agbonou » signifie littéralement « le portail ». Le nom incarne à lui seul toute l'histoire du village. En effet selon la tradition orale, il y avait un fétiche à l'entrée est de la cité d'Atakpamé du nom de << éri ogou dougbé » signifiant << qui voit le danger et crie». Comme son nom l'indique, il était chargé d'alerter

    les guerriers résidant dans la forêt d'une éventuelle arrivée d'ennemis. Selon les anciens, ce fétiche était gardé par un certain ATSA qui habitait les lieux avec sa famille et les adeptes du fétiche. Tout porte à croire donc qu'ATSA fut le fondateur du village. C'est d'ailleurs son petit fils ATSA AFFO qui céda le terrain de la gare ferroviaire aux colons allemands pour leurs installations. Par la suite, voulant être protégé par le fétiche et cherchant une certaine sécurité, les familles Ahanou, Sossavi, Doku, ont fini par rejoindre les premiers occupants du village en occupant respectivement les localités connues aujourd'hui sous le nom d'Agbonou-CEET, Agbonou-Kpotamé et Agbonou-Campement. On peut ajouter à ce facteur spirituel, un autre facteur pas des moindres ; il s'agit du site de la cité refuge. En effet le caractère montagneux de la ville engendre une érosion intensive le long des versants laissant affleurer des sols bruts qui sont impropres à l'agriculture. Or, le quartier Modjigbéri est situé à une haute altitude (400m), donc difficile d'accès et impropre à l'agriculture, ce qui obligea probablement très tôt les Ifê de cette localité à descendre « au portail » dans la plaine. Sur le plan social et organisationnel enfin, toutes ces premières familles vivaient en harmonie et avaient chacune un doyen de famille. Ces doyens élisent un chef responsable unique choisi par rapport à ses compétences morales et spirituelles. Tous étaient de braves cultivateurs. Ils cultivaient surtout l'igname. Ce sont aussi des chasseurs réputés dans la grande forêt giboyeuse du milieu qui prédisposait à cette activité.

    D'une façon générale, Agbonou a été occupé premièrement par les Tchetti pour des raisons socio-économiques et naturelles liées au relief montagneux d'Atakpamé. Mais alors, comment le peuplement du milieu s'est-il effectué par les autres groupes Ifê ?

    2.2.2. Progression graduelle du peuplement et extension d'Agbonou

    L'occupation du site d'Agbonou par les Ifê s'est faite graduellement. Elle s'est faite en deux étapes : une première phase progressive et hésitante pour cause d'insécurité et une seconde phase marquée par une descente massive.

    2.2.2.1. La première phase

    C'est la phase au cours de laquelle les gens n'aimaient pas sortir du cadre urbain et s'aventurer vers la plaine à cause des incursions dahoméennes. En effet, d'après la tradition, tout le monde était censé quitter les champs situés à Agbonou et ses périphéries avant le coucher du soleil car l'entrée de la ville était gardée strictement par des jeunes guerriers très habiles dans le maniement des machettes. « Malheur à quiconque violerait cette règle, il courrait le risque de se faire décapiter » (Adotévi S., 1996). L'entrée de la ville se trouvait alors juste avant le ruisseau Eké, non loin de l'actuel Lycée d'Atakpamé. La porte d'entrée de la ville était probablement constituée de deux pieux plantés dans le sol audessus desquels était posée une barre transversale, à laquelle étaient suspendues les amulettes de protection.

    C'est dans ce contexte d'insécurité manifeste que les familles Sossavi, Doku et Ahanou ont rejoint Atsa et sa famille au milieu du XIXe siècle pour des raisons mythiques et agricoles.

    2.2.2.2. La deuxième phase

    Les années passent, et on s'aperçoit que les attaques des armées dahoméennes n'étaient pas si fréquentes comme on le croyait au départ. On pouvait donc traverser de longue période dans une quiétude relative et la population croissait

    au fil des ans. Elle devenait de plus en plus nombreuse, ce qui réduit par voie de conséquence les surfaces cultivables et les rendements agricoles.

    Pour éviter la famine, il fallait donc descendre dans la plaine pour être proche de son champ et surtout pour conquérir de nouvelles terres. C'est alors qu'on enregistre la deuxième vague de montagnards (les Djama, les Tchetti et les Hudu) qui va essaimer la pénéplaine d'Agbonou vers 1884 marquant un nouveau dynamisme dans le village avec l'arrivée des colons allemands au Togo.

    2.2.3. Le village d'Agbonou au temps colonial

    Quand bien même Agbonou fut une importante porte d'entrée à la grande agglomération d'Atakpamé avant l'ère coloniale allemande, il ne joua pas un rôle important dans l'organisation de la conquête de l'hinterland. Les Allemands ont privilégié l'axe de la Volta (Gayibor, 1997). Mais à partir de 1908, il devient une gare importante quand la décision fut prise d'y faire aboutir le premier tronçon du chemin de fer du centre. Dès lors cette infrastructure structurante qui mobilisa pour sa contribution au moins 10000 ouvriers (Gayibor, op. cit.) va renouveler l'intérêt d'Agbonou pour la population du Togoland entier.

    Ce chemin de fer a permis d'abord le désenclavement d'Agbonou. En effet après la construction de la ligne du centre qui était destinée à désenclaver le Nord du pays et à drainer les produits agricoles ainsi que les matières premières dont avait besoin le colon, Agbonou était devenu un carrefour important. Tout le monde reconnaissait alors la présence de ce village situé à 3 km d'Atakpamé car c'était l'emplacement de la gare ferroviaire. Aussi, les Allemands y ont-ils construit leur résidence et leur station radiophonique à environ 3 km à l'est du village. Ensuite, cette gare a entraîné une dynamique commerciale du village. Agbonou est devenu un grand centre commercial. Le marché d'Agbonou s'est élargi à d'autres peuples désireux de proposer leurs services aux voyageurs. Il

    était devenu aussi un lieu de commerce ambulant comme on pouvait le constater dans toutes les gares (Agou-gare, Avétonou, Assahoun, etc). Dès l'arriver d'un train, les commerçants s'approchent des wagons pour vendre leurs produits aux passagers. Ces produits sont constitués des fruits, des repas, des boissons et autres. C'est d'ailleurs de là qu'a commencé le commerce ambulant du carrefour que nous aborderons dans le chapitre suivant. Même après le départ des Allemands en 1918 qui fît place aux colons français, le rôle économique du village s'est plutôt renforcé, surtout avec le prolongement de la voie ferrée jusqu'à Blitta. Plus que jamais la population d'Atakpamé et de ses environs migrait vers ce faubourg pour vendre ou pour établir un domicile. D'où sa croissance démographique et spatiale. Il est devenu un carrefour d'échange entre les peuples des plateaux Ouest, du Sud, du Nord et de la plaine du Mono à l'est. La population d'Agbonou est passée de 405 hbts (1898) à 1291 hbts (1940) puis à 4154 hbts en 1959 donnant ainsi une croissance de 10,8% (Dupont, 1986). Enfin sur le plan social, Agbonou a entrainé le brassage des peuples en tant que gare, donc lieu d'échange culturel. Au total, le chemin de fer a permis durant la période coloniale le développement d'Agbonou. Depuis lors, ce village n'a cessé d'être attractif et abrite de ce fait une population très hétérogène à l'image de celle d'Atakpamé.

    2.3. CARACTERES HUMAINS ET EVOLUTION DE LA

    POPULATION D'AGBONOU

    La dynamique démographique et la dynamique spatiale ont des rapports

    étroits. L'une est la conséquence de l'autre. Les deux mouvements se poursuivent encore et ne sont pas moins visibles dans les villes secondaires (Nyassogbo, op. cit.). De limite encore floue, l'extension d'Atakpamé, la 5e ville du pays est modeste. Lent au départ, l'étalement de la ville aux sept collines a pris une allure rapide depuis 1970. Cette rapidité s'explique non seulement par

    l'accroissement sensible de la population, mais aussi par la migration résidentielle vers cette zone. La naissance de nouveaux quartiers périphériques dont Agbonou, actuellement la plus grande banlieue, l'absorption des fermes, hameaux et villages traduit cette dynamique spatiale d'Atakpamé. Dans ce souschapitre, il sera question d'analyser la structure démographique d'Agbonou, l'évolution de la population et ses conséquences.

    2.3.1. LES CARACTERISTIQUES HUMAINES DE LA POPULATION

    La population d'Agbonou à l'image de celle d'Atakpamé est caractérisée par sa diversité qui se remarquait depuis la fondation du quartier et surtout depuis qu'il est devenu le terminus de la voie ferrée du centre.

    2.3.1.1. Une très forte proportion de jeunes et une population équilibrée sur le plan du sexe

    La pyramide des âges d'Agbonou serait à l'image d'Atakpamé puisque ce quartier abrite aujourd'hui un quart de la population de la ville. Ainsi par analogie, la pyramide des âges de la ville d'Atakpamé en 2000 (figure N°1), comme à Agbonou donc, a une base large et présente des versants presque concaves, montant vers un sommet effilé.

    Figure N°1

    La forme de cette figure illustre une grande proportion de jeunes et d'enfants, à côté d'un nombre réduit de vieux. En 2000, 42% de la population avait moins de 15 ans, 52 % avaient entre 15 et 55ans et 6% plus de 55 ans. La population de la commune ainsi que du quartier reste donc essentiellement jeune. Ce contraste est dû évidemment aussi bien à l'accroissement naturel, qu'à la masse importante de jeunes gens qui immigrent, soit pour la scolarisation, soit pour des activités informelles. Nous insisterons plus loin sur les rapports entre le phénomène migratoire et l'exercice du commerce ambulant. Quant à la structure par sexe de la population d'Agbonou, on note que la population se répartit presqu'équitablement entre les deux sexes : 101 hommes pour 100 femmes (DRSCN-PL). Cette situation s'explique par une plus grande mobilité géographique et sociale de la femme. Non seulement elle accompagne son mari dans une autre ville en l'occurrence Lomé, mais a la possibilité de s'y rendre seule pour ses diverses activités. Le succès apparent du commerce à Lomé constitue le véritable catalyseur de l'émigration de la gent féminine d'Agbonou vers Lomé. Les hommes par contre sont attirés des fermes vers Agbonou à cause du métier de Taxi-moto (Sonokpon, 2003). A part la diversité des groupes d'âge et de sexe, la population d'Atakpamé est constituée aussi de plusieurs ethnies.

    2.3.1.2. Une population multiethnique dominée par les Ifê

    Agbonou est un quartier multiethnique. On y trouve presque toutes les ethnies du Togo. La répartition ethnique des résidants d'Agbonou donne les résultats suivants :

    Figure N°3: Répartition des résidants suivant leurs ethnies

    Source: nos enquêtes

    Agbonou est une création des Ifê. De ce fait, malgré une importante migration des autres ethnies du pays, le groupe îfê reste l'ethnie majoritaire avec 38,1% des effectifs. On retrouve par ordre d'importance, le groupe Kabyè-Tem (22 ,1%), le groupe Adja-Ewé (18,6%), le groupe Akposso-Akébou (7,1%) et le groupe Fon-Mahi (7,1%). Ces quatre entités ethniques sont suivies d'ethnies numériquement moins importantes (Bassar, Tchamba, Adangbé, Moba, etc.). Ils font 5,3% des effectifs. Ils ont tous migré dans l'aire îfê à cause de ses riches terres et par la suite vers Atakpamé en l'occurrence à Agbonou à cause de la bonne marche des affaires dans ce quartier. Enfin, vient le groupe des résidents d'origines africaines installés dans le quartier depuis longtemps exerçant les petites activités informelles. L'ensemble représente 1,8% de la population d'Agbonou. Il se compose en majorité de Nigériens (Djerma...) et de Nigérians (Haoussa, Yorouba, Ibo, etc.).

    Dans l'ensemble, malgré la diversité ethnique, ils entretiennent de bonnes relations de voisinage. C'est aussi une population multi professionnelle dominée par les artisans.

    2.3.1.3. La structure socio-professionnelle de la population

    Quatre catégories socio-professionnelles se partagent l'essentiel des effectifs de la population active du quartier comme le montre le tableau N°3.

    Tableau N°4: Répartition de la population résidante suivant la profession

    PROFESSIONS

    EFFECTIFS

    POURCENTAGE (%)

    CUMUL

    Salariés

    27

    23,9

    23,9

    Ouvriers/Artisans

    35

    31,0

    54,9

    Commerçants

    17

    15,0

    69,9

    Transporteurs

    26

    23,0

    92,9

    Soldats

    4

    3,5

    96,5

    Autres professions

    4

    3,5

    100,0

    TOTAL

    113

    100,0

    100

    Source: nos enquêtes

    Ainsi, 1 actif sur 3 à Agbonou est un ouvrier-artisan ; les salariés, les transporteurs, et les commerçants représentent respectivement 23,9%, 23% et 15% de la population active soit un peu moins de 2 actifs sur 3. Ces activités économiques sont bien représentées à cause de la bonne marche des activités qui les a obligés à élire domicile dans le quartier. Les fonctionnaires de leur côté sont nombreux parce qu'ils veulent être proches de leurs services. A la suite de ces 4 groupes et dans des proportions bien moindres, on distingue des soldats (3,5%) et les autres professions telles que les professions libérales et les élèves (3,5%).

    Il est à noter que les groupes socio-professionnels sont hétérogènes. Ainsi, chez les ouvriers-artisans qui représentent la majorité des résidants actifs enquêtés, on retrouve des mécaniciens, des menuisiers, des artistes-peintres, des

    peintres-bâtiments, des coiffeurs, des tailleurs, des couturières et autres. De la même façon dans le groupe des commerçants (15%) qui sont surtout des femmes qui proposent à manger, on retrouve aussi des grossistes, des détaillants et des spécialistes d'articles manufacturés, etc.

    Dans la catégorie des salariés, on retrouve un nombre important d'enseignants à cause du grand nombre d'écoles primaires et secondaires implantées dans le quartier. On note aussi la présence de cadres : des agents de l'Etat, de la Sotoco, des agents du secteur médical et des ONG.

    Malgré ce profil socio-professionnel observé, l'essentiel de la population du quartier a reçu une instruction limitée au 1er cycle.

    2.3.1.4. Une population en majorité alphabétisée

    La répartition des résidants selon le niveau d'instruction donne les résultats suivants :

    Tableau N°5: Répartition de la population suivant le niveau d'instruction

    NIVEAU
    D'INSTRUCTION

    EFFECTIFS

    POUCENTAGE(%)

    CUMUL

    Analphabète

    23

    20,4

    20,4

    Primaire

    45

    39,8

    60,2

    Secondaire

    34

    30,1

    90,3

    Supérieur

    11

    9,7

    100,0

    TOTAL

    113

    100,0

    100

    Source: nos enquêtes

    On constate que 79,6 de ménages enquêtés sont instruits. Plus spécifiquement, on note que 39,8% n'ont pas dépassé le niveau de l'enseignement primaire, 30,1% ont fréquenté les collèges et lycées tandis que 9,7% ont fait le niveau supérieur. La plupart de ces gens sont des salariés. Il faut cependant remarquer

    que 20,4% de résidants environ n'ont jamais mis pied à l'école. Cette tranche d'analphabète regroupe souvent les commerçants et les transporteurs. Ce sont souvent des migrants des villages environnants qui n'ont pas eu la chance d'être scolarisé avant de rejoindre leurs soeurs, tantes, oncles ou patrons en ville. Ce sont aussi des femmes qui après avoir été domestiques finissent par monter leurs propres commerces. Elles sont souvent exposées aux risques de maladies sexuellement transmissibles et des grossesses non désirées. Les jeunes hommes aussi ne font pas exception à la règle. D'habitude étant non instruits, ils deviennent des conducteurs de taxis-moto ou de minibus après avoir servi sous un patron.

    Néanmoins, la majorité de ces résidants font partie de ménages aux tailles moyennes.

    2.3.1.5. Des ménages aux tailles moyennes

    L'une des caractéristiques de la population dans le Tiers Monde en général et en Afrique en particulier est la taille excessivement grande des ménages. Mais depuis une vingtaine d'années, cette façon de penser des Africains et en particulier des Togolais d'avoir une progéniture nombreuse se dissipe dans les esprits. Avec la crise économique qui secoue le pays, le taux d'indice synthétique de fécondité (ISF) qui était de 6 enfants par femme dans les années 90 a baissé considérablement surtout dans la famille des cadres pour être à 2 enfants par femme.

    A Agbonou, le tableau N°5 suivant nous confirme ce nouveau désir des ménages togolais à avoir moins d'enfants.

    Tableau N°6: Répartition des enquêtés suivant le nombre d'enfants

    NOMBRE D'ENFANTS

    EFFECTIFS

    POURCENTAGE

    CUMUL

    moins de 2

    23

    20,4

    20,4

    3 - 4

    42

    37,2

    57,6

    5 - 6

    34

    30

    87,6

    plus de 7

    14

    12,4

    100

    TOTAL

    113

    100

    100

    Source: nos enquêtes

    Suivant ce tableau, seulement 12,4% des ménages ont plus de sept enfants. Ordinairement, ce sont des couples plus âgés ou de l'ancienne génération. Les foyers de trois ou quatre enfants sont majoritaires (37,2%). Généralement, ils sont des couples jeunes qui ont une nouvelle mentalité vis-à-vis de la reproduction. Le nombre élevé des couples de moins de deux enfants (20,4%), nous atteste cette nouvelle option des Africains qui ont fini par comprendre qu'une progéniture nombreuse n'est pas forcément synonyme de la richesse mais plutôt de dépenses.

    Les inégalités et la grande variété, observées dans la structure de la population, ne sont que les conséquences de la migration et de l'accroissement naturel, bases de la dynamique démographique.

    2.3.2. L'évolution de la population

    L'évolution de la population d'Agbonou a été rapide. Aujourd'hui, plus du quart de la population de la ville d'Atakpamé vit à Agbonou. Cette évolution se résume dans le tableau ci-dessous :

    Tableau n°7: Evolution de la population d'Agbonou entre 1899 et 2004

    ANNEES

    1899

    1940

    1959

    1981

    1997

    2004

    Population

    405

    1291

    4154

    8623

    13008

    17401

    Source: Direction Régionale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale -Plateaux- (DRSCN-PL)

    En 1899, pendant la colonisation allemande, le village d'Agbonou abritait 405 âmes. Ce village a commencé à prendre de l'importance sous le mandat français, avec le développement des transports, ainsi que de sa position sur l'axe ferroviaire du centre; on comptait 1291 hbts en 1940. Au recensement de 1958- 1960, la population d'Agbonou atteignait 4154 hbts donnant ainsi une croissance de 10,8% (Dupont, op. cit.). Lors du recensement de 1981, Agbonou ne figurait pas sur la liste des quartiers d'Atakpamé. Il n'était qu'un faubourg, mais il enregistrait 8623 habitants. En 1997, lors de la cartographie censitaire, la population du nouveau quartier est estimée à 13008 hbts. Sept ans plus tard, en 2004, sa population est estimée à 17401 hbts soit 25% de la population totale de la ville (71100 hbts). Aujourd'hui on l'estime à plus de vingt mille habitants. La figure suivante retrace de façon plus lisible l'évolution de cette population.

    Figure N°3:

    Source: Données de la DRSCN-PL-

    La courbe d'évolution de la population d'Agbonou a presque l'allure de celle d'une fonction exponentielle en mathématique. Le nombre des habitants d'Agbonou augmente à un rythme soutenu. De 1900 à 1940, la croissance est

    restée plus ou moins constante. La population n'a fait que tripler passant de 405 hbts à 1291hbts. Mais de 1940 à 1997, cette population s'est multipliée par 10, allant de 1291 à 13008 hbts. Depuis lors, on enregistre une croissance soutenue de la population. Le taux de croissance entre 1997 et 2004 est de 3,28%, ce qui est largement supérieur à la moyenne nationale (2,5% en 2004, PNUD). Cette rapidité de la croissance de la population est liée à plusieurs facteurs dont l'exode rural.

    2.3.3. Les facteurs de l'évolution de la population

    La population d'Agbonou, estimée à 17401 hbts en 2004 était de 13001 âmes en 1997 et bien moins encore il y a une dizaine d'années. Quelles sont les raisons qui expliquent l'évolution rapide de la population d'Agbonou ? Entre le croît naturel, l'exode rural et les migrations résidentielles qu'est-ce qui peut bien être le facteur déterminant dans l'évolution démographique du quartier?

    2.3.3.1. Un apport naturel réduit

    En l'absence de données chiffrées spécifiques sur Agbonou permettant d'avoir une idée précise sur tous les éléments du mouvement naturel de la population, il nous est impossible d'évaluer correctement l'importance réelle du croît naturel dans ce quartier. Toutefois, en supposant que les moyennes démographiques d'Atakpamé reflètent assez bien les réalités d'Agbonou, nous pouvons nous permettre d'émettre l'hypothèse que le taux de natalité à Agbonou serait voisin de celui d'Atakpamé. Ainsi, le taux de natalité d'Atakpamé comme à Agbonou donc en 2000 est de 35°/oo. Ce taux était de 44°/oo il y a vingt ans de cela (DRSCN-PL). Cette baisse s'explique par plusieurs facteurs : d'une part, la crise pétrolière de 1979 et la dévaluation du franc CFA en 1994 ont entraîné le phénomène de la vie chère au Togo réduisant considérablement la taille des ménages. D'autre part, l'émancipation des jeunes filles, la vulgarisation des contraceptifs, le changement des mentalités et le progrès de la médecine, ont

    entraîné une baisse de la fécondité. Tous ces facteurs dont la liste est loin d'être exhaustive ont concouru à la réduction de l'Indice Synthétique de Fécondité qui passe de 6,1 enfants/femme (1990) à 3,7 enfants/femme en 2000. La taille modeste des ménages que nous avons enquêtés (3 à 4 enfants) nous confirme non seulement notre hypothèse, mais aussi que l'apport naturel n'est pas le moteur principal de cette croissance démographique. Par ailleurs, le taux d'accroissement naturel (TAN) de la population à Agbonou était de 2,18% en 1997 et de 3,28% en 2004. Il apparaît donc clair que la rapide densification du quartier n'est pas le fruit d'un apport naturel élevé quand bien même il participe pour peu. Il existe sûrement, un autre élément qui sous tend la dynamique démographique à Agbonou ; c'est le phénomène migratoire.

    2.3.3.2. Le phénomène migratoire

    Nous en distinguons deux types : l'exode rural et la migration résidentielle à l'intérieur de la ville.

    2.3.3.2.1. Un exode rural massif vers Atakpamé

    Hormis les courants migratoires anciens, qui ont contribué à la fondation d'Atakpamé, il est important de souligner que cette ville reste encore aujourd'hui un champ d'immigration. Selon nos enquêtes, 10,6% de la population d'Agbonou vient directement de la Région Maritime ; 7,9% de la Région des Plateaux et 3,6% de la partie septentrionale comme l'illustre la figure N°4 suivante :

    Figure N°4

    Source : nos enquêtes

    En effet, Atakpamé est situé dans une région essentiellement marquée par le développement des activités agricoles. La ville est le centre commercial d'une région de plantation, produisant principalement du cacao. L'abondance des denrées alimentaires, ajoutée au développement des activités informelles, constitue un facteur attractif très remarquable pour la population togolaise et surtout pour la population des villages environnants comme Akparé, Gléi, Datcha et autres qui représentent 45,1% des habitants. Ils arrivent aussi pour d'autres raisons comme les « affaires », la scolarité ou l'apprentissage d'un métier.

    Actuellement, l'immigration est accentuée avec le phénomène taxi-moto dans la ville d'Atakpamé (Sonokpon, op. cit.). Le quartier Agbonou est le domaine privilégié des migrants à cause de la bonne marche des activités liées à la route N°1. Bien que nous n'ayons pas pu évaluer le solde migratoire, il est certainement positif, puisque l'émigration est moins importante à Atakpamé.

    A l'intérieur de la ville, le déplacement des populations est marqué par le peuplement du nouveau quartier.

    2.3.2.2. Une migration résidentielle importante

    Depuis la déviation de la route N°1 en 1970 qui passe dorénavant par Agbonou et non par le centre-ville, Agbonou suscite beaucoup d'attraction chez les commerçants. Selon nos enquêtes, 31,9 % des résidants viennent des anciens quartiers de la ville comme Djama, Doulassamé, Lom-Nava, Zongo-Kotokoli, etc. La facilité d'accès qu'offre le site du quartier, l'opportunité de développement et de création des activités informelles qu'offre-la route N°1, sont quelques unes des raisons qui ont poussé à la migration résidentielle dans les années 70. D'autre part, le développement des moyens de transport dans la ville a aussi encouragé la population à aller habiter Agbonou sans avoir le souci de déplacement vers le centre-ville à cause de la prolifération des Taxis-moto.

    D'après la figure N°5 suivante:

    Figure N°5: Période de migration vers Agbonou

    Source : nos enquêtes

    Il y a eu une ruée des Atakpaméens vers Agbonou à partir de 1991 et ceci pour plusieurs raisons. D'abord, pour construire dans une zone de plaine qui revient moins chère et plus accessible. Ensuite pour louer une chambre bien aérée et enfin pour être proche de son service ou de son atelier. Mais, cette descente de la population vers Agbonou était importante pour une autre raison encore. La mise à exécution partielle du nouveau plan-directeur de la ville qui a prévu pas mal d'équipements scolaires, sanitaires, culturels et administratifs, en témoigne la mise en place des bureaux de la préfecture qui ont commencé depuis longtemps dans le quartier.

    Au finish, longtemps accrochée aux flancs des montagnes, la population de la ville aux sept collines a fini par céder aux atouts que présente le nouveau quartier. Cette ruée progressive vers Agbonou se traduit non seulement par l'accroissement sensible de la population, mais aussi par l'extension spatiale de cet espace périurbain.

    2.3.4. L'extension spatiale d'Agbonou

    L'extension d'Agbonou se comprend mieux à travers l'aspect physique d'Atakpamé. En effet, les hauteurs constituées de blocs quartzitiques qui entourent la ville ont longtemps confiné la population dans la cuvette originellement occupée par les Woudou, les Blakpa, les Djama et les Gnagna. Ces quatre groupes forment ainsi le premier noyau urbain. Depuis le début de la colonisation, seule l'administration coloniale a osé s'attaquer aux pentes rocheuses qui surplombent la ville. Toutefois, les années d'occupation française furent celles de l'agrandissement de la ville avec surtout la création de plusieurs quartiers parmi lesquels nous pouvons citer : Lom-Nava (1925), Zongo-kotokoli (1930), Doulassamé et Nyékonakpoè (1949)..., (Gadewa M., 1998), comme le montre la carte suivante :

    Carte N°3

     

    Source : GADEWA Mawéna

    La ville d'Atakpamé englobait alors durant l'époque coloniale le vieux noyau implanté dans la cuvette, la forêt classée et les quartiers récents accrochés aux flancs des collines donnant une structure linéaire à la ville. Dans les années 80, ne pouvant plus s'étendre au-delà des hauteurs atteintes, la structure linéaire de

    la commune s'est arrêtée, d'où la colonisation d'Agbonou et ses environs. Né au XIXe siècle, le village d'Agbonou à l'origine couvrait une superficie très réduite d'environ quelques hectares et la vie urbaine s'organisait autour de la gare ferroviaire puis après autour du marché durant la période coloniale. Le faubourg était délimité par la rivière Eké à l'ouest, par le marché d'Agbonou à l'est, au nord par les terrains de la collectivité Dokou et au sud par les terres de la collectivité Sossavi jusqu'en 1960.

    Aujourd'hui, le quartier progresse particulièrement vers le nord, le long de la route N°1. Les deux autres fronts d'extension sont la route de Nangbéto à l'est, et celle de Lomé vers le sud. Sur la route de Nangbéto, les localités comme Koèroma, Kamina, sont atteintes par le front d'urbanisation. Du côté sud, Agbonou a déjà absorbé Talo et tend vers Avétè.

    Cette extension spatiale est particulièrement importante et a pris une allure rapide depuis 1970. Plusieurs facteurs concourent à l'explication de cette extension prévisible mais brutale : les contraintes topographiques de la ville, le lotissement et la déviation de la route N°1. D'abord les contraintes topographiques sont une des raisons fondamentale et pour cause : ne pouvant plus s'étendre au-delà des hauteurs atteintes, les Atakpaméens après une longue hésitation, qui trouve son origine dans l'histoire de la cité, ont enfin décidé de coloniser Agbonou. Ensuite le lotissement dans ce quartier par le nouveau chef intronisé en avril 1974, feu Olou AHANOU Koffi, a permis aux collectivités propriétaires de terres dont Ahanou, Sossavi, Doku, Assoumana... de commencer par vendre les terres. Alléchés par la modicité des prix de lots proposés et la perspective de pouvoir s'offrir enfin une maison à soi, bien spacieuse avec si possible toutes sortes de commodités, les acheteurs venus de toutes les couches socio-professionnelles ont commencé par affluer dans ce quartier qui n'était qu'un faubourg.

    Bon nombre des terrains vendus furent clôturés par les nouveaux propriétaires qui, la plupart en tout cas, attendirent l'installation des premiers équipements de base pour s'y installer. La déviation de la route N°1, enfin, vient les délivrer de leurs attentes.

    L'infrastructure la plus structurante qui va enclencher véritablement la conquête d'Agbonou fut la route N°1. Cette route bitumée a été tracée à Agbonou dans les années 1970. Il y avait une voie non bitumée qu'on utilisait dans le temps. Elle passait dans le centre-ville. Les véhicules suivaient l'itinéraire Lomé-Agbonou-Atakpamé, et sortait à Gbékon via la route de l'ENS (Ecole Normale Supérieure) pour aller au nord. Cette route nouvellement tracée va renouveler l'importance du faubourg et raviver la dynamique commerciale. Depuis ce temps, le quartier s'étend avec l'arrivé des migrants. Occupant juste l'espace de la gare, Agbonou franchit la colline, absorbe les champs vers le sud et prend le nom d'Agbonou-Kpotamé. Il s'étend vers l'est jusqu'à Koèroma. Du côté nord, le long de la RN°1, il se dilate sur les collines d'OMI KOSSI donnant tour à tour Agbonou-CEET et Agbonou-Campement vers le nord-est (voir carte N°4).

    Carte N°4

    Cette carte montre de façon claire l'extension de la yille depuis l'époque allemande. On constate que la yille s'est étendue rien que du côté est à cause de

    la plaine de Kamina, accessible d'accès. De nos jours Agbonou est le plus vaste quartier d'Atakpamé. A titre d'exemple, Il fait 40% des superficies urbanisées soit 152 ha sur 377 ha en 1997 pour la ville (DRSCN-PL). Il faut aussi remarquer que la ville se détache de son noyau primitif pour venir s'étendre vers

    Agbonou et ses périphéries. L'attrait de la route nationale N°1 et l'accessibilitéqu'offre la plaine du Mono sont sûrement les vraies raisons de cette dynamique

    spatiale tournée vers cette banlieue qui n'est pour autant pas isolée du centreville, en témoigne les nombreuses et multiples relations qui les lient.

    2.3.5. Liens entre Agbonou et le centre urbain d'Atakpamé

    Les populations d'Agbonou tissent de nombreux liens entre Atakpamé-ville et les autres quartiers périphériques de la ville. Elles s'y rendent fréquemment et pour diverses raisons. Ces déplacements de personnes décrivent des mouvements pendulaires entre Agbonou et le centre-ville. La figure suivante révélant la fréquence et les motivations de déplacements vers le centre-ville en donne une idée.

    Figure N°6: Fréquence et motivations de déplacements vers le centre-ville

    Source : nos enquêtes

    Suivant cette figure, près de la moitié (48 %) des enquêtés se rendent au moins cinq fois par semaine à Atakpamé pour des raisons de services et 7 % pour des raisons de scolarité. Une preuve que les services, notamment les services administratifs ne se retrouvent que dans le centre-ville. 20 % d'entre eux se déplacent deux à quatre fois par semaine soit pour les visites, soit pour des raisons de santé et 8% pour achats à Atakpamé-ville ou dans les autres quartiers périphériques. En dehors de ces catégories de personnes, un résidant sur six (17%) est sortie de la concession plus de six fois dans la semaine pour faire du business, soit pour vendre, soit pour répondre à un rendez-vous..., ce qui prouve la forte liaison qu'entretien les populations des périphéries avec le centre-ville d' Atakpamé. la plupart de ces déplacements se font largement à l'aide des modes mécanisés comme le montre la figure qui suit:

    Figure N°7: Modes de déplacements vers le centre-ville

    Source : nos enquêtes

    Selon cette figure le mode de déplacements le plus utilisé est le taxi-moto (78%). Ceci montre le rôle important que joue les taxis-moto dans la liaison des périphéries et des centres-villes. Nous avons constaté même qu'à chaque minute, au moins deux taxis-moto passent par le carrefour. Les raisons d'achats, de visites et d'écoles en général, poussent la population d'Agbonou à se déplacer à

    taxi-moto vers le centre-ville et vice versa. Le coût de déplacement d'Agbonou vers le centre-ville d'Atakpamé, concrètement vers le grand marché, varie globalement de 200 à 250 FCFA. Ensuite vient respectivement les motos privées (21,2 %) et les voiture privées (3,5 %). Elles sont utilisées généralement par les enseignants, les cadres de l'administration et par certains commerçants et artisans. La marche à pied (6,2 %) est l'apanage surtout des ménages pauvres et des élèves à cause du manque de moyens financiers. Pour ces résidants pauvres, la mobilité est limité à l'essentiel (rarement plus d'une sortie par semaine) et motivée par les activités d'entretien du ménage (achats notamment) ou plus rarement, par des visites. Enfin, l'analyse des formes de mobilité des ménages met en évidence deux grands modèles, la vie quotidienne limitée au quartier, pour les pauvres et inactives, l'accès à la ville contraint par l'activité professionnelle, pour les actifs et les scolaires.

    2.4. ANALYSE DE L'ESPACE URBAIN

    2.4.1. La faible densité de la périphérie

    Agbonou est le plus vaste et le plus peuplé des quartiers d'Atakpamé en 2004, 17401 hbts sur 152 ha, sa densité est donc de 114 hbts/ha. Il détient cependant une densité faible par rapport aux anciens quartiers de la ville comme Zongo (584hbts/ha), Gnagna, Djama, ou Woudou qui ont une densité comprise entre 200 et 400 hbts/ha (DRSCN-PL). On attribue la forte densité des vieux quartiers à leur ancienneté et à la nature du site, assurer la défense collective et individuelle, etc.

    La colonisation d'Agbonou quoique rapide est récente, ce qui justifie les modes d'occupation de l'espace urbain. En effet, Agbonou cessa d'être un village pour devenir officiellement un quartier d'Atakpamé en 1979 d'après le décret N° 79/273 du 09 novembre 1979. Depuis cette date, il apparaît à Agbonou un bâti continu, organisé autour d'une voirie rudimentaire.

    On y voit des rues profondément ravinées et rocailleuses (Sonokpon, op. cit.), ou des sentiers encombrés de dépotoirs par endroits. Le plan est en damier mais quelque fois déstructuré à cause des contraintes de la topographie locale. De nombreux vides subsistent surtout dans les sous-quartiers Agbonou-Campement au nord-est et à Agbonou-Kpotamé au sud qui sont les nouvelles zones d'expansion. D'innombrables parcelles de terrains vendus, clôturés ou non, sont vides ou presque de toutes constructions.

    Par contre dans le secteur du marché, du carrefour et le long de la route N°1, on note une densification du bâti. De nombreuses constructions à un niveau ou en hauteur à vocation commerciale se multiplient dans ce périmètre (exemple des hôtels et auberges). Les secteurs qui sont contigus à ce périmètre se peuplent tout autant. A Agbonou-CEET particulièrement, les rues sont bien tracées, les maisons sont bien disposées suivant un plan en damier, ce qui donne à l'espace un aspect de quartier récent plus visible dans les caractéristiques de l'habitat.

    2.4.2. L'habitat à Agbonou

    Agbonou est un ancien village rattrapé par le front d'urbanisation. Il fut érigé certes très tôt en village, mais il demeura longtemps un faubourg d'Atakpamé. Ce n'est qu'en 1974 après le lotissement qu'il a commencé à abriter les nouvelles constructions. L'expression « je vais à Atakpamé » qu'utilisent ceux qui se déplacent d'Agbonou vers le centre-ville d'Atakpamé suffit pour s'en convaincre. Cette expression montre qu'il n'y a pas longtemps de cela, Agbonou était détaché d'Atakpamé. Cette expression signifiant qu'on va au centre-ville est utilisée jusqu'à ce jour généralement par les habitants des périphéries. C'est le cas à Lomé où ceux qui sont dans les périphéries disent qu' « ils vont à Lomé » en voulant se déplacer au centre-ville de Lomé, comme d'ailleurs les banlieusards autour de Paris. Ensuite, la plaque de BTD (Banque Togolaise de Développement) souhaitant la bienvenue aux étrangers placée à Agbonou

    témoigne aussi que la ville s'arrêtait, juste après la rivière Eké, à l'entrée ouest d'Agbonou. Ainsi, ce quartier est caractérisé par un habitat de type moderne. Il symbolise une occupation lâche de l'espace suivant un plan organisationnel satisfaisant. Souvent loties suivant un parcellaire régulier en damier, les maisons présentent des formes architecturales modernes. Les constructions sont de grandes dimensions. Tous ces caractères donnent à ce quartier un aspect aéré et desserré (Yébli, 2004). Dans le quartier, on rencontre des logements modernes souvent destinés à la location et des logements luxueux de types villas. Ces derniers sont souvent l'oeuvre des commerçants, des cadres supérieurs des secteurs publics et privés. Ce type d'habitat onéreux se retrouve plus dans le sous-quartier Agbonou-Campement. Ceci s'explique par la disponibilité des terrains lotis dans ces environs, ce qui entraine l'extension du quartier. En conclusion, Agbonou n'est donc pas un quartier récent mais plutôt un ancien village rattrapé par le front d'urbanisation qui bénéficie d'un type d'habitat moderne. Le problème de logement se pose pourtant en raison du mauvais état des voies de dessertes et de la difficulté d'implantation d'équipements publics suffisants fautes d'espace. Dans certains sous-quartiers tels qu'Agbonou-Kpota, Agbonou-Campement, et même dans certains quartiers de la ville comme Kossikiti, Sada, ou Kamina, l'occupation de l'espace est encore lâche et laisse des interstices qui accueillent les activités agricoles.

    2.4.3. Des équipements socio-collectifs encore insuffisants mais en nette progression

    2.4.3.1. Le marché d'Agbonou

    Ce marché aussi vieux que le village, est situé à 400 m du grand carrefour. C'est un endroit qui s'animait depuis la construction de la gare ferroviaire. Au départ, c'était un marché périphérique d'Atakpamé, c'est pourquoi il s'anime le même jour que celui d'Atakpamé. On y vend un peu de tout : les poissons de

    Nangbéto, les tubercules, les fruits, les céréales, de la viande, des boissons locales et autres. Tout ce qu'on pouvait trouver dans le marché d'Atakpamé se trouvait à Agbonou. C'était d'ailleurs le deuxième plus grand marché de la ville. La population venait de tous les quatre coins de la région pour vendre leurs produits. C'était un marché très fréquenté par les ruraux du Nord. Ils amenaient les volailles, les poisons, de l'huile, des céréales pour ne citer que ceux là. Le marché s'anime tous les samedis et bat son plein aux environs de 12 heures.

    Aujourd'hui, ce marché est presqu'abandonné. Il a été délocalisé à Koèroma, un quartier situé à l'est d'Agbonou. Deux raisons principales ont milité pour la construction du nouveau marché de Koèroma.

    - Le manque d'espace pour la construction des paillottes et des hangars

    pour les commerçants dans l'ancien marché. En effet l'aire occupée par le marché est certes grande, mais avec un nombre accru de commerçants, l'espace réservé est devenu insuffisant. Ainsi, depuis un certain temps, les places sont devenues rares pour les nouveaux commerçants. Les places deviennent un objet de transactions financières et dans beaucoup de cas, on assiste à de violentes disputes entre certaines revendeuses, ce qui a amené la municipalité d'Atakpamé à chercher un endroit plus grand pour les commerçants et plus sécurisant.

    - La deuxième raison est liée à la sécurité et aux accidents. En effet,

    l'ancien marché est situé sur la RN°8 qui relie Atakpamé à Nangbéto. Les jours de marché, la route est saturée. il est difficile aux véhicules de se frayer un passage dans la foule, ce qui fait que les accidents sont fréquents.

    Ainsi donc, le nouveau marché vient à point nommé réduire substantiellement les risques de pertes en vies humaines.

    Soulignons en passant que cet ancien marché d'Agbonou et le carrefour entretenaient la dynamique économique du quartier.

    2.4.3.2. Une voirie sommaire et peu entretenue

    La voirie regroupe les voies et réseaux divers. L'un des aspects de la pauvreté du quartier Agbonou, se traduit par la nature et la qualité des voies qui le desservent. Située à 3 km du centre-ville et longtemps considéré comme un faubourg, Agbonou n'a pas vu ces rues s'arranger très tôt. Mise à part la route N°1 qui traverse le quartier, aucune rue n'est bitumée. Les voies sont sommairement aménagées et peu entretenues. L'absence de rigoles le long des rues contribue à aggraver les problèmes d'inondations. Actuellement, les rues sont tracées dans le quartier et sont recouvertes de latérites. D'une largeur de 7 mètres environ, ces rues se rétrécissent à l'intérieur du quartier et finissent par mordre face à un dépotoir ou en face d'une brousse.

    Au total, il y a 70 km de rues à Atakpamé dont 13 km bitumées (DRSCN-PL) en 2004 mais aucune n'est bitumée à Agbonou. C'est dire que les efforts du gouvernement sont louables mais pas suffisants.

    2.4.3.3. Rapide progression de l'électrification par rapport à l'adduction d'eau

    Le principal mode d'éclairage à Atakpamé demeure l'électricité. Une étude menée par Yébli (op. cit.), a montré que 69,6% de la population d'Atakpamé utilise l'électricité et ce sont, surtout, les ménages à haut et à moyen revenu, résidant dans les nouveaux quartiers périphériques dont Agbonou. Cette résolution n'est arrivée qu'au cours de l'année 2001-2002 qui a vu la Société Togo-Electricité étendre son réseau d'approvisionnement aux quartiers périphériques, longtemps privés d'électricité.

    Le nombre total d'abonnés en 2007 s'élevait à 2407 à Atakpamé dont 853 à Agbonou. Il est donc aisé de constater que presque toutes les maisons sont électrifiées dans le quartier, cependant certains ménages, compte tenu du manque de moyens, s'adonnent au « système d'araignée » en piquant le courant à l'aide d'un fil électrique chez leur voisin qui prennent en contre partie une somme à la fin du mois.

    Malgré l'usage de l'électricité par une écrasante majorité de la population, d'autres modes d'éclairages sont utilisés à savoir le pétrole qui est utilisé par 30,4% de la population de la ville (Yébli, op. cit.). Si les poteaux électriques sont nombreux dans le quartier, les bornes-fontaines par contre sont rares.

    L'approvisionnement en eau a longtemps constitué un problème crucial pour la ville d'Atakpamé à cause de son site montagneux et à cause du bas pouvoir d'achat de la majorité de la population. Nyassogbo (1986) puis Yenléré (1990) l'ont évoqué. Aujourd'hui encore, ce problème demeure. La population urbaine n'a pas accès à l'eau potable et dans les périphéries le problème est encore plus crucial. Le principal obstacle de l'évolution de la ville vers Agbonou est le manque d'équipements hydrauliques. En effet, le réseau hydraulique ne couvre que le vieux noyau et quelques quartiers récents. A Agbonou, ce sont surtout les nantis qui ont accès à l'eau potable. Une frange importante de la population s'abreuve aux puits dont la qualité des eaux est douteuse. Certaines utilisent les eaux de pluie, de surface ou de rivières dont on connaît l'insalubrité. Des bornes-fontaines sont certes installées dans certains coins du quartier mais elles restent très insuffisantes compte tenu des affluences quotidiennes. Nous en avons compté 4 dans tout le quartier. En général c'est le système de desserte individuelle qui prévaut dans la zone. Cette desserte a un caractère sélectif dans la mesure où seules les couches sociales aisées sont concernées aux dépens de masses populaires. Le branchement privé est donc utilisé uniquement par les ménages habitant les maisons de types ordinaires et villa. Ceci s'explique par la

    faiblesse des moyens financiers des populations habitant les maisons de types traditionnels. Ces déshérités, surtout les élèves, ont souvent recours à l'achat d'eau dans les kiosques à eau.

    Ces pratiques de revente d'eau se sont spontanément développées dans la zone dans un contexte d'incapacité de l'Etat à fournir de l'eau potable au plus grand nombre. C'est une activité annexe d'appoint intéressante pour ceux qui en font le commerce. Elle exige un investissement modeste et créé un emploi qui est souvent confié à l'un des jeunes membres de la famille ou à une femme désoeuvrée. Les revendeuses d'eau n'ont pas besoin d'avoir un agrément de la Togolaise des eaux (TdE). Le branchement privé suffit pour développer cette activité. Les promoteurs de cette activité aménagent des installations permettant aux clients de remplir leurs gros récipients, seaux, bidons et autres vases. Ces promoteurs évaluent leur bénéfice entre 9000 et 13000 Fcfa après le payement des factures à la TdE. Ce système de revente est venu résoudre le problème d'eau, particulièrement ressenti et dû à l'insuffisance des bornes-fontaines, seul mode d'approvisionnement approprié aux populations à bas revenu.

    2.4.3.4. Le téléphone

    Faiblement distribué, le téléphone constitue pour les ménages un équipement de luxe que seuls les nantis peuvent s'offrir. On enregistre 59 abonnés téléphoniques privés en 2009 selon la Direction Générale de Togo Télécom à Agbonou. Les services téléphoniques sont souvent rendus par les commerçants qui installent des cabines. Des plaques publicitaires sont exposées au bord de la route, plaques sur les lesquelles on peut lire « Téléphonez-ici ».

    Contrairement à l'installation des bornes-fontaines à but lucratif, l'installation de téléphone public est soumise à l'acquisition d'un agrément ou d'une autorisation d'exploitation de cabine téléphonique privée. En effet, pour installer une cabine téléphonique privée, il faut adresser une demande au Directeur de l'OPTT

    (Office des Postes et Télécommunication du Togo). Après avis favorable de ce dernier, le promoteur paie une taxe de 50000 Fcfa. Ce n'est qu'après le payement de la taxe que le Directeur signera l'agrément, qui va le confirmer dans son droit d'exploitation de cabines téléphoniques privées à but lucratif. Mais aujourd'hui, ce parcours est contourné par les promoteurs avec l'arrivée sur le marché des téléphones portables sans fils qui peuvent être utilisés dans les cabines téléphoniques seulement en les dotant de crédits.

    Les revenus tirés de ces installations téléphoniques varient suivant les zones d'installations. En effet dans les zones d'affaires « zones proches de la route Nationale N°1 » les promoteurs que nous avons interrogés évaluent leurs revenus journaliers à 5000 Fcfa alors que dans le reste du quartier les revenus sont plus bas (en moyenne 2000 Fcfa). En somme, cette activité nouvelle rapporte beaucoup pour les promoteurs aussi bien dans la zone des affaires qu'à l'intérieur du quartier et constitue une source d'emploi pour les jeunes filles.

    2.4.3.5. L'évacuation des ordures

    Dans les années 1980, le problème de l'assainissement des villes africaines était d'actualité. Aujourd'hui encore ce problème demeure. Les solutions trouvées ici et là sont bonnes mais ne sont jamais mises en oeuvre par la population concernée ni par les gouvernants. L'évacuation des ordures constitue l'un des problèmes majeurs d'Agbonou. On trouve des dépotoirs sauvages partout, sur chaque artère du quartier et le long des rails. Ils ne sont ni entretenus ni évacués. Les services municipaux chargés de l'évacuation des ordures dans la ville ne fonctionnent plus depuis 1997 pour cause de mauvaise gestion.

    2.4.3.6. Un nombre accru d'écoles

    On enregistre un grand nombre d'écoles primaires et secondaires à Agbonou comme l'indique le tableau N° 7 ci-dessous :

    Tableau N°8: Répartition du nombre d'écoles à Atakpamé et Agbonou en 2008

    NOMBRE D'ECOLES

    PRIMAIRE

    SECONDAIRE

    LYCEE

    TOT

    %

    Atakpamé

    60

    18

    7

    85

    100

    Agbonou

    26

    6

    4

    36

    42,3

    Source: Direction Régionale de l'Education - Plateaux -

    Suivant ce tableau, il compte en 2008 près de la moitié (42,3%) des écoles primaires et secondaires de la ville avec un effectif pléthorique (11.064 élèves sur 24.484 au total). Le tableau suivant en donne une idée.

    Tableau N°9: Nombre d'élèves à Atakpamé et à Agbonou en 2008

    NOMBRE D'ELEVES

    PRIMAIRE

    SECONDAIRE

    LYCEE

    TOT

    %

    Atakpamé

    13016

    7129

    4339

    24484

    100

    Agbonou

    5489

    2203

    3372

    11064

    45,2

    Source: Direction Régionale de l'Education -Plateaux -

    A la lecture de ce tableau, on constate que 45,2% des élèves de la ville d'Atakpamé fréquentent les établissements scolaires d'Agbonou. Ceci est dû au grand nombre d'écoles créé dans la zone allant de la maternelle au secondaire. En effet, la révision du schéma directeur de la ville en 1997 a prévu une multiplication des écoles à la périphérie. Ce schéma veut diriger l'extension de la ville vers la plaine de Kamina, donc il procède par la création des équipements socio-collectifs tels que les écoles, les centres de loisirs, les marchés et autres équipements afin d'attirer la population. C'est le rôle de la scolarisation à l'urbanisation étudiée par plusieurs chercheurs dont Nyassogbo qui écrivit dans un des travaux réalisés en 1980 sur Atakpamé et Kpalimé que : « la création de ces centres d'enseignement, dans un endroit au départ désert,

    sans habitation, attire rapidement la population, les spéculateurs fonciers et immobiiers. Les terrains se vendent immédiatement à une cadence accélérée autour de ces équipements collectifs », entrainant la croissance démo-spatiale de la zone. C'est dans cet idéal qu'on a construit la nouvelle polyclinique ANNA-MARIA, créé le nouveau lycée d'Agbonou-Kpotamé et commencé par construire les bureaux de la préfecture dans la périphérie à Agbonou.

    2.4.3.7. Les centres de santé

    Bien que le CHR (Centre Hospitalier Régional) se trouve en ville dans le quartier administratif, Agbonou possède un centre de santé public et deux grands centres de santé privé (la clinique Fousséni et la clinique Bon Secours). Il existe aussi une dizaine de cliniques privées détenues par les sages femmes et les médecins qui consultent et soignent les patients à la maison ou dans des cabinets médicaux. En clair, la population d'Agbonou ne souffre pas de manque de centres de santé. Néanmoins, dans certains cas graves le malade est évacué au CHR.

    2.4.4. Les ONG à Agbonou

    Elles sont au nombre de trois dans le milieu à cause de l'importance de la population et de son profil (majoritairement fonctionnaire et commerçant si on inclut les femmes). Nous avons la COOPEC (Coopérative d'Epargne et de Crédit) Ilema, Novissi, et Le réseau IDH (Investir Dans l'Humain). Elles contribuent au développement du milieu en mettant à la disposition de la population active une prestation très pratique (les tontines) pouvant permettre d'accéder facilement aux prêts avec un capital insignifiant. Ces mesures ont permis aux commerçants et artisans d'Agbonou n'ayant pas de compte dans une banque de la place d'avoir accès aux crédits pour promouvoir leurs activités et de pouvoir réaliser leurs rêves.

    S'il convient jusqu'ici d'accepter que le quartier s'étend à cause de son site, à cause de la politique menée par les autorités communales et surtout à cause des migrations résidentielles, il faut aussi reconnaître que la Nationale N°1 en est la principale cause lointaine à travers la dynamique économique qu'elle engendre.

    TROISIEME CHAPITRE

    LA CONCENTRATION DES ACTIVITES ECONOMIQUES
    AUTOUR DE LA NATIONALE N°1

    Le transport demeure la pièce motrice de toute économie qui se veut

    moderne. Il constitue un secteur clé dans le développement économique et social.

    Toute la dynamique du quartier d'Agbonou s'organise autour de la Nationale N°1, dont le point focal se situe au carrefour. Il fait vivre toute une population, fait développer tout un quartier et constitue l'espoir des jeunes néo-citadins.

    Dans ce chapitre, nous allons montrer comment ce carrefour d'Agbonou est un facteur de création et de développement des activités informelles. Deuxièmement, il sera question d'apprécier l'apport de ces activités à l'économie.

    3.1. LA ROUTE, FACTEUR DE CREATION ET DE DEVELOPPEMENT DES ACTIVITES INFORMELLES

    La route est un lieu de prédilection des activités informelles. Elle favorise l'affluence d'un grand nombre de population et de ce fait un grand nombre de clients.

    Le carrefour d'Agbonou (voir photo N°1) est de loin le plus grand et le plus dynamique carrefour de la ville d'Atakpamé parce que se situant sur la N°1 (cf. carte N°5). En fait, il est le fruit du croisement entre la RN°1 et la RN°8 (route Atakpamé-Kpalimé).

    71

    Carte N°5

    Photo n°1 : Vue du carrefour d'Agbonou

    Cliché : K. G. FAGBEDJI, 2009.

    A Agbonou, après le marché qui est un lieu spécialisé de commerce, vient le carrefour autour duquel se créent et se développent les activités informelles, plus particulièrement le commerce qui joue un rôle déterminant dans l'animation du quartier. La gamme d'activités qu'on rencontre là est étendue et variée. « Le nombre de personnes qui tentent de le faire est élevé. Leurs échoppes et leurs guérites se succèdent sur la Nationale N°1. En mainte endroit, les commerçants occupent le trottoir toute la journée et ne plient bagages qu'à la nuit tombée, quand tout espoir de vente disparait. » (Vennetier P., 1996).

    Leur prière la plus ardente est de voir le maximum de véhicules s'arrêter au carrefour parce que les personnes aux abords de ces véhicules collectifs ou personnels constituent leurs clients préférés. Avant d'aborder en détail le

    commerce et l'artisanat qui sont les activités dominantes du carrefour, nous allons analyser le flux de véhicules qui transitent par ce carrefour.

    3.1.1. Analyse du flux de véhicules

    Le carrefour d'Agbonou serait sans vie, sans importance s'il n'y avait pas des passagers, des transporteurs, des moyens de transports, des réseaux de transports et des escales. Les escales effectuées constituent le soubassement de cette dynamique économique. C'est pourquoi dans un premier temps nous allons estimer le nombre de voitures faisant escale au carrefour et le nombre de nationalités qui y transitent, avant d'éclaircir les raisons de ces arrêts.

    3.1.1.1. Estimation du nombre de véhicules faisant escale au

    carrefour d'Agbonou

    Nous avons effectué le comptage sur la Nationale N°1 durant trois jours: le mercredi, jour de marché d'Anié et d'Akparé ; le samedi, jour de marché d'Agbonou et d'Atakpamé ; et le dimanche, fin de semaine. Nos résultats sont consignés dans le tableau suivant :

    Tableau N°9: Trafic horaire des véhicules sur la route N°1 durant 3 jours

    Types d'engins

    7H- 9H

    9H- 11H

    11H- 13H

    13H- 15H

    15H- 17H

    17H- 19H

    Total Journalier

    MERCREDI

    Véhicules personnels

    19

    33

    31

    22

    19

    20

    144

    Véhicules Taxis

    28

    22

    20

    18

    15

    20

    123

    Minibus

    12

    35

    51

    47

    20

    24

    189

    Autobus

    -

    2

    2

    -

    -

    -

    4

    Lourds

    8

    11

    25

    4

    2

    22

    72

    TOTAL

    67

    103

    129

    91

    56

    86

    532

    SAMEDI

    Véhicules Personnels

    9

    26

    21

    68

    30

    12

    166

    Véhicules Taxis

    22

    38

    53

    29

    25

    13

    180

    Minibus

    8

    22

    47

    39

    11

    19

    146

    Autobus

    2

    -

    2

    -

    -

    -

    4

    Lourds

    2

    11

    36

    17

    1

    2

    71

    TOTAL

    43

    97

    159

    153

    67

    46

    567

    DIMANCHE

    Véhicules Personnels

    21

    53

    44

    31

    29

    21

    199

    Véhicules Taxis

    14

    23

    11

    9

    7

    4

    68

    Minibus

    4

    41

    39

    22

    14

    9

    129

    Autobus

    -

    2

    2

    -

    -

    1

    5

    Lourds

    13

    25

    11

    17

    18

    21

    105

    TOTAL

    53

    144

    167

    79

    68

    56

    507

    Source: nos enquêtes

    Au regard de ce tableau, il ressort que : au moins 500 véhicules empruntent la RN°1 par jour. Ensuite, entre 11 h et 13 h de la journée, on enregistre un

    maximum de trafic. Il y a là un élément d'explication à clarifier. Mais bien avant cela, signalons que ce sont les véhicules venant du Nord qui affluent souvent à ces heures. L'explication qui découle alors de ce constat est liée à deux facteurs : d'une part aux heures d'animation des marchés proches de cette localité à savoir le marché d'Akparé, de Gléi, d'Anié, d'Adougbélan, etc. Tous ces marchés, bien qu'ils aient différents jours d'animation, s'animent intensément vers 11 heures de la journée, ce qui justifie l'affluence de nombreux véhicules notamment les taxis brousses durant ces moments au carrefour. D'autre part, la plupart des chauffeurs venant du Nord (les plus nombreux entre 11h et 13h) veulent arriver à destination en l'occurrence Lomé dans la journée, donc ils font tout pour être au carrefour d'Agbonou à ces heures. Le graphique suivant regroupant les heures d'arrivée des différents types de véhicules durant les trois jours de notre enquête illustre bien ce constat.

    Figure N°8:

    Courbe d'évolution du trafic des véhicules suivant les heures d'arrivées au

    carrefour d'Agbonou sur la RN°1

    Source: nos enquêtes

    Lors des comptages routiers, nous avons aussi constaté que les taxis surtout, puis les véhicules personnels dominaient largement la catégorie des véhicules légers (4 à 5 places). Les véhicules de « luxe » (les grosses cylindrées,...) inclus dans cette catégorie de quatre à cinq places apparaissent à compte-goutte. Il en est de même pour les véhicules bâchés.

    Les mercredis et samedis, on enregistre un maximum de taxis (123 le mercredi et 180 le samedi) à cause des marchés qui s'animent ces jours. Le dimanche, les taxis sont rares (68 voitures) car ce n'est pas un jour de marché mais de fêtes, de cultes ou de repos pour les moins religieux d'où la prépondérance des véhicules personnels (199 au total).

    La catégorie bus et minibus est dominée par les mini bus de neuf et quinze places. Ils assurent en grande partie le transport interurbain de Lomé vers Sokodé, Kara ou Dapaong et les autres villes secondaires.

    Les quelques autobus observés sont des bus des compagnies L.K. (Lomé- Kara), RAKIETA, et d'ADJI-TRANSPORT qui relient Kara-Lomé-Kara.

    Il y a d'autres bus internationaux qui relient Lomé-Ouagadougou-Lomé. Ils arrivent souvent à Atakpamé aux alentours de 20h30 en venant de Lomé ou du Burkina Faso. Nous avons entre autres SKV (Société Kossouka Voyage), STMB (Société de Transport Mixte Bangrin) et TCV (Transport Confort Voyageurs), pour ne citer que ces trois là.

    Les remorques estimées à 15,4% du total, sont des gros véhicules dont la charge en marchandises varie entre 30 et 60 tonnes. Elles ravitaillent la région sahélienne en produits manufacturés venant du Port Autonome de Lomé. Elles sont plus nombreuses les dimanches car il n'y a pas de contrôle douanier sur la route N°1 en ces jours.

    Le résultat du comptage routier de trois jours, nous a permis de déterminer le trafic moyen journalier sur la Nationale aux latitudes d'Agbonou (tableau N°10 et figure N°7).

    Tableau N°11 : Trafic horaire journalier moyen au carrefour d'Agbonou

    Engin

    EFF. MOY

    Personnels

    Taxis

    Minibus

    autobus

    lourd

    TOT.JOURNAL.

    Par journée

    170

    124

    155

    4

    83

    536

    Pourcentage (%)

    31,7

    23,1

    29

    0,8

    15,4

    100

    Source : nos enquêtes

    Source : nos enquêtes

    Ce qu'il faut remarquer à la lecture de ce tableau, est que les véhicules légers (personnels et taxis) et les minibus empruntent plus la RN°1. Ils font respectivement 54,8% et 29 % du total. Ceci montre l'importance du trafic interurbain dû au commerce surtout. A côté de ces automobiles à quatre roues,

    on enregistre une multitude de deux roues qui relient le centre-ville à Agbonou. C'est un de leurs endroits de prédilection à cause du relatif bon état de la route et d'un grand nombre de clients (Sonokpon, op. cit.). Ils assurent la liaison entre le centre-ville et la périphérie.

    3.1.1.2. Estimation du nombre de nationalités

    L'estimation du nombre de nationalité qui transite par le carrefour d'Agbonou nous échappe parce que nous ne pouvons contrôler l'identité des voyageurs. Ce que nous avons pu enregistrer et qui est intéressant est le nombre de véhicules « étrangers » qui ont emprunté la RN°1 lors de nos trois jours d'investigation. Pour faire une analyse comparative entre les nationalités, nous avons effectué la moyenne des trois jours et les avons regroupées dans le tableau suivant :

    Tableau N°12: Nombre de véhicules étrangers passant à Agbonou

    NATIONALITE

    BURKINABE

    MALIENS

    NIGERIENS

    TOTAL

    Effectifs

    27

    11

    15

    53

    pourcentage (%)

    50,9

    20,8

    28,3

    100

    Source : nos enquêtes

    Fig. N°10: Proportion de véhicules étrangers passant à Agbonou

    Source: nos enquêtes

    Force est de constater que les véhicules burkinabés (50,9%) empruntent plus la voie N°1 que les véhicules maliens (20,8%) et nigériens (28,3%). Cette situation se justifie par le fait que le Burkina est un pays limitrophe du Togo ; tel n'est pas le cas pour les autres nations enclavées qui sont aussi bien représentées 49,2% au total.

    La plupart des véhicules enregistrés sont des semi-remorques ou des remorques transportant des tonnes de sucres, de ciments, de fers et autres produits provenant des autres régions du monde via Lomé, la capitale togolaise.

    Par ailleurs, on note une multitude de véhicules d'occasion en direction de Ouagadougou.

    Ils sont des clients potentiels des commerçants du carrefour lors de leurs stationnements pour des raisons diverses.

    3.1.1.3. Raisons des escales

    Les raisons des escales sont multiples et diversifiées. Elles sont historiques, stratégiques voire religieuses. En effet, depuis l'époque coloniale, après la construction des rails, et même bien avant, Agbonou était un carrefour, un marché, donc un lieu d'escale. C'était un carrefour où viennent se rencontrer les marchands de sels venant de Kéta au Ghana actuel et les Ifê d'Atakpamé (Gayibor, op. cit.). Au temps colonial, le marché s'est élargi aux autres peuples voisins notamment les Kabyè. Ils avaient occupé la plaine du Mono où ils travaillaient comme métayers. De là ils venaient à Agbonou pour échanger leurs produits agricoles contre le sel et autres produits.

    Dans les années 40, la ligne du centre a commencé à être utilisée comme moyen de transport en commun des passagers « noirs ». Ainsi, Agbonou est devenu un lieu d'escales important après celui d'Anié où le train est obligé de s'arrêter pour charger les voyageurs et permettre aux passagers à bord de payer

    à manger. En effet auparavant Anié était la plus grande escale, en venant ou en allant au nord à cause de « la notoriété de son marché, étape de ravitailement obligée pour tous les transporteurs et passagers de la nationale N°1. » (Tayeleke P., 2007). Ces escales se sont quelque peu assombries avec l'abandon des rails en 1998.

    De nos jours, avec la déviation de la RN°1 qui passe dorénavant par Agbonou et l'installation des commerçants ambulants autour de ce carrefour, le quartier est devenu incontournable en matière d'escales. C'est là oü l'on trouve les repas, des fruits, des boissons, des poissons, etc. Brefs, tout ce dont pouvait besoin un passager. C'est pourquoi d'ailleurs presque tous les chauffeurs s'arrêtent là pour que les passagers puissent payer et trouver sans perdre trop de temps leurs nourritures et autres produits vivriers.

    Aujourd'hui encore, à part les raisons classiques de décharge et/ou du chargement des passagers, on peut ajouter une raison pas des moindres liée au respect du temps de prière observé par les chauffeurs musulmans. Cette raison est souvent évoquée par les conducteurs de remorques et de voitures personnelles qui s'arrêtent souvent près de l'hôtel « le Sahélien » comme le montre la photo suivante.

    Photo n°2 : Arrêt d'une voiture d'occasion en transit

    Cliché : K. G. FAGBEDJI, 2009.

    3.1.2. Les différentes zones d'escales

    Il existe trois zones d'escales dans le quartier Agbonou : le carrefour d'Agbonou, le carrefour d'Akparé et les environs de l'hôtel « le Sahélien » (voir photo n°3).

    Photo n°3 : Stationnement des remorques sur la RN°1 à Agbonou

    Cliché : K. G. FAGBEDJI, 2009.

    Le carrefour d'Agbonou et les environs de l'hôtel « le Sahélien » s'animent intensément tous les jours de 8h à 21h à cause de ces escales. Les commerçants enregistrent un maximum d'activités durant les mois de grandes vacances (juillet - septembre) à cause des multiples voyages effectués surtout par les élèves, les professeurs et autres usagers de la route; durant les temps de fêtes aussi on enregistre un maximum d'activité de transports impliquant une multiplication des escales.

    Le carrefour d'Akparé, situé sur la route N°8 est plus fréquenté par les taxis qui vont vers Akparé, Adougbélan, Glitto, Nangbéto, etc. Il est plus animé les jours du marché d'Akparé (les mercredis). Ce dernier a pris le nom de « carrefour d'Akparé » parce que c'est un carrefour où l'on prend le véhicule pour aller à Akparé. Il est aussi animé que les autres lieux précités mais le carrefour d'Agbonou est le point le plus chaud.

    3.1.3. Les activités créées par les escales

    Les escales effectuées journellement sont créatrices d'emplois. Elles offrent pas mal d'opportunités de commerces et font vivre plusieurs familles à Agbonou.

    Nous allons dans ce volet analyser les opportunités d'affaires qu'offrent ces petits temps de stationnement.

    3.1.3.1. Les activités en rapport avec la restauration

    Nous regroupons dans cette catégorie : les bar-restaurants, les cafétérias et les hôtels.

    3.1.3.1.1. La restauration de rue

    Les bar-restaurants installés le long de la RN°1 sont évalués à 10. On y vend les repas tels que la pâte, le riz, le foufou, etc. Souvent dans ces bar-restaurants, il y a une buvette pour les clients désireux d'étancher leur soif par des boissons. Ces bars emploient trois à six jeunes filles ou femmes pour les services. Leurs clients sont les voyageurs d'autobus qui s'arrêtent durant un moment (10 à 20 minutes) pour manger et continuer après le voyage (voir photo n°4).

    Photo n°4: Un bar-restaurant au carrefour Cliché : K. G. FAGBEDJI, 2009.

    3.1.3.1.2. Les cafétérias

    Les cafétérias au nombre de onze dans le quartier sont toutes installées le long de la route N°1. Elles sont construites presqu'en bois, sous forme de kiosque presque identiques et souvent adossées aux mûrs.

    Avec un comptoir entouré de tabourets, elles sont en générale fréquentées par les conducteurs de remorques. Ils viennent souvent les soirs pour prendre du café, thé, spaghetti... pour pouvoir passer la nuit sous leurs véhicules ou pour continuer le voyage la nuit.

    Les cafétérias s'ouvrent souvent les soirs vers 19 heures pour fermer vers 7h30. Elles sont souvent gardées par les jeunes hommes qui généralement ont appris un métier mais ne l'exercent pas car les activités commerciales sont plus rentables que les activités artisanales et sont donc de plus en plus préférés par la jeunesse avide de gains.

    3.1.3.1.3. L'hôtellerie

    Présents sur la RN°1, l'hôtel << le Sahélien » et l'hôtel << Amitié » assurent les prestations d'hébergement dans de bonnes conditions.

    Les clients, la plupart du temps les chefs de services administratifs, peuvent choisir leurs chambres en fonction de leurs capacités financières ou en fonction de leurs préférences.

    Ces hôtels sont souvent fréquentés les week-ends, lors d'une manifestation dans la ville d'Atakpamé, au Nord ou au Sud du pays.

    L'hôtel le Sahélien (photo n°5) est le plus sollicité. Il dispose de 9 chambres climatisées comportant un lit de deux places chacune. En fonction du confort, on distingue trois catégories de chambres à des prix différents. Nous avons :

    - Les chambres ordinaires 8.800 F CFA

    - Les chambres de luxe 10.800 F CFA

    - Les chambres royales 14.300 F CFA

    Ces hôtels, quoiqu'ils contribuent à l'économie du milieu en offrant des emplois aux jeunes, occasionnent des rendez-vous et entrainent la prostitution des jeunes filles du milieu.

    Photo n°5 : Hôtel le Sahélien

    Cliché : K. G. FAGBEDJI, 2009.

    3.1.3.2. Les activités en rapport avec le commerce 3.1.3.2.1. Le commerce « ambulant » du carrefour

    Dès l'arrivée d'un véhicule, surtout les minibus (9-15 places), les commerçants courent vers le véhicule (voir photo n°6), crient pour attirer l'attention des voyageurs, exhibent leurs produits, donnent les prix et finissent par attirer les voyageurs qui achètent.

    Photo n°6 : Attroupement des vendeuses devant un bus Cliché : K. G. FAGBEDJI, 2009.

    Dans l'intervalle de 11h -13h, on enregistre un maximum d'escales. Il fait très souvent une chaleur étouffante dans les véhicules de transport en commun. Cela fait l'affaire des petits commerçants de boissons rafraîchissantes. Aussitôt stationnés, les passagers sont assaillis par ces petits porteurs désireux de leur proposer leurs services. Tantôt, on entend crier << de l'eau glacée », << y a bon jus glacé », ou alors, << bissap glacé », etc. En somme tout reste souvent glacé, mais peu importe l'appellation, pourvu que ça désaltère les passagers assoiffés et fatigués. Les vendeuses de << kanami » (poissons frits) et du pain en font autant. On entend souvent << Fovi kanamia dé ? » (Frère ne veux- tu pas payer de poissons ?), ou <<ma so kponoa va ? » (Frère que j'amène les pains ?), et autres.

    L'ambiance diminue dès le départ des voitures et reprend juste après leurs arrivées et ainsi de suite jusqu'à la fin de la journée. Cette ambiance continuelle observée au carrefour est la particularité même d'Agbonou. Sur toute l'étendue du territoire togolais, il n'y a pas son pareil.

    Ainsi donc, nous avons décidé d'explorer l'univers des acteurs de cette dynamique qui sont sans nul doute dominés par les femmes.

    3.1.3.2.1.1. Les types de produits vendus

    Il y a tout une gamme de produits vendus au carrefour. Le tableau suivant montre la répartition des commerçants enquêtés suivant le type de produits vendus le long la RN°1 à Agbonou.

    Tableau N°13 : Répartition des commerçants suivant les types de produits vendus

    Types de produits

    Effectifs

    Pourcentage (%)

    Cumul

    Poissons grillés

    18

    28,6

    28,6

    Fruits

    12

    19

    47,6

    Pains

    14

    22,2

    69,8

    Eau glacée/Jus

    4

    6,3

    76,1

    Repas/boissons

    8

    12,8

    88,9

    Beignets

    1

    1,6

    90,5

    Brochettes

    1

    1,6

    92,1

    OEufs

    1

    1,6

    93,7

    Gari/Tapioca

    4

    6,3

    100

    TOTAL

    63

    100

    100

    Source : nos enquêtes

    On remarque que les poissons grillés (28,6%), le pain (22,2%) et les fruits (19%) sont de loin les produits les plus représentés, donc les plus vendus. Ils sont bénéfiques et ne nécessitent pas un capital important. Ils sont aussi les produits préférés des voyageurs.

    Ces commerçants se sont regroupés en associations. C'est ainsi qu'on a l'association des femmes revendeuses de poissons grillés, de fruits et de pains.

    Les autres types de produits moins représentés comme le repas (12,8%), l'eau glacée (6,3%), le gari (6,3%)... n'ont pas encore leurs associations excepté les revendeuses de gari.

    Les fruits (voir photo n°7) proviennent de Badou ou de Kougnonhou à l'ouest d'Atakpamé. Les poissons en l'occurrence les lates niloticus (capitaines), les clarias (silures), les tilapias niloticus (carpes) et les sardinella (sp) proviennent du lac artificiel du barrage de Nangbéto. Ils sont connus d'ailleurs sous le nom de « Nangbéto kananmi »(les poissons frits du barrage de Nangbéto).

    Photo n°7 : Vendeuses de fruits

    Cliché : K. G. FAGBEDJI, 2009.

    3.1.3.2.1.2. La répartition socio-démographique des commerçants
    ·
    · Le commerce ambulant à Agbonou, un secteur détenu par les femmes

    Nous avons constaté durant nos enquêtes que sur 63 commerçants enquêtés il n'y a qu'un seul homme. Soit 1.58% du total. Ce commerçant vend des brochettes et il est d'ailleurs nigérien. C'est dire qu'au Togo, le petit commerce est une activité réservée aux femmes.


    ·
    · Une diversité ethnique

    La diversité ethnique qui caractérise ce quartier est de mise encore chez les commerçants.

    TABLEAU N°14: Répartition des commerçants suivant l'ethnie

    ETHNIES

    EFECTIFS

    POURCENTAGE (%)

    CUMUL

    Ana-Ifê

    31

    49,2

    49,2

    Adja-Ewé

    5

    8

    57,2

    Akposso-Akébou

    4

    6,3

    63,5

    Kabyè-Tem

    7

    11,1

    74,6

    Fon-Mahi

    1

    1,6

    76,2

    Autres

    15

    23,8

    100

    TOTAL

    63

    100

    100

    Source : nos enquêtes

    On remarque que le groupe Ana-Ifê est majoritaire. Il représente 49,2% de l'effectif total. Il est suivi des Kabyè-Tem 11,1%. Cette situation s'explique par le fait qu'Atakpamé est un milieu îfê. Les commerçants Ifê migrent plus aisément vers Atakpamé qui est plus proche de leurs milieux d'origine. Quant aux Kabyè, ils sont aussi nombreux dans les villages environnants (surtout à

    l'est d'Atakpamé), ce qui justifie leur pourcentage élevé lié à leur migration des fermes vers la ville.

    Le groupe Adja-Ewé est loin d'être négligeable. Il représente 8%. Selon les informations reçues lors de notre enquête, il s'agit pour la plupart, des commerçants qui ont quitté TEXACO (marché de fruits au centre-ville) pour venir prospérer leurs activités au carrefour.

    On rencontre également d'autres ethnies en proportion plus réduites. Ce sont par exemple : les Akposso - Akebou, les Fon Mahi et une multitude d'ethnies minoritaires que nous avons regroupées ensemble. Ce sont entre autres les Bassar, les Tchamba, les Adangbé... qui représentent 23,8% de l'effectif total.

    + Une population peu alphabétisée

    Le problème crucial qui freine le développement harmonieux du secteur informel en l'occurrence le commerce au Togo est le niveau assez bas des commerçants togolais. Le quartier Agbonou ne fait pas exception.

    Tableau N°15 Répartition des commerçants selon le niveau d'instruction

    NIVEAU D'INSTRUC TION

    EFFECTIFS

    POURCENTAGE(%)

    CUMUL

    Analphabète

    49

    77,8

    77,8

    Primaire

    10

    15,9

    93,7

    Secondaire

    4

    6,3

    100

    Supérieur

    0

    0

    100

    TOTAL

    63

    100

    100

    Source: nos enquêtes

    On constate que 77,8% des commerçants n'ont jamais mis pied à l'école. 15,9% ont le niveau primaire et seulement 6,3% ont fait le collège. Personne d'entre eux n'a fait le niveau supérieur. Il apparaît donc clairement que ce sont des analphabètes ainsi que des individus dont le niveau d'instruction ne

    permettent pas facilement l'accès à un emploi de bureau qui s'adonne à cette activité.

    Au regard de ces résultats, nous pouvons dire que le secteur commercial constitue pour les nouveaux venus en ville sans instruction un « secteur refuge ».

    Il suffit seulement de savoir traverser, sinon d'avoir le courage pour traverser la route pour être commerçant au carrefour d'Agbonou. La majorité des commerçantes sont venues à Atakpamé en tant que domestique et à force d'aider leurs matrones, elles finissent par monter leurs propres affaires.

    3.1.3.2.2. La vente des pièces détachées

    La vente des pièces détachées est une forme de commerce qui est très répandue à Agbonou sur la Nationale N°1. Sur environ un kilomètre, on enregistre 23 vendeurs de pièces détachées. Ils sont logés dans des petites boutiques dans lesquelles on trouve des batteries, rétroviseurs, radiateurs, projecteurs de faisceaux, crics, pneus, jantes, freins et beaucoup d'autres pièces encore.

    Les pompistes, aussi nombreux, sont au nombre de 15. Ils offrent en général leur service aux conducteurs de taxis et de taxis-moto. Les minis bus, les autocars et les remorques s'approvisionnent aux deux stations d'essence du quartier (SHELL et TOTAL).

    3.1.3.3. Les activités en rapport avec l'artisanat

    Nous avons recensé deux sortes d'activités artisanales au carrefour : l'artisanat directement lié au transport et l'artisanat indirectement lié au transport.

    3.1.3.3.1. Activités artisanales directement liées au transport

    Il s'agit des activités en étroite relation avec le transport ; entendons ici l'artisanat d'entretien-réparation.

    · . Les garages

    Nous enregistrons 6 garages à Agbonou. Ces garages servent d'atelier de réparation de voitures, de peinture auto et d'électricité auto. Les conducteurs de voitures d'occasion, de remorques et de taxis-villes sont les clients préférés de ces garagistes-mécaniciens.

    · . Les vulcanisateurs

    Ateliers de réparations de pneus et de chambre à air : c'est l'atelier des vulcanisateurs. Dans l'ensemble ce ne sont que de petits hangars couverts de vieilles tôles et où l'espace ne reflète pas l'aspect d'un garage. Ils sont au nombre de 11 dans le quartier et sont situés exclusivement sur le tronçon hôtel << Le Sahélien » - carrefour d'Akparé. Ceci illustre que la route est un lieu de prédilection des activités informelles.

    3.1.3.3.2. Les activités artisanales indirectement liées au transport

    Il s'agit des activités qui n'ont pas un rapport étroit avec le transport routier mais ne profitent que d'un bon état de la route, le long de laquelle elles se sont installés. Nous considérons pour ce cadre les artisanats tels que la coiffure, la couture, et la menuiserie. Ils servent en majorité la population du quartier. Le tableau N°15 suivant nous montre la répartition des activités artisanales indirectement liées au transport autour de la nationale N°1 entre << Le Sahélien » et le carrefour d'Akparé.

    Tableau N°15:Proportion des activités indirectement liées à la route

    ACTIVITES

    EFFECTIFS

    POURCENTAGE

    CUMUL

    Coiffure

    18

    45

    45

    Couture

    15

    37,5

    82,5

    Menuiserie

    7

    17,5

    100

    TOTAL

    40

    100

    100

    Source: nos enquêtes

    Les ateliers de coiffure, de couture et de menuiserie sont très répandus non seulement sur la RN°1, mais également sur toutes les rues du quartier. Ce sont des constructions de petites tailles, dirigées par des personnes ayant reçu des formations pratiques spécifiques.

    En somme, il faut reconnaître qu'il y a une relation entre les activités et les systèmes de transports parce que toutes ces activités, du moins celles qui sont directement liées au transport, sont quasi concentrées le long de la route qui traverse le quartier. A travers son rôle de créateur et de développement des activités informelles, la route participe à l'économie du quartier et de la ville d'Atakpamé.

    3.2. APPORT DE CES ACTIVITES A L'ECONOMIE URBAINE

    Les activités créées par la route N°1 contribuent à l'économie de la ville et du quartier à travers le nombre d'emplois créés, les épargnes et les taxes perçues par la commune.

    Ainsi donc, étudier l'apport des activités informelles notamment du petit commerce à l'économie de la ville revient à quantifier globalement sa

    contribution dans la création des richesses et à mettre en évidence son rôle dans la crise économique actuelle.

    3.2.1. Le commerce ambulant et l'emploi

    A l'aube de ce 3e millénaire, s'il y a un problème qui se pose avec acuité, c'est sans nul doute celui de l'emploi. Au Togo, le taux de chômage selon l'Agence Nationale Pour l'Emploi (ANPE) est estimé à "6,8%". Dans ces situations, c'est l'informel qui absorbe le « surplus » de la population sans emploi.

    Au cours de notre étude, nous avons cherché à voir, si le commerce ambulant pouvait offrir des emplois productifs permanents aux migrants surtout aux femmes ou jeunes filles qui arrivent à Atakpamé. Notre enquête nous a révélé une réponse affirmative. Presque tous les enquêtés ont affirmé qu'ils ne veulent pas changer de métier parce qu'il n'y a pas mieux ailleurs. 80 % des enquêtés ont affirmé avoir appris un métier avant d'exercer le commerce. Ceci montre que le commerce est un secteur de recours et donc rentable, quand bien même ils avouent que leurs activités ne marchent plus comme avant. Le commerce joue alors un rôle non négligeable dans la crise économique actuelle par le nombre d'emplois qu'il procure aux jeunes actifs (citadins ou néo-citadins). Il réduit ainsi le chômage. Dans le seul quartier d'Agbonou, nous avons recensé 202 commerçantes propriétaires, toutes catégories confondues ; or chaque propriétaire peut disposer d'au moins deux à trois jeunes filles pour l'aider dans sa vente, ce qui fait environ en moyenne 600 personnes qui participent à cette ambiance quotidienne à Agbonou. Ceci témoigne de la place importante qu'occupe le commerce dans l'économie de la ville d'Atakpamé. Les revenus versés contribuent à l'économie, à l'accroissement de la consommation des biens et des services.

    Ce rôle de création d'emplois accentue l'exode rural car les jeunes migrants ont l'espoir d'apprendre un métier ou, au pire des cas, vendre au carrefour puisque cela ne nécessite aucune formation.

    Les recettes mensuelles sont plus excitantes pour les candidates à l'exode rural et aux migrations résidentielles vers Agbonou.

    3.2.2. Les recettes moyennes mensuelles

    Les recettes des commerçants sont difficilement mesurables. Ceci est dû, d'une part, au fait que les revenus constituent un domaine protégé où les commerçants restent discrets, et d'autre part à la variation du nombre de clients dans le temps. Au carrefour, le chiffre d'affaires des commerçants s'élève en moyenne à 6000 F CFA par jour et leurs revenus compris entre 1000 et 2000 F CFA. Ces sommes sont cependant à prendre avec des pincettes car dépendant de plusieurs facteurs dont le coût d'achat, le coût de transport, la qualité du produit, le nombre de clients et la sincérité douteuse des commerçants. Mais si nous nous en tenons à leurs revenus qui seraient compris selon leur dire entre 1000 et 2000 F CFA/jour, on peut affirmer que cela ferait 30.000 ou 60.000 F CFA par mois, sensiblement supérieur au salaire minimum interprofessionnel garantit actuel du pays (28000 F CFA). Ces commerçants auraient donc une vie modeste et comme la plupart sont des femmes, elles peuvent participer énormément aux tâches financières de leur foyer. Ainsi donc, le commerce ambulant participe à la réduction de la pauvreté, mais il entraîne aussi l'exode rural, surtout des jeunes filles qui ne peuvent résister aux bénéfices réalisés au carrefour.

    3.2.3. L'épargne

    Que ce soit à la FUCEC, à l'IDH ou à ILEMA, les commerçants ont au moins un compte épargne dans ces trois institutions d'épargne. Ils cotisent aussi parallèlement à ces épargnes les tontines. Ils cotisent par jour entre 100 et 1000

    F CFA compte tenu de leurs chiffres d'affaires. Ces cotisations, appelées tontines, les aident à faire des prêts pour pouvoir relancer leurs activités. En contrepartie, ces ONG vivent aux dépens des frais de tenue de compte. Elles emploient les jeunes filles désoeuvrées pour la collecte des fonds auprès des commerçants, ce qui réduit en partie le problème de chômage à Atakpamé.

    A part les tontines, ces commerçants contribuent à l'économie urbaine en payant leurs taxes municipales.

    3.2.4. Les taxes municipales

    Ces taxes sont de 50 F CFA par jour pour les commerçants ambulants. 500 F CFA par mois pour les gérants de boutiques ou de cafétérias. Les bars-restaurants et les hôtels quant à eux payent les impôts annuels allant de 12.000 à 100.000 F CFA.

    Ces taxes perçues quotidiennement, mensuellement ou annuellement au carrefour d'Agbonou rentrent dans le budget de la commune d'Atakpamé et de l'Etat.

    Ce commerce, malgré son rôle primordial de créateur d'emploi à la population urbaine, est sérieusement confronté à de nombreux problèmes auxquels il convient de trouver des solutions.

    QUATRIEME CHAPITRE
    PROBLEMES ET APPROCHES DE SOLUTIONS

    Au regard de ce qui précède, les activités informelles du carrefour jouent un

    rôle important dans la dynamique économique de la ville et du quartier. Il est vrai que tous les acteurs intervenant au carrefour rencontrent des problèmes. Mais nous allons nous intéresser aux problèmes des commerçants et aux problèmes d'équipements socio- collectifs du quartier compte tenu de nos objectifs.

    4.1. LES PROBLEMES

    Ils sont très variés et sont de deux ordres : les problèmes d'équipements socio- collectifs et les problèmes liés au commerce.

    4.1.1. Les problèmes d'équipements socio-collectifs dans le quartier

    4.1.1.1. Problèmes d'assainissement

    Dans le quartier Agbonou, la dégradation de l'environnement se traduit surtout par l'insalubrité et la pollution. Chaque ménage se débrouille pour se débarrasser des ordures comme il peut ou comme il veut. On assiste alors à une prolifération de dépotoirs sauvages dans le quartier surtout sur les terres vagues, le long de la voie ferrée, sur les berges d'Eké et dans les bas fonds. Bref, l'espace libre le plus proche sert de dépotoirs dans le quartier (Tengue, 2000). Le carrefour n'en fait pas exception. Les épluchures de bananes, les sachets de « pure water », les sachets d'emballages pullulent partout dans le carrefour. Les nourritures sont mal protégées; les poissons vendus ainsi que les pains sont laissés à l'air libre, à la merci des mouches et de la poussière. Les gens urinent partout sur la chaussée surtout sur le tronçon carrefour d'Agbonou - hôtel « le Sahélien ». Nous avons enregistré quatre dépotoirs sauvages le long de la RN°1. Les dépotoirs construits par la municipalité sont pleins et débordent sur la route. Les berges de la rivière Eké qui traversent Agbonou sont devenues un endroit de

    dépôt des déchets solides et liquides, au lieu d'être source d'activités génératrice d'emploi et de revenus (maraîchage par exemple).

    4.1.1.2. Le problème d'eau

    L'accès à l'eau courante constitue un problème crucial dans la zone. Il n'y a pas de réseau d'adduction d'eau dans le quartier. Cette absence d'infrastructures est liée d'une part au coût élevé de l'adduction de l'eau potable et d'autre part au site accidenté que présente la ville d'Atakpamé qui rend ces installations plus coûteuses pour la Togolaise des Eaux (TdE). Enfin, le réseau hydraulique ne couvre que les noyaux primaires et les anciens quartiers. Les nouvelles zones d'extension dont Agbonou sont privées d'eau potable. Ainsi donc, la récente extension d'Agbonou n'a pas été suivie par l'installation des infrastructures liées à l'eau. La construction même des puits est un véritable casse tête chinois pour les ménages. La nappe phréatique est en moyenne à 10 m du sol, ce qui fait que les puits sont rares car très coûteux. Ce manque d'eau potable et de puits constitue un important handicap pour le développement socio-économique de la population d'Agbonou. Yébli, précise dans son étude que 43,5% de la population d'Atakpamé sont exposées aux maladies diarrhéiques dues à l'insalubrité des eaux consommées.

    Néanmoins, pour pallier ce manque d'eau, la plupart des ménages s'approvisionnent chez leurs voisins qui ont des puits, ou aux kiosques à eau qui reviennent généralement coûteux.

    4.1.1.3. Les problèmes de la voirie

    L'état des rues à Agbonou est déplorable. Nous avions dit plus haut qu'aucune rue n'est bitumée dans le quartier. Elles ont été certes recouvertes de latérites, mais suite à des érosions dues aux pluies diluviennes, ces rues sont totalement rocailleuses et caillouteuses, ce qui rend l'accès de certains sous-

    quartiers difficile pour les taxis-moto et les voitures (Sonokpon, op. cit.).Elles ne disposent pas en général de rigoles, et là où elles existent, ces rigoles sont bourrées d'ordures ménagères.

    4.1.2. Les problèmes liés au commerce

    4.1.2.1. Les problèmes liés à l'encombrement de la route

    Au carrefour d'Agbonou, ce qui frappe en premier un passant, c'est l'encombrement de la voie. Ceci complique énormément la circulation des véhicules et rend difficile leurs stationnements entraînant fréquemment des accidents. En effet, A Agbonou les accidents sont fréquents et souvent mortels. Ils ont des conséquences désastreuses aussi bien pour les usagers et leurs familles que pour la nation entière. On enregistre au moins 4 accidents par mois selon le rapport de la brigade des accidents de la gendarmerie d'Atakpamé en 2008. Les mois de vacances (Juin-Juillet) et les jours de fêtes, qui sont des moments d'intenses activités, occasionnent un plus grand nombre d'accidents. Il y a aussi dans ces périodes un plus grand nombre de commerçants à cause de l'entrée en jeu des élèves qui viennent aider leurs mères, soeurs, tantes et autres. Chacun s'acharne à écouler son produit aux risques de sa vie en traversant sans moindre attention la route. Ceci est dû à plusieurs facteurs : d'abord les commerçants méconnaissent ou ne respectent pas le code de la route. Ils courent en désordre sur la route dès qu'ils voient un véhicule s'arrêter. Ensuite, l'étroitesse de la chaussée à Agbonou ne donne pas assez d'opportunité aux taxis-moto ou aux minis bus de passer outre ces obstacles. Ils sont obligés donc de klaxonner à tout bout de champ. Enfin, l'excès de vitesse en milieu urbain observé par les conducteurs venant de toutes directions ne leur permet pas d'éviter ces pauvres commerçants qui se font tuer ou blesser à n'importe quelle heure de la journée.

    4.1.2.2. La prostitution des commerçantes

    Le carrefour d'Agbonou est un lieu d'intense activité. C'est aussi un lieu oü le contact entre hommes et femmes est permanent. Les contacts entre voyageurs, commerçants, artisans et transporteurs sont aussi courants, ce qui entraîne des fois la prostitution. Elle est pratiquée par les femmes de tout âge surtout par les revendeuses du carrefour. Après avoir vendu dans la journée, elles obtiennent des rendez-vous et la nuit elles se déguisent en filles de joie. Les conducteurs de remorques et de voitures d'occasion constituent leurs clients préférés. Ces filles de joie restent souvent dans les environs de l'hôtel « Le Sahélien » ou du carrefour d'Akparé aux alentours de 22 heures. Ceci montre sans nul doute que ces escales occasionnent la prostitution.

    4.1.2.3. Le vol des commerçants

    A Agbonou, les commerçants sont constamment exposés aux vols. En effet, ils ne disposent pas de magasins pour stocker leurs produits qui sont à l'air libre sur les lieux de vente. Ce qui fait que les nuits, ils sont victimes de vols puisqu'il n'y a pas des surveillants si ce n'est les vendeurs de thé qui de temps à autre jettent un coup d'oeil sur les étalages noyés dans l'obscurité.

    4.1.2.4. Les problèmes liés aux financements des commerçants

    Au-delà des problèmes traditionnels de gestion et d'absence de comptabilité que rencontrent les commerçants, se pose aujourd'hui, la question de financement. Le problème de financement vient du fait que les commerçants sont souvent issus de la couche sociale la plus démunie de la population. Ainsi donc, ils éprouvent toutes les difficultés pour pouvoir trouver un capital pour démarrer leurs activités.

    Au début, ce sont les membres de la famille qui les aident. Ils commencent généralement par crédit chez leurs fournisseurs après avoir fait preuve de

    fidélité et de sérieux. Ce manque de moyen bloque l'activité de plusieurs commerçants. Cela entraîne soit une rupture de stock ou une faillite.

    Tels sont les problèmes qui handicapent le développement du commerce ambulant du carrefour et du quartier. Quelles sont alors les solutions d'approches ?

    4.2. LES APPROCHES DE SOLUTIONS

    Dans ces approches de solutions, nous avons jugé bon de situer la responsabilité de chacun des acteurs du développement de ce quartier dynamique. Nous avons entre autre l'Etat, la municipalité, les diverses associations et la population elle-même.

    4.2.1. Les actions dévolues à l'Etat

    4.2.1.1. Création d'infrastructures routières

    Pour déboucher sur un système de transport viable dans le quartier, il conviendrait de respecter un certain nombre de paramètres.

    - Prévoir un plan de voirie et d'espace libre, ce qui veut dire qu'il faut

    repenser les normes de conception et de construction des rues dans le quartier.

    - Chercher à élargir la couverture du réseau viaire à Agbonou tout en

    entretenant l'existant.

    4.2.1.2. Amélioration des conditions de circulation

    - La construction des trottoirs s'avère nécessaire pour les piétons pour

    éviter les accidents.

    - L'élargissement des trottoirs pour augmenter l'espace affecté à la circulation des automobiles et à leur stationnement.

    - L'amélioration des conditions de circulation des deux roues s'inscrit également dans toutes stratégies visant à diminuer le nombre des accidents de circulations au carrefour.

    Pour améliorer la sécurité sur la N°1, il sera nécessaire de procéder aussi :

    - au gravillonnage de trous qui ont pu se produire dans le revêtement de la route,

    - à un aménagement d'un parking pour les remorques vers le sud (Talo par exemple) pour dégager la route;

    - à la création d'un espace pour les commerçants où les véhicules

    viendraient vers les commerçants pour stationner et payer les vivres. Cela éviterait les accidents dus à la traversée anarchique de la population active ;

    - à un contrôle régulier du respect des règles de la circulation par la police qui doit multiplier les amendes aux contrevenants ;

    - à l'élargissement et à l'aménagement du pont du carrefour sur la rivière

    Eké (photo N°8).

    Photo n°8: Etat du pont sur Eké à Agbonou

    Cliché : K. G. FAGBEDJI, 2009.

    Le pont d'Agbonou à l'heure actuelle est incontournable dans la liaison entre la capitale, Lomé, et le reste des villes de l'hinterland et même avec les pays sahéliens. Ce n'est pas ici que nous allons rappeler l'importance de la route dans le processus de développement d'un pays comme le Togo ouvert aux autres parties du monde à travers son port en eau profonde. Pour conclure à ce niveau, disons que ce pont doit être aménagé avant qu'il ne soit trop tard, surtout avec les pluies diluviennes, dues aux réchauffements climatiques, qui ne font pas de cadeaux aux ponts. L'exemple du pont d'Amakpamé sur la rivière Haho, qui a sauté en 2008 nous en dit mieux.

    La municipalité aussi a sa partition à jouer dans le développement d'Agbonou.

    4.2.2. Les actions dévolues à la municipalité La municipalité doit :

    - organiser des campagnes de salubrité des quartiers en collaboration des agents du Service d'Hygiène et d'Assainissement de la ville avec quelque fois une incitation aux concours de « quartier le plus propre ».

    - construire des dépotoirs publics, des latrines publiques avec l'argent des taxes municipales prisent dans le quartier,

    - assurer un éclairage public sur la RN°1 surtout aux deux carrefours d'Agbonou,

    - assurer une vulgarisation de l'ensemble du code de la route,

    - mettre des infrastructures d'adduction d'eau au service de la population. Les diverses associations de la ville ne seront pas du reste.

    4.2.3. Les diverses actions que peuvent mener les associations

    Les diverses associations, les ONG, les Comités de Développement du Quartier ou les autres groupements de vendeurs et d'artisans, quoiqu'elles fassent un travail louable, doivent redoubler d'ardeur. Ces diverses associations peuvent initier des journées de sensibilisation sur les règles d'hygiène, sur les maladies sexuellement transmissibles ou sur la prévention routière. Elles peuvent, concevoir des programmes d'alphabétisation des commerçants et artisans afin de les amener à observer les règles élémentaires de la comptabilité, inciter aussi les jeunes au travail, et associer les jeunes dans la réalisation des micros projets pour un meilleur développement à la base.

    Parallèlement à ces programmes, on peut penser à une sensibilisation sur les
    différentes facettes de micro finances, surtout sur les informations relatives aux

    prêts, en instruisant mieux les revendeuses et artisans sur les taux d'intérêt, sur les moyens efficaces pour rembourser les dettes et les risques à ne pas prendre en matière de prêt.

    La population d'Agbonou doit contribuer aussi à son développement par des changements de mentalité.

    4.2.4. Le rôle de la population

    La population du quartier doit essayer d'observer les règles minima de protection de l'environnement. Elle ne doit pas jeter n'importe où les ordures ménagères même si la municipalité n'a pas encore construit un dépotoir public. Plutôt, elle doit essayer d'aménager les dépotoirs existant. Faire preuve de civisme et participer financièrement et physiquement aux travaux d'entretien du quartier et de la ville.

    Les acteurs économiques du carrefour doivent entretenir leurs points de vente ou d'activités. Participer aux réunions de leurs associations pour être au même niveau d'informations que les membres de leurs bureaux. Ils doivent chercher à monter des projets et chercher les appuis auprès des bailleurs de fonds, des associations et auprès de la commune notamment dans le cadre du jumelage entre la ville du Niort en France et Atakpamé.

    CONCLUSION GENERALE

    La forte croissance démographique que connaissent les villes d'Afrique au sud du Sahara depuis plusieurs décennies se traduit par un étalement urbain incontrôlé, un équipement déficient en services de base (écoles, centres de santé...) et une mauvaise accessibilité des quartiers périphériques, qui abritent généralement des populations à bas revenu.

    A travers notre étude sur la dynamique d'Agbonou, un quartier périphérique d'Atakpamé, nous avons pu analyser les facteurs et les problèmes de l'extension spatiale du quartier et montrer l'importance de la route nationale N°1 dans le développement des activités économiques.

    L'extension du quartier est liée à « une série de facteurs qui combinent ensemble leurs effets dans des proportions variables » (Nyassogbo K., 2004). L'existence d'un marché à vocation régionale, des services publics et privés, des grands établissements scolaires, attire sans cesse des populations rurales et urbaines, nombreuses et différenciées par leurs origines et leurs professions. Mais, la situation géographique d'Agbonou, le passage du chemin du fer et de la route N°1 dans ce quartier sont fondamentalement les raisons qui expliquent son extension. En outre les contraintes naturelles telles que la topographie accidentée du site et les ruisseaux, les contraintes artificielles telles que la route nationale et la voie ferrée, ont influencé l'organisation spatiale de la ville d'Atakpamé. L'extension de la ville s'est donc faite du côté est, nord-est, sud-est et le long de la route N°1.

    Par ailleurs, situé au point de rencontre de la RN°1 et de la RN°8, Agbonou est le théâtre de toute une gamme d'activités informelles dominées par le commerce ambulant. La prolifération de ces activités notamment du commerce est déterminante dans le développement du quartier par sa capacité d'accueil de la main-d'oeuvre et par l'importance des emplois générés. Ainsi, son apport à

    l'économie urbaine est significatif. Cependant, les problèmes d'encombrement de la voie principale, les accidents, les vols...sont quelques problèmes auxquels les acteurs de cette ambiance doivent faire face.

    Au terme de cette étude, nous pensons avoir relevé et touché du doigt ce qui explique la dynamique spectaculaire d'Agbonou. Pour atteindre cet objectif, nous avons analysé la position géographique du quartier, étudié son histoire et recensé les équipements socio-collectifs présents dans ce quartier sans oublier d'analyser sa structure socio-démographique et professionnelle. Les résultats obtenus de la recherche nous permettent alors de souligner que les objectifs sont atteints et que les hypothèses sont vérifiées.

    Ce travail, loin d'être exhaustif, apportera, nous le souhaitons, plus de lumière sur les formes d'économie informelle au Togo et de ses implications dans l'extension d'un espace périphérique.

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    http://www.univ-orleans.fr/urbanspread/index.htm

    http://www.books.google.com

    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau N°1 : Répartition de la population d'Agbonou suivant les sous-quartiers .18

    Tableau N°2 : Répartition des commerçants tirés suivant les types de produits vendus .19

    Tableau N°3 : Répartition des résidants suivant l'ethnie 41

    Tableau N°4 : Répartition de la population résidante suivant la profession 42

    Tableau N°5 : Répartition de la population suivant le niveau d'instruction 43

    Tableau N°6 : Répartition des enquêtés suivant le nombre d'enfants 45

    Tableau N°7 : Evolution de la population d'Agbonou entre 1899 et 2004 ..45

    Tableau N°8 : Répartition du nombre d'écoles à Atakpamé et à Agbonou en

    2008 66

    Tableau N°9 : Nombre d'élèves à Atakpamé et à Agbonou en

    2008 66

    Tableau N°10 : Trafic horaire des véhicules sur la route N°1 durant 3 jours 74

    Tableau N°11 : Trafic horaire journalier moyen au carrefour d'Agbonou 77

    Tableau N°12 : Nombre de véhicules étrangers passant à Agbonou 78

    Tableau N°13 : Répartition des commerçants suivant les types de produits vendus 88

    Tableau N°14 : Répartition des commerçants suivant l'ethnie 90

    Tableau N°15 : Répartition des commerçants selon le niveau d'instruction 91

    Tableau N°16 : Proportion des activités indirectement liées à la route 94

    LISTE DES CARTES ET PROFILS

    Carte N°1 : Localisation de la zone d'étude 27

    Carte N°2 : Plan du quartier d'Agbonou 28

    Carte N°3 : Extension spatiale de la ville d'Atakpamé à l'époque coloniale 52

    Carte N°4 : Atakpamé : la trame urbaine actuelle .... .....55 Carte N°5 : Réseau de circulation à Agbonou 71

    Profil N°1 : Profil topographique de la carte d'Atakpamé, direction EstOuest 30

    Profil N°2 : Profil topographique de la carte d'Atakpamé, direction NordSud .31

    LISTE DES FIGURES

    Figure N°1 : Pyramide des âges de la population d'Atakpamé en 2000 39

    Figure N°2 : Répartition des résidants suivant leurs ethnies 41

    Figure N°3 : Courbe d'évolution de la population d'Agbonou entre 1899 et 2004 46

    Figure N°4 : Répartition de la population suivant le dernier lieu habité avant Agbonou 49

    Figure N°5 : Période de migration vers Agbonou 50

    Figure N°6 : Fréquence et motivations de déplacements vers le centreville 56

    Figure N°7 : Modes de déplacements vers le centre-ville ...57

    Figure N°8 : Courbe d'évolution du trafic des véhicules suivant les heures d'arrivées au carrefour d'Agbonou sur la RN°1 ..75

    Figure N°9 : Trafic moyen journalier 77

    Figure N°10 : Proportion des véhicules étrangers passant à Agbonou 78

    LISTE DES PHOTOS

    Photo n°1 : Vue du carrefour d'Agbonou : 72

    Photo n°2 : Arrêt d'une voiture d'occasion en transit Agbonou 81

    Photo n°3 : Stationnement des remorques sur la RN°1 à Agbonou 82

    Photo n°4 : Un bar-restaurant au carrefour 84

    Photo n°5 : Hôtel le Sahélien 86

    Photo n°6 : Attroupement des vendeuses devant un bus 87

    Photo n°7 : Vendeuses de fruits 89

    Photo n°8 : Etat du pont sur Eké à Agbonou 105

    Table des matières

    Pages

    Remerciements.. ii

    Sigles utilisés iii

    INTRODUCTION 1

    PREMIER CHAPITRE : CADRE CONCEPTUEL ET APPROCHE METHODOLOGIQUE 4

    1.1. Le cadre conceptuel 5

    1.1.1. La problématique 5

    1.1.2. Objectif général 9

    1.1.3. Objectifs spécifiques . 9

    1.1.4. Hypothèse générale 10

    1.1.5. Hypothèses spécifiques . 10

    1.1.6. Revue de la littérature 11

    1.1.7. L'intérêt du sujet 16

    1.2. L'approche méthodologique 16

    1.2.1. La population-cible 16

    1.2.2. Le choix de l'échantillon 17

    1.2.3. Sélection et justification des variables 19

    1.2.3.1. Les variables socio-démographiques 19

    1.2.3.2. Les variables socio-économiques 20

    1.2.4. La collecte des données 21

    1.2.4.1. La recherche documentaire 21

    1.2.4.2. L'enquête sur le terrain .. 21

    1.2.4.2.1. L'observation directe 22

    1.2.4.2.2. L'interview ... 22

    1.2.4.2.3. L'enquête par questionnaire 22 1.2.5. Le dépouillement 23 1.2.6. Les difficultés de terrains . 23

    DEUXIEME CHAPITRE : PRESENTATION DU QUARTIER . 25

    2.1. Les conditions géographiques d'implantation du quartier 29

    2.1.1. Un site de plaine: un avantage pour le développement

    d'Agbonou 29

    2.1.2. Un milieu favorable à l'installation des infrastructures socio-

    économiques 32

    2.1.3. Un milieu propice à l'habitat résidentiel 32

    2.2. L'aperçu historique 33

    2.2.1. Agbonou, une création des Ifê de Modjigbéri 33

    2.2.2. Progression graduelle du peuplement d'Agbonou 35

    2.2.2.1. La première phase 35

    2.2.2.2 La deuxième phase . 35

    2.2.3. Le village au temps colonial 36

    2.3. Caractères humains et évolution de la population d'Agbonou 37

    2.3.1. Les caractéristiques humaines de la population . 38

    2.3.1.1 Une très forte proportion de jeunes et une population équilibrée sur le plan du

    sexe 38

    2.3.1.2. Une population multiethnique dominée par les Ifê 40

    2.3.1.3. La structure socio-professionnelle de la population 42

    2.3.1.4. Une population en majorité alphabétisée 43

    2.3.1.5. Des ménages aux tailles moyennes 44

    2.3.2. L'évolution de la population 45

    2.3.3. Les facteurs de l'évolution de la population 47

    2.3.3.1. Un apport naturel réduit 47

    2.3.3.2. Le phénomène migratoire . 48

    2.3.3.2.1. Un exode rural massif vers Atakpamé 48

    2.3.3.2.2. Une migration résidentielle importante . 50

    2.3.4. L'extension spatiale d'Agbonou . 51

    2.3.5. Liens entre Agbonou et le centre urbain d'Atakpamé .. 55

    2.4. Analyse de l'espace urbain 57

    2.4.1. La faible densité de la

    périphérie 58

    2.4.2. L'habitat à Agbonou 59

    2.4.3. Des équipements socio-collectifs encore insuffisants mais en nette

    progression 60

    2.4.3.1. Le marché d'Agbonou 60

    2.4.3.2. Une voirie sommaire et peu entretenue 62

    2.4.3.3. Rapide progression de l'électrification par rapport à l'adduction d'eau . 62

    2.4.3.4. Le téléphone 64

    2.4.3.5. L'évacuation des ordures 65

    2.4.3.6. Un nombre accru d'écoles . 65

    2.4.3.7. Les centres de santé 67

    2.4.4. Les ONG à Agbonou 67

    TROISIEME CHAPITRE : LA CONCENTRATION DES ACTIVITES

    ECONOMIQUES AUTOUR DE LA NATIONALE N°1 . 69

    3.1. La route, facteur de création et de développement des activités informelles .. 70

    3.1.1. Analyse du flux de véhicules 73

    3.1.1.1. Estimation du nombre de véhicules faisant escales au carrefour d'Agbonou . 73

    3.1.1.2. Estimation du nombre de nationalités 78

    3.1.1.3. Raisons des escales 79

    3.1.2. Les différentes zones d'escales 81

    3.1.3. Les activités créées par les escales 83

    3.1.3.1. Les activités en rapport avec la restauration 83

    3.1.3.1.1. La restauration de rue 83

    3.1.3.1.2. Les cafétérias 84

    3.1.3.1.3. L'hôtellerie 85

    3.1.3.2. Les activités en rapport avec le commerce 86

    3.1.3.2.1. Le commerce « ambulant » du commerce 86

    3.1.3.2.1.1. Les types de produits vendus 88

    3.1.3.2.1.2. La répartition socio-démographique des commerçants 90

    + Le commerce ambulant à Agbonou, un secteur détenu par les

    femmes . 90

    + Une diversité ethnique . 90

    + Une population peu alphabétisée 91

    3.1.3.2.2. La vente des pièces détachées 92

    3.1.3.3. Les activités en rapport avec l'artisanat 92

    3.1.3.3.1. Activités artisanales directement liées au transport . 93

    + Les garages 93

    + Les vulcanisateurs 93

    3.1.3.3.2. Les activités artisanales indirectement liées au transport 93

    3.2. Apport de ces activités à l'économie urbaine 94

    3.2.1. Le commerce ambulant et l'emploi 95

    3.2.2. Les recettes moyennes mensuelles 96

    3.2.3. L'épargne . 96

    3.2.4. Les taxes municipales 97

    QUATRIEME CHAPITRE : Problèmes et approches de solutions 98

    4.1. Les problèmes 99

    4.1.1. Les problèmes socio-collectifs dans le quartier 99

    4.1.1.1. Les Problèmes d'assainissement 99

    4.1.1.2. Le problème d'eau 100

    4.1.1.3. Les problèmes de la voirie 100

    4.1.2. Les problèmes liés au commerce 101

    4.1.2.1. Les problèmes liés à l'encombrement de la route 101

    4.1.2.2. La prostitution des commerçants 102

    4.1.2.3. Le vol des commerçants . 102

    4.1.2.4. Les problèmes liés au financement des commerçants ..

    102

    4.2. Les solutions d'approches 103

    4.2.1. Les actions dévolues à l'Etat 103

    4.2.1.1. Création d'infrastructures routières 103

    4.2.1.2. Amélioration des conditions de circulation 103

    4.2.2. Les activités dévolues à la municipalité 106

    4.2.3. Les diverses actions que peuvent mener les associations .. 106

    4.2.4. Le rôle de la population . 107

    CONCLUSION GENERALE 108

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 110

    LISTE DES TABLEAUX . 114

    LISTE DES CARTES ET PROFILS . 114

    LISTE DES FIGURES 115

    LISTE DES PHOTOS . 115

    TABLE DES MATIERES 116

    ANNEXE . 121

    Annexes

    FICHE D'ENQUETE

    ETUDE SUR LA DYNAMIQUE URBAINE ET ECONOMIQUE A AGBONOU

    Nom et prénom de l'enquêteur : .

    Date de l'enquête :

    Numéro d'ordre :

    Lieu (sous-quartier) :

    Rue :

    I- CARACTERISTIQUE SOCIO - DEMOGRAPHIQUE

    1 - Date de naissance ou Age :

    2 - Lieu de naissance :

    3- Ethnie :

     
     
     

    Adja-éwé

    ?

    Ana -Ifê

    ?

    Kabyè- Tem

    ?

    Akposso-Akébou

    ?

    Fon-Mahi

    ?

    Haoussa-Kotokoli

    ?

    Autre

    ?

     
     

    4- Religion :

    Animisme ? Islam ?

    Christianisme ? Autre ?

    5- Sexe : Masculin ? Féminin ?

    6- Situation matrimoniale :

    Célibataire ? Marié (e) ? Divorcé (e) ? Veuf (ve) ? Union-libre ?

    7- Nombre de femmes :

    8- Nombre d'enfants :

    9- Niveau d'instruction : Néant ? Primaire ? Secondaire ? Supérieur ?

    10- Profession :

    Agriculteur ? Commerçant ?

    Fonctionnaire ? Transporteur ?

    Artisan ? Ouvrier ?

    Autre ?

    II- MIGRATION RESIDENTIELLE ET MOBILITE DANS L'ESPACE

    11- Dans quels types de logement vivez-vous ?

    Pièce ? Chambre salon ? 2 chambres salons ? Villa ? Maison à étage ?

    12- Statut d'occupation de la maison :

    Propriétaire ? Locataire ? Autre ?

    13- Si vous êtes propriétaire, comment avez-vous acquis le terrain ?

    Héritage ? Achat ? Don ? Bail ? Autre ?

    14- Si c'est achat, pourquoi avoir choisi ici ?

    Terrain moins cher ? Terrain plat ? Terrain proche de la RN° 1 ?

    Etre parmi les siens de même village ? Autre ?

    15- Si vous êtes locataire, pourquoi avez-vous choisi résider dans ce quartier ? Location moins chère ? Désenclavé ? Calme ? Proche du service ?

    Etre parmi les siens de même village ? Mieux exercer les activités ?

    Autre ?

    16- Combien payez-vous par mois ?

    2500Fcfa ? 5000Fcfa ? 8000Fcfa ? 10000Fcfa ? 15000Fcfa ? 25000Fcfa ?

    Autre ?

    17- La maison est-elle équipée en eau, électricité, W.C., etc ... ? Oui ? Non ?

    18- Depuis quand êtes-vous installés dans ce quartier ?

    6 mois ? 12 mois ? 2 ans ? 5 ans ? 10 ans ?

    Autre ?

    19- Etiez-vous installés ailleurs ? Oui ? Non ?

    20- Si oui,

    Dans quel quartier ?

    Dans quelle localité ?

    21- Raisons de changement de résidence

    Location chère ? Quartier enclavé ? Mal logé au centre-ville ?

    Etre parmi les siens du même village ? Construction de son chez ?

    Mieux exercer les activités ? Autre ?

    22- Comment vous rendez-vous au centre-ville ?

    Pied ? Vélo ? Moto privée ? Voiture privée ? Taxi-moto ?

    Autre ?

    23- Combien de fois vous rendez-vous au centre-ville par semaine ?

    1 fois ? 2 fois ? 5 fois ? 7 fois ? Autre ?

    24- Raison de déplacement pour le centre-ville :

    Achat ? Service ? Affaire ? Autre ..

    25- Participez-vous à l'entretien du quartier ? Oui ? Non ?

    26- Si non, Qui fait ce travail ?

    La municipalité ? Autre ?

    27- Trouvez-vous des problèmes dans le quartier ? Oui ? Non ?

    28- Si oui, lesquels ?

    Rue ? Logement ? Eau ? Assainissement ? Autre ...

    QUESTIONNAIRE CONCERNANT LES ACTIVITES COMMERCIALES

    AUTOUR DU CARREFOUR D'AGBONOU

    Nom et prénom de l'enquêteur :

    Date de l'enquête :

    Numéro d'ordre :

    Rue :

    I- CARACTERISTIQUE SOCIO - DEMOGRAPHIQUE

    1 - Date de naissance ou Age :

    2 - Lieu de naissance :

    3- Ethnie :

     
     
     

    Adja-éwé

    ?

    Ana -Ifê

    ?

    Kabyè- Tem

    ?

    Akposso-Akébou

    ?

    Fon-Mahi

    ?

    Haoussa-Kotokoli

    ?

    Autre

    ?

     
     
     

    4- Religion :

    Animisme

    ?

    Islam

    ?

    Christianisme

    ?

    Autre

    ?

    5- Sexe : Masculin

    ?

    Féminin

    ?

    6- Situation matrimoniale :

     
     
     

    Célibataire ? Marié (e) ?

    Divorcé (e) ?

    Veuf (ve) ?

    Union-libre ?

     

    7- Nombre d'enfants :

    8- Niveau d'instruction : Néant ? Primaire ? Secondaire ? Supérieur ?

    II - ACTIVITES COMMERCIALES

    9 - Que vendez-vous ?

     
     
     
     
     

    Fruits

    ?

    Pain

    ?

    Poisson

    ?

    Repas

    ?

    Eau glacée

    ?

    Boisson

    ?

    Pièces détachées

    ?

    Carburant

    ?

    Gari/tapioca

    ?

    Autre ?

     
     
     
     
     

    10- Où trouvez-vous ce que vous vendez ?

    Dans le quartier ? Dans la ville ? Dans le village

    environnant ?

    Autre ?

    11- Pourquoi avoir choisir cet endroit ?

    Existence d'un nombre important de clients ?

    Possibilité de trouver certaines matières premières sur place ?

    Proche de la RN° 1 ?

    Autre ?

    12- Qui sont souvent vos clients ? Autochtones ? Burkinabé ? Voyageurs ? Autres ?

    13- Quelle est votre recette moyenne par jour ?

    14- Payez-vous des taxes par jour ? Oui ? Non ?

    15- Si oui, combien ?

    50 F ? 100 F ? Autre ?

    16- Rencontrez-vous des problèmes ? Oui ? Non ?

    17- Si oui, lesquels ?

    Vole ? Accident ? Manque de profit ? Autre ?






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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway