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Vie pénitentiaire, liens sociaux et affectivité. Comment les personnes vivent- elles leur vie affective dans un milieu carcéral fermé

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par Rachel Roseline Boulé Schmid Briachetti
Haute école de travail social de Genève - Bachelor  2012
  

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9. Chapitre IX : Phénomènes vécus en détention

Pour reprendre la définition de l'affectivité mentionnée dans la théorie: l'affectivité se base sur le sensible, le ressenti. Le sensible est tout ce qui est percu par les sens qui sont les organes de perception du corps. La perception relie l'action du vivant par l'intermédiaire des sens au monde, à l'environnement. Puis, il en résulte des émotions, des sentiments, etc.

Les phénoménes que nous allons relater ne concernent pas forcément l'affectivité entre deux personnes, mais ils font partie de leurs expériences sensibles ce qui nous appara»t comme important à relater, car ils montrent ou non leur sens au monde notamment lors de détention.

La plupart des exemples ne sont pas des expériences affectives mais leurs récits nous montrent le paysage, l'ambiance, le rythme, qui peuvent appara»tre de leurs expériences sensibles dans une prison.

9.1. Woody

Ainsi Woody parle de solitude, de souffrance, de frustration, de colere, de violence, et de solidarité.

Nous pouvons observer, avec les dires de Woody que des le troisieme jour de détention, une solitude s'installe. En effet, il commence par nous raconter sa première visite chez le médecin en recevant une petite boite à pharmacie contenant également des préservatifs. Et là, il se dit : « (...) voilà, ils sont conscients quÕon nous coupe de toutes relations, de tous contacts, de toute affectivité, ils le savent pertinemment, ils savent aussi pertinemment quÕon en a besoin et ils sÕen fichent totalement et ils nous disent debrouillez -vous, (...) ».

Puis, quand les amis de Woody sont libérés ou transférés, il semble que cela provoque également chez Woody un sentiment de solitude puisqu'il dit : « (...) Il y a des gens qui partent pis on garde le contact pendant deux, je ne sais pas, et puis apres ga se perd un petit peu. (...) ».

Dans la suite du récit de Woody, il raconte sa souffrance face à sa privation de liberté, à la surveillance et au reglement qui sont perpétuels. Il dit : « je crois que cÕest lÕune des pires choses qui peut arriver à un etre humain, cÕest d'être privé de sa liberté. (...) vous avez des barreaux à la fenêtre, quand on vous dicte à quelle heure il faut se lever, à quelle heure il faut fermer, à quelle heure il faut prendre la douche, à quelle heure on mange, (...) les visites et tout ca, cÕest vraiment très, très réglementé et pis ga coupe notre liberté, cÕest sur, on peut pas faire comme on veut. »

Pour en revenir à l'expression o0 Woody dit : Ç heureusement jÕetais seul dans une cellule », nous rappelons, en effet, que la solitude peut être tres bien vécue. Cependant, Woody illustre aussi que d'être en contact avec soi peut amener de l'isolement puisqu'il dit qu'il était en bas lors de la visite de proche et qu'il n'en a jamais parlé au personnel pénitencier, ni à d'autres personnes, il est resté « avec » pendant toute sa détention.

Woody nomme l'attente perpétuelle par exemple d'attendre devant une cabine téléphonique, remplir des papiers, rencontrer l'avocat sans savoir quand il va venir etc. comme frustrant.

Il ressent aussi de la frustration lorsque les psychologues changent tous les six mois. En effet, il doit à chaque fois rac onter son histoire, ce qui sous-entend que la confiance est à chaque fois à reconquérir.

Les psychologues selon Woody s'attardent trop sur son passé alors que lui aimerait qu'ils travaillent sur ce qu'il vit sur le moment. Nous rejoignons Binswanger qui voulait accueillir le patient dans l'instant présent sans porter de jugement, ni d'interprétation. Peut-être que Woody se sentait à chaque fois jugé et qu'il voulait simplement être accueilli pour ce qu'il était.

Nous avons également parlé de parloirs intimes avec Woody. Il raconte sa frustration quant à la possibilité pour d'autres d'avoir acces au parloir intime et pas lui, puisqu'il dit « (...) bon moi je nÕen ai pas profité, jÕai trouvé cela un peu frustrant que certaines personnes puissent en profiter et dÕautres pas (...) ». Lorsque Woody raconte ce passage, nous avons entendu également de la souffrance dans sa voix même en parlant calmement.

Comme mentionné plus haut, Woody énumère différents actes (injures, insultes, racisme, bagarres) qui créent une ambiance violente selon lui.

Ç (...) le reste c'est de la souffrance , de la violence, c'est des sacrifices, des hauts et des bas. Il y a eu des moments très difficiles È.

Par ses mots de bas et de haut Woody dévoile son espace thymique.

De par ses termes utilisés pour qualifier certains gardiens, nous pouvons supposer qu'il était en colère contre eux. En effet, il dit: (...) puis d'autres disons, c'est vraiment des gros cons, des emmerdeurs, je sais pas (...).

Woody introduit la notion de violence lorsqu'il parle d'affectivité en disant : Ç (...) Mais c'est vrai qu'au niveau affectif, de tendresse, il n'y a rien, rien, rien, rien. Et c'est là que disons que, cette violence, ces gens qui sont vraiment..., qui ont les nerfs à fleur de peau, qui pètent un plomb pour rien, ils sont comme ca. Justement parce qu'il leur manque des caresses. Il leur manque l'affectif, il leur manque une femme avec qu'ils peuvent... pas forcément un contact physique, disons pas une relation physique mais une simple affectivité. Et ç a les calmerait tellement, cela les rendrait tellement plus cools, plus relaxs et tout, et non, et non ca n'est pas possible. Moi personnellement, j'étais extrémement tendu, et c'est quelque chose qui me manque parce que ... on peut pas et ca c'était... Les gens, les gars, ils sont tellement machos déjà dehors euh quand on voit les relations qu'ils ont avec les filles, ils jouent au coq mais ils arrivent à séduire et ca doit les calmer à quelque part. Tandis que là en taule, ben ces gens ils sont toujours aussi machos mais ils ont plus personne à séduire, alors ca se transforme en guerrier, en ca
·d, ca veut jo uer les bras(...)
. Un contact humain avec une femme leur ferait du bien (...) ca calmerait vraiment le jeu et...È.

Woody parle généralement des autres. Mais, de temps en temps, il glisse une phrase le concernant. Nous pouvons nous demander s'il a souffert du machisme des autres ou les comportements des autres ont peut-être provoqué de la colère chez lui ? Nous ne le savons pas, ce sujet n'a pas été abordé avec lui.

Pour finir, Woody trouve important de pouvoir rencontrer des femmes pour ainsi diminuer la frustration et donc la violence. Même si c'est sans rapport sexuel mais juste pour recevoir de l'affection.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille