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Essai sur la Politique budgétaire en RDC

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par Pierre Anicet Ngalamulume Katubadi
Université de Kinshasa - Licence en économie monétaire 2008
  

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II.6 AVANTAGES ET DEFIS DE L'AJUSTEMENT BUDGETAIRE

On s'accorde à présent largement à penser, ce qui n'était pas le cas pendant les années 70 et la majeure partie des années 80, que la discipline budgétaire est nécessaire, qu'elle a des effets bénéfiques pour la stabilité monétaire et financière ainsi que pour la croissance et le développement économiques et qu'il faut limiter la taille et le rôle du secteur public. Comme en témoignent de nombreux exemples de réussite parmi les pays en développement, le désengagement de l'État est souvent une condition indispensable pour promouvoir la croissance.

Dans beaucoup de pays, il faudra pour cela réduire le suremploi et accroître l'efficience dans le secteur public et entreprendre de vastes programmes de privatisation. Mais bien des pays en développement ont la possibilité -- beaucoup plus que les pays industrialisés -- d'accroître les recettes sans aggraver les distorsions ni porter préjudice à l'efficience, notamment en élargissant la base des recettes et en améliorant le recouvrement et l'administration de l'impôt. Cependant, certaines réformes importantes, y compris la libéralisation du commerce extérieur et du système financier, peuvent avoir des retombées négatives à court terme qu'il peut être nécessaire de compenser.

Dans les pays qui ont bénéficié d'importants investissements étrangers, il sera essentiel à la fois de préserver la stabilité financière et d'entretenir la dynamique de la réforme pour que la croissance soit durable.

La croissance économique a été beaucoup plus forte dans les pays en développement qui se sont résolument attaqués aux déséquilibres budgétaires et qui ont pris de vigoureuses mesures d'assainissement. Si on classe les pays en développement en fonction de l'ampleur de l'ajustement budgétaire -- c'est-à-dire de la variation du solde budgétaire en pourcentage du PIB -- entre les périodes 1980-85 et 1990-95, on constate que dans le groupe des pays qui ont enregistré la plus forte amélioration, la production a progressé en moyenne de plus de 40 % entre ces deux périodes.

Dans ces pays, le meilleur contrôle de la situation budgétaire est en partie dû à la bonne tenue de la croissance mais il a aussi été décisif de mener une politique budgétaire prudente pour entretenir une croissance relativement forte. En revanche, dans les pays où le solde budgétaire s'est détérioré, la croissance a été sensiblement plus faible et, dans certains cas la production, a à peine augmenté ces quinze dernières années.

Devant la nécessité de réduire les dépenses publiques, les dirigeants ont souvent préféré, pour des raisons politiques, réduire les dépenses d'équipement ou laisser diminuer au gré de l'inflation les salaires réels du secteur public, en bloquant les salaires nominaux. On a rarement eu recours à des compressions de l'emploi dans le secteur public.

Dans un certain nombre de pays africains, l'augmentation de la valeur ajoutée correspondant aux activités de l'État, qu'on évalue essentiellement d'après l'accroissement de l'emploi dans le secteur public, a été longtemps supérieure, et parfois très sensiblement, à celle de l'activité du secteur privé.

Au Kenya et au Zimbabwe, durant la majeure partie des années 80 et au début des années 90, le taux de croissance du secteur privé a été inférieur de presque 2 points à celui du secteur de l'État. Les réductions des salaires réels dans le secteur public risquent toutefois, comme les compressions des dépenses d'équipement, d'aller à l'encontre de l'effet recherché.

Elles peuvent réduire l'efficience du secteur public, surtout dans les domaines essentiels comme l'administration de l'impôt, l'application de la réglementation fiscale, plus généralement les activités de maintien de l'ordre et, enfin, l'exploitation des services d'utilité publique pris en charge par l'État. Dans la mesure où la contraction des salaires réels des fonctionnaires creuse l'écart par rapport aux rémunérations offertes dans le secteur privé, cet expédient risque aussi de favoriser la corruption et la recherche de l'avantage personnel.

En Tanzanie, par exemple, les salaires réels des fonctionnaires étaient tombés en 1980 à un cinquième de leur niveau de 1970, ce qui était généralement considéré comme une cause de l'absentéisme et de la corruption dans le secteur public. En revanche, dans beaucoup de pays en développement ayant obtenu d'assez bons résultats, comme le Chili, la Corée et Singapour, les salaires du secteur public sont restés à peu près comparables à ceux du secteur privé.

Bien qu'il soit sans doute politiquement difficile de procéder à des réductions de l'emploi dans le secteur public, surtout dans les pays où les possibilités de réinsertion semblent limitées à court terme, un certain nombre de pays sont parvenus à exécuter de vastes programmes de compression de la fonction publique en accordant aux travailleurs mis à pied une prime de départ et une aide à la recherche d'un nouvel emploi.

Entre 1987 et 1991, le Ghana a réduit d'environ 10 % les effectifs de sa fonction publique -- notamment par la suppression des «travailleurs fantômes» --, moyennant une prime de départ égale à deux mois de traitement pour chaque année de service et une aide supplémentaire, comprenant des activités de conseil et des programmes de distribution de vivres en rémunération de travaux, à l'intention des travailleurs n'étant pas parvenus à trouver un autre emploi.

Il est possible que dans certains cas, ces programmes de compression des effectifs de la fonction publique ne procurent guère d'économies budgétaires à court terme en valeur nette mais, à moyen terme, les gains d'efficience et les économies peuvent être considérables.

Dans la plupart des pays en développement, la restructuration et la privatisation des entreprises d'État passent par une réduction de leurs effectifs. Nombre de ces entreprises exercent des activités qu'il serait plus rentable de confier au secteur privé.

Dans beaucoup de pays d'Afrique et du Moyen-Orient, comme par exemple le Sénégal ou l'Égypte, des entreprises d'État sont présentes dans le secteur de la production alimentaire, et en Inde, les entreprises publiques jouent un rôle considérable non seulement dans l'industrie lourde et les mines, mais aussi dans la production de biens de consommation.

Dans l'ensemble des pays en développement, la part des entreprises publiques non financières dans le PIB dépasse 10 %. La plupart des pays en développement n'ont guère progressé vers l'adoption d'un cadre plus concurrentiel et l'assouplissement des restrictions qui empêchent les concurrents éventuels des entreprises publiques de s'implanter sur le marché. Malgré quelques privatisations de grande envergure, le nombre des entreprises gérées par l'État n'a pas diminué de façon marquante.

Dans certains pays, les autorités ont cherché à accroître l'efficience des entreprises d'État en instituant des contrats de performances à l'intention de leurs dirigeants. Dans la plupart des cas, toutefois, ces mesures n'ont guère ou pas du tout produit d'amélioration en termes d'efficience et de rentabilité, notamment parce que les entreprises, qui restent sous le contrôle de l'État, continuent de faire face à des objectifs contradictoires.

Au Sénégal par exemple, les contrats de performances pour les dirigeants de la société nationale d'électricité comprennent plus de 20 critères d'évaluation des résultats, mais les autorités n'ont pas le pouvoir de prendre des sanctions si ces critères ne sont pas respectés.

En fait, la rentabilité de cette société a baissé parce que le gouvernement n'obligeait pas les autres entreprises publiques à régler régulièrement leurs factures d'électricité. En revanche, lorsque les services d'utilité publique ont été cédés au secteur privé, comme dans le cas de la privatisation des télécommunications en Argentine, au Chili, en Malaisie et au Mexique, la productivité a augmenté, en partie grâce à un accroissement de l'investissement.

Dans de nombreux pays exportateurs de produits de base, l'intervention de l'État dans le secteur de la production est souvent motivée par la stabilisation macroéconomique. Devant l'instabilité des recettes d'exportation, les pouvoirs publics sont préoccupés par l'incidence des flux de devises sur le taux de change réel et par la compétitivité internationale du secteur des biens échangeables. L'intervention a pris diverses formes, notamment l'application de taxes à l'exportation lorsque les cours des produits de base sont élevés, la rétrocession obligatoire à la banque centrale des recettes en devises par les exportateurs et l'investissement des bénéfices réalisés en période de hausse des cours aux fins de promouvoir la diversification des exportations.

L'expérience montre toutefois que ce type d'intervention tend à créer davantage de distorsions et d'instabilité dans l'économie. De surcroît, le secteur public, lorsqu'il gère des bénéfices exceptionnels procurés par une envolée des cours des produits de base, est souvent l'objet de pressions concurrentes, émanant par exemple des différents ministères, des groupes d'intérêts et des entreprises publiques, qu'il ne peut pas toujours concilier pour que l'accroissement des recettes soit investi dans des programmes favorables à la croissance à long terme.

Depuis les années 80, les programmes d'assainissement budgétaire ont aussi produit des améliorations de la structure de la fiscalité et de l'administration de l'impôt dans de nombreux pays en développement. Un certain nombre de pays ont rationalisé et réorganisé la structure de la fiscalité pour réduire les impôts générateurs de distorsions, tout particulièrement les taxes sur le commerce international, et ils se sont orientés vers des taxes sur la consommation, reposant sur une large assiette.

En Inde, par exemple, le droit maximum applicable aux importations a été ramené de 400 % en 1990 à 50 % en 1995 et, durant la même période, le taux moyen est tombé de bien plus de 80 % à moins de 30 %. En Indonésie, avant que la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ne soit adoptée en 1985, les recettes procurées par les impôts indirects représentaient environ 1 % du PIB, alors qu'à la fin des années 80, elles étaient équivalentes à plus de 3 % du PIB. La réforme des structures fiscales a aussi donné lieu à des réductions marquées des taux d'imposition sur le revenu des particuliers et sur les bénéfices des sociétés.

En Thaïlande, le taux maximum d'imposition sur le revenu des particuliers a été ramené de 65 % en 1980 à moins de 40 % en 1993. S'il est généralement admis que des mesures de ce type favorisent une meilleure affectation des ressources et qu'elles peuvent donc aboutir à une augmentation des recettes à long terme, il faut toutefois, pour qu'elles réussissent, limiter les exonérations spéciales qui tendent à rétrécir l'assiette de l'impôt et à réduire l'efficience.

Une réduction des taux d'imposition sur le revenu des particuliers peut aussi aider à promouvoir un système fiscal plus équitable dans les pays où, l'administration de l'impôt étant déficiente, des taux marginaux d'imposition élevés sont appliqués au gré des besoins et de façon discriminatoire. En veillant à une meilleure application et à un plus grand respect des dispositions fiscales, les pouvoirs publics peuvent être en mesure de réduire les taux d'imposition tout en accroissant les recettes fiscales. Au Chili, grâce à une administration de l'impôt plus efficace, l'écart entre la valeur potentielle estimée et la valeur effective des recettes procurées par les impôts indirects a été ramené de presque 25 % en 1981 à 17 % en 1993.

La crainte d'une insuffisance des recettes fiscales a aussi ralenti le rythme de la libéralisation du régime commercial et du système financier dans certains pays en développement. Dans les pays où une large part des recettes fiscales est subordonnée traditionnellement aux impôts sur le commerce extérieur, les barrières douanières n'ont été levées que progressivement, malgré les avantages que peut procurer à long terme le libre échange. Il est vrai que la libéralisation du commerce extérieur risque de provoquer une contraction des recettes à court terme -- et, dans ce cas, une réduction des dépenses peut être difficile à éviter -- mais certaines mesures peuvent être prises sans entraîner de réduction sensible.

En fait, une levée des restrictions quantitatives peut fort bien accroître les recettes étant donné que les importations visées par cette mesure deviendraient très probablement assujetties à des droits de douane. Même dans le cas d'une réduction des droits de douane, il se peut que la contraction des recettes soit faible.

Dans les pays où le marché des changes a été libéralisé, en particulier lorsque les taux de change officiel et parallèle ont été unifiés, la hausse du prix des importations, exprimé en monnaie nationale au taux du marché, peut tout à fait permettre une baisse des taux tarifaires sans contraction des recettes.

Les pays où la libéralisation du régime commercial et les réformes structurelles axées sur le marché sont relativement avancées ont bénéficié ces dernières années d'apports de capitaux considérables. Il est toutefois possible que dans certains cas, ces capitaux ont surtout été attirés par des taux d'intérêt intérieurs élevés dus à un dosage inadéquat des mesures monétaires et budgétaires.

Dans ces pays, un durcissement de la politique budgétaire aidera à préserver la stabilité financière en améliorant l'équilibre entre l'épargne et l'investissement intérieurs. Néanmoins, dans tous les pays qui en ont bénéficié, ces apports de capitaux considérables se sont accompagnés d'une expansion de la dépense intérieure et des importations, ce qui a eu pour effet d'accroître les recettes budgétaires.

Cet accroissement des recettes risque fort de ne pas durer et, comme l'indique l'expérience du Mexique, les dirigeants devraient peut-être s'efforcer de dégager des excédents budgétaires structurels pour être en mesure d'amortir les effets d'une éventuelle sortie massive de capitaux. L'expérience du Mexique montre bien par ailleurs que la politique budgétaire est déterminante pour la crédibilité et, en dernier ressort, la viabilité des taux de change rattachés à une monnaie de référence. Une dévaluation qui ne s'accompagne pas de mesures budgétaires vigoureuses a peu de chance d'être crédible ou de produire un ajustement efficace.

S'il est vrai qu'à long terme, la politique budgétaire peut avoir des effets très bénéfiques pour la croissance, des mesures d'assainissement comme la réduction des effectifs du secteur public, les augmentations d'impôts et la privatisation des entreprises d'État peuvent avoir des conséquences défavorables à court terme pour les groupes sociaux économiquement défavorisés. La suppression des subventions généralisées applicables aux produits de première nécessité, l'assouplissement des contrôles de prix et les dévaluations peuvent provoquer une contraction à court terme du revenu réel des consommateurs.

Il convient de remédier, par des dispositifs de protection sociale bien ciblés et efficaces en termes de coût, aux conséquences défavorables de l'ajustement et de la réforme pour les pauvres et les groupes vulnérables. Dans un certain nombre de pays, notamment au Mozambique et en Zambie, des dispositifs de compensation monétaire ont protégé les groupes vulnérables pendant les périodes de hausse des prix tout en permettant un renforcement de la position budgétaire.

En Jordanie, la subvention généralisée de certains produits alimentaires a été remplacée en 1990 par un système de tickets d'alimentation permettant aux bénéficiaires d'acheter des quantités données de produits de première nécessité à des prix inférieurs à ceux du marché; les coûts budgétaires des subventions alimentaires sont tombés de plus de 3 % du PIB en 1990 à environ 1 % en 1994. Ces exemples montrent que malgré les problèmes pratiques que pose, surtout dans les pays pauvres, le ciblage des groupes les plus vulnérables -- problèmes qui sont souvent dus à des capacités administratives déficientes et parfois à un appui politique insuffisant --, les dispositifs de protection sociale peuvent aider à atténuer nombre des conséquences défavorables à court terme de l'assainissement des finances publiques.

Contrairement à la situation de nombreux pays industrialisés, où les engagements non capitalisés des systèmes publics de retraite financés selon le principe de la répartition laissent prévoir une augmentation considérable de la charge fiscale future, la mise en place de programmes généralisés d'assurance vieillesse est relativement récente dans les pays en développement.

Toutefois, dans certains pays en développement à forte croissance -- en particulier de nombreux pays d'Asie où il se produit un vieillissement démographique -- la nécessité d'offrir une protection suffisante aux retraités risque de grever de plus en plus lourdement les ressources du secteur public. L'expérience d'un certain nombre de pays en matière de régimes publics de retraite donne à penser que les pays en développement qui mettent en place des programmes de pension auraient intérêt à encourager une plus forte participation du secteur privé pour éviter une charge budgétaire excessive, comme cela arrive fréquemment lorsque les capacités administratives du secteur public sont inadéquates.

Durant les années 80, le taux de rendement des caisses publiques en Égypte, au Pérou, au Venezuela et en Zambie s'est établi entre -12 % et -37 % par an; en Zambie, plus de la moitié des cotisations étaient absorbées par les dépenses administratives.

Mais la mise en place de systèmes gérés par le secteur privé sur des bases saines exigera souvent de renforcer le système financier, ainsi que le dispositif public de réglementation et de contrôle.

Divers pays d'Amérique latine, comme le Chili au début des années 80 et plus récemment l'Argentine, ont réformé leur système de pension afin de remédier au problème de l'augmentation des cotisations nécessaire pour faire face aux engagements excessifs au titre des prestations.

Outre la charge budgétaire qu'imposent les systèmes de retraite, des cotisations excessives -- c'est-à-dire supérieures aux avantages que pourront en tirer ultérieurement les intéressés -- tendront à exercer un effet dissuasif sur l'emploi dans le secteur formel, ainsi qu'à réduire l'épargne et l'investissement.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo