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Contribution à  l'étude sociologique de la pratique démocratique dans le contexte malgache

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par Alain Ranindrianoro
Université d'Antananarivo - Maitrise sociologie 2012
  

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CHAPITRE IV : REFLEXIONS SUR LA PRATIQUE DEMOCRATIQUE

Le présent chapitre va aborder les différentes pratiques de la démocratie dans le contexte malgache. Ainsi, nous attacherons notre réflexion sur l'étude de l'instrument d'une réalisation de la démocratie à savoir les élections, et sur l'étude des acteurs de la démocratie.

IV.1. Les élections

L'élection est souvent considérée comme l'indicateur de la présence de la démocratie dans un pays. Elle est devenue un rite de tous les pays démocratiques en tant que mécanisme de procédure des sélections des dirigeants qui vont censés théoriquement représenter les peuples sur les sphères de décision.

Dans le cas de Madagascar, l'élection au sens moderne du terme est apparue dans le pays dans le contexte de la colonisation. Le pays a connu sa première consultation populaire le 21 septembre 1945 pour l'élection de la première constituante. L'électorat était limité aux autochtones ayant un certain niveau d'instruction. Pendant la période de la colonisation les électorats sont définis par la loi 46-2151 de 5 octobre 1945. Les élections législatives du 2 janvier 1956 ont appliqué le suffrage presque universel selon la disposition de la loi 47-1606. Le suffrage universel est appliqué pendant le referendum du 28 septembre 1958. La première élection présidentielle était effectuée par le suffrage universel indirect le 1 mai 1959, ce n'est que le 25 février 1965 que l'élection présidentielle s'est déroulée dans le cadre d'un suffrage universel direct31.

En regardant sur les faits du processus électoral à Madagascar, nous constatons que le rituel démocratique n'est pas encore au rendez vous dans le pays.

IV.1.1. Election : pratique démocratique difficile à maîtriser

Si l'élection manifeste le devoir des citoyens à l'égard de la nation, force est de constater que les conditions requises pour accomplir ce devoir ne sont pas encore remplies dans un pays qui se croit démocratique. Formellement, une élection est démocratique lorsqu'elle se déroule selon la disposition édictée par le code électoral et la constitution.

En ce qui concerne Madagascar, le problème se rencontre au niveau de la fiabilité de la liste électorale par le manque de volonté du pouvoir en place d'effectuer un recensement général de la population. La révision de la liste électorale se déroule toujours dans une précipitation soit le plus souvent trois mois avant la date de l'élection. Le résultat de cette pratique c'est qu'une grande partie de l'électorat est disparue, l'omission d'électeurs

31 Spacensky (A.), Madagascar, 50 ans de vie politique de Ralaimongo à Tsiranana, nouvelles éditions latines, 1970.

nouvellement recensés, l'absence du nom de l'électorat dans la liste. Le recours fréquent à l'ordonnance témoigne que le pays n'est pas encore à la hauteur de la préparation de l'élection conforme à la règle démocratique. Le dernier referendum du novembre 2010 est un exemple convaincant concernant l'incompétence du pays à organiser une élection, en effet, pendant ce dernier referendum il est accepté d'utiliser la carte d'identité nationale pour pouvoir voter ce qui est en contradiction de la règle édictée par le code électoral. Le problème devient crucial malgré l'introduction de la nouvelle technologie pour la confection des listes électorales. Les hommes qui se chargent de traiter informatiquement la liste électorale sont rémunérés à chaque nom tapé, cette situation entraîne l'imperfection de la liste électorale.

Ensuite, Madagascar souffre d'une maladie de l'interventionnisme, les politiciens et les membres de la société civile que nous avons interviewés ont tous insisté sur ce problème. Les institutions qui se chargent de l'organisation des élections sont sous les influences du pouvoir étatique à savoir la HCC, le ministère de l'intérieur. La présence des partis politiques pour la vérification des listes électorales dans les institutions préparant les élections n'est pas toujours le bienvenu alors que c'est un droit du parti de vérifier l'existence de cette liste. Cette pratique remet en cause toute la crédibilité des élections32.

Il convient de signaler également le problème de financement et logistique des partis politiques. Actuellement, les candidats se chargent de l'impression de leur propre bulletin et la livraison des bulletins de vote dans le bureau de vote dans le territoire national. Cette situation pose de problème car certains candidats n'ont pas la possibilité de surmonter le coût du processus électoral. L'inexistence des bulletins d'un candidat dans un bureau de vote peut avoir des incidences sur les résultats des élections mais également sur le choix du citoyen soit il ne vote pas parce que son candidat ne figure pas dans la compétition soit il vote mais un vote blanc, ou il vote par réflexe d'un simple droit. Le processus diminue l'égalité des chances des autres candidats, de ce fait le parti au pouvoir part avec une longueur d'avance plus le soutien de l'administration publique. La situation arrange le candidat au pouvoir à cause de l'instrumentalisation des ressources étatiques. A l'appui de ce propos par exemple l'instrumentalisation du pouvoir en place de la chaîne nationale durant la propagande électorale, ce problème est souvent soulevé à chaque élection mais ne fait l'objet d'une discussion. La grande majeure partie de la population ne connaît pas le fait qu'il est son droit de vérifier la liste électorale.

Enfin, en ce qui concerne la campagne électorale, il est pratique courante dans le pays de faire un pré campagne qui se matérialise par la sponsorisation des activités sportives, la

32 Entretien individuel avec des politiciens.

visite d'un lieu suivi d'une oeuvre de charité. En matière de campagne électorale, on assiste à un marchandage d'un vote ou l'achat de conscience. Le processus est simple, si la campagne électorale supposée le moment de l'exposition des programmes politiques devient le moment de marchandisation d'un vote du citoyen par la distribution gratuite des billets d'argent, la distribution des T-shirts, l'exposition des projets qui se forge au hasard du discours de la circonstance et le milieu visité. Andriamahefa fournit une explication convaincante quant à la pratique de la propagande politique à Madagascar à cet égard il a souligné que « les pratiques de la propagande par contre, supposées être le terrain de confrontation des programmes, l'exposé politique, viennent tout remettre en cause. Durant cette période, il faut s'attendre à tout, tout sauf au débat républicain : le parti devient un conflit ethnique, la question d'argent peut prendre le dessus de la ligne politique. Bref, le parti supposé être le milieu d'éducation des membres n'a plus de raison d'être durant les propagandes en devenant leur propre terrain de conflit et d'animosité. Avec tous ces jeux antidémocratiques, le malgache lambda ne sait plus s'il a choisi le parti ou élu l'individu (à cause de son argent ou de son appartenance ethnique) [...], en moins d'un an il s'adjoint un nouveau statut : d'élu démocratiquement, il devient le guide du peuple. Une fois le processus engagé l'élu est propulsé en demi dieu intouchable »33

Les irrégularités du fonctionnement de l'élection demeurent une source de l'abstentionnisme des citoyens à l'égard du processus de la démocratie. L'abstention devient un indicateur qui illustre le discrédit du système politique malgache. La population devient réticente à l'égard de la chose publique.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault