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Relations de crédit et coà»t de l'endettement: le cas des PME camerounaises

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par Jules TCHAMABE
Université de Yaoundé II - Diplôme d'études approfondies en sciences de gestion 2012
  

Disponible en mode multipage

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RELATIONS DE CRéDIT ET COûT DE

L'ENDETTEMENT :

LE CAS DES PME CAMEROUNAISES

RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

MINISTÈRE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ II - SOA

Faculté des Sciences Économiques et de Gestion

MINISTRY OF HIGHER EDUCATION

THE UNIVERSITY OF YAOUNDÉ II - SOA

Faculty of Economics and Management

BP : 18 Soa / 1365 Yaoundé/Cameroun Tel/Fax : (+237) 22 06 26 98

fseg@.univ-yde2.org

P.O. BOX : 18 Soa /1365 Yaoundé/Cameroon Tel/Fax : (+237) 22 06 26 98

fseg@.univ-yde2.org

Mémoire présenté en vue de l'obtention du Diplôme d'Études Approfondies

en Sciences de Gestion, Option Finance et Comptabilité

Par :

TCHAMABE Jules

Maitrise en Sciences de Gestion

Sous la direction du

Professeur Robert WANDA
Agrégé en Sciences de Gestion

Université de Yaoundé II - Soa

Soutenu en Décembre 2012

« L'université de Yaoundé II - Soa

n'entend donner aucune approbation

ni improbation aux opinions émises

dans ce mémoire. Ces opinions

doivent être considérées comme

propres à leur auteur ».

ii

Sommaire

Avertissement i

Sommaire ii

Dédicace. iii

Remerciements iv

Résumé v

Abstract vi

Liste des tableaux et figures vii

Liste des principales abréviations viii

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

PREMIERE PARTIE: MONOBANCARISATION ET FINANCEMENT DES

ENTREPRISES 14

CHAPITRE I : Point théorique sur monobancarité et conditions de crédit 16

Section I: L'endettement bancaire de la PME : une source de conflit d'intérêts aux

conséquences néfastes 17

Section II: Le financement monobancaire, entre opportunisme et confiance 28

CHAPITRE II : L'impact du financement relationnel monobancaire sur le coût de

l'endettement des PME camerounaises 40

Section I: Cadre méthodologique de la recherche 41

Section II: La monobancarisation, une source de réduction du coût de l'endettement des PME

camerounaises 55

DEUXIEME PARTIE: MULTIBANCARISATION ET FINANCEMENT DES

ENTREPRISES 61

CHAPITRE III :Vue d'ensemble des théories et des études empiriques sur

multibancarisation et conditions de crédit 63

Section I: Les substituts financiers externes formels aux offres classiques des banques 64

Section II: La multibancarisation, une orientation financière aux effets controversés 77

CHAPITRE IV :Spécification des résultats sur les conditions de crédit des PME

multibanques camerounaises 87

Section I: La multibancarisation : un choix stratégique aux orientations diverses pour les

PME camerounaises 88

Section II: La multibancarisation, un choix couteux pour les PME camerounaises 99

CONCLUSION GÉNÉRALE 107

Bibliographie . 111

Annexes 120

Table des matières 125

iii

ma famille :

mes parents Tiako Jerôme & Tchokouassi Marguerite ; mes frères et soeurs Ongwe Valérie & Tchanga Hermann,

Djeumeni Géneviève - Simeni Hélène - Kameni Firmin,
Poutcheu Bibiane - Tiako Emerick Jerôme,

Eken Tiako Willy Arnold,

Moutcheu Séraphin, ...;

mon frère et ami Tatchoum Innocent,

en témoignage de mon amour infini et de ma gratitude éternelle pour les soucis que j'ai pu leur créer, les énormes sacrifices et l'extrême patience dont ils ont fait preuve durant toute ma scolarité.

Que Dieu leur apporte Prospérité, Longue Vie et Bonne S .anté

iv

Remerciements

Je voudrais tout d'abord remercier mon directeur de recherche, le Professeur Robert WANDA, Agrégé en Sciences de Gestion, pour ses conseils, sa rigueur, sa confiance, ses encouragements et sa très grande disponibilité. Pour le soin qu'il a apporté à l'analyse et à la conduite de ce travail, qu'il trouve ici l'expression de ma profonde reconnaissance et ma sincère gratitude.

Je tiens également à remercier le Docteur André TIOUMAGNENG TAFAM, Chargé de Cours, pour ses conseils et sa disponibilité, qui m'ont été très profitables dans l'accomplissement de ce mémoire.

J'exprime toute ma gratitude à l'ensemble des Professeurs, Docteurs et Doctorants membres du Centre d'Études et de Recherches en Économie et Gestion (CEREG) de la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion de l'Université de Yaoundé II-Soa pour leur soutien.

Un remerciement spécial à l'ensemble du Personnel Administratif et du Personnel de la Bibliothèque Universitaire et du CEREG pour leur disponibilité et leur aide, pour l'ambiance amicale et le comportement solidaire qu'ils ont tous particulièrement adopté envers ma personne depuis le début mon cycle universitaire.

Je remercie une fois encore mes Camarades et Ami(e)s de promotion en particulier Tatchoum I., Mfelam J. R., Kaffo J. F., Akoa Ebandoe J., Nkembe Metobo A. S. C., Nkomba A. D., Alinga P. R., Tagne P., Noubi Tchachoua M., Minkonda Minkonda R., Mbog E. J., Ngnié B., Kelbe M., Agoume Issembe P. C.,Onguene Y. N., Mangwa C. K., Ateba A. J.,Kuikeu T. A., Mballa Ateba, Djimafo A., ... pour les nombreux échanges fructueux que nous avons eus et les observations pertinentes faites lors de l'élaboration de mémoire.

Merci enfin à tous les Membres du Jury qui ont bien accepté de consacrer beaucoup de leurs temps à la lecture minutieuse ainsi qu'à l'examen des qualités et limites de l'ensemble de cette recherche.

v

Résumé

D'un point de vue général, les petites et moyennes entreprises (PME) éprouvent d'énormes difficultés à accéder à juste proportion de leurs besoins aux prêts bancaires. Les théories financières soulignent que les PME ne sont pas indifférentes face aux rationnements de crédit dont elles sont victimes. Elles peuvent adopter soit une orientation relationnelle de financement par une monobancarisation, soit une orientation transactionnelle généralement associée à la multibancarisation. L'objectif de ce travail est d'étudier, sur la base de l`intensité de la relation qui existe entre l`entreprise et sa banque principale, l'influence de chacun de ces régimes de financement sur le coût de l'endettement. Des tests empiriques relevant du modèle linéaire général ont été réalisés, à partir du logiciel SPSS 17.0, sur deux échantillons de 91 PME camerounaises monobanques et 98 multibanques sur les années 2008 et 2009. Les résultats montrent que le régime monobanque, apprécié par la durée et l'étendue de la relation bancaire, est, contrairement à la multibancarisation, favorable à une réduction du coût de l'endettement des PME. Nous notons, dans la même ligné que Weinstein et Yafeh (1998), que les banques principales ont tendance à exploiter l'avantage informationnel dont elles disposent par rapport aux autres créanciers pour surtaxer les PME multibanques. De même que Shikimi (2005) au Japon, nos résultats confirment également la thèse de Diamond (1984) selon laquelle plus le nombre de créanciers est élevé, plus les coûts de transaction sont dupliqués et répercutés dans le coût du financement de l'entreprise multibanque conduisant à son augmentation.

Mots clés :

Rationnement de crédit - Multibancarisation - Banque principale - Financement relationnel - Coûts de transaction - Hold-up.

vi

Abstract

From the general point of view, small and medium firms (SMF) suffer from enormous difficulties to obtain a fair proportion of their needs from banks loans. Financial theories outline that SMF are not indifferent to the phenomenon of credit rationing of which they are victims. To remedy this, they can adopt either relational orientation of financing by a single bank relationship, or transactional orientation generally associated to the multiple bank relationship. The purpose of this paper is to determine, on the basis of the intensity of the relation between firm and it main bank, the influence of each of these financial regimes on the indebtedness cost. The SPSS 17.0 software has been used for the implementation of the main tests of the general linear model on two samples of 91 Cameroonian single bank SMF and 98 multiple bank SMF on the years 2008 and 2009. The results suggest that the single bank relationship, appreciated by the length and the extent of the banking relation, is, contrary to multiple bank relationship, favorable to a reduction of the cost of the indebtedness of the SMF. Like Weinstein and Yafeh (1998), we note that main banks tend to exploit the informational advantage of which they arrange to overtax the multiple banks SMF. As well as Shikimi (2005) in Japan, our results also confirm the thesis of Diamond (1984) according to which the more the number of creditors is raised, the more transaction costs are duplicated and are reverberated in the indebtedness cost of the multiple bank firm leading to it increase.

Key words:

Credit rationing - Multiple bank relationship - Main bank - Relational financing - Transaction costs - Hold-up.

vii

Liste des tableaux et figures

Tableau 1. 1 : Les coûts issus de toute relation de coopération selon la TA et la TCT 24

Tableau 1. 2 : Distinguishing characteristic of forms of transactions 31

Tableau 2. 1 : Définition de la P.M.E. selon l'INS 43

Tableau 2. 2 : Traits caractéristiques de la PME camerounaise selon le MINPMEESA (2009) 43

Tableau 2. 3 : Statistiques descriptives de l'échantillon n° 1 47

Tableau 2. 4 : Matrice du choix du type de régression 52

Tableau 2. 5 : Statistiques descriptives des variables retenues dans les modèles empiriques relatives à

l'hypothèse 1 55

Tableau 2. 6 : Corrélation bilatérale entre variables des entreprises monobanques 57

Tableau 2. 7 : Coût de la dette et relation monobancaire 58

Tableau 4. 1: Statistiques descriptives de l'échantillon n° 2 90

Tableau 4. 2 : Statistiques descriptives du coût de la dette des entreprises multibanques 92

Tableau 4. 3 : Statistiques descriptives du Nombre de créanciers financiers formels de l'entreprise 93

Tableau 4. 4 : Nombre moyen de créanciers par catégorie d'entreprise 93

Tableau 4. 5 : Statistique descriptive de la variable Dualisme banque-EMF 95

Tableau 4. 6 : Statistiques descriptives des variables relationnelles et de contrôle des PME

multibanques 96
Tableau 4. 7: Répartition des PME multibanques selon l'appartenance ou non aux réseaux de relation

avec la banque principale 96

Tableau 4. 8 : Récapitulatif des variables de l'étude 97

Tableau 4.9: Matrice de corrélation entre les variables exogènes relatives aux PME multibanques..100

Tableau 4. 10 : Corrélation entre endogènes et exogènes des entreprises multibanques 101

Tableau 4. 11 : Résultats de la régression du coût de la dette des PME multibanques 103

Figure 0. 1 : Cadre théorique de la recherche 10

Figure 1. 1 : Asymétries d'information et risques sur le marché du crédit 26

Figure 2. 1: Schéma général du cadre opératoire retenue pour l'hypothèse 1 51

Figure 2. 2 : La durée de la relation bancaire par catégorie d'entreprises monobanques 56

Figure 3. 1: Le mécanisme de crédit-bail 65

Figure 4. 1: Étapes de décisions méthodologiques 89

Figure 4. 2 : Répartition des PME multibanques selon la nature des sources externes de

financement 94

Figure 4. 3 : Cadre opératoire retenue pour l'hypothèse 2 98

viii

Liste des principales abréviations

BEAC : Banque des États de l'Afrique Centrale

BP : Banque principale

CBC : Concours bancaires courants

CEMAC : Communauté Économique et Monétaire d'Afrique Centrale

CFC : Crédit Foncier du Cameroun

COBAC : Commission Bancaire d'Afrique Centrale

COOPEC : Coopératives d'Épargne et de Crédit

CVECA : Caisses Villageoises d'Épargne et de Crédit Autogérées

DSF : Déclarations Statistiques et Fiscales

EF : Établissement Financier

EMF/IMF : Établissement de Microfinance/ Institution de Microfinance

FCFA : Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale.

FOGAPE : Fonds d'Aides et de Garantie aux Petites et Moyennes Entreprises

FONADER : Fonds National de Développement Rural

INS : Institut National de la Statistique

MINPMEESA :

Ministère de la Petite et Moyenne Entreprise et de l'Économie Sociale et Artisanale

OHADA : Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires

PME / PMI : Petite et moyenne entreprise / Petite et moyenne industrie

SA : Société anonyme

Sd : Sans date

SARL : Société à responsabilité limitée

SFA : Société financière africaine

SPSS 17.0 : Statistical package for the Social Sciences version 17.0

TA : Théorie d'agence

TC : Théorie des conventions

TCI : Théorie des contrats incomplets

TCS : Théorie du contrat social

TCT : Théorie des coûts de transaction

TDP : Théorie des droits de propriété

INTRODUCTION GÉNÉRALE

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

1

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

2

I-) Contexte et problématique

Au Cameroun, comme dans la plupart des pays africains, la petite et moyenne entreprise (PME) est érigée en élément fondamental de la stratégie de développement économique et social (Wamba, 2001). Dans les économies africaines, les PME représentent près de 50 % des emplois et, selon les enquêtes menées par la Banque Mondiale, 40 % des petites entreprises et 30 % des moyennes entreprises considèrent l'accès au financement comme un frein majeur au développement de leurs activités (Soledad Peria, 2009). Également pourvoyeuses d'emplois dans l'économie camerounaise, elles sont appelées à y jouer, à l'ère du passage de l'interventionnisme Étatique au libéralisme économique, un rôle primordiale alors même qu'elles éprouvent d'énormes difficultés à se financer (Joseph, 1998 ; Ndong-Ntah, 2002). Selon Lachmann (1997, p. 287) « la réussite du développement d'une entreprise ne dépend plus uniquement de l'Homme, du produit, du marché, de la production, de la capacité d'adaptation et de l'innovation, mais «également des capitaux, car la recherche de financement est devenue progressivement un enjeu stratégique du développement de l'entreprise» ». Essomba-Ambassa et Um-Ngouem (2002) constatent ainsi que dans la hiérarchie des problèmes des PME, les difficultés financières figurent au premier plan. Celles-ci sont de deux ordres : les premières ont trait à l'insuffisance de l'autofinancement et les secondes sont relatives à la carence des apports en capital, en d'autres termes à l'insuffisance des fonds propres qui devient un obstacle fondamental à l'émergence de la PME et à sa croissance (Edding, 2002). Ce problème se pose avec autant plus d'acuité que Lefilleur (2008, p. 160) remarque « un paradoxe de la faible demande de financement en capital dans les pays d'Afrique Subsaharienne ». Paradoxe que l'auteur justifie par de fortes exigences des bailleurs de fonds en termes de respect des normes environnementales et sociales, l'étroitesse des marchés et l'absence de marché des capitaux et la faiblesse des organes de contrôle et des cadres légaux locaux. Tous ces arguments témoignent de la forte dépendance des PME à l'égard des sources de financement externes.

Malheureusement, dans un environnement encore dépourvu de marché financier1, obtenir les fonds auprès des banques pour financer les investissements n'est pas chose aisée.

1 Ceci correspond à l'absence de marché financier ou l'existence d'un marché « non actif » comme la DSX (Douala Stock Exchange) qui, depuis sa création par l'État camerounais en décembre 1999, dispose d'un marché des actions animé par les actions de trois entreprises seulement [la Société des Eaux Minérales du Cameroun (SEMC), la Société Agricole Forestière du Cameroun (SAFACAM) et la Société Camerounaise de Palmerais (SOCAPALM)] et un marché obligataire animé par les emprunts obligataires émis par l'État du

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

3

En 2007, seulement 24 % des entreprises camerounaises ont eu accès au crédit bancaire en payant des taux d'intérêt et des garanties élevés (MINEFI, 2007). De janvier 2009 à avril 2010, aucun crédit de long terme n'a été octroyé par les banques au Cameroun (COBAC, 2010). Les banques n'accorderaient pas toujours le crédit sollicité par les entreprises et ce malgré un état de surliquidité générale (Wanda, 2007 ; Avom et Eyeffa, 2007 ; Fouda, 2009) suite à la restructuration du secteur bancaire camerounais initiée à la fin des années 19802. Cette attitude frileuse des banques est liée au type de relation entretenue avec les entreprises et plus particulièrement les PME.

D'après COBAC (2010, p.7-8), pour la période Janvier 2009 à Avril 2010 au Cameroun, « la majorité des crédits ont été octroyés aux grandes entreprises à des conditions assez favorables et (...) les établissements de crédit exigent une prime de risque plus forte » aux PME. Ceci serait lié au fait que « les banques ont inventé sous diverses dénominations de nouveaux frais fixes qui pèsent sur le coût du service bancaire » (p. 6). Aussi le taux moyen du crédit aux PME (12,36%) est près du double de celui des grandes entreprises (7,31%). Soledad Peria, (2009) soulignait déjà que les taux d'intérêt sont en moyenne de l'ordre de 5 à 6 points de pourcentage supérieur en Afrique subsaharienne par rapport aux autres pays en voie de développement et que les frais appliqués aux prêts bancaires sont généralement deux fois plus élevés. Ces constats seraient, pour beaucoup d'auteurs, une des conséquences du comportement généralement transactionnel3 des banques à l'égard des entreprises justifiant aussi la surliquidité constatée (Tioumagneng, 2009).

Cameroun (emprunt dénommé ECMR 5,6), par la Société Financière Africaine (emprunt dénommé MOABI IFC 4,25) et celui de la Banque de Développement des États de l'Afrique Centrale (BDEAC).

2 Cette reforme avait pour objectifs de restaurer la liquidité des banques sinistrées par la crise bancaire et de permettre un meilleur financement de l'économie (Tchakounté et Bita, 2009). Si le premier objectif à été atteint, les banques n'ont pas pour autant accordé plus de crédit à l'économie (Joseph, 1998). Un bilan de cette restructuration établie par Avom et Eyeffa (2007) souligne trois importants paradoxes : la surliquidité bancaire et le rationnement du crédit, la concentration bancaire et le développement de la microfinance, l'internationalisation et l'absence d'innovation financière en matière de services offerts par les banques camerounaises. Parlant de surliquidité, Wanda (2007) relève comme facteurs : l'importance du risque de crédit, la rigueur de la surveillance de la Commission Bancaire d`Afrique Centrale, l'excès de tarification des services offerts aux grandes entreprises, la non application, par les banques, de l'arbitrage pour régler leurs litiges commerciaux. Fouda (2009) montrent aussi que cette surliquidité relève de l'interaction entre plusieurs facteurs tels que : l'incertitude liée à la forte dégradation du climat des affaires, l'effet de mémoire des crises bancaires antérieures et le renforcement de la frilosité des banques, ainsi que les innovations financières engendrées par la libéralisation financière.

3 Il faut souligner néanmoins qu'une étude de Biboum et Bekolo (2008) montre que certaines banques adoptent les deux comportements (transactionnel et relationnel) en fonction de la nature de la clientèle (clientèle institutionnelle et clientèle des particuliers).

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

4

Bien qu'il existe une forte interdépendance entre ces deux acteurs de l'activité économique, la nature de leur relation est souvent emprunte à beaucoup de difficultés et de conflits qui tiennent leurs origines des objectifs divergents de chacune des parties. Les banquiers affirment que les entrepreneurs affichent souvent des incompétences en gestion (Wamba et Tchamanbe-Djiné, 2002) et qu'ils ne transmettent pas toutes les informations pertinentes dans leurs dossiers d'emprunt (Rivaut-Danset, 1995). De l'autre côté, les entrepreneurs se plaignent d'être l'objet d'abus de pouvoir de la part des institutions financières, qui seraient trop exigeantes envers eux, n'accepteraient pas les spécificités de leurs entreprises (Edding, 2002) et ne les percevraient uniquement comme un « risque » finançable ou non (Gardès et Maque, 2009). Un tel climat d'affaire, caractérisé par un rationnement « exagéré » du crédit (Ndjanyou, 2001) suscite des questionnements sur le comportement financier des PME plus spécifiquement celui relatif à l'endettement bancaire :

- est-il possible de maintenir des relations bancaires dans un tel contexte ?

- la difficulté d'accès au crédit est-elle une conséquence des caractéristiques de l'entreprise, des banques ou du secteur bancaire ?

- quelles stratégies mettent en place les entreprises pour améliorer leurs conditions de crédit ?

- les PME optent-elles pour la construction d'un financement de type transactionnel ou de type relationnel ? Pour un régime de financement concentré ou diversifié ?

Face à ces questionnements, les théories de l'intermédiation financière soulignent que l'existence des banques se justifie non seulement par leurs capacités à réduire les coûts de transaction4 (Diamond, 1984 ; Bhattacharya et Thakor, 1993), mais aussi et surtout par leurs capacités à éliminer progressivement les asymétries d'information (Leland et Pyle, 1977). Ces asymétries, à l'origine des problèmes de sélection adverse et d'aléa moral, sont le principal facteur de détérioration des termes de l'échange entre banques et entreprises aboutissant généralement à un rationnement du crédit.

Le rationnement du crédit admet plusieurs modalités allant de la « satisfaction » partielle de la demande de crédit à l'exclusion bancaire (Jaffee et Russell, 1976 ; Keeton, 1979 ; Stiglitz et Weiss, 1981). Ce phénomène se justifie par des arguments aussi bien du côté de l'offre que de la demande. En plus l'incertitude et de l'opacité informationnelle (côté

4 Coase (1937) indique que ce sont les coûts de transaction qui constituent la raison d'être des entreprises.

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5

demande), des problèmes posés par l'architecture organisationnelle5 (Berger et al., 2001 ; Nekhili et Bouslama, 2007) et du risque d'illiquidité (Detragiache et al., 2000) de la (des) banque(s) peuvent contribuer fortement à cette restriction. Pour y faire face, l'établissement de contrats contingents (Townsend, 1979) par les prêteurs ainsi qu'une régulation par la combinaison des taux et des garanties à travers le « screening» (Bester, 1985) permettrait de limiter les coûts indirects liés aux conflits d'intérêt. Toutes ces propositions ne sont que du ressort des prêteurs. Du coté des emprunteurs, les premiers modèles mettent en relief l'émission des signaux (Spence, 1973) à travers l'apport personnel en capital par le promoteur (Leland et Pyle, 1977), la structure du capital et le niveau des dividendes comme des mécanismes réducteurs des problèmes informationnels (Wamba et Tchamanbe-Djiné, 2002).

Ces premiers modèles fondés sur les théories du signal (Akerlof, 1960) comportent, en plus de la nature incomplète des contrats, une limite commune soulignée par Rivaud-Danset (1996). Celle-ci est liée au fait qu'ils sont basés sous l'hypothèse forte que l'emprunteur ne puisse s'adresser à un autre financeur. La théorie financière s'est donc très rarement préoccupé d'examiner les réactions des entreprises en privilégiant ainsi leur passivité se basant sans doute sous l'hypothèse d'exogeneité de la structure financière6. Cette hypothèse place la PME en situation de faiblesse dans ses rapports avec les banques (Tioumagneng, 2009).

Des modèles récents s'intéressent plus particulièrement à deux stratégies permettant à l'entreprise de résoudre et/ou de contourner les difficultés d'accès au crédit à savoir l'adoption d'une approche relationnelle de financement avec la banque à travers la monobancarisation et la multiplication de relations de crédit (« multibancarisation »). La plupart de ces modèles privilégient, tout comme le présent travail, l'hypothèse d'endogénéité de la structure financière de l'entreprise. Cette dernière serait dans ce cas l'expression du système de préférence rationnelle de son (ses) dirigeant(s) dans un environnement marqué à la fois par des divergences des intérêts des acteurs économiques (dirigeant-propriétaire, dirigeant/propriétaire-créanciers...) et par l'existence d'asymétries d'information entre les

5 Ces problèmes proviennent de la distance hiérarchique qui sépare le chargé de la clientèle de la direction et des actionnaires dans les banques, mais aussi des asymétries d'information, des intérêts divergents et du comportement opportuniste des acteurs.

6 Cette hypothèse est à la base de la théorie dite du rationnement du crédit (Cieply et Paranque, (1997). L'exogénéité renvoie au fait que la structure financière est le reflet de la stratégie de maximisation des profits des prêteurs dans un contexte de non congruence des préférences des cocontractants.

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

6

acteurs (Cieply et Paranque, 1997). Le lien entre les régimes de financement identifiés et les conditions de crédit est objet de controverses tant sur le plan théorique qu'empirique.

En ce qui concerne le régime monobancaire de financement, celui-ci est généralement appréhendé sous un aspect plus relationnel (banque à l'engagement, banque de proximité) que transactionnel (banque à l'acte). La théorie de l'information financière suppose ainsi que ce régime s'inscrit dans un cadre beaucoup plus relationnel que transactionnel grâce à la relation de clientèle qui y émergerait au fil du temps (Petersen et Rajan 1994). Dans cette mouvance, l'existence de multiples interactions entre les acteurs d'où doivent émerger, des informations de nature qualitative et à caractère confidentiel sont, pour Berger (1999), les conditions nécessaires pour parler de relation de clientèle bancaire. Dans ce type de relation, « la banque cherche à s'assurer que son client pourra la rembourser et l'emprunteur souhaite obtenir des assurances sur les conditions d'accès au crédit dans le futur » (Rivaud-Danset, 1996, p. 937). Cette inscription dans la durée de la relation procurerait un avantage informationnel important à la banque.

Le financement monobancaire serait un moyen d'assurer l'emprunteur contre le rationnement de crédit (Roosa, 1951 ; Hodgman, 1963) grâce au développement d'un savoir bancaire de nature subjective sur l'entreprise (Petersen et Rajan, 1994). Ainsi, en situation d'asymétrie d'information ex ante, elle génère des économies d'envergure dans la production des informations sur les emprunteurs. Dans le cadre d'asymétries d'information ex-post, elle permet, en même temps que la réputation dont bénéficie l'entreprise (Diamond, 1989), un meilleur contrôle et une amélioration de l'évaluation du risque (Fama, 1985 ; Eber, 1999). A ce titre, Diamond (1989) et Von Thadden (1995) soutiennent que l'effet réputation se traduit par une incitation de l'entreprise à choisir les bons projets d'investissement permettant à la banque de faire face au problème de risque moral. Tout nouvel entrepreneur devrait accepter les prêts avec des garanties et des taux d'intérêts élevés. Avec le temps, l'entreprise « s'établie » avec son premier succès et bénéfice d'une bonne réputation qui va permettre de réduire l'utilisation des garanties coûteuses et faciliter l'accès au crédit (Boot et Thakor, 1994).

S'il est ainsi admis la capacité de la relation de clientèle exclusive à résoudre les problèmes de risque moral lié au comportement de l'emprunteur, Sharpe (1990) et Rajan (1992) montrent que celle-ci peut créer un risque moral lié au comportement du préteur. Ce risque va se traduire par une « capture informationnelle » permettant au préteur d'exercer un

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pouvoir de monopole par l'application de taux d'intérêt élevés (extraction d'une « rente informationnelle »).Outre le hold-up, on note également le problème posé par le refinancement systématique que Kornai (1980)7 appelle « soft-budget constraint » ou encore contrainte budgétaire atténuée.

Face à ces revers de la relation, une autre alternative s'offre à l'entreprise emprunteuse à savoir la multiplication de partenaires financiers ou « multibancarisation ».

« La multibancarisation ou multilatéralisation8 traduit le fait pour une entreprise d'entretenir des relations (de crédit ou non) avec plusieurs banques à la fois » (Tioumagneng, 2009, p.73). Toutefois, bien que les relations banque-entreprise ne se réduisent pas aux seules relations de crédit, elles sont en grande partie structurées par les conditions dans lesquelles les entreprises peuvent accéder au crédit bancaire pour financer leur activité et leur développement. La multibancarisation pourrait par conséquent s'inscrire pleinement dans le cadre d'une relation de crédit. Plusieurs facteurs peuvent expliquer l'adoption de ce régime de financement dont la principale vocation est d'améliorer ex post les conditions de crédit.

Les effets de l'adoption de relations multibanques sur les conditions de financement de l'entreprise emprunteuse ne font également pas objet d'unanimité autant sur le plan théorique qu'empirique.

Les relations multiples pourraient être, pour certain auteurs, une stratégie d'entreprises de qualité médiocres, pour qui la dilution de l'information et l'assouplissement de la surveillance du créancier sont favorables (Refait, 2003). Eber (1999) montrent à ce sujet qu'elle peut induire chez les banques un comportement de « passager clandestin » : chaque banque laisse le soin aux autres d'évaluer le risque de l'emprunteur et se contente seulement de l'octroi de crédits afin de ne pas supporter les coûts de monitoring. Ce comportement est également reflété dans les arguments de Diamond (1984) et Fama (1985). Ces auteurs

7 Cité par Guigou et Vilanova (2000).

8 Dans cette expression, la connotation banque ne fait pas référence à une catégorie juridique bien précise, mais doit être compris dans un sens générique. Elle renferme les entreprises du secteur financier formel qui effectuent des opérations de banque telles que définies dans les articles 1 et 3 du Règlement COBAC R-2009 / 02 / portant fixation des catégories des établissements de crédit, de leur forme juridique et des activités autorisées. Seront considérés comme « banques » les acteurs du système bancaire de la zone CEMAC: les banques et les établissements financiers (appelés tous deux établissements de crédit) ainsi que les établissements de microfinance (COBAC, 2008, p. 18). Cette représentation rejoint celle de Yosha (1995) qui parle de financement multilatéral (« multilateral financing ») ou multilatéralisation de la dette que la littérature francophone traduit généralement par « multibancarisation ». Entre dans cette même famille la notion de (régime de) financement diversifié ou alors de diversification de la dette.

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montrent que pour une entreprise, être en relation avec plus d'une banque est probablement coûteux du fait non seulement de l'augmentation des coûts de transaction résultant d'une répétition des opérations de monitoring et de screening, mais également (Boot et Thakor, 1994 ; Bolton et Scharfstein, 1996) de la renégociation des contrats de prêts. En réduisant de se fait la valeur de l'information acquise par chaque banque et en accentuant la concurrence entre elles, la multibancarité peut entrainer une « malédiction du vainqueur » (Winner's curses) en rendant les banques réticentes à octroyer le crédit.

Cependant, la multiplication des relations crédit serait une solution au hold-up informationnel (Sharpe, 1990 ; Rajan, 1992 ; Ongena et Smith, 2000), au rationnement et au risque d'illiquidité de la (des) banque(s) (Detragiache et al., 2000). Cela permet à une entreprise d'éviter de devoir liquider précocement un projet d'investissement à valeur actuelle nette positive du fait que sa (ses) banque(s) est (sont) incapable(s) de le financer en totalité. Empiriquement, les travaux de Cole (1998), sur les PME au États-Unis s'inscrivent, contrairement à ceux de Shikimi (2005) au Japon, en faveur de la « malédiction du vainqueur ». Aussi, les études de Foglia et Reedtz (1999) sur des données Italiennes font ressortir un lien négatif entre le taux d'intérêt de l'emprunt et le nombre de relations bancaires. Ce résultat remet en question les effets de la duplication des coûts de monitoring telle que défini par Diamond (1984).

Aucune conclusion ne parait à ce jour être établie, les multiples prédictions théoriques et études empiriques donnant des résultats extrêmement contradictoires sur les enjeux de ces choix stratégiques (financement exclusif et financement diversifié) pour l'entreprise emprunteuse. Aussi, ces enseignements controversés de la littérature ne semblent avoir fait, à notre connaissance, objet de recherche empirique que partiellement sur le plan local. Dans une situation de crise du financement bancaire, plusieurs auteurs se sont intéressés aux modes de financement alternatifs (Brenner, Fouda et Toulouse, 1990 ; Bekolo-Ebé, 1997) et aux mesures de relance du financement bancaire (Ndjanyou, 2001 ; Ndong-Ntah 2002). La plupart de ces mesures de relance proposées sont du ressort des banques et/ou des mécanismes institutionnels et privilégient par conséquent l'hypothèse d'exogénéité de la structure financière de l'entreprise. Ndjanyou (2001) propose à ce sujet une analyse du risque adapté au contexte de la PME qui intègre un réaménagement de l'analyse financière classique, la proximité et la confiance. Ndong-Ntah (2002) propose par la suite la création de sociétés de capital risque, la mise en place de systèmes d'information modernes telles que les « agences

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de rating », la relance des activités du FOGAPE (Fonds d'Aides et de Garantie aux Petites et Moyennes Entreprises) qui avait pour vocation, jusqu'à sa disparition vers les années 2002, de garantir à concurrence de 80% les prêts consentis par les banques aux PME.

Les études empiriques s'intéressant aux différentes stratégies, plus particulièrement celles concernant le régime de financement, qu'adoptent les entreprises camerounaises pour obtenir les crédits auprès des banques sont presque inexistantes. Les travaux recensés traitent de la relation de crédit comme une relation exclusive en conférant à la banque le monopole du pouvoir de négociation. Biboum et Bekolo (2008) remarquent, d'une part, qu'en matière de recrutement, les banques au Cameroun adoptent deux politiques : une politique de « banque debout », où le banquier va vers les clients pour le recrutement de sa clientèle9, et une politique de « banque assise », où il choisir d'attendre que le client vienne vers lui. Ces options offrent à l'entreprise une possibilité de définir, avec plus ou moins d'autonomie, sa stratégie d'endettement. D'autre part, ils soulignent que la plupart des clients entretiennent des relations commerciales avec plusieurs banques et/ou coopératives. Comportement qui serait, non seulement, une conséquence du passé peu glorieux des banques qui, du fait de la crise des années 80 et de la restructuration du secteur bancaire, ont dû fermer les portes10, mais aussi une réponse au comportement frileux des banques en matière d'offre de crédit.

Dans un tel contexte, il serait intéressant de se poser plusieurs questions dont l'une des plus importantes serait celle de savoir quelle est l'influence des régimes de financement sur les conditions de crédit des entreprises ? Autrement, quelle est l'incidence des régimes monobancaire et multibancaire de financement sur le coût de l'endettement des entreprises ?

II-) Objectif de la recherche

L'objectif principal est de montrer, sur la base de la relation qui existe entre l'entreprise et sa banque principale, l'influence des régimes de financement sur les conditions de crédit des entreprises. Plus spécifiquement, il s'agit de :

- montrer l'influence de la monobancarisation sur le coût de l'endettement des entreprises camerounaises ;

9 Cette politique est perceptible dans le rapport COBAC (2009) où il est noté que compte tenu de la forte concurrence qui règne sur le marché des grandes entreprises, les banques s'orientent de plus en plus vers le secteur des PME en proposant à ces dernières de nouveaux produits comme le crédit bail, l'affacturage...

10 L'état du système bancaire Camerounais présenté par Tchakounté et Bita (2009) montre que sur les 12 banques en activité en 1989, seules 2 banques étaient saines, 3 banques on été liquidées la même année, 4 ont été restructurées et 3 ont fusionné. Cette fusion n'a pas durée longtemps puisqu'une faillite s'en est suivie.

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- montrer l'influence de la multibancarisation sur le coût de l'endettement des entreprises camerounaises.

III-) Hypothèses de la recherche

Deux hypothèses, représentées par les symboles H1 et H2, sous-tendent cette recherche : > H 1 : le régime monobancaire de financement est lié négativement au coût de l'endettement des entreprises camerounaises.

De Bodt et al. (2005) sur le marché Belge, ainsi que Berger et Udell (1995) aux États-Unis, trouvent que la relation de clientèle, spécialement lorsqu'elle tend à être exclusive, améliore considérablement l'accès au crédit en termes de disponibilité et de coût respectivement.

> H 2 : le régime multibancaire de financement est lié positivement au coût de l'endettement des entreprises camerounaises.

Petersen et Rajan (1994) trouvent au États-Unis, que la multiplication de relations bancaires, réduit considérablement la disponibilité du crédit et accroit significativement le taux d'intérêt. Weinstein et Yafeh (1998), dans un contexte de multibancarisation, trouvent de plus que, ce régime, sources de réduction de l'incitation de la banque principale à produire des informations sur l'entreprise, favorise chez cette dernière un comportement opportuniste se traduisant par une surtaxe de l'entreprise.

La structure de la recherche peut être représentée schématiquement comme suit :

Figure 0. 1 : Cadre théorique de la recherche

Financement relationnel

Vs financement transactionnel

Source : de l'auteur

Choix
stratégique 1

Monobancarisation ou bilatéralisation de la dette

Orientation contractuelle

Influence

Choix
stratégique 2

Multibancarisation ou multilatéralisation de la

dette

Orientation contractuelle

Influence

Conséquence

Coût de l'endettement

Incertitude

Opacité

informationnelle

Risques

Rationnement
de crédit
bancaire

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IV-) Intérêt de l'étude

L'intérêt de l'étude peut être apprécié non seulement sur un plan théorique, mais aussi sur un plan managérial.

Sur le plan théorique, elle constitue, à travers son contexte particulier et son approche méthodologique, une contribution à la controverse issue des théories et des résultats empiriques sur la problématique de l'incidence du régime de financement sur les conditions de crédit supportées par les PME. Ainsi, même si des liens de similitudes peuvent être identifiés avec les études antérieures (Petersen et Rajan, 1994 ; Berger et Udell, 1995, ...), cette recherche a la particularité d'analyser le comportement de la banque (banque principale) dans un contexte monobancaire d'une part et dans un contexte multibancaire d'autre part. La plus part des études référencées jusque là procède généralement à une analyse conjointe sans une dissociation du comportement de la banque lorsque la PME est monobanque ou multibanque respectivement.

Sur le plan managérial, elle pourrait servir de guide aux dirigeants des PME au Cameroun en matière de choix d'un partenaire financier et de choix d'une approche de financement bancaire. Dans un contexte de performance médiocre des PME généralement justifiée par de fortes charges liées aux opérations d'exploitation et aux opérations financières, cette recherche pourrait permettre de déceler la meilleur logique d'endettement de la PME susceptible de réduire ses charges financières et améliorer ainsi sa rentabilité.

V-) Méthodologie de recherche

La présente recherche suit une approche hypothético-déductive. Elle essaie de confirmer ou d'infirmer les hypothèses émises. La base de données, l'opérationnalisation des variables et les modèles économétriques sont les trois points qui vont permettre d'expliciter la méthodologie adoptée.

5.1-) Échantillonnage

Les données utilisées dans cette étude sont extraites, d'une part, des Déclarations Statistiques et Fiscales déposées à l'Institut National de la Statistique, et d'autre part d'un questionnaire soumis aux dirigeants des PME de la ville camerounaise de Douala. La méthode de sélection employée est l'échantillonnage aléatoire ou probabiliste. La collecte des données

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s'est faite par des questionnaires soumis aux dirigeants des entreprises camerounaises. Priorité a été donné à une collecte par « face à face » dans le but de collecter le maximum d'information et d'appliquer notre problématique à un large éventail de PME. Les données de l'étude portent sur deux années à savoir les années 2008 et 2009.

5.2-) L'opérationnalisation des variables

Les principales variables qui seront analysées dans cette étude sont sélectionnées à partir des études empiriques existantes. Une distinction est faite entre variables endogènes et variables exogènes.

5.2.1-) Les variables endogènes ou expliquées

Afin de mieux appréhender l'ensemble des coûts dont peuvent supporter les entreprises dans leurs quêtes de financement externe, nous avons eu recours aux travaux de Bonfim et al. (2010). Ces auteurs proposent comme mesure implicite du coût de la dette le rapport frais financiers / (Dettes financières + Concours bancaires courants). C'est cette mesure qui est adoptée dans le présent travail. Cette variable, le coût de l'endettement, est codée Y.

5.2.2-) Les variables exogènes ou explicatives

Les principales variables explicatives ainsi que leurs symboles sont les suivantes :

> X1 : la durée de la relation bancaire (avec la banque principale). Exprimée en nombre d'années, cette variable est, pour Ongena et Smith (1997) et Berger et Udell (1994), synonyme de production d'informations de nature qualitatives sur l'emprunteur par le prêteur. Plus la durée est élevée, plus le prêteur dispose d'informations sur l'emprunteur.

> X2 : l'étendue de la relation bancaire (avec la banque principale) qui est mesuré par le nombre de services financiers que l'entreprise utilise auprès de la banque. En accord avec les arguments de la « théorie de compte chèque » de Hodgman (1963) et Fama (1985), la relation de clientèle est fondamentalement caractérisée par le fait que la banque offre à son client plusieurs services financiers et non pas seulement du crédit.

> X3 : l'appartenance à un même réseau relationnel avec la banque. : c'est un indicateur de proximité et de l'orientation relationnelle de l'entreprise dans ses échanges avec la banque. La participation de la banque au capital qui est un indicateur de proximité

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entre la banque et l'entreprise. Elle permet d'apprécier l'efficacité du monitoring de l'emprunteur mais également d'évaluer l'engagement et la confiance pouvant émerger de leur relation.

> X4 : le nombre de créanciers financiers, mesuré par le nombre de créanciers financiers formels avec lesquels l'entreprise est en relation. C'est un indicateur du degré de diversification de son endettement de l'entreprise multibanque.

> X5 : le dualisme banques - EMF : c'est une dummy qui prend la valeur 1 lorsque l'entreprise est en relation à la fois avec des banques et des EMF et 0 si non. Cette variable permet d'apprécier le rôle que pourrait jouer les substituts au financement bancaire en termes de certification de la qualité de l'emprunteur pour les banques. A ces variables explicatives, s'ajoute des variables de contrôle à savoir l'âge (X6), la taille (X7), la performance (X8), la solvabilité (X9) l'entreprise, ainsi que sa liquidité (X10)et le niveau de garantie (X11) qu'elle peut offrir.

5.2.3-) Les modèles économétriques

Le modèle de régression linéaire général est le modèle employé pour la régression de la variable endogène dont les informations sont relatives à l'année 2009 sur les l'ensemble des exogènes portant sur l'année 2008.

5.2.4-) Plan de rédaction

Pour atteindre les objectifs ci-dessus fixés, un plan dynamique comportant deux parties est adopté. Ci-dessus sont présentés synthétiquement les grands axes de chaque partie.

Première partie : Monobancarité et financement des entreprises

Chapitre I : Point théorique sur monobancarité et conditions de crédit

Chapitre II : L'impact du financement relationnel monobancaire sur le coût de l'endettement des PME camerounaises

Deuxième partie : Multibancarisation et financement des entreprises

Chapitre III : Vue d'ensemble des théories et des études empiriques sur la multilatéralisation et les conditions de crédit

Chapitre IV : Spécification des résultats sur les conditions de crédit des PME multibanques camerounaises

MONOBANCARISATION ET FINANCEMENT DES

ENTREPRISES

PREMIERE PARTIE:

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Modigliani et Miller (1958) ont été les premiers à mener l'analyse théorique de l'incidence de la structure financière, et notamment du ratio dettes/fonds propres, sur la valeur de la firme. Ils montrent, sous certaines hypothèses11, que toutes les formes de financement sont équivalentes en présence de marchés financiers parfaits. L'influence exercée par leur théorème sur la neutralité de la structure financière a incité les théoriciens du crédit à démontrer la raison d'être des banques à travers l'existence des asymétries d'information et de coûts de transaction (Jaffee et Russell, 1976 ; Leland et Pyle, 1977 ; Diamond, 1984). Les distorsions informationnelles spécifiques qui caractérisent la relation de financement banque/PME aboutissent généralement à une surexposition au phénomène de rationnement bancaire (Stiglitz et Weiss, 1981, Williamson, 1987). Il serait trompeur de considérer les PME et/ou les banques comme uniformes dans leurs comportements vis-à-vis de cette contrainte de financement. La théorie de l'information financière souligne qu'elles peuvent adopter soit une orientation transactionnelle de financement, soit dans une orientation relationnelle de financement (Apotheker, 1996 ; Boot, 2000). Les deux orientations formant un continuum aux caractéristiques multidimensionnelles. La dernière stratégie, orientation vers relation, se manifeste couramment par l'établissement d'une relation exclusive avec la banque ou monobancarité. Ce régime de financement confère des attributions diverses aux parties engagées dans l'échange. L'analyse des enjeux de sa mise en place par les PME camerounaises est l'objectif principal de cette partie.

La démarche consiste ici à montrer l'influence du financement relationnel monobancaire sur le coût du financement externe des PME. En conséquence, le premier chapitre synthétise, sur la base d'un cadre conceptuel, l'ensemble des connaissances déjà acquises sur le sujet concerné. Après avoir fait émerger de la littérature un certain nombre de variables pertinentes à l'explication des enjeux d'un financement relationnel monobancaire en termes de disponibilité de crédit et de coût, le second chapitre sera consacré aux vérifications, dans le contexte d'étude, de l'hypothèse première de la recherche.

11 Les agents peuvent prêter ou emprunter à un taux fixe et sans limite ; les coûts de faillite sont nuls ; il n'y a pas d'asymétrie d'information entre les agents ; les dirigeants gèrent leur entreprise dans l'intérêt de leurs actionnaires (absence de conflits d'intérêt).

CHAPITRE I : Point théorique sur monobancarité et conditions de crédit

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L'objet de ce chapitre est de passer en revue la littérature examinant les enjeux de la construction d'un financement monobancaire pour l'entreprise emprunteuse en termes de disponibilité du crédit et de coût. Pour ce faire, une première section est consacrée à l'analyse, à la lumière des théories contractuelles, du phénomène de rationnement dont sont victimes les PME sur le marché du crédit. Le choix du financement bilatéral comme option stratégique face au rationnement sera étudier par la suite à la seconde section. Sera exposé dans celle-ci les spécificités qui caractérisent la monobancarité en faisant appel à la théorie du contrat social.

Section I: L'endettement bancaire de la PME : une source de conflit d'intérêts aux conséquences néfastes

Afin d'appréhender de manière minutieuse les conséquences des problèmes informationnels entre banques et PME sur le marché du crédit (II), il est important de cerner les spécificités qui caractérisent ces dernières ainsi que les risques y afférents(I).

I-) Caractéristiques de la PME

Caractériser la PME, quoique facile d'apparence, s'avère être un exercice délicat. De nombreux travaux se sont efforcés de préciser ce que recouvre la notion de PME. La multiplicité des définitions recensées (1.1) reflète sans doute la diversité des risques associés à ce type d'entreprise (1.2).

1.1-) Définir la PME : une entreprise délicate

La plupart des spécialistes considèrent que la plus grande difficulté dans l'étude des PME est l'extrême hétérogénéité qui les caractérise. Comme le souligne Torres (1999) c'est cette hétérogénéité qui explique en partie leur dynamisme actuel. La première étude d'envergure menée sur ce sujet est contenue dans le rapport Bolton12 en 1971 dont les enseignements ont été ensuite enrichis donnant naissance à deux grandes approches : quantitatives (1.1.1) et qualitatives (1.1.2).

12 J.E. Bolton, Report of the Committee of inquiry on small firms, Cmmd. 4811, Londres, HMSO, 1971. Trois critères essentiels sont retenus dans ce rapport pour définir une PME : une entreprise dirigée par ses propriétaires de façon personnalisée ; une part de marché relativement restreinte (seraient exclues les entreprises en situation de quasi-monopole) ; l'indépendance de la société (seraient dont exclues les filiales contrôlées).

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1.1.1-) Les approches quantitatives d'appréhension de la PME

Les approches quantitatives utilisent généralement la variable taille pour identifier la PME. Divers critères fondés sur la taille peuvent ainsi être recensés : chiffre d'affaires, nombre de salariés, fonds propres, bénéfices, volume d'importations et d'exportations, etc. Se limiter à ces critères quantitatifs que prônent les organismes statistiques comporte une certaine part d'arbitraire et d'ambigüité. Lorsqu'on emploie le nombre d'employés comme critère, une interrogation pertinente se présente : s'agit-il des emplois permanents, à temps partiel, intermittents, temporaires... ? Aussi, le chiffre d'affaires peut varier considérablement en fonction du secteur d'activité, de la conjoncture économique, de la monnaie de référence (taux de change) et est souvent camouflé pour des raisons fiscales. Julien et Marchesnay (1988)13 soutiennent ainsi que le critère de taille sert davantage à opérer des découpages de l'appareil productif qu'à définir des catégories homogènes d'entreprises. Une analyse du tableau en annexe n° 1 permet de mettre en évidence les limites, la relativité, la contingence et toute l'ambigüité qui caractérisent les critères quantitatifs. Par exemple en Chine, une entreprise du secteur industriel est considérée comme de taille moyenne lorsque l'effectif annuel est compris entre 300 et 2000 employés et un chiffre d'affaires compris entre30 et 300 millions de Yuan alors qu'en Europe à plus de 250 employés et 50 millions d'Euros de chiffre d'affaires on parle de grande entreprise.

Au regard de ces limites, des conceptions plus managériales et organisationnelles ont été proposées en tenant compte de la relation entre l'entreprise et son environnement.

1.1.2-) Les approches qualitatives d'appréhension de la PME

Les approches qualitatives privilégient les critères psychologiques, fonctionnels, structurels et sociologiques pour appréhender la PME. Ici, la PME est avant tout une entreprise humaine dont l'existence et la vie sont essentiellement liées à une personne : le dirigeant. Une importance considérable est ainsi attribuée à l'aspect humain plus précisément à la personnalité, la motivation et les aspirations de l'entrepreneur14 (Caillie, 1999). Un grand nombre d'auteurs ont tenté de construire sur cette base des typologies de PME pour retrouver des ressemblances afin d'en proposer une définition. Pour Julien et Marchesnay (1988), « le monde de la PME, considéré individu par individu, se révèle lui-même d'une extrême

13 Cités par Torres (1999).

14 Selon Caillie (1999) la petite entreprise ne se distingue pas tant de la grande entreprise par son chiffre d'affaires, son capital ou le nombre de ses salariés que par la fait qu'elle est gérée par son propriétaire qui y travaille et en supporte les risques.

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complexité; mais pris en tant que tel, des constantes, des permanences, des tendances surgissent à l'examen ». Les PME se caractérisent par le rôle essentiel du (des) dirigeant(s) qui est (sont) tout(s) à la fois entrepreneur(s) ou développeur(s), manager(s) ou mobilisateur(s), organisateur(s) ou gestionnaire(s). Les buts de l'entreprise y sont souvent confondus avec ceux des dirigeants. D'autres approches multicritères ont également été élaborées pour mettre en avant, à côté de l'élément humain toujours prédominant, d'autres caractéristiques plus descriptives : un personnel de direction relativement peu spécialisé ; des contacts personnels étroits entre les organes supérieurs de direction et les ouvriers, les clients, les fournisseurs ou les propriétaires ; le manque de position de force pour négocier les achats et les ventes ; une intégration relativement étroite à la collectivité locale, à laquelle appartiennent les propriétaires et les directeurs, et une dépendance plus ou moins grande vis-à-vis des marchés et des sources d'approvisionnement ; l'impossibilité de se procurer des capitaux en recourant au marché monétaire et des difficultés d'obtenir des crédits (Torres, 1996 ; Caillie, 1999). Wtterwulghe (1998)15 classe ces critères qualitatifs en quatre éléments principaux :

- la responsabilité : il s'agit de la responsabilité directe, personnelle et finale du patron qui apparaît bien souvent comme le seul décideur.16

- la propriété du patrimoine social qui relate de la confusion du patrimoine.

- l'existence d'un objectif particulier de richesse qui fait référence au fait que le dirigeant de PME vise généralement la pérennité contrairement à celui de la grande entreprise qui cherche le maximum de profit et de valeur pour l'entreprise.

- une structure centralisée ou le dirigeant dispose de tous les pouvoirs décisionnels.

La pluralité de conception ci-dessus évoquée témoigne de la difficulté à pouvoir saisir les contours de l'objet PME. Cette absence d'unanimité pose le problème de savoir quels peuvent être les éléments de risques associés à ce type d'entreprises susceptibles d'influencer ses échanges avec ses partenaires ?

15 Cité par Caillie (1999)

16 La confédération générale des P.M.E. (CGPME), dans l'article 2 de ses statuts, définie la PME comme suit : « les Petites et Moyennes Entreprises sont celles dans lesquelles les chefs d'entreprise assument personnellement et directement les responsabilités financières, techniques, sociales et morales de l'entreprise quelque soit la forme juridique de celle-ci. »

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1.2-) La spécificité comme source de risques dans la PME

Toute entreprise est par essence risquée et il n'est en aucun cas possible d'annihiler intégralement toutes les sources de risque. Pour Albouy (2000) les risques d'entreprise sont tous les évènements pouvant survenir et qui sont de nature à réduire sa rentabilité, voire à remettre en question son existence. Il peut s'agir de menaces qui se réalisent, d'erreurs de gestion ou de prévisions ou encore de la survenance d'aléas défavorables. Toutes ces sources sont regroupées par Knight (1921) en deux grands groupes : les risques spéculatifs (1.2.1) et les risques purs (1.2.2) qui peuvent être argumentés en se référent aux différentes conceptions de la PME.

1.2.1-) La structure de propriété et les risques spéculatifs (de gestion)

Le capital social de la PME est généralement détenu par un petit nombre de personnes appelées actionnaires majoritaires appartenant le plus souvent à la même famille et qui assurent la gestion de l'entreprise (Charreaux, sd). De ce fait, la confusion entre le patrimoine de l'entreprise et celui du dirigeant est fréquente. Ce dernier dispose d'un pouvoir illimité de gestion, de décision et de contrôle faisant de lui la clef de voute de l'organisation (Tioumagneng, 2009). La forte concentration de la propriété expose la PME à de nombreux risques de gestion à savoir :

> les risques d'organisation : problèmes de transfert ou de concentration excessive du savoir, le manque de créativité des managers, carence managériale. Ndjanyou (2001) souligne à ce sujet qu'au Cameroun, en dépit de la mauvaise maitrise de la technologie de production, les dirigeant de PME privilégient une gestion axée sur la diversification multisectorielle et ont une préférence pour les gains spéculatifs. Cette aspiration pour le risque pourrait susciter, de la part des partenaires financiers des interrogations sur la viabilité des projets que peut présenter ce type de dirigeant.

> les risques de ressources humaines : incompétence, formation inadaptée du personnel, difficultés de recrutement. Dans les PME africaines particulièrement, le personnel, recruté sur la base d'appartenance familiale, ethnique ou religieuse, subit et « opérationnalise » sans modification les décisions d'un dirigeant moins administratif (Koutouzi, 2007). Celui-ci n'a généralement pas le profil de l'emploi. Le dirigeant, par soucis d'autonomie et sous le poids de la solidarité familiale, préfère porter à des postes sensibles les membres de la famille qui n'ont toujours pas des compétences nécessaires.

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1.2.2-) L'environnement économico-financier et les risques purs

L'origine de ces risques est généralement un potentiel non conforme ou insuffisant de l'activité. Ils se manifestent généralement de manière inattendue, soudaine et brutale provoquant des dommages et des pertes (Knight, 1921). Peuvent être évoquées l'absence de transparence, la non maitrise de la technologie inhérente à la nouveauté de l'entreprise dans un domaine de l'activité, l'instabilité économique. Du fait de leur taille, les PME ont une structure souple, mais sont souvent dépendantes de leur environnement à cause de leurs activités multisectorielles. La stratégie de diversification, choix privilégié des PME (Ndjanyou, 2001), complexifie la gestion et remet en question la capacité du dirigeant à assurer la coordination des activités. Tout ceci accroit considérablement la sensibilité des PME aux chocs conjoncturels. Aussi, les exigences d'une économie libéralisée en matière de rigueur en gestion et la fiabilité des systèmes d'informations comptables sont favorables à de tels risques. Les PME n'ont pas toujours les moyens de se doter d'un système d'informations financières adéquat (Wamba, 2002). Ceci serait, selon Kaufmann (2005) une conséquence de l'absence de normes comptables - ou au contraire du niveau excessif de l'information comptable exigée dans le cas de l'Afrique centrale par les normes OHADA17 -, de l'insuffisance de cabinets comptables indépendants, compétents et crédibles, mais aussi (Lefilleur, 2008) des contraintes fiscales auxquelles elles font face.

Tous ces traits caractéristiques sont susceptibles d'influencer considérablement les relations qu'établissent les PME en quête de financement bancaire.

II-) Financement bancaire et asymétrie d'information

Dans un environnement incertain et risqué, les relations qu'entretiennent les PME avec les banques sont caractérisées par de fortes asymétries d'information et de comportements opportunistes (2.1) aux conséquences multiples (2.2).

2.1-) Analyse de la relation de crédit à la lumière des débats théoriques

Cette relation peut s'analyser à la lumière des théories contractuelles des organisations18 aussi bien à la phase précontractuelle (2.1.2) que post-contractuelle (2.1.3).

17 Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires

18 Il s'agit de la théorie des droits de propriété (TDP), la théorie d'agence (TA), la théorie des coûts de transaction (TCT), la théorie des contrats incomplets (TCI), la théorie des conventions(TC) ... Charreaux, 1999).

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Mais avant, une présentation des concepts clés à la base de cette analyse s'avère nécessaire (2.1.1).

2.1.1-) Les concepts de base d'analyse de la relation de crédit

Le marché du crédit bancaire est animé par deux groupes d'acteurs : les prêteurs (les établissements de crédit) et les emprunteurs (les PME dans cette étude). Ces entités ont des objectifs généralement divergents. La banque cherche à maximiser son profit moyen espéré et l'emprunteur le rendement espéré de l'investissement. La relation qui s'établie entre ces deux acteurs est qualifiée de relation d'agence. Elle est, pour Jensen et Meckling (1976) : « un contrat dans lequel une ou plusieurs personnes (le principal) engage une autre personne (l'agent) pour exécuter en son nom une tâche quelconque qui implique une délégation d'un certain pouvoir de décision à l'agent19» (Coriat et Weinstein, 1995, p. 93). En raison de l'absence de congruence des préférences, cette relation est source de conflits d'intérêts inducteurs de coûts (coûts d'agence et de transaction) qui réduisent les gains potentiels de la coopération. Ces conflits naissent soit de l'allocation des décisions régissant le processus de création de valeur, soit de l'appropriation de la valeur créée. Ils trouvent leurs origines dans l'asymétrie d'information, l'opportunisme des acteurs, l'impossibilité de rédiger des contrats complets en raison de la rationalité limitée et de l'incertitude (Charreaux, 1999) :

> l'incertitude : hypothèse environnementale. La définition de ce concept, contenue dans les travaux de Knight (1921), est faite par comparaison au risque. Pour l'auteur, l'incertitude est la caractéristique essentielle de situation ou l'individu voit les conséquences des décisions qu'il prend (ou doit prendre) dépendre des facteurs exogènes dont les états ne peuvent être prédits avec certitude (Cobbaut, 1997). Il correspond donc aux situations non mesurables. A l'opposé, le risque est probabilisable et mesurable par une probabilité « objective ». Il intervient lorsque l'incertitude peut être quantifiée.

> l'asymétrie de l'information : hypothèse environnementale. Elle correspond, selon la TA, à une situation où deux parties pour un même problème et pour la même période ne peuvent disposer de la même information en qualité et en quantité. Une des parties dispose de la « totale » et « parfaite » information tandis que l'autre ne peut se contenter que d'une information partielle et incomplète.

19 Cette définition fait l'objet d'une extension : « Remarquons également que les coûts d'agence apparaissent dans toutes les situations qui implique un effort de coopération (tel que la co-rédaction de cet article) par deux ou davantage de personnes même s'il n'y a pas de relation principal agent clairement définie. » (Jensen et Meckling, 1976 ; cités par Charreaux, 1999, p. 82).

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23

> l'opportunisme : hypothèse comportementale. Principal facteur explicatif des coûts de transaction, il s'appréhende comme la recherche de l'intérêt propre, à tout effort calculé pour tromper, désinformer, déguiser, omettre, choquer ou induire en erreur un autre agent (Joffre, 1999). C'est un comportement « stratégique » (qui serait inscrit dans la nature humaine d'après Williamson, 1975) par lequel les agents recherchent leurs intérêts strictement personnels, quitte à léser l'autre partie, en recourant à la ruse, la mauvaise foi, le mensonge, le vol, la tricherie ou autre formes subtiles de duperie (Gabrié et Jacquier, 1994).

> la rationalité : hypothèse comportementale. Être rationnel, selon la conception classique, c'est rechercher le maximum de satisfaction au moindre coût. L'hypothèse forte qui sous tend cette définition (perfection du marché) lui confère la dénomination de rationalité pure ou substantive. Ici, les acteurs sont à même de prévoir tous les états futurs du monde possible et d'anticiper les différents choix de l'autre. Une alternative plus réaliste est donnée par Simon (1959)20 et tient compte de l'imperfection et de l'incertitude environnementale : c'est la rationalité dite limitée et procédurale. Elle est fondée sur le fait que l'individu à des capacités physiques, mentales, et intellectuelles limitées en raison de l'incertitude et de l'information imparfaite. Ainsi, face à un problème, celui-ci ne pourrait pas avoir une connaissance de tous les choix possibles ; une connaissance complète de toutes les conséquences de ces choix, ou la capacité à les calculer ; la capacité à comparer ses conséquences, quelque soient leur diversité, en les ramenant à un indicateur unique. Le comportement rationnel est donc limité par ces contraintes environnementales21 (Coriat et Weinstein, 1995).

> Les coûts issus de toute relation de coopération. Ils naissent de l'interaction des hypothèses ci-dessus et interviennent à toutes les phases d'élaboration d'un contrat (phase précontractuelle et post-contractuelle). Ils sont qualifiés de coûts d'agence et de coûts de transaction par les TA et TCT respectivement. Ces coûts peuvent être présentés de façon synthétique dans le tableau suivant :

20 Cité par Coriat et Weinstein (1995).

21 Coleman (1994, p.167) souligne tout de même le fait que l'individu reste intentionnellement rationnel : « Il s'agit de l'hypothèse selon laquelle des individus cherchent à atteindre des objectifs et quand ces derniers sont connus, les actions entreprises seront celles que l'individu considère comme les plus efficaces pour atteindre cet objectif L'individu est rationnel dans le sens ou il agit intentionnellement » Charreaux, (1999, p. 65).

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24

Tableau 1. 1 : Les coûts issus de toute relation de coopération selon la TA et la TCT

 

COÛTS D'AGENCE

COÛTS DE TRANSACTION

Avant la
conclusion du

contrat
(coûts ex ante)

· coûts précontractuels liés aux incertitudes
informationnelles concernant les compétences de l'agent (capacité cognitive, formation,...) ;

· coûts liés à l'inadaptation du postulant (l'opportunisme de l'agent) ;

· coûts de négociation des accords.

· coûts liés à la recherche du futur partenaire ;

· coûts liés aux études des risques ;

· coûts de négociation (déplacement, traduction, ...) ;

· coûts de mise en place d'avant-projet ;

· coûts de conclusion du contrat.

Après la
conclusion du

contrat
(coûts ex post)

· les dépenses de surveillance et d'incitation engagées par le
principal pour orienter le comportement de l'agent ;

· les coûts d'obligation ou d'engagement qui sont supportés
par l'agent pour mettre le principal en confiance ;

· la perte résiduelle ou coût d'opportunité qui correspond à
la perte d'utilité subie à la fois par le principal et par l'agent du fait de la persistance de divergences d'intérêts.

· coûts d'administration, de surveillance, de contrôle ;

· coûts de renégociation et de révision du contrat ;

· coûts d'opportunité (manque à gagner) ;

· coûts de désengagement ou de rupture de contrats ;

· coûts de faillite (administratifs, réorganisation, ...).

 

Source : de l'auteur à partir de ses lectures

La définition de ces concepts étant appréhendée, il convient maintenant de voir comment leurs interactions se manifestent au cours des différentes phases de la relation de crédit.

2.1.2-) La phase précontractuelle de la relation de crédit

Dans tout marché, les acteurs comme les produits échangés forment un groupe hétérogène dans la mesure où ils ne disposent pas du même pouvoir d'achat, des mêmes préférences et n'ont pas les mêmes caractéristiques respectivement (Akerlof, 1970). Sur celui du crédit, certaines PME sont plus risquées que d'autres et n'ont donc pas toutes la même probabilité de remboursement du prêt sollicité (Jaffee et Russell, 1976). Lorsqu'une de celles-ci approche une banque, elle en sait généralement plus que cette dernière sur la qualité du projet nécessitant d'être financé22 et sur sa capacité à honorer ses engagements. L'imperfection d'information qui en résulte est qualifiée d'asymétrie d'information ex ante (Stiglitz et Weiss, 1987). Elle est relative à l'incapacité du prêteur à identifier clairement les caractéristiques propres à chaque projet. Face à une multitude d'emprunteurs, il court le risque de ne financer que ceux à risques élevés : c'est le problème de sélection adverse ou anti sélection (Akerlof, 1970 ; Jensen et Meckling, 1976). Dès lors, le contrat liant les deux parties (incomplet par nature) nécessite des efforts de la part la banque pour limiter le comportement opportuniste de la PME et occasionne ainsi des coûts (coûts ex ante, voir tableau 1.1 ci-dessus). Cependant, cet effet perturbateur de la relation entre banque et PME, même lorsqu'il parvient à être surmonté, ne met pas la banque à l'abri de nouveaux risques une fois le prêt accordé.

22 Guigou et Villanova (1999) soulignent tout de même que l'imperfection du savoir bancaire peut ne pas résulter uniquement de la volonté de l'emprunteur de masquer la réalité de ses projets et d'un problème d'incitation du contrôleur délégué (asymétrie d'information exogène), mais peut être dû quelques fois au savoir imparfait de l'entrepreneur sur ses propres perspectives de revenu (asymétrie d'information endogène).

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25

2.1.3-) La phase post-contractuelle de la relation de crédit

Une fois le crédit obtenu, se pose le problème du contrôle des actions de l'emprunteur. Celui-ci peut ne pas tenir ses engagements en fournissant des prestations de qualité inférieure. A titre illustratif, il pourrait affecter les fonds à un projet autre que celui pour lequel ils ont été obtenus (problème de substitution des actifs, Jensen et Meckling, 1976), ou alors ne pas mettre en oeuvre le projet si les flux de revenus potentiels sont inférieurs au service de la dette (problème de sous-investissement, Myers, 1984). Ce type de comportement serait fréquemment observable chez les PME. Ces entreprises se caractérisent généralement par une flexibilité technologique, organisationnelle et concurrentielle qui augmente leur capacité d'adaptation aux fluctuations des marchés. En conséquence, une PME est amenée à changer rapidement de projet d'investissement avec l'évolution du marché pour rester compétitive. Cette flexibilité caractéristique de la PME se traduit pour le créancier par un risque de substitution des actifs qui augmente les risques de conflits. L'asymétrie d'information on going qui en résulte met en évidence l'incapacité de la banque à observer et à contrôler les actions de l'agent et à comme conséquence le risque ou alea moral ex ante (Cieply et Grondin, 2000).

Quelque soit le projet réalisé par l'emprunteur, la répartition de la richesse créée est également objet de conflit d'intérêts. L'inefficience du système d'information des PME et leurs asymétries d'information importantes sont des facteurs qui compliquent leurs évaluations par les organismes bancaires. La PME est la seule à pouvoir observer sans coûts (coûts ex post, voir tableau 1.1 ci-dessus) le vrai résultat produit par le projet. Le prêteur est donc en situation d'asymétrie ex post (Townsend, 1979). L'emprunteur pourrait ainsi essayer d'opérer un transfert de richesse en simulant de fortes charges d'exploitation par les techniques de manipulation comptables23 dans le but de rembourser moins. Le risque d'expropriation qui en résulte est dénommé alea moral ex post.

Ces principales implications et les risques qui résultent des échanges entre banques et PME en particulier peuvent être représentés par la figure suivante.

23 La manipulation comptable (ou gestion des données comptables) s'entend comme l'exploitation de la discrétion laissée aux dirigeants d'entreprise en matière de choix comptables ou de structuration des opérations comptables, dans le but de générer des modifications du risque de transfert de richesses associé à l'entreprise, tel que ce risque est perçu en pratique par le marché. Voir à ce sujet Stolowy H. et Breton G. (2003), « La gestion des données comptables : une revue de la littérature », disponible à l'adresse https://Studies2.hec.fr , 29 pages.

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Figure 1. 1 : Asymétries d'information et risques sur le marché du crédit

Type
d'asymétrie

Nature de l'asymétrie

Asymétrie d'information ex ante

Informations cachées

Asymétrie d'information on going

Comportements cachés

Asymétrie d'information ex post

Informations cachées

26

Problèmes
soulevés

Conséquences

Nature du
risque

Conclusion du contrat de prêt Réalisation du résultat

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Difficulté à s'assurer de l'usage
des fonds par l'emprunteur
(Risk Shifting problem)

 

Difficulté à vérifier les résultats
obtenus par l'emprunteur
(Observability problem)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source : Trabelsi-El Gharbi (2009, p. 69)

Toutes ces difficultés auxquelles sont confrontées les banques face aux PME provoquent des réactions se traduisant par des comportements néfastes pour ces dernières.

2.2-) Problèmes informationnels et réactions bancaires:les rationnements de crédit

Les risques (sélection adverse et aléa moral) auxquels sont exposées les banques sur le marché du crédit sont accentués par la spécificité qui caractérise celui-ci. Stiglitz et Weiss (1981) montrent en effet, dans un monde sans aversion au risque avec une responsabilité limitée des emprunteurs, qu'à la différence des autres marchés, celui du crédit ne peut être régulé en jouant toujours sur le niveau des prix (taux d'intérêt et garanties). Le lien positif qui existe entre le risque et les prix fait qu'une augmentation régulière de ceux-ci entrainera progressivement la sortie du marché des emprunteurs les moins risqués24. Ce retrait est ainsi source d'accroissement du risque de faillite des emprunteurs, du coût de faillite et du risque de sélection adverse pour les banques. Les auteurs soutiennent que les banques n'ont pas intérêt à augmenter les taux d'intérêt au delà d'un certain seuil appelé taux d'intérêt d'équilibre25. En cas d'excès de demande, la régulation du marché se fera par les quantités et non plus par les prix. S'en suivra alors un rationnement indifférencié.

24 Étant donné que la responsabilité des entreprises est limitée en cas de faillite, la hausse du taux d'intérêt sélectionne les emprunteurs à plus haut risque, ce qui réduit l'espérance de profit de la banque. Aussi, pour les auteurs, les emprunteurs présentant le plus de garanties au temps t sont ceux qui ont pris de grands risques en t-n et sont susceptibles de pendre davantage de risques en t+n (n > 0).

25 Au de la de ce seuil, l'espérance de profit des banques décroit suite à l'augmentation du risque des projets.

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27

Concernant ce phénomène, Eber (1999) pense qu'en fonction de la nature de l'asymétrie de l'information (ex ante ou ex post) « on ne devrait pas parler «du» rationnement de crédit mais «des» rationnements de crédit » (p. 18). On récence dans la littérature deux grandes catégories de rationnement : par le nombre d'emprunteurs (2.2.1) et sur la taille des prêts (2.2.2).

2.2.1-) Le rationnement par le nombre d'emprunteurs : l'exclusion bancaire

Ce type de rationnement est développé Stiglitz et Weiss (1981) (en contexte d'asymétrie ex ante) et Williamson (1987, cité par Eber, 1999) (en contexte d'asymétrie ex post exclusivement). Comme exposé plus haut, les premiers montrent qu'en raison de la spécificité du marché de crédit (lien prix-risques) l'équilibre du marché est obtenu avec un rationnement indifférencié des emprunteurs qui ont des caractéristiques plus ou moins hétérogènes : c'est le pur rationnement. L'approche de Williamson (1987) est cependant différente. Dans son modèle de coûts de vérification du résultat (costly monitoring), ce sont certains emprunteurs d'un groupe homogène ex ante qui sont évincés du marché suite aux actions de monitoring engagées par les banques. Ces actions sont entreprises lorsque le défaut de paiement se révèle effectif. L'éviction à lieu si la différence entre le paiement requis et celui obtenu est inférieur au coût du contrôle.

Le « red-lining » constitue une autre forme d'exclusion analysée par Stiglitz et Weiss (1981). Ici, les emprunteurs écartés se distinguent de ceux qui ont obtenus le crédit, car ils ont été identifiés comme trop risqués par la banque. Quelque soit le taux en vigueur, ils sont exclus du marché du crédit.

2.2.2-) Le rationnement sur la taille des prêts

Il correspond à une « satisfaction partielle » de la demande exprimée par des emprunteurs qui ne se discriminent pas à l'intérieur d'un groupe (Eber, 1999). Ici, ce sont les conditions de crédits désirées par l'emprunteur qui sont modifiées. Taux d'intérêt, garantie et quantité du crédit sont les principales variables d'action dont disposent les banques pour ce type de rationnement. Quatre situations (non exclusives) peuvent être répertoriées :

- la banque accorde le prêt pour un montant inférieur à celui qui a été demandé (Keeton, 1979). Cette conception repose sur l'hypothèse qu'il existe une relation positive entre le montant emprunté et les difficultés de remboursement (Joseph, 1996) ;

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28

- la banque refuse de prêter au taux d'intérêt désiré par l'emprunteur (Jaffee et Russell, 1976). Cet aspect serait prédominant au Cameroun selon le rapport COBAC (2010) qui mentionne que pour la période Janvier 2009 à Avril 2010 les établissements de crédit ont exigé une prime de risque plus forte aux PME par rapport aux grandes entreprises.

- la banque exige un niveau élevé de garantie à l'emprunteur allant parfois jusqu'à la demande de garanties personnelles.

- la banque refuse de prêter au niveau de maturité voulu par l'emprunteur. Cette modalité est connue sous l'appellation de rationnement sur la nature du prêt (Nekhili, 1999).

Il ressort de l'analyse ci-dessus que les risques qui caractérisent les PME sont de nature à influencer considérablement le comportement des prêteurs en leur conduisant à de fortes restrictions de crédit. Cet obstacle financier ne laisse pas les PME indifférentes. Celles-ci vont donc entreprendre des actions réductrices d'asymétrie d'information dont l'objectif est d'améliorer ex post les conditions de crédit. Parmi celles-ci figure le financement monobancaire qui s'inscrit dans le cadre d'un continuum de l'échange relationnel.

Section II: Le financement monobancaire, entre opportunisme et confiance

Le régime monobancaire s'inscrit généralement dans le cadre d'un financement de type relationnel favorable à la construction d'une relation de clientèle bancaire (Zineldin, 1995 ; Detragiache et al., 2000 ; Farinha et Santos, 2000)26. Ce type de financement est représenté par un continuum aux caractéristiques multidimensionnelles (I). Bien que sa construction ait pour vocation d'améliorer les conditions de crédit bancaire, les incertitudes environnementales et comportementales pourraient entraver cet objectif (II).

I-) Le continuum relationnel des échanges entre banque et PME

Avant d'exposer sur le cas particulier de la relation banque-PME (1.2), il est nécessaire de comprendre le fondement de l'approche relationnelle de financement (1.1).

1.1-) Le fondement de l'approche relationnelle

En dépit de l'existence d'une pluralité de vocables pour qualifier l'approche relationnelle (théorie relationnelle, paradigme relationnel, management relationnel,...) (1.1.2), le point commun est la critique acerbe de la vision (néo) classique de l'échange (1.1.1).

26 Zineldin (1995, cité par Maque, 2007) appréhende même la relation bancaire entre une banque et une entreprise comme proche et de long terme dans un contexte de collaboration continue.

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29

1.1.1-) Critique de la vision discrète des transactions (néo) classiques

L'étude des échanges entre entités économiques est faite, dans la littérature, sur la base de deux grandes approches (transactionnelle et relationnelle) qui reposent elles-mêmes sur des théories opposées : les théories (néo) classiques représentées par la TCT27 et la théorie du contrat social (TCS). Les échanges discrets analysés par les (néo) classiques ont un caractère ponctuel (courte durée), sont indépendants les uns des autres, et sont marqués par peu de fréquence d'interactions entre les deux parties (Dwyer et al., 1987). La perspective purement économique qui prévaut ici attribuée une importance considérable au prix en supposant que toutes les transactions engendrent des coûts préalables à leurs réalisations (Prim-Allaz et al., 2001). Cette vision est prolongée par la TCT qui met en avant le fait que l'opportunisme, le manque de flexibilité, le déséquilibre de pouvoir, le non respect des normes collectives de comportement et la rationalité « calculatrice » et plus particulièrement la spécificité des actifs28 sont les principales variables qui gouvernent les transactions (Ambroise et al., 2009). La minimisation des coûts induits par tous ces facteurs est, selon Williamson (1975), la raison principale du choix, par les agents économiques, de la hiérarchie comme mode de gouvernance de la transaction au détriment du marché.

Cette conception des relations contractuelles est fortement critiquée par plusieurs auteurs dont les travaux relèvent de divers domaines (sociologie organisationnelle, droit, management stratégique, théories des organisations...)29. Macneil est l'un des premiers à s'opposer aux théories (néo) classiques des contrats en critiquant l'absence d'une composante sociale comme la confiance dans sa formulation. Il remet en cause la maximisation du profit comme unique objectif des acteurs en soutenant que celle-ci n'est qu'un objectif parmi tant d'autres. Selon l'auteur, tout dans les relations interpersonnelles ou inter organisationnelles ne peut être anticipé et formalisé en raison de l'incapacité des parties à déterminer, de façon exhaustive, les termes importants du contrat en obligations bien définies (Ambroise et al., 2009). A ce titre, chaque contrat, même dans le cas d'une transaction théorique, inclut des aspects qui sont indépendants de l'objet d'échange lui-même faisant partiellement de tout contrat un contrat relationnel.

27 La théorie des coûts de transaction (TCT) est considérée comme la version la plus développée des théories contractuelles qui s'inscrivent dans la continuité de l'approche (néo) classique (Joffre, 1999).

28 La spécificité des actifs fait référence à son degré de redéployabilité. Plus un actif possède des caractères originaux, moins il est fongible, plus sa valeur d'échange sur le marché est réduite, plus la reconversion des actifs humains et physiques est difficile, plus la substituabilité entre coéchangiste est faible. Williamson (1975) identifie quatre types de spécificité d'actifs : la spécificité de site, la spécificité de destination, la spécificité d'actifs physiques, et la spécificité d'actifs humains (Gabrié et Jacquier, 1994).

29 Voir Ring et Van De Ven, (1992) à ce sujet.

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1.1.2-) De l'échange transactionnel à l'échange relationnel : l'émergence de l'approche relationnelle

Pour Macneil (2000), le contrat est l'ensemble des relations entre des personnes qui ont échangé, échangent et échangeront dans le futur. Il en ressort un cadre temporel tridimensionnel puisque des parties conscientes de leurs rapports passés se rencontrent et échangent en prévoyant que leur relation se poursuivra dans le futur. La relation est ainsi appréhendée dans sa continuité (Dwyer et al., 1987). Or compte tenu des risques relatif à l'incertitude inhérente au long terme, la relation requiert, à travers les interactions, un contrat adaptable, évolutif et personnalisé voir une attitude de confiance entre partenaires pour un meilleur gouvernement de la relation (Ring et Van De Ven, 1992). La confiance « représente les attentes qui se constituent, à l'intérieur d'une communauté régie par un comportement régulier, honnête et coopératif, fondé sur des normes habituellement partagées, de la part des autres membres de cette communauté30. » Fukuyama (1995, p. 26)31. Elle est associée au capital social32 et à la sociabilité organique, autrement dit, à la capacité à coopérer de façon spontanée, c'est-à-dire sur la base de valeurs partagées, informelles, plutôt que sous l'empire de règles édictées par des institutions telles que la famille ou l'autorité publique ou, encore, de contrats formels (Charreaux, 1998). Il émerge ainsi à coté de la dimension économique, une dimension sociale qui caractérise l'échange relationnelle. Ring et Van De Ven (1992),

30 Bien que soit retenue cette conception de la confiance dans la présente étude, Charreaux (1998) précise que ce concept est reconnu comme polymorphe dans la littérature. Mcknight et al. (1995) récence une pluralité de vocables utilisés dans la définition de la confiance : comportement, attitude, confiance, attente, croyance ou ensemble de croyances, variable structurelle, variable interindividuelle. Sur cette base, plusieurs types de confiance peuvent être répertoriés : la confiance interpersonnelle c'est la volonté délibérée d'être vulnérable aux actions d'une autre partie, fondée sur l'espérance que celle-ci accomplira une action importante pour la partie qui accorde sa confiance, indépendamment de la capacité de cette dernière à surveiller ou contrôler l'autre partie. » (Mayer et al., 1995, p. 712)) ; la confiance rationnelle ou calculatoire (elle s'inscrit dans la logique du raisonnement de la théorie économique standard où l'individu opportuniste est mu uniquement par la recherche du profit. Elle a un caractère coconstruit, fonction des calculs rationnels des différents agents) ; la confiance institutionnelle (qui est comprise comme un attribut collectif partagé ente les individus grâce à des construits normatifs et sociaux comme la loi) ; ... (Mcknight et al., 1995 ; Charreaux, 1998 ; Lepers, 2005).

31 Cité par Charreaux (1998).

32 Le capital social désigne l'ensemble des réseaux de relations que les personnes construisent pour résoudre des problèmes communs, atteindre des bénéfices collectifs (réseaux de voisinage, coopératives, clubs, etc.). Cette conception est relative au fait que les individus établissent des relations qui leur permettent de réaliser leurs objectifs de manière plus efficace. Petit à petit, certaines coopérations forment alors des réseaux plus ou moins durables et formalisés au sein desquels les membres partagent des normes, des valeurs communes et un degré de confiance élevé qui renforce la réciprocité et limite les comportements opportunistes. Ces réseaux constituent dès lors une ressource ou un capital qui facilite les transactions entre les agents à l'intérieur d'un groupe en ne rendant pas (ou moins) nécessaire toutes les précautions et les contrôles requis dans un contexte où la confiance fait défaut. Ce capital est social parce qu'il est produit au sein des relations sociales et qu'il n'est donc pas appropriable par un individu.

s'inspirant sans doute des normes contractuelles établies par Macneil (1980) 33, synthétisent les différents caractéristiques des modes alternatifs de gouvernance des transactions qui forment un continuum allant des contrats discrets classiques au contrat relationnel (voir tableau 1.2 ci-dessous). Ces modes de gouvernance des transactions sont définis par les auteurs en tenant compte du niveau de risque associé à l'échange et du degré de confiance existant entre les cocontractants.

Tableau 1. 2: Distinguishing characteristic of forms of transactions

Distinguishing
characteristics

FORMS

 

Hierarchical
managerial
transactions

Recurrent
contracting
ttransactions

Relational
contracting
transactions

Nature of exchange

One-time transfer of property rights

On-going production and rationing of wealth

Episodic production and transfer of property rights

Sustained production and transfer of property rights

Terms of exchange

Clear, complete and monetized, sharp in by agreement, sharp out by pay and performance

Authority structure superior hires subordinate obeys or quits the employment relationship

Certain, complete contingent on prior performance; plans for experimentation on safeguards

Uncertain, open and incomplete; plans for bilateral learning safeguards and conflict resolution

Transaction-
spécific investment

Nonspecific

Idiosyncratic

Mixed

Mixed and idiosyncratic

Temporal duration
of the transaction

Simultaneous exchange

Indefinite

Short to moderate term

Moderate to long term

Status of the parties

Limited, nonunique relation between legally equal and free parties

Structural functional command-obedience role relationship between legally unequal parties

Unlimited, unique relation between legally free and equal parties

Extensive, unique social-embedded relation between legally equal, and free parties

Mechanisms for
dispute resolution

External market norms and social legal system

Internal conflict resolution by fiat and authority

Norms of equity and of reciprocity and societal legal systems

Endogenous designed by the parties and based on trust

Relevant contract
law and governance
structure

Classical contract market governance

Employment contract unified governance

Neoclassical contract market governance

Relational contracts bilateral governance

 

Source : Ring et Van De Ven (1992, p. 486)

Pour Gundlach et al. (1995), l'échange transactionnel implique une réalisation instantanée avec une perspective purement économique et une approche stratégique faible, tandis que l'échange relationnel cible le long terme à travers une optique économique et sociale basée sur une approche stratégique forte. Jackson (1985)34 souligne que la perception

33 Macneil (1980) identifie dix normes, qualifiées de normes contractuelles communes, essentielles à l'occurrence de tout échange, quel que soit sa forme. Cinq de ces normes sont transactionnelles : la réciprocité, la mise en oeuvre du planning, les normes cohésives (la réparation, la confiance et les attentes) et la création et la restriction de pouvoir. Les cinq autres sont relationnelles : l'intégrité du rôle, la solidarité contractuelle, la flexibilité, la réalisation des promesses et l'harmonisation avec la matrice sociale. Ces normes sont polymorphes et de nature contingente selon l'auteur. L'auteur intéressé par la définition de ces normes peut consulter Durif F. (2007), « L'impact de la norme- Intégrité du rôle sur les relations d'affaires interentreprises : une étude exploratoire dans le secteur des services financiers », Actes du colloque de l'ACFAS à Trois- Rivières, Canada, 25 pages.

34 Cité par Durif (2007).

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32

des coûts de transfert (d'informations) est une composante cruciale dans un contexte relationnel. Plus ces coûts sont élevés plus les parties adopterons une orientation relationnelle. Cette assertion trouve justification dans le domaine bancaire avec le financement relationnel.

1.2-) Le financement monobancaire contre l'incertitude entre banque et PME

L'orientation vers le financement relationnel (1.2.2) commence généralement par des signaux financiers révélateurs d'informations sur l'entreprise emprunteuse (1.2.1).

1.2.1-) Les premières approches de réduction d'asymétries d'information

Les mécanismes mis en place ici pour faire face aux problèmes informationnels résultent soit de l'initiative de la banque, soit de la PME et dépendent de la nature des risques encourus (sélection adverse et risque moral). Deux catégories de mécanismes se distinguent :

> Neutraliser les problèmes informationnels à travers les contrats contingents

La littérature récence plusieurs stratégies que peut utiliser la banque à ce sujet :

- L'autosélection par les contrats séparateurs : Cette stratégie, que Bester (1985) appelle « screening », à vocation à éliminer la sélection adverse et se fonde sur les limites du taux d'intérêt et des garanties en tant qu'outils de régulation du marché du crédit. C'est une méthode d'indentification des emprunteurs à niveau de risque élevé ou faible consistant à proposer à ces derniers des paniers de contrats ou le montant de la prime et le niveau de la franchise varient en sens inverse. Le choix d'un panier particulier par un emprunteur est révélateur du risque qui lui est associé. Pour Bester (1985), les plus risqués préféreront a priori les contrats à taux élevés mais à faibles garanties et les moins risqués l'inverse. Par ailleurs, les banques peuvent utiliser des garanties internes (portant sur les actifs de l'entreprise), mais surtout les garanties externes (relatives aux actifs patrimoniaux du propriétaire-dirigeant) pour opérer un « filtrage » des emprunteurs (Eber, 2000).

- L'incitation de l'emprunteur à travers les « debts covenants » : Pour limiter les risques d'aléa de moralité, la banque peut élaborer le contrat de crédit de manière à inciter la PME à respecter ses engagements. Elle peut ainsi introduire dans les contrats de prêts des clauses restrictives (covenants) pour faire face à l'opportunisme de l'emprunteur (Cieply et Grondin, 2000). Ces clauses peuvent concerner la politique d'investissement (afin de décourager le sous investissement et la substitution d'actifs), la politique financière (par la fixation d'un taux d'endettement maximum de manière à éviter un

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trop grand risque de défaillance pour la PME et un risque de défaut supérieur à celui qui résultait de l'analyse ex ante du dossier de la firme pour la banque), la politique de distribution de dividendes (pour s'assurer que le propriétaire ne retirera pas de l'entreprise des montants excessifs de manière à nuire à son équilibre financier).

- L'incitation de la PME par les menaces de rationnement : Ce mécanisme, analysé par Stiglitz et Weiss (1983), a pour but d'inciter l'emprunteur à choisir les projets d'investissement peu risqué. Les auteurs précisent tout de même que l'incitation ne pourra être, dans ce cas, effective que si la menace de rationnement est crédible ex ante.

Tous ces contrats contingents comportent néanmoins quelques limites qui entravent leur mise en oeuvre. On relève à ce titre une ambigüité sur le lien entre le garanties et comportement de l'emprunteur. Contrairement à Bester (1987), Stiglitz et Weiss (1981) soutiennent que les emprunteurs qui présentent le plus de garanties au temps t sont ceux qui ont pris de grands risques en t-n et sont susceptibles de prendre davantage de risques en t+n (n>0). Aussi, en raison de l'incertitude et de l'incomplétude des contrats, l'introduction des covenants n'aurait qu'un effet limité sur le comportement de l'emprunteur. Ce constat confer à ce dernier un rôle primordiale dans la résolution des conflits avec la banque.

> Neutraliser les problèmes informationnels à travers les signaux financiers

La théorie du signal (Akerlof, 1970) postule que les PME informées sur la qualité de leurs projets ont intérêt à transmettre une partie de l'information privée aux banques par le biais d'un « signal ». Un signal est une variable de comportement véhiculeur d'informations permettant à la banque de distinguer les « bons » projets des moins bons (Wamba et Tchamanbe-Djine, 2002). Pour assurer son rôle de véhicule d'information, le signal doit être coûteux de façon à ne pouvoir être imité par les emprunteurs les plus risqués et son échec doit pénaliser lourdement celui qui l'a émis de façon à rendre l'émetteur crédible (Spence, 1973, cité par Goffin, 2001). Structure financière, apports personnels en capital du promoteur et la politique de dividende sont considérés dans la littérature comme des sources d'informations à destination des créanciers.

- Le signal par l'endettement : contredisant le théorème de Modigliani et Miller (1958),

Ross (1977) montre que l'augmentation de l'endettement jusqu'à un certain niveau critique, ne fait pas qu'accroitre le risque, mais signal aussi une plus grande performance. Selon l'auteur, une entreprise est capable de supporter un niveau d'endettement d'autant plus élevé que la probabilité de ses cash flows futurs est

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importante et certaine. Les plus endettées seront donc considérées par le marché comme les plus performantes. A ce sujet, Flannery (1986) et Diamond (1991) attribut une priorité à la dette à court terme lorsque les coûts de transaction sont importants. En empruntant à court terme, la PME accepte non seulement que le refinancement puisse dépendre de ses opportunités d'investissement, mais aussi un plus grand risque de liquidation en cas de défaut. Elle signale ainsi sa valeur aux non informés.

- Le signal par l'apport personnel du promoteur (Leland et Pyle, 1977) : Pour ces auteurs, l'entreprise sera d'autant moins risquée que le promoteur dirigeant-actionnaire consacre une proportion importante de son capital dans le projet. Ce faisant, il renonce à la diversification de son portefeuille source d'économie de coûts et affiche sa croyance personnelle en la réussite de son projet (Wamba et Tchamanbe-Djine, 2002).

- Le signal par les dividendes : Bhattacharya (1979) est le premier auteur à avoir montré le rôle de signal que jouent les dividendes. En effet, le versement de dividende élevé et régulier coûte cher à l'entreprise qui le verse. Un tel versement ne peut être réalisé par une entreprise non performante. Si jamais tel est le cas et que cette dernière soit obligée de le diminuer, la baisse serait perçue par le marché comme l'indice d'une situation catastrophique pour l'entreprise. Le dividende permet donc de distinguer les emprunteurs sur le marché et de réaliser un équilibre de séparation (Goffin, 2001).

Ces mécanismes de signalisation renseignent plus sur la performance de l'entreprise que sur les caractéristiques propres du projet nécessitant le financement. Or généralement, la banque s'intéresse simultanément à la capacité de l'entreprise à être rentable, à assurer sa pérennité et à mener à bien les projets qu'elle entreprend. Il n'en demeure donc pas moins que la résolution des problèmes informationnels passerait par des échanges qui vont au-delà de simples signaux. Ce type d'échanges, qui implique des interactions entre contractant dépassant le champ strictement financier, se retrouve précisément dans un financement de type relationnel voir même une relation de clientèle bancaire.

1.2.2-) Financement relationnel et la relation de clientèle bancaire : des conceptions ambigües

« Un des premiers problèmes auquel se trouve confronter le théoricien est de définir rigoureusement la notion de relation de long terme » (Eber, 1999, p.3). Plusieurs expressions sont en effet employées pour désigner la « bank relationship » : relation de clientèle bancaire, relation de proximité, financement relationnel, relation de long terme, relation de crédit de long terme... Pour l'auteur, une relation de crédit de long terme entre une banque et une firme

est « une répétition dans le temps d'offres et de demandes de crédits émanant respectivement de la banque et de la firme pour le financement des projets d'investissement successifs de cette dernière. ». Cette conception est une vision restrictive de celle que donnent Ongena et Smith (2000) qui définissent la bank relationship comme la connexion entre une banque et un client qui va au-delà de la simple exécution de transactions financières anonymes. Le rôle de la banque ne se réduit pas qu'à l'octroi de crédits mais à la fourniture de multiples services financiers (émission de titres, étude de marché, tenue et suivi des comptes...) (Hodgman, 1963 ; Fama, 1985). A ce sujet, Berger et Udell (1994) identifient trois conditions pour qu'il ait une « relationship lending » :

- l'intermédiaire recueille des informations au delà de celles disponibles au grands public ; - le recueil d'informations se fait au travers de multiples interactions avec l'emprunteur ; - les informations recueillies restent confidentielles.

Boot (2000) synthétise cette représentation en appréhendant la relationship banking comme la fourniture de services financiers par un intermédiaire qui :

- investit afin d'obtenir des informations spécifiques (« informations soft »35) sur son client, le plus souvent de manière prioritaire ;

- évalue la rentabilité de cet investissement à la fois au travers de multiples interactions étalées dans le temps avec le même client et par le biais de plusieurs produits.

Trois principales dimensions caractérisent la bank relationship au regard de toutes ces définitions: les facteurs temps (long terme), le facteur multiproduits (le client est également un déposant) et le facteur géographique (proximité)36 (Guigou et Vilanova, 1999). Elles sont à la base de la distinction entre approche relationnelle et approche transactionnelle de l'échange. Appliquées à la relation de crédit, celles-ci sont dénommées financement transactionnel et financement relationnel. Apoteker (1996) fournit les caractéristiques principales des deux types d'approches de la relation banque-entreprise.

35 La définition des concepts d'informations soft et hard est contenue dans les travaux de Stein (2000) et Petersen (2004). Ils définissent ces concepts de façon comparative en utilisant trois principales dimensions : leur nature, leur méthode de collecte et de traitement et les coûts de production induits. Contrairement à l'information hard qui est de nature quantitative et objective (standardisée et exprimé généralement par des nombres : les états financiers par exemple) et ne requiert pas, pour sa collecte, de contacts personnels (disponible en tout lieu et en tout temps), l'information soft est essentiellement de nature qualitative et subjective. Elle est transmise par des textes incluant des opinions, idées, rumeurs, ... et sa collecte requiert des interactions entre cocontractants. Ainsi, de par sa nature, la collection et le traitement de l'information hard peuvent être séparées : le collecteur d'information pouvant se distinguer de celui qui effectuera le traitement. Il en découle que la nature quantitative et standard de l'information hard induit de faibles coûts de transaction tandis que le caractère subjectif et qualitatif de l'information soft accroit considérablement ces coûts.

36 Zineldin (1995, cité par Maque, 2007) précisait déjà que la relation entre banque et entreprise inclut souvent trois principaux facteurs : l'échange d'informations, l'échange financier (transaction) et l'échange social.

Pour le financement transactionnel : l'échange entre les deux parties est ponctuel, le but est à court terme, spécifique et limité au contenu de la transaction. C'est une relation « à l'acte » indépendante de toute histoire passée ou avenir, l'évaluation du risque est faite prioritairement sur la base d'informations quantitatives contenues dans les documents comptables et le contrat est le mécanisme de gestion de la relation par excellence37.

Pour le financement relationnel : l'échange s'inscrit dans la durée, le but est à long terme. C'est une relation « d'engagement » et l'accent est mis sur la coopération, le risque est considéré comme non-probabilisable car entaché de spécificités irréductibles à une classe donnée d'emprunteurs. L'évaluation du risque se fait sur la base d'informations plus qualitatives (informations soft) que quantitatives (informations hard).

Toutes ses spécificités inhérentes à la monobancarité lui confèrent plusieurs attributions dont l'impact sur les conditions d'accès au crédit est controversé dans la littérature.

II-) Les conséquences de la monobancarité sur l'entreprise emprunteuse

Ces conséquences dépendent du comportement de la banque en matière d'exploitation des informations produites. Cette exploitation peut se faire soit honnêtement dans l'optique de facilité les transactions avec l'emprunteur (2.1), soit de manière opportuniste par les calculs rationnels de la banque (2.3) ou alors peut être limitée par la structure interne de la banque (2.2).

2.1-) Les avantages de la monobancarité

Pour appréhender l'intensité de la relation qui lie la banque et la PME les auteurs utilisent généralement la durée de la relation et l'étendu des services offerts par la banque. L'un des premiers atouts de la monobancarité mis en évidence est son effet incitatif simultané sur la banque et la PME en termes de collecte (production) et de divulgation d'informations soft respectivement (Bhattacharya et Chiesa, 1995). Sous la garantie d'une certaine confidentialité, et l'espoir de meilleures conditions de crédits futurs, l'entreprise est en effet incitée à transférer ces informations non disponibles au public à la banque38 (Yosha, 1995).

37 Soulignons que d'après Apoteker (1996) et Petersen (2004), cette base d'évaluation du risque, plus adaptée pour les grandes entreprises matures et ayant atteint une certaine stabilité dans leur développement, comporte une limite liée à l'instabilité des indicateurs comptables pour les entreprises en croissance comme les PME.

38 A ce sujet, Boot et Thakor, (2001) montrent qu'une stratégie de divulgation totale d'informations soft n'est pas optimale pour l'entreprise. Pour les auteurs, afin d'inciter les investisseurs dans la production d'informations et être mieux valorisée par le marché, l'emprunteur doit divulguer des informations :

> qui précisent et certifient les informations « bruitées » (signal) dont disposent les investisseurs informés désireux d'évaluer leurs impacts sur les cash flows futurs : « to-be processed complementary information »;

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Elle contribue ainsi à solutionner le problème de sélection adverse. L'exclusivité de la relation et son caractère répétitif permet à la banque de développer un savoir de nature subjective sur l'entreprise à travers ses informations dont la production est par nature très coûteuse. Ces avantages informationnels sont la résultante du caractère implicite39 de la relation qui requière un engagement mutuel basé sur la confiance et le respect (Boot, 2000). Cette caractéristique assure une certaine flexibilité dans la renégociation des termes des contrats. Elle améliore de ce fait l'efficacité du processus d'intermédiation (contrôle de l'emprunteur) en rendant de plus en précise l'évaluation du risque de crédit par la banque (Eber, 2000). Cette atténuation du contrôle serait également due à l'effet réputation. En effet, Flannery (1996), Diamond (1991) et Boot et Thakor (1994) montrent que l'historique des remboursements permet à une entreprise, une fois le premier succès connu, de bénéficier d'une bonne réputation auprès des créanciers. Avec le temps, cela va améliorer l'incitation de l'entreprise à réduire les asymétries d'information conduisant à la réduction du problème d'aléa moral.

L'économie de coûts d'information et de contrôle généré par la monobancarité (grâce à la confidentialité, la flexibilité et la réputation) pourrait donc se traduire par un niveau faible de taux et de garantie à la PME [hypothèse confirmée empiriquement par Berger et Udell (1995) ; Blackwell et Winters (1997) et Uzzi (1999)], et par une disponibilité accrue du crédit (Petersen et Rajan, 1994 ; Cole, 1998 ; Berger et al., 2001 ; De Bodt et al., 2005). Cependant, Uzzi (1999), sur les données de la NSSBF de 1987 et1989, ne trouvent pas d'effets significatifs entre la durée de la relation, l'étendu des services offert et la probabilité d'accéder au crédit. L'auteur justifie ce résultat par le fait qu'il existerait un niveau de risque au-delà duquel la relation de clientèle serait sans effets pour l'entreprise. En marge de ces avantages subsistent quelques limites aux effets pervers pour la PME.

2.2-) Structure organisationnelle de la banque comme obstacle à la production d'informations sur l'emprunteur

L'incitation de la banque à collecter et à produire des informations soft sur l'emprunteur peut connaitre des obstacles relatifs à sa structure organisationnelle (notamment sa taille) et à la distance géographique qui la sépare du client. Stein (2000) montre, à ce titre, que la multiplication des niveaux hiérarchiques, résultant d'une taille élevée, provoque des

> non disponibles et complémentaires à celles dont dispose tout investisseur (informé ou non) : « preprocessed complementary information ».

La divulgation d'informations dont disposaient seulement les investisseurs informés (« substitute information ») réduirait, selon les auteurs, l'incitation des créanciers à produire les informations sur l'emprunteur.

39 Ce caractère fait référence au contrat implicite qui se conçoit comme « un principe de coordination intertemporel, fondé sur le consentement mutuel des deux parties qui s'accordent pour échanger selon des conditions distinctes de celles du marché » (Rivaud-Danset, 1996, p. 946).

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problèmes de traitement d'informations soft au sein de la banque. La nécessité d'un transfert d'autorité de la direction vers les chargés de clientèle accroit les coûts de contrôles et d'incitation résultant de l'asymétrie d'information et du comportement opportuniste de ces derniers (Berger et Udell, 2002). Ainsi, les efforts pour coordonner les activités de crédit dans les grandes banques pourraient conduire à une standardisation (approche transactionnelle) de la politique de crédits basée sur des données vérifiables, observables et transmissibles (informations hard). Aussi, les banques étrangères à cause de différences culturelles et de la distance géographique, les banques défaillantes à cause des difficultés à accéder aux risques des PME ont tendance à restreindre le crédit aux entreprises (Berger et al., 2001). En effet, la distance physique qui sépare la banque de la PME augmente les coûts de production d'information soft de nature difficile à transmettre. Ceci provient du fait que ce type d'information nécessite pour sa collecte de multiples interactions entre cocontractants que la distance physique empêche. Les modèles de concurrence spatiale mettent en évidence la distance entre offreurs et demandeurs comme source d'inefficiences à causes de coûts significatifs induits pour les uns comme pour les autres. Ces coûts sont relatifs aux coûts de transport et le renforcement de ceux liés aux asymétries d'information (le temps, les efforts et les frais engagés par un emprunteur qui recherche à interagir avec un potentiel prêteur, Degryse et Ongena, 2007). La distance est de ce fait favorable au comportement opportuniste de la banque du voisinage. Le client devant supporter un coût supplémentaire pour rechercher des banques concurrentes éloignées, la banque du voisinage pourrait ainsi intégrer dans les taux ces coûts de recherche. Elle proposera le même taux que les banques éloignées mais expropriera le client.

2.3-) Opportunisme et laxisme dans la relation monobancaire

Si les auteurs précédents mettent en évidence les biens fondés de la bilatéralisation de la dette en termes d'avantages informationnels pour la banque, Sharpe (1990) et Rajan (1992) montrent que cet avantage pourrait être préjudiciable pour l'entreprise. L'atténuation des problèmes de sélection adverse et d'alea moral que procure un tel régime du coté de l'emprunteur, peut être substitué par un risque moral lié au comportement de la banque. Ce risque va se traduire par une « capture informationnelle » permettant au préteur d'exercer un pouvoir de monopole par l'application de taux d'intérêt élevés (hold-up). En effet, l'exclusivité de la relation confer à la banque « interne » un avantage informationnel par rapport aux banques « externes ». Ces dernières, si elles sont sollicitées, proposeront à l'emprunteur un taux comportant une prime de risque relative à l'imperfection de

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l'information. La banque « interne », en dépit de la parfaite connaissance de caractéristiques de l'emprunteur, pourrait lui proposer le même taux tout l'expropriant [hypothèse confirmée empiriquement par Pozzolo (2004) en Italie et Degryse et Ongena (2005) en Belgique].

En plus de ce problème de hold-up, Kornai (1980, cité par Tioumagneng, 2009) soutient que la confiance sur laquelle repose la relation est à même de limiter la vigilance des créanciers. La relation de clientèle peut ainsi conduire la banque à un refinancement systématique des emprunteurs en cas de difficulté. Cet appui interviendrait lorsque le produit de la liquidation d'un client, dont la défaillance est plus que plausible, ne permettrait pas à la banque de recouvrer ses fonds. Dans ces conditions, celle-ci pourrait, dans l'espérance d'un rétablissement vraisemblable de l'activité du client et de recouvrer les prêts antérieurs, atténuer la contrainte budgétaire de ce dernier (« soft-budget constraint ») par un refinancement systématique. Cette logique remet ainsi en question le rôle de la relation exclusive comme moyen de contrôle, de surveillance et d'évaluation de l'emprunteur tel que le soutient Berger (1999). L'effet de la relation de clientèle sur la disponibilité du crédit pourrait ainsi résulter soit de l'avantage informationnel, soit de l'extrême tolérance de la banque. Aussi, la forte flexibilité de la banque peut conduire le client à adopter ex ante un comportement opportuniste pouvant se traduire par la sélection peut rigoureuse des projets d'investissement voir par des substitutions d'actifs ex post (Bolton and Scharfstein 1996).

Au terme de cette étude théorique portant sur la monobancarité, il à été question de passer en revue la littérature sur les enjeux de l'adoption d'un tel régime pour la PME en terme de conditions de crédit. Il ressort que les travaux reliant la monobancarité, appréhendée sous son aspect relationnel, et les conditions de financement de l'entreprise aboutissent, autant sur les modélisations théoriques que les vérifications empiriques, à des conclusions nuancées et contradictions. L'analyse des travaux fondateurs de cette option de financement montre que la durée et l'étendue des services offerts par la banque sont généralement retenues comme proxies de l'intensité de la relation banque/PME au vue de la forte opacité informationnelle et des risques caractérisant cette dernière. Dans cette perspective, avantages informationnels, flexibilité et réputation qu'engendrent ces proxies, seraient, d'une part favorables à l'atténuation des contraintes financières (Petersen et Rajan, 1994 ; Boot, 2000), mais d'autre part, seraient sources d'opportunisme et d'accentuation de ces mêmes contraintes (Sharpe, 1990 ; Rajan, 1992). La question manquant ainsi de consensus, il est important d'intégrer ces enseignements dans le cadre camerounais afin d'apprécier comment les différentes prédictions théoriques y sont représentées.

CHAPITRE II : L'impact du financement relationnel monobancaire sur le coût de l'endettement des PME camerounaises

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Dans le chapitre précédent, nous avons exposé les modèles fondateurs de la littérature financière relative à la monobancarité comme réponse au rationnement de crédit. Le présent chapitre est une mise au point sur les idées théoriques présentées précédemment. L'objectif n'est pas de procéder à un nouvel examen de la littérature financière mais d'explorer l'incidence de la construction d'un régime monobancaire de financement sur les conditions de crédit des PME camerounaises. Pour ce faire, la première section relatera de l'approche méthodologique de la recherche et la seconde insistera sur l'exposé des principaux résultats obtenus et leurs interprétations.

Section I: Cadre méthodologique de la recherche

La présente recherche s'inscrit dans la logique hypothético-déductive du paradigme du positivisme. Selon cette logique, le but de la science sociale devrait être d'identifier par des explications causales et de dégager des lois fondamentales, qui expliquent les régularités dans le comportement de l'être humain. Elle (la science sociale) procède en posant comme hypothèses ces lois fondamentales et ensuite en déduisant quels types d'observations démontrent la vérité ou la fausseté de ces hypothèses (Usinier et al., 2000). A ce titre, la formulation de l'hypothèse première de la recherche, la description de l'échantillon, les variables et les modèles économétriques conçus sont détaillés dans cette section.

I-) Hypothèse et échantillonnage

La formulation de l'hypothèse première de la recherche (1.1) précèdera la présentation de la population de l'étude (1.2).

1.1-) Formulation de l'hypothèse première de la recherche

Suivant les développements précédents, les problèmes de conditions de financement des PME sont amplifiés dans le contexte d'étude non seulement par la forte opacité informationnelle et les risques qui les caractérisent (Joseph, 1998 ; Wamba et Tchamanbe-Djine, 2002), mais aussi et surtout par le comportement transactionnel des banques (Wanda, 2007 ; Avom et Eyeffa, 2007 ; Tioumagneng, 2009). Ce comportement bancaire est expliqué par « l'effet mémoire » des conséquences de la restructuration bancaire des années 1980 (Fouda, 2009). Ne pourra donc en résulter pas moins qu'un « rationnement exagéré du crédit », basé sur une mauvaise évaluation et/ou une surestimation des risques associés à la PME (Ndjanyou (2001). Il n'en demeure ainsi pas négligeable que les avantages que procure

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la construction d'un régime monobancaire de financement (confidentialité, confiance, incitation à la production et à la transmission d'informations, flexibilité contractuelle, réputation,...) sont de nature à stimuler les cocontractants à résoudre les problèmes de différentiel d'informations. Ce raisonnement permet d'avancer l'hypothèse première de l'étude, représenté par le symbole H1, comme suit :

H1 : le régime monobancaire de financement est lié négativement au coût de l'endettement des entreprises camerounaises.

Cette hypothèse est soutenue par les vérifications empiriques effectuées dans d'autres contextes par des auteurs comme Uzzi (1999, aux États-Unis), Lehmann et Neuberger (2001, en Allemagne) qui, introduisant la théorie de l'interaction sociale dans leurs analyses, trouvent que, tout comme la durée, la confiance qui émerge au fil du temps entre les acteurs accroit la disponibilité du crédit. Aussi, les études de Berger et Udell (1995) et Blackwell et Winters (1997), aux États-Unis, s'inscrivent en faveur de la réduction des charges financières de la PME avec l'étendue de la relation et sa durée.

1.2-) Définition de la population à étudier

Le terme Population s'entend comme l'ensemble des individus, organisations, événements ou objets que le chercheur entend étudier (D'Amboise, 1996). Cette recherche s'intéresse aux PME camerounaises. La contingence de la définition de la PME nécessite que soit préalablement cerné comment est défini l'unité d'analyse de l'étude au Cameroun.

Au Cameroun, une distinction est faite entre PME et PMI. Les PME concernent davantage les secteurs primaire et tertiaire, tandis que les PMI sont des entreprises manufacturières. Indépendamment des domaines d'intervention et de leurs caractéristiques particulières, il existe une multiplicité de définitions proposées par des organismes qui valorisent chacune les PME en fonction de leurs objectifs et de leurs orientations40. Ne seront présentées ici que les définitions de l'INS et du MINPMEESA qui ont été utilisées dans le cadre de cette étude.

40 Nous pouvons citer comme organismes:FOGAPE, BEAC, Conseil Économique et Social, INS, MINPMEESA.

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Tableau 2. 1: Définition de la P.M.E. selon l'INS

Entreprise

Effectif
employés

Chiffre d'affaires annuel hors taxe (en FCFA41)

Micro-
entreprise

4 salariés
maximum

· inférieur strictement à 30 millions pour les activités commerciales ;

· inférieur strictement à 20 millions pour les activités industrielles et artisanales ;

· inférieur strictement à 10 millions pour les activités de service.

Petite
entreprise

Compris entre 5
et 19

· compris entre 30 et 100 millions pour les activités commerciales ;

· compris entre 20 et 100 millions pour les activités industrielles et artisanales ;

· compris entre 10 et 100 millions pour les activités de service.

Moyenne
entreprise

Compris entre
20 et 99

· Strictement supérieur à 100 millions et inférieur ou égal à 1 milliard.

Grande
entreprise

Supérieur à 100

· Strictement supérieur à 1 milliard.

 

Source : adapté de INS (2010), document de travail

En combinant les critères quantitatifs et qualitatifs de définition de la PME, le MINPMEESA a récemment élaboré de nouvelles bases permettant de dissocier la microentreprise, la petite entreprise et la moyenne entreprise (voir tableau 2.2 ci-dessous). Cette recherche retient cette classification en privilégiant la taille (exprimées en nombre d'employés) comme critère de distinction.

Tableau 2. 2: Traits caractéristiques de la PME camerounaise selon le MINPMEESA (2009)

Taille de la
catégorie (nombre
d'employés)

Définition

Traits typiques et contraintes des entreprises sous la catégorie

Effectif d'employés
appartenant dans
la classe
[50 - 150[

Niveau supérieur des
entreprises de taille
moyenne

· ventes à travers ses propres réseaux de communication ou à travers le secteur de la distribution moderne ;

· l'organisation interne existe mais l'habileté à l'organisation du markéting, de la collecte et de l'analyse des informations, et du développement de la ressource humaine est encore faible au vue de la compétitivité internationale ;

· la technologie de production dépend des installations de la ligne de transformation qui sont conçues pour la production de produits spécifiques et par conséquent, presque aucune capacité de développement technologique ;

· la dimension de production est vraiment plus petite que l'échelle d'économie du point de vue de la compétitivité internationale ;

· les fonds peuvent être disponibles par emprunts auprès des banques commerciales.

Effectif d'employés
appartenant dans
la classe
[30 - 50[

Entreprises
de taille moyenne

· ventes en partie à travers le secteur de la distribution moderne ;

· l'organisation interne existe peut être, mais fonctionne incomplètement ;

· la technologie de production dépend des installations de la ligne de transformation qui sont conçues pour production de produits spécifiques ;

· obligé de fonctionner à basse capacité d'utilisation du fait de la dimension limitée du marché local, et de la sévère concurrence des marchandises importées, résultant de l'infléchissement avancé de compétitivité ;

· capable de fournir des garanties pour des emprunts, mais peu disposé à accéder à des fonds extérieurs à cause des niveaux élevés de coûts (taux d'intérêt).

Effectif d'employés
appartenant dans
la classe
[10 - 30[

Entreprises
de petite taille

· les ventes dépendent de la demande limité de la région avoisinante ;

· petite organisation interne au personnel spécialisé dans quelques fonctions telles que la vente et la comptabilité ;

· motivation positive pour l'expansion et l'amélioration de l'affaire, mais sont découragées par les contraintes de fonds ;

· capable de fournir des garanties pour des emprunts, mais peu disposé à accéder à des fonds extérieurs à cause des niveaux élevés de coûts (taux d'intérêt) ;

· technologie provenant de l'expérience du propriétaire.

 

41 Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale.

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Entreprises avec
moins de 10
employés

Micro-
entreprises

· Les ventes dépendent de la demande limité de la région avoisinante ;

· Fonctionnement par l'auto emploi en familiale, sans organisation interne ;

· Difficultés pour obtenir le fonds de roulement.

 

Source : MINPMEESA (2009).

La population d'étude étant identifié, la suite se propose de présenter comment celle-ci a été approchée pour procéder à la collecte des informations nécessaires à l'analyse.

1.3-) Méthodes et instruments de collecte des données

La présentation de la méthode utilisée pour constituer l'échantillon requiert au préalable un exposé des instruments de collecte des données.

1.3.1-) La collecte des données

Les données utilisées pour les fins de la présente recherche proviennent d'une part des Déclarations Statistiques et Fiscales (DSF) déposées par les entreprises auprès de l'Institut National de la Statistique (INS) et d'autre part ont été recueillies dans le cadre d'une enquête auprès des PME de la ville de Douala. Les DSF ont servi de base de départ pour l'indentifications des entreprises susceptibles d'appartenir à la population cible de l'étude42. Priorité a été donnée à une collecte d'informations à large échèle dans le souci d'appliquer notre problématique à un maximum de PME. Nous avons donc opté pour l'enquête par questionnaire comme moyen de récolte des informations nécessaires pour opérationnaliser les modèles. Sachant qu'il n'est pas possible de construire un questionnaire parfaitement exhaustif et dans l'optique de ne pas l'alourdir et mettre en péril le taux de réponse, nous avons opté pour des questions ne demandant pas un travail de recherche trop important pour le répondant. Le questionnaire administré aux entreprises comprend ainsi trois parties (voir annexe n°2):

- la première (de 0 à la question Q.7-) relate des caractéristiques générales de l'entreprise : raison sociale, secteur d'activité, taille, âge, structure de l'actionnariat...,

- la seconde (de la question Q.8 à la question Q.14) s'intéresse à la structure d'endettement de l'entreprise notamment ses modes de financement externe (banque, établissement financier, microfinance, tontine,...) et son régime de financement, et

- la troisième (de la question Q.15 à la question Q.22) se concentre sur la relations bancaires de l'entreprise dans l'optique d'apprécier l'intensité de la relation de clientèle qui existe entre l'entreprise et sa banque.

42 La population de l'étude est constituée des PME tandis que la population cible est constituée des PME qui s'endettent auprès des banques.

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45

Le contexte de méfiance et de suspicion généralisé des responsables des entreprises exerçant au Cameroun à communiquer les informations concernant leurs entreprises à des tiers nous a conduits à privilégier une administration du questionnaire en personne à travers un « face à face ». Selon D'Amboise (1996), cette façon de recueillir les informations garantie une certaine fiabilité et est particulièrement appropriée lorsque les membres de l'échantillon peuvent facilement être réunis dans un lieu commun. Elle garantie un temps de réponse court, une clarté des réponses, un taux de participation élevé et l'anonymat des sujets est préservé. Pour parvenir à cette fin, nous avons fait face à plusieurs contraintes : de coûts, de temps impartis et même de localisation des entreprises. Pour contourner ces difficultés, l'utilisation des réseaux relationnels et parentaux (camarades, amis, cousins, frères, oncles,...) a été d'une utilité et d'une importance indéniables pour rencontrer les différents répondants. Néanmoins, lorsque le « face à face » n'était pas possible, une simple administration s'imposait. C'est ainsi que sur 497 questionnaires soumis aux dirigeants des entreprises, 324 ont obtenus réponses pour un taux de 65,19 %. Parmi les réponses obtenues, 189 (38,03 %) seront jugées exploitables une fois faits les nettoyages indispensables pour éliminer les entreprises qui n'ont jamais eu recours à l'endettement bancaire ou celles dont les données sont « incomplètes ». Ces taux, globalement satisfaisant, ont été atteint surtout grâce à la technique d'administration en « face à face » facilité par l'utilisation de réseaux relationnels.

1.3.2-) La méthode d'échantillonnage

Cette recherche est menée sur deux échantillons distincts par le régime de financement adopté (monobancarisation Vs multibancarisation). La formation a reposé sur le processus de sélection aléatoire. Le point commun des deux échantillons est qu'ils sont constitués des entreprises qui s'endettent auprès des banques. Afin de constituer des échantillons homogènes quant à la stratégie de financement adoptée, quelques restrictions ont été utilisées. Certains secteurs ont été retirés des échantillons initiaux parce que présentant un fonctionnement financier particulier (banques, services financiers, sociétés de crédit-bail, compagnies et courtiers d'assurances) ou parce que leur fonctionnement économique est difficile à appréhender compte tenu des données disponibles. Les filiales de groupes ont ainsi été écartées afin d'isoler les comportements financiers individuels des dynamiques éventuellement induites par la présence et l'intervention possible d'une maison mère dans leurs financements.

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46

Les données utilisées portent sur les années 2008 et 200943 (représentée par t-1 et t) et concernent les entreprises exerçant principalement dans la ville de Douala au Cameroun. Bien que les données portent sur deux périodes, l'étude est assimilable à une étude transversale, les données de l'année 2008 servant à expliquer celles de 2009. Ce choix se justifie, comme le note Shikimi (2005), par le souci de minimiser l'effet du changement de banque par les entreprises. En effet, traiter du problème de conditions de financement requiert que ce soit la (les) même(s) banque(s) qui finance(nt) l'emprunteur. Or la prise en compte de la possibilité pour une entreprise de changer de banque d'une année à l'autre constitue dans ce cas un biais pour les séries en coupe longitudinale voire même temporelles. Le choix de la ville de Douala comme lieu d'investigation est lié au fait qu'elle est la ville du Cameroun et même de la sous-région CEMAC44 où l'on rencontre le plus d'entreprises. L'enquête menée en 2007 par l'INS sur 6027 entreprises exerçant au Cameroun (dont 5243 ont effectivement été retenues) révèle que cette ville à elle seule regroupe environ 56,3 % des PME Camerounaises45.

L'échantillon n° 146 relatif à cette partie de l'étude, est représenté par les entreprises ayant optés pour le régime monobancaire de financement comme choix stratégique. Il est constitué de 91 PME. Ses principales caractéristiques sont agrégées dans le tableau 2.3 ci-dessous :

43 Précisons que le fait de travailler sur des données en coupe transversal nécessite que la taille de l'échantillon soit importante pour permettre une plausible généralisation des résultats de la recherche. C'est en partie pour cette raison que la collecte des données a nécessité plus de 4 mois d'investigation (d'Août à Décembre 2011).

44 La Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) a été créée en 1996. Elle remplace dans sa composante réelle l'Union douanière et économique de l'Afrique centrale (UDEAC) qui existait depuis 1964. La CEMAC regroupe six pays membres : le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée-Équatoriale, la République centrafricaine et le Tchad. Elle est composée de deux unions régies chacune par une convention (BEAC, 1996). D'une part, il y a l'Union monétaire de l'Afrique centrale (UMAC). Celle-ci repose sur un ensemble de règles de coopération monétaire entre les pays membres et la France. Son objectif est, à travers la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC), d'émettre la monnaie et d'en garantir sa stabilité intérieure et extérieure. Elle apporte également sans préjudice à cet objectif, son soutien aux politiques économiques générales élaborées dans l'Union. D'autre part, il y a l'Union économique de l'Afrique centrale (UEAC) qui a pour rôle, de favoriser la réalisation d'une intégration économique réelle à travers la suppression progressive des barrières douanières et contingentements. Elle vise en plus le renforcement de la compétitivité des activités économiques et financières, la convergence des politiques budgétaires nationales avec la politique monétaire commune, ainsi qu'une véritable coopération dans de nombreux domaines tels que l'industrie, le tourisme, les transports, la formation professionnelle, l'énergie, l'agriculture, etc.

45 Les résultats concernant les autres villes Camerounaises sont respectivement de 27,5 % pour Yaoundé, 3,2 % pour Garoua, 1,2 % pour Edéa 1,0% pour Bafoussam et 10,8 % pour les autres villes.

46 Rappelons tout de même que l'échantillon 2 sera présenté à la deuxième partie du travail puisque faisant logiquement objet de cette partie.

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Tableau 2. 3: Statistiques descriptives de l'échantillon n° 1

EFFECTIF POURCENTAGE CUMUL

 

Sociétés à responsabilités limitées (SARL)

45

49,5 %

49,5 %

 

SARL Unipersonnel

14

15,4 %

64,8 %

STATUT

Sociétés anonymes (SA)

18

19,8 %

84,6 %

JURIDIQUE

 
 
 
 
 

7

7,7%

92,3 %

 
 

Sociétés coopératives

7

7,7%

100 %

 

SECTEUR
D'ACTIVITÉ

Industrie

18

19,8 %

19,8 %

 

50

54,9 %

74,7 %

 

23

25,3 %

100 %

CATÉGORIE

Microentreprises [1-9] employés

10

11,0 %

11,0 %

 

Petites entreprises [10-29] employés

38

41,8 %

52,7 %

D'ENTREPRISE

 
 
 
 
 

33

36,3 %

89,0 %

 
 

Taille supérieure de la moyenne entreprise

10

11,0 %

100 %

[50-149] employés

 
 
 
 
 

ÂGE

[1-3] ans

4

4,4 %

4,4 %

 

47

51,65 %

56,05 %

 

37

40,66 %

96,71 %

 

3

3,29 %

100 %

ENTREPRISES

Non

6

6,6 %

6,6 %

RATIONNÉES AU

 
 
 
 

PREMIER

Oui

Rationnement sur la taille des prêts

27

29,7 %

36,3 %

CONTACT
BANCAIRE

 

Rationnement par exclusion bancaire

58

63,7 %

100 %

 

RÉACTION AU
RATIONNEMENT

Reste dans la même banque

Changement de banque

26

65

28,6 %

71,4 %

71,4 %

100 %

47

TOTAL

91

100 % -

 

Source : de l'auteur à partir de la base de données constituée

Le tableau ci-dessus mérite quelques commentaires :

- Il met en évidence le fait que les SARL sont majoritaires avec un représentation dans l'ordre de 64,8 %. Elles sont suivies respectivement des SA, des sociétés individuelles et des sociétés coopératives dans les proportions respectives de 19,8%, 7,7% et 7,7%.

- L'échantillon est dominé par les entreprises du secteur commercial avec 54,9 %,

suivent celles du secteur des services (25,3 %) et celles des industries (19,8 %).

- Concernant la taille, les entreprises de moyenne taille sont globalement majoritaires avec 47,3 % réparti à raison de 36,3 % pour les moyennes entreprises et 11 % pour la

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48

taille supérieure de la moyenne entreprise. Elles sont suivies par les petites entreprises avec un pourcentage de 41,8 %. Les microentreprises ne sont représentées qu'à raison de 11 % seulement.

- L'âge de l'entreprise est un paramètre important dans l'appréciation de la qualité de l'entreprise. Nous remarquons à la lecture du tableau une forte concentration des entreprises dans la tranche d'âge [4-9] ans qui est évaluée à 92,31 % (51,65 %+40,66 % représentant les tranches [4-6] et [7-9] ans respectivement). Les entreprises de moins de 4 ans et de plus de 9 ans représentent 7,69 % de l'échantillon (soit 4,4 % + 3,29 %).

- Bien que l'échantillon soit constitué des entreprises qui ont été victimes, au moins une fois d'un rationnement sur le marché du crédit bancaire, 93,4 % de celles-ci admet avoir été rationné dès leur premier contact avec la banque (dont 63,7 % par refus d'accord de prêt par la banque et 29,7 % rationné sur la taille des prêts).

- Le tableau met également en évidence la diversité des orientations monobancaires des entreprises de l'échantillon. C'est ainsi que 71,4 % des entreprises ayant choisi ce régime de financement admettent avoir tout d'abord changé de banque.

II-) Variables de l'étude et modèle opératoire

La définition de l'ensemble des variables relatives à l'hypothèse première (2.1) permettra la mise en oeuvre du modèle opératoire (2.2).

2.1-) Les variables de l'étude

Seront présentées successivement les variables expliquées (2.1.1) et explicatives (2.1.2) de la recherche.

2.1.1-) Les variables expliquées ou endogènes

Les conditions de crédit sont appréhendées par une double dimension dans la littérature. L'une fait référence à la quantité de crédit obtenue et l'autre à la qualité du crédit (taux d'intérêt et/ou garantie) (Petersen et Rajan, 1994). C'est cette dernière dimension qui est au centre de cette recherche. En basant sur les analyses de COBAC (2010) qui constate que les « les banques ont inventé sous diverses dénominations de nouveaux frais fixes qui pèsent sur le coût du service bancaire » (p. 6), nous avons choisi le rapport frais financiers / (Dettes financières + Concours bancaires courants) comme représentant le coût moyen de

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49

l'endettement des entreprises. Cette mesure est empruntée à Cieply et Paranque (1997) et Bonfim et al. (2010). Les données de cette variable concernent l'année 2009 (t).

2.1.2-) Les variables explicatives ou exogènes

Les variables utilisées comme proxies du financement relationnel inhérent à la monobancarité sont relatives à l'année 2008 (t-1) et sont représentées par :

> X1 : Durée de la relation bancaire. L'intensité de la relation qu'entretient la PME avec la banque ne peut être mesurée directement. La littérature empirique utilise donc généralement la durée (exprimée ici en nombre d'années) de la relation avec la banque comme première proxy de cette intensité (Petersen et Rajan, 1994 ; Ongena et Smith, 1997 ; Cole, 1998,...). Selon Berger et Udell (1994,), cette durée est synonyme de production d'informations soft sur l'emprunteur par un prêteur particulier (sa banque) reflétant de fait le monitoring exercé à l'opposé de l'âge de l'entreprise qui représente plutôt les informations hard source de réputation. L'effet attendu de cette variable sur les conditions de crédit est favorable à l'emprunteur.

> X2 : Étendue de la relation bancaire. En accord avec les arguments de la « théorie de compte chèque » de Hodgman (1963) et Fama (1985), la relation de clientèle est fondamentalement caractérisée par le fait que la banque offre à son client plusieurs services financiers et non pas seulement du crédit. Ce second proxy matérialise la fréquence des contacts et donc des interactions entre l'entreprise et sa banque. Elle est le reflet de l'acquisition d'informations subjectives dans le temps et en continue, grâce à de multiples transactions portant sur divers services (Cole, 1998). Un lien négatif entre cette variable et le coût de l'endettement est par conséquent anticipé.

> X3 : Appartenance à même réseau de relationnel : c'est un indicateur de proximité et de l'orientation relationnelle de l'entreprise dans ses échanges avec la banque. C'est une variable binaire prenant la valeur 1 lorsque l'entreprise admet appartenir à un même réseau relationnel que sa banque 0 dans le cas contraire. Précisons à toute fin utile que les questions Q.15 et Q.19 fournissent des informations relatives à cette variable (voir annexe n° 2). La participation de la banque au capital permet ainsi d'apprécier l'efficacité du monitoring de l'emprunteur mais également d'évaluer l'engagement et la confiance pouvant émerger de leur relation. La nature qualitative de cette variable

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impose, pour des besoins de régression, de procéder en un codage « cornered effet »47. X3 est ainsi recodée en X3.1 lorsque X3 prend la valeur 1 et X3.2 pour X3 = 0. Seule la variable X3.1 sera intégrée dans l'équation de régression.

A ces variables, s'ajoutent en rapport avec les différentes justifications théoriques des conditions de crédit les variables de contrôle suivantes :

> X6 : Âge de l'entreprise mesurée en nombre d'année écoulée depuis sa création, elle est un indicateur de la réputation acquise (grâce à un certain historique) par la firme. Pour Diamond (1991), un âge élevé de la société implique, aux yeux de ses partenaires, une démonstration de sa capacité à survivre dans un environnement concurrentiel et incertain. Indicateur de la qualité de l'entreprise, le signe attendu de cette variable est négative pour le coût de l'endettement.

> X7 : Taille de l'entreprise : elle est mesurée par le logarithme de l'effectif du personnel sur l'année de prélèvement de l'échantillon. Elle est représentative du degré d'opacité informationnelle inhérente à l'entreprise (Berger et Udell, 2002). Les entreprises de petite taille sont réputées plus opaques que celles de grande taille. Une liaison inverse avec le coût de l'endettement est par conséquent anticipée.

> X8 : Performance de l'entreprise est approchée par le ratio résultat net / Total actif). Celle-ci joue un rôle important dans l'appréciation de l'entreprise par les créanciers et également dans les choix financiers des dirigeants. Il est, de ce fait important de comprendre l'impact de cette variable sur le coût de la dette.

> X9 : Solvabilité de l'entreprise, représentative du risque financier de l'entreprise, est mesurée par le ratio (dettes financières + CBC) / Total actif.

> X10 : Liquidité de l'entreprise : elle est mesurée par le ratio de (Actif circulant + Trésorerie actif) / (Passif circulant + Trésorerie passif) représentatif du risque financier de l'entreprise. Plus le ratio est faible, plus la PME contient de risque de défaut de remboursement des dettes de brève échéance. car l'endettement excessif entraîne des frais financiers importants ce qui nuit à la santé de l'entreprise. Les PME dont le risque de liquidité est faible sont plus exposées au risque de rationnement du crédit.

47 Cette technique consiste à transformer une variable qualitative X à k modalités en une variable numérique. À chaque modalité k de X, on associe une variable indicatrice Zk tel que : Zi, k = 1 si Xi = k et = 0 sinon. La régression à effectuée ne prendra en considération que (k-1) indicatrices ; la dernière servant de référence afin d'éviter les problèmes de dépendance entre les vecteurs colonnes de la matrice X (Rakotomalala, 2011).

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> X11 : Garantie potentielle de l'entreprise. Mesurée par le rapport immobilisations corporels/Total actif, elle représente à la fois les garanties que peut offrir l'entreprise à ses créanciers et le risque associé à son activité. Cette mesure est similaire à celle utilisée par Nekhili (1999) pour évaluer ce qu'il appelle Actifs fixes. Une valeur faible de cette variable est le reflet d'un investissement considérable en actifs intangibles qui sont, par nature, des actifs risqués (Tioumagneng, 2009). Aussi, les coûts d'agence de la dette augmentent avec la propension de l'entreprise à substituer ses projets, ce qui constitue un risque d'aléa de moralité. Shikimi (2005) considèrent que la rigidité des actifs est une proxy inverse du risque de substitution des actifs. Ce ratio élevé indique une rigidité du capital, donc moins de risque d'aléa de moralité (substitution des actifs) et plus de dettes (Stiglitz et Weiss 1981). La tangibilité des actifs augmente ainsi la valeur des garanties et réduit le coût d'agence de la dette. Nous anticipons par conséquent un lien négatif entre cette variable et le coût du crédit.

Les variables ainsi définies nous permettent de mettre en évidence le cadre opératoire de l'étude.

2.2-) Le cadre opératoire relatif à l'hypothèse 1

2.2.1.) Présentation du cadre opératoire

Les proxies de la relation monobancaire identifiés précédemment permettent de résumer le modèle opératoire par la figure suivante :

Figure 2. 1: Schéma général du cadre opératoire retenue pour l'hypothèse 1

VARIABLES RELATIONNELLES

- Durée de la relation bancaire t-1

- Étendue de la relation bancaire t-1 - Appartenance à un même réseau relationnel t-1

VARIABLES DE CONTRÔLE

Influence

Coût de
l'endettement t

- Taille de l'entreprise t-1

- Âge de l'entreprise t-1

- Performance de l'entreprise t-1

- Solvabilité de l'entreprise t-1

- Liquidité de l'entreprise t-1

- Garanties potentielle de l'entreprise t-1

51

Variables explicatives : x t-1

Source : De l'auteur

Variable expliquée : y t

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2.2.2.) Modèles et équations

Le traitement des données est fait à l'aide du logiciel SPSS 17.0 (Statistical package for the Social Sciences version 17.0). Le modèle linéaire général est le modèle choisit pour l'analyse des données de l'étude. Ce modèle choisit non seulement en référence aux travaux effectués dans ce domaine par plusieurs auteurs48, mais aussi en ce basant sur la matrice du choix du type de régression telle que décrite par Rakotomalala (2011) ci-dessous.

Tableau 2. 4 : Matrice du choix du type de régression

VARIABLES EXOGÈNES (X1, X2, ..., Xp)

VARIABLE
ENDOGÈNE
(Y)

Quantitatives (Qt)

Qualitatives (Ql)

Mélange (Qt et Ql)

Quantitative

· Régression multiples

· Analyse de la variance

· Modèle linéaire général

Qualitative

· Régression logistique

· Segmentation

· Analyse factorielle discriminante

· Analyse discriminante Bayesienne

· Régression logistique

· Segmentation

· Analyse factorielle discriminante

· Régression logistique

· Segmentation

· Analyse factorielle
discriminante

 

52

Source : adapté des analyses de Rakotomalala (2011)

Le caractère numérique continue de la variable endogène nous conduit donc, en suivant la logique de ce tableau, au choix du modèle linéaire général. Théoriquement, la régression multiple renvoie à un modèle ou une variable dépendante (Yi) est interprétée selon une relation linéaire en fonction de plusieurs indépendantes X1, X2, ..., Xp et d'un terme d'erreur åi. Sous forme d'équations matricielles, le modèle de cette étude prend la forme suivante :

Y t = X t-1.â + å

- Y t représente le vecteur de coût de la dette au temps t (2009) ;

- X t-1 est le matrice constituée des variables exogènes au temps t-1 (2008) ; - â est le vecteur des coefficients associés aux variables ;

- å est le vecteur des termes d'erreur du modèle.

 

L'application des moindres carrées ordinaires consiste à trouver les coefficients estimés qui minimisent la somme des carrées des erreurs. Pour ce faire, en plus de la relation supposée linéaire entre endogène et exogènes, la régression multiple repose sur deux grandes catégories d'hypothèses : les hypothèses structurelles sont liées globalement à l'absence de relation entre les exogènes (absence de colinéarité) et à la supériorité du nombre d'observations sur le nombre de variables (terme constant inclus) ; les hypothèses stochastiques concernent quant à elles une absence de liaison entre les exogènes et l'erreur de

48 Comme auteurs ayant utilisé le même modèle, on peut citer : Petersen et Rajan (1994), Berger et Udell (1995), Blacwell et Winters (1998) et Degryse et Ongena (2005), Ziane (2003).

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53

spécification, une moyenne nulle des termes d'erreur, une variance constante pour chaque terme d'erreur et une absence de corrélation entre les différents termes d'erreur.

Pour s'assurer du respect de ces hypothèses, plusieurs instruments d'analyse sont employés dont les principaux utilisés dans cette recherche sont les suivants :

> l'étude de la colinéarité (bilatérale) est effectuée à l'aide des tests sur les coefficients de corrélation linéaire simple dit de Bravais-Pearson. De manière empirique, le coefficient de Bravais-Pearson (rxy) entre deux variables X et Y, dont le lien est supposé linéaire, est obtenu en rapportant la covariance de ces deux variables au produit de leurs écart-types. La statistique du test est la suivante : tc = (n-2)1/2. rxy /(1- r2xy)1/2 . Elle suit une loi de Student à (n-2) degrés de liberté. L'hypothèse nulle de corrélation est rejetée pour un seuil choisi á si Itc> t(á/2, n-2) ;

> la porté limitée de ces tests (bilatéraux) dans le cas d'une régression multiple requière que soient effectués des tests de détection de multi-colinéarité des exogènes. Ces tests ont pour finalité de trouver le mix optimal d'exogènes, c'est-a-dire les variables explicatives qui sont les plus corrélées à l'endogène tout en étant moins corrélées entre-elles. Le logiciel SPSS 17.0 permet de mettre en oeuvre deux principaux tests à ce sujet, celui de présomption de multi-colinéarité (ou test de Klein) et celui relatif au facteur d'inflation de la variance (Vif j) ou au coefficient de tolérance (T j) :

· le test de Klein repose sur le principe suivant : Nous calculons normalement la régression linéaire multiple sur y= a0+ a1x1 +a2x2 + .... +apxp +å, nous recueillons le coefficient de détermination R2. Nous calculons les corrélations croisées entre les variables exogènes xj et xt : rjt (j=1,2,..., p ; et t=1,2,..., p avec i ? j). Il y a présomption de colinéarité s'il existe au moins un couple de variables (xj,xt) tel que R2 < r2jt ou encore R2 r2jt.

· les deux mesures (Tolérance et Vif) sont bâties à partir de régressions artificielles (sans prétention d'interprétation) où une variable explicative du modèle étudié est « régressée » sur les autres variables explicatives du modèle. Il faudra effectuer la régression d'une exogène xj avec les (p-1) autres exogènes, puis analyser le coefficient de détermination R2j associé à chaque variable j. On défini le coefficient Vif j = 1/Tj (avec Tj le coefficient de tolérance : Tj = 1 - R2j). Plus R2 j est élevé, plus Tj est faible, plus Vif j est élevé et plus l'exogène Xj souffre de colinéarité. On décide qu'il y a un problème de multi-colinéarité lorsque qu'au moins un des Vif j ? 4 (ou encore T j = 0,25 soit R2 j ? 0,75) (Rakotomalala, 2011).

Une fois tous ces tests effectués et les coefficients des variables estimés, reste à juger de leur significativité et de la validité des hypothèses stochastiques du modèle.

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54

> Concernant la significativité, deux principaux tests sont utilisés : le test de significativité globale et le test de significativité individuelle. Ces tests sont mis en oeuvre de la manière suivante :

· la significativité globale ou encore de capacité prédictive du modèle est testée à l'aide de la statistique de Fisher ou F* = (n-p-1).R2/ p.(1-R2) suit une Fisher à p et (n-p-1) degrés de liberté. Le modèle est globalement explicatif si F*>F(p, n-p-1).

· la significativité individuelle des coefficients est analysée à l'aide de la statistique de

^

Student : t *

âi

= âi/ ^ suit une Student à (n-p-1) degrés de liberté (avec

ó â i

óâi l'écart-type

 

estimé de âi). Le coefficient de régression est significativement différent de 0 si

t * âi > t

a/2 n p 1 .

- -

> La validité des hypothèses stochastiques :

· l'analyse graphique des résidus à travers le diagramme Q-Q plot (quantile-quantile plot) ainsi que l'histogramme est complétée par le test de Shapiro-Wilk pour s'assurer que les erreurs suivent une distribution normale.

· le graphique entre les résidus normalisés et les valeurs prévues normalisées de la variable dépendante permettent de déceler certaines transgressions importantes des hypothèses relatives aux termes d'erreur. Si les résidus normalisés se distribuent de manière relativement uniforme autour de zéro et sans une trop grande dispersion au-delà des repères 2 et -2, on considérera généralement que l'hypothèse de la variance constante des termes d'erreurs est respectée (Stafford et Bodson, 2006). Cette analyse graphique est complétée par le test de Gleisjer. Ce test permet non seulement de déceler une éventuelle hétéroscédasticité, mais aussi d'identifier la forme que revêt cette hétéroscédasticité. Il consiste synthétiquement à régresser linéairement la valeur absolue des résidus obtenues d'un modèle avec chaque variables exogènes et à étudier la significativité des coefficients. Une significativité d'un des coefficients calculés est une preuve d'une hétéroscédasticité dont l'auteur (Gleisjer) propose des mesures correctives. Étant donné que ce test nécessite une mise en oeuvre manuelle dans le logiciel SPSS 17.0, il ne sera fait allusion dans ce travail qu'en cas de résultat positif.

C'est sur cette méthodologie ainsi présentée que sera bâti l'ensemble des résultats qui figurent à la section suivante.

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Section II: La monobancarisation, une source de réduction du coût de l'endettement des PME camerounaises

Cette section est consacrée à la mise en oeuvre de la phase terminale de l'approche méthodologique présentée précédemment. Nous avons procédé, au moyen du logiciel SPSS 17.0, à un ensemble d'analyses descriptives (I) suivies de régressions permettant l'application de différents tests statistiques. Ces tests, destinés à vérifier la significativité des différents paramètres des modèles, ont ensuite fait objet d'interprétations (II).

I-) Analyse descriptive et tests de corrélation sur les variables

L'exécution des tests de corrélation entres les variables (1.2) s'effectuera après une analyse descriptive de ces dernières (1.1).

1.1-) Analyse de l'orientation relationnelle des PME monobanques

Cette partie présente quelques caractéristiques statistiques d'un ensemble de variables qui indiquent la l'orientation relationnelle et la situation financière des entreprises de l'échantillon. Il s'agit principalement d'une part des moyennes non pondérées, des médianes, des écarts types respectifs ainsi que des valeurs minimales et maximales pour les variables quantitatives, et d'autre part des fréquences pour les variables qualitatives. Ces caractéristiques sont résumées dans les tableaux ci-dessous :

Tableau 2. 5 : Statistiques descriptives des variables retenues dans les modèles empiriques relatives à l'hypothèse 1

 

N

Moyenne

Médiane

Écart-type

Asymétrie

Aplatissement

Min.

Max.

Valide

Manquante

Y

91

0

0,1963

0,1943

0,04520

0,153

-0,853

0,11

0,28

X1 :

91

0

4,6374

5,00

1,47961

-0,317

-1,038

2

7

X2 :

91

0

14,7802

15,00

1,45909

0,283

-0,702

12

18

X3.1 :

91

0

0,46

0,00

0,501

0,157

-2,020

0

1

X6 :

91

0

6,26

6,00

1,775

0,016

-0,311

2

10

X7 :

91

0

3,2671

3,3322

0,55946

-0,734

-0,226

1,95

4,09

X8 :

91

0

0,0009

0,0011

0,00441

0,243

1,261

-0,01

0,02

X9 :

91

0

0,2211

0,2019

0,12201

0,312

-1,051

0,03

0,47

X10 :

91

0

0,6606

0,6436

0,31845

0,262

-0,656

0,05

1,34

X11 :

91

0

0,3220

0,3119

0,17128

0,605

-0,123

0,2

0,76

Source : De l'auteur à partir de la base de données constituée

A regard de ces statistiques, la forte dépendance des entreprises à l'égard du financement externe est perceptible avec un ratio d'endettement (X9) moyen de 22,11 % pour

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56

une valeur maximale de plus de 47 %. Cette forte dépendance semble être favorisée par une capacité d'autofinancement réduite comme l'indique la performance (X8) moyenne des PME qui est de 0,09 % pour une valeur maximale de 2 %49. Le tableau ci-dessus met également en évidence le fait que les PME monobanques ont en moyenne une durée de relation bancaire de plus de 4 ans (moyenne =4,64). Un rapprochement de cette durée avec l'âge de l'entreprise montre qu'en moyenne, la relation monobancaire a débuté moins de deux année après la création de l'entreprise (6,26 - 4,64 = 1,62). Aussi, la fréquence de contact entre la banque et l'entreprise que traduit la variable Étendue de la relation bancaire est de 14,78. Cela signifie que les PME monobanques utilisent en moyenne 14 des services bancaires listés à la question Q.18-) (voir questionnaire à l'annexe n°2). Ces statistiques cachent en réalité des comportements quelque peut divergent lorsqu'on s'intéresse aux différentes catégories d'entreprises comme le montre la figure 2.2 ci-dessous. Il y ressort que les moyennes entreprises de taille supérieure ont une durée bancaire minimum de 3 ans tandis que les microentreprises ont tendance à rompre leur relation bancaire au delà de trois années. Cette figure met également en évidence le fait que les moyennes entreprises conservent leurs relations bancaires pendant au moins 5 ans comme le témoigne la croissance de leur nombre avec la durée de la relation.

Figure 2. 2 : La durée de la relation bancaire par catégorie d'entreprises monobanques

Durée de la relation bancaire

Source : De l'auteur à partir de la base de données constituée

49 Cette assertion est faite sous l'hypothèse que les charges non encaissables (dotations aux amortissements, valeurs comptables d'éléments d'actif cédés, ...) et les produits non décaissables (reprise de provisions, quotte part de subvention virée au compte de résultat) utilisés pour le calcul de la capacité d'autofinancement se neutralisent. Il pourrait en être autrement dans le cas contraire.

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1.2-) Tests de corrélation sur les variables retenues

Les différentes relations entre les variables sont contenues dans les tableaux suivants :

Tableau 2. 6 : Corrélation bilatérale entre variables des entreprises monobanques

Y X1 X2 X3.1 X6 X7 X8 X9 X10 X11

-0,454**

-0,499**

-0,443**

-0,315**

-0,417**

-0,320**

0,424**

(0,000)

(0,000)

(0,000)

(0,002)

(0,000)

(0,160)

(0,348)

(0,002)

(0,000)

-0,149

-0,100

1

-0,394** -0,300** -0,221* -0,383** -0,315** 0,053 0,376** -0,305** 1

0,344** 1

0,392** 0,164 0,174 1

0,367** 0,319** 0,135 0,306** 1

(0,001)

(0,030) (0,000)

(0,000) (0,120) (0,099)

(0,000) (0,002) (0,201) (0,003)

(0,824) (0,126) (0,471) (0,882) (0,901)

(0,207) (0,032) (0,280) (0,871) (0,330) (0,832)

(0,695) (0,284) (0,290) (0,819) (0,354) (0,457) (0,080)

(0,000) (0,004) (0,035) (0,000) (0,002) (0,620) (0,000) (0,003)

-0,024 0-,162 -0,077 0,016 -0,013 1

0,228* 0,444** 1

0,134 0,225* 0,114 -0,017 0,103 -0,022 1

0,042 0,114 0,112 -0,024 -0,098 -0,079 -0,184 1

1

Y Pearson

Sig.

X1 Pearson

Sig.

X2 Pearson

Sig.

X3.1 Pearson

Sig.

X6 Pearson

Sig.

X7 Pearson

Sig.

X8 Pearson

Sig.

X9 Pearson

Sig.

X10 Pearson

Sig.

X11 Pearson

Sig.

57

**. La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral) ; *. La corrélation est significative au niveau 0.05 (bilatéral).

Source : De l'auteur à partir de la base de données constituée

L'analyse de cette matrice indique des niveaux de corrélation significative avec un risque d'erreur inferieur à 1 %. En plus d'indiquer l'intensité de la relation entre les exogènes, ce tableau et en évidence le sens (positif ou négatif) de la relation établie. En examinant à ce titre les proxies de la relation de clientèle (X1, X2, et X3.1), nous constatons qu'elles sont positivement corrélées et de manière significative à 5 %. Ces liaisons positives corroborent les hypothèses de l'orientation relationnelle des PME dans leurs relations de crédit tel que définit par Hodgman (1963) et Fama (1985) : durée + étendue + lien social. Cette représentation est en plus confortée par le lien positif et significatif entre durée de la relation bancaire et l'âge de l'entreprise. Bien que ces coefficients soient tous inférieurs à 45 %, le nombre élevé de colinéarités bivariées significatives fait craindre un risque de multicolinéarité. La variable Garantie potentielle mérite ainsi une attention car au seuil de 1 %, elle présente des corrélations significatives avec presque toutes les autres variables. Nous procèderons dont lors de l'exécution des régressions aux tests de détection de la multicolinéarité des variables endogènes. Mais avant, il est judicieux de s'intéresser à l'analyse de la corrélation entre endogène et exogènes pour anticiper les signes des coefficients qui résulteront des régressions. En observant ainsi la première colonne du tableau 2.7, nous remarquons que

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58

seules les variables X8, X9 (performance et solvabilité) ne présentent pas de coefficients significatifs. Ceci laisse présager une forte capacité prédictive du modèle mais également un risque élevé de multicolinéarité vu les résultats du tableau 2.6.

II-) Résultats de la régression et interprétations

La présentation des principaux résultats obtenus semble un impératif (2.1) pour faciliter leurs interprétations (2.2).

2.1-) Présentation des résultats

Le tableau 2.7 ci-dessous résume les principaux résultats obtenus des différentes régressions effectuées sur l'endogène coût de l'endettement mesurée par le rapport (frais

financiers / Dettes financières + Concours bancaires Tableau 2. 7 : Coût de la dette et relation monobancaire

courants).

Régression 1

Régression2

 

X0: Constante

0,428***

0,454***

 

(9,071)

(11,831)

X1: Durée de la relation bancaire

-0,005*

-0,006**

 

(-1,803)

(-2,136)

X2: Étendue de la relation bancaire

-0,007**

-0,007***

 
 

(-2,400)

(-2,658)

X3.1: Appartenance aux réseaux relationnels

-0,020***

-0,020***

 

(-2,695)

(-2,771)

X6: Âge de l'entreprise

-0,002

-0,002

 

(-0,899)

(-1,176)

X7: Taille de l'entreprise

-0,018***

-0,020***

 

(-2,725)

(-2,995)

X8: Performance de l'entreprise

-2,424***

-2,416***

 

(-3,214)

(-3,205)

X9: Solvabilité de l'entreprise

-0,029

-0,013

 

(-0,878)

(-0,458)

X10: Liquidité de l'entreprise

-0,041***

-0,044***

 

(-3,681)

(-4,110)

X11: Garantie potentielle de l'entreprise

0,026

x

 
 

(0,960)

 

-*R2

-*R2 ajusté

-*Test de Klein (comparaison de R2 au r2jt maximum) -*VIF (Coefficient de tolérance le plus faible TXj)

-*Test de Shapiro-Wilk Statistique

P-Value

-*Statistique de Fisher

0,576 0,529 0,576 > (0,444)2 TX11 = 0,487 0,981 0,192 12,242***

0,571 0,530 0,571>(0,444)2 TX2 = 0,660 0,981 0,211 13,670***

La variable expliquée est le coût de l'endettement. Le nombre d'observations est de 91 (PME monobanques). Les valeurs entre parenthèse représentent les statistiques de Student associées aux coefficients. ***, **, * traduisent respectivement une significativité des coefficients à 1 %, 5 % et 10%. Les six dernières lignes sont consacrées aux tests de la qualité d'ajustement du modèle.

Source : De l'auteur à partir de la base de données constituée

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59

La qualité de l'ajustement réalisé, au regard des valeurs les plus faibles des différentes régressions, présente une significativité au risque de 1 % (statistique de Fisher) avec une explication d'au moins 52,29 % de la variation de l'endogène (R2 ajusté, régression1). Dans l'optique d'avoir des résultats plus représentatifs, et réduire au maximum l'influence de la multicolinéarité des exogènes, une étude de sensibilité au coefficient de tolérance est effectuée. La variables (X9) qui présente une tolérance de TX11 = 0,487 (régression 1), a été supprimée lors l'exécution de la régression 2. Nous constatons que cette suppression à améliorer la significativité des variables X1 (qui passe de 10 à 5 %) et X2 (qui passe de 5 à 1 %).

2.2-) Les facteurs explicatifs du coût de l'endettement des PME monobanques

Le coût de la dette des PME monobanques est influencé, au regard des résultats obtenus, par divers facteurs relavant aussi bien de l'opacité de la PME, de son orientation relationnelle que de ses risques financiers.

Concernant les variables de risque, la solvabilité de l'entreprise présente une influence négative mais non significative sur le coût du financement. Le niveau d'endettement financier de la PME monobanque ne semble pas être pertinent pour la fixation du niveau de coût du crédit par les banques. Dans le même sens, les entreprises les plus liquides supportent moins de charges financières comme le montre le signe négatif du coefficient de la variable X10. L'influence de la variable garantie semble être absorbée par les autres variables au regard de son faible coefficient de tolérance dans la régression 1 (TX11 = 0,487). La multicolinéarité apparente ne nous permet pas ainsi d'apprécier le rôle que peut jouer la détention d'actifs tangibles par l'entreprise sur le coût de son endettement.

L'âge et la taille de l'entreprise, principales variables l'opacité informationnelle du modèle, s'avèrent être des facteurs d'amélioration du coût du financement des PME monobanques. Ces variables présentent tout deux des coefficients négatifs dans les régressions, mais seule la seconde (la taille) est significative au seuil de 1 %. Ce résultat corrobore ceux trouvé par Blackwell et Winters (1997) qui traduisent le lien négatif par le fait que, ceteris paribus, le monitoring bancaire est moins fréquent sur les entreprises de grandes tailles. Diamond (1991), souligne aussi qu'un âge élevé de l'entreprise restreint l'étendue de la surveillance effectuée par les banques. Selon l'auteur, l'âge est le reflet de la capacité à survivre dans un environnement concurrentiel et incertain et sert par conséquent de signal de qualité auprès des bailleurs de fonds.

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60

Concernant la qualité de l'entreprise, les résultats du tableau 2.7 montrent que les PME les plus aptes à rentabiliser les apports des bailleurs de fonds ont un coût du crédit moins élevé. Un résultat similaire est trouvé par Shikimi (2005) au japon.

Comme anticipé dans le tableau de corrélation bilatéral (tableau 2.7), les proxies du financement relationnel monobancaire, présentent tous des coefficients significatifs. La durée de la relation bancaire influe négativement sur le coût du crédit. Les vertus reconnues à la durée en termes de production d'informations soft par la banque sont également validées dans les travaux de Berger et Udell (1995 et 2002). Ce résultat est néanmoins contraire à ceux de Pozzolo (2004). La fréquence des contacts avec la banque, que la littérature qualifie d'étendue de la relation bancaire joue également son rôle incitatif à la production d'informations subjectives dans le temps et en continue, grâce à de multiples transactions portant sur divers services. Le signe négatif de son coefficient ainsi que celui de la variable X3.1 (appartenance aux réseaux relationnel rejoint les résultats Uzzi (1999) au États-Unis. Cet auteur trouve également que les multiples transactions commerciales entre banque et entreprises ainsi que l'existence de liens sociaux sont favorables à la construction d'une relation de confiance qui influence négativement les coûts de transaction et donc le coût de la dette.

Ces résultats viennent interférer avec ceux déjà existant sur la relation banque entreprise au Cameroun. Ils montrent globalement l'importance de la construction d'un financement relationnel monobancaire pour l'accessibilité au crédit des PME. La durée, la fréquence des transactions commerciales ainsi que les liens sociaux, favorables à l'établissement d'une relation de confiance, sont, au regard de ces résultats, à même de réduire le « rationnement exagéré du crédit » (Ndjanyou, 2001) dont souffrent les PME.

Dans cette partie, nous avons étudié l'influence du financement relationnel monobancaire sur le coût de la dette supporté par les PME camerounaises. La littérature récente sur la relation banque-entreprise à mis en évidence le fait le régime monobancaire est le socle de la construction d'une relation de clientèle. Les avantages qui résultent d'un tel régime (flexibilité contractuelle, confidentialité réputation) pourraient être bénéfique pour l'entreprise en termes de disponibilité de crédit et de coût. Nous basant sur la littérature existante, nous avons postulé une influence négative du financement bilatéral sur le coût de la dette. A partir d'un échantillon de 91 PME monobanques de la ville camerounaise de Douala, nous avons relevé, après application des principaux tests relatifs au modèle linéaire général, que le financement relationnel monobancaire est un facteur d'amélioration du coût de la dette supporté par les PME.

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DEUXIEME PARTIE:

MULTIBANCARISATION ET FINANCEMENT DES

ENTREPRISES

61

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62

Les contraintes et difficultés d'accès au financement bancaire traditionnel dont sont victimes les PME les poussent à rechercher des modes voir mêmes des sources de financement alternatifs. Outre le financement via le marché financier qui est difficile d'accès à cette catégorie d'entreprise au Cameroun, la littérature financière souligne l'existence d'autres substituts financiers à l'emprunt bancaire traditionnel. Ces substituts, n'étant pas l'apanage des banques, peuvent être offerts par d'autres interlocuteurs financiers comme les établissements financiers et les établissements de microfinance. Ce pluralisme d'offres de services financiers donne aux entreprises, plus particulièrement celles qui sont rationnées, la possibilité de se constituer un portefeuille de dette diversifié. Cette orientation stratégique est appelée par la littérature « multilateral financing » ou encore financement multilatéral ou multilatéralisation ou multibancarisation Yosha (1995). Elle traduit le fait pour une entreprise d'entretenir des relations (de crédit ou non) avec plusieurs partenaires financiers (Cole, 1998 ; Tioumagneng, 2009). Cette partie se propose de mettre en relation les caractéristiques de ce régime de financement avec les conditions de financement de l'entreprise. Pour ce faire, une revue de la littérature est présentée au chapitre III pour cerner les différentes prédictions théoriques à ce sujet. L'utilisation de ces prédictions servira à la formulation de la seconde hypothèse de la recherche dont la vérification se fera au chapitre IV.

CHAPITRE III : Vue d'ensemble des théories et des études empiriques sur multibancarisation et conditions de crédit

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63

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64

L'objectif de ce chapitre est de faire une synthèse des travaux théoriques et empiriques sur les enjeux de la diversification de la dette pour l'entreprise emprunteuse. Pour ce faire, le chapitre se propose tout d'abord de présenter et d'analyser, dans le contexte Camerounais, les principaux substituts financiers au crédit bancaire classique (section I). Par la suite, l'analyse des déterminants théoriques des pratiques multibancaires, permettra de mettre en évidence les contributions concernant son influence sur le financement des entreprises ayant opté pour ce choix stratégique (Section II).

Section I: Les substituts financiers externes formels aux offres classiques des

banques

Cette section vise à présenter les principaux substituts financiers non seulement au niveau des produits50 (I), mais aussi et surtout au niveau des entreprises qui fournissent ces substituts grâce à une analyse de la structure des institutions financières au Cameroun (II).

I-) Les offres concurrentes au crédit bancaire classique

Les substituts financiers du crédit bancaire classique51 peuvent se situer soit dans le cadre d'un financement de long terme (1.1) soit de court terme (1.2).

1.1-) Les alternatifs financiers de moyen et long terme

Le crédit-bail et ses variétés (1.1.1) ainsi que le capital risque (1.1.2) sont les principaux substituts financiers de moyen et long terme au crédit bancaire classique.

1.1.1-) La location-investissement et/ou location-financement : le crédit-bail

Les différents moyens de financement disponibles pour les entreprises sont classés par la théorie du financement hiérarchique (« pecking order theory », Myers & Majluf, 1984) en

50 Il est fait abstraction des dettes de marchés (les obligations) compte tenu de non activité du marché financier camerounais (la Douala Stock Exchange, DSX).

51 Précisons qu'à côté de ces substituts financiers figurent également des substituts commerciaux ou encore non financiers tels que les dettes fiscales et sociales et les crédits interentreprises non analysés dans ce travail. Synthétiquement, le crédit interentreprises résulte des délais de paiement que s'accordent les entreprises entre elles pour le dénouement des opérations portant sur les biens et services. Pour une entreprise donnée, sa valeur est obtenue en faisant la différence entre les soldes des comptes Dettes fournisseurs, Avances et acomptes clients... et ceux des compte Créances clients, Avances et acomptes fournisseurs... Si cette différence est positive, l'entreprise se trouve en situation d'emprunteur dans le cas contraire, elle se trouve en situation de préteur. Le coût de ce substitut s'analyse d'une part en termes de coût d'opportunité relatif notamment aux escomptes de règlement que l'entreprise aurait pu bénéficier de ses fournisseurs en cas d'un règlement au comptant, d'autre part en termes de pénalités relatifs au retard de paiement. Les lecteurs s'intéressant à un examen détaillé de ces catégories de substituts peuvent consulter Dietsch M. (1990), « Le crédit interentreprises : coûts et avantages », Économie et Statistiques, n°236, p. 65-79, ou Dietsch M. (1997), « Crédit interentreprises », in Encyclopédie de Gestion, Simon Y. et Joffre P.. 2e éd. Economica, p. 799-815.

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65

trois classes, à savoir : l'autofinancement, les crédits et les apports en capital. Selon cette classification, le crédit-bail n'apparaît pas explicitement. Il est donc, très souvent, analysé comme une alternative location/achat au détriment d'une alternative location/financement. Les opérations de crédit-bail sont des « opérations de location de biens d'équipement, de matériels, d'outillages ou de biens mobiliers à usage professionnel, spécialement achetés en vue de cette location par les entreprises qui en demeurent propriétaires, lorsque ces opérations, quelle que soit leur dénomination, donnent au locataire la faculté d'acquérir tout ou partie des bien loués, moyennant un prix convenu, tenant compte, au moins pour une partie, des versements effectués à titre de loyer » (Albouy, 2000, p. 254). Il ressort de cette définition que ce type de contrat peut porter autant sur les biens mobiliers (crédit-bail mobilier) qu'immobiliers (crédit-bail immobilier). Ce substitut financier est constitué d'un ensemble de contrats notamment : un contrat de vente entre le fournisseur du bien et la société de financement par crédit-bail qui achète le bien choisi par le preneur, un contrat de location entre le crédit-bailleur et le preneur et une promesse unilatérale de vente au profit du locataire pour un prix convenu à l'origine. C'est cette promesse unilatérale de vente qui différentie ce type de contrat et le contrat location financière52 comme le montre la figure ci-dessous :

Figure 3. 1: Le mécanisme de crédit-bail

SOCIÉTÉ DE CRÉDIT-BAIL (Nouveau propriétaire du bien)

i

: Ordre des opérations

i = I, II, III, IV

IV

Renonciation à l'exercice du droit et restitution du bien à son propriétaire

TRANSFERT DU DROIT DE PROPRIéTé

Paiement du bien

Levée de l'option d'achat et transfert de la propriété du bien

II

LOCATION AVEC PROMESSE DE VENTE

Paiement des loyers (redevances crédit-bail)

CONTRAT DE CRÉDIT-BAIL

FOURNISSEUR OU VENDEUR DU BIEN

III

CHOIX DU BIEN

Livraison du bien

I

PRENEUR OU LOCATAIRE

(Utilisateur du bien)

Source : adaptée des analyses faites par Albouy (2000) et Teulié et Topsacalian (2000).

52 La location financière est une autre solution financière pour les projets d'investissement des entreprises. Il s'agit d'un mécanisme qui leur permet de louer des véhicules ou des matériels nécessaires à leurs activités. Les contrats de location financière sont généralement associés à des contrats de maintenance et d'entretien-réparation des biens loués.

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66

Cette triple dimension contractuelle offre plusieurs avantages aux deux parties au contrat. Les attributs du crédit-bail sont analysés dans la littérature par comparaison au contrat de dette classique. Remarquons toutefois que dans l'espace OHADA, le crédit bail est considéré comme un emprunt équivalant à l'emprunt bancaire classique53.

> Avantages pour le preneur .
·
ce type de contrat lui offre la possibilité de préserver ses fonds propres et sa capacité d'autofinancement tout en assurant un financement intégrale de l'investissement sans exigence de garanties lourdes comme l'emprunt bancaire. La flexibilité qui le caractérise ainsi que sa nature irrévocable permet le transfert du risque d'obsolescence du matériel à l'organisme de financement. Si on reprend aussi l'esprit de la théorie de Modigliani & Miller (1963), les loyers fixes et non indexés sur le taux du marché monétaire offrent des économies d'impôts du fait de leurs caractères déductibles.

> Avantages pour le crédit-bailleur .
·
ce dernier bénéficie du droit de propriété du bien jusqu'à la cession de ce bien avec une option d'amortissement accéléré du bien. En cas de défaillance du preneur, il demeure le créancier le moins lésé car il a la possibilité de récupérer son bien. Le crédit-bail constitue ainsi une solution idéale pour les PME risquées chez lesquelles la garantie est constituée par la propriété du bien. Ce serait une explication de la tendance des banques à sécuriser leurs crédits à moyen terme aux PME/PMI par l'utilisation du crédit-bail au détriment des emprunts (Beye et al., 2010).

Tous ces avantages sont néanmoins reliés à quelques incommodités.

> Inconvénients du crédit bail .
·
Ils résident dans le fait que c'est une technique de financement à coût élevé pour les petits investissements. Il fait subir au preneur une perte d'économies d'impôts sur la déductibilité des charges financières et des dotations aux amortissements lié à un financement par emprunt. Le crédit-bail se limite au financement des besoins d'investissements. Le besoin en fonds de roulement nécessaire pour accompagner la croissance des sociétés demeure l'activité des établissements de financement traditionnels. De plus, ce sont des contrats réservés généralement aux biens

53 Le Système Comptable OHADA a posé une règle de présomption de "location-financement" pour tout contrat de crédit-bail. Il oblige, à de rares exceptions près, à retraiter les opérations de crédit-bail en immobilisations assorties d'emprunts équivalents. Ce retraitement (le retraitement général) intervient impérativement dès lors que la valeur d'une immobilisation acquise par crédit-bail excède 5% du total brut des immobilisations. Des limitations à ce procédé sont cependant apportées, dans le cas où une entreprise utiliserait de nombreux "petits matériels" pris en crédit-bail, mais dont la valeur globale représente plus de 20% du total brut des immobilisations. Dans ce cas, un retraitement simplifié est nécessaire. Le total des loyers correspondants est à ventiler entre intérêts et amortissements économiques des biens, sans compte courant d'un emprunt équivalent. Un non retraitement peut intervenir dans le cas ou les deux situations précédentes ne sont pas identifiées.

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67

standards et investissements non spécifiques qui ne peuvent être, une foi le contrat conclu, donnés en garantie pour d'autres crédits. Ainsi, ce type de financement paraitrait limité par la nature de l'investissement à réaliser spécialement lorsque celui-ci a un caractère immatériel.

1.1.2-) Le capital-risque, substitut destiné au financement des activités innovantes

Dans un contexte économique caractérisé par la concurrence et la mondialisation, les entreprises se doivent d'être innovantes et prêtes à bousculer le paysage existant des industries. Pour financer ces activités innovantes, la TCT recommande, en s'appuyant sur leur nature spécifique, d'utiliser les fonds propres (Tioumagneng, 2009). Mais les petites entreprises, à fort potentiel de croissance, sont très handicapées. Leur autofinancement est souvent insuffisant, le recours à l'emprunt, qui est à proscrire, peut s'avérer impossible voire suicidaire face au risque inhérent à ce type d'investissement (Lachmann, 1997). Proposant un mode de financement pour ce type d'entreprises, l'industrie du capital-risque, avec l'appui des gouvernements, joue un rôle primordial dans cette recherche de l'innovation.

Conçu aux USA en 1946, la venture capital traduite par capital-risque en français, voit sa croissance s'accélérer dans les années 70 et devient un véritable phénomène avec la révolution des technologies de l'information et la faiblesse durable des taux d'intérêt dans les années 90. En Europe, le capital-risque démarre dans les années 80 et est définit par la European Venture Capital Association comme « tout capital investi par un intermédiaire financier dans les sociétés ou des projets spécifiques à fort potentiel ». Il regroupe l'ensemble des investissements employés dans : les phases de création de l'entreprise [l'amorçage (seed-financing), le démarrage (start-up-financing) et la post création (early stage)], les phases de développement de l'entreprise [financement du besoin en fonds de roulement (second stage), de la croissance (expansion capital), et financement d'attente (mezzanine financing)], et les phases de transmission ou reprise d'entreprise (capital transmission), (Teulié et Topsacalian, 2000).

L'activité du capital-risque est une forme d'intermédiation financière qui associe les investisseurs (qui confient des capitaux au capital-risqueur dans l'espoir de rentabilité élevée), les organismes de capital-risque (qui prennent des participations et assistance dans les entreprises dans le but de rechercher des plus values à long terme) et les entreprisses généralement à fort potentiel de croissance (Lachmann, 1997). Trois principaux aspects distinguent à ce titre le capital-risqueur des autres bailleurs de fonds :

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> quelque soit l'étape de développement dans laquelle se trouve l'entreprise, l'intervention du capital-risque se fait par la souscription à une augmentation du capital en fonds propres ou en quasi-fonds propres. Le capital-risqueur est par conséquent exposé aux aléas du dividende et au risque de moins values. C'est ce qui justifierait le fait que les entreprises cibles sont généralement celles développant des innovations radicales qui leur permettent de connaître une croissance rapide, conduisant à anticiper d'importants flux de trésorerie future.

> l'activité du capital risque ne doit tout de même pas se confondre avec le simple financement en fonds propres : c'est un financement assortie d'une assistance au management. Contrairement aux autres actionnaires, les capital-risqueurs ne restent pas inactifs. Avec leur savoir faire, ils fournissent assistance à la détermination de la politique générale, a la croissance de l'entreprise, à l'évaluation financière, au recrutement de personnel, aux relations avec les actionnaires et enfin a la liquidation éventuelle de la participation... (Bergemann et Hege, 1998)54.

> les deux traits précédents montrent que le capital-risqueur fournit un financement de nature relationnelle qui implique l'inscription de la relation dans la durée (long terme) mais à caractère temporaire.

Malgré tout ces atouts, le caractère familiste et le désir d'autonomie des dirigeants de la plupart des PME seraient des facteurs pouvant entraver le recours à ce type de financement.

1.2-) Les microcrédits et la microfinance : de l'intermédiation sociale à l'intermédiation financière

Créés à l'origine pour secourir les exclus du système bancaire (1.2.1), les microcrédits ont acquis, avec l'évolution de la conjoncture économique, une importance considérable en se constituant en principal outils de financement du cycle d'exploitation des PME (1.2.2).

1.2.1-) Le « système bancaire anti-pauvreté » des agents rationnés sur le marché bancaire

Historiquement, la microfinance doit son origine aux nombreuses exigences des banques traditionnelles aux plus démunis qui n'offraient aucune garantie à la fois pour les opérations de dépôts et d'emprunt. Ceux-ci se trouvaient exclus du système bancaire traditionnel. Pour faire face à ce problème, ils se voyaient dans l'obligation de se tourner vers

54 Cités par Tioumagneng (2009).

le secteur informel. Ces derniers avaient recours soit aux prêteurs d'argent dont les taux d'intérêt étaient faramineux et décourageaient à la longue soit ils empruntaient tout simplement à la famille, aux voisins ou aux amis. Certains exclus s'organisaient en mettant leur épargne en sécurité auprès d'une personne digne de confiance (le tontinier) qui s'engage en retour à restituer ces versements sur demande (Lelart, 2006). Les pratiques tontinières recouvraient plusieurs formes : la tontine mutuelle ou tournante, la tontine commerciale et la tontine financière (Fouda, 1992). Ces techniques informelles de financement, dont la vocation est de pallier aux imperfections de marché, vont se développer sous l'impulsion des États et des organisations non gouvernementales. Leurs institutionnalisations commencent avec l'expérience de la Grameen Bank au Bangladesh dans les années 1970 qui a servi de détonateur à l'émergence dans le monde de formes institutionnalisées de microfinance55, orientées vers le microcrédit.

Le système de microfinance (dit système décentralisé) s'adresse donc à l'origine à plusieurs catégories d'exclus des systèmes financiers « officiels» souvent corrélées entre elles: les pauvres, les femmes, les ruraux et les analphabètes. C'est avant tout un outil de développement économique et social permettant aux personnes à faibles ressources, porteuses d'un projet personnel, de bénéficier de prêts que leur refuse le système bancaire traditionnel. Ses techniques, dont le crédit solidaire basé sur la finance de proximité56 et la confiance, ont prouvé qu'il était possible de prêter à des populations considérées par les banques comme trop risquées et dépourvues de garanties nécessaires pour être solvables. Contrairement aux banques (qui ont une méthodologie de crédit se fondant en général sur les actifs, et reposant largement sur le gage et autres garanties matérielles pour assurer le remboursement), la méthodologie de crédit de la microfinance repose davantage sur le profil individuel : l'évaluation des crédits est centrée sur la volonté et la capacité des clients à rembourser, plus que sur les actifs pouvant être saisis en cas de non-remboursement (Lefilleur, 2008). Ils recouvrent une grande diversité de formes institutionnelles (mutuelles, associations d'épargne

55 Les spécialistes considèrent que la microfinance a démarrée avec la banque Grameen au Bangladesh fondé par le professeur d'économie Mohammad Yunus (Prix Nobel de la paix 2006). Les théories économiques qu'il enseignait à la Faculté des Sciences Économique de l'Université de Chittagong lui parurent décalées de la réalité. Cela le poussa à rechercher une solution concrète aux problèmes quotidiens des pauvres. Au contact des artisanes qui lui expliquaient leurs dépendance à l'usurier pour acheter les matières premières, Yunus se rendit compte que la majorité des bénéfices allaient à l'usurier et non à elles-mêmes ou à leurs familles. Ainsi décida-t-il de contacter des banques locales pour octroyer des petits crédits à celles-ci. Suite à leur refus, il décida de prêter sur ses propres économies. A l'échéance du remboursement, l'ensemble des femmes se sont acquittées de leurs dettes. Ainsi commençait ce qui est devenu dès 1976 la Grameen Bank.

56 Le financement de proximité couvre des opérations entre les agents à capacité de financement et agents à besoin de financement dont les relations sont prédéterminées par l'appartenance à un même espace qui peut être non seulement géographique (financement local) mais aussi ethnique, religieux ou professionnel (Servet, 1996).

crédit57, entreprises, projets à volet crédit...). Ces institutions fournissent une gamme variée de services financiers (services de crédit, d'épargne, d'assurance, de transferts d'argent...) se rapprochant de plus de ceux offerts par les banques.

1.2.1-) La microfinance : une « banque sur mesure » pour les PME

Progressivement, la diversification des activités assignées aux institutions de microfinance est devenue une évidence au fur et à mesure qu'on admettait la diversité des besoins des exclus. La microfinance a ainsi apporté des pratiques novatrices en termes de crédit bancaire, remettant en question toute la théorie économique sur le crédit. D'un simple outil de réduction de la pauvreté, elle a évolué vers le financement du développement économique grâce à leur proximité avec les entrepreneurs de terrain notamment les micro-entreprises et les PME (Lelart, 2006). Elle est devenue une source de financement complémentaire et/ou substituable de l'emprunt bancaire (Hugon, 1996)58. Cependant, le degré de substituabilité serait limité par plusieurs facteurs. Les IMF éprouvent de grandes difficultés à répondre aux besoins de financement des PME. L'essentiel des ressources collectées par celles-ci sont des ressources courtes. Contrairement aux banques commerciales, elles n'ont ni le pouvoir de création monétaire, ni accès à un refinancement à faible coût auprès des banques centrales. Leur refinancement, qui est ailleurs limité par le défaut de cautionnement et les coûts financiers, est assuré essentiellement par les banques commerciales. Cette carence en ressources à long terme contraint les institutions de microfinance dans leur capacité à étendre l'offre de crédit aux projets d'investissement. De plus, les coûts de gestion d'une multitude de petits prêts sont très importants, ce qui oblige les institutions à appliquer un taux d'intérêt généralement plus élevé que celui du secteur bancaire. S'ajoute à cela des contraintes beaucoup plus endogènes comme la forte exposition aux risques liés, notamment à l'imperfection du système d'information des IMF, aux carences en matière de gouvernance et à l'insuffisance de leurs dispositifs de gestion des risques et de contrôle interne.

Ces barrières au financement de l'investissement semblent de plus en plus levées avec l'entrée progressive dans la profession de banques commerciales. Pour Isern et Porteous

57 Ces associations peuvent être des coopératives, des caisses villageoises ou des fonds nationaux.

58 Les analyse de COBAC (2007, p. 72) montrent même qu'au plan individuel, « il a été observé que 27 établissements de microfinance localisés au Cameroun, au Congo, au Tchad et en RCA détiennent des encours de dépôts supérieurs à un milliard FCFA. Quant au niveau des crédits bruts, 21 EMF atteignent ou dépassent des encours qui ne correspondent plus à l'image «micro» des opérations de ce secteur. Cette catégorie d'établissements se rapproche de certaines banques en volume d'opérations réalisées.».

(2005), deux raisons semblent inciterr les banques à entrer sur ce marché: la rentabilité des activités microfinancières et l'augmentation de la concurrence à la suite des politiques de libéralisation du secteur bancaire intervenues pendant les années 1980. Les banques qui décident de s'implanter sur ce marché ont le choix entre diverses approches. Certaines banques pénètrent le marché directement en développant leurs opérations de détail pour atteindre un « micro-niveau » Pour ce faire, elles créent une unité interne ou une entreprise distincte, comme une société de services ou une institution financière spécialisée. D'autres choisissent une approche indirecte en travaillant avec des prestataires de microfinance existants.

Les caractéristiques spécifiques à chacun de ces différents substituts de l'offre bancaire traditionnel, suscitent l'interrogation de savoir quels peuvent être, en contexte camerounais, les différentes structures ou organismes capables de proposer de tels services aux entreprises en général et aux PME en particulier ?

II-) Les interlocuteurs financiers de la PME sur le marché du crédit camerounais et leur activité

Bien qu'il soit commode de dire que les banques constituent le premier interlocuteur financier des PME (Avom et Eyeffa, 2007 ; Maque, 2007) (2.1), l'observation de l'activité économique au Cameroun montre que ces dernières peuvent s'adresser également à plusieurs autres organismes qui sont en concurrence directe ou indirecte avec celles-ci59 (2.2).

2.1-) Les banques

Selon le règlement COBAC R-2009/02, on peut distinguer, à coté de l'institution financière centrale (2.1.1) deux types de banques : les banques universelles ou banques créatrices de monnaies (2.1.2) et les autres institutions bancaires ou banques spécialisées (2.1.3).

59 C'est cette multiplicité d'interlocuteurs financiers qui justifierait, selon Tioumagneng (2011 b), l'importance de plus en plus accordée à la thèse de l'endogéneité de la structure financière dans le contexte camerounais. L'auteur relève que compte tenu du fait que l'activité d'offre de crédit jadis réservée aux banques est sans cesse exercé par d'autres intermédiaires financiers, le pouvoir de négociation des PME dans leurs rapports avec les banques s'en trouve améliorer. Cette amélioration permet aux entreprises de définir avec plus ou moins d'autonomie leurs politiques d'endettement.

2.1.1-) La BEAC, organe de gestion de la politique monétaire

La BEAC (Banque des États de l'Afrique Centrale) est un établissement public multinational qui exerce le privilège de l'émission des billets et monnaie métallique ayant cours légal et pouvoir libératoire dans les six États qui en sont membres et actionnaires60. Née des accords de Brazzaville signé les 22 et 23 Novembre 1972, la BEAC, qui remplace de fait l'ancienne Banque Centrale des États de l'Afrique Équatoriale et du Cameroun (BCEAEC), est actuellement régie par la Convention instituant l'UMAC61, convention de coopération monétaire passée entre la France et les États de la CEMAC telle que définie à l'article premier des statuts de la BEAC d'avril 1998. Au-delà de la définition et la conduite de la politique monétaire applicable dans les six états membres de la zone, ses autres principales attributions consistent notamment à : émettre les billets de banque et les monnaies métalliques ayant cours légal et pouvoir libératoire dans l'union; conduire les opérations de change; détenir et gérer les réserves officielles de change des pays membres; promouvoir le bon fonctionnement du système des paiements dans l'union. Afin de mieux assurer ces fonctions, la BEAC est assistée aussi bien au plan national que sous-régional par des organes de contrôle de l'activité bancaire dont les plus en vue sont : COBAC (organe commun de supervision des établissements de crédit créé le 16 octobre 1990), le Conseil national de crédit (qui a pour principale attribution d'émettre des avis sur l'orientation de la politique de crédit ainsi que sur la création et la fermeture des banques par l'intermédiaire d'une commission de contrôle qu'il désigne en son sein, mais aussi de faire assurer le contrôle de l'activité bancaire), l'Association professionnelle des établissements de crédit du Cameroun (APECCAM, qui est un syndicat unique auquel doivent adhérer obligatoirement tous les membres de la profession bancaire).

2.1.2-) Les banques créatrices de monnaie, interlocuteur principal des entreprises en quête de financement

Les banques universelles sont, au terme de l'article 9 du règlement cité ci-dessus, des établissements de crédit habilités d'une façon générale à recevoir tout fond du public. Elles peuvent effectuer toutes les opérations de banque et toutes les opérations connexes ainsi que les opérations non bancaires autorisées par la réglementation. Ces opérations comprennent : la réception des fonds du public ; l'octroi des crédits ; la délivrance des garanties en faveur

60 Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad

61 Union Monétaire de l'Afrique Centrale.

d'autres établissements de crédit ; la mise à la disposition de la clientèle et la gestion des moyens de paiements. C'est cette gamme de services financiers variés que sont capables d'offrir les banques universelles qui fait d'elles des partenaires privilégiés des entreprises (Avom et Eyeffa, 2007 ; Maque, 2007). Le réseau bancaire camerounais est actuellement animé par 12 banques commerciales62. COBAC (2008) relève que les banques de la zone CEMAC sont de plus en plus disposées à octroyer du crédit à l'économie. Il ressort de son rapport que « contrairement à la situation qui prévalait l'année écoulée, les crédits nets représentent dorénavant la première composante de l'actif des banques de la CEMAC. Ils constituent 45,1 % du total de l'actif de l'ensemble des banques contre 37,3 % en 2007 » (p. 28). Les crédits octroyés par ces banques vont généralement en direction des entreprises. Selon COBAC (2010), de la période du 1er Janvier au 20 Avril 2010, les banques camerounaises ont accordé en moyenne 76,8 % de leurs crédits aux entreprises (dont 51,8 % aux grandes entreprises et 25,0 % aux PME) et 23,2 % aux particuliers. Sur les crédits octroyés, les crédits à court terme représentent 53 % des crédits octroyés contre 47 % pour les crédits à moyen terme.

2.1.3-) Les banques spécialisées, instrument de développement économique et social à la solde de l'État

Les autres institutions financières bancaires ne jouissent pas en principe du privilège de créer de la monnaie scripturale. Généralement, elles n'acceptent pas les dépôts à vue transférables par chèques, mais collectent des dépôts autres que des dépôts à vue comme les dépôts à terme d'une durée maximale de deux ans (Okah-Atenga, 2005). Ce sont des établissements de crédit auxquels l'État a confié une mission permanente d'intérêt public. Elles sont toutes sous la tutelle des pouvoirs publics, même si elles sont quelquefois possédées par des actionnaires privés. Ces institutions peuvent être éligibles ou non au refinancement de la banque. Celles qui sont non éligibles au refinancement sont représentées par les Caisses d'épargne, les caisses d'épargne postale et les banques mutualiste. Celles qui sont éligibles au refinancement sont représentées par les institutions bancaires d'habitat social et les banques de développement. Ces dernières, ont pour objectif principal de faciliter l'accès au crédit sollicité par les PME en leur apportant leur concours techniques et financiers pour la

62 Il s'agit de: Afriland First Bank (First Bank), Banque Internationale du Cameroun pour l'Épargne et le Crédit (Bicec), Citibank N.A. Cameroon (Citibank), Commercial Bank of Cameroon (CBC), CA SCB Cameroun (CLC), Ecobank Cameroun (Ecobank), National Financial Credit Bank (NFC Bank), Société Générale de Banques au Cameroun (SGBC), Standard Chartered Bank Cameroon (SCBC), Union Bank of Cameroon Plc (UBC Plc), Union Bank for Africa (UBA), Banque Atlantique du Cameroun (BAC ; Cette dernière à racheter en 2008 les activités d'Amity Bank Plc).

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réalisation des projets de promotion du développement économique et social dans les secteurs jugés prioritaires (agriculture, artisanat, consommation...) (Okah-Atenga, 2005).

Les expériences passées qu'a connu le Cameroun en terme de banques spécialisées n'ont pas toujours été couronnées de succès. La banque camerounaise de développement (BCD) chargée du financement des projets du développement à été liquidé en 1989. Le Fonds National de Développement Rural (FONADER) crée en 1978 en remplacement de la BCD et spécialisé dans le financement de l'agriculture est dissout en 1991. Sur un plan international, la Banque de Développement des États de l'Afrique Centrale (BDEAC) crée en 1975, la Banque Africaine de développement (BAD), l'Agence Française de Développement (AFD), Fonds Européen de développement (FED.) assurent un rôle analogue que celui de la BCD.

2.2-) Les institutions financières non bancaires

Les établissements financiers (2.2.1) et les établissements de microfinance (2.2.2) sont les deux principales institutions financières à caractère non bancaire intervenant dans le financement des PME au Cameroun.

2.2.1-) Les établissements financiers, promoteurs de l'acquisition des équipements productifs par les PME

Ils sont constitués des institutions financières non bancaires privées à caractère individuel, publique et parapublique, et des établissements financiers à caractère mutualiste (coopérative d'épargne et de crédit) (Okah-Atenga, 2005). Ils ne reçoivent pas en principe des dépôts du public, mais participent au financement de l'économie en octroyant des crédits sur des fonds propres ou des fonds empruntés, ou en effectuant des opérations ayant des incidences sur le secteur monétaire. Peuvent être distingués :

> les établissements de promotion des investissements qui financent

les immobilisations des entreprises, amortissables sur une longue période. Cas de PRO-PME financement SA spécialisé dans le financement des PME/PMI notamment des projets de modernisation, diversification et accroissement des activités de tous les secteurs, à travers des crédits de trésorerie, d'équipement, d'investissement immobilier et le crédit-bail ; mais aussi de la Société nationale des investissements (SNI) dont objet essentiel la prise de participation au capital des sociétés (capital-risqueur).

> les établissements d'aide aux PME comme le FOGAPE. Crée en 1984, il est depuis les années 2000 sous administration provisoire. Cet établissement a cessé, au début des

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années 2000, toute activité de crédit et ne procède plus qu'au recouvrement des créances qui peuvent encore l'être (COBAC, 2008)

> les établissements de promotion du leasing (Africa leasing company)63.

> les établissements de recouvrement de créances qui se chargent des opérations de recouvrement de créances moyennant perception des commissions (Société camerounaise de recouvrement des créances SRC) ;

> les établissements de promotion de la consommation qui consentent les facilités aux ménages pour leurs besoins courants et surtout pour l'acquisition de biens semi-durables : Société camerounaise d'équipement (SCE) ; Société générale d'équipement et de crédit (SOGEC) ; Société camerounaise de crédit automobile (SOCCA, devenue en 2006 ALIOS Finance Cameroun) ;

> les établissements de promotion du factoring qui rachètent les créances en vue de procéder à leur recouvrement (Société financière africaine SFA SA) ;

> les établissements de promotion de l'habitat à l'instar du Crédit Foncier du Cameroun (CFC) qui octroi des prêts immobiliers destinés à : l'achat de terrain, la construction, l'acquisition, la finition ou l'amélioration du logement, la promotion immobilière public et privée.

2.2.2-) Les établissements de microfinance orientés vers le financement du cycle d'exploitation et des investissements de court terme

Parties des pratiques tontinières informelles, la microfinance à démarrer sous sa forme formelle au Cameroun avec la création des premières coopératives d'épargne et de crédit (COOPEC) dès 1963 sous l'impulsion de missionnaires hollandais (Creusot, 2006). Le développement de ce nouvel outil de financement de l'économie va être favorisé par la crise bancaire des années 1980 qui a entrainé la liquidation de plusieurs banques, la fermeture de la presque totalité des guichets de banques dans les zones rurales et les petites villes et le licenciement de nombreux cadres. Ces derniers vont se reconvertir en créant de nombreuses coopératives d'épargne et de crédit fonctionnant ou essayant de fonctionner comme des quasis banques (Avom et Eyeffa, 2007). C'est ainsi que vont apparaitre plusieurs établissements de microfinance qui exerceront de manière indépendante ou en réseau64. La contribution de plus en plus croissante de cette catégorie d'intermédiaire au financement de l'économie et leur expansion anarchique vont pousser les autorités à une réglementation des activités des EMF (COBAC, 2007). Les premiers signes de la fragilité du secteur qui commencent en 1997 avec

63 Notons à ce sujet que le crédit-bail est également offert par plusieurs autres institutions comme ALIOS Finance Cameroun, la BICEC, la SGBC et la PRO-PME Financement. Ces établissements, qui font partir de la CAMLEASE (Cameroon Leasing Association) créée en fin 2008 pour promouvoir le développement du crédit-bail, sont les principaux offreurs de ce type de contrat au Cameroun en fin 2009 (Beye et al., 2010).

64 Le réseau est un ensemble d'établissement agrées animés par un même objectif et qui ont volontairement décidé de se regrouper afin d'adopter une organisation et des règles de fonctionnement communes.

la faillite successive de plusieurs coopératives d'épargne et de crédit ont favorisé des réflexions sur les possibilités de réglementation de ce secteur. Cette réflexion aboutit en avril 2002 à l'adoption par le Conseil des ministres de la CEMAC du règlement 01 / 02 / CEMAC / UMAC / C0BAC relatif aux conditions d'exercice et de contrôle de l'activité de microfinance en zone CEMAC. Ce règlement qui comprend 11 titres et 71 articles est accompagné de 21 normes prudentielles édictées par la COBAC en vue d'assurer la sauvegarde des dépôts des épargnants et la prévention de la faillite des établissements agréés. Il ressort de l'article premier de ce règlement que la microfinance comme étant une activité exercée par des entités agréées n'ayant pas le statut de banque ou d'établissement financier et qui pratiquent, à titre habituel, des opérations de crédit et ou de collecte de l'épargne et offrent des services financiers spécifiques au profit des populations évoluant pour l'essentiel en marge du circuit bancaire traditionnel. L'article 5 identifie trois catégories d'IMF : la 1ère catégorie constituée d'IMF qui ne traitent qu'avec leurs membres (ce sont les coopératives, les associations, etc.), la 2ème qui regroupe les IMF qui offrent des services financiers à des tiers (elles doivent avoir le statut de société anonyme), et la 3ème composée d'IMF qui n'offrent que du crédit et n'est pas autorisée à mobiliser l'épargne. Il ressort du Rapport COBAC (2008, p. 58) que le secteur de la microfinance est animé au Cameroun, à la date du 30/09/2008, par 481 EMF dont 441 de première catégorie (parmi lesquels 179 indépendants et 262 évoluant en réseaux65), 38 EMF de deuxième catégorie et 02 EMF de troisième catégorie.

Les services financiers fournit à la clientèle comprennent essentiellement les opérations de transferts et le change manuel mais aussi et surtout l'épargne, le crédit. Concernant ce dernier service, la dimension court-termiste de la microfinance contraint les EMF à octroyer généralement des crédits de trésorerie aux PME et à financer les investissements de court terme. Ces interlocuteurs financiers des PME seraient plus disposer ou seraient plus aptes à financer les besoins en fonds de roulement que les équipements productifs. L'enquête réalisée par le Ministère de l'Économie et des Finances en 2005 en collaboration avec la COBAC montrent que les crédits octroyés par les EMF se font en raison de 20 % aux PME et PMI, plus de 35 % au secteur agricole, 34 % au petit commerce et à l'artisanat (Avom et Eyeffa, 2007). Ces crédits sont néanmoins octroyés à des conditions assez contraignantes pour les clients. COBAC (2006) relève que les taux débiteurs et

65 L'enquête mener par le Ministère des finance entre 2004 et 2005 montrent que les principaux réseaux dont dispose le Cameroun sont : le réseau CAMCCUL (Cameroon Coopérative Credit Union League), le réseau des MC2 (Mutuelles Communautaire de Croissance), le réseau des CVECA (Caisses villageoises d'épargne et de crédit Autogérées). Ces réseaux concentrent à eux seuls plus de 62 % de l'épargne collectées par les EMF, et regroupaient un peu plus de 80 % de la clientèle des EMF (Creusot, 2006).

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créditeurs applicables à la clientèle des EMF de la CEMAC étant libres, en moyenne, la place camerounaise a le niveau moyen le plus élevé pour ce qui concerne les taux débiteurs ( 38,8 % l'an), suivie de celles du Congo (35,6 % l'an) et du Gabon (33 % l'an). Les taux débiteurs moyens les plus bas se retrouvent au Tchad et en Centrafrique (24 % l'an).

Au regard des développements jusque la effectués dans cette section, Les PME disposent non seulement de plusieurs modes de financement substituables (crédit bancaire traditionnel, crédit-bail, capital risque et microfinance) mais aussi de plusieurs sources de financement ou partenaires financiers accessibles à des dégrée divers (banques, établissements financiers et établissements de microfinance...). Parmi ces interlocuteurs financiers, les banques sont celles habilités à effectuer la totalité des services financiers identifiés. Vue les contraintes financières dont sont victime les PME et de la tendance de celles-ci à solliciter simultanément plusieurs interlocuteurs (Biboum et Bekolo, 2008) alors même que les banques sont capables de fournir tous ces services, se pose les questions de savoir qu'est ce qui peut motiver un tel choix ? Quelles peuvent en être les conséquences pour les entreprises se prêtant à se régime de financement ?

Section II: La multibancarisation, une orientation financière aux effets controversés

Cette section se propose d'analyser les facteurs de l'adoption d'un portefeuille de dettes diversifié par les entreprises(I) ainsi que ses effets sur les conditions de financement de ces dernières (II).

I-) Les déterminants théoriques de la multibancarisation

La multilatéralisation de la dette bien que justifié en majeur partie, dans la littérature, par des arguments exogènes à l'entreprise (1.1) est un choix stratégique pouvant relever de caractéristiques cette dernière (1.2).

1.1-) Les facteurs exogènes de multibancarisation

La structure du système bancaire (1.1.2) et la et le désir de protection contre la capture informationnelle (1.1.1) sont les deux principaux facteurs exogènes incitant l'entreprise à diversifier ses créanciers financiers.

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1.1.1-) Diversifier ses créanciers pour se prémunir contre la capture informationnelle

Le rationnement de crédit est un déterminant de la multilatéralisation dans la mesure où il constitue une couverture contre la possibilité de voir la banque principale rationner l'entreprise. La banque principale66 (BP désormais) est celle avec laquelle l'entreprise noue des relations durables, qui représente une part importante dans son endettement global et est supposée disposer d'informations privilégiées par rapport aux autres créanciers qui sont éventuellement impliqués dans l'actionnariat de l'entreprise (Refait 2003). L'avantage informationnel dont dispose une telle banque, comme le montre Sharpe (1990), peut déboucher sur une capture informationnelle se traduisant par des conditions de crédit défavorables à l'entreprise emprunteuse. Pour faire face à l'extraction d'une rente informationnelle par la banque, l'entreprise peut décider ex ante d'établir plusieurs relations de crédit. Cette stratégie est cependant associée à des coûts de transaction élevés. Pour Von Thadden (1994) deux relations bancaires sont suffisantes pour remédier à la capture informationnelle. Mais entretenir plusieurs relations de crédit permettrait à l'entreprise d'arbitrer sur les conditions de financement proposer par chacun des partenaires et dont de choisir celles qui lui convient le mieux (Rajan, 1992).

1.1.2-) Structure du système bancaire comme facteur incitatif au choix de plusieurs interlocuteurs financiers

La structure du système bancaire comme déterminant indirect de la multibancarisation est présentée dans la littérature de manière ambigüe bien que l'ensemble des orientations converge vers l'hypothèse d'un rationnement de crédit. Dans leurs travaux, Beck et al. (2006), montrent les obstacles du financement majeurs sont l'apanage des pays avec des systèmes bancaires concentrés. La tendance peut concurrentielle entre banques dans un tel contexte, serait à l'origine de l'augmentation des taux d'intérêt et du manque d'accès aux emprunts à long terme. Cette augmentation serait également amplifiée, selon les auteurs, par les

66 Le concept de banque principale (mainbank) est d'origine japonaise. Elle est définie dans ce contexte, compte tenu des contraintes de la réglementation bancaire en matière de prise de participation dans les entreprises, comme la banque principal créancier et actionnaire majoritaire de la firme partenaire. Son statut est similaire à ce qui est appelé dans le système Allemand la « banque-maison » (Hausbank) : banque partenaire de la firme tout au long de son cycle de vie ; elle intervient en tant que créancier, actionnaire, conseiller et offre à ses clients une gamme de services très variés (crédit, escompte, opération sur titre, garantie, virement...) (Nekhili, 1997). Ce concept de banque principale est appréhendé dans la littérature française en incitant beaucoup plus sur l'avantage informationnelle que cette banque est supposée disposer par rapport aux autres créanciers de l'entreprise et sur son éventuelle implication dans l'actionnariat de cette dernière (Refait, 2003).

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restrictions sur les activités de banque, l'intervention du gouvernement dans le secteur de la banque et un actionnariat bancaire majoritairement Étatique.

Contrairement aux arguments ci-dessus présentées par Beck et al. (2006) pour expliquer le rationnement, Ongena et Smith (2000a), dans une étude comparée entre plusieurs pays, montrent que dans les pays où il y a faible protection des droits du créancier, où le système bancaire est moins concentré, et dans ceux où le marché financier (marché des obligations) est très actif, les entreprises établissent généralement des relations bancaires multiples. Parallèlement, les relations bancaires exclusives sont plus observables dans les pays où la protection des droits des créanciers est rigoureuse et le système judiciaire efficace. Petersen et Rajan (1994) trouve que lorsque le secteur bancaire est très compétitif, cela incite les entreprises à changer régulièrement de banques, voir à établir des relations multiples dans le but de bénéficier de conditions de crédits plus favorables. Besanko et Thakor, (1993) montrent cependant que toute compétition accrue dans le secteur bancaire implique une réduction des rentes de monopole favorable aux entreprises, mais encourage la prise de risques et accroit le risque de défaillance des banques qui sont favorables au rationnement. Parlant de défaillance, Detragiache et al. (2000) dans leur model, attribuent à la multilatéralisation une assurance contre le risque d'illiquidité des banques. Celle-ci permet à une entreprise d'éviter de devoir liquider précocement un projet d'investissement à valeur actuelle nette positive du fait que sa (ses) banque(s) est (sont) incapable(s) de le financer en totalité.

1.2-) Les facteurs endogènes de multibancarisation

Ce sont ici les caractéristiques propres à l'entreprise qui la conduisent de manière plus ou moins contraignante à opter pour un régime de financement diversifié. La littérature relève parmi les facteurs endogènes :

1.2.1-) L'âge et la taille de l'entreprise, facteurs favorables la multibancarisation

Traitant du problème de changement de régime de financement (régime monobanque et régime multibanque), Farinha et Santos (2000) mettent en évidence, dans leurs travaux, le fait que les entreprises les plus pérennes ont tendance à multiplier leurs relations de crédit. En effet, durant les premières années de son existence, l'entreprise commence par établir une relation exclusive à cause de la forte opacité qui la caractérise. Avec le temps, elle bénéficie

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du soutient de sa banque et s'établie une réputation favorable à son expansion. Entrée dans la phase de croissance, les besoin financiers qui augmentent considérablement (financement du besoin en fonds de roulement et financement de croissance), ne peuvent généralement pas être couvert intégralement par sa seule banque (Refait, 2003). S'ajoute à cela le désir d'expérimenter des financements spécifiques tels que l'affacturage67, le capital risque et/ou le crédit-bail souvent proposés par des établissements bancaires spécialisés. Selon Farinha et Santos (2000), la combinaison de tous ces besoins incite l'entreprise à utiliser la notoriété issue de sa première relation bancaire pour initier plus tard de nouvelles relations de crédit. La probabilité de diversifier son financement augmenterait ainsi avec non seulement l'âge et la taille de l'entreprise mais aussi avec la durée de sa première relation bancaire.

1.2.3-) Nature des investissements à réaliser et confidentialité des informations

Yosha (1995), Bhattacharya et Chiesa (1995) et Rheinbaben et Ruckes (1998) sont les premiers à avoir mis en évidence le rôle que joue de la confidentialité des informations sur le choix du nombre de créanciers financiers par l'entreprise. Le point commun à ces auteurs est la prise en compte des coûts de « fuites » d'informations confidentielles. Il s'agit d'informations sur lesquelles l'entreprise peut bâtir un avantage concurrentiel durable et soutenable. Elles sont relatives globalement aux investissements immatériels. En effet, les actifs immatériels sont considérés d'une part par les théories basées sur les ressources68 comme une source indéniable d'avantages concurrentiels et d'autre par les théories financières comme un enjeu majeure de communication comptable et financière ainsi que de valorisation et de création de valeur69 pour les entreprises (Tioumagneng, 2009). Xylander et al. (2000) soutiennent ainsi que le but de la divulgation sur le capital immatériel est de fournir des informations appropriées, fiables, opportunes à ceux qui en ont besoin afin de prendre des décisions concernant leurs relations avec l'entreprise. A ce titre, Yosha (1995) montre qu'il serait optimal pour une entreprise innovante et de haute qualité, de réduire ses partenaires

67 Ce mode de financement consiste en un transfert de créances commerciales de leur titulaire à une société d'affacturage. L'affactureur se charge d'en effectuer le recouvrement et en garantit la bonne fin. L'affactureur exerce en fait trois métiers : celui d'une société de recouvrement, celui de l'assurance-crédit et celui du banquier : il paie comptant à l'entreprise cliente le montant des créances transférées et se charge de leur recouvrement déduction faite d'une commission ; il peut garantir l'entreprise contre le risque d'insolvabilité de ses débiteurs à hauteur d'un montant à négocier au préalable ; enfin, l'affactureur peut financer par anticipation tout ou une partie des créances cédées.

68 Il s'agit de la «Ressource-Based View» [Wernerfelt (1984), Barney (1991), Peteraf (1993)], la théorie des compétences fondamentales ou essentielles [Prahald et Hamel (1990)], la théorie des capacités dynamiques [Teece et Pisano (1990) et Teece, Pisano et Shuen (1997)], la théorie évolutionniste [Nelson et Winter (1982)].

69 Cet enjeu se justifie par la possibilité de manipuler les données comptables relatifs aux immatériels.

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financiers externes voir d'adopter le régime monobancaire gage de confidentialité et de minimisation des risques de fuites d'informations. Ce point de vue trouve cependant contestation dans l'analyse de Sharpe (1990) à travers le phénomène de hold-up. Rheinbaben et Ruckes (1998) soulignent dans leur modèle que la confidentialité dont il est question ici est en réalité associé à une très forte probabilité que de telles informations soient communiquées au concurrents lorsque le nombre de banque est élevé. Mais les auteurs s'inscrivent tout de même dans la ligné de Yosha (1995) surtout pour les entreprises qui s'engagent dans la divulgation volontaire d'informations.

Les arguments développés par Yosha (1995) se fondent sur l'hypothèse que le niveau d'informations divulgué est exogène. C'est dire que l'emprunteur n'a pas la possibilité de limiter la révélation d'informations le concernant dans les relations qu'il entreprend. Cependant la divulgation ne peut se justifier du point de vue économique que si l'avantage procuré est plus important que l'inconvénient occasionné. Rheinbaben et Ruckes (1998) postulent pour une endogénéité du niveau d'informations à révéler. Dans ce cas, l'emprunteur pourrait opter pour une orientation transactionnelle de financement. L'opacité informationnel résultant de la stratégie de dilution d'informations qui va s'en suivre pourrait conduire à une diversification des relations de crédit (Refait, 2003).

Un examen attentif de tous ces déterminants théoriques de multibancarisation ainsi mis en évidence montre le rôle indirect ou intermédiaire que joue le rationnement de crédit. Le choix d'avoir un portefeuille de dette diversifié est opéré soit à titre préventif du rationnement soit à titre curatif. Il s'agira dont par la suite de voir si ce choix stratégique permet ou non d'éliminer cet obstacle financier et d'améliorer les conditions de financement des entreprises.

II-) Les enjeux de la multibancarisation pour l'entreprise emprunteuse

Une analyse théorique des enjeux de la multibancarisation (2.1) sera suivie d'une synthèse des travaux empiriques sur la relation entre ce régime de financement et les conditions de crédit de l'entreprise emprunteuse (2.2).

2.1-) Multibancarisation et monitoring

Le monitoring de l'entreprise multibanque peut être soit dupliqué et avoir des effets néfaste pour celle-ci (2.1.1), soit il peut servir de signal de qualité (2.1.2).

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2.1.1-) Duplication des coûts de contrôle ou assouplissement de la surveillance

L'une des explications la plus intuitive de la monobancarité est basée sur la minimisation des coûts. Négocier avec plus d'une banque serait très onéreux. Cela augmenterait les coûts de transaction du fait de la duplication des activités de monitoring et de screening exercées par les banques. Cet argument est au coeur du modèle développé par Diamond (1984) portant sur l'existence de l'intermédiation financière.

Dans son modèle, Diamond (1984) suppose que chaque firme doit emprunter auprès de plusieurs prêteurs individuels et qu'il existe des asymétries d'information ex post non seulement entre prêteur et l'emprunteur, mais également entre les prêteurs. Un prêteur ne pouvant observer les agissements de son homologue sans coûts. Pour contrôler le résultat de la firme, le prêteur individuel doit payer un coût de contrôle noté k. Dans le cas ou la firme à emprunter auprès de m préteurs, chacun devra engager un coût de contrôle. Le contrôle de la firme devra donc être effectué m fois avec un coût total de m*k. Cela soulève deux problèmes :

> Tout d'abord, la duplication des contrôles est sans aucun doute sous-optimale car en empruntant chez un seul prêteur, l'entreprise peut réaliser une économie de coûts de (m-1)*k. Cette duplication pourrait être répercutée par les prêteurs sur les conditions de crédit par une augmentation des taux d'intérêts et du niveau de garanties.

> En suite, une fois que le coût de vérification à été payer par un prêteur, le résultat de l'investissement est révélé à tous les autres prêteurs. L'information est donc dans ce cas un bien public. Le caractère public de l'information pourrait conduire à un assouplissement de la surveillance de certains prêteurs. Cette assertion trouve justification dans la théorie du « passager clandestin » (Eber, 1999).

La théorie du « passager clandestin » (free rider), développée par Grossman et Hart (1980)70, porte en effet sur les conditions dans lesquelles des individus vont se comporter afin de parvenir à des objectifs communs, et des conditions permettant une action collective. L'argument de base est qu'au sein d'un groupe ou d'une société ou nul ne peut être exclu de l'usage des biens publics, les individus sont incités à se comporter en « passagers clandestins » c'est-à-dire à utiliser un bien sans contribution à sa production ou à sa gestion.

70 Cités par Eber (1999).

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Il est par conséquent difficile de mobiliser les individus pour une action collective de production du bien en question ; le bien désiré est alors produit de manière insuffisante, voire pas produit du tout. Cette théorie suppose un comportement individuel égoïste dans l'usage des biens publics. De ce point de vue, il est « rationnel » pour les individus de se comporter en « passagers clandestins ». Les individus rationnels, soucieux de leur propre intérêt, ne vont pas contribuer de manière volontaire à la réalisation de l'intérêt commun ou du groupe ; au lieu de cela ils préfèrent laisser les autres payer le coût de biens qui vont profiter à tous. La théorie exclut toute possibilité d'altruisme, c'est-à-dire la capacité des individus à engager une action collective, même s'ils n'en attendent aucun bénéfice personnel.

A ce titre, la diversification de l'endettement réduirait l'incitation des prêteurs plus particulièrement celle de la banque principale à réaliser des investissements pour recueillir des informations et contrôler l'entreprise (Refait, 2003). Au demeurant, Rajan (1992) précise que la multibancarité peut constituer « une arme double tranchant » car, en réduisant de fait la valeur de l'information acquise par chaque banques par l'accentuation la concurrence entre elles, elle peut entraîner une « malédiction des vainqueurs » (winner's curses). Lorsque les banques sont mises en concurrence, chacune d'elles craint de prêter à une entreprise que les autres banques. Chaque établissement est finalement amené à sélectionner plus sévèrement les emprunteurs qu'il ne l'aurait fait en situation de monopole, ce qui limite les crédits disponibles. Pourtant, le modèle de Detragiache, Garella et Guiso (2000) prédit l'effet inverse l'accroissement du nombre de banques avec lesquelles une entreprise a des relations accroît de façon quelque peu mécanique la probabilité que, lorsque la firme souhaite un refinancement, au moins une banque informée est en mesure de lui offrir les fonds désirés (Trabelsi-El Gharbi, 2009).

2.1.2-) Certification de la qualité de l'emprunteur par le financement diversifié

La multibancarisation serait selon certains auteurs une stratégie permettant à une entreprise de révéler sa qualité auprès des prêteur (Refait, 2003). Parvenir à s'endetter auprès de plusieurs prêteurs signale la capacité de supporter des coûts de transaction élevés liés non seulement l'établissement de chaque contrat de crédit, mais aussi à leurs renégociations en cas de défaillance de l'entreprise. La prise en compte de tous ces coûts, dissuade et limite les comportements opportunistes des dirigeants lorsqu'il y a séparation entre la fonction de direction et celle de propriété (Bolton et Scharfstein, 1996). Selon Charreaux (sd) la relation

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banque/entreprise ou les relations de crédit interentreprises apparaissent comme les supports de mécanismes disciplinaires plus contraignants que les relations avec l'actionnariat71. L'entreprise à intérêt à accroitre son endettement (Jensen, 1986) de préférence par un régime diversifié (Bolton et Scharfstein, 1996). En effet, le paiement régulier des intérêts et les remboursements que l'endettement implique, donnent la possibilité aux créanciers financiers de contraindre le dirigeant à renoncer à des investissements non rentables, sous peine de faillite.

La multibancarisation permettrait également à la firme de faire certifier sa qualité par les prêteurs avec lesquels elle entretient un financement de type relationnel (entreprise de capital risque, établissement de microfinance...) auprès de ceux adoptant plutôt une orientation transactionnelle de financement. Fall et Diagne (2009) montrent, à titre illustratif, comment une articulation entre banques et EMF peut améliorer l'accès au financement des PME. La base de l'argument est que, d'une part, les banques qui disposent de surliquidités considérables éprouvent des difficultés énormes à financer les PME du fait notamment des problèmes d'informalités et de l'inadéquation de la technologie de financement. D'autre part, les EMF qui disposent de mécanismes de financement plus souples et appropriés, manquent de moyens financiers suffisants pour répondre aux besoins de financement des PME en l'occurrence les grandes PME. Ce schéma laisse entrevoir de réelles possibilités d'articulation entre les deux secteurs, de façon à répondre plus efficacement aux besoins des PME72. Sur la base d'une mission de recherche sur banque et microfinance dans trois pays (Bénin, Cameroun et Sénégal), les auteurs découvrent des innovations importantes dans la coopération entre les deux secteurs parmi lesquelles le « produit migration ».

71 Les autres mécanismes de gouvernance comportent des limites en contexte PME selon l'auteur. La faible séparation entre les fonctions de propriété et de direction y attenue considérablement les conflits d'intérêts entre actionnaires et dirigeants. Quant au marché des dirigeants, son rôle reste mineur, l'essentiel de la carrière des dirigeants de PME restant principalement interne en raison de l'association au capital. Enfin, le rôle du conseil d'administration des PME peut être également considéré comme symbolique car on ne peut justifier, dans la plupart des cas, son intervention pour discipliner les dirigeants, ces derniers étant les principaux actionnaires. Charreaux (sd).

72 Certains auteurs soutiennent ainsi que les activités des EMF et des banques devraient être complémentaires reposant sur un fondement à la fois spatial, temporel et fonctionnel : Une complémentarité spatiale (liée au fait que les zones prioritaires d'installation des EMF sont celles où les banques sont complètement absentes, nonobstant l'existence d'une activité économique bancable) ; une complémentarité temporelle (les EMF peuvent jouer le rôle d'éclaireur pour les banques désireuses de s'installer dans une localité, en sondant et préparant le terrain pour le compte des banques, en empruntant le statut de centre de maturation aux futurs clients des banques qui y prennent du volume et améliorent la lisibilité de leur activité) ; une complémentarité fonctionnelle (ou les banques pourraient aider les EMF à dénouer certaines opérations financières ordonnées par les clients de ces dernières à l'instar de la compensation des chèques, du cautionnement et de la domiciliation des marchés publics, de la négociation des travellers chèques, des transferts internationaux) (Lanha, 2003 ; Nsabimana, 2004 ; Isern et Porteous, 2005).

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Le « produit migration » est définie « comme un accord de coopération entre une banque et une IMF, à travers lequel, l'IMF s'engage à faire migrer sa clientèle d'origine vers la banque partenaire, au-delà d'une certaine taille critique. La banque, en contrepartie de cet avantage, s'engage à assurer le refinancement de l'IMF et à coopérer avec cette dernière, suivant les clauses établies dans l'accord de coopération » (Fall et Diagne, 2009, p. 3). L'optimalité de ce type de contrat réside dans la réduction du risque pour la banque et l'assouplissement des conditions de crédit pour la PME. La presque totalité du risque est supportée par l'IMF qui garantie le remboursement du crédit et s'engage à assurer la surveillance du projet d'investissement. Dans ce contrat de crédit, les coûts de sélection, de monitoring sont à la charge de l'IMF. Or ce coût semble modique du fait de la relation de long terme qui s'est tramée entre la PME et l'IMF. Celle-ci connaît la PME mieux que n'importe qu'elle autre institution, elle maîtrise bien le domaine d'activité de ce dernier et sa capacité de remboursement. Logiquement l'IMF n'acceptera jamais de se porter caution pour un client risqué et mal connu. Cette garantie de l'IMF est une source de réduction du risque pour la banque, ce qui l'amène à accorder le financement à des conditions plus souples que d'ordinaire.

Tous ces enseignements théoriques controversés ont fait objet de recherches empiriques dans différents contextes aboutissant parfois à des conclusions contradictoires.

2.3-) Synthèse des travaux empiriques antérieurs

S'intéressant particulièrement à la nature des relations de crédit, les études de Cole (1998) menées sur un échantillon de la NSSBF73 de l'année 1993 corroborent l'argument selon lequel la parcellisation de la dette réduirait l'incitation des prêteurs à produire des informations sur l'emprunteur et diminuerait la valeur des informations. L'auteur trouve que la probabilité qu'un prêteur potentiel octroi le crédit à une entreprise décroit avec le nombre de sources de financement de cette dernière. Ce résultat s'inscrit en faveur de l'hypothèse de la « malédiction des vainqueurs » de Rajan (1992). Cet argument bien que validé également par les études de Petersen et Rajan (1994) aux États-Unis et De Bodt et al. (2005) en Belgique sur des échantillons de PME, trouvent contradiction dans ceux de Repetto et al. (2002) au Chili, Cosci et Meliciani (2002) en Italie et Shikimi (2005) au Japon. Ces auteurs confirment plutôt le fait que la multibancarité augmenterait considérablement la probabilité qu'au moins un des prêteurs puissent satisfaire la demande de financement exprimée par l'emprunteur.

73 National Survey of Small Business Finances.

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Dans le contexte Japonais des années 2000 à 2002, Shikimi (2005) trouve ainsi que la multibancarité à un impact positif et significatif sur la disponibilité du crédit pour les PME contraintes financièrement. Les PME ayant choisit le régime diversifié accorderait une importance considérable à la disponibilité du crédit sans se soucier du niveau de garanties et des taux d'intérêts.

La littérature empirique concernant la relation multilatéralisation-coût du crédit a produit des effets mixtes autant au niveau des taux d'intérêt que des garanties demandées. Dans une logique de protection contre la capture informationnelle, Harhoff et Körting (1998), sur un échantillon de PME Allemandes ne trouvent aucun lien significatif entre le taux d'intérêt et le nombre de banque, mais conclut cependant, comme Ziane (2004) en France, que les entreprises multibanques font face à un risque élevé de rationnement de crédit se traduisant par un niveau de garantie élevé. Dans le même contexte Machauer et Weber (2000) approuvent bien le lien non significatif avec les taux mais confirment, contrairement aux a leurs prédécesseurs, une baisse du niveau de garantie lorsque le nombre de banque augmente. De plus, Angelini, Di Salvo et Ferri (1998), D'Auria Foglia et Reedtz (1999) en Italie, Repetto et al (2002) au Chili trouvent dans leurs études respectivement et contrairement à Petersen et Rajan (1994) et Shikimi (2005), que le régime diversifié réduit significativement le phénomène de hold-up informationnel.

L'examen des différentes théories et études empiriques évoquées supra nous permet de conclure que l'influence du régime multibancaire sur le financement des entreprises suscite beaucoup de débat controversés. Nous inspirant des arguments issus de ces controverses, le chapitre suivant sera consacré à la vérification de l'hypothèse deuxième de la recherche qui y sera formulée.

CHAPITRE IV : Spécification des résultats sur les conditions de crédit des PME multibanques camerounaises

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La recherche de financement est la première des préoccupations fondamentales des entreprises soucieuses de d'assurer leurs développements et leurs pérennités. Comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent, l'orientation vers la diversification de la dette est, pour certains auteurs, gage de réduction du rationnement et pour d'autres synonymes de « nomadisme financier » source de méfiance voir d'absence de confiance dans les relations de crédit. Le contexte de l'étude arguant un comportement d'incrédulité de la part des banques à l'égard des PME, le régime multibancaire choisi par ces dernières ne pourrait qu'amplifier cette méfiance. Ce chapitre se propose de tester l'hypothèse deuxième formulée à partir du raisonnement précédent et représentée par le symbole H2 comme suit :

H2 : le régime multibancaire de financement est lié positivement au coût de l'endettement des entreprises camerounaises.

Cette hypothèse est soutenue par les travaux de Petersen et Rajan (1994) qui trouvent, sur un échantillon de la NSSBF, que la multiplication de relations bancaires, sources de réduction de l'incitation de la banque principale à produire des informations sur l'entreprise, réduit considérablement la disponibilité du crédit et accroit significativement le taux d'intérêt.

Pour atteindre l'objectif prédéfini, seront précisés les divers éléments méthodologiques (section I) utiles aux différents tests empiriques que l'on va réaliser à propos de cette hypothèse (section II).

Section I: La multibancarisation : un choix stratégique aux orientations diverses pour les PME camerounaises

Cette section présente un rappel de la méthodologie de recherche adoptée pour tester l'hypothèse 2 précédemment formulée. Les divers éléments y relatif portent sur l'échantillon de l'étude, la source de communication d'informations retenue, les bases de données disponibles (I) utilisées ainsi que sur la mesure ou l'opérationnalisation des différentes variables nécessitées par notre étude empirique (II).

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I-) Rappel de la méthodologie utilisée

Il ne s'agira plus dans cette sous-section de revenir en détail sur l'ensemble de la méthodologie déjà présenté au chapitre II, mais de précisez quelques caractéristiques spécifiques à l'échantillon n°2 de la recherche. Ainsi, rappelons que selon D'Amboise et Audet (1996), établir une méthodologie de la recherche implique de nombreuses décisions dont les plus importantes concernent le choix du type d'investigation, du mode d'échantillonnage, des mesures appropriées et des instruments de collecte des données. La logique hypothético-déductive sur laquelle repose cette recherche, permet la représentation des étapes de décisions méthodologiques par la figure suivante :

Figure 4. 1: Étapes de décisions méthodologiques

et/ou

Observation
directe

Expérience en laboratoire

Expérience sur le terrain

Expérimental

Design de recherche

Type
d'investigation

Non

expérimental

Étude sur le terrain

Échantillonnage

Taille de l'échantillon

Population

Mode de sélection

Instrument de collecte

Questionnaire

Observation documentaire

Entrevue

et/ou

et/ou

Sorte d'échelle

Mesure

Fiabilité

Validité

Source : D'Amboise et Audet (1996, p. 34)

Nous essayerons par la suite de suivre cette logique des éléments méthodologiques.

1.1-) Analyse descriptive de l'échantillon n°2

Rappelons que la population cible de cette recherche est constitués des entreprises (les PME précisément) ayant contracté un endettement auprès des banques. Cette recherche est menée sur deux échantillons distincts par le régime de financement adopté (monobancarisation Vs multibancarisation). La formation a reposé sur le processus de sélection aléatoire. L'échantillon n° 2 est composée des entreprises ayant opté pour la

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multibancarisation comme choix de financement. Ces principales caractéristiques issues des bases de données analysées sont agrégées dans le tableau 4.1 ci-dessous.

Tableau 4. 1: Statistiques descriptives de l'échantillon n° 2

EFFECTIF POURCENTAGE CUMUL

 

Sociétés à responsabilités limitées (SARL)

37

37,8 %

37,8 %

 

SARL Unipersonnel

8

8,2 %

45,9 %

STATUT

Sociétés anonymes (SA)

39

39,8 %

85,7 %

JURIDIQUE

 
 
 
 

Sociétés individuelles

5

5,1 %

90,8 %

 
 

Sociétés coopératives

9

9,2 %

100 %

SECTEUR
D'ACTIVITÉ

Industrie

25

25,5 %

25,5 %

Commerce

47

48,0 %

73,5 %

Service

26

26,5 %

100 %

CATÉGORIE

Micro entreprises [1-9] employés

7

7,1 %

7,1 %

 

Petites entreprises [10-29] employés

49

50,0 %

57,1 %

D'ENTREPRISE

 
 
 
 

Moyennes entreprises [30-49] employés

28

28,6 %

85,7 %

 
 

Taille supérieure de la moyenne entreprise

14

14,3 %

100 %

 

[50-149] employés

 
 
 
 

[1-3] ans

6

6,1 %

6,1 %

 

[4-6] ans

40

40,8 %

46,9 %

ÂGE

[7-9] ans

40

40,8 %

87,7 %

 

Plus de 9 ans

12

12,3 %

100 %

ENTREPRISES

Non

17

17,3 %

17,4 %

RATIONNÉES AU

 
 
 
 

PREMIER

Oui

Rationnement sur la taille des prêts

20

20,4 %

37,8 %

CONTACT
BANCAIRE

 

Rationnement par exclusion bancaire

61

62,2 %

100 %

TOTAL

98

100 %

-

Source : de l'auteur à partir de la base de données constituée De l'analyse de ce tableau, il ressort que :

> Les SARL dominent les entreprises des autres formes juridiques avec une représentation de 45,9 %. Elles sont suivies respectivement des SA, des sociétés coopératives et des sociétés individuelles dans les proportions successives de 39,8%, 9,2 % et 5,1%.

> L'échantillon est dominée par les entreprises du secteur commercial avec 40,8 %, suivent celles du secteur des services (26,5 %) et celles des industries (25,5 %).

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> Les petites entreprises sont majoritaires avec une représentation à 50 %. Elles sont suivies respectivement par les moyennes entreprises (28,6 %), les moyennes entreprises de taille supérieure (14,3 %) et les microentreprises dont la représentation est minoritaire (7,1 %).

> Nous remarquons que les PME situées dans les tranches d'âge [4-6] et [7-9] ans ont un même niveau de représentation soit 40,8 %. Les entreprises de plus de 9 ans (12,3 %) surclassent celles de moins de 4 ans (6,1 %).

> 82,6 % des PME de l'échantillon admet avoir été rationné dès leur premier contact avec la banque (avec 62,2 % victime d'un refus d'accord de prêt par la banque et 20,4 % rationné sur la taille des prêts).

1.2-) Présentation du protocole de recueil des informations

La collecte des données est un élément crucial du processus de recherche en gestion. Elle consiste pour le chercheur à rassembler le matériel empirique sur lequel sera fondée sa recherche. A défaut ou en complément des données disponibles (données secondaires), le chercheur peut s'engager dans la collecte des données primaires. En s'inscrivant dans cette logique, la présente recherche utilise les données secondaires (de nature comptables) extraites des DSF des entreprises et déposées à l'INS, et des données primaires obtenues à travers une enquête réalisée auprès des PME camerounaises. La composition du questionnaire ainsi que ses modalités d'administration sont les mêmes que celles présenté au chapitre II. Les données portent sur les années 2008 et 2009 et concernent les entreprises exerçant principalement dans la ville de Douala au Cameroun. Ces deux sources de données ont fourni les informations sur l'ensemble des variables de l'étude permettant la mise en oeuvre du cadre opératoire.

II-) Construction des modèles et présentation des variables

Avant de présenter le modèle conceptuel qui servira de base à la vérification de l'hypothèse deuxième, il semble nécessaire d'expliciter les variables permettant la construction de ce modèle.

2.1-) Les variables de l'étude

L'appréhension de l'hypothèse deux permettra de cerner les variables de l'étude. Pour toutes études causales, deux principales catégories de variables peuvent être identifiées. D'une part, se situent les variables endogènes représentant le phénomène à expliquer ; et d'autres, se

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92

trouvent les variables exogènes dont les différent état de nature (variations) sont susceptibles de déterminer ceux des variables endogènes. Seront donc présentées respectivement les variables endogènes ainsi que les variables exogènes de l'étude.

2.1.1-) La variables endogène de l'étude

La variables endogène est la mêmes que celle présentée aux chapitres précédentes. Il s'agit pour rappel du coût de l'endettement. Cette variable est empruntée à Cieply et Paranque (1997) et Bonfim et al. (2010) et représente le coût moyen d'endettement supporté par les entreprises à la fois sur les emprunts et sur les concours bancaires courants. Elle est mesurée par le rapport frais financiers / (Dettes financières + Concours bancaires courants). Les statistiques descriptives concernant cette variable pour les PME multibanques sont les suivantes.

Tableau 4. 2 : Statistiques descriptives du coût de la dette des entreprises multibanques

N

Moyenne

Médiane

Écart-type

Asymétrie

Aplatissement

Min.

Max.

Valide

Manquante

98

0

0,2481

0,2444

0,04198

0,202

-0,730

0,17

0,34

Source : De l'auteur à partir de la base de données constituée

Il ressort de ce tableau que coût de l'endettement financier des PME multibanques est en moyenne égale à 24,81 % avec une fluctuation moyenne de l'ordre de 4,198 %. Remarquons que ce coût est largement supérieur au taux effectif moyen appliqué par les banques sur les crédits aux PME Camerounaises (13,06 %, COBAC, 2009).

2.1.2-) Les variables exogènes

Pour l'étude du lien entre la multibancarisation et les conditions de crédit, deux principales variables, en plus de celles considérées comme proxies de la relation de l'entreprise avec sa banque principale sont retenues :

+ Les variables de multibancarisation sont les suivantes :

- X4 : représente le nombre de créanciers financiers formels de l'entreprise. Les informations sur cette variable sont obtenues à travers la question Q.13-). C'est une variable numérique dont la valeur est obtenue en additionnant le nombre de banques,

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93

d'EMF et d'EF avec lesquels l'entreprise est en relation. En ce basant sur les postulats du modèle de Diamond (1984) qui prédit une duplication des coûts de contrôles et en référence à l'hypothèse n° 2 énoncée ci-dessus, un lien positif est anticipé entre cette variable et les conditions de financement de l'entreprise. Les statistiques descriptives concernant cette variable sont les suivantes :

Tableau 4. 3 : Statistiques descriptives du Nombre de créanciers financiers formels de l'entreprise

N

Moyenne

Médiane

Écart-
type

Asymétrie

Aplatissement

Min.

Max.

Valide

Manquante

98

0

4,04

4,00

0,962

-0,012

-0,573

2

6

Source : de l'auteur à partir de la base de données constituée

Il ressort du tableau 4.3 montre les PME multibanques entretiennent des relations de crédit avec en moyenne 4 créanciers financiers avec un maximum de 6 créanciers. Malgré le grand écart existant entre le minimum (2) et le maximum (6) de cette variable, ce nombre moyen de créanciers financiers est sensiblement le même pour toutes les catégories d'entreprises répertoriées au regard des informations contenues dans le tableau 4.4 ci-dessous.

Tableau 4. 4 : Nombre moyen de créanciers par catégorie d'entreprise

 

Catégorie d'entreprise

Micro

Petite

Moyenne

Moyenne
Supérieure

Total

Moyenne N

Écart-type

4,00

7

1,155

4,16

49

0,825

3,79

28

0,995

4,14

14

1,231

4,04

98

0,962

Source : de l'auteur à partir de la base de données constituée

Ces chiffres ne renseignent néanmoins pas sur la nature de ces créanciers. L'analyse de la figure 4.2 ci-dessous montre que la multibancarisation de la dette peut prendre diverses orientations. Il y ressort qu'environ 26,53 % des PME associent dans leur financement uniquement des banques et des EMF, 31,63 % associent des banques et des EF tandis que seulement 8,16 % diversifient leur endettement en s'adressant uniquement auprès des banques. En se basant sur le fait que le crédit-bail constitue la principale offre des EF, cette figure indique que plus de 50 % des PME utiliseraient ce type de financement.

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

94

Figure 4. 2 : Répartition des PME multibanques selon la nature des sources externes de financement

Source : De l'auteur à partir de la base de données constituée

La prise en compte de ces différentes orientations multibancaires nous amène à la présentation de la seconde variable de multibancarisation.

- X5 : Dualisme banque-EMF, c'est l'une des variantes de l'orientation multilatérale de l'entreprise. Elle est une variable dichotomique prenant la valeur 1 lorsque l'entreprise associe dans son financement banques et EMF et 0 sinon. Elle permet d'apprécier le rôle que pourrait jouer les EMF en termes de certification de la qualité de l'emprunteur pour les banques. Très peu d'études se sont intéressées aux effets d'une telle dualité sur le financement des entreprises. La majorité des études recensée se sont concentrées uniquement sur le nombre de créanciers financiers comme facteur explicatif de conditions de financement des entreprises. Or, une ambigüité ressort de la littérature sur l'importance des EMF dans le financement des PME. D'un côté, Hugon (1996) et Lelart (2006) soulignent qu'en raison des ressources limitées de l'EMF et de leur refinancement auprès des banques commerciales, leur capacité d'offre de crédit aux entreprises est limitée. De plus, les coûts appliqués aux prêts par les EMF seraient supérieurs à ceux des banques. De l'autre côté, Fall et Diagne (2009) arguent que le financement décentralisé voir même relationnel que fournissent les EMF peuvent permettre à l'entreprise emprunteuse de se constituer une réputation. La réputation ainsi acquise pourra en retour être utilisée comme signal de qualité auprès des banques. Cette

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95

ambigüité mérite une attention particulière dans le cadre d'une multilatéralisation. Les statistiques descriptives de cette variable sont les suivantes

Tableau 4. 5 : Statistique descriptive de la variable Dualisme banque-EMF

 

Effectifs

Pourcentage

Pourcentage valide

Pourcentage
cumulé

Valide non

60

61,2

61,2

61,2

oui

38

38,8

38,8

100,0

Total

98

100,0

100,0

 

Source : De l'auteur à partir de la base de données constituée

Ce tableau montre que 38,8 % des PME multibanques ont une relation de crédit avec au moins un EMF.

+ Les variables considérées comme proxies du financement relationnel sont relatives cette fois à la relation entre les PME et leurs banques principales. Elles sont similaires à celles utilisées au chapitre II. Il s'agit de :

- X1 : la durée de la relation avec la banque principale synonyme de production d'information sur l'entreprise ;

- X2 : l'étendue de la relation avec la banque principale représentant la fréquence des contacts et de l'intensité des interactions entre l'entreprise et la banque principale ;

- X3 : l'appartenance de l'entreprise à un même réseau relationnel que sa banque principale.

Suivant la logique de la seconde hypothèse formulée ci-dessus, nous anticipons une réduction de l'incitation de la banque principale à produire des informations sur les entreprises multibanques. Nous postulons aussi un comportement opportuniste (hold-up) des banques principales dans l'utilisation de l'avantage informationnel dont elles disposent (ou sont supposées disposer) par rapport aux autres créanciers de l'entreprise. Un lien positif et significatif entre ces variables relationnels et le coût de l'endettement est par conséquent attendu.

Les statistiques descriptives concernant ces variables ainsi que les variables de contrôle (âge, taille, performance, solvabilité, liquidité et garantie potentielle de l'entreprise) sont présentées dans le tableau 4.6 ci-dessous :

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96

Tableau 4. 6 : Statistiques descriptives des variables relationnelles et de contrôle des PME multibanques

 

N

Moyenne

Médiane

Écart-type

Asymétrie

Aplatissement

Min.

Max.

Valide

Manquante

X1

Durée de la relation avec la BP

98

0

2,20

2,00

1,074

,396

-1,103

1

4

X2

Étendue de la relation avec la BP

98

0

8,08

8,00

1,249

-0,092

-1,007

6

10

X3.1

Appartenance aux réseaux

98

0

0,39

0,00

0,490

0,468

-1,819

0

1

X6

Âge de l'entreprise

98

0

6,67

6,00

2,055

,205

-0,574

2

11

X7

Taille de l'entreprise

98

0

3,2213

3,2581

0,60628

-0,290

-0,751

1,61

4,19

X8

Performance de

98

0

-

0,0017

0,01735

-0,457

-0,417

-,05

0,03

 

l'entreprise

 
 

0,0018

 
 
 
 
 
 

X9

Solvabilité de l'entreprise

98

0

0,1538

0,1542

0,05054

0,073

-0,560

0,05

0,27

X10

Liquidité de l'entreprise

98

0

0,7976

0,7253

0,47919

0,428

-0,886

0,09

1,98

X11

Garantie potentielle de l'entreprise

98

0

0,3078

0,2923

0,12543

0,263

-0,628

0,10

0,62

Source : De l'auteur à partir de la base de données constituée

Ce tableau montre que les PME multibanques ont en moyenne 2 ans de relation de crédit avec leurs banques principales. En rapprochant cette valeur avec l'âge de l'entreprise, nous remarquons cette dernière est en moyenne trois fois supérieure (âge moyen = 6,67). Aussi, le nombre de service moyen utilisé par une PME auprès de sa banque principale est de 8. Les informations relatives au lien sociaux avec la banque contenues dans le tableau 4.7 ci-dessous révèlent que 38.8 % des PME admet appartenir à un même réseau relationnel que leur banque principale.

Tableau 4. 7: Répartition des PME multibanques selon l'appartenance ou non aux réseaux de relation avec la banque principale

 

Effectifs

Pourcentage

Pourcentage valide

Pourcentage cumulé

Valide 0

60

61,2

61,2

61,2

1

38

38,8

38,8

100,0

Total

98

100,0

100,0

 

Source : De l'auteur à partir de la base de données constituée

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

Un récapitulatif de l'ensemble des variables utilisées dans cette recherche ainsi que leurs mesures est contenu dans le tableau 4.8 ci-dessous.

Tableau 4. 8 : Récapitulatif des variables de l'étude

CODAGE

DÉFINITION

MESURE

INFORMATION APPORTÉE PAR LA
VARIABLE

SOURCES

Y

Coût de

l'endettement

Frais financiers

Cieply et Paranque (1997) et Bonfim et al.

(2010) proposent cette mesure pour évaluer le
coût moyen de l'endettement. Elle est qualifiée de taux d'intérêt implicite par les auteurs.

DSF

(Dettes financières +
CBC)

Durée de la relation
avec la banque (ou
banque principale)

Étendue de la
relation bancaire
(avec la banque
principale)

Appartenance à un
même réseau
relationnel

Nombre d'années

Nombre de services
financiers offerts par
la banque (banque
principale)

X3 = 0 Si non X3 = 1 Si oui

Cette variable est, pour Ongena et Smith (1997) et Berger et Udell (1994), synonyme de production d'informations sur l'emprunteur par le prêteur. Plus la durée est élevée, plus le prêteur dispose d'informations sur l'emprunteur.

Indicateur de proximité et de la fréquence des contacts entre l'entreprise et sa banque (banque principale). Une fréquence des contacts élevée est favorable à construction d'une relation de confiance (Cole, 1998)

Q16 et

Q17

Q18

Q15 et

Q19

X1

X2

X3

X4

Nombre de
créanciers financiers

Nombre de sources formelles offrant des services financiers

X5

Dualité banques-
EMF

X5 = 0 Si non X5 = 1 Si oui

X6

X7

Âge de l'entreprise

Taille de l'entreprise

Nombre d'années écoulées depuis la création de l'entreprise

Logarithme du Nombre d'employés de l'entreprise

Q11,

Q12 et

Q13

Q12 et

Q13

C'est un indicateur du niveau de diversification de la dette.

Se sont des indicateurs du degré d'opacité informationnelle ainsi que des besoins financiers des entreprises. Les plus jeunes et de petite taille sont supposées plus opaques car elles n'ont pas d'historiques permettant de juger a priori de leur situation financière Petersen et Rajan, 1994

Q3
et
DSF

Q2
et
DSF

Elle permet d'apprécier le rôle que pourrait jouer les substituts au financement bancaire en termes de certification de la qualité de l'emprunteur pour les banques.

X8

Performance de
l'entreprise

Résultat net
Total actif

DSF

C'est un indicateur à la fois de la santé financière de l'entreprise, de sa capacité à s'autofinancer et de sa capacité à rentabiliser les capitaux que lui ont confié l'ensemble de ses bailleurs de fonds.

97

X9

 

Solvabilité de
l'entreprise

(Dettes financières + CBC)

Total actif

Cette variable fournie des informations sur le niveau de dépendance financière de l'entreprise

DSF

X10

Liquidité de
l'entreprise

(Actif circulant + Trésorerie Actif) (Passif Circulant + Trésorerie Passif)

Indicateur du risque financier associé à l`entreprise. Elle traduit la capacité de l'entreprise à faire face à ses engagements de court terme en utilisant ses actifs les plus liquides.

DSF

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

 
 

Immobilisations

Elle représente à la fois une proxy des garanties que peut offrir l'entreprise à la banque et un

indicateur du risque associé à l'activité de

 

X11

Garanties potentielle

corporelles

l'entreprise. Une valeur faible de cette variable

 
 

de l'entreprise

Total actif

signifie que l'entreprise investie plus en Actifs

intangibles qui sont, par nature, des actifs
risqués.

DSF

Source : De l'auteur

2.1-) Formalisation du modèle

Ce chapitre de notre étude se propose de mettre en évidence l'influence du régime multibancaire de financement sur les conditions de financement de l'entreprise. Au vue des variables ci-dessus présentées, la cadre opératoire retenu pour l'hypothèse n°2 peut être représenté par la figure suivant :

Figure 4. 3 : Cadre opératoire retenue pour l'hypothèse 2

VARIABLES DE MULTIBANCARISATION

- Nombre de créanciers financiers formels t-1

- Dualisme banques-EMF t-1

- Durée de la relation avec la BP t-1

- Étendue de la relation avec la BP t-1 - Appartenance à un même réseau relationnel t-1

VARIABLES DE CONTRÔLE

- Âge de l'entreprise t-1

- Taille de l'entreprise t-1

- Performance de l'entreprise t-1

- Solvabilité de l'entreprise t-1

- Liquidité de l'entreprise t-1

- Garanties potentielle de l'entreprise t-1

VARIABLES RELATIONNELLES

Variable expliquée : yt

Coût de
l'endettement t

Influence

Variables explicatives : xt-1

Source : De l'auteur

98

Le modèle qui découle de ce cadre opératoire est similaire à ceux présentés au chapitre II. Il se présente sommairement sous la forme :

- Coût de l'endettement t = f (variables de multibancarisation, variables relationnelle,

variables de contrôle) t-1

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

99

Cette équation sera estimée à l'aide du model linéaire général en suivant les approches d'estimation présentés au chapitre II.

Section II: La multibancarisation, un choix couteux pour les PME camerounaises

Les principaux résultats relatifs à l'influence de la multilatéralisation de la dette sur le coût d'endettement sont présentés dans cette section. Une analyse explicative précèdera les tests économétriques ainsi que l'interprétation des données.

I-) Analyse bivariée et choix du mix optimale de variables exogène

Une analyse de la corrélation entre variables exogènes pour détecter d'éventuelles problèmes de multicolinéarité (1.1) sera suivi d'un examen de la corrélation entre exogènes et endogènes (1.2) pour un choix du mix optimal de variables explicatives.

1.1-) Corrélation entre exogènes

Avant d'effectuer nos régressions, nous avons recours à des tests de corrélation pour détecter les éventuelles colinéarités entre les variables explicatives et anticiper les signes des coefficients des régressions que nous effectuerons. Nous faisons donc recours au coefficient de corrélation qui constitue une mesure de l'intensité de liaison entre deux variables. Le coefficient employé est le coefficient de linéaire simple dit de Bravais-Pearson (rxy) qui est une normalisation de la covariance de deux variables (X et Y) par le produit de leurs écarts-types. Le test d'hypothèse s'écrit : H0 : rxy = 0 Vs H1 : rxy ? 0 . Plutôt que de comparer la statistique calculée avec le seuil théorique fourni par la loi de Student (voir chapitre II), le logiciel SPSS 17.0 propose également la probabilité critique (p-value traduite par Sig. (bilatéral)) que l'on doit comparer au risque á qu'on s'est fixé. Si la p-value est inférieur à á, alors l'hypothèse nulle est rejetée.

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

100

Tableau 4. 9: Matrice de corrélation entre les variables exogènes relatives aux PME multibanques

X1 :

Pearson

X1 :

X2 :

X3.1 :

X4 :

X5.1 :

X6 :

X7 :

X8 :

X9 :

X10 :

X11 :

1

 

Sig.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

X2 :

Pearson

0,141

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Sig.

(0,166)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

X3.1 :

Pearson

-0,132

0,015

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Sig.

(0,194)

(0,882)

 
 
 
 
 
 
 
 
 

X4 :

Pearson

0,141

-0,011

0,185

1

 
 
 
 
 
 
 
 

Sig.

(0,165)

(0,911)

(0,068)

 
 
 
 
 
 
 
 

X5.1 :

Pearson

-0,132

0,015

1,000**

0,185

1

 
 
 
 
 
 
 

Sig.

(0,194)

(0,882)

(0,000)

(0,068)

 
 
 
 
 
 
 

X6 :

Pearson

0,194

-0,034

0,127

0,017

0,127

1

 
 
 
 
 
 

Sig.

(0,056)

(0,742)

(0,212)

(0,866)

(0,212)

 
 
 
 
 
 

X7:

Pearson

0,259**

-0,012

-0,194

-0,074

-0,194

0,198

1

 
 
 
 
 

Sig.

(0,010)

(0,909)

(0,055)

(0,469)

(0,055)

(0,050)

 
 
 
 
 

X8 :

Pearson

-0,073

-0,111

-0,057

-0,067

-0,057

-0,009

-0,045

1

 
 
 
 

Sig.

(0,477)

(0,277)

(0,575)

(0,513)

(0,575)

(0,930)

(0,660)

 
 
 
 

X9:

Pearson

0,063

-0,115

-0,007

0,086

-0,007

0,021

0,143

-0,027

1

 
 
 

Sig.

(0,538)

(0,259)

(0,945)

(0,400)

(0,945)

(0,834)

(0,159)

(0,790)

 
 
 

X10 :

Pearson

-0,089

0,061

-0,248*

-0,170

-0,248*

-0,215*

-0,264**

-0,034

-0,071

1

 
 

Sig.

(0,385)

(0,552)

(0,014)

(0,095)

(0,014)

(0,034)

(0,009)

(0,740)

(0,485)

 
 

X11 :

Pearson

-0,017

-0,048

-0,159

-0,223*

-0,159

-0,081

0,175

0,024

0,343**

0,052

1

 

Sig.

(0,871)

(0,638)

(0,118)

(0,027)

(0,118)

(0,429)

(0,084)

(0,814)

(0,001)

(0,608)

 

**. La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral). *. La corrélation est significative au niveau 0.05 (bilatéral).

Source : de l'auteur à partir de la base de données constituée

En s'intéressant à l'ensemble des résultats fourni par le tableau et plus précisément aux coefficients significatifs, deux liaisons caractérisées par de coefficients élevés doivent faire l'objet d'un intérêt particulier pour la suite de la régression. A la lecture des résultats du tableau 4.9, nous remarquons que les variables X3.1 et X5.1 sont parfaitement corrélées. Cette situation traduit le fait l'une des variables apporte la même information que l'autre. L'une de ces variables devra par conséquent être exclue de l'équation de régression. Aussi, une attention sera porté aux couples (X4, X5.1) et (X9, X11), car la valeur élevée de ces coefficients (rx4.x5 = 0,467 et rx9.x11 = 0,540) pourrait créer des problèmes colinéarité et biaiser les résultats des régressions.

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101

1.2-) Corrélation entre endogènes et exogène et choix du mix optimal de variables explicatives

L'objectif de la régression est de garder le meilleur modèle composé des variables les plus corrélées avec Y et les moins corrélées entre elles. En ce sens, l'étude de la relation bilatéral entre endogène et exogènes complète celle de la corrélation entre exogènes. Le tableau 4.10 ci-dessous présente le niveau de significativité de chaque exogène avec le coût de la dette.

Tableau 4. 10 : Corrélation entre endogènes et exogènes des entreprises multibanques

 

X1

X2

X3.1

X4

X5.1

X6

X7

X8

X9

X10

X11

Y Pearson

0,193

0,193

0,161

0,414**

0,161

0,159

-0,072

-0,259*

0,122

-0,149

-0,403**

Sig.

(0,057)

(0,057)

(0,112)

(0,000)

(0,112)

(0,118)

(0,483)

(0,010)

(0,232)

(0,143)

(0,000)

**. La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral). *. La corrélation est significative au niveau 0.05 (bilatéral).

Source : de l'auteur à partir de la base de données constituée

Ce tableau nous montre que pour un seuil de 5 %, seul les variables nombre de créanciers, taille et garantie potentielle sont significativement liées au coût de la dette. Cependant, à un risque de 10 %, les variables durée et étendue de la relation avec la BP deviennent significatives. Ces variables sont potentiellement les facteurs les plus pertinentes pour l'explication du coût de la dette des PME multibanques. En dépit de la pertinence de ces relations bilatérales, les conclusions relatives à la causalité nécessitent des analyses plus approfondies. Les liaisons jusque là identifiées ne représentent en aucun cas des conclusions définitives quant à l'incidence du régime multibancaire de financement sur le coût de l'endettement des PME. Elles ne sont présentées qu'à titre indicatif en attendant la confirmation par les résultats de la régression.

II-) Résultats de l'estimation et interprétations

Nous procèderons dont lors de l'exécution des régressions aux tests de détection de la multicolinéarité des variables endogènes. Pour rappel, Deux principaux test ont été utilisés à cet effet : celui de présomption de multi colinéarité (ou test de Klein) et celui relatif au facteur d'inflation de la variance (Vif) ou au coefficient de Tolérance (T).

> Le test de Klein repose sur le principe suivant :

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102

- Nous calculons normalement la régression linéaire multiple sur y = a0 + a1x1 + a2x2 + .... + apxp + å, nous recueillons le coefficient de détermination R2.

- Nous calculons les corrélations croisées entre les variables exogènes xj et xt : rjt (j=1,2,..., p ; et t=1,2,..., p avec i ? j).

- Il y a présomption de colinéarité s'il existe au moins un couple de variables (xj, xt) tel que R2 < r2jt. Une simple proximité entre ceux deus coefficients doit constituer une alerte dans la pratique.

> Les deux mesures (Tolérance et Vif) sont bâties à partir de régressions artificielles (sans prétention d'interprétation) où une variable explicative du modèle étudié est « régressée » sur les autres variables explicatives du modèle. Il faudra effectuer la régression d'une exogène xj avec les (p-1) autres exogènes, puis analyser le coefficient de détermination R2j associé. On défini le coefficient Vif j = 1/Tolérance j (avec Tolérance j = 1 - R2 j). Plus R2 j est élevé, plus la Tolérance j est faible, plus le Vif j est élevé et plus l'exogène xj souffre de colinéarité. On décide qu'il y a un problème de multicolinéarité lorsque qu'au moins un des Vif j = 4 (ou Tolérance j = 0,25) (Rakotomalala, 2011).

2.1-) Les facteurs explicatifs du coût de la dette des PME multibanques

Les principaux résultats de l'estimation sont présentés dans le tableau 4.11 ci - dessous.

Dans la régression 1, la variable appartenance aux réseaux à été supprimé car étant corrélée avec la variable dualisme banque-EMF. Les variables les moins significatives de la régression 1 sont supprimées lors de l'exécution de la régression 2. Nous constatons ainsi une amélioration de la capacité prédictive de modèle (R2 ajusté passe de 0,368 à 0,372). Les modèles présentent une bonne qualité d'ajustement puisque le coefficient de détermination le plus bas est de 0,368 (R2 ajusté régression 1). Plusieurs coefficients sont significatifs. Le test de Fischer sur la pertinence de l'ajustement montre une P-Value inférieure à 0.01 et une statistique empirique supérieure à la valeur théorique lue sur la table de Fischer.

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Tableau 4. 11 : Résultats de la régression du coût de la dette des PME multibanques

 

Régression.1

Régression. 2

X0 : Constante

0,183***

0,175***

 

(5,166)

(7,080)

X1 : Durée de la relation avec la BP

0,004

x

 

(1,027)

 

X2: Étendue de la relation avec la BP

0,006**

0,006**

 

(2,136)

(2,246)

X3.1 : Appartenance aux réseaux

x

x

 
 
 

X4 : Nombre de créanciers financiers formels

0,011***

0,013***

 

(2,977)

(3,436)

X5.1 : Dualisme banque-EMF

3,309E-5

x

 

(0,004)

 

X6: Âge de l'entreprise

0,002

x

 

(1,235)

 

X7 : Taille de l'entreprise

-0,006

x

 

(-1,000)

 

X8 : Performance de l'entreprise

-0,496**

-0,490**

 

(-2,500)

(-2,492)

X9 : Solvabilité de l'entreprise

0,205***

0,211***

 

(2,784)

(2,900)

X10 : Liquidité de l'entreprise

-0,007

x

 

(-0,885)

 

X11: Garantie potentielle de l'entreprise

-0,129***

-0,138***

 

(-4,236)

(-4,629)

-*R2

-*R2 ajusté

-*Test de klein (comparairon de R2 au r2 jt maximum) -*VIF (Coefficient de tolérance le plus faible TXj)

Statistique

-*Test de Shapiro-Wilk

P-value

-*Statistique de Fisher

0,433 0,368 0,443 > (0,343)2 TX7 = 0,762 0,988

0,546

6,644***

0,404 0,372 0,404 > (0,343)2 TX9 = 0,844 0,992

0,823

12,482***

La variable expliquée est le coût d'endettement. Le nombre d'observation est de 98 (PME multibanques). Les valeurs entre parenthèse représentent les statistiques de Student associées aux coefficients. ***, **, * traduisent respectivement une significativité des coefficients à 1 %, 5 % et 10%. Les six dernières lignes sont consacrées aux tests de la qualité d'ajustement des modèles.

Source : de l'auteur

2.2-) Les PME multibanques victimes de hold-up et de duplication de coût de transaction

L'interprétation des résultats sera faite en s'intéressant tout d'abord aux variables de contrôle puis aux variables relationnelles et enfin aux variables de multilatéralisation.

Concernant les variables de contrôle, l'âge, la taille et liquidité de l'entreprise ne présente pas de coefficients significatifs. Ces variables ne semblent pas avoir d'intérêt dans la facturation des services financiers par les créanciers de l'entreprise. Cette absence de liaison

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significative ne rejoint pas la conception selon laquelle le degré d'opacité de l'entreprise (mesuré par l'âge et la taille) serait inversement au rationnement de crédit et donc au coût de l'endettement.

Les garanties sont considérées comme une Proxy inverse des coûts d'agence. La variable garantie potentielle présente un signe significatif et négatif. Cette relation entre la propension à présenter des garanties sous forme d'actifs tangibles et le coût du crédit bancaire confirme les idées des théories de l'agence et du signal. La théorie de l'agence considère que les garanties ont un impact positif sur la dette puisqu'elles contribuent à réduire les coûts d'agence dirigeants-créanciers Le monitoring de la PME multibanque est moins fréquent et génère des économies de coûts qui son répercutés sur la tarification de ses services financiers.. Les garanties sous forme d'immobilisations corporelles sont donc un critère important conditionnant le coût d'endettement des PME. Lehmann et Neuberger (2001) trouvent également en Allemagne que le niveau de garantie offert par les PME pour une demande de prêts influence négativement sur le taux d'intérêt bancaire.

La variable performance présente également un coefficient négatif et significatif. Plus les PME génèrent suffisamment de profits leurs permettant éventuellement de couvrir leurs charges financières, moins le coût d'endettement est élevé.

Le niveau d'endettement de l'entreprise, représenté par la variable solvabilité de l'entreprise, à une influence positive et significative sur le coût du crédit. Contrairement à l'argument de Ross (1977), l'augmentation du niveau d'endettement de l'entreprise multibanque serait plus perçue par les banques comme une source supplémentaire de risque et non comme un signal de qualité. Un résultat similaire est trouvé par Ziane (2003), sur des données françaises.

La régression du coût d'endettement des PME montre que parmi les variables relationnels (X1, X2 et X3.1) seule l'étendue des services financiers offerts par la banque principale (X2) de l'entreprise est significative. Le signe positif de son coefficient peut trouver justification dans l'hypothèse du hold-up informationnel de Sharpe (1990). Les BP, opportunistes, utiliseraient l'avantage informationnel issu de la fréquence des contacts avec les PME pour satisfaire uniquement leurs intérêts. Weinstein et Yafeh (1998), dans le contexte japonais, trouvent également qu'en dépit du fait que l'étendue de la relation avec la banque

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principale est source de disponibilité de crédit, celle-ci s'accompagne d'un coût élevé et d'un faible niveau de croissance de l'entreprise74.

Les variables de multibancarisation (X4 et X5.1) sont tous positivement liées au coût d'endettement. Cependant, seule la variable nombre créanciers financiers a un coefficient significatif. Contrairement aux arguments de Fall et Diagne (2009), les EMF ne joueraient pas un rôle de certification de la qualité de l'emprunteur auprès des banques. Le signe positif de la variable dualisme banque-EMF tend plutôt à corroborer la thèse selon laquelle étant donné que les EMF se refinancent auprès des banques commerciales, les taux d'intérêt appliqués sur les crédits par ceux-ci seraient nécessairement supérieurs à ceux de la banque. La combinaison banque-EMF n'aurait donc pour conséquence qu'une augmentation du coût de la dette.

Les résultats obtenus sur la variable nombre de créanciers financiers sont similaires à ceux de Petersen et Rajan (1994) aux États-Unis, de Cánovas et Solano (2003) en Espagne, et de Shikimi (2005) au Japon. Ils corroborent la thèse de Diamond (1984) selon laquelle plus le nombre de créanciers est élevé, plus les coûts des transaction sont dupliqués et répercutés dans les conditions de financement de l'entreprise. L'argument selon lequel la multiplication des interlocuteurs financiers permettrait à la PME d'arbitrer sur les conditions de crédit proposées par chacun d'eux et d'en choisir la meilleure offre est infirmée en référence au coût du crédit.

La deuxième partie de ce travail avait pour finalité l'analyse de l'incidence de la multibancarisation sur le coût de l'endettement des PME camerounaises. Un parcours de la littérature théorique et empirique sur le sujet à permis de recenser un ensemble de variables caractérisant principalement ce régime de financement (Nombre de créanciers financiers, Dualisme banque-EMF, Durée et Étendue de la relation avec la banque principale). L'analyse basée sur un échantillon de 98 PME multibanques montre que, malgré le lien positif constaté entre ces variables et le coût de l'endettement, seules les variables Nombre de créanciers et Durée de la relation présentent des coefficients significatifs. La seconde hypothèse de la

74 Précisons que les auteurs justifient le faible niveau de croissance par le fait que les banque s'approprieraient les bénéfices de la relation de clientèle et, par un comportement opportuniste, dissuaderaient les entreprises à investir dans les projets innovants et risqués comme les investissements en immatériels.

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recherche selon laquelle le régime multibancaire de financement est lié positivement au coût de l'endettement n'a donc été que partiellement validée.

CONCLUSION GÉNÉRALE

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Rendu à ce stade de la réflexion au regard des développements et analyses établis, cette conclusion étayera davantage les points principaux de cette recherche ainsi que les apports de connaissances. Par ailleurs, il s'agira aussi d'élargir le champ de l'étude vers de nouvelles perspectives.

S'intéressant aux problèmes qui entravent le développement des entreprises, cette recherche porte un intérêt particulier aux problèmes de financement des petites et moyennes entreprises camerounaises. Elle s'est articulée autour de la problématique quelle est l'influence des régimes de financement sur les conditions de crédit des entreprises ? Autrement dit, quelle est l'incidence des régimes monobancaire et multibancaire de financement sur le coût de l'endettement ? Il s'agissait spécifiquement de montrer, sur la base de la relation qui existe entre l'entreprise et sa banque principale, l'incidence de la stratégie monobancaire et de la stratégie de multibancaire sur le coût du crédit supporté par les PME. Deux hypothèses, inspirées de la littérature théorique et empirique ont été formulées :

- suivant la première hypothèse, le régime monobancaire de financement est lié négativement au coût de l'endettement des entreprises camerounaises ;

- suivant la seconde hypothèse, le régime multibancaire de financement est lié positivement au coût de l'endettement des entreprises camerounaises.

Ces deux présupposés théoriques constituent des réponses provisoires à notre question de recherche et mettent en évidence, sur la base de leurs formulations, le fait que cette recherche a adopté une approche hypothético-déductive. Ainsi, notre première hypothèse est fondée sur les postulats de la théorie du contrat social. L'idée de fond de cette théorie est que la réputation, la confiance et le capital social qui émergent de multiples échanges et interactions sociales entre agents économiques atténuent considérablement les asymétries d'information et sont favorables à la réduction des coûts de transaction et/ou d'agence. L'économie de coût ainsi généré serait bénéfique aux deux parties au contrat étant donné que les échanges répétées inhibent les comportements opportunistes (Macneil, 2000 ; Ring et Van De Ven, 1992 ; Ambroise et al., 2009).

La seconde hypothèse quant à elle tire sa source principalement des théories l'intermédiation financière. Selon ces dernières théories, il est sous optimale pour une entreprise de multiplier ses interlocuteurs financiers, car il s'en suit une duplication des coûts de transaction et/ou d'agence dont les répercutions se feront ressentir sur les conditions de financement (Diamond, 1984). De plus, l'instauration de la concurrence entre les créanciers serait préjudiciable pour l'entreprise étant donné qu'elle pourrait contribuer d'une part à

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réduire l'incitation de la banque principale à collecter et à traiter les informations soft. D'autre part, elle pourrait générer des comportements de « passager clandestin » et conduire les créanciers à adopter un comportement plus transactionnel les rendant plus réticents à octroyer du crédit aux conditions voulues par l'entreprise (« winner's curses », Rajan, 1992).

Pour vérifier empiriquement les hypothèses formulées, nous avons eus recours aux Déclarations Statistiques et Fiscales déposées auprès de l'Institut National de la Statistique. Les informations issues de ces Déclarations ont été complétées par une enquête de terrain réalisée auprès des PME de la ville camerounaise de Douala. Les informations obtenues et utilisables ont porté sur 189 PME (dont 91 monobanques et 98 multibanques) et concernent les années 2008 et 2009.

Sur un plan statistique, le traitement des données s'est fait à l'aide du logiciel SPSS 17.0. Le modèle linéaire général a été employé pour la régression du coût de l'endettement de l'année 2009 sur l'ensemble des exogènes portants sur l'année 2008. Après application des principaux tests d'hypothèses (corrélation de Pearson, test de Klein, test du Facteur d'inflation de la variance, Student, Fisher, Shapiro-Wilk), les principaux résultats obtenus révèlent que :

- La durée et l'étendue de la relation monobancaire ainsi que l'existence de liens sociaux entre les banques et les PME camerounaises ont une influence négative et significative sur le coût de l'endettement de ces dernières. Ces résultats obtenus à l'issue de la première estimation vérifient notre première hypothèse et par là les postulats de la théorie du contrat social. La confiance se révèle être un facteur déterminant dans les relations banque-PME dans le contexte camerounais ou est fortement décrié un comportement transactionnel des créanciers (Ndjanyou, 2001 ; Wanda, 2007). Le financement exclusif influencerait ainsi le comportement des banques en leur faisant intégrer des variables de l'approche relationnel de l'échange.

- Concernant la seconde hypothèse, le nombre de créanciers financiers formels est lié positivement et significativement avec le coût de la dette des PME multibanques. Ce résultat est cependant associé à un lien positif mais non significatif de la dualité banque-Établissement de microfinance avec le coût. Par ailleurs, la banque principale, dans le cas d'un financement multilatéral, aurait tendance à extraire une rente informationnelle en surtaxant les PME comme l'indique le lien positif et significatif constaté entre l'étendue des services offerts par la banque principale et le coût de l'endettement. La multibancarisation constituerait ainsi une entrave à la production d'informations sur l'entreprise par la banque principale. En outre, elle inciterait cette dernière à utiliser de

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manière opportuniste le supplément d'information qu'elle est supposée disposée sur la PME par rapport aux autres créanciers pour la surtaxer. La seconde hypothèse n'est donc que partiellement validée.

A la suite de ces résultats, nous pouvons dégager deux enseignements managériaux. Premièrement, les banques camerounaises ne font relativement pas un usage opportuniste de la situation de dépendance asymétrique dans une relation monobancaire et privilégient plutôt l'effet réputation et satisfaction par rapport aux résultats passés pour tarifier les services financiers offerts aux PME. Deuxièmement, en se référent aux facteurs déterminants le pouvoir de négociation des fournisseurs et des clients sur le marché du crédit, nous constatons que les effets induits par les coûts de transferts ainsi que la dépendance des PME multibanques à l'égard des crédits bancaires dominent ceux induits par la concurrence entre les différents créanciers financiers de l'entreprise.

Somme toute, le comportement des banques principales dans le contexte camerounais est divergent selon que la PME est monobanque ou multibanque. Le premier cas laissant présager un climat de confiance dans la relation tandis que le second se traduisant par des comportements opportunistes. Ces résultats interpellent en conséquence les PME soucieuses d'améliorer leurs conditions de financement à prendre en compte, l'importance des variables relationnelles comme confiance, le capital social et le lien étroit dans leurs relations avec les interlocuteurs financiers en général et la banque principale en particulier.

Au delà des contributions de cette étude, il est évident qu'elle présente certaines faiblesses. Un travail de recherche ne saurait être complètement parfait. Malgré tous les efforts consentis pour la valoriser, les problèmes rencontrés lors de la collecte des données confèrent probablement à cette étude quelques imperfections liées notamment à la constitution des échantillons, à leurs tailles relativement faibles, ainsi qu'à la prise en compte de toutes les variables pertinentes inhérentes à une relation de crédit (distance géographique entre la banque et la PME, indice de concentration de la dette) ; imperfections qui ne vont pas sans soulever une validité des résultats qui laisse place à des améliorations potentielles.

Néanmoins, les résultats ainsi obtenus ouvrent la voie à une possibilité d'étendre la recherche. En se basant sur la confirmation de l'hypothèse première validant l'utilité du transfert des informations « soft » de l'entreprise vers la banque, on pourrait analyser l'influence du financement relationnel sur le système d`information financier des PME en terme non seulement de sa formalisation, mais aussi de la qualité des informations transmises, non plus à la banque principale uniquement, mais à l'ensemble des partenaires de l'entreprise.

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Annexes

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

120

Annexe n° 1 : Quelques appréhensions de la PME sur le plan international

ORGANISATION OU PAYS

CRITÈRES DE DÉFINITION

Effectif annuel
(EA)

Chiffre d'affaires (CA)
(en million d'unité monétaire)

Total Bilan (TB) ou Total Actifs (TA)

(en million d'unité monétaire)

Indépendance

Union
Européenne
Recommandation
2003/361/CE

(Unité monétaire :
EURO)

Mi-E

[1 - 10]

CA < 2 ou TB < 2

(non défini auparavant)

Ne pas détenir une

participation 2 à 25 % du capital ou des droits

de vote d'une autre
entreprise et/ou ne pas être détenue à plus de 25

% par une autre

entreprise ou

conjointement par

plusieurs entreprises.

P-E

]10 - 50]

CA < 10 ou TB < 10

(< 7 en 1996) (< 5 en 1996)

Mo-E

]50 - 250]

10 < CA < 50 ou 10 < TB < 43

(< 40 en 1996) (< 27 en 1996)

Banque mondiale

(2004)

(Unité monétaire : US DOLLAR)

Mi-E

[1 - 10]

(non défini)

TA < 0,1

(non défini)

P-E

]10 - 50]

]0,1 - 3]

] 0,1 - 3]

Mo-E

]50 - 300]

]3 - 15]

]3 - 15]

CHINE : Bureau d'État aux Statistiques
10/Javier/2005

(Unité monétaire : YUAN)

Industrie

P-E

[1 - 300[

CA < 30

TA < 40

(non défini)

Mo-E

[300 - 2 000[

[30 - 300[

[40 - 400[

Construction

P-E

[1 - 600[

CA < 30

TA < 40

Mo-E

[600 - 3 000[

[30 - 300[

[40 - 400[

Commerce de gros

P-E

[1 - 100[

CA < 30

(non défini)

Mo-E

[100 - 200[

[30 - 300[

Commerce de détail

P-E

[1 - 100[

CA < 10

Mo-E

[100 - 500[

[10 - 150[

Transport

P-E

[1 - 500[

CA < 30

Mo-E

[500 - 3 000[

[30 - 300[

Poste et
Administra-
tion

P-E

[1 - 400[

CA < 30

Mo-E

[400 - 1 000[

[30 - 300[

Logement et Hôtellerie

P-E

[1 - 400[

CA < 30

Mo-E

[400 - 800[

[30 - 150[

Mi-E : microentreprise ; P-E : petite entreprise ; Mo-E : moyenne entreprise Source : de l'auteur à partir de ses lectures

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

Annexe n° 2 : Questionnaire de la recherche

Fatherland

SOA

de

RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix - Travail - Patrie

UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ II -

Faculté des Sciences Économiques et

Gestion

BP : 1365 Yaoundé

Tel/Fax : (237) 22 21 34 41 / 22 23 73 89

TCHAMABE Jules

Tel: 74 25 23 71

Email: overmeter@yahoo.fr

REPUBLIC OF CAMEROON

Peace - Work -

THE UNIVERSITY OF YAOUNDÉ II - SOA
Faculty of Economics and
Management
P.O.BOX : 1365 Yaoundé
Tel/Fax : (237) 22 21 34 41 / 22 23 73 89

Au Service Financier

Questionnaire de recherche

Madame/Monsieur, le directeur général, Madame/Monsieur, le responsable,

Relations de

Nous sommes chercheurs en DEA Sciences de Gestion de la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion de l'Université de Yaoundé II-Soa. La recherche est relative au comportement d'endettement des entreprises au Cameroun et nous envisageons la réalisation d'une enquête portant sur le thème « crédit et coût du financement : le cas des PME camerounaises ».

Compte tenu de l'importance des problèmes abordés, votre contribution est fort souhaitée à travers les réponses aux questions formulées dans le présent questionnaire. Les modalités de réponse vous seront indiquées pour chaque question.

Les données recueillies sont couvertes par le secret statistique et feront l'objet d'un traitement strictement anonyme conformément à la loi N° 91/023 du 16 Décembre 1991 sur les recensements et enquêtes statistiques.

Nous vous exprimons par avance nos très vifs remerciement pour la collaboration que vous voudriez bien nous apporté.

NB :

 

Bien vouloir tenir compte de l'année 2008 pour ce faire.

 
 
 
 
 

0-) Inscrivez, SVP, le nom ou la raison sociale de votre entreprise

00-) Quelle est l'activité principale de votre entreprise ?

CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES DE L'ENTREPRISE

Q.1-) Quel est le statut juridique de votre entreprise ? (Cochez dans la case correspondante SVP)

l Société à responsabilité limitée (SARL)

l SARL unipersonnel

l Société anonyme (SA)

l Société individuelle

n Société en nom collectif (SNC) n Société en commandite simple (SCS)

n n

n Autre (précisez SVP) :
n

Q.2-) Votre entreprise compte combien d'employés ? (précisez le nombre d'employés SVP):

employés

Q.4-) Quelle est l'année de création de votre entreprise ? (Précisez l'années de création SVP) :

19 / 20

Q.4-) Combien d'actionnaires compte votre entreprise

? : (Précisez le nombre d'actionnaires SVP)

:

121

. actionnaires

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

122

Q.5-) Votre entreprise appartient-elle à un groupe ? (Cochez dans la case correspondante SVP) :

l Oui n Non n

Q.6-) Quelle est la proportion du capital détenue par l'actionnaire principal de votre entreprise ?

(Cochez dans la case correspondante SVP) :

l 0 à 25% n 26 à 50% n 51 à 75 % n plus de 75% n

Q.7-) Dans quelle proportion estimez-vous le chiffre d'affaire annuel de votre entreprise ? (Cochez dans la case correspondante SVP) :

l de 0 à 25 000 000 F n

l de 76 à 100 000 000 F

n

l de 151 à 175 000 000 F

n

l de 26 à 50 000 000 F n

l de 100 à 125 000 000 F

n

l de 176 à 200 000 000 F

n

l de 51 à 75 000 000 F n

l de 126 à 150 000 000 F n

l Plus de 200 000 000 F

n

 

STRUCTURE D'ENDETTEMENT DE L'ENTREPRISE

Q.8-) Votre entreprise a-t-elle sollicité un crédit bancaire depuis sa création ? (Cochez dans la case

correspondante SVP) : Oui n allez à Q.9-)

l Non n arrêtez et merci pour votre collaboration

Q.9-) Le tout premier crédit bancaire sollicité par votre entreprise auprès de sa banque a-t-il été obtenu ? (Cochez dans la case correspondante SVP) :

l Rép. 1 : Oui, dans toutes les conditions de crédit (montant, taux d'intérêt et garanties) désirées n

l Rép. 2 : Oui, mais les conditions de crédit désirées par l'entreprise ont été modifiées n

l Rép. 3 : Non, la première banque que nous avons sollicitée a refusé de nous accordé du crédit n

Q.10-) Si votre entreprise a sollicité du crédit bancaire durant la période 2008-2009 veuillez indiquer si celui-ci à été obtenu ou pas (Cochez dans la (les) case(s) correspondante(s) SVP) :

l Rép. 1 : Notre entreprise n'a pas sollicité du crédit bancaire durant cette période n

l Rép. 2 : Non, le crédit bancaire sollicité durant cette période n'a pas été obtenu n

l Rép. 3 : Oui, notre entreprise a obtenu le dernier crédit bancaire sollicité durant cette période n

Q.11-) Quelle a été la réaction de votre entreprise face à ce refus de la banque de prêter dans les conditions voulues par elle ? (Cochez dans la case correspondante SVP) :

l Votre entreprise s'est rapprochée du chargé d'affaires de la même banque en développement des relations n Informelles, en améliorant la communication

l Votre entreprise a changé de banque n

l Votre entreprise s'est rapprocher de plusieurs autres intermédiaires financiers (banques, établissements n
financiers, établissements de microfinance) pour solliciter du crédit

Autres (précisez SVP) :

Q.12-) Parmi les sources de financement externes suivantes, quelles sont celles qui sont utilisées par votre entreprise ? (Cochez dans la (les) case(s) correspondante(s) SVP) :

l Banques n Établissements financiers n
(Entreprises spécialisées dans le crédit-bail par exemple)

l Établissement de microfinance n Tontines n

l Entreprise de capital-risque n

[Organisme ayant une participation temporaire dans le capital de votre entreprise et qui, grâce à son savoir faire, assiste cette dernière dans sa gestion (détermination de sa politique générale, conception de projets d'investissement, évaluation financière, recrutement de personnel...)].

l Autres (Précisez SVP) :

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

Q.13-) Avec combien de banques, établissements financiers et/ou établissements de microfinance votre entreprise est-elle en relation ? (Remplissez le tableau suivant SVP).

Nature de la source de
financement

Nombre

Banques

 

Établissements financiers

 

Établissements de microfinance

 

NB : -* Si votre entreprise n'est en relation

qu'avec une et une seule banque et aucun autre

-*

intermédiaire financier, passez à Q.15-)

Si le nombre total de source de

financement est supérieur à 2, passez à Q.14-)

Q.14-)

Cette question est optionnelle et dépendant des réponses de la question précédente

non

réponses

oui

(Cochez dans la (les) case(s) correspondante(s) SVP) :

+ Si votre entre prise est en relation avec une et une seule banque :

 
 

Est-elle la seule banque que votre entreprise ait contractée depuis sa création ?

n

n

Votre entreprise a-t-elle contracté avec un autre partenaire financier (banque, établissement financier, établissement de microfinance) depuis le début de sa relation avec la banque actuelle ?

n

n

+ Si votre entreprise est en relation avec plusieurs partenaires financiers, quelles

seraient les principales raisons de ce choix ?

 
 

Certaines banques en relation avec votre entreprise refusent souvent de prêter

n

n

Coût du crédit bancaire (taux d'intérêt et niveau de garantie) trop élevé

n

n

Certaines banques en relation avec votre entreprise exigent des garanties personnelles

n

n

Certaines banques en relation avec votre entreprise ne l'encouragent pas assez à faire des commentaires et/ou des réclamations

n

n

L'offre de financement de certaines banques n'est pas adaptée aux besoins de notre entreprise

n

n

La durée du crédit bancaire est faible

n

n

Votre entreprise est sensible aux offres promotionnelles que peuvent faire les autres intermédiaires financiers

n

n

Votre entreprise est régulièrement sollicitée par les autres intermédiaires financiers pour ouvrir un compte

n

n

Les offres de financement des Établissements de microfinance sont plus convenables pour votre entreprise

n

n

Souscrire un contrat de crédit-bail auprès des établissements financiers est moins coûteux qu'auprès des

banques

n

n

Être en relation avec plusieurs partenaires financiers accroit la réponse en matière de crédit

n

n

 

Autres (Précisez SVP)

RELATIONS BANCAIRES DE L'ENTREPRISE

Q.15-) Si une des banques ci-dessous est actionnaire dans votre entreprise, veuillez, SVP, indiquer dans la liste ci-dessous son identité (Cochez dans la (les) case(s) correspondante(s) SVP) :

1- Afriland First Bank

n

2- Amity Bank Cameroun PLC (Banque Atlantique du Cameroun)

n

3- BICEC

n

4- Citibank N. A Cameroun

n

5- Commercial Bank of Cameroon

n

6- SCB Cameroun

(Crédit Agricole/Crédit lyonnais)

n

 

7- Ecobank Cameroun

n

8- National Financial Crédit Bank

n

9- SGBC

n

10- Standard Characted Bank

n

11- Union Bank of Cameroon PLC (Oceanic Bank)

n

12- United Bank for Africa

n

 

Q.16-)

123

Parmi ces banques, quelle est celle que votre entreprise sollicite prioritairement pour financer ses activités (c'est-a-dire sa « banque principale » : banque avec laquelle l'entreprise noue des relations durables, qui représente une part importante dans son endettement global et est supposée disposer d'informations privilégiées par rapport aux autres créanciers qui sont éventuellement impliqués dans l'actionnariat de l'entreprise) ?

(Déclinez son identité SVP) :

Q.17-) Depuis combien de temps votre entreprise est-elle en relation avec sa banque principale ?

(Précisez le nombre d'années SVP) :

124

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

Q.18-) Quelles sont parmi les produits et services ci-dessous ceux que votre entreprise utilise auprès de sa banque principale ? (Cochez dans la (les) case(s) correspondante(s) SVP) :

l Épargne Crédits

Dépôts à vue

n

Découverts sur compte

n

Dépôts à terme

n

Escompte commercial

n

Bon de caisse

n

Avance sur marché

n

l Paiement

 

Avance sur facture

n

Chèque

n

Avance sur bon de commande

n

Virement (transfert d'argent)

n

Avance sur produits nanti

n

Ordre de prélèvement

n

Crédit à court terme

n

Cash management

n

Crédit de moyen et long terme
Caution en douane (de marché)

n n

l Les services monétiques

 

Crédit documentaire import

n

Carte d'épargne

n

Financement du commerce extérieur

n

Carte de privilège Carte Cash

n
n

Engagement de signature (Caution, Garanties,

A l)

l Financements spécialisés

n

Carte Traveller

n

Crédit-bail

n

Carte prémium

n

Location opérationnelle

n

l Les produits d'assurance

 

l Produits d'interventions en fonds propres

 

Vie

n

Prises de participations

n

Prévoyance

n

Capital-investissement

n

Dommage

n

l Produits d'ingénierie financière

 

l La gestion mobilière

 

Conseil en Fusion et Acquisition

n

Gestion privée ou collective

n

Financements structurés

n

Gestion de l'épargne salariale

n

l L'intervention sur marché

 

Gestion institutionnelle

n

Intermédiation boursière

n

l Services Télématiques Anet (Net adresses)

n

 
 
 

l Autres produits ou services (précisez SVP) :

Q.19-) Votre entreprise appartient-il à un même réseau relationnel (Association, réunion, club, centre de réflexion, centre de discussion, centre de formation...) que votre banque principale ? (Cochez dans la case correspondante SVP) :

l Oui n

(Allez à Q.20-) )

l Non n (Allez à Q.21-) )

 

Q.20-) Si oui, votre entreprise tire telle avantage de l'existence de ce(s) réseau(x) relationnel(s) en terme d'amélioration de sa relation avec sa banque principale? (Cochez dans la case correspondante SVP)

l Oui n Non n

Q.21-) Dans quelle proportion votre entreprise estime-t-elle le financement de sa banque principale ? (Cochez dans la case correspondante SVP) :

l 0 à 25% n 26 à 50% n 51 à 75 % n plus de 75% n

Q.22-) Dans quelle proportion votre entreprise estime-t-elle le pourcentage de crédit bancaire garanti ? (Cochez dans la case correspondante SVP) :

l 0 à 10% n 21 à 30% n 41 à 50 % n 61% à 70% n 81 à 90 % n

l 11 à 20% n 31 à 40% n 51 à 60 % n 71% à 80% n 91 à 100 % n

l plus de 100 % n

Table des matières

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

125

Avertissement i

Sommaire ii

Dédicace iii

Remerciements iv

Résumé v

Abstract vi

Liste des tableaux et figures vii

Liste des principales abréviations viii

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

I-) Contexte et problématique 2

II-) Objectif de la recherche 9

III-) Hypothèses de la recherche 10

IV-) Intérêt de l'étude 11

V-) Méthodologie de recherche 11

PREMIERE PARTIE: MONOBANCARISATION ET FINANCEMENT DES

ENTREPRISES 14

CHAPITRE I : Point théorique sur monobancarité et conditions de crédit 16

Section I: L'endettement bancaire de la PME : une source de conflit d'intérêts aux

conséquences néfastes 17

I-) Caractéristiques de la PME 17

1.1-) Définir la PME : une entreprise délicate 17

1.1.1-) Les approches quantitatives d'appréhension de la PME 18

1.1.2-) Les approches qualitatives d'appréhension de la PME 18

1.2-) La spécificité comme source de risques dans la PME 20

1.2.1-) La structure de propriété et les risques spéculatifs (de gestion) 20

1.2.2-) L'environnement économico-financier et les risques purs 21

II-) Financement bancaire et asymétrie d'information 21

126

127

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

2.1-) Analyse de la relation de crédit à la lumière des débats théoriques 21

2.1.1-) Les concepts de base d'analyse de la relation de crédit 22

2.1.2-) La phase précontractuelle de la relation de crédit 24

2.1.3-) La phase post-contractuelle de la relation de crédit 25

2.2-) Problèmes informationnels et réactions bancaires:les rationnements de crédit 26

2.2.1-) Le rationnement par le nombre d'emprunteurs : l'exclusion bancaire 27

2.2.2-) Le rationnement sur la taille des prêts 27

Section II: Le financement monobancaire, entre opportunisme et confiance 28

I-) Le continuum relationnel des échanges entre banque et PME 28

1.1-) Le fondement de l'approche relationnelle 28

1.1.1-) Critique de la vision discrète des transactions (néo) classiques 29

1.1.2-) De l'échange transactionnel à l'échange relationnel : l'émergence de

l'approche relationnelle 30

1.2-) Le financement monobancaire contre l'incertitude entre banque et PME 32

1.2.1-) Les premières approches de réduction d'asymétries d'information 32

1.2.2-) Financement relationnel et la relation de clientèle bancaire : des conceptions

ambigües 34

II-) Les conséquences de la monobancarité sur l'entreprise emprunteuse 36

2.1-) Les avantages de la monobancarité 36

2.2-) Structure organisationnelle de la banque comme obstacle à la production

d'informations sur l'emprunteur 37

2.3-) Opportunisme et laxisme dans la relation monobancaire 38

CHAPITRE II : L'impact du financement relationnel monobancaire sur le coût de

l'endettement des PME camerounaises 40

Section I: Cadre méthodologique de la recherche 41

I-) Hypothèse et échantillonnage 41

1.1-) Formulation de l'hypothèse première de la recherche 41

1.2-) Définition de la population à étudier 42

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

1.3-) Méthodes et instruments de collecte des données 44

1.3.1-) La collecte des données 44

1.3.2-) La méthode d'échantillonnage 45

II-) Variables de l'étude et modèle opératoire 48

2.1-) Les variables de l'étude 48

2.1.1-) Les variables expliquées ou endogènes 48

2.1.2-) Les variables explicatives ou exogènes 49

2.2-) Le cadre opératoire relatif à l'hypothèse 1 51

2.2.1.) Présentation du cadre opératoire 51

2.2.2.) Modèles et équations 52

Section II: La monobancarisation, une source de réduction du coût de l'endettement des

PME camerounaises 55

I-) Analyse descriptive et tests de corrélation sur les variables 55

1.1-) Analyse de l'orientation relationnelle des PME monobanques 55

1.2-) Tests de corrélation sur les variables retenues 57

II-) Résultats de la régression et interprétations 58

2.1-) Présentation des résultats 58

2.2-) Les facteurs explicatifs du coût de l'endettement des PME monobanques 59

DEUXIEME PARTIE: MULTIBANCARISATION ET FINANCEMENT DES

ENTREPRISES 61

CHAPITRE III :Vue d'ensemble des théories et des études empiriques sur

multibancarisation et conditions de crédit 63

Section I: Les substituts financiers externes formels aux offres classiques des banques 64

I-) Les offres concurrentes au crédit bancaire classique 64

1.1-) Les alternatifs financiers de moyen et long terme 64

1.1.1-) La location-investissement et/ou location-financement : le crédit-bail 64

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

128

1.1.2-) Le capital-risque, substitut destiné au financement des activités innovantes ... 67

1.2-) Les microcrédits et la microfinance : de l'intermédiation sociale à l'intermédiation

financière 68
1.2.1-) Le « système bancaire anti-pauvreté » des agents rationnés sur le marché

bancaire 68

1.2.1-) La microfinance : une « banque sur mesure » pour les PME 70

II-) Les interlocuteurs financiers de la PME sur le marché du crédit camerounais et leur

activité 71

2.1-) Les banques 71

2.1.1-) La BEAC, organe de gestion de la politique monétaire 72

2.1.2-) Les banques créatrices de monnaie, interlocuteur principal des entreprises en

quête de financement 72
2.1.3-) Les banques spécialisées, instrument de développement économique et social à

la solde de l'État 73

2.2-) Les institutions financières non bancaires 74

2.2.1-) Les établissements financiers, promoteurs de l'acquisition des équipements

productifs par les PME 74
2.2.2-) Les établissements de microfinance orientés vers le financement du cycle

d'exploitation et des investissements de court terme 75

Section II: La multibancarisation, une orientation financière aux effets controversés 77

I-) Les déterminants théoriques de la multibancarisation 77

1.1-) Les facteurs exogènes de multibancarisation 77

1.1.1-) Diversifier ses créanciers pour se prémunir contre la capture

informationnelle 78
1.1.2-) Structure du système bancaire comme facteur incitatif au choix de plusieurs

interlocuteurs financiers 78

1.2-) Les facteurs endogènes de multibancarisation 79

1.2.1-) L'âge et la taille de l'entreprise, facteurs favorables la multibancarisation 79

1.2.3-) Nature des investissements à réaliser et confidentialité des informations 80

129

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

II-) Les enjeux de la multibancarisation pour l'entreprise emprunteuse 81

2.1-) Multibancarisation et monitoring 81

2.1.1-) Duplication des coûts de contrôle ou assouplissement de la surveillance 82

2.1.2-) Certification de la qualité de l'emprunteur par le financement diversifié 83

2.3-) Synthèse des travaux empiriques antérieurs 85

CHAPITRE IV :Spécification des résultats sur les conditions de crédit des PME

multibanques camerounaises 87

Section I: La multibancarisation : un choix stratégique aux orientations diverses pour les

PME camerounaises 88

I-) Rappel de la méthodologie utilisée 89

1.1-) Analyse descriptive de l'échantillon n°2 89

1.2-) Présentation du protocole de recueil des informations 91

II-) Construction des modèles et présentation des variables 91

2.1-) Les variables de l'étude 91

2.1.1-) La variables endogène de l'étude 92

2.1.2-) Les variables exogènes 92

2.1-) Formalisation du modèle 98

Section II: La multibancarisation, un choix couteux pour les PME camerounaises 99

I-) Analyse bivariée et choix du mix optimale de variables exogène 99

1.1-) Corrélation entre exogènes 99

1.2-) Corrélation entre endogènes et exogène et choix du mix optimal de variables

explicatives 101

II-) Résultats de l'estimation et interprétations 101

2.1-) Les facteurs explicatifs du coût de la dette des PME multibanques 102

2.2-) Les PME multibanques victimes de hold-up et de duplication de coût de

transaction.. 103

130

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

CONCLUSION GÉNÉRALE 107

Bibliographie . 111

Annexes 120

Table des matières 125






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