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Relations de crédit et coà»t de l'endettement: le cas des PME camerounaises

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par Jules TCHAMABE
Université de Yaoundé II - Diplôme d'études approfondies en sciences de gestion 2012
  

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II-) Les enjeux de la multibancarisation pour l'entreprise emprunteuse

Une analyse théorique des enjeux de la multibancarisation (2.1) sera suivie d'une synthèse des travaux empiriques sur la relation entre ce régime de financement et les conditions de crédit de l'entreprise emprunteuse (2.2).

2.1-) Multibancarisation et monitoring

Le monitoring de l'entreprise multibanque peut être soit dupliqué et avoir des effets néfaste pour celle-ci (2.1.1), soit il peut servir de signal de qualité (2.1.2).

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2.1.1-) Duplication des coûts de contrôle ou assouplissement de la surveillance

L'une des explications la plus intuitive de la monobancarité est basée sur la minimisation des coûts. Négocier avec plus d'une banque serait très onéreux. Cela augmenterait les coûts de transaction du fait de la duplication des activités de monitoring et de screening exercées par les banques. Cet argument est au coeur du modèle développé par Diamond (1984) portant sur l'existence de l'intermédiation financière.

Dans son modèle, Diamond (1984) suppose que chaque firme doit emprunter auprès de plusieurs prêteurs individuels et qu'il existe des asymétries d'information ex post non seulement entre prêteur et l'emprunteur, mais également entre les prêteurs. Un prêteur ne pouvant observer les agissements de son homologue sans coûts. Pour contrôler le résultat de la firme, le prêteur individuel doit payer un coût de contrôle noté k. Dans le cas ou la firme à emprunter auprès de m préteurs, chacun devra engager un coût de contrôle. Le contrôle de la firme devra donc être effectué m fois avec un coût total de m*k. Cela soulève deux problèmes :

> Tout d'abord, la duplication des contrôles est sans aucun doute sous-optimale car en empruntant chez un seul prêteur, l'entreprise peut réaliser une économie de coûts de (m-1)*k. Cette duplication pourrait être répercutée par les prêteurs sur les conditions de crédit par une augmentation des taux d'intérêts et du niveau de garanties.

> En suite, une fois que le coût de vérification à été payer par un prêteur, le résultat de l'investissement est révélé à tous les autres prêteurs. L'information est donc dans ce cas un bien public. Le caractère public de l'information pourrait conduire à un assouplissement de la surveillance de certains prêteurs. Cette assertion trouve justification dans la théorie du « passager clandestin » (Eber, 1999).

La théorie du « passager clandestin » (free rider), développée par Grossman et Hart (1980)70, porte en effet sur les conditions dans lesquelles des individus vont se comporter afin de parvenir à des objectifs communs, et des conditions permettant une action collective. L'argument de base est qu'au sein d'un groupe ou d'une société ou nul ne peut être exclu de l'usage des biens publics, les individus sont incités à se comporter en « passagers clandestins » c'est-à-dire à utiliser un bien sans contribution à sa production ou à sa gestion.

70 Cités par Eber (1999).

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Il est par conséquent difficile de mobiliser les individus pour une action collective de production du bien en question ; le bien désiré est alors produit de manière insuffisante, voire pas produit du tout. Cette théorie suppose un comportement individuel égoïste dans l'usage des biens publics. De ce point de vue, il est « rationnel » pour les individus de se comporter en « passagers clandestins ». Les individus rationnels, soucieux de leur propre intérêt, ne vont pas contribuer de manière volontaire à la réalisation de l'intérêt commun ou du groupe ; au lieu de cela ils préfèrent laisser les autres payer le coût de biens qui vont profiter à tous. La théorie exclut toute possibilité d'altruisme, c'est-à-dire la capacité des individus à engager une action collective, même s'ils n'en attendent aucun bénéfice personnel.

A ce titre, la diversification de l'endettement réduirait l'incitation des prêteurs plus particulièrement celle de la banque principale à réaliser des investissements pour recueillir des informations et contrôler l'entreprise (Refait, 2003). Au demeurant, Rajan (1992) précise que la multibancarité peut constituer « une arme double tranchant » car, en réduisant de fait la valeur de l'information acquise par chaque banques par l'accentuation la concurrence entre elles, elle peut entraîner une « malédiction des vainqueurs » (winner's curses). Lorsque les banques sont mises en concurrence, chacune d'elles craint de prêter à une entreprise que les autres banques. Chaque établissement est finalement amené à sélectionner plus sévèrement les emprunteurs qu'il ne l'aurait fait en situation de monopole, ce qui limite les crédits disponibles. Pourtant, le modèle de Detragiache, Garella et Guiso (2000) prédit l'effet inverse l'accroissement du nombre de banques avec lesquelles une entreprise a des relations accroît de façon quelque peu mécanique la probabilité que, lorsque la firme souhaite un refinancement, au moins une banque informée est en mesure de lui offrir les fonds désirés (Trabelsi-El Gharbi, 2009).

2.1.2-) Certification de la qualité de l'emprunteur par le financement diversifié

La multibancarisation serait selon certains auteurs une stratégie permettant à une entreprise de révéler sa qualité auprès des prêteur (Refait, 2003). Parvenir à s'endetter auprès de plusieurs prêteurs signale la capacité de supporter des coûts de transaction élevés liés non seulement l'établissement de chaque contrat de crédit, mais aussi à leurs renégociations en cas de défaillance de l'entreprise. La prise en compte de tous ces coûts, dissuade et limite les comportements opportunistes des dirigeants lorsqu'il y a séparation entre la fonction de direction et celle de propriété (Bolton et Scharfstein, 1996). Selon Charreaux (sd) la relation

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banque/entreprise ou les relations de crédit interentreprises apparaissent comme les supports de mécanismes disciplinaires plus contraignants que les relations avec l'actionnariat71. L'entreprise à intérêt à accroitre son endettement (Jensen, 1986) de préférence par un régime diversifié (Bolton et Scharfstein, 1996). En effet, le paiement régulier des intérêts et les remboursements que l'endettement implique, donnent la possibilité aux créanciers financiers de contraindre le dirigeant à renoncer à des investissements non rentables, sous peine de faillite.

La multibancarisation permettrait également à la firme de faire certifier sa qualité par les prêteurs avec lesquels elle entretient un financement de type relationnel (entreprise de capital risque, établissement de microfinance...) auprès de ceux adoptant plutôt une orientation transactionnelle de financement. Fall et Diagne (2009) montrent, à titre illustratif, comment une articulation entre banques et EMF peut améliorer l'accès au financement des PME. La base de l'argument est que, d'une part, les banques qui disposent de surliquidités considérables éprouvent des difficultés énormes à financer les PME du fait notamment des problèmes d'informalités et de l'inadéquation de la technologie de financement. D'autre part, les EMF qui disposent de mécanismes de financement plus souples et appropriés, manquent de moyens financiers suffisants pour répondre aux besoins de financement des PME en l'occurrence les grandes PME. Ce schéma laisse entrevoir de réelles possibilités d'articulation entre les deux secteurs, de façon à répondre plus efficacement aux besoins des PME72. Sur la base d'une mission de recherche sur banque et microfinance dans trois pays (Bénin, Cameroun et Sénégal), les auteurs découvrent des innovations importantes dans la coopération entre les deux secteurs parmi lesquelles le « produit migration ».

71 Les autres mécanismes de gouvernance comportent des limites en contexte PME selon l'auteur. La faible séparation entre les fonctions de propriété et de direction y attenue considérablement les conflits d'intérêts entre actionnaires et dirigeants. Quant au marché des dirigeants, son rôle reste mineur, l'essentiel de la carrière des dirigeants de PME restant principalement interne en raison de l'association au capital. Enfin, le rôle du conseil d'administration des PME peut être également considéré comme symbolique car on ne peut justifier, dans la plupart des cas, son intervention pour discipliner les dirigeants, ces derniers étant les principaux actionnaires. Charreaux (sd).

72 Certains auteurs soutiennent ainsi que les activités des EMF et des banques devraient être complémentaires reposant sur un fondement à la fois spatial, temporel et fonctionnel : Une complémentarité spatiale (liée au fait que les zones prioritaires d'installation des EMF sont celles où les banques sont complètement absentes, nonobstant l'existence d'une activité économique bancable) ; une complémentarité temporelle (les EMF peuvent jouer le rôle d'éclaireur pour les banques désireuses de s'installer dans une localité, en sondant et préparant le terrain pour le compte des banques, en empruntant le statut de centre de maturation aux futurs clients des banques qui y prennent du volume et améliorent la lisibilité de leur activité) ; une complémentarité fonctionnelle (ou les banques pourraient aider les EMF à dénouer certaines opérations financières ordonnées par les clients de ces dernières à l'instar de la compensation des chèques, du cautionnement et de la domiciliation des marchés publics, de la négociation des travellers chèques, des transferts internationaux) (Lanha, 2003 ; Nsabimana, 2004 ; Isern et Porteous, 2005).

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Le « produit migration » est définie « comme un accord de coopération entre une banque et une IMF, à travers lequel, l'IMF s'engage à faire migrer sa clientèle d'origine vers la banque partenaire, au-delà d'une certaine taille critique. La banque, en contrepartie de cet avantage, s'engage à assurer le refinancement de l'IMF et à coopérer avec cette dernière, suivant les clauses établies dans l'accord de coopération » (Fall et Diagne, 2009, p. 3). L'optimalité de ce type de contrat réside dans la réduction du risque pour la banque et l'assouplissement des conditions de crédit pour la PME. La presque totalité du risque est supportée par l'IMF qui garantie le remboursement du crédit et s'engage à assurer la surveillance du projet d'investissement. Dans ce contrat de crédit, les coûts de sélection, de monitoring sont à la charge de l'IMF. Or ce coût semble modique du fait de la relation de long terme qui s'est tramée entre la PME et l'IMF. Celle-ci connaît la PME mieux que n'importe qu'elle autre institution, elle maîtrise bien le domaine d'activité de ce dernier et sa capacité de remboursement. Logiquement l'IMF n'acceptera jamais de se porter caution pour un client risqué et mal connu. Cette garantie de l'IMF est une source de réduction du risque pour la banque, ce qui l'amène à accorder le financement à des conditions plus souples que d'ordinaire.

Tous ces enseignements théoriques controversés ont fait objet de recherches empiriques dans différents contextes aboutissant parfois à des conclusions contradictoires.

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