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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire au Gabon

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par Donald NTSEBE ONONO MINKO
Université Omar Bongo - Maà®trise en géographie 2010
  

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PROCESSUS D'URBANISATION ET
AMENAGEMENT DE L.A PROVINCE DE
L.'ESTUAIRE.

Pcessus urbanison et anagem de la ovince lEstuae.

UNIVERSITE OMAR BONGO

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

OPTION : AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET DEVELOPPEMENT LOCAL.

Présenté par :

NTSEBE ONONO MINKO Donald.

Sous la Direction de :
Rano-Michel NGUEMA
Ph.D Géographie, Maitre- Assistant
(CAMES)

OCTOBRE 2010

2

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Sommaire

Dédicaces ..ii

Remerciements iii

INTRODUCTION GENERALE ..1

PREMIERE PARTIE : LE PROCESSUS D'URBANISATION DANS LA PROVINCE

DE L'ESTUAIRE 13
Chapitre 1 : Historique de l'urbanisation et croissance démographique des villes de la

province de l'Estuaire .15

I- Des villes de la colonisation aux communes de pleine exercice 15

II- La croissance démographique des villes de la province de l'Estuaire 20

Chapitre 2 : Bilan de l'urbanisation et les politiques mises en place pour le

développement des villes de la province de l'Estuaire 29

I- Bilan de l'urbanisation dans la province de l'Estuaire 29

II- Les différentes politiques d'aménagement régional et études urbaines de la

province de L'Estuaire 33

DEUXIEME PARTIE : IMPACT DE L'URBANISATION SUR L'AMENAGEMENT

DE LA PROVINCE DE L'ESTUAIRE .44
Chapitre 3 : Déstructuration et écarts socio-économique et démographique dans la

province de l'Estuaire

.46

I- Un développement des villes sans progrès socio-économique

..46

II- Un système urbain déséquilibré

58

III- Un développement des villes et dégradation de l'environnement

..61

 

Chapitre 4 : Les perspectives de développement et d'aménagement de la province de

l'Estuaire 69

I- Amélioration du cadre de vie et de conditions d'existence des populations

urbaines de la province de l'Estuaire 69

II- Mise en place des pôles de peuplement et amélioration des écosystèmes

urbains 81

CONCLUSION

 

GENERALE

86

BIBLIOGRAPHIE

..94

ANNEXES

. .101

Table des illustrations

106

Tables des matières

108

3

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Dédicaces

Je dédie ce travail à ma précieuse famille, particulièrement ma mère .74ENZENE 3-1enriette, mon père ONONO .741.NXO Gabriel pour leur soutien moral et financier qu'ils n'ont cessé de m'apporter tout au long de mes études. .2l mes frères et soeurs et à tous mes promotionnaires et amis étudiants du département de Géographie.

4

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Remerciements

Un adage malien dit K qu,à vouloir énumérer ses amis on court le risque d,augmenter le nombre de ses ennemis ». Tous ceux qui ne seront pas cités se croiront en effet dans ce dernier lot.

Je tiens à exprimer mes sincères remerciements à monsieur NG UE.M.A Rano-,.Michel qui a accepté de diriger cette étude en y apportant conseils, critiques, réflexions et soutiens dans la réalisation de ce travail.

.Mes remerciements vont également à l'endroit des élus locaux de la province de l'Estuaire, notamment les .Maires pour l'accueil et la disponibilité dont ils ont fait preuve durant notre enquête de terrain. Il s'agit de :

- .M. Pierre NZE ,ON.A l'édile de la commune de . Cango ;

- .M. .André ELL.A NDONG, .Maire de la commune de Ntoum ;

-.M. Séraphin .MEDICO COLLINS, .Maire de la commune du Cap-Estérias ; -.M. Christian .Aimé ONGUILI, .Maire adjoint de la commune de Cocobeach ;

-.M. ,BE. C.ALE .Maire adjoint de la commune de Ndzomoé ;

-.M. Louis Roger ,E'VIN.A Chargé d'études au secrétariat général de la commune
d'Owendo ;

-.Monsieur le chef de service de l'urbanisme à l'hôtel de ville de Libreville.

Je remercie également .Mme .MOUSS.A'VOU Ida Rachelle (Conseillé technique du .Ministre de l'Equipement des Infrastructures et de l'.Aménagement du Territoire) pour ses précieuses orientations, sans oublier .M. OB.A.ME NGO.ME Jean (Directeur provinciale de l'Urbanisme), .M. 3-fugues Cyrille ENGO .ASSOU.MOU (Chargé d'étude du Directeur de l'.Aménagement du Territoire) et .M. Gérard.ASSOU.MOU (agent au Centre de Documentation de l'.Aménagement du Territoire).

Enfin, je tiens à remercier tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à l'élaboration de ce mémoire de maîtrise.

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

5

INTRODUCTION GENERALE

6

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Justification du choix du sujet ;

1- Intérêt du sujet

L'intérêt de notre étude a été axé sur plusieurs domaines : scientifique, social et académique. Sur le plan scientifique, la province de l'Estuaire a fait l'objet de plusieurs études et publications1 : (Guy LASSERRE, 1958), (ESSOGO-BA MINTSA, 1999) (OSSAVOU NTOUTOUME 2003), (Rano-Michel NGUEMA, 2007).

Toutes ces publications se rattachaient soit à l'extension de la ville de Libreville en rapport avec sa périphérie, soit sur les problèmes fonciers et de rénovation urbaine, soit entre autre sur les causes et les conséquences de la croissance urbaine et des inégalités intra régionales de la province. La particularité de notre étude est que nous l'élargissons à toutes les villes de la province de l'Estuaire, notamment sur leur capacité à organiser ce territoire au plan social, économique et environnemental. En effet, il s'agira de mettre en oeuvre un cadre théorique de connaissances, destiné aux pouvoirs publics et aménageurs qui pourront s'intéresser sur la problématique de l'organisation d'une région ou province à travers les villes.

Sur le plan social et spatial, la province de l'Estuaire est marquée par des disparités intra communales .Il s'agira de proposer des solutions qui vont dans le sens de l'amélioration des conditions de vie des populations, pour ainsi promouvoir un aménagement harmonieux de l'espace de cette province.

Sur le plan académique, la situation socio économique de la province au « prisme de son aménagement », n'a pas beaucoup été analysée. A cet effet, ce travail pourrait servir de support par la quantité et la qualité des données chiffrées, des tableaux et des cartes pour les études ultérieures sur la province.

2-Objectif de l'étude.

La présente étude s'adresse à un large public : d'abord, l'Etat dans son rôle de planificateur et d'impulseur de la politique nationale d'aménagement du territoire, les collectivités locales. Ensuite les hommes politiques en ce sens qu'ils marquent de leurs empruntes sur l'édification ou non d'une ville pour des fins électoralistes, puis les

1 Il faut retenir que la grande partie des travaux qui ont été réalisés dans cette province ne concernaient que le domaine urbain et tournaient qu'autour de la ville de Libreville et les problèmes qu'elle engendre.

7

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

populations qui bénéficient d'une manière ou d'une autre, des transformations des deux premiers cités.

Par cette étude, nous voulons apporter une contribution à l'édification nationale d'une pensée scientifique saine et objective. Enfin, notre étude a pour but de : -Apprécier la valeur et l'importance des actions d'aménagement menées jusque là par l'Etat dans l'optique d'une meilleure organisation de ce territoire.

-Décrypter au niveau de la province de l'Estuaire, les apports évolutifs et limites des politiques d'aménagement du territoire.

-Proposer les voies et moyens en vue de parfaire et de normaliser les actions aménagistes au Gabon et particulièrement dans la province de l'Estuaire.

3-Objet et champ d'étude.

L'objet de notre mémoire est l'étude du rapport entre la dynamique urbaine de l'organisation de l'espace de la province de l'Estuaire à travers le rapport dialectique, Urbanisation/Aménagement. Ces deux thèmes retiennent l'attention du géographe en tant qu'aménageur et de la géographie en tant que profil disciplinaire fondamental qui, en amont, renseigne tout l'édifice conceptuel et théorique dont l'aménagement du territoire se nourrit en aval en tant que pratique professionnelle2.L'objet de notre étude est plus exactement de montrer si le processus d'urbanisation a eu impact réel sur l'aménagement et le développement de la province de l'Estuaire.

L'urbanisation, rappelons-le, est un processus de développement des villes, en nombre d'habitants, en superficie bâtie, en termes aussi de mode de vie3. Au Gabon et plus précisément dans la province de l'Estuaire, le nombre de communes a augmenté grâce aux différentes réformes administratives qui se sont succédées dans le pays. Aujourd'hui, cette province compte officiellement sept (7) communes de plein exercice, même si certains de ces villes n'ont pas l'étoffe d'un centre urbain.

S'agissant de l'aménagement de l'espace de la province de l'Estuaire, retenons que ce concept insiste plus sur la transformation concrète de la surface de la terre, la

2M-L ROPIVIA, Manuel d'épistémologie de la science géographique : Ecocide et déterminisme anthropique,p 53

3Y. Lacoste, De la géopolitique aux paysages : dictionnaire de la géographie, A. Colin, p.398.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

création d'équipements, d'installations spécifiques dans une région. Il s'est substitué à la notion de « mise en valeur »4, plus floue.

Enfin, l'étude du phénomène de développement des villes a recours au concept d'urbanisation. Il introduit notre étude dans le champ de la géographie urbaine et de l'économie urbaine. Celui d'aménagement de l'espace qui nous sert de guide à cette étude, l'inscrit dans le champ de l'aménagement du territoire, en passant tout naturellement par l'aménagement urbain. Tous ces champs donnent à notre objet d'étude une complexité, dont chaque approche s'inscrit dans un cadre global d'un espace considéré comme lieu de production et d'interactions5.C'est donc dire que notre mémoire se situe à la confluence des études d'aménagement urbain et plus largement d'aménagement du territoire.

4Les fondements de la géographie, cours téléenseignement D. Crozat, 2002-2003, Université M. de Montagne Bordeaux 3, p.41

5 J. DEBRIE et B. STECK, l'espace géographique, l'enclavement , réévaluation théorique et application à l'Afrique de l'ouest, éditions, Berlin Reclus, tome 30,n°1, 2001,p.27.

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

9

Carte n° 1 : Carte administrative de la province de l'Estuaire.

10

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

II- Position du problème

1-Formulation de la problématique

La dynamique d'urbanisation est un phénomène majeur en aménagement du territoire pour la plupart des pays en voie de développement. En Afrique noire, le Gabon, par exemple se démarque par la rapidité et l'ampleur de sa croissance urbaine : le pourcentage de citadins est passé de 20 % en 1960 à près de 80% aujourd'hui6. Aux facteurs explicatifs traditionnels de l'urbanisation (schémas urbains hérités de la colonisation ; exode rural ; immigration,...), un facteur conjoncturel revêt une importance particulièrement importante au Gabon : le boom pétrolier. A partir de 1973, la manne financière offerte par ce dernier a servi de « matrice urbaine » : mobilisation des services publics, activités de production, construction d'édifices, création d'emplois salariés.

Cependant, ce processus d'urbanisation ne s'est pas produit de manière équilibrée sur le territoire national et notamment dans la province de l'Estuaire où on peut observer les problèmes structurels tels que : les inégalités entre villes et entre les villes et les campagnes et un exode rural massif en direction de la capitale politique. Libreville regorge la totalité des activités génératrices d'emplois, tandis que les autres villes de cette province en sont dépourvues. Ainsi, l'Estuaire apparaît aujourd'hui comme un archétype de la province macrocéphalique7.

C'est à travers ce constat, que les pouvoirs publics vont décider en 2002, de la mise en oeuvre d'une nouvelle politique d'aménagement du territoire, fondée non seulement sur la préparation de l'après pétrole et la lutte contre l'exode rural8, mais aussi sur la création de 6 zones économiques régionales, dont le couloir « Transgabonais » ; et la constitution de pôles d'activités et de bassins d'emplois (organisation de la production et valorisation des ressources agricoles, d'élevage, forestières, ...). Des actions ont été initiées pour corriger ces déséquilibres intra-communales. Celles-ci ont consisté en l'exécution de projets agricoles de grande envergure et d'opérations de développement intégré (HEVEGAB, CIAM, Bananeraie de Ntoum...) et la création des communes (les villes d'équilibre) pour contrebalancer la

6 Op. Cit. p.28

7 S. LEROY « Structures et dynamiques de l'espace gabonais », in Mappemonde 2/1995, p.44 8République gabonaise, Coordination du système des Nations Unies, Libreville, décembre 2001, p.12

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

trop grande prégnance de Libreville. Mais ces projets n'ont pas donné des résultats escomptés.

Au regard de l'importance accordée au phénomène de l'urbanisation et de l'organisation de l'espace de la province de l'Estuaire, de nombreuses interrogations se dégagent. Mais la question centrale est la suivante : Est-ce que la dynamique d'urbanisation survenue ses dernières années a permis d'organiser la province de l'Estuaire de façon harmonieuse et équilibrée ?

2-Recension des écrits antérieurs

Afin de mieux cerner notre problématique, nous avons eu recours à plusieurs types d'ouvrages à savoir : les publications officielles, les ouvrages généraux, des revues, les articles, des thèses et mémoires. Documents dans lesquels nous avons pu extraire des informations qui nous ont permis de bien affiner notre étude.

Dans l'ouvrage de NZUZI LELO, intitulé Urbanisation et aménagement en Afrique noire, paru en 1989, l'auteur fait, en quelque sorte, un historique de l'urbanisation en Afrique noire, des époques anciennes à nos jours9. Puis il dresse un bilan des difficultés de cette jeune urbanisation et critique enfin les différentes politiques d'aménagement et études urbaines caractérisées par les écarts entre prévisions démographiques et réalités sur le terrain.

Ensuite, dans l'article de H.C ENGO ASSOUMOU ayant pour titre « Voirie et structures urbaine à Libreville », in Villes en parallèle /villes du Gabon, N° 40-41, paru en 2007, l'auteur rappelle que le manque de voies de communication a engendré la forte urbanisation que nous observons aujourd'hui à Libreville.

Puis, dans l'ouvrage de VENNETIER .P, titré Les villes d'Afrique tropicale , publié en 1994, l'auteur révèle que l'urbanisation a engendré les déséquilibres internes que l'on observe dans les pays d'Afrique tropicale, dans la mesure où, seules les villes côtières ont drainé population et activités économiques.

Par ailleurs, nous nous sommes imprégné des articles de Djibril DIOP, intitulé Urbanisation et dynamiques urbaines dans la région de Matam : état des lieux et perspectives, où nous avons pu cerner non seulement le contexte et l'évolution de la dynamique urbaine dans la région de Matam, mais aussi les contraintes et les

9NZUZI LELO, 1989, Urbanisation et Aménagement du Territoire en Afrique noire, paris, Sedes, p.41

12

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

perspectives de la dynamique urbaine dans cette région. Et celui de ONDAMBA OMBANDA, intitulé Urbanisation, extrait de l'Atlas du Gabon où nous avons pu comprendre le processus d'urbanisation au Gabon ; les facteurs de création des villes et les caractéristiques de cette urbanisation.

Enfin, nous nous sommes intéressé au travail d'OSSAVOU NTOUTOUME (R.B) dans Disparités intra régionales au Gabon : le cas de la province de l'Estuaire, où il mentionne que la croissance urbaine qu'a connue cette région, s'est faite de manière inégale, dans la mesure où tous les mouvements se faisaient en direction de Libreville. Outre l'inégale répartition de la population urbaine, la province de l'Estuaire se caractérise par une répartition inégale de ces équipements. Les inégalités dans la province se manifestent à travers l'hypertrophie de la capitale et de la dégradation des conditions de vie des populations dans la région.

3-Enonciation des hypothèses

Ces travaux antérieurs ont guidé la construction de l'hypothèse suivante :

La multiplication des centres urbains semble-t-il n'a pas permis d'aménager la province de façon harmonieuse et équilibrée, elle a plutôt amplifié les écarts socio économique et démographique qui existaient déjà dans cette province. Ces villes n'ont pas joué un rôle dans l'aménagement de la province en faisant le contre-poids à l'hypercentralisation librevilloise. Elles n'ont pas bénéficié des décentralisations en particuliers les équipements sociaux et de prestige.

Dans le cadre de notre étude, la stratégie opératoire va se focaliser sur l'utilisation des théories fonctionnalistes des réseaux urbains, largement appliquées en Afrique Noire depuis la fin des années soixante10. Il s'agit des grands modèles théoriques de la géographie et de I'économie urbaine tels que : la théorie des places centrales de CHRISTALLER (1933), la théorie des pôles de développement de F. PERROUX et analyse hiérarchique des fonctions tertiaires des villes de ROCHEFORT, appliquée à l'espace gabonais depuis les années soixante.

10 Séminaire international de Rabat (15-17 mai 1990), Croissance démographique et urbanisation : politique de peuplement et aménagement du territoire, PP 108-110.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

C'est ainsi que le déterminant administratif a progressivement été abandonné au profit des critères relatifs à l'activité économique, le postulat de base devenant alors l'antinomie entre "activité agricole" et "urbain". Ainsi, dans la plupart des pays africains et notamment au Gabon, ces approches fonctionnalistes des réseaux urbains, bâties sur l'expérience européenne de l'urbanisation, permettent de dresser un schéma simple de l'urbanisation : il existe une hiérarchie des villes de l'intérieur, centres administratifs, industriels et commerciaux, mais les pouvoirs de décision leur échappent totalement au profit de Libreville, capitale au service d'un Etat centralisateur, où se concentrent toutes les fonctions urbaines. L'absence de dynamisme propre des villes de la province de l'Estuaire, la faiblesse des flux de relations entre elles caractériserait la situation gabonaise. D'où le constat d'absence de réseau urbain à l'heure actuelle au Gabon, le pays étant dominé par la "macrocéphalie" de Libreville, ville organisant seule la province, voire même l'ensemble du pays.

2-1-1 L'observation directe.

Il constitue le point de départ de toute recherche et sert à confronter nos hypothèses. Sur le terrain, notre préoccupation était de voir si la création des nouvelles communes de la province de l'Estuaire a eu un impact sur l'organisation de l'espace de cette province.

Sur le terrain, les nouvelles communes qui ont été créées à l'Estuaire ont répondu au schéma classique de création des villes du Gabon. En effet, les chefs-lieux de département ont été érigés en commune pour remplir les fonctions administratives, de contrôle de territoire et d'encadrement des populations, même si quelques efforts ont été réalisés dans l'implantation de certaines unités économiques.

Dans la province de l'Estuaire, les fonctions principales et fondamentales qui sont assignées aux villes de cette région sont les fonctions politique et administrative. En effet, le choix de cette fonction se justifie au Gabon et particulièrement dans cette région, par le fait qu'on s'est contenté d'équiper les anciens postes et donc de renforcer l'armature urbaine, esquissée par l'administration coloniale.11Ainsi l'agglomération de Libreville et les villes de Ntoum, Kango, Cocobeach, Cap-Estérias et Ndzomoé sont par

11 R.POURTIER, 1989, Les états et le contrôle territorial en Afrique Centrale : Principes et pratiques, Annales de géographie, pp286-301.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

essence des centres urbains à vocation politico administrative, comme en témoigne les énormes investissements consentis par l'Etat pour doter ces villes des équipements nécessaires au contrôle et d'encadrement des populations. Par exemple, toutes ces villes sont dotées d'une préfecture, d'un poste de gendarmerie, d'une mairie, d'un conseil départemental, etc.

Mais en dehors de la fonction politique et administrative qui a constitué le socle de la création des villes dans la province de l'Estuaire, d'autres fonctions sont apparues, du fait non seulement des potentialités naturelles que ces villes regorgent, mais aussi grâce au développement que ces dernières ont connu. Ainsi, dans la ville de Libreville, on retrouve une population active12 de 150 065, soit 36% de la population librevilloise. La fonction administrative y est de première importance employant 28% de la population occupée (42.000, dont 91,29% fonctionnaires d'Etat). La deuxième fonction, celle des services, emploie 24 % de la population occupée, dont 1363 personnes dans les banques. La fonction commerciale suit de près en employant 21,60% des résidents occupés. La fonction industrielle, en 5e position seulement, emploie 8400 personnes (7%) principalement dans les secteurs du bois et de l'agro-alimentaire13.

Owendo, en plus des services centraux de l'État, concentre la fonction industrialo-portuaire, grâce notamment à une importante zone industrielle et portuaire. Owendo abrite d'importantes infrastructures minéralières, portuaires et industrielles : un port en eau profonde, un port à bois, un port minéralier et un terminal frigorifique. A cette fonction industrialo- portuaire, cette commune pourrait, par ailleurs exercer une fonction touristique avec les deux îles non exploitées :Coniquet et Perroquet ; deux grands fleuves :la Lowé et l'Igoumié ; des plages et des aires de randonnées ; des merveilleuses vues en Delta-plane et surtout un parc hôtelier important.

S'agissant de la ville de Ntoum (à 42 km de Libreville, vient du mot Fang « Töm » qui signifie fromager), hormis la fonction administrative qui lui est dévolue, elle peut également jouer le rôle économique, comme l'atteste de nombreux projets agro-industriels comme le CIAM, l'IGAD qui y sont implantés. En effet, Ntoum

12 Résidents de 10 ans et plus occupés (selon la définition de la DGSEE) + chômeurs

13 Il est à souligner que tous ces chiffres proviennent du recensement détaillé général de la population et de l'habitat de 1993.

15

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

est considéré comme le grenier de la capitale gabonaise. La ville et ses environs alimentent les librevillois en produits agricoles frais. Les fruits et légumes produits dans cette région sont écoulés sur les grands marchés de Libreville. En plus de l'agriculture, Ntoum compte avoir une fonction industrielle et touristique, à en juger par l'implantation de CIMGABON et de nombreuses scieries. Pour la fonction touristique, la ville de Ntoum bénéficie d'une bonne carte touristique : la mission catholique Saint Paul de Donguila hissée sur le fleuve Komo, le Monastère des soeurs Clarisse à Essassa, etc

Les villes de Cocobeach (qui signifie la « plage aux cocotiers ») et de Kango ont les mêmes attributs. En dehors de leur fonction administrative, elles ont par ailleurs des potentialités touristiques à développer. Situées respectivement à 122 km et 91 kilomètres de la capitale, ces deux villes bénéficient d'une bonne carte touristique, même si ces potentialités touristiques ne sont pas valorisées. En effet, dans la ville de Cocobeach, par exemple, on peut profiter des délices procurés par le farniente au bord de mer et voir le mausolée aux morts. Ce monument est dédié aux africains incorporés dans l'armée française et morts aux combats contre l'Allemagne14. Le même cas de figure se présente à Kango, mais dont les potentialités halieutiques du fleuve Komo serait la source d'attraction des visiteurs et autres commerçants.

Enfin, les communes du Cap-Estérias et de Ndzomoé, de création récente, seraient à n'en point douter des villes à vocation touristique de part leur site et situation. En effet, la commune du Cap-Estérias, située à 31 kilomètres de Libreville est bâtie au coeur de la Forêt Classée de la Mondah (CFM). Elle dispose des capacités hôtelières non négligeables, un Hermitage ainsi que des plages et d'un phare. Quant à la ville de Ndzomoé (qui signifie en langue Fang le « piège à sorcier »), le scénario est presque le même, puisqu'elle est bâtie entre la réserve présidentielle et le Parc National de Pongara. Mais ne dispose pas encore des structures hôtelières.

Au total, comme nous venons de le constater, les villes de la province de l'Estuaire exercent au moins deux fonctions. Les fonctions politico administrative et touristique sont exercées par toutes les villes, alors que les fonctions industrielle et portuaire sont le monopole de l'agglomération de Libreville et dans une moindre

14 Le quotidien d'information L'Union, du jeudi 02 Avril 2009, P.17

16

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

mesure, la ville de Ntoum

2-1-2 Recherche documentaire.

Afin de mieux cerner notre problématique, nous avons eu recours à plusieurs ouvrages et revues spécialisées qui nous ont permis de bien circonscrire notre étude. De même, cette recherche documentaire, s'est effectuée à la bibliothèque de l'Université Omar Bongo, aux centres de recherche que compte le département, à savoir : le LANASPET, le CERGEP et le LAGRAC. Aussi, avons-nous pu nous rendre à la bibliothèque du Centre Culturel Français et dans bien d'autres centres de documentation (archives nationales, le C.I.CI.B.A, DGAT, ....).

2-2 Collecte de l'information

La collecte de l'information de notre travail de recherche s'est essentiellement focalisée sur les entretiens, lesquels se sont déroulés tour à tour auprès des responsables des administrations publiques et privées de l'Etat, de la Direction Générale à l'Aménagement du Territoire (DGAT), le Ministère de l'équipement et de l'aménagement du territoire, la direction chargée des collectivités locales et celle de l'urbanisme qui ont, non seulement la charge de la création des villes, de leur gestion, mais également de leur planification. Ensuite, auprès des élus locaux, en l'occurrence les Maires. Et enfin auprès des populations vivant dans ces centres urbains pour recueillir leur avis sur leurs conditions de vie au quotidien.

IV- Limites et articulation de l'étude

1- Limites de notre étude.

Au cours de la réalisation de ce travail, des obstacles majeurs ont entaché la réalisation de ce travail. D'abord, les documents en rapport avec notre thème étaient quasi inexistants dans les différents centres de documentation de la ville. Ensuite, dans les différents ministères, nous étions confrontés, soit à l'absence des données statistiques, soit au refus de nous les communiquer. Et quand elles étaient mises à notre disposition, ces données souffraient de plusieurs lacunes, elles étaient anciennes et incomplètes. Enfin, dans les différentes mairies de la province, nous étions également confrontés, soit à l'absence des données chiffrées, soit au manque de personnel qualifié

17

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

pour nous donner des informations appropriées en rapport avec notre thème de recherche.

2- Articulation du travail de recherche.

Le plan de notre travail se décompose en deux parties qui ont chacune d'elles deux chapitres. Dans la première partie, intitulé, le processus d'urbanisation de la province de l'Estuaire, nous présenterons en chapitre1, l'historique de l'urbanisation et la croissance démographique des villes; en chapitre 2, le bilan de l'urbanisation et les politiques mises en places pour le développement des villes de l'Estuaire. La deuxième partie,titrée l'Impact de l'urbanisation sur l'organisation de la province de l'Estuaire, traitera en chapitre 3, les conséquences du processus de l'urbanisation dans la province de l'Estuaire et enfin en chapitre 4, les perspectives de développement et d'aménagement de la province de l'Estuaire.

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

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PREMIERE PARTIE : LE PROCESSUS D'URBANISATION DANS LA PROVINCE DE L'ESTUAIRE

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

D'une superficie totale de 20740 km2, soit 7,7% de la surface totale du Gabon, la province de l'Estuaire est bordée au nord par la Guinée Equatoriale, à l'est par le Woleu-Ntem, au sud par le Moyen-Ogooué et l'Ogooué-Maritime, et à l'ouest par l'Océan Atlantique. En 1960, date à laquelle le mouvement d'urbanisation a vraiment commencé, le Gabon ne comptait qu'une seule commune de plein exercice située dans l'Estuaire (Libreville). Près de trente cinq (35) ans après, c'est-à-dire dans les années 1990, la province a connu une dynamique communale qui a atteint d'autres localités de la région, qui juste que là étaient de simples relais d'administration coloniale. De ce fait, comment s'est alors déroulé le processus d'urbanisation dans la province de l'Estuaire ? Et quel diagnostic pouvons-nous faire de cette urbanisation et surtout quelles ont été les différentes politiques d'aménagement et études urbaines menées dans cette province ? Ces deux grandes interrogations nous emmènent à voir dans le chapitre 1, Historique de l'urbanisation et croissance démographique des villes de la province de l'Estuaire et en chapitre 2, le bilan de l'urbanisation et les différentes politiques urbaines et d'aménagement de la dite province.

20

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Chapitre 1 : Historique de l'urbanisation et croissance démographique des villes de la province de l'Estuaire.

Dans ce chapitre, nous voulons mettre en lumière les différentes étapes du processus d'urbanisation de la province de l'Estuaire, depuis la période coloniale et ensuite d'évoquer la question relative à l'accroissement démographique des villes de la dite province.

I- Des villes de la colonisation aux communes de plein exercice.

Comme pour de nombreuses villes africaines, le système urbain Gabonais actuel est le résultat de l'action des pouvoirs coloniaux, qui quadrillaient méthodiquement les territoires d'un réseau de postes hiérarchisés, lesquels concentraient toutes les fonctions politique et économique15. Ainsi, l'organisation des communes du Gabon s'est réalisée progressivement. Elle remonte à la fin de la période coloniale. En 1955, Libreville et Port-Gentil étaient érigées en commune de plein exercice, c'est-à-dire disposant d'un conseil et d'un maire élu. Ce statut a été élargi en 1975 à tous les chefs-lieux de province et à quelques autres villes, qui n'étaient encore que des communes de moyen exercice. La politique de décentralisation élaborée 1996 a conduit à ériger tous les chefs lieux de département du statut de commune de plein exercice16. Aujourd'hui, le Gabon compte 52 communes : les 49 chefs lieux de département auxquels s'ajoutent les communes de Libreville, d'Owendo et de Mounana.

Dans la province de l'Estuaire plus particulièrement, le développement des villes n'a pas échappé à ce phénomène, car celles-ci sont des anciens postes coloniaux, héritage de l'administration coloniale. Jusqu'à une date récente, seule Libreville était une commune urbaine dans un vaste « désert rural », alors que les autres villes n'étaient encore que de simples relais de l'administration coloniale (Poste de contrôle administratif, poste télégraphique...). Mais dans les années 1990, l'armature urbaine s'est renforcée avec la vague de nouvelles communes. En effet, il a fallu attendre près

15 Y. WGUERAT (Géographe ORSTOM), Note sur l'urbanisation en Afrique Noire, E.R.S.S, 1977-1978, p.2

16R. M. NGUEMA. « Organisation administrative » in Atlas de l'Afrique, Spécial Gabon, Editions J.A, 2004, p.23

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

de trente cinq ans, après la première commune17, pour voir la dynamique communale atteindre d'autres localités de la région. Malgré ce renouveau, l'armature urbaine de la province de l'Estuaire reste encore embryonnaire

Ainsi, deux périodes majeures pourraient être significatives pour caractériser la création des villes de la province de l'Estuaire.

Jusqu'en mai 1957, il n'existait au Gabon que deux communes de plein exercice, parmi lesquelles, la commune de Libreville qui fut la première entité régionale du Gabon à acquérir ce statut. Son statut privilégié peut trouver l'origine dans la politique coloniale qui a favorisé l'essor socio-économique et démographique des villes côtières. En effet, la politique coloniale consistait au développement des villes côtières. C'est ainsi que les grandes villes africaines sont généralement situées sur les côtes (Dakar, Douala, Libreville...), en situation de carrefour entre une interface maritime et un ensemble continental, au débouché d'une voie ferrée le plus souvent. Ces grandes villes jouent avec leur port (port mole de Libreville et port d'Owendo), le rôle de tête de pont sur tous les domaines.

Quant au statut des autres villes, avant l'accession de notre pays à la souveraineté internationale, elles étaient soit des postes de contrôle administratifs (Kango avait ce statut entre 1900 et 1957) ; soit des postes administratifs français (entre 1919 et 1960, Cocobeach avait ce statut) ; soit encore des chefs-lieux du département (Ntoum perdit ce statut en 1929 et le retrouva en 1982) et enfin d'anciens villages de pêcheurs (Cap-Estérias et Owendo) et d'anciens chantiers forestiers (Ndzomoé). Donc, avant l'indépendance de notre pays, la province de l'Estuaire comptait qu'une seule commune de plein exercice et les autres communes actuelles n'étaient rien que des entités régionales sous tutelle coloniale.

Les villes gabonaises après l'indépendance sont aussi le fait de l'administration. D'une certaine façon, la République gabonaise apparaît comme la continuation du système colonial dont les principes et pratique d'encadrement territorial demeure aujourd'hui encore largement usitée.18 Ainsi, deux grandes phases caractérisent cette période.

17 Il faut retenir que la première commune de la province de l'Estuaire a été érigée en 1955 et que l'érection des autres communes se manifeste dans les années 1990.

18 R. POURTIER, 1989, Op cit.

22

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Au courant des années 1990, Vu la loi n°41/93/PR du 15 février 1993, le gouvernement ratifie selon l'ordonnance N°010/93/PR du 4 octobre 1993 que certaines communes exercent les fonctions de plein exercice, dont la commune d'Owendo, située dans le département du Komo-Mondah dans la province de l'Estuaire.

En 1996, suivant la loi organique du 06 juin 1996, relative à la décentralisation, le gouvernement gabonais décide que chaque chef-lieu de département soit érigé en commune de plein exercice. Dans la province de l'Estuaire, les départements du Komo-Kango, de la Noya et du Komo-Mondah ont été érigés en commune de plein exercice.

Dans les années 2000, en application des dispositions des articles 7 et 9 de la loi N° 14/95 du 15 Avril 1996 portant réorganisation territoriale de la république gabonaise, le gouvernement érige, dans la province de l'Estuaire, Ndzomoé en district et le district du Cap en département. Ainsi, le département de Komo-Océan a pour chef-lieu Ndzomoé et celui du Cap a pour capitale le Cap-Estérias. Et selon le décret N°1290/PR/MIDSM à 1314/PR/MIDSM du 5 Septembre 1996, les chefs-lieux du Komo-Océan et du Cap-Estérias deviennent automatiquement des communes de plein exercice en 2007, c'est-à-dire disposant d'un maire élu et d'un conseil municipal.

Aujourd'hui, la province de l'Estuaire compte cinq (5) départements (Komo-Mondah, Komo-Kango, Noya, Cap-Estérias et Komo-Océan) et sept (7) communes de plein exercice (Libreville, Ntoum, Owendo, Cocobeach, Kango, Cap-Estérias et Ndzomoé).

23

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Tableau n° 1 : Les communes de la province de l'Estuaire.

Départements

Communes de plein

exercice

Année d'érection

Komo-Mondah

Libreville, Ntoum, Owendo,

Respectivement (1957, 1993

et 1994)19

Komo-Kango

Kango

En 1996, par le décret n°

1290/PR/MIDSM à

1314/PR/MIDSM du 5
Septembre 1996

Noya

Cocobeach

En 1996, par le décret n°

1295/PR/MISDM/ du 05
septembre 1996.

Cap-Estérias

Cap-Estérias

Le 21 août 2007, par

ordonnance n° 0018/PR/2007.

Komo-Océan

Ndzomoé

Le 19 juillet 2007, par

ordonnance n° 017/PR/2007.

Source : multiples.

A travers ce tableau 1, nous constatons que la création des villes de la province de l'Estuaire s'est faite de manière progressive. La première commune a été instituée en 1957 et la dernière en 2007. De même, il apparaît que certaines de ces communes ont été créées par ordonnance, c'est-à-dire que leur érection n'a pas l'objet d'un projet du gouvernement et d'autres par décret, c'est-à-dire, une décision du pouvoir gouvernemental dont les effets sont semblables à ceux des lois. Toutes ces manoeuvres montrent justement l'emprise de l'Etat sur les décisions de la création ou non d'une ville. Par ailleurs, c'est le département du Komo-Mondah qui abrite le plus grand nombre de communes (trois sur les sept que compte la province). Les quatre autres départements ont chacun une commune. Si le développement des villes a été progressif dans cette région, mais comment s'est effectuée alors la croissance démographique de ces dernières ?

19 Libreville a été consacrée commune de plein exercice par l'ordonnance municipale du 06 avril 1963 et a été divisée en arrondissement depuis l'ordonnance n° 19 du 19 mars 1974. La commune d'Owendo, quant à elle, recouvre ce même statut par la loi n° 14/93, du 15 février 1994. Enfin la commune de Ntoum acquiert le statut de commune de plein exercice par l'ordonnance n°14/93, du 14 octobre 1993.

24

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Carte n° 2 : Carte représentant l'évolution des communes urbaines de la province de l'Estuaire.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

II- La croissance démographique des villes de la province de l'Estuaire.

De 1919 à 1960, date à laquelle le mouvement d'urbanisation a vraiment commencé, l'ensemble des villes ne dépassait guère 70.000 à 100.000 habitants. Seule Libreville, située dans la province de l'Estuaire comptait environ 25.000 habitants20 à cette époque.

Lors du recensement de 1980, la province de l'Estuaire comptait 252500 habitants21. En 1993, cette population a été évaluée à 463.487 habitants, dont 427.950 urbains contre 35237 ruraux. Ainsi, en 1993, la population urbaine de cette province représentait 92%22de la population totale de la province. Lors du recensement de 2003, on estime le poids démographique de cette province à près de 736.812 habitants23, où toujours la proportion des urbains est la plus dominante et se situe à plus de 90%.

La croissance démographique des villes de cette province a donc 0augmenté et à un rythme soutenu surtout dans la capitale. Les autres villes de cette province présentent la même situation mais à un rythme modéré. Ainsi, de 1993 à 2003, la population de Ntoum est passée de 6.213 habitants à 12.025 habitants et se situerait selon le recensement communal (2009) à près de 14000 habitants. Durant la même période, la population de la commune de Cocobeach a été multipliée par quatre (4) et passant de 1.164 habitants à 4.315 habitants. Celle de la ville de Kango a été multipliée par trois (3) passant ainsi de 962 habitants en 1993 à 3.613 habitants en 2003. La population de la ville d'Owendo s'élevait en 2003 à 40.157 habitants et lors du recensement de 2009 effectué par la commune, ce chiffre se situerait à près de 60.000 habitants. En 2003, la population du Cap-Estérias et celle de Ndzomoé s'élevaient respectivement à 712 et 80 habitants. Et aujourd'hui, cette population s'estimerait pour le Cap-Estérias à près de 1000 habitants et pour Ndzomoé à 300 habitants. Malgré une évolution significative de la population des villes de l'Estuaire, Libreville reste la grosse tête de la province avec plus de 91% de la population urbaine.

20Ministère de la Planification et de l'Aménagement du Territoire, PAPSUT, Stratégie urbaine au Gabon, septembre 1999, p.2.

21 Ministère de la Planification et de l'Aménagement du Territoire, CGAT, Livres blancs ESTUAIRE (1981), p.18

22 Ce résultat a été obtenu en faisant le rapport entre la population urbaine et la population totale de province de l'Estuaire.

23 Les données proviennent du Recensement Général de la Population et de l'Habitat de 2003, p.3

26

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Tableau n° 2 : Evolution de la population des villes de la province de l'Estuaire de 1960 à 2003.

Communes

Pop 1960

Pop1980

Pop 1993

Pop 200324

Libreville

31000

185.100

419.596

623.621

Owendo

10025

6.04726

25.234

40.157

Ntoum

-

-

6.213

12.025

Kango

-

-

962

3.613

Cocobeach

-

-

1.164

4.315

Cap-Estérias

-

-

-

712

Ndzomoé

-

-

-

80

Source : G. Sautter (1958), RGPH (1993 et 2003).

A partir de ces chiffres, nous observons que la population des villes de l'Estuaire a augmenté d'années en années. Si l'évolution de cette population est perceptible dans l'agglomération de Libreville où nous avons les chiffres depuis 1960, pour les autres villes, la connaissance de leur poids démographique n'est perceptible qu'au courant des années 1993, par manque de données statistiques fiables.

Mais seulement, quelles sont les causes et les conséquences de cet accroissement démographique dans les communes de cette province ?

Graphique n° 1 : Evolution de la population urbaine de la ville de Libreville de 1960 à 2003.

400000

200000

700000

600000

500000

300000

100000

0

Evolution de la population urbaine de Libreville de 1960 à 2003

pop 1960 pop 1980 pop 1993 pop 2003

pop urbaine de LBV

24 Retenons que les résultats du RGPH de 2003 ont été corrigées et validées par la cour constitutionnelle.

25 R.POURTIER, Gabon, espace, territoire et société, Tome 1, harmattan.P.16.

26 Mairie d'Owendo, guide touristique de la ville, 1998.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Source : G. Sautter (1958), RGPH (1993 et 2003).

Graphique n° 2 : Evolution de la population de la ville d'Owendo de 1960 à 2003.

40000

20000

50000

30000

10000

0

Evolution de la population d'Owendo de 1960 à 2003

1960

pop

1980

pop

1993

pop

2003

pop

pop urbaine Owendo

Source : G. Sautter (1958), RGPH (1993 et 2003).

Ces deux graphiques présentent l'évolution croissante de la population de l'agglomération de Libreville à partir des recensements de la population de 1960 jusqu'en 2003.

II.1. Les causes de la croissance démographique des villes de la province de l'Estuaire.

Plusieurs facteurs ont participé à l'accroissement démographique des villes de la province de l'Estuaire. Parmi ces facteurs, nous ne retiendrons que deux principalement, à savoir: les pesanteurs historico-politques et les causes économiques.

II.1.1. Les causes historico-politiques.

La population des villes de la province de L'Estuaire a augmenté du fait de certains faits historiques que notre pays a connu avant et après son indépendance. En effet, lors des grands voyages maritimes sur la côte de l'Afrique, les portugais, en 1472, baptisèrent le pays « Rio Gabao » quand ils pénétrèrent dans l'estuaire, en raison de sa forme semblable à un caban (Gabao en portugais). Le nom « Gabao » se transforma ensuite en Gabon. Lopez Gonsalvez, donna son nom au Cap Lopez en 1480. Le pays se réduisit alors au grand estuaire habité par les Mpongwé, au Cap Lopez et au pays des lagunes. Jusqu'au XVIIIème siècle, les tribus côtières entretinrent des relations commerciales avec les européens. Ces activités se réduisirent essentiellement au troc et

28

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

à la traite des esclaves. Par ailleurs, dans sa mission de représentation de la traite des noirs dans l'Atlantique sud en 1839, la marine française obtint le droit d'installer une base sur la rive gauche de l'estuaire, puis sur la rive droite, point de départ d'une colonie du Gabon. La première ville de la province de l'Estuaire, Libreville naquit en 1849 par les esclaves libérés. Comme le rappelle ce fait historique, la province de l'Estuaire, grâce à son ouverture maritime, a été la première région du Gabon où les européens27 et les peuples autochtones (les Ndiwa et les Mpongwé) entrèrent en relation et entretinrent des relations commerciales. Ce fait a très vite attiré et fixé les populations de l'intérieur du pays vers la côte

Entre autres faits majeurs ayant entraîné l'augmentation de la population urbaine, la tenue du 34ème sommet de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) en 1977 au Gabon ; la construction du Transgabonais ; la rénovation des quartiers insalubres et la revitalisation du centre-ville de la capitale. Ces travaux touchaient particulièrement le secteur routier et celui de l'immobilier. Compte tenu des énormes travaux à réaliser, l'Etat a été contraint de faire appel à une main-d'oeuvre étrangère. Ainsi, Libreville a connu l'arrivée des populations immigrées venues de tous les pays de l'Afrique centrale et de l'Ouest, de Yougoslavie du Liban et de Syrie (10000 personnes en1984 et 20% de la population de Libreville en 1993).28 Le « grand chantier Libreville » a généré 7000 emplois29. Pour les autres villes de la province, la croissance démographique aurait débuté lorsqu'elles ont été érigées en commune de plein exercice, puisque l'Etat a mis en place certaines structures nécessaires pour encadrer les populations des communes de Kango, Cocobeach, Ntoum, Ndzomoé et du Cap-Estérias.

A côté de ces facteurs historique et politique, il y a également l'accroissement naturel, du fait d'une politique nataliste et de meilleures conditions de vie, qui ont également participé à l'augmentation des urbains dans la province de l'Estuaire. En effet, la mortalité s'est effondrée, du fait de l'amélioration de la situation sanitaire et

27Ce qualificatif renvoi à tous les explorateurs qui ont touchés nos cotes. Ainsi, les cotes gabonaises ont été successivement visitées d'abord par les portugais, puis vint les hollandais et les anglais et enfin les

français.

28R-M NGUEMA, 2008, « Politique publique et macrocéphalie urbaine en Afrique Centrale : essai de géopolitique du territoire métropolitain de Libreville », in Enjeux- N°34-35, pp.33-39

29 Idem.

29

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

médicale dans l'ensemble avec des taux de mortalité bas (15 pour mille au Gabon). Dans le même temps, la natalité demeure forte (40 pour mille au Gabon)30, d'où la structure par âge qui est particulièrement jeune (majorité de moins de 20 ans dans toutes les villes de la province, et les 2/3 des citadins ont moins de 25 ans). Ainsi, l'accroissement naturel devient aujourd'hui, le principal moteur de peuplement dans les autres villes de la province de l'Estuaire.

En somme, les facteurs historico-politques, comme nous venons de le voir ont entraîné une augmentation de la population des villes de la province de l'Estuaire, mais seule Libreville a bénéficié de cet accroissement démographique car cette ville est devenue la porte d'entrée et de sortie de tous les flux.

II.1.2. Les facteurs économiques.

Les activités industrialo-portuaire, commerciale et la qualité de l'offre des services développées dans les villes de la province de l'Estuaire ont drainé une forte population en provenance de l'intérieur du pays. Mais, seule l'agglomération de Libreville a pu bénéficier de ces migrations internes et externes, dans la mesure où l'essentiel de l'économie de la province de l'Estuaire est concentrée dans cette ville. On y retrouve tous les sièges sociaux des grandes entreprises, les commerces, les industries génératrices d'emplois salariés et toute une série d'activités motrices. Le développement de ces activités dans l'agglomération de Libreville a fait de cet espace, un pôle attractif qui capte tous les flux en provenance de l'intérieur du pays. Ainsi, l'exode rural s'est accentué du fait que Libreville émet une force attractive qui se manifeste par les possibilités très considérables d'emplois, les statuts très hiérarchisés de la société urbaine et les séductions de la « culture urbaine » devenue dominante.

Le potentiel économique de Libreville a un effet attractif sur les populations et a ainsi contribué à l'accroissement démographique de cette ville qui, selon certaines sources, regorgerait à peu près 45% de la population du pays. Les autres villes de la province étant presque vide. Ce constat établi peut s'observer dans les faits, d'après les statistiques à l'exception de la commune de Ntoum avec l'usine de cimenterie, des cinq(5) scieries et une bonne quantité de briqueteries qui y sont implantées, partout

30 C. MBOUTSOU, « Population et démographie » in Atlas de l'Afrique, Spécial Gabon, Editions J.A, 2004, p.24.

30

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

ailleurs l'implantation permanente d'industrie est rare. Les forestiers sont également présents mais leurs activités sont irrégulières.

II.2. Les conséquences de l'augmentation de la population urbaine.

Compte tenu des facteurs historico politique et économique, les villes de l'Estuaire ont connu une expansion sans précédent, surtout dans l'agglomération de Libreville, du fait de l'évolution croissante de sa population. En effet, la forte croissance de celle-ci a eu comme conséquences majeures : l'étalement spatial et la dégradation des conditions de vie des urbains dans la province.

II.2.1. L'extension spatiale de quelques villes dans l'Estuaire.

Les villes de la province de l'Estuaire ont connu une expansion spatiale sans précédent. Cette dynamique spatiale s'est manifestée par le déplacement des limites urbaines et le passage d'une forme en étoile à une forme massive par absorption d'une couronne supplémentaire.

C'est ainsi que la plupart de ces villes ont vu leurs sites originels s'étendre. A Owendo, par exemple, la ville était circonscrite à la pointe où est actuellement le port et aujourd'hui le périmètre urbain s'estime à 3410 hectares. Le même cas de figure se présente à Ntoum où le noyau initial (Case d'écoute) s'est étendu et atteint près de 482 hectares. De même, le périmètre urbain de la ville de Cocobeach occupe une superficie de 100km2, tandis que celui de Kango occupe une superficie de 42000m2. Par ailleurs, il est à souligner que la croissance urbaine enregistrée dans les communes du Gabon a fait en sorte que l'Etat décide en 1996, d'intégrer les anciens villages situés dans un périmètre de 6 à 7 km dans toutes les communes du pays. Mais seulement, comment s'est réalisé l'étalement spatial de la ville de Libreville ?

La dynamique démographique que la capitale a connu s'est inévitablement accompagnée d'une extension périphérique de la ville, étant le cas le plus fréquent et généralisé des villes africaines dévoreuses d'espace. De fait, l'agglomération de Libreville connaît depuis près de trois décennies, une extension soutenue et globalement incontrôlée (Martin, 2000). De 8 kilomètres du Nord au Sud et 1,7 kilomètres d'Ouest en Est en 1970, la ville s'étale aujourd'hui sur 13 kilomètres vers

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

l'intérieur des terres et environ 30 kilomètres du Nord au Sud31.Ainsi sur le plan du découpage administratif, on est passé de quatre (4) arrondissements en 1975 à six (6) arrondissements depuis 1995. Au vu du rythme de l'évolution de la population et, surtout du système d'occupation du sol particulièrement anarchique, le processus d'étalement de la ville ne va certainement pas aller en ralentissant. Seulement, les principaux axes de cette extension s'orientent surtout vers les périphéries Nord (Agondjé- Okala) et Est (Nzeng-Ayong- Sibang- Bikélé).

Figure n° 1 : Les étapes de l'expansion de Libreville d'après G. LASSERRE.

31

Source : LASSERE G, 1958, Libreville, la ville et sa région.

Cette figure montre effectivement l'extension spatiale de la ville de Libreville depuis 1880 jusqu'à 1970. En effet, cette la dynamique spatiale s'est orientée vers les parties Est, Nord et Sud, augmentant ainsi le périmètre urbain de la ville.

31 Ministère de la Planification et de l'Aménagement du Territoire, PAPSUT, la problématique des extensions urbaines, Vol.11 annexe 1, paris A. Colin, 2001, p.18

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Figure n° 2 : Les étapes de l'extension de la commune d'Owendo.

Source : carte de Libreville 1/50000 (1987)- 1/20000 (1983).

II.2.2. La saturation du réseau routier et la dégradation des conditions de vie des citadins.

Hormis l'étalement spatial de la ville, l'augmentation de la population dans les centres urbains de la province a eu comme effet, la saturation des voies de communication de Libreville et la dégradation des conditions de vie des populations.

S'agissant de la saturation des voies de communication, il est à retenir que le retour dans les quartiers sous-intégrés du centre urbain d'une part importante de la population déguerpie de parcelles reconnues d'utilité publique entraîne une plus grande saturation du réseau routier existant aux heures de pointe. Les heures de fermeture groupées des bureaux, de certains commerces, services et écoles à midi et le soir, concentrent fortement les horaires de retour au domicile à partir des différents lieux d'activités : de 6 h à 9 h et 16 h à 19 h, plusieurs milliers de déplacements s'effectuent

33

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

chaque jour entre les différents points du centre urbain et entre celui-ci et la semi-périphérie. Dans les principales intersections, le carrefour des feux tricolores de Nzeng-Ayong, celui de Rio et de l'échangeur du PK 5, de nombreux véhicules individuels ou à usage de taxi (2000 environ) créent de longues files d'embouteillage qui allongent les trajets des usagers parfois de plus d'une heure.

Pour ce qui est de la dégradation des conditions de vie des populations de cette ville, il est à souligner que l'absence d'outils de planification et la croissance urbaine ont donné lieu aux problèmes de contrastes de l'habitat, les conditions précaires de la vie, l'occupation sauvage ou spontanée des sols, les inondations, les difficultés de gestion des déchets et pollutions, carence d'espaces de jeux, paupérisation urbaine, macrocéphalie, développement d'un urbanisme de débrouillardise; infrastructures de communication déficientes entraînant par exemple, le pourrissement à la campagne des produits vivriers dont la ville a un cruel besoin, corruption des responsables à différents niveaux, l'insalubrité, les problèmes d'approvisionnement en eau potable et en électricité, d'assainissement et de santé publique.

Cependant, ses actions se manifestent à des degrés divers et sont proportionnelles, non seulement au poids démographique des villes, mais aussi et surtout aux disponibilités de terrains aménagés. C'est ainsi que ses problèmes se posent avec beaucoup d'acuité dans la ville de Libreville à cause de sa forte croissance démographique, alors que les autres villes de cette province, les subissent modérément ou pas du tout.

Mais seulement, quel bilan pouvons-nous faire de l'urbanisation dans cette province ? Et quelles ont été les politiques d'aménagement mises en place par les pouvoirs publics pour développer les villes de cette province et susciter un développement équilibré de la province. ? Ces deux principales interrogations constitueront le deuxième chapitre de notre travail.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Chapitre 2 : Bilan de l'urbanisation et les politiques mises en place pour le développement des villes de la province de l'Estuaire.

Ce chapitre consiste à faire le diagnostic du processus d'urbanisation dans la province, c'est-à-dire de faire une étude rétrospective des politiques d'aménagement et études urbaines que les pouvoirs publics ont élaboré pour développer et équilibrer les villes de cette province.

I- Bilan de l'urbanisation dans la province de l'Estuaire.

I.1. Les atouts du processus d'urbanisation dans la province de l'Estuaire.

Comme l'affirme François Paul YATTA32 « la ville est productive et l'urbanisation porteuse de mutation qualitative pour les agrosystèmes urbains ». En effet, s'il est évident que l'urbanisation africaine comporte des manifestations spatiales et sociales «négatives» dues essentiellement au déficit d'aménagement et de gestion, elle imprime cependant une dynamique évidente de développement et contribue significativement à l'amélioration du niveau de développement des pays. De ce point de vue, elle se constitue en un véritable moteur de la vie économique et le principal foyer de modernisation et de progrès social.

I.1.1. Modernisation des villes de la province.

Considérant que la ville est un lieu par excellence où se concentrent certains services rares et où partent des flux pour dynamiser son environnement immédiat, il importe de mentionner que le fait d'avoir créé les nouvelles communes dans la province de l'Estuaire a eu comme effet, la modernisation de ces régions. Dans la province de l'Estuaire, le processus d'urbanisation, insufflé par les revenus issus de l'or noir des années 1970, a contribué à doter les villes de cette région des équipements et infrastructures de base, nécessaires à leur développement.

Ainsi, la plupart de ces villes se sont vues construire des infrastructures et bâtiments modernes. C'est le cas par exemple de l'hôtel de ville de la commune de Cocobeach et d'Owendo, les salles polyvalentes de Kango et de Cocobeach, le service du trésor de Cocobeach, les bâtiments administratifs (celui de Ntoum), l'ENEF au Cap

32 P.F YATTA, 2006, Villes et développement économique en Afrique, Anthropos, p.56

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

et bien d'autres équipements modernes. Ces équipements et infrastructures contribuent largement au développement de la province car les populations de ces régions, malgré le fait que leurs activités soient encore essentiellement rurales (agriculture et pêche), bénéficient largement des services issus de ces bâtiments modernes. Ces derniers, qu'ils soient d'ordre privé ou public, ont fait de ces villes des lieux presque exclusifs de modernité, du développement économique, du changement social et culturel33.

I.1.2. Un moteur de la vie économique provinciale.

Après avoir montré que le développement des villes dans la province de l'Estuaire s'est accompagné d'une certaine modernisation de ces régions, il apparaît évident que ce même développement des unités urbaines dans la région s'est manifesté comme le moteur de la vie économique de la province. En effet, les quelques organes déconcentrés de l'Etat, comme les services de la douane et de la marine marchande que l'on rencontre dans les villes de Cocobeach et d'Owendo ; du Conseil Gabonais des Chargeurs (C.G.C),la police de l'immigration, de la brigade des pêches (Kango, Cocobeach, Ntoum) et du cantonnement des eaux et forêts, localisé dans toutes les villes de la province, participent d'une manière ou une autre au rayonnement économique de ces villes, dans la mesure où ils procurent des recettes à l'Etat.

Par ailleurs, les centres urbains de la province de l'Estuaire peuvent se positionner comme le moteur de la vie économique par le fait qu'ils regorgent des équipements marchands (Marchés de Mont-bouet, Louis, Nkembo, Ntoum, Cocobeach...). Ces marchés organisent l'activité économique de ces régions en offrant aux populations des sites où ils peuvent écouler leurs produits. Cependant, il est à retenir, que Libreville constitue le moteur de la vie économique provinciale par les activités économiques qui y sont développées, alors que les autres centres urbains, bien qu'offrant certains services pourront devenir des moteurs de vie la économique si et seulement si l'Etat implante les activités économiques dans ces localités.

33 F. ONDAMBA OMBANDA, 2004, « Urbanisation », in Atlas de l'Afrique/ spécial Gabon, Ed. J.A, p.28.

-La préfecture et la direction provinciale de l'urbanisme qui structurent la ville de Ntoum et donnent à cette dernière une allure moderne.

- . Cet imposant bâtiment donne à cette ville une allure moderne.

Photo 2 : L'hôtel de ville de la commune de Cocobeach.

- Ce bâtiment a été entièrement rénové. Il donne à cette contrée une allure moderne, de part la qualité des matériaux utilisés et la grandeur du site.

Photo 3 : Un bâtiment administratif localisé dans la ville de Ntoum.

Clichés : D. NTSEBE ONONO, Juin 2010

Photo 1 : La salle polyvalente de Cocobeach.

36

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Planche n°1 : Quelques bâtiments modernes des villes de l'Estuaire.

37

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

I.2- Les inconvénients du processus d'urbanisation dans la province de l'Estuaire

I.2.1. Une dynamique d'urbanisation inégale dans la province.

Malgré l'aspect moderne des villes, le développement s'est effectué de manière inégale et a donné naissance au phénomène de macrocéphalie urbaine de la ville Libreville, se positionnant ainsi comme a grosse ville. En effet, bénéficiant d'un double statut de chef-lieu de la province de l'Estuaire et également de capitale administrative du pays, Libreville a attiré l'attention des pouvoirs publics qui voulaient se doter d'une capitale dynamique, forte et attrayante, comme l'atteste des énormes investissements et projets qui se sont produits dans cette ville. Cependant, cette envie de vouloir se doter d'une telle capitale a contribué à délaisser les autres villes de la province, notamment : Kango, Ntoum, Cocobeach etc. C'est ainsi que la croissance rapide et désordonnée qui s'en est suivie a été plutôt néfaste à un arrière pays sous-peuplé et peu dynamique. Son effet attractif serait à l'origine du vide économique, démographique et infrastructurel du reste de la province.

Aujourd'hui, la capitale de l'Estuaire connaît des problèmes aigus d'occupation de l'espace, de transports, d'équipements et surtout d'assainissement, par manque d'une politique cohérente en matière d'aménagement, face à une explosion démographique difficilement contrôlable.

I.2.2. Une dynamique d'urbanisation sans véritable offre de services

Une des grandes particularités des villes de la province de l'Estuaire et plus généralement du Gabon est la forte population qui exerce l'activité agricole. En effet, plus de la moitié de la population ont l'agriculture et la pêche comme principale activité. Ce qui fait que ces villes conservent toutes un caractère plutôt rural, qui se manifeste par l'insuffisance notoire d'infrastructures et de voirie urbaines (Cap-Estérias et Ndzomoé). Cette situation contraste avec l'apparition de nouveaux besoins, notamment en matière d'équipements : en santé, en éducation, en routes, en assainissement, en eau, en électricité, en logements, en gestion des déchets, en services divers etc., qu'elles n'arrivent pas à satisfaire. On a plutôt affaire à une urbanisation sans équipements collectifs ni offre de services urbains de base34. Ainsi, si le statut de

34D.DIOP, Urbanisation et dynamiques urbaines dans la région de MATAM : état des lieux et perspectives, Postdoc au CERIUM, p.3

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

ces agglomérations a évolué du point de vue administratif, leurs activités n'ont quasiment pas changé. Ce qui fait que nombre de leurs habitants résident en ville, mais s'occupent des activités agricoles (rurbains).

Le bilan de l'urbanisation dans la province de l'Estuaire s'est révélé à la fois positif et négatif. Cependant, ce processus d'urbanisation n'a pas freiné l'exode rural vers la ville de Libreville qui a attiré un nombre important de populations. De ce fait, quelles ont été les différentes politiques d'aménagement régional et études urbaines mis en place par les pouvoirs publics pour lutter contre cet afflux massif des populations vers Libreville ?

II. Les différentes politiques d'aménagement régional et études urbaines de la province de l'Estuaire.

II.1. Les politiques d'aménagement régional de la province de l'Estuaire.

II.1.1.Les documents de planification.

Dans le souci de mieux répartir les hommes, les activités, les équipements et infrastructures au Gabon et singulièrement dans la province de l'Estuaire, les pouvoirs publics, par l'intermédiaire du Ministère de la Planification et de l'Aménagement du Territoire, vont élaborer des documents de planification, des institutions et des *outils de développement dans la province de l'Estuaire.

Pour accompagner cette volonté politique des faits, sera créé en 1983 le Commissariat Général à l'Aménagement du Territoire (CGAT) par le Décret n° 00718/PR/MPAT du 31 mai 1983, après suppression de l'ancienne Direction de l'Aménagement du Territoire et de l'Action Régionale (DATAR) créée par décret n° 959/PR/MEDPR/MPAT/CAD du 30 août 1972. Le CGAT est chargé de définir pour l'ensemble du pays et pour chaque région les objectifs et les conditions d'un développement et d'une répartition équilibrée à long terme des activités économiques et sociales, de participer à toutes les opérations susceptibles d'avoir un impact sur l'aménagement du territoire et d'en contrôler l'adéquation aux objectifs fixés. Mais bien avant cette date, sont également créés les Livres Blancs de chaque province et notamment celui de la province de l'Estuaire. Ces documents essentiels avaient non seulement pour objectif, d'identifier des problèmes majeurs qui caractérisent la

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

situation économique et sociale de la province et de leurs tendances évolutive, mais aussi et surtout de faire l'inventaire des possibilités de développement (orientations principales et projets chaque fois que possible) spécifique à la province.

De même, lors du conseil des Ministres du 08 mars 1986, sont mis en place au niveau institutionnel, les Comités Provinciaux d'Expansion Economique et Sociale (CPEES). Ces derniers sont chargés d'appliquer la politique d'aménagement du territoire au niveau provincial. Toujours à la même année, Les Schémas d'Aménagement Régional (SDAR) ont été élaborés en vue d'établir une liste aussi complète que possible des opérations qu'il paraissait souhaitable de promouvoir avant la fin du siècle dernier dans chaque province gabonaise afin d'y assurer un développement harmonieux et équilibré.

Seulement, en dépit des efforts observés dans le rééquilibrage socio-économique et démographique du pays, la politique d'aménagement du territoire a été fortement critiquée.

La première critique concerne l'éparpillement des compétences aménagistes entre les institutions spécialisés. Cette politique reste « une opération diffuse et implicite dans les politiques sectorielles »35, car c'est à l'intérieur des projets d'environnement, d'équipements, d'assainissement ou de développement rural, initiés par différents ministères, que sont inscrites des actions d'aménagement du territoire.

Faute d'une politique concertée, les problèmes sont réglés par le recours aux projets spécifiques de développement souvent encouragés par les bailleurs de fonds. C'est dire que les approches sectorielles évoluent sans véritables concertations entre les administrations. Ainsi, l'existence de plusieurs acteurs a fortement segmenté les interventions et empêché la cohésion des actions et donc la poursuite des objectifs communs de développement.

L'autre incohérence réside dans la structure politico-administrative du pays. Le Gabon est en effet un pays unitaire et centralisé. La politique d'aménagement du territoire « par le haut » s'est certes soldée par l'implantation des structures de base et administratives qui ont été engagés dans les réseaux de l'éducation, de la santé, du

35M. A. BOUSSOUGOU, 2005, « politique d'aménagement du territoire au Gabon, bilan et perspectives » in Actes du colloque sous-régionale sur l'Aménagement, Libreville, p.29

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

transport et plus majoritairement dans la construction des édifices publiques. De prime à bord, ces efforts laissent transparaître un développement équilibré du territoire. Cependant, les conclusions de la commission interministérielle sur la réforme administrative (CIRA), initiée au ministère de la fonction publique gabonaise en 1989, sont plutôt critiques. En effet, malgré cette implantation relativement importante de l'administration dans l'hinterland, il n'y a eu pour l'essentiel qu'un déplacement des organes régionaux dépendant totalement du pouvoir central basé à Libreville.

La troisième critique concerne la relative instabilité de l'administration de l'aménagement du territoire. Avant la création du ministère de l'aménagement du territoire en 2002, son administration a été rattachée successivement à quatre départements ministériels36. Ces nombreux rattachements n'ont pas permis à l'administration de l'aménagement du territoire de remplir les missions d'orientation, de coordination, de stimulation, de suivi et de contrôle de projets qui lui était dévolues.

II.1.2. Les fêtes tournantes.

Contenu dans un programme de développement économique et social, le principe des fêtes tournantes, initiées par l'ancien chef d'Etat Omar Bongo Ondimba, dans les années 1970 constatant les déséquilibres entre Libreville et l'arrière pays et repris en 2002, avait pour objectif principal de doter l'ensemble des provinces du pays en infrastructures de base : adduction d'eau, électrification, aménagement des voieries, construction des routes, ponts, dispensaires, écoles, etc. Autant d'infrastructures indispensables pour désenclaver, développer les villes et campagnes du pays. Ces dernières devraient ainsi contribuer au développement de nos capitales provinciales et partant du tissu économique et social du pays dans son ensemble.

La province de l'Estuaire, qui fait l'objet de notre étude a abrité successivement les éditions de 2006 et 2007. Dans cette province la somme alloués à ses deux éditions atteindrait la bagatelle somme des 100 milliards, c'est-à-dire 50 milliards pour chaque édition. L'Estuaire qui boucle cette deuxième phase, s'illustre par un énorme gâchis,

36L'administration de l'aménagement du territoire a été rattachée successivement aux ministères du Tourisme (198-1983 ; Planification (1983-1987) ; Travaux publics (1987-1990) ; Contrôle d'Etat (19941997) ; Urbanisme et Habitat (1997-1999 ; Planification (1999-2002).

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

malgré les quelques monuments construits (la place de la paix à la Cité de la démocratie, celle de la Tolérance au quartier Rio, le monument de la fraternité, etc. Egalement la réhabilitation de certaines voies de communication. C'est ainsi que les 50 milliards décaissés en 2006 n'ont pas été entièrement mis à la disposition des sociétés adjudicataires des travaux. Résultat : une tribune officielle qui ressemble plutôt à un vaste hangar, des nids de poule qui refont surface, de nombreux bâtiments inachevés.

Par ailleurs, des inégalités sont apparues dans la redistribution de la somme allouée entre les villes de la province. La capitale, comme toujours a été priorisée et s'est « taillée la part du lion », délaissant ainsi les autres villes de la région. Même à Libreville, des disparités ont été constatées, dans la mesure où, certaines zones ont été préférées à d'autres. Par exemple : les pavés n'ont été posés que dans le deuxième arrondissement, fief électoral de l'ancien chef du gouvernement. Ce constat est aussi élargit dans presque toutes les provinces, où certains membres du gouvernement et élus locaux, ont relégué à l'arrière-plan, les aspirations des populations à plus de progrès social, au profit de leurs intérêts partisans et de leurs « bas de laine ». Elles ont plutôt tracé, pour reprendre le titre du célèbre ouvrage de Von Hayek,"la route de la servitude" pour certains compatriotes qui se sont embourgeoisés en se servant dans les caisses des Fêtes tournantes. Sans compter les projets fantaisistes et mal ficelés qui ne débouchent sur aucun chantier concret. Ainsi, le bilan des fêtes tournantes dans cette province, pour les plus optimistes est mitigé. Des avancées timides, mais notables il est vrai, ont été enregistrées ici et là.

II.2. les études et outils d'aménagement urbain.

II.2.1. Les textes et les documents d'urbanisme.

La législation urbanistique du Gabon est fondée sur la loi 3/81 du 8 juin 1981 qui « fixe le cadre de la réglementation destinée à permettre un développement harmonieux et rationnel des agglomérations, et d'assurer la sécurité et le bien-être des habitants » (loi 3/81, art1). Pour atteindre cet objectif, cette loi prévoit deux types de documents de planification urbaine : les « schémas directeurs d'aménagement et d'urbanisme (SDAU) », qui fixent la destination générale des sols, le tracé des grands équipements, le schéma directeur d'alimentation en eau et en électricité, la localisation des services et

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

des activités, et s'accompagne d'un règlement fixant les servitudes relatives à l'utilisation des sols. En certaines de leurs parties qui demandent de plus grands détails, les SDAU peuvent être complétés par des schémas de secteur. Ces documents de planification sont adoptés par délibération des conseils municipaux et approuvés par le Conseil des Ministres.

Les « plans d'occupation des sols (POS)», quant à eux, fixent les règles générales et les servitudes d'utilisation des sols. Ils comportent, entre autres, la délimitation des zones d'urbanisation, celle des zones d'affectation, la détermination des tracés, largeurs et caractéristiques de la voirie, les emplacements à réserver aux voies et ouvrages publics et la définition des règles concernant le droit d'implanter des constructions, leur destination, leur nature, leur aspect extérieur, leurs dimensions et l'aménagement de leurs abords. Ces documents sont élaborés par l'Etat (Ministère ayant l'urbanisme dans ses attributions), qui prend en charge les dépenses entraînées par leur élaboration (art 2).

A cette loi d'urbanisme, s'ajoute la loi 16/93 relative à la protection et à l'amélioration de l'environnement, la loi 24/83PR du 18 avril 1983 portant sur la surveillance de l'urbanisme et le document publié en mars 2000 « Stratégie urbaine du Gabon » par le Ministère de la Planification et de l'Aménagement du Territoire. Ce dernier a pour objectif, non seulement de concevoir une stratégie de développement urbain durable, mais également concevoir un cadre d'orientations pour des actions opérationnelles tangibles sur le terrain.

II.2.2. Les outils et documents d'aménagement des villes de la province.

La problématique de l'aménagement ou de la gestion des villes du Gabon et singulièrement, celle de la province de l'Estuaire, est un enjeu majeur pour le Gouvernement gabonais.

En effet, plusieurs mesures ont été adoptées pour doter des villes de la province de l'Estuaire des outils capables d'assurer une meilleure gestion des problèmes liés à l'urbanisation croissante. De ces documents, on peut citer: les trois plans d'urbanisme de la ville de Libreville ; les schémas préliminaires d'urbanisme (SPU) des autres villes de la province.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

II.2.2.1. Les opérations d'urbanisme à Libreville

Libreville, qui est le chef-lieu de la province de l'Estuaire, a fait l'objet de plusieurs opérations d'urbanisme du fait de sa croissance urbaine exponentielle qui cause de graves problèmes liés à sa gestion. En effet, le destin d'une ville n'est rien d'autre que son processus de développement en fonction des plans d'urbanisme qui lui sont appliqués37. De manière succincte et en ne tenant pas compte de nombreux plans sectoriels, la ville de Libreville a déjà fait l'objet de trois plans d'urbanisme et le quatrième, initié depuis 1994, n'est toujours pas bouclé (même si certains des ces principes font déjà office de plan sectoriel)38 et récemment en Mai 2010, les experts gabonais du ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et du logement, associés à ceux du Bureau National d'Etudes Techniques et de développement de Côte-d'Ivoire ont, cinq jours durant, fait un diagnostic assorti de deux esquisses de SDAU.

Ainsi, le premier plan fut initié en 1939 dans le souci des autorités coloniales de créer une zone non aedificandi afin de décongestionner la « ville blanche » trop enserré par de nombreux « villages africains ». Malgré ce plan de 1939 qui était sectoriel, Libreville a suivi sa croissance désordonnée. De même a été initié en 1962 sous la responsabilité de Henri Pottier, le plan portant son nom qui est le deuxième document de ce genre, élaboré pour le développement de la capitale gabonaise, ambitionnait un zonage de l'habitat, des commerces, des affaires, de l'enseignement et du sport, de l'industrie et des espaces verts. Ce plan pensait en principe le développement d'un réseau secondaire permettant de relier les différents pôles d'activités et d'habitats existants ou en projets. Le dernier document de ce genre a été initié en 1965. Ce plan est dénommé, le plan d'Olivo-Prass ou le principe d'un développement de la ville axé sue une seule voie39, prévoyait l'organisation du grand Libreville entre le Cap-Estérias au nord et Owendo au sud tout en confirmant une linéarité de Libreville. L'organisation insufflée par ce plan s'articulait autour d'une voie primaire appelée « voie Express ». Voie sur laquelle un certain nombre d'équipements collectifs, sociaux, ludiques et sportifs devaient être réalisés. C'est ainsi que de nombreuses réalisations urbanistiques

37 H.C ENGO ASSOUMOU, janv. 2007, « Voirie et structures urbaine à Libreville », in Villes en parallèle /villes du Gabon, N° 40-41, P.159.

38Idem.

39 Ibidem.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

actuelles s'inspirent de ce schéma : lotissements d'habitats d'Avéa II, Charbonnages par exemple, des établissements scolaires et hospitaliers et entre 1970 et 1980, voire même l'aménagement de Nzeng Ayong.

Figure n° 3 : Une schématisation du plan d'Olivo-Prass (bande jaune).

Source : Nziengui Mabila.

A en juger par de nombreuses opérations d'urbanisme effectuées dans l'agglomération de Libreville, depuis 1939 jusqu'à nos jours, on croirait que cette dernière est mieux aménagée, structurée et où il fait bon vivre. Mais le constat est catastrophique lorsqu'on circule dans cette ville. En effet, les différents plans d'urbanisme qui ont été appliqués jusque là, dans la ville, n'ont pas donné des résultats escomptés, du fait non seulement du coût trop onéreux et futuriste, par exemple du plan Olivo-Prass ; la non application intégrale de ces documents qui a entraîné le recours aux projets sectoriels mal ficelés, mais aussi et surtout l'absence de textes et décrets d'application de ces documents de planification urbaine.

En somme, dans ce domaine comme dans le domaine foncier par exemple, le Gabon a des instruments législatifs de qualité, mais devra réduire ses standards pour qu'ils soient applicables. Le fait qu'un SDAU soit à l'étude depuis plus de 4 ans sans être achevé est un anachronisme remarquable, puisqu'en France, qui a

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

vraisemblablement servi de modèle pour la loi 3/8140, ce genre de document d'urbanisme n'est plus élaboré, mais remplacé par des «plans de structure»41 beaucoup plus sommaires. En effet, si aujourd'hui, les populations urbaines du Gabon, notamment celles de Libreville, sont aujourd'hui victimes des conséquences de la non maîtrise

urbaine:inondations, des mouvements de terrain, insécurité...
Pour nous le problème n'est pas l'absence de mesures, mais plutôt le manque de volonté politique à appliquer les textes et documents d'urbanisme.

II.2.2.2. Les opérations d'urbanisme dans les autres villes de la province.

Malgré l'abondance relative des opérations d'urbanisme dans l'agglomération de Libreville, les autres villes de la région ont eu l'opportunité d'avoir les schémas préliminaires d'urbanisme (SPU). Ces documents importants de planification urbaine ont été réalisés dans ces villes pour offrir à ces dernières de réelles possibilités de développement urbain. En effet, ces SPU prévoyaient : la destination générale des sols, le tracé des grands équipements, le schéma directeur d'alimentation en eau et en électricité, la localisation des services et des activités etc. Ainsi, les villes de Ntoum, de Kango et de Cocobeach disposent de ses SPU, alors que les communes de Ndzomoé et du Cap-Estérias n'en disposent pas, ils sont inexistants.

Cependant, les opérations d'urbanisme effectuées dans ces villes, n'ont pas été appliquées dans leur entièreté, comme cela s'est révélé dans la ville de Libreville. C'est du moins le constat qui a été fait non seulement par le directeur de l'urbanisme et des aménagements fonciers, par le directeur provincial de l'urbanisme, mais également par nous, lors de nos enquêtes de terrain dans ces localités. En effet, dans l'ensemble de ses villes, l'espace urbain fait l'objet d'une occupation anarchique et désordonnée malgré des projets initialement prévus par ces SPU. A titre d'exemple, les villes de Kango, du Cap-Estérias et de Ndzomoé ne disposent pas d'un service d'urbanisme ni du cadastre pour régulariser l'occupation du sol. Par contre, les communes de Cocobeach,

40 Ministère de la Planification, de la Programmation du développement et de l'Aménagement du Territoire, Programme d'Ajustement et de Planification des Secteurs Urbain et Transports (PAPSUT), Stratégie urbaine au Gabon, p.31

41 Idem.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

d'Owendo et de Ntoum ont dans chacune d'elle, un service qui traite de ses questions dans leurs différentes Mairies.

A partir de l'analyse faite sur le processus d'urbanisation dans la province de l'Estuaire, où nous avons pu saisir l'origine de la création des villes et les politiques mises en place pour le développement de ces dernières, nous serons tenter, dès à présent, de nous poser la question suivante : quel est impact de l'urbanisation sur l'aménagement et le développement de la province de l'Estuaire ? Cette grande interrogation va constituer la deuxième partie de notre travail.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Figure no 4 : SPU de Libreville.

Source : SDAR, Estuaire.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Figure n° 5 : SPU de Ntoum.

Source : SDAR, Estuaire.

Ces deux figures présentent les Schémas Préliminaires d'Urbanisme des villes de Libreville et de Ntoum. Ces SPU prévoyaient : la destination générale des sols, le tracé des grands équipements, le schéma directeur d'alimentation en eau et en électricité, la localisation des services et des activités etc. Si quelques projets ont été réalisés, il demeure tout de même que ces SPU n'ont pas été entièrement appliqués, ils ont donné place à une pléthore de projets sectoriels au gré des hommes politiques.

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

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DEUXIEME PARTIE : IMPACT DE L'URBANISATION SUR

L'AMENAGEMENT DE LA PROVINCE DE L'ESTUAIRE.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Les villes du Gabon et singulièrement celles de la province de l'Estuaire ont été crées pour rapprocher les populations de l'administration, comme en témoigne les énormes investissements consentis par les pouvoirs publics dans l'encadrement et de

contrôle des dites populations. Mais seulement, quel a été l'impact de ce
développement des villes dans la province de l'Estuaire ? Autrement dit, est-ce que la dynamique municipale enregistrée depuis les années 1990 a permis de mieux organiser la province sur les plans socio-économique, démographique et environnemental ? La question telle qu'elle est posée suscite en nous une réflexion supplémentaire. C'est ainsi que nous verrons en chapitre 3, la déstructuration et écarts socio-économique et démographique dans la province de l'Estuaire et en chapitre 4, les perspectives de développement et d'aménagement des villes de l'Estuaire.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Chapitre 3 : Déstructuration et écarts socio-économique et démographique dans la province de l'Estuaire.

Dans ce chapitre clé de notre travail, il va s'agir de montrer que la dynamique communale observée dans la province s'est manifestée par une déstructuration de l'espace et a amplifié les écarts socio-économique, démographique, voire environnemental qui existaient dans cette région.

I- Un développement des villes sans progrès socio-économique.

I.1- Urbanisation sans justice sociale.

Sur le plan social, il faut dire que le processus d'urbanisation a largement contribué à accroître les disparités sociales, entre les populations vivant à Libreville et celles vivant dans les autres villes de la province. En effet, même si les efforts ont été consentis dans l'amélioration des voiries urbaines (Kango par exemple, avec son réseau routier urbain de 20 km entièrement bitumé) et surtout dans la légalisation de certains documents, comme ceux de l'état civil et de quelques services de base, l'urbanisation n'a pas permis de promouvoir la justice sociale dans la province de l'Estuaire.

Les disparités sociales de la province se manifestent, pour l'essentiel, dans l'accès aux services de santé et scolaire, ensuite dans la maîtrise des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) et enfin dans l'épanouissement des individus.

I.1.1. Une inégale accessibilité aux services de santé.

S'agissant de l'accès aux services de santé et scolaire, il est à souligner que ces services sont inégalement accessibles par les populations dans la province de l'Estuaire.

I.1.1.1. Un système sanitaire inégal.

Dans le domaine sanitaire par exemple, il existe un déséquilibre d'offre de services en matière de santé entre l'agglomération de Libreville et les autres villes de la province. L'agglomération de Libreville, concentre la quasi-totalité des services de

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

santé publics, parapublics et privés de qualité, à l'instar : du Centre Hospitalier de Libreville (CHL), l'hôpital Jeanne Ebori, hôpital d'instruction des armées, hôpital pédiatrique d'Owendo... des polycliniques et cliniques : El Rapha et Chambrier ; les centres de santé : Louis, Awendge, Nzeng-Ayong, Glass... et des cabinets médicaux, alors que les autres villes de la province se contentent pour la plupart, des centres médicaux (Ntoum, Kango, Cocobeach) et des dispensaires(Cap-Estérias) qui sont dépourvus de certains services de soins (traumatologie, radiologie, etc.).

En théorie, les populations vivant à Libreville et dans sa partie sud ont plus l'opportunité de trouver un service de santé, que celles qui vivent dans les autres centres urbains de la province. Cet état de fait, explique pourquoi les populations des autres villes convergent vers Libreville, à la recherche des services de santé de qualité qu'elles n'en possèdent pas. Le plus souvent, elles se déplacent pour consulter les services de traumatologie, de gynécologie, stomatologie, de cancérologie, de cardiologie et scanner et aussi pour des chirurgies très risquées. C'est donc dire que le processus d'urbanisation n'a pas réduit les déséquilibres d'offre de santé entre Libreville et les autres villes de la province.

I.1.1.2. Un système éducatif d'offre de services déséquilibré.

Quant au domaine scolaire, la situation est presque la même, car il existe toujours un déséquilibre accru en matière d'offre de services scolaires, entre l'agglomération de Libreville et les autres communes de la province.

En effet, l'agglomération de Libreville concentre la quasi-totalité des établissements scolaires de renom. On y trouve des universités et grandes écoles : Université Omar Bongo (U.O.B), Université des Sciences de la Santé (U.S.S), Institut National de Sciences et de Gestion (INSG), Institut Supérieur de Technologie (I.S.T)..., quelques grands lycées : lycée Léon Mba, Quaben, Mandela, Bessieux, Immaculée, Lycée Technique National Omar Bongo (L.T.N.O.B) et bien d'autres et une pléthore d'établissements primaire et préscolaire publics et privés, alors que les autres villes de la province ont pour la plupart recours, à un Collège d'Enseignement Public (C.E.S) et des écoles primaires publiques et privées protestantes ou catholiques. La commune de Ntoum est la seule de ces autres villes à abriter deux lycées et deux C.E.S.

-. Cette structure sanitaire reçoit tous les patients du département de la Noya. Seulement, il ne regorge pas tous les services de soins. Pour des cas graves, les patients sont contraints de solliciter les services de grands hôpitaux de Libreville .Pour d'autres, ils se dirigent vers la Guinée-équatoriale, notamment dans la ville de KOGO, située entre 7 et 10 km de Cocobeach par voie fluviale.

Clichés : D. NTSEBE ONONO, Juin 2010.

-. Ce centre de santé est sous équipé, il offre des soins généralement, dans les petites chirurgies et la distribution des comprimés. Seulement, pour une commune de plein exercice, ce dispensaire doit se transformer en centre médical pour offrir des services qu'il ne possède pas jusqu'à présent. Pour des cas graves, les patients sont obligés de recourir aux structures sanitaires implantées à Libreville et sa périphérie sud.

Photo5 : Le centre médical de la commune de Cocobeach.

-Photo 4 : Le dispensaire de la commune du Cap-estérias.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Donc, le développement des villes n'a pas amélioré les conditions de vie des populations de la province dans le domaine scolaire, car les populations vivant à Libreville et sa périphérie ont de fortes chances de trouver un établissement scolaire, que d'autres pour l'éducation de leurs enfants. A ces disparités sanitaire et scolaire, s'ajoute le problème de l'inégale promotion des individus à travers les NTIC.

Planche n° 2 : Les quelques structures sanitaires des autres villes de la province de l'Estuaire.

-. Ntoum est la seule ville, en dehors de l'agglomération de Libreville qui abrite un lycée public. Cet établissement scolaire reçoit un nombre important d'élèves en provenance des villes de Kango et de Cocobeach, voire de Libreville. En tenant compte de l'augmentation de la population dans cette contrée, les autorités politiques devraient penser à construire un autre établissement de ce genre pour répondre à la demande qui est sans cesse croissante.

Photo 7 : La construction du C.E.S de la commune du Cap-estérias.

- . Cette commune à l'instar des autres, doit avoir un tel établissement pour éviter aux populations (élèves) de toujours migrer vers Libreville et sa périphérie.

Photo 8 : C.E.S Pascal NZE BIE de Cocobeach.

- Cet établissement scolaire reçoit un nombre assez important d'élèves. Il est sous équipé. Clichés : D. NTSEBE ONONO, Juillet 2010.

Photo 6 : Le lycée Lubin Martial NTOUTOUME OBAME de Ntoum.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Planche n° 3 : Les établissements scolaires de trois (3) villes de la province de L'Estuaire.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

I.1.2. Une inégale maîtrise et épanouissement des individus à travers les NTIC dans la province.

Les nouvelles technologies de l'informatique et de la communication sont aujourd'hui, un facteur nécessaire pour un pays qui aspire à un développement. Au Gabon et notamment dans la province de l'Estuaire, ces outils essentiels de développement sont inégalement accessibles à l'heure actuelle. Dans le cadre de cette réflexion, nous allons nous focaliser sur le service de l'Internet et d'évoquer quelque peu le service de la téléphonie mobile.

Des efforts ont été observés dans le développement de la téléphonie mobile, ce qui a eu pour conséquences majeures : le désenclavement et l'interconnexion de ces villes. Ce secteur de la téléphonie mobile est le monopole des entreprises multinationales : Zain, Libertis, Moov et Azur, qui permettent à la population de la province, de pouvoir communiquer librement et en toute égalité, bien que le réseau Azur,d'implantation récente, ne soit pas encore effectif dans les autres communes. Malgré cette relative égalité dans l'offre de service de la communication, il existe cependant un écart considérable dans l'accès au service de l'Internet.

I.1.2.1. Un accès inégal au service de l'Internet dans la province.

L'Internet est inégalement accessible dans la province, dans la mesure où seule, l'agglomération de Libreville et dans une moindre mesure la ville de Ntoum et le Cap-estérias (ENEF), bénéficient de ce service important, alors que les autres communes sont en marge : ils sont déconnectées du monde.

A Libreville et Owendo, l'Internet est présent dans presque l'ensemble des administrations publiques et privées de l'Etat. Dans les arrondissements et quartiers, ce service est accessible dans les Cybercafés ; il est le monopole des opérateurs privés. Le plus souvent, la connexion Internet offre aux usagers des possibilités de promotion. Elle permet aux individus de pouvoir communiquer à travers le monde et surtout de suivre au quotidien l'actualité planétaire dans tous les domaines de la société (santé, éducation, sport, politique, économie, environnement...). C'est donc dire que l'Internet devient aujourd'hui un outil fiable, dont les populations de la province de l'Estuaire devraient largement bénéficier.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

En somme, la dynamique de communalisation observée dans la province de l'Estuaire n'a pas réduit les déséquilibres dans l'accès aux NTIC, dans la mesure où, les populations vivant dans l'agglomération de Libreville (actifs occupés ou non) profitent largement de tous les services de NTIC, alors que celles qui vivent des les autres localités de la province sont en marge de ces nouvelles technologies de l'informatique et de la communication.

I.1.2.2. Un épanouissement inégal des populations dans la province de l'Estuaire.

Les NTIC, comme nous l'avons dit plus haut sont des outils essentiels d'un continent, un état, une province, une ville, un arrondissement, un quartier..., qui aspire à un mieux être et sont également nécessaires à l'épanouissement des populations. Dans la province de l'Estuaire, nous observons un déséquilibre notable dans l'épanouissement des populations vivant dans l'agglomération de Libreville et celles localisées dans les autres centres urbains de la province.

A travers ces NTIC, nous constatons que les populations vivant dans la capitale sont plus épanouies que celles qui vivent dans le reste de la province. En effet, librevillois et owendois ont de fortes chances de se développer dans toutes leurs potentialités, c'est-à-dire se sentir bien physiquement et intellectuellement, par rapport aux kangolais, ntoumois..., dans la mesure où, à Libreville par exemple, nous avons la présence d'une mosaïque de loisirs qui intègrent presque tous les domaines (sport : gymnases ; éducation : bibliothèques ; culture : Centre Culturel Français, jeux...).

Les populations des communes de Kango, Cocobeach, Ndzomoé, Cap-estérias et Ntoum éprouvent à leur tour, d'énormes difficultés à s'épanouir, car les centres de loisirs sont rares ou inexistants En dehors des stades municipaux, aucune activité ludique n'est constatée. Ces populations sont livrées à elles-mêmes. Pour la plupart, elles s'investissent dans la pêche artisanale, l'agriculture, l'élevage et la chasse, pour d'autres, elles s'illustrent dans la consommation d'alcool et de commerce illicite de stupéfiants, tels que le chanvre indien et bien d'autres produits dangereux.

En somme, le développement des villes dans la province de l'Estuaire n'a pas résolu les problèmes de l'accès inégal aux services de santé, scolaire et des NTIC dans cette région. Mais seulement, quels pourrait être l'impact économique de ce processus d'urbanisation sur la province de l'Estuaire.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

I.2. Un processus d'urbanisation sans véritables unités économiques.

Le constat général qui se dégage dans presque l'ensemble des villes de la province de l'Estuaire, est qu'elles n'ont pas d'unités économiques, capables d'attirer la population, d'offrir des emplois salariés et de maintenir la population sur place, en dehors de l'agglomération de Libreville et dans une moindre mesure, la commune de Ntoum, qui par contre, possèdent des possibilités d'emplois suffisantes et sont capables d'attirer et de sédentariser la population.

En effet, les autorités politiques, en créant ces centres urbains, ont mis l'accent sur l'implantation des équipements de commandement, sans avoir recours aux unités de production qui sont de puissants facteurs d'attraction de la population, en quête d'un emploi bien rémunéré. C'est le cas des communes comme Ndzomoé et le Cap-Estérias, où les entreprises ou usines de production sont quasiment inexistants jusqu'à présent.

Par contre, dans les communes de Kango et de Cocobeach, les unités économiques sont présentes de manière périodique. Dans la ville de Cocobeach, par exemple, les sociétés GETMA et la S.N.B.G, exercent respectivement les activités de chargement des bateaux et de transformation du bois. Le même cas de figure s'observe à Kango, où les activités liées à l'exploitation forestière sont également périodiques.

Pour l'essentiel, retenons qu'en dehors de l'agglomération de Libreville, il n'y pas véritablement d'unités économiques dans les autres villes de la province. L'urbanisation a même contribuée à amplifier les écarts, car nous avons assisté à la fermeture de nombreux projets agricoles dans la ville de Ntoum : la bananeraie a fermé ses portes, le CIAM ne fonctionne plus de manière optimale. A Kango, l'usine de la Société gabonaise de cellulose (SOGACEL) n'a jamais vu le jour pour des raisons inexpliquées; sa mise en route aurait pu « booster » l'économie locale et transformer Kango en eldorado. Donc la fermeture des usines et les unités économiques a contribué à alimenter l'exode rural en direction de Libreville, ayant pour conséquence majeure : l'inégale répartition des unités économiques dans la province de l'Estuaire.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

I.2.1. Un développement inégal des unités de production.

A ce manque quasi exclusif d'unités économiques dans la province, s'ajoute le problème de l'inégale répartition des activités économiques.

En effet, lorsqu'on regarde la carte économique de la province de l'Estuaire, nous constatons que les activités sont inégalement reparties entre les villes de la province, mais aussi entre départements. Ainsi, l'agglomération de Libreville (commune de Libreville et d'Owendo) et la commune de Ntoum, situées dans le département du Komo-Mondah, concentrent la quasi-totalité des activités économiques relevant du secteur secondaire et tertiaire.

La commune de Libreville à elle seule, accueille 85% des sièges sociaux des entreprises étrangères et 700 entreprises sur les 1000 qui se créent chaque année sur le marché national sont concentrées dans la seule ville de Libreville.42

La commune d'Owendo quant à elle, possède une puissance économique qui se manifeste pour l'essentiel, par les usines de transformation du bois, des produits de pêche, des brasseries, un terminal ferroviaire et un terminal portuaire. Toutes ses unités économiques font d'Owendo, la ville qui regorge près de 80% du potentiel économique de la province de l'Estuaire.

Pour la commune de Ntoum, cette dernière a eu l'opportunité d'accueillir certaines unités de production non négligeables capables de maintenir la population et de lutter contre l'exode rural. Ntoum abrite la société CIMGABON depuis 1976, de nombreux projets agricoles, des scieries et une centaine de briqueteries. Toutes concourent dans une moindre mesure à offrir des emplois aux ntoumois.

Pour le reste des villes de la province, elles sont dépourvues d'unités économiques. Elles sont de petites villes qui subsistent grâce aux transferts publics ou des opérations ponctuelles financées par l'Etat (routes, logements édifices publiques, etc.).43 Malgré cette inégale répartition des unités économiques, comment se présente alors l'économie urbaine dans la province de l'Estuaire ?

42 Le quotidien d'information, l'union, N°1458 du 19 avril 2006, p.4

43 Op cit.

- Une des cinq scieries que compte la commune de Ntoum. Elle est située au Quartier Akonéki et emploie près d'une vingtaine de ntoumois.

- Cette société est l'élément phare qui structure la ville, avec sa cité, son stade et biens d'autres équipements. Elle embauche de nombreux gabonais.

-Construit par le conseil départemental du Komo-Mondah (CDKM). Elle offre de l'emploi à plusieurs jeunes de la ville de Ntoum.

Clichés : D. NTSEBE ONONO, Juillet 2010.

Photo 10 : La société CIM Gabon de Ntoum.

Photo 11 : Une briqueterie de Ntoum.

Photo 9 : Une scierie de Ntoum.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Planche n° 4 : Quelques unités économiques localisées dans la commune de Ntoum.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

I.2.2. Une économie dominée par le secteur informel.

L'économie des centres urbains de la province de l'Estuaire repose essentiellement sur les ressources propres (produits de la fiscalité directe et indirecte, redevances pour services rendus et revenu des domaines) que paient les différents opérateurs exerçant dans ces villes et sur la subvention annuelle que l'Etat alloue aux différentes municipalités de la province.

S'agissant des taxes et autres redevances, nous pouvons citer la fiscalité locale qui est régit par la loi 15/96 du 06 juin 1996, relative à la décentralisation. Aux termes des articles 152 et 160 de cette loi, la fiscalité locale est constituée des impôts suivants :

- impôt sur le revenu des personnes physiques (I.R.P.P) ;

- impôt sur le revenu des valeurs immobilières ;

- impôt sur le bénéfice des professions libérales ;

- impôt sur la taxe sur la valeur ajoutée (T.V.A) ;

- impôt foncier sur les propriétés bâties et non bâties ;

- patentes et licences ;

- taxe d'habitation ;

- taxe vaccinale44.

Toutes ces ressources sont des mécanismes de financement des différentes municipalités de la province et la plupart d'entre elles sont prélevées dans les centres commerciaux que comptent les villes de la province.

Concernant les dotations et subventions et ristournes de l'Etat (qui constituent 80% des recettes), nous pouvons dire que ces dernières sont versées en fonction de la taille de la population et des recettes tirées des activités économiques développées dans la ville. Le montant de la subvention, de manière générale, a considérablement augmenté. Dans les villes de Cocobeach, Kango, Ntoum, Cap-estérias et Ndzomoé, par exemple, la subvention à la date de leur création, s'élevait respectivement à 74.000.000fcfa, 100.000.000fcfa, 150.000.000fcfa, 60.000.000fcfa et 60.322.618fcfa. Aujourd'hui, elle est estimée respectivement à 115.451.887fcfa, 120.000.000fcfa, 395.000.000fcfa, 116.000.000fcfa et 134.703.290fcfa.45 Malgré cette subvention de

44 J.C NDONG MBA, « Migrations intra-urbaines et développement à Libreville et Dakar », in Villes en parallèle /villes du Gabon, N° 40-41, P.37.

45 Tous ces chiffres proviennent de l'exercice budgétaire de chaque municipalité de la province.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

l'Etat et des taxes que paient les opérateurs économiques, nous assistons malheureusement au développement d'une économie informelle due à une concentration d'actifs dans les villes et l'insuffisance des emplois disponibles, aussi bien dans l'agglomération de Libreville que dans les autres villes de la province.

Par ailleurs, depuis que l'Etat a connu des difficultés, une diminution importante des investissements urbains a été observée. Alors que la population urbaine croît de 27% par an, la part du budget des collectivités locales dans le budget total décroît et passe de 1,7% à 1,1%. Et, comparativement, les budgets des villes ne sont pas proportionnels à la population, au désavantage des petites villes. Les divers fonds qui ont été mis en place pour financer des actions du secteur urbain (F.N.H, F.G.I., P.I.D. etc.) fonctionnent mal ou pas du tout.

Une économie est dite informelle, lorsque l'ensemble des activités économiques échappe à tout enregistrement fiscal, statistique, juridique ou comptable. Dans la province de l'Estuaire, l'informel est perceptible dans l'ensemble des villes de la province, mais à des degrés divers.

Dans l'agglomération de Libreville par exemple, plusieurs activités économiques échappent au contrôle quotidien des différents agents de la mairie, du fait de leur caractère informel. A Libreville, l'informel se manifeste par des activités diverses telles que : les commerces ambulants ou exercés à même le trottoir, l'artisanat offrant des produits fabriqués avec des matériaux de récupération, les services multiples : gardiens de voiture, laveurs de pare-brise, cireurs de chaussures, coiffeurs de plein air, prostitution de tout genre, vendeurs de stupéfiants : drogues, chanvre indien, cannabis.

Dans les autres villes de la province, l'informel est moins accentué et se manifeste généralement par les commerces ambulants ou exercés à même le trottoir, les artisans et les vendeurs de stupéfiants.

En somme, l'analyse faite sur situation socio économique de la province par rapport à son aménagement, nous a montré que cette dernière est encore non aménagé. Donc la dynamique communale observée dans les années 1990 n'a pas permis de réduire les déséquilibres socio économiques, entre Libreville et les autres villes et entre les villes et les campagnes, dans la mesure où l'agglomération de Libreville concentre la quasi totalité des services sociaux et activités économiques les plus importants.

- Cette structure commerciale constitue le poumon économique de la ville, par des recettes qu'il génère.

mairie.

- Ici, le marché central de Kango. Il fait l'objet de plusieurs taxes qui génèrent des recettes dans la

-Cet équipement marchand procure d'énormes recettes dans la municipalité de Ntoum. Clichés : D. NTSEBE ONONO, Juin 2010.

.

Photo 12 : Le site servant de marché dans la commune de Kango.

Photo 14 : Le marché municipal de la commune de Ntoum.

Photo 13 : La zone commercial de Cocobeach.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Planche n° 5 : Quelques centres commerciaux dans les villes de l'Estuaire.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

II- Un système urbain déséquilibré démographiquement.

La situation démographique au Gabon est assez bien connue. De part une importante littérature consacrée à ce sujet. Au Gabon, la population est inégalement répartie. La zone côtière concentre la majeure partie de la population, alors que l'intérieur des terres est presque vide. Dans la province de l'Estuaire, le même cas de figure se présente.

La dynamique communale enregistrée au cours de ces dernières années dans la province, n'a pas permis de réduire le déséquilibre démographique entre l'agglomération de Libreville et les autres villes de la province. En effet, pour une population urbaine provinciale, estimée à près de 684.523 habitants46 en 2003, Libreville accueillait près de 623.621 âmes soit 91,10% de la population urbaine de la province de l'Estuaire ;la commune d'Owendo avec ses 40.157 habitants, représentait 6% de la population urbaine de la province ; celles de Ntoum (12025 habitants) et de Cocobeach (4315 habitants) représentaient respectivement 1,76% et 0,63% dans la même période et enfin, la proportion des villes de Kango (3613 habitants), Cap-estérias (712 habitants) et Ndzomoé( 70 habitants) s'estimait respectivement à 0,53%, 0,10% et 0,01%.

Tableau n° 3 : Répartition de la population urbaine de l'Estuaire en 2003.

Communes

Pop Urbaine (R.G.P.H de 2003)

Pourcentage (%) de la Pop Urbaine

Libreville

623.621

91,10%

Owendo

40.157

5,87%

Ntoum

12025

1,76%

Cocobeach

4315

0,63%

Kango

3613

0,53%

Cap-estérias

712

0,10%

Ndzomoé

80

0,01%

TOTAL

684.523

100%

Source : Données du RGPH de 2003, et pourcentages (%) calculés par NTSEBE .O. Donald.

46 Ce chiffre a été obtenu en additionnant le nombre d'habitants résidant dans les villes de la province, lors du RGPH de 2003.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Graphique n° 3 : Répartition de la population urbaine de la province de l'Estuaire

.

L'inégale répartition de la pop urbaine dans les villes l'Estuaire

0,00

%

0,01%

0,10%

0,53%

0,63%

1,76%

5,87%

20,0

0%

40,0

0%

60,0

0%

80,0

0%

00%

91,10%

100,

pop urbaine

Source : R.G.P.H de 2003

A travers ce graphique, nous observons malheureusement que l'agglomération de Libreville concentre la quasi totalité de la population urbaine provinciale, soit 97% de la population urbaine, alors que les autres localités se partagent les 3% restant. Donc, le processus d'urbanisation observé dans cette région a donné naissance, non seulement à une grosse ville (Libreville), mais aussi a favorisé l'assèchement des autres villes de la province.

II.2. Urbanisation et désert des campagnes.

Le développement des villes dans la province de l'Estuaire a eu comme conséquences majeures : le gonflement du poids démographique dans l'agglomération de Libreville et l'assèchement démographique des autres localités de la province.

En effet, durant la période 1993-2003, la population de la ville de Libreville a augmenté de manière spectaculaire. Peuplée de 419596 habitants en 1993, elle est passée à 623.621 habitants en 2003. Ainsi, avons-nous enregistré une augmentation de

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

près de 204025 habitants47 en dix (10) ans. Pour la commune d'Owendo, peuplée de 40.157 habitants en 2003, ce chiffre est passé à près de 60.000 habitants, donc nous avons enregistré près de19.843 habitants durant une période de sept (7) ans. C'est donc dire que l'agglomération de Libreville a reçu près de 223668 habitants en 17 ans. Libreville et Owendo constituent de ce point de vue, la destination privilégiée de toutes les populations de la province et même au-delà, car la majorité des flux migratoires convergent vers ces espaces. Cette convergence de flux pourrait s'expliquer par le fait que ces deux communes émettent des flux attractifs que les autres localités de la province ne possèdent pas.

De même, l'agglomération de Libreville conforte son hégémonie sur le plan démographique, car les autres villes se constituent inexorablement en pourvoyeuse de populations. Ainsi, Libreville devient la ville primatiale et macrocéphalique, dominant le reste des localités de la province.

S'agissant enfin, de l'assèchement des populations dans les autres localités, il est à retenir que la dynamique communale enregistrée dans la province s'est plutôt manifestée par un exode rural massif en direction de la capitale du pays. En effet, durant la période (1993-2003), aucune de ces villes n'a reçu plus de 6.000 habitants, sauf la commune de Ntoum qui s'est rapproché de ce chiffre, avec 5.812 nouveaux arrivants. L'augmentation dans le reste des autres villes oscillait entre 3.151 habitants et 220 habitants. C'est donc dire que indépendamment de l'accroissement naturel que ces villes ont connu, consécutif aux meilleures conditions de vie des populations, les flux ont continué à se diriger vers Libreville et sa périphérie Owendo. Cet état de fait, a contribué à l'assèchement des populations dans les autres villes de la province, ne disposant pas assez d'atouts économiques pour attirer et surtout de maintenir la population sur place.

En somme, nous retiendrons que le processus d'urbanisation que la province a connu n'a pas permis de rééquilibrer démographiquement les villes de la province. Il s'est plutôt manifesté par un exode rural intensif en direction de l'agglomération de Libreville. Par ailleurs, l'analyse portée sur le problème de la démographie dans cette province, nous a révélé que l'augmentation de la population dans une ville par exemple,

47 Ce résultat est obtenu en faisant la soustraction entre, le poids démographique de 2003 et celui de 1993 (623621-419596).

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

est intimement liée aux activités économiques qui y sont développées. Si Libreville, Owendo et dans une moindre mesure, Ntoum regorgent assez de populations, c'est grâce en partie à leurs multiples activités économiques qui y sont implantées et développées. Seulement, la forte concentration humaine enregistrée dans la province de l'Estuaire ne constitue-t-il pas un danger pour la dégradation et la pollution des villes de la dite province ?

III- Un développement des villes et dégradation de l'environnement.

La situation de l'environnement urbain gabonais est assez bien connue. Nombreux sont les écrits qui ont été déjà réalisé sur ce sujet. Le diagnostic que nous avons de l'environnement urbain est le suivant. Il existe des sites inadaptés et malsains, une diversité de milieux et de sites (collines recouvertes de forêt, zones basses bordant des cordons littoraux plats, sols sableux couverts de savanes)48.

Cependant, ces milieux naturels ont tous un point commun les caractérisant. Il s'agit des problèmes liés à l'édification des établissements humains et des infrastructures. Un second élément commun est l'influence manifeste de l'eau sur les sites urbains (marécages, mangroves, zones inondables et bas-fonds aux eaux stagnantes). Dans ces milieux, l'insalubrité y est très développée et toutes les conditions s'y retrouvent pour favoriser la prolifération de certains vecteurs (moustiques, rats, cafards,...).

Dans province de l'Estuaire, la situation est la même, dans la mesure où les centres urbains de cette région sont soumis aux graves problèmes de dégradation et de pollution de l'environnement, du fait non seulement, des facteurs topographiques et de nombreuses infrastructures et équipements, mais aussi et surtout à la forte densité de population rencontrée dans cette province en 1993, soit 22,30 hab/km249.

48 J-B MOMBO et alli, juillet 2000, Rapport sur l'environnement au Gabon, p.28.

49La densité de la population de l'Estuaire qui a été obtenue en faisant le rapport entre la population totale de cette région en 1993 (463.187 habitants) et la superficie de la province (20.740 km2). Et aujourd'hui, ce taux avoisine les 23 à 25 hab/km2.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

III.1. Un développement urbain non durable.

La vague de communes qu'a connu la province de l'Estuaire au courant des années 1990, consécutive à l'augmentation rapide de la population, ne s'est pas accompagnée d'une meilleure gestion de l'environnement urbain de la province. Cette dynamique urbaine s'est au contraire manifesté par une dégradation de cet environnement tant à Libreville que dans les autres localités.

En effet, l'endommagement des écosystèmes urbains de la province se manifeste généralement, non seulement par les activités humaines, liées à l'exploitation anarchique du sable et la destruction des écosystèmes forestiers (mangroves et forets), mais également aux établissements humains (remblais et déblais).

S'agissant de la dégradation des écosystèmes urbains par les activités humaines, retenons que l'action anthropique fragilise l'environnement des villes de la province. A Libreville par exemple, la destruction de la mangrove, il y a quelques années dans la zone d'Oloumi occasionne des inondations dans cette zone à chaque fois qu'il y a des précipitations. Ainsi, la dégradation de l'environnement urbain par les inondations récurrentes de plus en plus catastrophiques (personnes et biens), une dégradation du patrimoine public et privé et la vulnérabilité des populations installées dans les zones à risques (bas-fonds, lites des rivières...) les paupérisent davantage.

De même, dans la commune du Cap-estérias, nous avons la présence des risques environnementaux tels que : l'exploitation incontrôlée du sable et la destruction de la forêt. En effet, bâtie au coeur da la Forêt Classée de la Mondah (F.C.M), le Cap-Estérias s'est vu obligé de détruire cet écosystème forestier pour construire des infrastructures et des équipements (.bâtiment administratif, routes, E.N.E.F...). C'est ainsi qu'en 1953, ce massif forestier comprenait une superficie de près de 11.000 hectares et aujourd'hui, après une gestion peu orthodoxe de cet espace considéré comme l'un des poumons de la capitale, cet écosystème s'est réduit comme « une peau de chagrin » et se résume de nos jours à 4.930 hectares.

Pour l'exploitation du sable, il faut dire que cette commune est sujette à une exploitation anarchique du sable, par des populations riveraines ou non riveraines. Le plus souvent, le sable est exploité pour servir à la construction des bâtiments et infrastructures de tout genre. Mais cette exploitation du sable entraîne dans cette commune, la dégradation avancée du littoral, la destruction des dunes (bande de sable

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

qui sert de barrière aux influences marines), le recul de la forêt50 et bien d'autres conséquences négatives.

La dégradation de l'environnement urbain pourrait également se manifester par les établissements humains. En effet, La ville est un véritable `'melting-pot», à travers les multiples activités qui s'y trouvent. De ce fait, les milieux naturels se trouvent transformés, bouleversés, dégradés par les remblais et les déblais réalisés pour l'implantation des routes et des maisons. Ainsi, dans la commune de Cocobeach par exemple, les travaux réalisés en Guinée-équatoriale, notamment, la construction d'un aéroport aux abords de Corisco et le repoussement de l'océan de 300 mètres, ont favorisé la dégradation de la frange littorale de cette ville.

Pour construire la ville la végétation est détruite, les travaux de terrassement mettent les sols à nu, comblant les cours d'eaux et les marécages qui servaient de déversoirs d'orage et de station naturelles d'épuration des eaux usées,... (PNAE, 1999). Ainsi, en se mêlant aux eaux usées, le ruissellement des eaux de pluie traîne des ordures déversées, crée des inondations des zones basses et accroît l'insalubrité du milieu. Enfin, également, l'agriculture périurbaine itinérante favorise la dégradation de la végétation et appauvrit les sols.

III.2. Pollution de l'espace urbain.

En dehors de la dégradation de l'environnement, le processus d'urbanisation dans la province s'est également manifesté par une forte pollution des écosystèmes urbains de cette province. Les villes de la province de l'Estuaire dans leur généralité font l'objet de divers types de pollutions. Outre celle qui est industrielle ou les gaz polluants sont dégagés dans l'atmosphère par les activités industrielles, il y a la pollution causée par les hommes ; c'est le cas du bois brûlé qui est aussi un grand facteur polluant. A cela, il faut ajouter la pollution de l'eau causée non seulement par des déchets industriels, les restes d'engrais mais aussi les mauvaises pratiques des hommes.

Ainsi, l'ensemble des eaux usées, des eaux de ruissellement ou eaux résiduaires pluviales et des eaux superficielles constituent ce que l'on appelle les effluents urbains. Ces derniers sont produits par des ménages, les collectivités, les entreprises, les milieux médicaux, stations service et garages (voire tableau n°4).

50 Le quotidien d'information L'union, N° 10099 du Vendredi 14 au Lundi17 août 2009, p.6.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Tableau n° 4 : Les producteurs et les types de déchets liquides urbains au Gabon

Producteurs

Types de déchets liquides

Ménages

eaux usées ou eaux ménagères, eaux-vannes, excrétas

Collectivités

eaux usées diverses, eaux-vannes, excrétas

Entreprises

effluents industriels toxiques (solvants, huiles usagées)

Milieux médicaux

effluents médicaux, eaux des soins

Stations-service et garages

effluents industriels toxiques (solvants, huiles usagées) /eaux usées.

Source : Mombo J.B et Edou M (2006).

Cependant, ces centres urbains connaissent des pollutions à des degrés divers. Elles sont plus accentuées dans les zones où il y a une forte concentration humaine (l'agglomération de Libreville), pour le reste des villes, les pollutions sont moins aggravées.

La ville de Libreville subit toutes les pollutions (industrielle, l'eau et déchets). En effet, Libreville accueille plus de 91% de la population urbaine provinciale. Ne disposant pas de SDAU ni de POS, nous assistons malheureusement à une occupation anarchique de l'espace qui se manifeste par l'installation humaine dans des bas-fonds et talwegs et le colmatage des ouvrages d'évacuation des eaux usées et pluviales.

De même, la topographie de cette ville est faite de collines, d'éperons ou croupes à versants convexes et des vallées alluviales à fonds plats51. Ce relief accidenté et ondulé rend difficile la mise en place des réseaux de drainages résiduaires domestique, pluviale et industrielle. Les déchets liquides et solides à Libreville obstruent les voies de canalisation et d'évacuation des eaux. Même les déchets liquides (eaux-vannes et les huiles usagées) continuent à être déversées dans la décharge municipale de Mindoubé prévue pour accueillir les déchets solides.

Les conséquences de ces déchets liquides sont dramatiques sur la santé humaine des librevillois. En effet, l'absence de l'assainissement pose des problèmes d'hygiène du milieu. Il favorise la formation des marécages qui deviennent du fait de leur pollution par les déchets urbains, des gîtes pour les agents pathogènes, vecteurs du paludisme et d'autres maladies d'origine hydrique. Par exemple, les eaux de la Lowé à

51Mombo J.B et M. Edou, « Assainissement et explosion urbaine au Gabon », in Villes en parallèle /villes du Gabon, N° 40-41, p. 203.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Libreville sont contaminées par les eaux d'infiltration de la décharge publique de Mindoubé.52

D'après le Ministère de la santé (Données statistiques Libreville et Owendo), les principales maladies d'origine hydrique à Libreville en 2005 étaient, le paludisme, la bilharziose, les parasitoses intestinales et les maladies diarrhéiques, dont la répartition est présentée dans le graphique ci- dessous.

Graphique n° 4 : Les principales maladies d'origine hydrique à Libreville en 2005.

Les principales maladies d'origine hydrique
à Libreville en 2005,

59%

19%

22%

0%

Paludisme Bilharziose parasies diarrhée,

Source : Samedi G., 2005.

Cependant, une étude similaire avait déjà été menée au cours de la période 19992001 dans la ville. Cette étude, dont les résultats sont présentés dans le tableau n° 5, montre incontestablement la primatie de l'endémie du paludisme avec 41759 cas53, soit 58,36% durant la période 1999 à 2001. Ensuite, viennent respectivement les maladies

52 Les premières analyses connues viennent du Laboratoire d'analyse du CNAP : Maganga Nziengui A. (1992)- première partie des résultats d'analyse bactériologique et physicochimique des eaux de la Lowé (rapport, p.4).

53 Ce chiffre à été obtenu en additionnant l'ensemble des cas du paludisme de Libreville durant la période 1999-2001.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

diarrhéiques et les parasitoses intestinales avec 17731 et 11186 cas, soit 25,5554 et 16,07% durant la même période. Par ailleurs, il est à souligner qu'à Libreville les populations ont plus souffert du paludisme durant l'année 2000, alors que les diarrhées et les parasitoses intestinales ont plus touchées les librevillois au cours de l'année 1999. (Voir tableau n° 5 ci-dessous)

Tableau n° 5 : Les principales maladies d'origine hydrique à Libreville de 1999 à 2001.

Maladies

1999

2000

2001

Paludisme

54,35%

61,26%

59,49%

(confirme et probable)

8923 cas.

19205 cas.

13631 cas.

Parasitoses intestinales

16,83%

14,60%

16,78%

(ascaridiose, ankylostomiase, autres

2763 cas.

4577 cas.

3846 cas.

Helminthiases)

 
 
 

Maladies diarrhéiques

28,80%

24,13%

23,72%

(diarrhée aigue, gastro-entérite, dysenterie)

4729 cas.

7566 cas.

5436 cas.

Total

99,98%

99,99%

99,99%

 

16415 cas.

31348 cas.

22913 cas.

Source : Ministère de la Santé (Données statistiques de Libreville et Owendo).

Pour les autres localités de la province, retenons que ces dernières font l'objet de pollutions, mais à une faible intensité .En effet, regorgeant seulement 3% de la population urbaine de la province, ces villes sont généralement dépourvues d'activités économiques capables de polluer ces écosystèmes urbains. Cependant, la ville de Ntoum présente une situation un peu particulière. Bâti sur un site qui fait interface entre la forêt très secondarisée et un type de végétation de savane, Ntoum est emprunt aux problèmes de nuisances : les poussières provoquées par les activités de CIMGABON et les dégâts (fissures) occasionnés par les tires des dynamites sur les murs des maisons domestiques. A cela s'ajoute le problème de la poubelle publique qui est trop exposée comme à Libreville, les habitants de NTOUM ne s'occupent pas de la poubelle de manière individuelle.

54 Le résultat suivant s'est obtenu en faisant le rapport entre l'ensemble des pourcentages des maladies diarrhéiques sur le nombre d'années d'étude.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

En somme, le processus d'urbanisation de la province n'a pas permis de protéger l'environnement urbain de la province de l'Estuaire. Ce processus s'est au contraire manifesté par une forte dégradation et pollution des écosystèmes urbains, ayant pour conséquence majeure, la résurgence de certaines maladies graves sur ces populations. Ainsi, les populations urbaines de cette province se trouvent confrontées aux graves problèmes de l'assainissement des effluents urbains et des ordures ménagères.

Comme on vient de le voir, le processus d'urbanisation enregistré dans la province de l'Estuaire n'a pas permis l'aménagement cette région. Dans cette province, les disparités socio-économique, démographique et environnementale subsistent toujours et tentent même à s'amplifier. L'analyse portée sur cette province par rapport à son aménagement, nous a révélé une nette opposition en terme de développement, entre l'agglomération de Libreville et les autres villes de la province.

Ainsi, l'agglomération de Libreville concentre plus de 91% de la population urbaine de la province. Libreville à elle seule, accueille 85% des sièges sociaux des entreprises étrangères et regorge la plus grande partie des établissements sanitaire et scolaire de qualité de la province, voire même du pays. Pour les autres localités de cette province, elles sont des petites villes où la fonction administrative est la plus importante (3% de la population urbaine provinciale, absence d'activités économiques motrices, manque de structures sociales de qualité) qui ne peuvent pas se passer des services de Libreville. En un mot, ce sont des villes à vocation politico administrative, mais dont les activités restent en grande partie rurales (rurbains).

A partir de ces résultats où nous avons pu voir que le processus d'urbanisation survenu dans la province s'est manifesté pour l'essentiel, dans la déstructuration de l'espace et surtout dans l'amplification des disparités socio économique, démographique et environnementale, quelles peuvent être les perspectives d'aménagement de la province de l'Estuaire ? Autrement dit, quelles sont les pistes et solutions capables de mieux répartir les hommes, les activités et les équipements dans la province de l'Estuaire ? Cette grande interrogation, va constituer le chapitre 4 de notre travail de recherche.

-Ici, une voie de circulation poussiéreuse conduisant à CIMGABON. La poussière soulevée entraîne de graves problèmes de santé publique. Elle peut occasionner des maladies respiratoires (bronchite, toux, grippes,...), également elle pollue les abords des habitations. La poussière sert ainsi de peinture à ces habitations domestiques.

Photo 17 : Un environnement dégradé à Libreville.

- Nous assistons ici à une dégradation progressive de ce site, suite aux grands travaux réalisés en Guinée-équatoriale. Les eaux avancent en érodant la roche et détruisant la végétation. Pas très loin de là, nous pouvons constater les éboulements de terrains. A ce rythme, la ville s'expose à de graves problèmes environnementaux.

Photo 16 : une route poussiéreuse à Ntoum.

- Habitat en dur dans un environnement dégradé (Nombakélé à Libreville).

Clichés : D. NTSEBE ONONO, Juillet 2010

Photo 15 : un site en pleine dégradation dans la commune de Cocobeach.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Planche n°6 : Quelques sites pollués dans deux villes de la province de l'Estuaire

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Chapitre 4 : Les perspectives de développement et d'aménagement de la province de l'Estuaire.

L'objectif dans ce chapitre, sera d'apporter les pistes et solutions en vue d'un développement harmonieux des villes de la province de l'Estuaire. Il ne va pas s'agir ici de faire une liste de projets viables de développement de la province, mais de mettre sur le papier toutes les idées qui, soit ont été recueillies sur place au cours nos discussions et enquêtes avec les différents responsables de la région, les élus locaux et les populations, soit nous sont venues au fur et à mesure de l'analyse que nous avons entreprise.

En d'autres termes, aucune étude de rentabilité ni même aucune vérification du bien fondé des propositions n'a été effectuée. Il s'agit d'idées brutes parmi lesquelles un premier tri devra être effectué, avant des études plus approfondies de coût et de faisabilité.

A cet effet, trois types d'actions sont à envisager :

- Amélioration du cadre de vie et de conditions d'existence des populations de la province de l'Estuaire (santé, éducation, économie, loisirs...).

- Mise en place d'une véritable politique de peuplement dans la province.

- Amélioration de la gestion des écosystèmes urbains de la province de

l'Estuaire.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

I- Amélioration du cadre de vie et de conditions d'existence des populations urbaines de la province de l'Estuaire.

Dans le cadre de l'amélioration du cadre de vie et de conditions d'existence des populations urbaines de la province de l'Estuaire, beaucoup d'efforts ont été réalisés dans la publication des documents d'aménagement de la province à ce sujet. Ainsi, les documents de développement et d'aménagement suivants ont été élaborés. Il s'agit notamment, du « Livre banc » de la province de l'Estuaire, du SDAR et de la réalisation en 1994 de l'étude Gabon 2025 qui a permis d'identifier les aspirations profondes de nos populations.

Ces efforts et dispositions non négligeables des pouvoirs publics se sont révélés très insuffisants. La correction de ces inégalités socio économiques dans cette province doit intégrer les domaines de la santé, celui de l'éducation et les activités économiques.

De manière générale, les actions ou propositions suivantes doivent être pris en compte pour améliorer le cadre de vie et de conditions d'existence des populations urbaines de la province de l'Estuaire.

I.1. L'amélioration du système de santé et du cadre de vie des populations urbaines de l'Estuaire.

Dans le domaine sanitaire, les principales actions que l'on peut proposer au niveau de la province de l'Estuaire ne sont guère originales. Elles concernent :

- L'amélioration des infrastructures sanitaires ;

Après avoir défini des normes de construction des différents locaux médicaux, il conviendrait de réhabiliter ou de reconstruire selon ces normes, les bâtiments les plus vétustes.

- L'amélioration de l'hygiène ;

Cette amélioration apparaît particulièrement nécessaire au niveau de certaines formations sanitaires de la province. Il s'agit pour le Gouvernement de se donner les moyens de cette amélioration.

- L'amélioration de la maintenance des installations et des appareillages afin d'éviter certaines pannes difficilement admissibles au niveau d'une formation sanitaire qui se respecte.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

- Le renforcement des effectifs médicaux, qui passe par l'accélération des affectations et des titularisations des jeunes diplômés. Il faudrait également encourager le personnel médical à accepter des affectations en des lieux déshérités.

- La révision profonde du système d'approvisionnement en médicaments dans la province.

Après les propositions faites de manière générale dans la province de l'Estuaire, quelles peuvent être plus spécifiquement, celles relatives aux villes de cette province.

L'agglomération de Libreville (Libreville et Owendo) est relativement bien couverte en structures sanitaires publique et privée, mais dont les coûts de soins sont élevées.

l À Libreville, il faudrait :

- Rénover le Centre Hospitalier de Libreville ;

Cette formation à vocation nationale n'a pas été correctement entretenue par le passé et doit être constamment rénovée. Mais au delà de l'entretien courant, il est nécessaire d'entreprendre d'importants travaux de réfection dans l'optique de l'organisation de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) de 2012 au Gabon.

- Réhabiliter les structures sanitaires de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (Jeanne Ebori) et renforcer les capacités d'accueil du centre médico-social ;

Les structures sanitaires de la CNSS étant vétustes, cette réhabilitation devra s'accompagner d'un renforcement du matériel existant afin de permettre au plus grand nombre d'assurés de bénéficier de ces structures.

- Normaliser et mettre au rabais les coûts de soins dans les différents cabinets médicaux privés de la ville ;

Il va s'agir de la mise en place des normes relatives à la création d'un cabinet médical privé. Ces normes doivent intégrer, l'hygiène de la structure, la fixation d'une mercuriale de prix relative aux soins, l'amélioration du service d'accueil et la gabonisation de ces structures médicales.

- Poursuivre, la construction dans les quartiers sous-intégrés à forte concentration humaine, les centres de santé afin de permettre à cette catégorie de population de bénéficier largement des services de soins. Cette action visera à terme de raccourcir la distance entre le domicile et la structure sanitaire.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

l A Owendo, les actions suivantes sont à entreprendre, il s'agit de :

- Réhabiliter les structures sanitaires de la CNSS, notamment l'Hôpital Pédiatrique d'Owendo (HPO) ;

Cette réhabilitation doit se faire en tenant compte de la polarisation de la structure. En effet, étant une structure paraétatique l'HPO devra se voir doter des nouveaux services qu'il ne possédait pas jusqu'alors. Par ailleurs, selon certaines sources, cette structure sanitaire de renom devrait fermer ses portes à cause d'énormes difficultés de fonctionnement. Il s'agit en fait de proposer la construction d'une structure sanitaire publique de qualité, à la dimension du CHL pour permettre aux populations de cette commune d'éviter de longues distances pour trouver un centre de santé de qualité.

- La construction des centres de santé dans les quartiers populaires de la commune ;

Cette action devra toucher les quartiers tels que : Awoungou, Akournam et Alénakiri, du fait de leurs poids démographique. Cela, pourrait également éviter d'énormes déplacements entre le domicile et le centre de santé et surtout que la plupart de ces quartiers sont encore difficilement accessibles.

- Amélioration et renforcement des équipements manquants des structures de santé existantes du domaine public ou privé afin de permettre aux owendois de bénéficier largement de ces structures.

Dans les autres localités de la province, les actions ponctuelles en matière de santé suivantes doivent être prises en compte. Elles concernent pour la ville de :

l Ntoum :

- Transformer le centre médical de Ntoum en un Centre Hospitalier, du fait de l'accroissement démographique que connaît cette ville depuis un certain nombre d'années. Cette action devra un temps soit peu, résoudre le problème de surexploitation de la structure qui contribue à la dégradation progressive des équipements et installations médicaux de la dite structure.

- Réhabiliter et renforcer les équipements existants (nombre de lits et matériel roulant) du centre médical ;

Cette action devra permettre au renforcement des structures d'accueil par la construction ou l'implantation des services de soins, qui jusque là, ne sont pas présents

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

dans la dite structure. Les services de cancérologie, de stomatologie et bien d'autres..., pourront soulager les ntoumois et ainsi éviter les déplacements en direction de Libreville.

- Normaliser l'implantation des cabinets médicaux, qui de nos jours font surface dans la ville. Cette normalisation devra tenir compte non seulement des conditions d'hygiène fixées par les textes et règlements en vigueur dans notre pays, mais aussi et surtout des prix fixés par les différents prestataires de service. On devra donc à terme, voir les cabinets médicaux présentés des prix qui font l'assentiment de toutes les couches sociales que regorge la ville de Ntoum.

-

l Cocobeach et Kango :

- Réhabiliter les centres médicaux ;

En effet, ces structures sanitaires étant vétustes, il faudra apporter une touche particulière à leurs éclats. D'importants travaux de modernisation, d'extension et de reconstruction devront intervenir pour donner à ces deux structures l'influence qu'elles avaient au paravent. Tout cela, pour permettre aux populations de Cocobeach et de Kango de fréquenter un lieu sain contenant des équipements modernes.

- Renforcer les équipements et services de soins existants des centres médicaux.

Cette action devra obligatoirement résoudre non seulement, le problème du matériel roulant qui est déficient, mais aussi et surtout, au maintien des services de soins et à l'entretien des installations médicales. Devront également intervenir la création des services de soins qui jusque là ne sont pas présents dans les deux communes pour éviter d'énormes distances et des risques qui s'en suivent à la recherche d'un centre de soins complet, en occurrence à Libreville. Les services de cancérologie, de stomatologie..., devront voir le jour dans les deux centres médicaux.

l Cap-Estérias et Ndzomoé :

Ces deux communes, de création récente feront l'objet des propositions spécifiques. En effet, à cause de leur faible démographie, il existe à ce jour, comme structures sanitaires un centre médical à Ndzomoé et un dispensaire au Cap-Estérias.

Pour la commune de Ndzomoé, le centre médical étant moderne, il répond encore à la demande des populations dans la mesure où d'après les résidents de cette ville qu'il

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

est sous exploité, du fait de la faible démographie que cette dernière enregistre. Pour la commune du Cap-Estérias, le dispensaire fera place au centre de santé qui est entrain d'être construit. A terme, cette structure sanitaire pourra résoudre les problèmes de santé des populations du Cap, qui jusque là, se rendaient à Libreville pour subir des soins. Nous osons croire que ces travaux de construction finiront dans les délais prévus, puisque lors de notre passage sur la contré, la société était au stade du terrassement du terrain. Donc pour ces deux communes, aucune proposition en matière de santé ne peut être formulée. Mais par expérience, nous formulons le voeu que ces structures sanitaires regorgent l'ensemble des services de soins pour éviter les déplacements impérieux vers la capitale provinciale qui est Libreville.

Si les propositions formulées dans l'amélioration du système sanitaire peuvent permettre de résoudre ces disparités en matière de santé, quelles propositions pouvons-nous formuler pour réduire les inégalités dans le domaine éducatif de la province de l'Estuaire ?

I.2. L'amélioration du système éducatif de la province de l'Estuaire.

La couverture en structures scolaires est relativement satisfaisante dans les villes de la province de l'Estuaire, bien que certaines inégalités soient toujours présentes. En effet, beaucoup d'efforts ont été réalisés par les pouvoirs publics pour améliorer les offres de service dans le domaine éducatif. Cependant, ces efforts se sont montrés insuffisants à tel point que nous assistons malheureusement à un déséquilibre d'offre de services en matière éducatif dans les villes de la province. Pour tenter de rééquilibrer ces disparités, les actions générales suivantes doivent être prises en compte. Il s'agit notamment de :

- Amélioration des équipements scolaires des villes de la province ;

Nombreuses sont les salles de classes qui présentent un équipement insuffisant. Le temps imparti ne nous a permis de visiter l'ensemble des salles de classe de la province, mais celles que nous avons pu voir nous paraissent bien refléter la situation qui prévaut dans ce domaine.

- Construction et amélioration des locaux scolaires ;

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

La première action qui s'impose dans la province de l'Estuaire est le nécessaire résorption des effectifs pléthoriques qui sévissent à Libreville du fait du manque flagrant des locaux scolaires.

- la construction et l'équipement de laboratoires et d'ateliers dans le cadre de l'opération « renforcement des sciences et de la technologie » ;

- Le renforcement de l'animation et du contrôle pédagogique (bureaux, logement, véhicules) ;

- La construction d'infrastructures d'internat pour améliorer les capacités d'accueil actuelles.

De manière spécifique, les actions suivantes doivent être développées pour améliorer le système éducatif des villes de la province de l'Estuaire. Il s'agit pour :

l Libreville et Owendo de :

- Réhabiliter et de renforcer les structures scolaires existante ;

Cette action de réhabilitation et de renforcement des établissements scolaires dans l'agglomération de Libreville est la seule proposition que nous pouvons formuler dans la mesure où ces deux communes concentrent la majorité des structures scolaires de la province. Cette action devra donc intégrer les travaux de modernisation de ces dites structures scolaires. Par ailleurs, les actions de construction ou de délocalisation des établissements scolaires devront intervenir dans les autres localités de la province.

Dans les autres villes de la province, les actions ou propositions pour l'amélioration du système éducatif devront s'articuler autour des axes suivants. Il s'agit notamment pour les villes de :

l Ntoum :

- Réhabiliter et renforcer les capacités d'accueil des structures scolaires existantes ;

Cette action devra permettre aux différents établissements scolaires de bénéficier de certains travaux de modernisation, la rénovation des terrains de jeux, la réfection de la charpente par exemple, au Lycée public et dans bien d'autres écoles primaires. Le renforcement des capacités d'accueil devra intervenir au Lycée public, qui chaque année scolaire, se voit obliger d'accueillir un nombre assez important d'élèves en provenance de Kango et de Cocobeach.

- Délocaliser un établissement du supérieur vers la ville de Ntoum ;

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Cette proposition pourra un temps soit peu réduire la forte concentration des étudiants à Libreville. Ainsi, l'Institut National des Sciences et de Gestion par exemple, pourra être délocalisé à Ntoum. Cette délocalisation pourra également s'accompagner de nombreuses activités connexes et permettre à la ville de rayonner et surtout d'être un pôle d'excellence dans le domaine éducatif.

l Kango et Cocobeach :

Dans ces deux communes, les actions principales à entreprendre s'articulent autour de trois axes, à savoir :

- La réhabilitation des établissements existants (C.E.S et écoles primaires) ;

Etant tous vétustes, cette action devra permettre aux élèves et enseignants de fréquenter dans un lieu sain. Les C.E.S de Kango et de Cocobeach devront subir une cure de jouvence ; la réfection de la charpente, la rénovation des installations sportives....Pour les écoles primaires, les mêmes travaux sont à entreprendre.

- Renforcement des capacités d'accueil des structures scolaires existantes dans les deux villes ;

Cette action aura comme manifestation, le ravitaillement en fourniture de bureaux, en table bancs, la réfection des tableaux noirs et des possibles extensions en fonction de la demande qui est sans cesse croissante.

- Transformation des deux C.E.S en Lycées.

Cette action importante devra permettre à ces deux villes d'accueillir une population estudiantine importante. A terme, cette action va également permettre de réguler les effectifs au Lycée de Ntoum, surtout dans le second cycle. Cette transformation va non seulement maintenir les élèves, mais aussi les attirer.

l Cap-estérias et Ndzomoé :

De création récente, ces deux communes devront se doter d'un minimum de structures scolaires. En effet, pour la ville de Ndzomoé il faudra construire une école primaire, puisqu'elle n'existe pas. Au cap, la situation est presque satisfaisante, puisque cette commune compte une école primaire propre et un C.E.S qui est entrain d'être construit pour un délai de six (6) mois. En principe, cet établissement devrait accueillir des élèves pour l'année scolaire 2010-2011.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

I.3. Les activités économiques à promouvoir dans les villes de la province de l'Estuaire.

Le rééquilibrage de la province dans le domaine économique est une opération ambitieuse qui fait intervenir plusieurs acteurs de la société. L'implantation d'une activité économique répond à plusieurs critères (marché, accessibilité, clients,...). Dans le cadre de l'aménagement de la province de l'Estuaire sur le plan économique, les actions générales suivantes sont à promouvoir :

- Le développement de la pêche artisanale dans la partie ouest de la province (Cocobeach, Cap-Estérias, Libreville et Ndzomoé) ;

- La mise en place des relais de développement ruraux (Atanga, Atogafina, Donguila et Ekouk) ;

- Intensification des cultures vivrières et du maraîchage (Ntoum-Libreville, Ntoum-Cocobeach) ;

- Le développement du tourisme dans la province.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Carte n° 3 : Les perspectives d'aménagement économiques de la province de l'Estuaire.

La carte ci-dessus, présente de manière détaillée les activités économiques qu'il faudrait développer dans la province. La mise en place d'une véritable politique d'aménagement du territoire et particulièrement la province de l'Estuaire doit se baser sur les potentialités économiques que regorge chaque ville. Ainsi, les quatre propositions formulées dans le cadre de l'aménagement de la province sur le plan

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

économique sont à prendre à coeur par les pouvoirs publics, pour permettre un développement harmonieux de la province.

Cependant des actions spécifiques suivantes sont à entreprendre pour permettre le développement économique des villes de la province. Il s'agit pour :

l Libreville et Owendo :

- Délocaliser un certain nombre d'activités économiques dans les autres localités de la province.

Cette action de délocalisation va permettre à d'autres localités de bénéficier des effets induits de l'implantation d'une entreprise. Par exemple, les sociétés de transformation du bois pourront être délocalisées au Cap-Estérias, Cocobeach et Kango du fait de l'activité forestière qui est fortement développée dans ces localités. Pourront également être délocalisées les entreprises exerçant dans le domaine de la pêche et du transport maritime. Ces délocalisations pourront attirer des populations en quête d'un emploi.

Pour les autres villes de la province qui sont dépourvues d'activités économiques, les actions suivantes sont à promouvoir. Il s'agit notamment pour les villes de :

l Ntoum :

- Réhabiliter le C.I.A.M et de relancer le maraîchage et les cultures vivrières ,

Considérée comme le grenier de la province, cette action va permettre à Ntoum d'attirer un nombre assez important de populations exerçant dans le domaine de l'agriculture et de l'élevage. La réhabilitation du CIAM pourra avoir comme conséquence, l'intensification des nouvelles techniques agricoles plus appropriées, alors que la relance du maraîchage et des cultures vivrières va ainsi constituer un facteur non négligeable, qui pourra contribuer à l'autosuffisance des populations de la province et plus particulièrement de Ntoum.

- la mise en place d'un bloc agricole vivrier ,

Ce bloc pourra consolider la pratique de l'agriculture dans la commune.

- Développer un pôle industriel à Ntoum.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Ce pôle industriel devra s'articuler autour des industries existantes (CIMGABON, les installations hydrauliques de la S.E.E.G et bien d'autre). De même, il aura la possibilité de délocaliser les industries implantées à Libreville.

l Cocobeach :

- Développer les activités de la pêche ;

Cette action devra s'accompagner de la construction d'un port de pêche et d'une

chambre froide pour la conservation des produits halieutiques.

- L'implantation des scieries dans la commune ;

Du fait de son exploitation forestière, devra être créées quelques scieries dans la

ville pour la transformation du bois sur place.

- Développement du cocotier

Cette action devra ainsi permettre aux populations de cette ville, d'avoir une

expertise sur les retombées financières du développement du cocotier.

- Actualiser et valoriser le tourisme dans la contrée.

Cette action importante, devra s'accompagner de la construction des structures

hôtelières de qualité, la préservation des sites historiques (hôpital allemand, l'obus et

bien d'autres) et la protection des écosystèmes marins qui font la fierté de cette ville.

l Kango :

- Développer la pêche dans la ville;

Cette action devra s'accompagner de la construction d'une chambre froide pour

la conservation des produits de la mer.

- La rénovation des plantations d'hévéas ;

Cette rénovation devra permettre de générer des emplois dans une localité où les

activités économiques sont inexistantes.

- La mise en oeuvre de la SOGACEL ;

Cette action devra permettre à la commune de tirer profit des retombées de cette

activité. La mise en route de l'usine de la Société gabonaise de cellulose aura à

« booster » l'économie locale et ainsi transformer Kango en eldorado.

- Développer le tourisme dans la ville.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Cette action devra intégrer la réhabilitation de l'hôtel Assok qui est en ruine et la construction des autres structures hôtelières. Devront également être mis en valeur les potentialités halieutiques du Komo, notamment les écrevisses ou « grosses crevettes ».

l Ndzomoé et Cap-Estérias :

- Développement de la pêche artisanale ;

Cette action va s'accompagner de la construction d'un port de pêche et d'une chambre froide dans les deux villes. Ainsi les produits pêchés pourront être conservés dans de bonnes conditions afin de permettre une bonne commercialisation de ces derniers.

- L'implantation des scieries dans la commune de Ndzomoé ;

Du fait de son exploitation forestière, devra être créées quelques scieries dans la ville pour la transformation du bois sur place.

- Développement du tourisme dans les deux villes.

Cette action devra s'accompagner de la construction des structures hôtelières de qualité dans les deux communes et la protection des plages du cap.

II. La mise en place d'une véritable politique de peuplement dans la province de l'Estuaire.

Cette action va s'appuyer sur la constitution des pôles régionaux de fixation des populations en améliorant les infrastructures des villes petites et moyennes, en y promouvant l'installation de services publics, et surtout, la création d'activités économiques susceptibles de créer des revenus et d'offrir des emplois valorisants. L'objectif est de tendre vers une répartition plus adéquate de la population dans la province de l'Estuaire. Pour cela, il faut s'appuyer sur les pôles de peuplement permettant de tirer parti des potentialités démographique, économique et spatiale en renforçant l'armature urbaine de façon plus adéquate et mieux structurée. En permettant une bonne répartition dans le territoire les infrastructures économiques et sociales et des activités, on favoriserait le maintien de la population rurale en améliorant ses ressources et son accès au services de bases.

Ainsi, le rééquilibrage démographique des villes de la province de l'Estuaire est intimement lié à l'implantation des activités économiques. La concentration humaine

87

Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

dans une ville est fonction des activités économiques qui y sont développées. Donc, la politique de peuplement que nous pouvons proposer devra tenir compte des propositions faites sur l'aménagement de la province sur le plan économique.

En effet, la province de l'Estuaire se manifeste par un déséquilibre sur le plan démographique. L'agglomération de Libreville se constitue en dévoreuse de populations du fait de l'importance des activités économiques qui y sont implantées et développées. Si les actions en faveur d'un possible rééquilibrage de la province sur le plan démographique sont avérées, elles devront s'articuler, non seulement sur la délocalisation des activités économiques de Libreville vers les autres localités, mais aussi et surtout sur la création des unités économiques dans les autres localités en fonction des potentialités dont elles disposent.

La politique de peuplement de la province de l'Estuaire pourra alors se manifester par la création des pôles de peuplement. Ces pôles de peuplement, mis en place en fonction des activités économiques pourront lutter efficacement contre l'exode rural qui est toujours massif vers Libreville et sa périphérie.

Le pôle de peuplement devra ainsi abriter les équipements de base pour favoriser l'éclosion des individus. Il va s'agir d'améliorer les voies de circulation, la fourniture en eau et en électricité, l'assainissement des eaux usées et des ordures ménagères, l'implantation des structures de qualité dans le domaine sanitaire, éducatif et surtout économique et bien d'autres équipements nécessaires qui pourront attirer et maintenir les populations sur place.

Pour nous résumer, la mise en place des pôles de peuplement dans la province de l'Estuaire est fonction de l'évolution ou l'implantation des activités économiques. Au Gabon et singulièrement dans la province de l'Estuaire, les villes les plus peuplées sont celles où les activités économiques sont développées. Donc toutes les villes de la province de l'Estuaire sont de potentielles pôles de peuplement, si et seulement si les activités économiques s'y développent.

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III. Amélioration de la gestion de l'environnement urbain.

Plusieurs études (cadre institutionnel et outils) ont été menées au Gabon pour l'amélioration de la gestion des écosystèmes urbains. Il s'agit principalement du Plan National d'Actions pour l'Environnement (PNAE). Ces actions, pour la plupart se sont révélées inefficaces, car les problèmes liés au manque de maîtrise de l'occupation des sols, à l'insuffisance du drainage, à l'absence de services de maintenance et d'entretien, à l'insuffisance des programmes d'extension et d'entretien des réseaux, à l'absence de prestataires d'assainissement, de textes réglementaires, à la multiplicité des intervenants et à l'insuffisance de la sensibilisation auprès des populations. Ces problèmes se traduisent par de mauvaises conditions d'hygiène et de prolifération des maladies hydriques.

Entre autres actions à mener, Le PNAE et nous, préconisons pour les villes de la province de l'Estuaire des pistes suivantes :

- La distribution, de façon pertinente, des responsabilités entre l'Etat, les communes et les concessionnaires de réseaux ;

- La production des documents d'urbanisme tels que les plans d'occupation des sols, de schémas et de plans directeurs d'assainissement de toutes les villes de la province et plus particulièrement Libreville qui connaît ces problèmes avec beaucoup de gravité.

- La préparation de stratégies d'assainissement adaptées aux sites et au contexte économique ;

- La responsabilisation des municipalités, en particulier dans la gestion des ordures ménagères, le traitement des déchets solides et liquides, la maintenance et l'entretien des ouvrages ;

- La réalisation des réseaux d'égouts dans l'agglomération de Libreville ;

- L'assainissement des quartiers urbains par le curage des canaux et caniveaux, les opérations villes propres, la création de dépôts de matière de vidange, etc ;

- La sensibilisation des populations sur la collecte et le ramassage des déchets, les risques liés au rejet des ordures dans les cours d'eau et les canaux et l'occupation des zones « non aedificandi »( vallées, bas-fonds,marécages ).

- Le développement de la participation communautaire, notamment dans l'évacuation des eaux de surface dans les communautés à revenus faibles ;

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- La lutte contre la squattérisation, en développant l'urbanisme opérationnel, la restructuration des quartiers de Libreville et en revisitant certains textes d'urbanismes et mécanisme d'attribution des domaines.

En somme, les propositions formulées dans le cadre de la protection des écosystèmes urbains de la province de l'Estuaire se focalisent plus sur la ville de Libreville qui est emprunt à ces difficultés de manière quotidienne, alors que les autres villes les subiront certainement dans un avenir proche.

Les actions complémentaires devront intervenir dans les domaines de l'amélioration des voies de communication et de l'adduction d'eau et de l'électricité.

Le réseau routier étant en très mauvais état dans la province, il faudra bitumer les axes routiers suivants : Libreville-Cap-Estérias, Libreville-Ndzomoé et Ntoum-Cocobeach. De même, il faudra renforcer le bitume sur les axes routiers, Libreville-Ntoum ; Ntoum-Kango.

Pour l'adduction en eau et en électricité, il est à souligner que ces villes connaissent des problèmes d'eau et d'électricité, c'est le cas du Cap-Estérias, Ndzomoé, Ntoum et Cocobeach. A Kango par exemple, les populations des quartiers de Nianame et Kafélé sont privées d'eau potable55, mais aussi dans les quartiers sous-intégrés de Libreville et Owendo. A cet effet, il faudra intensifier les réseaux d'eau et d'électricité dans tous les centres urbains de la province, pour ainsi permettre une meilleure distribution de ces services vitaux.

Cependant, pour réaliser cette vision et afficher clairement ses ambitions, l'Etat doit mettre en place, une politique de développement et d'aménagement du territoire, concomitamment avec des textes d'application de la loi organique15/96 du 06 juin 1996 relative à la décentralisation.

La politique d'aménagement du territoire devrait s'appuyer désormais sur la loi d'orientation de la décentralisation. Elles sont toutes deux le fruit d'une volonté politique relativement récente. Les deux processus sont étroitement liés, tant dans les mécanismes de définition des objectifs que des modalités de mise en oeuvre. Les dispositifs institutionnels mis en place ont le mérite de définir de façon précise, notamment au niveau national, la répartition des responsabilités.

55 Quotidien d'information générale, Gabon Matin, n° 414 du lundi 04 octobre 2010, p 5.

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La loi d'orientation de la décentralisation donne aux collectivités locales (communes et départements) la responsabilité entière de l'élaboration de plans locaux de développement (communaux et départementaux). Il est donc indispensable que la politique de développement et d'aménagement du territoire s'appuie sur ces orientations stratégiques, tout en assurant la « descente » des priorités sectorielles.

Enfin, Il importe aussi d'assurer la cohérence entre les textes de décentralisation et les textes techniques relatifs à l'exercice de certaines compétences, notamment le foncier, l'urbanisme, la gestion des ressources naturelles. La vision stratégique du développement des communes urbaines devrait être le fruit de concertations entre les instances des départements et des communes, c'est-à-dire des zones rurales et urbaines.

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CONCLUSION GENERALE

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Le sujet de recherche que nous avons intitulé, le processus d'urbanisation et l'aménagement de la province de l'Estuaire avait pour objet d'étude, le rapport entre la dynamique urbaine et l'organisation de l'espace de l'Estuaire

L'étude du processus d'urbanisation et l'aménagement de la province de l'Estuaire était intéressante à nos yeux dans la mesure où nous l'avons étendu sur toutes les villes de la province, notamment sur leur capacité à organiser ce territoire. Cette orientation a mis notre étude dans le champ de l'aménagement du territoire.

Ainsi, le but de notre étude a été d'apprécier la valeur et l'importance des actions d'aménagement menées jusque là par l'Etat dans l'optique d'une meilleure organisation du territoire, de décrypter au niveau de la province de l'Estuaire, les apports évolutifs et limites des politiques urbaines et d'aménagement du territoire et enfin de proposer les voies et moyens en vue de parfaire et de normaliser les actions aménagistes au Gabon et particulièrement dans la province de l'Estuaire.

Pour montrer le caractère primordial de notre étude nous avons formulé la problématique de la manière suivante, Est-ce que la dynamique d'urbanisation survenue ses dernières années a permis d'organiser le territoire de l'Estuaire de façon harmonieuse et équilibrée ?

, La réponse à cette question centrale ne pouvait pas trouver de réponses fiables sans formuler les hypothèses plausibles et vérifiables.

A cet effet,l'hypothèse suivante a été formulée pour cette étude, La multiplication des centres urbains n'a pas permis d'aménager la province de façon harmonieuse et équilibrée, elle a plutôt amplifié les écarts socio économique et démographique qui existaient déjà dans cette province. Ces villes n'ont pas joué un rôle dans l'aménagement de la province en faisant le contre-poids à l'hypercentralisation librevilloise. Elles n'ont pas bénéficié des décentralisations en particuliers les équipements sociaux de prestige.

. La province de l'Estuaire a connu une vague de communes dans les années 1990 et 2000, après l'érection de la commune de Libreville en 1957. Il a fallu attendre près trente cinq ans, pour voir la dynamique communale atteindre d'autres localités de la province qui étaient à cette époque des PCA, des postes télégraphiques et des départements. Ainsi, L'historique de l'urbanisation dans la province s'est faite en deux périodes : avant l'indépendance et après l'indépendance.

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Avant l'indépendance, la province de l'Estuaire ne comptait qu'une seule commune de plein exercice (Libreville) qui a été érigée en Mai 1957. Après l'indépendance du pays, et plus précisément en 1996, la loi 15/96 du 06 juin 1996 relative à la décentralisation a conduit à l'érection de tous les chefs lieux de département du pays en commune de plein exercice. Ainsi les chefs-lieux de département du Komo-Mondah (Ntoum), du Komo-Kango (Kango), de la Noya `(Cocobeach) et d'Owendo ont acquit ce statut dans la province de l'Estuaire. Et en 2007, par ordonnance, les chefs-lieux de département du Cap (Cap-estérias) et du Komo-Océan (Ndzomoé) ont été érigés en communes de plein exercice. La province compte actuellement sept (7) communes de plein exercice : Libreville, Owendo, Ntoum, Cocobeach, Kango, Ndzomoé et le Cap-Estérias.

La croissance démographique observée dans les communes de la province de l'Estuaire a été due, d'une part, l'accroissement naturel de la population consécutive aux meilleures conditions de vie et d'hygiène et la victoire de la vie sur la mort. D'autre part, grâce aux potentialités et surtout aux activités économiques qui sont développées dans ces centres urbains. C'est ainsi que l'agglomération de Libreville a pu bénéficier de cet afflux massif de population (97% de la population urbaine provinciale) car possédant l'essentiel des activités économiques motrices, de possibilités d'emplois et de promotion des individus. Cependant cette augmentation de la population dans la ville de Libreville a contribué à son extension spatiale dans les périphéries(Est, Sud et Nord) et a engendré les problèmes de saturation des voies de communication et de dégradation de l'environnement de cette ville.

Le bilan du processus d'urbanisation dans la province est mitigé, même pour des non spécialistes. Des avancées timides ont été constatées ici et là, notamment dans la construction de quelques équipement de base (centres médicaux, dispensaires, écoles, C.E.S, Lycées, voiries urbaines...). Mais de véritables problèmes subsistent : mauvaises conditions de vie, carence de logements, manque d'adduction d'eau et d'électricité, manque d'assainissement pour les ordures ménagères liquides et solides, chômage grandissant, insécurité...

Les politiques d'aménagement et études urbaines réalisées dans le cadre de l'amélioration des conditions de vie des populations et du rééquilibrage de la province de l'Estuaire, notamment, le Livre Blanc en 1983, Schéma d'Aménagement régional

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(SDAR) en 1985, les colloques, les éditions 2006 et 2007 des fêtes tournantes, les documents d'urbanisme, les SDAU, les POS, les SPU , les stratégies urbaines et autres documents de planification et d'aménagement, se sont révélés pour les uns trop coûteuses( d'où le recours aux plans sectoriels) et pour d'autres restés dans les tiroirs, par manque de textes d'application. Mais de manière générale, ces documents se révélés insuffisants et inefficaces dans l'organisation harmonieuse de la province.

La province de l'Estuaire devient aujourd'hui à l'instar d'autres provinces du pays, une région où les inégalités socio-économique, démographique et environnementale persistent. Seulement, les perspectives de développement et d'aménagement de la province de l'Estuaire doivent désormais s'appuyer sur l'amélioration du cadre de vie et de conditions d'existence des populations de la province de l'Estuaire (santé, éducation, économie, loisirs...) la mise en place d'une véritable politique de peuplement dans la province et l'amélioration de la gestion des écosystèmes urbains de la province de l'Estuaire.

Au bout de cette étude, nous sommes parvenus à quelques résultats. Ces résultats ont été obtenus non seulement à partir des documents que nous avions à notre disposition, mais aussi et surtout grâce à nos enquêtes dans les centres urbains de la province.

Il en résulte que les chefs-lieux de département ont été érigés en commune de plein exercice, pour remplir les fonctions politiques, administratives, de contrôle de territoire et d'encadrement des populations dans la mesure où on s'est contenté d'équiper les anciens postes et donc de renforcer l'armature urbaine esquissée par l'administration coloniale. C'est ainsi que l'agglomération de Libreville (commune de Libreville et d'Owendo) et les villes de Ntoum, Kango, Cocobeach, Cap-Estérias et Ndzomoé sont par essence des centres urbains à vocation politico administrative, comme en témoigne les énormes investissements consentis par l'Etat pour doter ces dernières, des équipements nécessaires au contrôle et d'encadrement des populations.

Toutes ces villes sont dotées d'une préfecture, d'un poste de gendarmerie, d'une mairie, d'un conseil départemental, etc. De même, cette assertion se justifie par le fait qu'en dehors de l'agglomération de Libreville et dans une moindre mesure, la ville de

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Ntoum, l'implantation des usines est rare. Ces villes sont dépourvues d'unités économiques. Elles sont de petites villes qui subsistent grâce aux transferts publics ou des opérations ponctuelles financées par l'Etat (routes, logements édifices publiques, etc.). Les autorités politiques, en créant ces centres urbains dans la province, ont mis l'accent sur l'implantation des infrastructures de commandement, sans avoir recours aux unités économiques. La conséquence principale de cette action étatique est la déstructuration de la province de l'Estuaire, tant au niveau socio économique, démographique et même environnementale.

De même, le développement des villes dans la province de l'Estuaire n'a pas permis de réduire les déséquilibres qui existaient, il les a même amplifié, dans la mesure où il y a une nette opposition entre l'agglomération de Libreville et les autres localités de la province. Le processus d'urbanisation observé dans la province n'a pas permis de réduire les disparités socio économique, démographique et même environnementale.

Sur le plan social, malgré la création des villes, nous avons pu observer qu'il existe toujours un déséquilibre d'offre de services dans les domaines sanitaire et éducatif et un accès inégal aux NTIC entre les populations vivant dans l'agglomération de Libreville et celles vivant dans les autres localités. Libreville et Owendo concentrent la quasi-totalité des équipements sanitaires et scolaires de renom et accèdent facilement aux services des NTIC, tandis que les autres villes en sont dépourvues ou, si ils existent, ils sont vétustes et surexploités.

Sur le plan démographique, le contraste est le même dans la mesure où l'agglomération de Libreville concentrent près de 97% de la population urbaine de la province et les reste des villes se partagent les 3% restant. C'est donc dire que le processus d'urbanisation survenu dans la province ne s'est pas accompagné d'un rééquilibrage démographique.

Sur le plan économique, la situation est dramatique dans la mesure où ce développement des villes dans la province ne s'est pas accompagné de l'implantation des unités économiques. L'agglomération de Libreville comme toujours, concentrent la majorité des unités de production : 85% des sièges des entreprises sont concentrés à Libreville, les ports, l'aéroport, les commerces etc. Dans les autres localités de la province, l'implantation des unités de production est rare, elles sont de petites villes dont l'économie est basée sur les salaires des fonctionnaires. Aussi devons- nous ajouter

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que plusieurs unités économiques ont été abandonnées par une mauvaise gestion et favorisant ainsi l'exode rural vers la capitale provinciale.

Sur le plan environnemental, la situation est la même, puisque le processus d'urbanisation a engendré des conséquences néfastes dans ces centres urbains. Ces conséquences reposent essentiellement sur la pollution et la dégradation de l'environnement urbain : effluents, déchets solides, ordures ménagères... donnant ainsi lieu à certaines maladies d'origine hydrique comme le paludisme, les parasitoses intestinales, les diarrhées etc. Seulement, ces problèmes d'environnement se manifestent fortement à Libreville, car cette ville regorge une forte population et des industries polluantes.

Par ailleurs, fonctionnellement, aussi bien que par leur aspect et l'organisation de leur espace, seule l'agglomération de Libreville correspond véritablement au qualificatif « urbain », et pose les problèmes des grandes villes africaines. Toutes les autres localités de la province dépendent principalement des activités administratives et agricoles, et leur bâti ne revêt un caractère urbain que dans des centres très réduits en étendue. Ce sont pour l'essentiel des concentrations d'habitations proches de celles que l'on observe dans les zones rurales, bénéficiant d'infrastructures collectives plus étoffées. Leur faible croissance et le chiffre modéré de leur population leur évitent les problèmes aigus d'organisation de l'espace urbain, mais sont un frein certain à leur croissance économique. Les besoins spécifiquement liés à l'organisation et à l'équipement du territoire urbain, les problèmes fonciers et ceux de l'environnement, du logement ou des transports ne sont aigus que dans l'agglomération.

Le réseau urbain provincial a de faibles potentialités de développement, hors de la capitale. D'une part, la population s'accroît à un taux modéré, de l'ordre de 2%. D'autre part, les « réserves » de population qui pourraient alimenter l'exode rural sont faibles. Les perspectives de croissance se concentrent actuellement dans la capitale et son « annexe économique» Owendo. Les fonctions administratives, commerciales et financières ainsi que l'exportation du pétrole y sont des facteurs durables et importants de croissance.

Dans les autres « villes » les emplois centraux suivent ou accompagnent la croissance, mais ils ne la provoquent pas. La tendance naturelle va ainsi dans le sens d'une concentration accrue de la population dans les deux communes principales, mais

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l'équilibre relatif entre elles et le reste des cités provinciales ne devrait se modifier que lentement. La stratégie urbaine devra tenir compte de ces limitations et contraintes.

L'écart entre Libreville, qui bénéficie de plusieurs activités « motrices » par rapport aux autres villes (qui dépendent d'une seule source de revenus) devrait encore s'accroître dans une faible proportion. Libreville, qui cumule les activités centrales de toutes les filières, avant l'exportation, avec le privilège d'être pratiquement le seul point d'importation des biens et services extérieurs dont le Gabon à besoin.

A partir de ces quelques résultats, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que l'hypothèse formulée dans le cadre de cette recherche a été vérifiée, dans la mesure où la province de l'Estuaire est toujours marquée par des inégalités sur les plans socio-économique, démographique et environnemental.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway