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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire au Gabon

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par Donald NTSEBE ONONO MINKO
Université Omar Bongo - Maà®trise en géographie 2010
  

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II- La croissance démographique des villes de la province de l'Estuaire.

De 1919 à 1960, date à laquelle le mouvement d'urbanisation a vraiment commencé, l'ensemble des villes ne dépassait guère 70.000 à 100.000 habitants. Seule Libreville, située dans la province de l'Estuaire comptait environ 25.000 habitants20 à cette époque.

Lors du recensement de 1980, la province de l'Estuaire comptait 252500 habitants21. En 1993, cette population a été évaluée à 463.487 habitants, dont 427.950 urbains contre 35237 ruraux. Ainsi, en 1993, la population urbaine de cette province représentait 92%22de la population totale de la province. Lors du recensement de 2003, on estime le poids démographique de cette province à près de 736.812 habitants23, où toujours la proportion des urbains est la plus dominante et se situe à plus de 90%.

La croissance démographique des villes de cette province a donc 0augmenté et à un rythme soutenu surtout dans la capitale. Les autres villes de cette province présentent la même situation mais à un rythme modéré. Ainsi, de 1993 à 2003, la population de Ntoum est passée de 6.213 habitants à 12.025 habitants et se situerait selon le recensement communal (2009) à près de 14000 habitants. Durant la même période, la population de la commune de Cocobeach a été multipliée par quatre (4) et passant de 1.164 habitants à 4.315 habitants. Celle de la ville de Kango a été multipliée par trois (3) passant ainsi de 962 habitants en 1993 à 3.613 habitants en 2003. La population de la ville d'Owendo s'élevait en 2003 à 40.157 habitants et lors du recensement de 2009 effectué par la commune, ce chiffre se situerait à près de 60.000 habitants. En 2003, la population du Cap-Estérias et celle de Ndzomoé s'élevaient respectivement à 712 et 80 habitants. Et aujourd'hui, cette population s'estimerait pour le Cap-Estérias à près de 1000 habitants et pour Ndzomoé à 300 habitants. Malgré une évolution significative de la population des villes de l'Estuaire, Libreville reste la grosse tête de la province avec plus de 91% de la population urbaine.

20Ministère de la Planification et de l'Aménagement du Territoire, PAPSUT, Stratégie urbaine au Gabon, septembre 1999, p.2.

21 Ministère de la Planification et de l'Aménagement du Territoire, CGAT, Livres blancs ESTUAIRE (1981), p.18

22 Ce résultat a été obtenu en faisant le rapport entre la population urbaine et la population totale de province de l'Estuaire.

23 Les données proviennent du Recensement Général de la Population et de l'Habitat de 2003, p.3

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Tableau n° 2 : Evolution de la population des villes de la province de l'Estuaire de 1960 à 2003.

Communes

Pop 1960

Pop1980

Pop 1993

Pop 200324

Libreville

31000

185.100

419.596

623.621

Owendo

10025

6.04726

25.234

40.157

Ntoum

-

-

6.213

12.025

Kango

-

-

962

3.613

Cocobeach

-

-

1.164

4.315

Cap-Estérias

-

-

-

712

Ndzomoé

-

-

-

80

Source : G. Sautter (1958), RGPH (1993 et 2003).

A partir de ces chiffres, nous observons que la population des villes de l'Estuaire a augmenté d'années en années. Si l'évolution de cette population est perceptible dans l'agglomération de Libreville où nous avons les chiffres depuis 1960, pour les autres villes, la connaissance de leur poids démographique n'est perceptible qu'au courant des années 1993, par manque de données statistiques fiables.

Mais seulement, quelles sont les causes et les conséquences de cet accroissement démographique dans les communes de cette province ?

Graphique n° 1 : Evolution de la population urbaine de la ville de Libreville de 1960 à 2003.

400000

200000

700000

600000

500000

300000

100000

0

Evolution de la population urbaine de Libreville de 1960 à 2003

pop 1960 pop 1980 pop 1993 pop 2003

pop urbaine de LBV

24 Retenons que les résultats du RGPH de 2003 ont été corrigées et validées par la cour constitutionnelle.

25 R.POURTIER, Gabon, espace, territoire et société, Tome 1, harmattan.P.16.

26 Mairie d'Owendo, guide touristique de la ville, 1998.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Source : G. Sautter (1958), RGPH (1993 et 2003).

Graphique n° 2 : Evolution de la population de la ville d'Owendo de 1960 à 2003.

40000

20000

50000

30000

10000

0

Evolution de la population d'Owendo de 1960 à 2003

1960

pop

1980

pop

1993

pop

2003

pop

pop urbaine Owendo

Source : G. Sautter (1958), RGPH (1993 et 2003).

Ces deux graphiques présentent l'évolution croissante de la population de l'agglomération de Libreville à partir des recensements de la population de 1960 jusqu'en 2003.

II.1. Les causes de la croissance démographique des villes de la province de l'Estuaire.

Plusieurs facteurs ont participé à l'accroissement démographique des villes de la province de l'Estuaire. Parmi ces facteurs, nous ne retiendrons que deux principalement, à savoir: les pesanteurs historico-politques et les causes économiques.

II.1.1. Les causes historico-politiques.

La population des villes de la province de L'Estuaire a augmenté du fait de certains faits historiques que notre pays a connu avant et après son indépendance. En effet, lors des grands voyages maritimes sur la côte de l'Afrique, les portugais, en 1472, baptisèrent le pays « Rio Gabao » quand ils pénétrèrent dans l'estuaire, en raison de sa forme semblable à un caban (Gabao en portugais). Le nom « Gabao » se transforma ensuite en Gabon. Lopez Gonsalvez, donna son nom au Cap Lopez en 1480. Le pays se réduisit alors au grand estuaire habité par les Mpongwé, au Cap Lopez et au pays des lagunes. Jusqu'au XVIIIème siècle, les tribus côtières entretinrent des relations commerciales avec les européens. Ces activités se réduisirent essentiellement au troc et

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

à la traite des esclaves. Par ailleurs, dans sa mission de représentation de la traite des noirs dans l'Atlantique sud en 1839, la marine française obtint le droit d'installer une base sur la rive gauche de l'estuaire, puis sur la rive droite, point de départ d'une colonie du Gabon. La première ville de la province de l'Estuaire, Libreville naquit en 1849 par les esclaves libérés. Comme le rappelle ce fait historique, la province de l'Estuaire, grâce à son ouverture maritime, a été la première région du Gabon où les européens27 et les peuples autochtones (les Ndiwa et les Mpongwé) entrèrent en relation et entretinrent des relations commerciales. Ce fait a très vite attiré et fixé les populations de l'intérieur du pays vers la côte

Entre autres faits majeurs ayant entraîné l'augmentation de la population urbaine, la tenue du 34ème sommet de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) en 1977 au Gabon ; la construction du Transgabonais ; la rénovation des quartiers insalubres et la revitalisation du centre-ville de la capitale. Ces travaux touchaient particulièrement le secteur routier et celui de l'immobilier. Compte tenu des énormes travaux à réaliser, l'Etat a été contraint de faire appel à une main-d'oeuvre étrangère. Ainsi, Libreville a connu l'arrivée des populations immigrées venues de tous les pays de l'Afrique centrale et de l'Ouest, de Yougoslavie du Liban et de Syrie (10000 personnes en1984 et 20% de la population de Libreville en 1993).28 Le « grand chantier Libreville » a généré 7000 emplois29. Pour les autres villes de la province, la croissance démographique aurait débuté lorsqu'elles ont été érigées en commune de plein exercice, puisque l'Etat a mis en place certaines structures nécessaires pour encadrer les populations des communes de Kango, Cocobeach, Ntoum, Ndzomoé et du Cap-Estérias.

A côté de ces facteurs historique et politique, il y a également l'accroissement naturel, du fait d'une politique nataliste et de meilleures conditions de vie, qui ont également participé à l'augmentation des urbains dans la province de l'Estuaire. En effet, la mortalité s'est effondrée, du fait de l'amélioration de la situation sanitaire et

27Ce qualificatif renvoi à tous les explorateurs qui ont touchés nos cotes. Ainsi, les cotes gabonaises ont été successivement visitées d'abord par les portugais, puis vint les hollandais et les anglais et enfin les

français.

28R-M NGUEMA, 2008, « Politique publique et macrocéphalie urbaine en Afrique Centrale : essai de géopolitique du territoire métropolitain de Libreville », in Enjeux- N°34-35, pp.33-39

29 Idem.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

médicale dans l'ensemble avec des taux de mortalité bas (15 pour mille au Gabon). Dans le même temps, la natalité demeure forte (40 pour mille au Gabon)30, d'où la structure par âge qui est particulièrement jeune (majorité de moins de 20 ans dans toutes les villes de la province, et les 2/3 des citadins ont moins de 25 ans). Ainsi, l'accroissement naturel devient aujourd'hui, le principal moteur de peuplement dans les autres villes de la province de l'Estuaire.

En somme, les facteurs historico-politques, comme nous venons de le voir ont entraîné une augmentation de la population des villes de la province de l'Estuaire, mais seule Libreville a bénéficié de cet accroissement démographique car cette ville est devenue la porte d'entrée et de sortie de tous les flux.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway