3.2.2. Reforme de la politique d'ER pour une meilleure
Production décentralisée
L'Etat dans sa politique d'ER, en généralisant
la production décentralisée, celle-ci pourrait comporter de
nombreux avantages. Une petite centrale permet ainsi de renforcer l'autonomie
énergétique d'emplacements isolés. Produire soi-même
son électricité incite directement à la modération
de sa consommation pour minimiser les prélèvements au
réseau. Pour le gestionnaire de réseau, l'augmentation de
l'autoconsommation permettrait de désengorger le réseau,
entraînant des économies substantielles. Développer les
capacités décentralisées favorise l'atteinte des objectifs
d'augmentation du taux d'électrification et réduire la
dépendance énergétique du pays. Par ailleurs cet essor
peut avoir des retombées socio-économiques appréciables
entraînant la création d'emplois et de nouveaux marchés.
Néanmoins ces bienfaits ne sont encore que
théoriques, la production décentralisée reste
coûteuse à de nombreux égards. L'Etat Camerounais, pour
impulser ces nouvelles filières, devrait privilégier un
dispositif incitant une autoconsommation regulée. Les contrats
d'obligation d'achat (OA) de l'électricité produite que l'Etat
devrait signer avec les exploitants du réseau assureront à
l'exploitant la rentabilisation à long terme de son équipement.
Mais aussi à la collectivité produisant l'énergie locale
de revendre celle-ci.
Sachant que la production d'origine renouvelable est souvent
fluctuante et difficile à prévoir, son injection
systématique engendre un risque de déséquilibre du
réseau. Les contrats d'obligation d'achat (OA) devront avoir une
durée limitée et à leur échéance, les
producteurs doivent s'insérer directement sur le marché de
l'énergie, ce qui crée un certain nombre d'exigences. En effet,
vendre sur le marché requiert de prévoir finement sa production
et de ne livrer que les volumes prévus, ce qui est difficile pour des
énergies intermittentes. Les producteurs devront donc installer des
systèmes de pilotage pour activer ou désactiver à distance
les outils de production, ce qui reviendra cher pour des petites installations.
D'où la nécessité de normaliser l'usage des
équipements électrique, la création d'un marché
où des opérateurs peuvent venir s'enquerir sur les
opportunités d'affaire, subventionner le secteur ou accorder des
facilités aux producteurs (reduction des coûts de
dédouanement des équipements liés à la production
). La production intermittente induit donc des coûts importants,
aujourd'hui pour le réseau, demain pour les producteurs directement face
au marché. En bref, la question de la rentabilité de la
production décentralisée dans un système
énergétique actuel reste d'actualité, et varie selon la
filière. Néanmoins, ces difficultés actuellement
rencontrées pourront peut-être se voir progressivement
surmontées, ce qui peut annoncer de meilleures perspectives pour la
production décentralisée.
A court terme, face à la multiplicité des
installations, la mutualisation et professionnalisation de la gestion de la
production décentralisée constitue un levier puissant
d'amélioration de performance. Avec le niveau bas
d'électrification dans les pays Africains, la politique de modernisation
du réseau électrique pourrait connaitre un succés car la
technologie étant en nette évolution, des régions comme
celle de l'Est du Cameroun pourrait avec son projet d'envergure être le
début de développement des villes intelligentes compte tenue de
la richesse de son sous-sol. Lorsque l'initiative politique est engagée,
un opérateur peut exploiter à distance et assurer la maintenance
de plusieurs installations par délégation. Il peut aussi
améliorer la valorisation de l'énergie produite, en affinant la
prévisibilité de la production grâce à un meilleur
suivi des centrales, en optimisant la production momentanée via le
pilotage à distance et le couplage avec des moyens de production
flexibles compensatoires. Ces leviers permettraient aux installations de gagner
en efficacité. Ainsi des nouveaux métiers de l'énergie
semblent se profiler. Notamment celui de l'agrégateur de production, qui
se constitue un portefeuille de ressources énergétiques
réparties complémentaires et parvient par ses compétences
en pilotage de production et en trading à mieux en valoriser la
production sur les marchés de l'énergie. Un agrégateur par
exemple proposera aux exploitants en fin d'OA un contrat d'achat pluri-annuel
ainsi que de la délégation d'exploitation et pourra se constituer
un portefeuille de par exemple
124
75 MW de puissance. Un autre agrégateur pour se
chargé d'achèter à des petits producteurs des centrales
hydro-électriques.
3.2.2.1. L'autosuffisance énergétique
par une production décentralisée d'électricité
Des perspectives à moyen terme se dessinent pour la
production décentralisée. D'une part les progrès
technologiques concourent à faire décroître le prix des
équipements. D'autre part les expérimentations de «smart
grids » se généralisent, en particulier à
l'échelle locale (« mini grids ») et esquissent les conditions
dans lesquelles la production décentralisée trouve toute sa
place. En effet, la mise en oeuvre de l'auto-consommation passe par l'ajout de
capacités de stockage et d'effacement, autrement dit la capacité
des équipements à stopper ou reporter automatiquement leur
consommation lors des pointes de charge. C'est exactement l'objectif du mini
grid, réseau intelligent voué à optimiser à tout
instant la performance du système via ces différents leviers.
La production décentralisée serait pleinement
pertinente au sein de ce type de système énergétique, qui
présente encore néanmoins de nombreux défis techniques.
Par ailleurs, face à notre paradigme actuel du système
énergétique centralisé, c'est une évolution
profonde du marché qui ne pourra être mise en oeuvre qu'à
travers des modalités économiques convaincantes.
Pour répondre rapidement aux préoccupations de
l'exploitant privé, il semble nécessaire que l'Etat recentre
l'effort d'investissement public sur quelques filières à fort
potentiel, en termes de rentabilité, de capacités disponibles,
et/ou de création de richesses en particulier
l'hydro-électricité, le solaire, la biomasse et le biogaz. Par
ailleurs il faut favoriser l'émergence de nouveaux acteurs à
l'instar de la valorisation de l'emploi d'agrégateur, qui donneront du
souffle au développement de l'énergie
décentralisée, tout en clarifiant au fure et à mesure ce
modèle d'affaire.
Le concepte de ville autossuffisante n'est pas nouveau.
Certaines villes dans le monde en font l'expérience à travers une
définition d'une bonne politique en matiére de production
décentralisée de l'énergie électrique et un cadre
legale favorable au développement de ce mode de production
d'énergie électrique à travers la valorisation des EnRs.
Pour cela, la commune devrait recentrer sa stratégie sur le
développement des énergies renouvelables. La diversification des
sources d'approvisionnement devient son mot d'ordre avec l'exploitation des
technologies solaires, hydroélectrique et de biométhanisation. Le
but est autant écologique que la protection des particuliers, et
notamment des ménages à faibles revenus, face à la
montée en flèche du prix du baril de pétrole et de la
déforstation. La commune ou le principe d'intercommunalité
pourrait définir un systèmes de fiancement des populations
locales qui feront la demande de disposer d'installations photovoltaïques
individuels ou en copropriété avec une coopérative ayant
reçu l'agrémenent d'exploitation.
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