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L'alternance codique dans l'émission radiophonique "média mania " de Jijel FM

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par Hanane Khelifi
Université Mohamed Seddik Ben Yahia, Jijel Algérie - Master en sciences du langage 2012
  

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PREMIèRE PARTIE

CADRE GéNéRAL DE L'éTUDE

DéFiNiTiON DES CONCEPTS

I. Le contact des langues

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Avant de parler du contact des langues et des phénomènes qui en résultent, il est utile de présenter, tout d'abord, une définition globalisante. En effet, selon Dubois & Al, le contact des langues est «l'événement concret qui provoque le bilinguisme ou en pose les problèmes. Le contact de langues peut avoir des raisons géographiques : aux limites de deux communautés linguistiques, les individus peuvent être amenés à circuler et à employer ainsi leur langue maternelle, tantôt celle de la communauté voisine. C'est là, notamment, le contact de langues des pays frontaliers... Mais il y a aussi contact de langues quand un individu, se déplaçant, par exemple, pour des raisons professionnelles, est amené à utiliser à certains moments une autre langue que la sienne. D'une manière générale, les difficultés nées de la coexistence dans une région donnée (ou chez un individu) de deux ou plusieurs langues se résolvent par la commutation ou usage alterné, la substitution ou utilisation exclusive de l'une des langues après élimination de l'autre ou par amalgame, c'est-à-dire l'introduction dans des langues de traits appartenant à l'autre...» 1

Une deuxième définition est donnée par Hamers. Pour l'auteure, « le contact des langues inclut toute situation dans laquelle une présence simultanée de deux langues affecte le comportement langagier d'un individu » (Hamers, in Moreau, p94). Ainsi, la présence de deux codes linguistique dans une situation lesquelles peuvent avoir une incidence sur le comportement langagier des locuteurs est une situation de contact de langues.

Le premier chercheur à avoir utilisé le terme de « contact des langues » est Weinreich (1953). Selon lui le contact des langues a d'abord lieu chez l'individu. Il oppose, de ce fait, la notion de contact de langue à celle de bilinguisme dans la mesure où le contact de langues renvoie à un état individuel (l'usage alternatif de deux langue) alors que le bilinguisme renvoie à la présence de deux (ou plusieurs langues) dans de la société.

La question des langues en Algérie a été enclenchée depuis quelques années et de nombreux chercheurs ont proposé une description et une analyse de la situation sociolinguistique algérienne. De multiples travaux ont été menés dans ce cadre, ainsi, Khaoula Taleb Ibrahimi(1996), AsselahRahal, (2000), Derradji, (1996) et Dourari(2003), ont montré que l'Algérie est un pays plurilingue dans la mesure où l'on assiste à la coexistence de plusieurs idiomes, notamment l'arabe standard, l'arabe algérien et le tamazight avec toutes ses diverses variétés et le français. Cette mosaïque linguistique se caractérise par sa

1Dubois, J & Al. (1994). Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, Paris .Larousse, p.115

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complexité et sa multiplicité. Parlant de la situation sociolinguistique en Algérie, Taleb-Ibrahimi souligne que : « Les locuteurs algériens vivent et évoluent dans une société multilingue où les langues parlées, écrites, utilisées, en l'occurrence l'arabe dialectal, le berbère, l'arabe standard et le français, vivent une cohabitation difficile marquée par le rapport de compétition et de conflit qui lie les deux normes dominantes (l'une par la constitutionalité de son statut de langue officielle, l'autre étrangère mais légitimée par sa prééminence dans la vie économique) d'une part, et d'autre part la constante et têtue stigmatisation des parlers populaires 2 (Taleb Ibrahimi 1998 : 22). L'auteure note d'abord que la société algérienne est multilingue dans la mesure où il y existe quatre langues différentes en usage quotidien par les locuteurs algérien, elle ajoute qu'un rapport de compétition et de conflit relie les langues en présence en Algérie, en particulier entre l'arabe standard dit aussi « scolaire » (Dourari, 2003, p8) et le français considéré comme première langue étrangère par l'Etat algérien.

Le contact entre les quatre langues en présence dans le paysage sociolinguistique algérien engendre de nombreux phénomènes, tels que le bilinguisme et la diglossie qui donnent à leur tour lieu à l'apparition des marques transcodiques dans les pratiques langagières des locuteurs algériens.

A la suite de Weinreich, plusieurs définitions ont été données au concept de bilinguisme. Dans le cadre de cette étude, nous entendons par bilinguisme « la situation linguistique dans laquelle les sujets parlants sont conduits à utiliser alternativement, selon les milieux ou les situations, deux langues différentes. C'est le cas le plus courant du plurilinguisme » (Dubois et Al op, cit p22). Cette définition porte sur l'utilisation alternée de deux langues selon la situation.

Partant de cette définition nous pouvons dire que le bilinguisme est un phénomène présent en Algérie dans la mesure où les locuteurs utilisent alternativement deux langues différentes à savoir arabe algérien/ français, berbère /arabe standard, berbère/ français.

Dans la société algérienne Khaoula Taleb Ibrahimi parle du « bilinguisme scolaire » qui résulte du contact de l'arabe et du français, il est « renforcé par l'adoption de ces deux langues comme langue d'enseignement dans le système », (Taleb Ibrahimi op, cit). L'auteure

2 Taleb-Ibrahimi K. 1998. « De la créativité au quotidien, le comportement langagier des locuteurs algériens ». In De la didactique des langues à la didactique du plurilinguisme, J. Billiez (dir.), Lidilem, Université de Grenoble 3, pp. 291-298.

atteste qu'après des années de scolarisation dans les deux langues, le locuteur algérien ne domine aucune des deux langues vu les résultats médiocres du système éducatif.

Quant au bilinguisme dans sa forme individuelle, c'est-à-dire les individus qui utilisent le français et l'arabe avec une égale compétence, selon la chercheure, ce dernier se limiterait à « une infirme minorité produit de circonstance exceptionnelles »

A la suite de Ferguson (1959), nous entendons par diglossie toutes situations ou coexistent de deux systèmes linguistiques génétiquement apparentés dans une communauté.

Ferguson souligne que dans une situation de diglossie, nous rencontrons, une variété prestigieuse dit H,langue des relations formelles et la variété L langue de la vie quotidienne.

En appliquant le modèle classique de Ferguson sur la situation linguistique algérienne, Khaoula Taleb Ibrahimi, a dégagé trois situations de diglossie dans le contexte algérien. La première situation comprend les deux variétés de l'arabe, l'arabe standard dit aussi classique et l'arabe dialectal. Ainsi, l'arabe standard occupe la position de variété H, langue

prestigieuse et reconnue comme langue officielle, alors que l'arabe dialectal dit
« Algérien »par Dourari (2003), « la langue maternelle de la majorité des Algériens et le véhicule d'une culture populaire riche et variée »(Talab Ibrahimi , 2003), est la variété L.

La chercheure avance que dans le contexte algérien, la variété L de l'arabe n'est pas exclusive aux domaines formels, nous pouvons rencontrer par exemple l'usage de l'arabe dialectal (variété L) dans les discours religieux. Voilà pourquoi elle écrit : « de continuelles incursions des deux variétés sont observées même dans des situations et types de discours considérés par C.Ferguson comme étant exclusivement réalisés dans l'une ou l'autre des variétés » (Taleb Ibrahimi, op, cit, p46)

La deuxième situation de diglossie dégagée par l'auteure se passe entre l'arabe et les dialectes berbères. Selon elle, « les dialectes berbères, non seulement, subissent une marginalisation millénaire, et ne bénéficient d'aucune reconnaissance officielle, mais bien plus, ils sont relégués au rang de dialectes patoisants »dans ce cas, la variété H est l'arabe, en revanche, les dialectes berbères sont considérés comme la variété L.

Quant à la troisième situation de diglossie qui a été établie par la colonisation entre la langue arabe et la langue française.

Nous rencontrons une autre description du phénomène de diglossie dans le paysage sociolinguistique algérien émise par Dourari (2003). Pour lui, le phénomène de diglossie en Algérie se présente entre les langues maternelles des locuteurs algériens, soit l'arabe algérien

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et le tamazigh utilisés dans des situations non formelles et dont l'« emploi est restreint aujourd'hui à la sphère des rapports informels ou domaine L »3 et l'arabe scolaire et le français, les langues du « domaine formel dit H » utilisées dans des situations formelles comme les institutions et les discours politiques

La situation de bilinguisme dans laquelle se trouve l'Algérie donne lieu à l'apparition de différents phénomènes linguistiques qui surgissent dans les échanges verbaux des locuteurs, à l'instar de l'emprunt, du mélange codique (code mixing) et de l'alternance codique.

Hamers définit l'emprunt comme« un mot, un morphème ou une expression qu'un locuteur ou une communauté emprunte à une autre langue, sans le traduire »(Hamers, in Moreau, 1997 : 136), dans cette définition Hamers explique les différents formes d'un emprunt, selon elle ,les segments empruntés sont souvent limités au lexique et peuvent être un morphème, un mot et même une expression à condition que ce segment ne soit pas traduits, c'est-à-dire pris tel qu'il est.

Dubois et Al soulignent qu'il y a emprunt linguistique« quand un parler A utilise et finit par intégrer une unité ou un trait linguistique qui existait précédemment dans un parler B (dit langue source) et que A ne possédait pas ; l'unité ou le trait emprunte sont eux-mêmes qualifies d `emprunts. » les auteurs précisent que c'est le besoin qui conduit une langue à pendre un trait ou unité lexicale dans une deuxième langue, chose qui donne lieu à l'emprunt.

Dans le contexte algérien le phénomène d'emprunt se manifeste surtout dans l'utilisation des mots de langue française dans des productions en arabe algérien. Ces mots sont intégrés dans le vocabulaire de l'arabe algérien de manière à en faire oublier la langue d'origine. Citons, à titre d'exemple : ambulance, visite, contrôle, banane, radio, numéro, clinique, ordonnance et analyse.

Un autre phénomène résultant du contact entre les langues est le code mixing défini par Hamers et Blanc (1989 : 455) comme « une stratégie de communication (...) il est caractérisé par le transfert d'éléments d'une langue Ly dans la langue de base Lx ; dans l'énoncé mixte qui en résulte on peut distinguer des segments unilingues de Lx alternant avec des éléments de Lx qui font appel à des règles des deux codes ». Les deux auteurs considèrent le mélange de codes comme une stratégie de communication dans laquelle un locuteur transfère un élément d'une langue dans la langue de base de son énoncé. Ce transfert fait

3 Dourrari, A. (2003) : Les malaises de la société algérienne, crise de langue, crise d'identité, Alger, Casbah

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appel aux règles grammaticales des deux langues. Les auteurs ajoutent « A la différence de l'emprunt, généralement limité à des unités lexicales, le mélange de codes transfère des éléments à des unités appartenant à tous les niveaux linguistiques et pouvant aller de l'item lexical à la phrase entière ;si bien qu'à la limite ,il n'est pas toujours de distinguer le code-mixing du code- switching »4. Les deux linguistes distinguent d'abord entre l'emprunt qui est limité à des unités lexicales, et le code-mixing où l'on peut transférer toute les unités linguistiques sans exception aucune. Ils avancent toutefois qu'il n'est pas toujours aisé de séparer le code-mixing d'une autre stratégie de bilingue : le code-switching. C'est d'ailleurs à ce dernier phénomène que nous consacrons la suite de notre exposé.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote