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Problématique de la fondation épistémologique des sciences de la culture chez Ernst Cassirer

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par Marcellin Tibérius KALOMBO MBUYAMBA
Université catholique du Congo - Master  2011
  

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II. 1.2. Les sciences de la culture :

Avant de pouvoir définir ce que sont les sciences de la culture, nous devons d'abord comprendre ce que Cassirer considère comme culture. Il appelle culture, « le procès de libération progressive de soi de l'homme. Le langage, l'art, la religion, l'histoire et la science, sont les divers moments de ce procès »101(*). Il s'ensuit que la culture étudie l'homme, son vécu et son histoire dans le cours du temps. Cependant, il existe plusieurs terminologies à propos des sciences ayant trait à l'homme. Dans le milieu français, on parle plus des « sciences humaines ou sciences de l'homme »102(*) et dans le milieu Allemand, il est question des sciences de la culture. De notre coté, nous optons la terminologie de notre auteur qui préfère les sciences de la culture au lieu des sciences de l'homme ou de l'esprit. Car, ces dernières, ont pour l'objet d'étude l'esprit humain dans sa manifestation psychologique.

En effet, les sciences de la culture ne peuvent pas éviter l'anthropocentrisme103(*). C'est ainsi que l'objet des sciences de la culture est les productions humaines, c'est-à-dire l'homme, son histoire, ses vécus et ses traditions. Il s'agit en outre dans ces sciences, d'étudier la culture humaine : « cette réalité créée, préservée, transformée ou détruite par les hommes tout au long de leur histoire ».104(*) Il s'ensuit que la culture se diffère de la nature, parce qu'elle traite les productions de l'homme. En plus, partant toujours du principe d'Emmanuel Kant sur la constitution et de la régulation de la connaissance qui est notre point de référence, au moment où les sciences de la nature constituent leur propre objet d'étude, les sciences de la culture ont déjà un objet constitué : il s'agit de l'homme et toutes ses productions. Ce sont « les institutions, l'histoire et la tradition humaine »105(*). C'est pourquoi, si les sciences de la nature ont un caractère général des faits à étudier afin de formuler les lois universelles, l'objet des sciences de la culture n'est pas le monde comme tel, mais seulement une sphère très particulière qui, du point de vue spatial, est très réduit : c'est l'homme.

En tant que science de l'homme et de ses vécus, certains épistémologues comme le professeur Akenda à la suite de Husserl106(*), assignent le monde-de-la-vie (Lebenswelt)107(*) comme objet des sciences de la culture. Car, dans ce monde-de-la-vie il y a l'existence de l'agir de l'homme qui se comprend et « se laisse interpréter comme ce monde de la totalité d'action à exercer sans aucune profession spécifique d'un savant. Cet agir non professionnel réside dans les activités qu'on exerce dans la compréhension spontanée de chaque jour parce qu'elles sont des expressions de notre vie »108(*). Donc, il s'agit dans ce contexte, d'une culture ordinaire qui est une culture construite conceptuellement.

En sus, le but de ces sciences n'est pas l'universalité des lois109(*) comme dans les sciences de la nature, mais elles s'orientent à connaitre « la totalité des formes dans lesquelles la vie lui-même se déroule »110(*). Les différentes formes de cette totalité, sont diversifiées et n'ont pas une structure identique. Raison pour laquelle, les sciences de la culture ont plusieurs méthodologies pour approcher les faits. Encore qu'au cours de l'évolution de cette culture, il s'agit de l'homme que nous rencontrons dans ses multiples facettes et manifestations, c'est ce qui crée la pluralité méthodologique des sciences de la culture. Chaque science de la culture a ses méthodes propres d'approches de la connaissance de l'homme. A cet effet, la culture ne nous permet pas de bien la comprendre. C'est ainsi que Cassirer affirme que, « la culture nous sera accessible dans la mesure où nous saisissons et nous entrons avec l'action et cette entrée ne se fait pas toujours dans le présent immédiat, mais un processus »111(*).

Nous devons aussi signaler que les sciences de la culture, dites aussi sciences humaines, sciences sociales et historiques, sont celles qui du point de vue, épistémologique pose problème. Elles connaissent plusieurs fois une crise des fondements due d'une part à l'hégémonie des sciences empiriques de la nature et d'autre part, à leur objet qui est l'homme. Ce dernier est toujours changeant et ce qu'il produit relève toujours de la réalité de la vie ordinaire. Alors, comment pouvons-nous défendre la scientificité d'une telle science ? Nous devons signaler que, la crise des fondements des sciences de la culture entraine en même temps une certaine léthargie dans les recherches et les études philosophiques de ces disciplines.

En effet, du point de vue méthodologique, ces sciences ont connu des problèmes sérieux quant à la voie à suivre. Tout part de l'hégémonie des sciences de la nature  qui ont imposé à toutes les sciences leur modèle d'objectivité. C'est ainsi qu'à leur naissance, les sciences de la culture avaient opté pour la méthode expérimentale des sciences physiques. Par après, les épistémologues de la culture se sont rendu compte que cette méthodologie ne permettait pas l'émergence des sciences de la culture. On ne pouvait pas «  expérimenter un fait psychique s'il s'agissait de la psychologie à la physique »112(*). Raison pour la quelle, vue la pluralité des faits culturels à étudier, on associa une méthode propre à chaque branche des sciences de la culture.

Par ailleurs, au moment où les sciences de la culture ont pour mission d'élaborer les lois et théories scientifiquement universalisables pour tout homme, de tout temps et de tout lieu, les sciences de la culture s'évertuent à interpréter les différentes productions de l'homme afin de comprendre la signification du comportement et de « l'action individuelle ou collective de l'homme »113(*). De là, la méthode appropriée pour les sciences de la culture est l'herméneutique114(*).Car, les oeuvres de la culture sont d'ordre de l'interprétation parce qu'il s'agit de l'action de l'homme.

Tout compte fait, la culture qui nous concerne dans les sciences de la culture est une « culture pour ainsi dire construite selon les schémas méthodologico-conceptuels des chercheurs scientifiques dans les sciences de la culture »115(*). Les sciences ne valent leur pesant d'or que dans la mesure où elles ont un objet, une méthode et un but. A travers l'analyse épistémologique de cette première partie, nous constatons que, et les sciences de la nature et les sciences de la culture du point de vue épistémologique sont considérées comme des sciences car elles ont un objet et une méthode à suivre. Cependant, la théorie de la conceptualisation va éclairer davantage notre approche, car la science ne se comprend que dans la mesure où elle est conceptualisable dans le langage.

* 101 E. CASSIRER., Essai sur l'homme, p.317

* 102 J. PIAGET., Epistémologie des sciences de l'homme. Paris, Gallimard, 1972,380p.

* 103 E. CASSIRER., Logique des sciences de la culture, p.164

* 104 J-C AKENDA., O.C., p.76

* 105 Ib. O.C., p.78

* 106 E. HUSSERL., La crise des sciences des sciences européennes et phénoménologie

transcendance, Paris, Gallimard, 1976.

* 107 Ib.O.C., p.77

* 108 Ib.O.C., p.84

* 109 E. CASSIRER., Logique des sciences de la culture, p.165

* 110 E. CASSIRER., O.C., p.165

* 111 E. CASSIRER., O.C., p.165

* 112 G.G.GRANGER., La raison, p.89

* 113 J. LADRIERE., Sciences et discours rationnel, p.554

* 114 E.CASSIRER., Logique des sciences de la culture, p.189

* 115 J-C AKENDA., O.C., p.156

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