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Presse et organe de régulation au Burundi. contribution a une analyse critique de la relation entre la radio publique africaine et le CNC

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par Hubert SEREMBA SHUHURU
Universite du Lac Tanganyika - Licence en communication sociale 2010
  

Disponible en mode multipage

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«Presse et organe de régulation au Burundi.
Contribution à une analyse critique de la relation entre la
Radio Publique Africaine et le Conseil National de la
Communication
».

Sous la direction de :

Dr. J.-M. KATUBADI BAKENGE

Mémoire présenté et défendu publiquement en vue de l'obtention du grade de Licencié en Communication Sociale

- 1 -

1 R. MANOFF, Jeux de rôles : Le rôle potentiel des médias dans la prévention des conflits et la gestion, Track two, Université de Cape town, 1998, p.12.

EPIGRAPHE

« Quand ils sont conformes aux normes professionnelles, les médias ont en soi une influence positive sur la résolution des conflits et la consolidation de la paix ».1

- 2 -

DEDICACES

A la grande famille SEREMBA NDENDERE ; SENDET ; KABASSELE BONI ;

Aux familles RUGUSA NDENDERE et BISIMWA Charles qui m'ont donné le sens de la vie et compté toujours parmi les leurs. Qu'ils sentent que leur générosité et abnégation ont été de grand secours dans l'élaboration de ce travail et la poursuite de nos études.

Que tous trouvent en cette oeuvre de mes durs labeurs l'expression de ma profonde gratitude et la moisson du fruit auquel leurs sacrifices ont contribué.

SHUKURU SEREMBA Hubert

- 3 -

REMERCIEMENTS

Au terme de notre travail de fin d'études de Licence en Communication Sociale, nous avons le plaisir d'adresser nos sentiments de reconnaissance au Professeur J-M. KATUBADI BAKENGE qui, malgré ses multiples occupations, a bien accepté de diriger le présent mémoire.

Nous exprimons nos sincères remerciements à tous les professeurs qui enseignent à l'Université du Lac Tanganyika au département de sociologie et communication sociale pour la formation académique dont ils nous ont fait bénéficier.

Nous remercions aussi toutes les personnes qui ont contribué à sa réalisation. Que tous ceux qui se sont rendus disponibles pour nous fournir des sources tant orales qu'écrites trouvent ici l'expression de nos vifs remerciements.

Un grand merci à toutes les personnes qui, de près ou de loin, nous ont accordé leur soutien tant matériel que moral pour sa mise au point.

- 4 -

SIGLES ET ABREVIATIONS

ABR : Association Burundaise des Radiodiffuseurs

APB : Agence de Presse Burundaise

Art. : Article

CENI : Commission Electorale Nationale Indépendante

CNC : Conseil National de la Communication

CVR : Commission Vérité et Réconciliation

DVD : Digital Vidéo Disc

ETB : Ecole Technique de Bubanza

Etc. : etcétéra (Ainsi de suite)

FFB : Fédération de Football Burundais

FM : Fréquences Moyennes

GDEL : Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse

http// : hyper text Transfer Protocol

LDGL : Ligue des Droits de la Personne dans la région des Grands Lacs

Me : Maître

: Numéro

NTIC : Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ONU : Organisation mondiale des Nations-Unies

O.P.B : Observatoire de la Presse au Burundi

OUA : Organisation de l'Union Africaine

p. : page

PACAM : Programme Commun d'Appui aux Médias

pp. : de la page...à la page...

RPA : Radio Publique Africaine

RTNB : Radio Télévision Nationale Burundaise

TFI : Télé France Internationale

TV : Télévision

U.B.J : Union Burundaise des Journalistes

ULT : Université du Lac Tanganyika

www : world wide web (Toile d'Araignée mondiale)

Op.cit. : Opere Citato (Ouvrage déjà cité)

PUF. : Presse Universitaire Française

- 5 -

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE - 1 -

DEDICACE - 2 -

REMERCIEMENTS - 3 -

SIGLES ET ABREVIATIONS - 4 -

TABLE DES MATIERES - 5 -

INTRODUTION GENERALE - 7 -

1. Enonciation et justification - 7 -

2. Problématique - 8 -

3. Formulation des hypothèses - 9 -

4. Objectifs de recherche - 9 -

5. Méthodologie du travail - 10 -

6. Délimitation du sujet - 15 -

7. Subdivision du travail - 15 -

CHAPITRE PREMIER : SUPPORTS CONCEPTUELS ET THEORIQUES - 16 -

I.1. Théorie : Définition et application - 16 -

I.1.1. Le concept de « Crise » - 16 -

I.1.2. Le concept de « Confiance ». - 18 -

I.1.3. Le concept de « Liberté » - 18 -

I.1.4. Le concept d' « Organe de régulation » - 21 -

I.1.5. le concept de « Communication » - 22 -

I.1.6. Le concept d' « Information » - 25 -

I.1.7. La désinformation - 26 -

I.1.8. La sous-information - 27 -

I.1.9 La surinformation - 28 -

I.1.10. Le concept de « Média » - 28 -

I.1.11. Le concept de « Presse » - 30 -

I.1.12. L'éthique et la déontologie professionnelle des médias - 31 -

I.2. Les théories - 31 -

I.2.1. Considération générale - 31 -

I.2.2. La Doctrine Autoritaire - 32 -

I.2.3. La Doctrine libertariènne - 33 -

I.2.4. La Doctrine libérale - 34 -

I.2.5. La Théorie de la responsabilité sociale des médias - 35 -

I.3. Conclusion partielle - 37 -

- 6 -

CHAPITRE DEUXIEME : PRESENTATION DU PAYSAGE MEDIATIQUE - 37 -

BURUNDAIS. - 38 -

II.1. Présentation des organes de la presse burundaise. - 38 -

II.1.1. La presse écrite - 38 -

II.1.1.1. Le cadre légal et réglementaire de la presse burundaise - 40 -

II. 1.1.2. La déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 - 40 -

II. 1.1.3. Le pacte international relatif aux droits civils et politiques - 40 -

II. 1.1.4. La charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981. - 41 -

II. 1.1.5. La loi sur la presse du 27 Novembre 2003. - 41 -

II. 1.2. Les radios - 42 -

II. 1.2.1. Les radios publiques - 43 -

II.1.2.2. Les radios privées - 44 -

II. 1.3. La Télévision - 44 -

II.2. Présentation des Associations de la presse au Burundi. - 45 -

II. 2. 1. L'Observatoire de la Presse au Burundi - 45 -

II. 2. 2. L`Association Burundaise des Radiodiffuseurs - 46 -

II. 2. 3. L'Union Burundaise des Journalistes - 46 -

II.3. Présentation du cadre de recherche - 47 -

II.3.1. Présentation de la radio Publique Africaine (RPA) - 47 -

II. 3.2. Le Conseil National de la Communication (CNC) - 55 -

II.4. I.3. Conclusion partielle - 68 -

CHAPITRE TROISIEME : ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS - 69 -

III.1. Présentation du terrain de l`enquête - 69 -

III.2. Cadre méthodologique - 69 -

III.2. 1. Méthodes et Approches - 69 -

III.2. 2. Téchniques - 74 -

III.2. 3. Déroulement de l'enquête - 76 -

III.3. Résultats des entretiens avec les représentants des organes et médias du Burundi ...- 81 -

III.4. Analyse qualitative des résultats d`enquête - 83 -

III.5. Discussion et validation des hypothèses de recherche. - 90 -

CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS - 92 -

BILBIOGRAPHIE - 97 -

ANNEXES - i -

- 7 -

INTRODUTION GENERALE

1. Enonciation et justification

Le sujet de notre travail est intitulé « Presse et Organe de régulation au Burundi. Contribution à une analyse critique de la relation entre la Radio Publique Africaine et le Conseil National de la Communication. ».

L'examen de ce sujet nous permettra de contribuer à la compréhension de la nature des relations entre le Conseil National de la Communication et les médias privés en général et la RPA en particulier. Ces relations doivent être fondées sur des valeurs de probité et de transparence pour espérer bien servir le public.

En effet, à travers cet intitulé, nous nous proposons d'analyser la situation polémique qui a souvent caractérisé les relations entre la Radio Publique Africaine et le Conseil National de la Communication au Burundi.

Le sujet nous a beaucoup intéressés suite au rôle important que jouent respectivement les médias et le Conseil National de la Communication (CNC) dans le traitement de l'information donnée au public et dans la régulation des médias.

Au Burundi, le Conseil National de la Communication entre souvent en désaccord avec les médias privés en ce qui concerne le traitement et la diffusion de l'information.

En matière de communication, la régulation des médias s'avère très primordiale car dans la responsabilité sociale des médias, ceux-ci sont considérés comme une arme à double tranchant. De fait, s'ils sont mal utilisés les médias peuvent engendrer le désordre social.

La cacophonie médiatique provoquée par les censures et les déclarations intempestives des abus des médias privés ne nous a pas laissés indifférents. C'est pour cette raison que le public ne cesse de se poser des questions relatives au fonctionnement du Conseil National de la Communication et à la liberté dont doivent bénéficier les médias au Burundi.

Ces questions exigent des réponses qui pourront bien servir des chercheurs intéressés par la problématique de la nature de la relation entre les médias burundais et le Conseil National de la Communication (CNC), le rôle joué respectivement par les médias et le Conseil National de la Communication dans la diffusion de l'information au public et dans la régulation des médias.

- 8 -

2. Problématique

Le développement des médias s'insère dans les grandes découvertes qui caractérisent la civilisation industrielle. Aussi, l'individu a-t-il besoin d'informations perpétuellement renouvelées et actualisées pour être à mesure de répondre aux sollicitations d'un monde en continuelle évolution. PINTO R., fait savoir que : « Notre société a besoin d'un compte rendu exact et précis des événements du jour. Nous avons besoin de savoir ce qui se passe dans notre ville, dans notre région, dans la nation. Nous avons besoin d'informations sûres concernant les autres pays ».2

Au Burundi, si le libéralisme médiatique de 1992 a permis l'émergence d'une presse pluraliste, il a parfois favorisé, voire exacerbé les discours les plus radicaux ; certains médias prêchant ouvertement la haine et la xénophobie à l'endroit de telle ou telle communauté.3

En réagissant contre la dérive médiatique des années 1994-1995, la ligue des journalistes burundais avec le concours de l'Unesco s'est engagée à redéfinir le rôle joué par les professionnels des médias. Une nouvelle génération des médias vit le jour avec la naissance des radios indépendantes. En 1998, les Journalistes burundais adopteront un code d'Ethique et de Déontologie professionnelle afin de responsabiliser davantage les Journalistes burundais dans l'exercice de leur métier4. C`est avec l`avènement de la démocratie que les instances de régulation sont apparues au Burundi comme ailleurs en Afrique dans les années 1990.

Le Burundi dispose d`un organe de régulation depuis 1992 : le Conseil National de la Communication. Les objectifs de la création du CNC était de garantir le pluralisme médiatique et la diversité de l`information, de réduire le monopole de l`Etat sur le secteur médiatique. Au Burundi, le CNC rencontre des difficultés comme d`autres instances en Afrique. Les professionnels des médias ont accusé et accusent toujours le CNC d`incompétence et d`être l`instrument du pouvoir en place. Sous un autre aspect, le CNC rencontre des difficultés de l`insuffisance des moyens matériels et financiers pour son bon fonctionnement.

2 R. PINTO, La liberté d'opinion et d'information, Paris, Montchrestien, 1995, p. 35.

3 Ligue des Droits de la personne dans la région des Grands Lacs, Etat des médias dans la région des grands lacs, Kigali, Décembre, 2004, p. 17.

4 Idem.

- 9 -

Selon les réponses des enquêtes faites auprès des responsables des médias et de leurs associations, en dépit de l'adoption du code de déontologie et la connaissance de la nouvelle définition des droits et de devoirs du journaliste, les professionnels des médias privés ne font pas confiance à la façon dont le CNC traite les différends qui opposent la RPA à des personnes qui se sentent lésées par des publications de ce média. D'autres problèmes soulevés à cette fin, sont des lacunes constatées dans son fonctionnement et le manque d`indépendance. C`est ce constat qui nous pousse à analyser la nature des rapports que le CNC entretient avec la RPA. Celle-ci pose à notre étude les questions suivantes :

- Dans le contexte de pluralisme médiatique, quel rôle doivent jouer le CNC et la

RPA ?

- A quoi est liée la situation de conflit souvent observé dans les rapports entre le Conseil National de la Communication et la Radio Publique Africaine?

Formulation des hypothèses

R. OUIVY et L.V. CAMPENHOUDT considèrent que l'hypothèse est : « une proposition provisoire, une présomption qui demande à être vérifiée ».5

En vue donc de répondre aux questions susmentionnées, nous proposons les hypothèses ci-après :

- Le conflit observé ces derniers temps entre le Conseil National de la Communication et la Radio Publique Africaine, est dû d'une part à l'usage abusif de la liberté de la presse, d'autre part à la volonté manifeste de l'enfreindre.

- La solution à cette situation de conflit passe par la régulation de la liberté de la presse dans le strict respect par le CNC et la RPA des textes de régulation en vigueur.

3. Objectifs de recherche

L'actuel paysage médiatique burundais montre que les régulateurs sont souvent méprisés, craints ou décriés par les milieux journalistiques et médiatiques. Aussi sont-ils perçus avant tout comme des censeurs, des policiers du secteur des médias, voire comme des instruments politiques menaçant la liberté d'expression car ils ne parviennent pas à démontrer qu'ils sont avant tout des outils au service de la consolidation de la démocratie et

5 R.OUIVY et L.V.CAMPENHOUDT, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 2è éd. 1995, p. 15.

- 10 -

des instruments nécessaires de responsabilisation des acteurs de la communication. Ce travail poursuit deux objectifs :

4.1. Objectif général

L'objectif général de ce travail est de provoquer une réflexion critique sur les enjeux de régulation et de professionnalisation des médias, transformés aujourd'hui par le manque d'expérience et le développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication.

4.2. Objectifs spécifiques

Ceux-ci sont d'un triple ordre :

Renseigner le lecteur sur le rôle et les attributions du CNC dans la régulation de la profession des journalistes.

Apporter une contribution à la formation d'une presse responsable et indépendante au Burundi.

Permettre à chacune des ces institutions (médias et organes de régulation) de réfléchir sur la manière d'exercer son métier.

5. Méthodologie du travail

Selon M. GRAWITZ, la méthodologie est : « une branche de la logique qui étudie les principes et les démarches de l'investigation scientifique et de ses méthodes ».6

Littéralement la méthodologie est considérée comme une science ou le discours (logos) sur la méthode, la cartographie des méthodes ou tout simplement la méta-méthode ou méthode des méthodes. C'est pourquoi la méthodologie est importante.

En effet, lorsqu'on travaille sur un domaine, on peut établir une suite de questions à se poser, des personnes à aller voir et à interroger, d'informations à collecter, d'opérations à effectuer, en vue de faire des choix. Cette pratique permet au chercheur de mener de manière plus efficace une étude en vue de résoudre le problème. Nous pouvons donc dire que la méthodologie est cette systématisation de l'étude, indépendamment du thème à étudier lui-même.

6 M. GRAWITZ, Lexique des sciences sociales, Paris, Dalloz, 8ème édition, 2004, p. 274.

- 11 -

Dans cette optique d'ailleurs, Balle définit la méthodologie comme « ensemble de méthodes et techniques de recherche appliquées à l'étude d'un domaine particulier ».7 Dans ce travail, nous allons utiliser les méthodes et techniques suivantes : a) Méthode

Le mot méthode, vient du grec ancien (methodo) qui signifie la poursuite ou la recherche d'une voie pour réaliser quelque chose. Le mot est formé à partir du préfixe (meta, meth) c'est-à-dire « après ou qui suit » et (odos) « chemin, voie, moyen ».8 Pour GRAWITZ, la méthode est : « un ensemble d'opérations intellectuelles pour lesquelles un disciple cherche à atteindre une certaine fin, une découverte ou une preuve de vérité ».9 Nous utilisons, dans ce travail les trois modèles paradigmatiques :

- l'historicisme : le paradigme lié à la recherche de l'essentiel.

- le fonctionnalisme : le paradigme de type déterministe.

- l'herméneutique analytique : le paradigme de type qualitatif.

a.1. L'historicisme :

Il est l'avatar sociologique des philosophies de l'histoire. C'est une conception

commune aux théories sociologiques selon laquelle l'histoire des sociétés, leur évolution, leur succession sont soumises à des lois. Ce paradigme explique de façon objective que le passé est radicalement différent du présent et qu'il ne peut être appréhendé qu'en fonction de son contexte propre.10

Nos sociétés humaines donnent une place centrale à l'idée d'un devenir qui ouvre sur un futur qui n'est inscrit nulle part à partir d'un passé qui n'agit que par le sens qui lui est donné. Ce modèle paradigmatique offre donc l'avantage de sortir d'un opportunisme conjoncturel, d'en tirer les conséquences du fait qu'il est impossible de comprendre certains objets étudiés par les sciences de l'information et de la communication si l'on ne fait pas un retour sur le passé voire sur un passé lointain, de satisfaire enfin à l'exigence épistémologique qui consiste à se départir de la « normalité » apparente du présent pour examiner ce qui , dans le passé constitue un héritage structurant ce présent.

7 F. BALLE, Médias et Société, Paris, Montchrestien, 9ème éd., 1999, p. 775.

8 http://fr.wwikipedia.org/wiki/Méthode. /Consulté le 02 Septembre 2012. 9Ibid.

10 Microsoft® Etudes 2008[DVD]. Microsoft Corporation, 2007.

- 12 -

Pour de plus amples renseignements sur ce paradigme, la notion du fonctionnalisme nous sera très indispensable.

a.2. Le fonctionnalisme:

Cette théorie conçoit la société comme un ensemble d'éléments fonctionnant en vue de se maintenir entre eux, et dont la perturbation d'un élément peut produire le dysfonctionnement des autres. L'apport de cette théorie à notre travail est capital, elle nous permet de comprendre que la vie d'une société tient à la dialectisation du fonctionnement et

du dysfonctionnement. Toutefois, nous devons être prudents. En fait, la critique
Durkheimienne nous renseigne que « la plupart des sociologues croient avoir rendu compte des phénomènes une fois qu'ils ont fait voir à quoi ils servent, quel rôle ils jouent. Au contraire, il faudrait, pour expliquer une institution, considérer tout d'abord ses causes, les conditions d'apparition qui lui ont donné naissance. Il se peut qu'au cours du temps les fonctions aient changé : [...], l'organe est indépendant de la fonction, c'est-à-dire que, tout en restant le même, il peut servir à des fins différentes.11

Dans la même conception, MARGARET Mead, recommande aux chercheurs de ne pas éluder la question des fonctions. Cependant, il propose deux conditions pour en faire bon usage :

- D'abord, éviter l'erreur de prétendre qu'une institution a une fonction par rapport à la totalité sociale. La société n'est pas homogène car, les sous-systèmes sont tellement multiples qu'un élément peut être fonctionnel dans un sous-système et dysfonctionnel pour les autres.

- Puis, faire une distinction éclairante entre les fonctions manifestes et les fonctions latentes. Par exemple, un élu du peuple a pour fonction de voter les lois, mais il peut dans certaines circonstances, assurer des fonctions latentes comme celles de servir de relais pour une propagande idéologique pour un parti politique.

Les réflexions sur les fonctions, permet de nous éclairer sur les formes d'actions entreprises par toute institution malgré ses limites. Le paradigme du fonctionnalisme ne peut être éliminé de la démarche de l'anthropologie de la communication.

11 E. DURHEIM, Les règles de la méthode sociologique, 1895, cité dans, Dictionnaire de sociologie, p.184.

- 13 -

a.3. L'herméneutique analytique

Dans ce travail, nous nous servirons de la méthode herméneutique qui, selon Paul RICOEUR, tire son origine du grec hermeneuiein qui se traduit par « expliquer ». Chez les théologiens, elle est une science de la critique et de l'interprétation des textes bibliques.

Les philosophes, quant à eux, la définissent comme une théorie de l'interprétation des signes comme éléments symboliques d'une culture.12 En fait, Paul RICOEUR ne s'éloigne pas du tout des Théologiens quand il définit l'herméneutique comme une science, une technique d'interprétation des textes,13 du sens propre, l'herméneutique recherche de la portée des textes qui procède par observation, analyse et interprétation. L'essentiel est donc de comprendre le processus par lequel la configuration des textes sert de médiateur entre la préfiguration du champ pratique et sa réfiguration par la réception de l'oeuvre.

Les principaux postulats que nous pouvons retenir de l'herméneutique sont les suivants :

- La réalité sociale cache toujours son sens.

- Les faits proviennent de l'interaction entre les membres d'une structure.

- Le paradoxe des faits sociaux évolue par le fait de contradiction.

Dans ce contexte, il nous sera utile de ressortir des faits significatifs et explicatifs susceptibles de fournir des preuves et servir d'arguments par rapport à nos préoccupations. Etant donné que ce travail est une recherche du sens du principe de l'analyse des relations entre un organe de régulation et un média, le recours au constructivisme est nécessaire car ce dernier stipule que le sens n'est pas un donné, mais plutôt une émergence par rapport au contexte. Sous cet angle, Roland Barthes montre que le sens du texte n'est pas un axiome, il n'est pas donné mais se construit selon le locuteur.14

Ainsi, dans ce travail, la méthode herméneutique nous permettra d'analyser les résultats des entretiens tenus avec les différents responsables de certaines radios privées, du CNC, les organes d'autorégulation des médias au Burundi (l'O.P.B.) et les syndicats des journalistes (l`UBJ).

12 Dictionnaire Encyclopédique, Petit Larousse illustré, Paris, 2007.

13 P. RICOEUR, cité par Innocent OLENGA LUMBAHEE, dans, Dépénalisation des délits de presse en RDC : Analyse de l'action des JED. Approche sociologique du droit de l'information. Mémoire de Licence, IFASIC, 2010, p. 2.

14 R. BARTHES, cité par EKAMBO J-C, dans, Paradigmes de communication, Ifasic, éditions, Kinshasa, 2004, p. 95.

- 14 -

b) Techniques

Les techniques sont définies comme : « procédé ou ensemble des procédés mis en oeuvre pour obtenir un résultat déterminé dans un domaine particulier ».15 Grawitz les définit comme « des outils mis à la disposition de la recherche et organisés par la méthode dans ce but ».16

Pour notre travail, nous retenons les deux techniques de collecte de données suivantes : la recherche documentaire et l'observation directe :

? La Recherche documentaire

Elle nous permet de consulter les différents documents comme les rapports, les travaux de recherche, les mémoires, les articles de revue ainsi les ouvrages en rapport avec le sujet.

? L'Observation directe

L'observation, dans le sens général, est la technique la plus usuelle de recueil et d'analyse des données verbales et non verbales. Elle permet un travail sur le comportement manifeste plutôt que sur des déclarations de comportement.

L'observation directe, quant à elle, consiste à observer les phénomènes que l'on étudie dans le lieu et l'instant où il se produit. Il s'agit d'une observation systémique pratique dans le cadre défini d'une recherche, selon les règles précises et en vue de tester des hypothèses.17

Dans ce travail, l'observation directe nous permettra de nous rendre compte de la situation par des visites à la RPA, à l'Observatoire de la Presse Burundaise, à l'Union Burundaise des Journalistes et au Conseil National de la Communication.

L'observation directe sera épaulée par l'entretien qui nous aidera à recueillir les éclaircissements auprès des responsables de la RPA, du CNC, de l'U.B.J et de l'O.P.B.

De plus, pour avoir des plus amples informations, nous aurons à recourir à l'enquête par questionnaire dont nous nous servirons dans la collecte des données auprès des professionnels des médias privés et d'autres membres de ces organes : (O.P.B et U.B.J).

15 Microsoft® Etudes 2008[DVD]. Microsoft Corporation, 2007.

16 M. GRAWITZ, op.cit. p. 334.

17 http://www.inh.fr/enseignements/idp/outils/etude_marche/observationpsycho_socio.pdf./consulté, le 20 Sept. 2012.

- 15 -

6. Délimitation du sujet

Délimiter un sujet consiste à circonscrire son champ d'étude dans le temps et dans l'espace. Ceci dépendra des objectifs poursuivis par le chercheur et les entraves qu'il va rencontrer au cours de ses investigations.

Sur le plan temporel, nous allons donc travailler sur une période quinquennale. C'est-à-dire, allant de 2007 à 2011 pour des raisons d'actualité et de précision.

En ce qui concerne le plan spatial, notre étude se limitera au territoire Burundais plus précisément à Bujumbura où siège le CNC, la RPA, ainsi que les organes pris comme échantillon d'enquête (O.P.B et U.B.J).18

7. Subdivision du travail

Notre travail est subdivisé en trois chapitres :

Le chapitre premier parlera de supports théoriques et conceptuels en rapport avec notre sujet de recherche. Cela implique les définitions des différents concepts-clés figurant dans cette recherche. Ce chapitre présentera également la définition des différentes théories de communication en rapport avec ce travail.

Le chapitre deuxième parlera de la présentation du paysage médiatique Burundais. Il nous sera aussi très utile de faire une succincte présentation des organes vers lesquels notre enquête sera orientée.

Le chapitre troisième se penchera sur la démarche méthodologique. Ce chapitre sera clôturé par une analyse critique et l'interprétation des résultats obtenus dans l'enquête menée. Le chapitre se terminera par des suggestions à l'endroit du Conseil National de la Communication (CNC), des médias privés et du pouvoir en place.

18 O.P.B, U.B.J, ABR, le choix de ces différentes associations se justifie par le travail qu'elles font dans le sens de fonctionnement de médias.

- 16 -

CHAPITRE PREMIER : SUPPORTS CONCEPTUELS ET THEORIQUES

Le mot concept, vient du latin « conceptus », qui signifie « action de contenir », ou même encore, « pensée ou conception de l'esprit ». Comme tout langage scientifique, la sociologie use des concepts spécifiques qui désignent soit des relations abstraites (comme déterminations, fonctions, structures), soit des êtres concrets (individus, groupes, associations), soit des processus (interactions, mutations), soit des propriétés (dominants, dominés) ou des types de pratiques (travail, éducation, interactions symboliques, etc.).

Dans cette logique, précisons que seule la définition nous permet de dire ce qui fait qu'une chose est ce qu'elle est. Elle en envisage l'essence. Mais comme il existe plusieurs genres de définitions, dans ce travail il nous faudra trouver celles qui couronnent l'objet considéré. Ainsi, le concept ne saurait être une simple copie de la réalité. Le concept est une construction symbolique. Il importe de rendre compte du travail de construction qui le rend pleinement intelligible.

I.1. Théorie : Définition et application

La théorie est définie comme une connaissance spéculative, idéale, indépendante des applications. Elle est un ensemble de lois systématiquement organisées, soumises à une vérification expérimentale et qui vise à établir la vérité d'un système scientifique19. Est-il possible et utile de proposer une ou plusieurs définitions de la théorie allant au-delà de ce qui a été esquissé dans le liminaire ? Proposer une seule définition du concept n'est pas illégitime mais présente le risque de fermer le débat avant qu'il ne soit engagé.

Dans ce chapitre, nous proposons d'abord de définir les concepts clés de notre travail, puis nous présenterons le cadre de référence, celui des théories qui seront utilisées. I.1.1. Le concept de « Crise »

Le terme de crise est polysémique. Il est défini tantôt comme : une brusque variation qui intervient dans le cours d'une maladie, une manifestation aiguë d'une affection (Cas de la crise cardiaque ou psychologique), tantôt une période de trouble, d'instabilité, de tension dans l'évolution d'une société ou d'une institution (cas de la crise sociale), tantôt l'intervalle entre la chute d'un gouvernement et son remplacement par un autre (cas de la

19 Dictionnaire Encyclopédique, Petit Larousse en couleur, Paris, 1999, p. 977.

- 17 -

crise politique ou ministérielle),20 tantôt une rupture d'équilibre entre la production et la consommation (cas de la crise économique).

K. Marx, tend à élargir la signification du concept car, selon les formulations du Manifeste du parti communiste, le mode de production capitaliste et d'exploitation du prolétaire est structurellement, un régime de crise sociale. Lorsqu'elle est vécue, la crise sociale déchire les liens féodaux et oppose propriétaires aux non propriétaires. Cette crise s'intensifie avec le développement des forces productives et conduit à une révolution par le passage de la crise sociale à la crise politique.

Max Weber, plus attentif aux cultures et aux valeurs, fait du messianisme un exemple privilégié des crises sociales. Celui-ci surgit souvent à la suite des troubles sociaux et contradictions entre les valeurs. Dans ce sens, le messianisme apparait non comme symptôme de la crise, mais aussi son mode provisoire de résolution.

E. Durkheim, s'évertue à diagnostiquer des conditions sociales et économiques pour décrypter le concept de crise. Selon lui, en effet, la crise sociale a pour fondement l'autonomisation de la sphère économique et de la croissance de la division du travail. Elle peut plonger la société dans une situation d'anomie, souvent révélatrice de pathologie sociale.

Les sociologies contemporaines, sans proposer une réponse uniforme, insistent soit sur les aspects sociopolitiques et les rapports de pouvoir (M. Crozier, 1970)21 ; soit sur les aspects structurels de la division sociale (P. Bourdieu, 1989) 22; soit sur les conflits de valeurs, d'identités. Force est de reconnaitre qu'un certain recul dans le temps est indispensable pour mesurer exactement l'importance et l'essence véritable d'une crise sociale.

Le concept de crise élucidé, seule la crise définie comme « une période de trouble, d'instabilité, de tension dans l'évolution d'une société, d'une institution », nous intéressera dans ce travail. Il répond au mieux à la quintessence de notre sujet : « Presse et Organe de régulation au Burundi. Contribution à une analyse critique de la relation entre la RPA et le CNC ».

20 Dictionnaire Encyclopédique, Auzon, Paris, 2004. p. 366.

21 M. CROZIER, cité dans, Dictionnaire de sociologie, Seuil, Paris, 1999, pp. 122-123.

22 BOUDIEU P., cité dans, Dictionnaire de sociologie, Seuil, Paris, 1999, pp. 122-123.

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I.1.2. Le concept de « Confiance ».

Du latin, confidetia, désigne « le fait de se fier à quelqu'un ou à quelque chose », ou « le fait d'attendre de l'autre des comportements favorables par opposition aux conduites de méfiance ». Ainsi, la confiance peut être définie comme le sentiment de compter sur quelqu'un ou sur quelque chose.23

L'opposition « Ami-ennemi » évoque la distance entre le milieu où se déroulent les interactions non menaçantes et le milieu dont on se méfie. La famille ou la communauté dessinent communément les lieux de rapports confiants. Bien qu'elle fasse partie des évidences de la vie quotidienne, la confiance reste une composante importante des activités sociales et donne lieu à des multiples interventions visant à la vérifier, à la développer ou à en sanctionner l'absence dans les différents secteurs d'activités.

Le mouvement dit des « relations humaines »24 a fortement souligné l'importance, pour le fonctionnement des organisations, des rapports de confiance ou de méfiance établis entre les différentes catégories de l'entreprise. Une plus grande marge de liberté et d'initiative des agents peut être assurée par un degré élevé de confiance réciproque.

I.1.3. Le concept de « Liberté »

Liberté vient du latin libertas, de liber et signifie « liberté ». Le mot se définit non de façon abstraite et spéculative, mais en fonction des conditions sociopolitiques et juridiques.

Ainsi, au sens social et politique, la liberté est conçue comme une question politique, inséparable de la question de l'autorité, de l'ordre et de la loi. Mais on ne peut éviter de voir que cela implique une définition de l'homme comme sujet autonome et source de sa loi.

C'est pourquoi, le concept de liberté est défini comme une absence d'entraves, un état d'une personne qui n'est pas soumise à la servitude, d'un être qui n'est pas captif, ou d'un animal qui vit en liberté.

Montesquieu précise que : « la liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent ; et si un citoyen pouvait faire ce qu'elles défendent, il n'aurait plus de liberté, parce que les autres auraient tout de même ce pouvoir ». 25

Au sens juridique, la liberté est définie comme la faculté pour un citoyen de faire tout ce qui n'est pas contraire à la loi et qui ne nuit pas à autrui.

23 Dictionnaire Encyclopédique, Ibid.

24 Marcel, MAUSS, cité dans, Dictionnaire de sociologie, Seuil, Paris, 1999, pp. 101-102.

25 De l'esprit des lois, cité dans, Dictionnaire de sociologie, Seuil, Paris, 1999, p. 46.

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La notion de la liberté dite publique est liée dans son origine à celle de limitation de l'Etat. Est libre un Etat qui reconnait aux individus une zone d'action privée, un domaine réservé à l'intérieur duquel la puissance publique ne peut pas intervenir. Au contraire un Etat est dit totalitaire s'il ne reconnait pas la distinction d'une vie privée et celle publique. D'autres théories affirment que l'intervention de l'Etat peut dans certaines circonstances libérer les individus de l'oppression des puissances privées ; à cet effet, l'intervention de l'Etat n'est plus considérée comme un danger, mais comme un bien.26

Généralement, la revendication de la liberté a toujours été une revendication de citoyen plutôt que de l'homme privé, ce qui conduisait naturellement à mettre au premier plan les libertés civiques essentielles sur lesquelles repose tout régime démocratique. Nous étudierons successivement les libertés de la pensée ou plus exactement de son expression et de sa communication sous une forme de liberté de la presse et d'expression.

La liberté d`expression est le droit pour toute personne de penser comme elle le souhaite et de pouvoir exprimer ses opinions par tous les moyens qu`elle juge opportuns, dans le domaine de la politique, de la philosophie, de la religion, et de la morale.

Considérée comme une liberté fondamentale, la liberté d`expression est inscrite dans la déclaration universelle des Droits de l`Homme (ONU, 1948, art.19) : « Tout individu a droit à la liberté d`opinion et d`expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontière, les informations et les idées par quelque moyen d`expression que ce soit ».27

Dans le même sens, Emmanuel DERIEUX, affirme que la liberté d`expression est « la faculté d`agir, de sa propre initiative, sans y être contraint ni en être empêché par quelques personnes, puissances ou autorités qui n`auraient pas été formellement habilitées, ou qui n`interviennent pour des motifs au-delà des limites ou selon les moyens autres que ceux qui lui ont été conférés ».28C'est pour cela que la liberté d`expression a comme corollaire la liberté de presse, la liberté d`association, la liberté de réunion, la liberté de manifestation mais aussi le respect d`autrui.

Elle est souvent restreinte par certaines conditions particulières qui interdisent l`incitation à la haine raciale, nationale ou religieuse et l'appel à la violence physique contre les

26 Nous allons enrichir ce débat ultérieurement dans les définitions des paradigmes ou théories.

27 CNC, Art.19 de la Déclaration Universelle des Droits de l`Homme, ONU, 1948.

28 Emmanuel DERIEUX, cité dans, La déontologie des médias, Paris, PUF, Que sais-je ?, 2è éd. 1997, p. 33.

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individus. Arrêtons-nous un instant sur un des corollaires de la liberté d'expression : la liberté de la presse. Qu'est ce que la liberté de la presse ? Quels enjeux comporte son analyse ?

En 1793, Kant affirme déjà que la liberté de la presse est le palladium de la liberté. Il n'a évidemment pas tort. Car la liberté de la presse est nécessaire pour le professionnel des médias qui dans l'exercice de son métier doit éclairer le peuple sur la matière dont l'Etat est gouverné, sur la nature des institutions et le contenu des lois de la République. Ainsi donc, la vocation première du professionnel des médias est d'exercer la liberté de communiquer en vue d'informer la population sur la société et le monde. Ceci n'est possible que dans un espace politique où les droits du citoyen sont respectés. Car l'instauration d'une dictature laïque ou théocratique, monarchique ou impériale, militaire ou coloniale, bourgeoise ou prolétarienne s'accompagne toujours de la suppression de la liberté de parole et de la presse. Cette idée vient légitimer le postulat qui dit que, sans communication libre, il n'y a pas de société, donc pas de survie prolongée de l'individu.

Il est vrai qu'il n'y a pas de liberté réelle sans limite, aussi, il ne peut y avoir de responsabilité sans liberté. Le professionnel des médis a besoin de la liberté vis-à-vis de l'Etat et des propriétaires des entreprises pour mieux exercer son métier. Sans être donc absolue, la liberté de la presse est toutefois confrontée aux différentes entraves techniques, politiques, économiques, culturelles et médiatiques.29

A la lumière de ce qui précède, nous pouvons définir la liberté de la presse non comme supplément de la négation de la censure, mais comme l'affirmation d'une tâche à remplir : satisfaire le droit à l'information de chaque citoyen, le droit d'être informé bien et aussi le droit d'avoir accès aux médias.

Sinon, la confusion à ce niveau aura pour effet de confiner l'éthique à la conscience individuelle, en rendant virtuellement non imputables les journalistes qui se réfugient

29 Les technologies sont présentées comme entraves dans le sens qu'elles élargissent l'espace de publication où n'importe qui peut publier sans être identifié. Quant à l'entrave politique, dès la naissance de la presse son développement a été freiné par le souverain et ses tribunaux. Actuellement, l'Etat essaie de censurer ou d'orienter l'information. L'entrave économique, beaucoup de médias sont utilisés pour des fins de faire des profits. L'entrave culturelle, en Afrique tout comme dans les pays musulmans, les traditions, le statut des femmes, la loyauté envers la tribu font aujourd'hui les débats contradictoires aux médias. Dans l'entrave médiatique, les Us et les Coutumes journalistiques constituent un obstacle majeur à la déontologie (manque d'imagination, etc.).

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derrière leur liberté d'expression et de la bonne conscience qu'ils s'en font.30 De même, la mise en place d'outils déontologiques sans effectivité réelle relève d'une démarche cosmétique qui dissimule mal la même confusion de valeurs et de fonctions.

I.1.4. Le concept d' « Organe de régulation »

Le terme régulation vient du verbe « Réguler », qui signifie « Déterminer, Orienter ou Contrôler ». Dans le sens de la profession, la régulation doit être comprise comme « un moyen d'assurer le fonctionnement correct et harmonieux d'un système libéralisé ou déréglementé ».31Dans le domaine médiatique, la régulation est une tâche. A ce titre, elle consiste à assurer entre le droit et l'obligation de chacun le type d'équilibre voulu par la loi ».32 Aussi faut-il pour plus d'approfondissements, l'aborder sous une double approche : l'approche économique et l'approche philosophique :

? L'approche économique

Cette approche précise que l'organe de régulation doit encourager les initiatives privées développées par ce même marché sans s'y substituer. Dans le fonctionnement du marché, la concurrence parfaite suppose que les acheteurs et les vendeurs soient parfaitement informés de leurs prétentions respectives. Le système de prix est l'instrument qui permet d'assurer l'information des uns et des autres sur les conditions du marché, la publicité étant un moyen supplémentaire utilisé par les vendeurs pour informer les acheteurs.33

? L'approche Juridique

Le système d'information orienté vers la direction et le marketing, repose sur une conception rationnelle de l'entreprise : les circuits sont définis de façon à collecter les informations pertinentes et à les mettre au moment opportun à la disposition des responsables, afin de leur permettre de prendre des décisions satisfaisantes.

Nemo rappelle que : « l'intérêt général consiste à créer et à maintenir les conditions propices aux échanges »,34 afin de réaliser les conditions de la concurrence parfaite. Pour y arriver, l'Etat veillera donc à la régularité des échanges sans s'ingérer dans leurs contenus.

30 G. GIROUX, La déontologie professionnelle dans le champ du journalisme. Portée et limite, communication, XXII, n°2, 1991, p.134.

31 J.C GUYOT et L.A TAO, La Régulation des médias : principes, fondement, objectif et méthodes, Institut Panos Paris, 2007, p. 12.

32 V. DABO, L'évolution de l'organe de régulation des médias au Sénégal, Bruxelles, éd. De l'Université, 1994, p. 25.

33 J. MARCHAL, Les mécanismes des prix, Librairie de Médicis, 2è éd. 1948, pp. 320- 337.

34 Ph. NEMO, La société de droit selon F.A. Hayek, Paris, PUF, 1988, p. 176.

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Signalons que, parmi les instruments de cette régulation figurent les organes administratifs nécessaires pour faire respecter l'encadrement juridique, les principes dans lesquels les divers acteurs de chaque secteur spécifique évoluent. C'est le cas du Conseil National de la Communication au Burundi.35

En principe, le rôle de ces instances de régulation des médias est aussi de faire évoluer la réglementation originaire au caractère général et impersonnel. Il s'agit de trouver l'équilibre entre la réglementation et la régulation sans quoi, « le trop plein de réglementation et le défaut de régulation produisent en effet, un singulier glissement vers le terrain juridique ».36 Ce qui explique de nos jours le recours de la plupart des médias burundais auprès des instances juridictionnelles (parquet) au Burundi pour régler les conflits qui les opposent aux pouvoirs publics. BELCROS estime que l'autonomie des organes de régulation risque d'enlever aux autorités politiques tout repère pour adapter les normes réglementaires aux évolutions et à terme entraîner un conservatisme. L'instance de régulation a aussi pour mission de déposer au pouvoir politique des adaptations périodiques de la régulation. C'est pourquoi la régulation ne supprime pas la nécessité d'une réglementation dont l'initiative et a fortiori la responsabilité reviennent directement au pouvoir politique (le parlement ou l'exécutif).

En effet, pour exercer leur mission, ces instances indépendantes de régulation jouissent d'un pouvoir réglementaire « dérivé et subordonné »,37 mais « complémentaire »,38 à la régulation originaire qui les a créés. L'intérêt de cette situation est de « ne pas bloquer l'évolution ultérieure par l'imposition des critères étroits ou rapidement obsolètes surtout dans les domaines à forte évolution technologique ».39

I.1.5. le concept de « Communication »

Le mot « communication » revêt une pluralité de sens et chaque auteur tente une définition en fonction du domaine qu'il aborde. Ainsi, la « communication » vient du latin

35 Le Conseil National de la Communication « CNC », en sigle est l'organe de régulation des médias au Burundi. Nous en parlerons en détail ultérieurement dans le second chapitre car il fait l'objet de nos préoccupations dans ce travail.

36 B. DELCROS, Le dur chemin de la régulation, entretien avec J-F LACAN, Médias pouvoir, n°29, Janvier 1993, p. 51.

37 Idem.

38 R. WANGERMEE, Les instances de régulation de l'audiovisuel, Médias et service public, Bruxelles, Bruylant, 1992, p. 306.

39 J-P. SIMON, Tirs croisés sur la force, Médias pouvoirs, n°29, Janvier, Paris, 1993, p. 57.

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« communicare » qui signifie d'abord, « mettre en commun », en suite « entrer en relation », et enfin «faire connaitre ».

Selon le grand dictionnaire encyclopédique, « la communication est la transmission à travers un canal d'un message entre un émetteur et un récepteur (suivant une technique) qui possède en commun ou au moins particulièrement un code nécessaire à la transmission du message ».40 Dans le même sens, BERTRAND, J. C. affirme que « la communication permet d'établir une relation entre les personnes, les objets ou entre les personnes et les objets. Elle désigne soit l'action de communiquer, soit le résultat de cette communication ».41

Ainsi, le verbe communiquer d'où dérive le mot communication, est pris comme un acte fondamental, un besoin de tout un chacun. Communiquer avec son prochain est une nécessité au même titre que la nécessité physique de se nourrir ou de s'abriter. Donner une seule définition de la communication est une tâche difficile à réaliser. Cependant, les définitions enlèvent toute confusion pouvant subvenir entre communication et information à cause de la multiplication des informations issues des moyens de communication.

En effet, chacun des divers domaines de la communication en donne une définition spécifique dans son champ. La définition la plus simple est celle où la communication est définie comme : l'acte de transmettre l'information, des idées, et des attitudes d'un individu à l'autre.42

Il faut donc souligner que la communication est un énorme parapluie qui couvre et influence tout ce qui se passe entre les êtres humains. Par ailleurs, elle n'est pas seulement du domaine humain, elle porte également sur les animaux. La danse des abeilles devant la ruche, la réaction d'un baromètre avec variation atmosphérique, les cris d'un nouveau-né sont autant des figures qui s'apparentent à un processus de communication.

Selon la situation à laquelle on veut répondre, la communication entre les hommes peut s'exercer sous différentes formes. Ainsi, on parle de communication verbale, non verbale, interpersonnelle, de masse ou de groupe.

40 Grand Dictionnaire Encyclopédique, Larousse, Tom3, Paris, Librairie Larousse, 1982, p. 2436.

41 J. C. BERTRAND, Théorie de communication, Paris, Librairie Larousse, 1985, p. 63.

42 W. K. AGEE et al, Introduction aux communications de masse, Bruxelles, De Boeck-wesmavel SA, 1989, p. 32.

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? La communication verbale

Elle fait appel à l'usage de la parole et de l'écrit en plus des signes linguistiques. Ainsi, dans ce cas, on recourt plus fréquemment à l'utilisation d'une langue ou généralement d'un langage. C'est pourquoi lorsque nous nous adressons à des camarades, nous utilisons des mots et des phrases susceptibles d'être compris par nos interlocuteurs.

? La communication non verbale

Cette forme de communication s'oppose à la communication verbale ; elle repose sur des gestes, des mimiques qui traduisent nos émotions et nos réactions.

A chaque instant, nous passons notre temps à sourire ou à grimacer, à applaudir, à siffler, à nous serrer la main d'un cher ami, à lever le doigt pour répondre à une question posée en classe.

? La communication interpersonnelle

Elle est basée sur l'échange entre un émetteur et un récepteur. Dans ce cas, le nombre de récepteurs est réduit à une seule personne. Cette communication n'a sa pleine valeur que dans la mesure où elle permet de transmettre des informations à autrui et, le feed-back est quasi-systématique.

? La communication de groupe

C'est une communication qui part d'un émetteur s'adressant à une catégorie d'individus bien définie par un message ciblé. Par exemple, la communication faite au cours d'une réunion d'information ou de formation. Toutefois, la communication de groupe est complexe et multiple du fait qu'elle est liée à la taille du groupe, la fonction du groupe et à la personnalité des membres qui le composent.

? La communication de masse

La communication de mass ou mass média (le mot utilisé en français et issu du mariage de l'anglais mass et du latin media pluriel de medium), désigne des techniques de diffusion de messages, liés au progrès scientifico-technique.

Média, désigne les supports : presse, radio, cinéma, télévision, et aujourd'hui les nouvelles techniques de communication, liées à l'informatique et à la révolution du numérique (NTC). Mass, désigne les récepteurs et les effets sur eux des médias. Cette forme de la communication utilise un émetteur (ou ensembles d'émetteurs liés entre eux) s'adressant à

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tous les récepteurs disponibles. Avec cette pratique, elle permet d'atteindre le maximum de gens en même temps.

Ce type de communication de masse est défini par WARREN, K. AGEE comme «un processus qui consiste à faire connaitre des informations, des idées et des attitudes à un public nombreux et diversifié par l'entremise des médias créés à cette fin ».43

I.1.6. Le concept d' « Information »

Selon le Dictionnaire de sociologie, l'information, du latin « informare », signifie façonner, former. Dans le domaine de la communication de masse, l'information consiste en un processus dont la finalité est de modifier l'environnement cognitif des agents.

En ce sens, informer implique le transport d'une quantité donnée d'informations d'un lieu Emetteur à un lieu Récepteur, par le moyen d'un support. Dans un autre sens, l'information est prise comme un élément de connaissance susceptible d'être codé pour être conservé, traité ou communiqué. Utilisé au pluriel, le terme « information » désigne une émission télévisée ou radiodiffusée résumant les dernières nouvelles de l'actualité. Exemple, quand on dit à quelqu'un qu'il écoute chaque jour les informations.44

La définition du Dictionnaire Encarta, vient appuyer cette dernière définition de l'information en la comprenant comme « une nouvelle de l'actualité rapportée par un Journaliste de la presse écrite, de la radio ou de la télévision ou même un renseignement d'ordre privé (sur quelque chose) ».45

Francis BALLE affirme que « l'usage a consacré le mot information dans la langue anglaise comme en français, en italien ou en espagnol, pour désigner tantôt les nouvelles portant sur l'actualité (les news), tantôt des renseignements ordonnés et souvent quantifiés, des données concernant certaines activités économiques ou sociales, tantôt les savoirs ou les savoirs en général ».46 Il faut faire remarquer que la notion d'information recouvre à la fois les données, la connaissance, et les nouvelles.

L'information en tant que contenu des médias est synonyme de nouvelles. Sous cette considération, est appelée justement information, celle qui répond aux questions suivantes :

43 Warren K. GEE, et al. op.cit., p. 34.

44 Dictionnaire de sociologie, Seuil, Paris, 1999, p. 91.

45 Microsoft® Etudes 2008[DVD]. Microsoft Corporation, 2007.

46 F. BALLE, Médias et Sociétés, Paris, Montchrestien, 1999, 9è éd. p. 775.

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Qui ?, Quoi ?, Quand ? Et Où ? Mais également à des compléments : Comment ?, et Pourquoi ?

L'information prise dans son sens strict peut, en effet, être définie comme la circulation d'informations dont le contenu, transporté d'un lieu à un autre, modifie et enrichit la « connaissance » qu'ont les agents sociaux de leur monde. C'est une activité dont on peut concevoir qu'elle engendre des informateurs professionnels, agents de transmission d'un savoir.47Un média de qualité est celui qui donne la bonne et vraie information. Pour ce faire, il ne doit pas seulement être régulé par l'esprit du marché, mais aussi par le respect de la loi et de la déontologie s'il veut diminuer le nombre de bavures, d'inflations et de désinformations.

Ces trois dernières décennies, le crédit des journalistes a sensiblement diminué alors qu'a grandi le malaise au sein du public. Les abus et les critiques n'ont pas cessé depuis et loin de se limiter à l'audiovisuel, ils concernent aussi la presse écrite. Suite aux dérives de l'information, une crise de confiance s'est installée entre public et médias, public et journaliste. La plupart de spécialistes des médias proposent aujourd'hui un renforcement de la déontologie et invoquent la nécessité de réinsuffler une exigence éthique dans les médias.48

I.1.7. La désinformation

La désinformation vient du verbe « désinformer ». Désinformer, explique Philippe Breton, c'est couvrir un mensonge avec les habits de la vérité. En démocratie, où les entreprises manipulatoires sont légion, la désinformation est la reine des techniques visant à tromper l'opinion.49 Celles-ci sont, selon, YAHYA EL YAHYAOUI50, de quatre ordres :

a) L'image manipulée, information hors contexte.

b) La propagation.

c) La non information absolue.

d) La non information relative.

47 Dictionnaire de sociologie, op.cit., p. 91.

48 Deux exemples peuvent expliquer ce constat :

- Le cas comme la fausse interview de Fidèle CASTRO par le présentateur vedette de TFI, Patrick Poivre d'Arvor, les explications de la profanation du cimetière Carpentras ;

- Après l'invention du « charnier de Timisoara », la couverture médiatique de la « Tempête du désert », en 1991, a cristallisé les critiques relatives au traitement de l'information.

49 Philippe BROW. Cité par Ignacio Ramonet, dans, La tyrannie de la communication, p. 105.

50 Yahya EL YAHYAOUI, cité par, J-L SERVAN-SCHREIBER dans, Le pouvoir d'informer, Paris, Robert Laffont, 1972, p. 223.

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a) L'image manipulée, information hors contexte

L'image à la télévision étant une image fabriquée, on peut la manipuler en l'orientant dans le sens de la vérité qu'on veut démontrer au public. De même, au niveau de l'information, les dires du Journaliste peuvent s'appuyer sur un différent du contexte original du témoin.

b) La propagation

La propagation, c'est le traitement d'un fait par plusieurs médias en ignorant les autres faits, si importants soient- ils, pour ne rester qu'en retrait de l'actualité. Elle s'avère ici comme un cercle vicieux qui uniformise et nivelle les productions médiatiques. La pratique de la propagation est souvent faite pour des raisons commerciales et de concurrence. C'est de la non information absolue au niveau de plusieurs médias.

c) La non information absolue

Cette technique consiste à supprimer volontairement une information. L'information bannie est sur le registre de la sous-information, tandis que, l'information choisie au détriment de celle-ci se trouve sur celui de la surinformation.

d) La non information relative

La non information sur certains aspects d'un fait accentue l'importance des aspects traités du même fait. Ainsi, les aspects non traités subissent la sous-information, tandis que les aspects traités subissent la surinformation.

Cette distinction nous amène à deux autres concepts qui sont les suivants : la sous-information et la surinformation.

I.1.8. La sous-information

L'être humain peut être sous informé par manque de poste récepteur (Télévision, ordinateur, radio) ou par manque d'argent pour se procurer un journal.

Ici, la situation se présente autrement. La sous- information est liée au traitement tronqué des nouvelles par les médias qui peuvent occulter les faits. La sous information est donc une « information tronquée, voire inexistante sur des sujets importants ».51

51 L'occultation peut être due à l'ignorance du professionnel des médias ou résulté d'un acte volontaire. Dans ce dernier cas, elle est entretenue par la ligne éditoriale pour sauvegarder les intérêts particuliers des détenteurs des médias et ainsi, d'avoir, comme le dit Brecht, « la main haute sur des sources d'information où l'organe de presse ne réside pas seulement, en effet, dans la possibilité que cela donne de diffuser des nouvelles mais aussi et peut -être surtout d'en bloquer le flot ».( cfr. J.C BERTRAND, dans Théorie de communication, Paris, L.Larousse, 1982.).

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I.1.9 La surinformation

Le mot surinformation lui-même découle de « surinformer », qui signifie donner trop d'informations à quelqu'un, ou au public dans un domaine quelconque par rapport à son importance réelle.52 Aujourd'hui, « non seulement trop d'informations se déversent sur nos têtes, mais cette douche se produit souvent ».53 De fait, le niveau atteint en quantité d'informations par les médias est tel que l'audience ne peut pratiquement consacrer aucun temps à analyser l'information et à fabriquer leurs idées. A ce sujet, J-L SERVANSCHREIBER écrit «... plus la capacité de l'information devient énorme, plus il n'y a pas grand-chose à dire ou que la qualité de ce qui est dit se dilue ».54 Généralement, la surinformation peut porter soit sur quelques aspects d'un sujet, soit sur des thèmes connus.

1) la surinformation de quelques aspects d'un sujet

Informer de façon abondante sur certains aspects d'un sujet plutôt que d'autres, est un moyen de masquer d'autres aspects plus importants, plus polémiques, ou clarificateurs. Ce n'est pas que l'on n'informe pas sur ces aspects, mais l'espace qui leur est octroyé est trop petit comparativement à celui consacré aux autres aspects qui passent pratiquement inaperçus aux yeux du grand public. Elle se matérialise par une grande quantité répétitive de certaines informations données, sans entrer réellement dans le fond du problème, sans esprit critique de la version des faits.

2) La surinformation sur des thèmes connus

Certains sujets jugés importants par les médias, sont l'objet d'une grande importance. L'objet est de détourner l'attention du public sur d'autres faits et réalités bien plus importants pour la vie des personnes et de la société. On détourne l'attention du public de ses arguments et on l'oriente vers d'autres.

I.1.10. Le concept de « Média »

Un média est une entreprise industrielle qui par des moyens techniques spécifiques diffuse simultanément ou presque, un même message à un ensemble d'individus éparpillés. Dans l'usage courant, seuls les journaux, les magazines, la radio et la télévision remplissent

52 Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse, Tome9, Paris, Librairie Larousse, 1985, p. 320.

53 J-L SERVAN-SCHREIBER, op.cit. p. 305.

54 Ibid. p. 422.

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cette condition et peuvent être appelés des médias. Voyons ce que disent à ce sujet les quelques auteurs désignés ci-dessous.

Selon Jérôme BOUDON, pour définir convenablement le mot média, il faut tenir compte de quatre dimensions, à savoir : les techniques, l'organisation, le contenu, et le public ».55 Dans l'entendement de cet auteur, on ne peut pas définir les médias sans parler des techniques de fabrication et de diffusion de messages identiques, diffusés avec rapidité, simultanéité, et régularité au près d'un public vaste. Chaque média, selon son organisation, a sa manière de le faire. La presse, la photographie, la cinématographie, la radio, la télévision ont trouvé de nouvelles possibilités à cet égard. L'histoire des médias à ce point de vue, correspond à un enrichissement continu.

Pour Gérard MERMET, le média est « Tout support de diffusion de l'information (geste, voix, lettre, livre, journal écrit, téléphone, internet, radio, disque, télévision, cinéma, etc.,...) servant d'intermédiaire pour transmettre le message à l'intention d'individus ou d'un groupe large ».56 Cette définition prend la notion de médias dans son ensemble. C'est pourquoi, elle se limite quasiment à une description et omet les différentes formes que peuvent prendre les médias.

Dans une toute autre acception, le canadien Marshall MAC LUHAN, conçoit le medium comme le message dont les effets sur l'individu ou sur la société dépendent du changement d'échelle que produit chaque nouvelle technologie, chaque prolongement de nous-mêmes dans notre vie.57 Ainsi, pour lui, les moyens de communication et de diffusion déterminent le mode de penser et d'agir de la société. Ils influencent la culture d'une société et la transforment.

De plus, MAC LUHAN donne la double distinction suivante des médias : les médias chauds et les médias froids. Selon lui en effet, « Les médias chauds découragent la participation du public, alors que les médias froids au contraire la favorisent. Il en va de soi qu'un média chaud comme la radio, le cinéma [...], sert des effets très différents de ceux d'un média froid comme le téléphone, la télévision,... ».58

55 J. BOUDON, Introduction aux médias, Paris, Montchrestien, 2000, p. 11.

56 G. MERMET, Democrature : comment les médias transforment la démocratie ?, Paris, Aubier, 1987, p. 238.

57 M. MAC LUHAN, Pour comprendre les médias, Paris, 2è éd., Manuel Seuil, 1968, p. 25.

58 Idem.

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Francis BALLE, quant à lui, définit le média comme « une technique ou ensemble de techniques permettant aux hommes de communiquer l'expression de leurs pensées quelles que soient la forme et la finalité de cette expression ».59

I.1.11. Le concept de « Presse »

La presse vient du latin presso, qui signifie « presser », « serrer ». Elle désigne d'abord la machine ou l'ensemble d'équipement permettant d'imprimer des journaux.

L'usage a fini par imposer une acception plus large. Ainsi, elle désigne l'ensemble des publications nées de l'imprimerie, les institutions, leur mode de fonctionnement, leur influence sur chacun de nous, sur la société.60

Il faudra attendre le XIXe siècle, pour qu'il y ait la révolution industrielle et les lois sur la liberté d'expression, pour que naissent ensemble la presse et le journalisme moderne. C'est après 1950, que pour la première fois dans l'histoire de la presse, des nouvelles d'actualité, considérables ou dérisoires, ordinaires ou spectaculaires, sont divulguées auprès d'un public de lecteurs beaucoup plus nombreux, dans des délais toujours raccourcis et selon une technique industrielle et soumis aux lois de l'économie marchande.61

Les médias sont si différents qu'il faut envisager une déontologie à géométrie variable. La distinction est évidente entre presse écrite et média audiovisuel ; entre média public (sous contrôle de l'Etat), média commercial (sous contrôle de l'argent) et média privé à but non lucratif.

Cependant, la distinction fondamentale existe entre la presse d'information générale, aujourd'hui relativement neutre à laquelle se réfèrent la plupart de codes et, par ailleurs, la presse d'opinions (religieuse, ethnique, partisane) qui, pour des raisons idéologiques ou politiques, peut déformer la réalité.62Cette presse peut taire les idées adverses, se montrer injuste, insultante même sans pour autant être autorisé à mentir ou par, exemple, inciter à la haine raciale ou à la violence. C'est pour cette presse d'opinions avant tout qu'existent les garanties de liberté de la presse, parce qu'elle répugne à une partie de la population et souvent aux pouvoirs en place.

59 F. BALLE, Médias et Société, Paris, 6è éd., Montchrestien, 1920, p. 26.

60 Jean MEYNAUD cité, dans, Dictionnaire sociologique, 1999, p. 418.

61 François CHAZEL, cité, dans, Dictionnaire de sociologie, 1999, p. 418.

62 Le code journalistique du Kansas, 1910.

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Il existe également une presse spécialisée. Son matériau vient en grande partie de pigistes dont il n'est pas facile de vérifier la probité. Ses revenus proviennent d'annonceurs spécialisés. A côté d'elle, il faut mentionner la presse d'entreprise et de collectivités locales dont les « relations publiques restent l'unique appui ».63

I.1.12. L'éthique et la déontologie professionnelle des médias

Le terme Ethique vient du grec « ethos » qui signifie « coutume », « usage », « caractère », c`est-à-dire, les principes d`évaluation de la conduite humaine, parfois appelés moeurs du latin « mores », et par extension, étude de tels principes. Ainsi, le terme éthique implique une démarche individuelle, elle est également l`action de fraternité envers l`autre. J.C. GUYOT et L. A. TIAO nous font savoir que l`éthique consiste en une adhésion volontaire à des valeurs hiérarchisées en systèmes dans le but de faire du bien.64

A l`instar de l`éthique, la déontologie se définit traditionnellement comme la science des devoirs qui impose l`exercice d`une activité. Il existe une déontologie de profession de santé et celle de profession sociale. Cette dernière nous permet de réfléchir sur les conditions de faisabilité de la liberté d`expression et d`information. Elle constitue la base normative de toute profession. Dans le domaine médiatique, la déontologie est l'ensemble des principes et des règles établis par la profession, de préférence en collaboration avec les usagers, afin de mieux répondre aux besoins divers des groupes dans la population.

I.2. Les théories

I.2.1. Considération générale

Le terme théorie, vient du latin theoria qui signifie « recherche spéculative » et repris du grec theôria « action d'observer ». Dans ce sens, deux formes de théories peuvent être distinguées :

? Les théories les plus générales et englobantes

Ces théories sont l'exemple de la théorie évolutionniste, matérialiste dialectique, fonctionnaliste, structuraliste, etc. Elles ont pour ambition d'offrir une explication générale des phénomènes et un cadre d'analyse des pratiques sociales.65 Ainsi entendue, la théorie n'est pas un corps des connaissances, mais un système cohérent de conjonctures orientant la

63 Olson MANCUR, cité, dans, Dictionnaire de sociologie, Seuil, Paris, 1999, p. 418.

64 J. C. GUYOT et L. A. TIAO, La régulation des Médias : principes, fondements, objectifs, et méthodes, Institut. Panos Paris, 2007, p. 12.

65 Thomas S. KUHN, cité dans, Dictionnaire de sociologie, Seuil, Paris, 1999, pp. 535-536.

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recherche par voie de déduction dans l'étude des données. Elles se formulent par des concepts privilégiés, des hypothèses, qui orientent la construction intellectuelle des objets et la recherche des explications, qui restent confrontées à l'obligation de vérification.66

? Les théories « à moyenne portée »

Ces théories de R. K MERTON se proposent, non de construire des explications universelles, mais de fournir des hypothèses partielles plus aisément révisables et contrôlables. Pour MERTON, de telles théories, construites à partir de la codification des résultats, doivent être suscitées, corrigées et vérifiées par la recherche empirique. Ainsi, une théorie des conflits sociaux, de la bureaucratie, du chômage dans une société donnée n'a pas pour vocation de fournir des explications universalisables, mais de répondre à des problèmes circonscrits et vérifiables.67

Si nous pouvons chercher la distinction entre ces deux types de théories, elle n'est cependant pas rigoureuse. Des théories à moyenne portée ne sont pas sans conséquences pour l'élaboration éventuelle de théories générales. Nous en parlons à travers les doctrines suivantes : doctrine autoritaire, doctrine libertarienne, doctrine libérale et doctrine de la responsabilité sociale des médias.

I.2.2. La Doctrine Autoritaire

En Europe la doctrine autoritaire a été connue jusqu'au milieu du XIXème siècle et au XXème siècle. L'Etat fasciste a repris les usages des monarchies absolues. Dans ce régime, d'ordinaire, les médias demeurent des entreprises privées à but lucratif, mais les autorités en censurent les contenus. L'information et le divertissement peuvent être subversifs.

Ici la condition est que les idées véhiculées soient conformes aux intérêts du pouvoir. Pas de presse d'opposition, pas de débat politique, certaines catégories de faits divers, signes de dysfonctionnement, sont strictement interdits. La presse qui devait se révéler comme l`un des plus grands ferments d`émancipation de l`histoire et dont le nom même parait à beaucoup inséparable de celui de liberté est pourtant née, et vécu longtemps sous des régimes qui avaient l`autorité pour fondement. Ces modes de gouvernement et de statut de l`information qui en découlent, sont d`ailleurs loin d`avoir entièrement disparus.

66 Pierre ANSART, cité dans, Ibid.

67 Robert K. MERTON, cité dans, Ibid.

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Cette théorie se fonde sur une autorisation préalable relative à l`opportunité de l`expression publique, individuelle, à son contenu et à ses formes matérielles. La liberté et la responsabilité sont soumises à un régime de contrôle a priori exercé par les autorités politico-administratives. Ainsi, donc, le régime autoritaire de la régulation et de la communication est caractérisé par une compréhension substantielle et individuelle de la souveraineté politique déniant toute autonomie de critique et d`initiative aux gouvernés.68 En ce qui concerne les médias, le pouvoir politique leur impose les moyens de diffusion suivant les lignes d`une politique fixée par lui. Cette conception est à la fois totalitaire et idéologique. L`Etat exige en effet, l`alignement total de l`information sur l`idéologie du parti.

I.2.3. La Doctrine libertarienne

Etymologiquement, ce terme vient de l`anglais « libertarian » qui est la traduction du français libertaire, lui-même issu du latin « liber », libre.

Les libertariens désignent des libéraux radicaux qui prônent la liberté absolue des individus de faire ce qu`ils veulent de leur personne et de leur propriété avec pour conséquence qu`ils n`empiètent pas sur cette même liberté des autres.

Pour les libertariens, toute interaction entre humains doit être volontaire et consensuelle. Prendre l`initiative de la force physique contre une autre personne ou la propriété de celle ici, commettre une tromperie contre toute personne constitue une violation de ce principe. Bref, l`usage de la force est donc illégitime, sauf pour se défendre.

La position de cette doctrine vis-à-vis de l`Etat fait apparaître deux grandes tendances : Le minarchisme et l'anarco-capitalisme.

- le minarchisme considère que les pouvoirs de l`Etat devraient être restreints, s`apparentant ainsi au libéralisme classique.

- l`anarco-capitalisme prône la suppression des pouvoirs de l`Etat et l`instauration d`un droit privé.

En principe, la doctrine libertarienne se caractérise par la reconnaissance générale de la liberté individuelle, d`expression, des opinions et des informations. C`est pour cette raison que cette conception prône l`absence de tout contrôle préventif sur la liberté d`expression et place la conscience individuelle du Journaliste au centre de ce qui est publié

68 Maison de la presse, Les médias et le processus électoral, Bujumbura, n°1, Janvier-Avril 2010, pp. 80-81.

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ou diffusé. C`est ainsi que les libertariens considèrent illégitime et liberticide toute forme d`autorité. Celle-ci est toujours interprétée comme une ingérence dans l`exercice de la liberté d`expression du Journaliste. 69

Cette doctrine fait de la liberté de la presse une valeur cruciale de la démocratie. Les Journalistes rendent compte librement de ce qu`ils observent. Cette liberté permet aux différents points de vue de coexister et de s`affronter dans la sphère publique.

« La liberté d'expression sert de paradigme journalistique, dans la mesure où elle accrédite un statut, pour le journaliste qui ne serait pas distinct de celui de tout citoyen qui revendique la même liberté ».70

Certains reprochent au renouveau éthique dans les médias de porter atteinte à l'exercice de la liberté d'expression et de réduire la diversité des points de vue exprimés. Cette critique est effectuée depuis « une conception libertarienne du journalisme ».71 Cette théorie se déclare conforme à l'idée exprimée par MILTON dans son ouvrage intitulé : « Aeropacita pour la liberté d'imprimer sans autorisation, ni censure (1644) ». En revanche, si « la théorie libertarienne du journalisme » formulée par MERRILL n'est pas dépourvue de règles éthiques (soit l'objectivité ou l'honnêteté), elle préfère laisser le marché, juge ultime des abus éventuels.

En ce sens, les libertariens optent pour le rejet de tout pouvoir, c'est-à-dire la contrainte qui peut provenir de l'Etat, mais aussi des journalistes institués collectivement dans des organisations professionnelles et cherchent à imposer à leurs confrères des codes d'éthique et des organes d'autorégulation.

I.2.4. La Doctrine libérale

Cette doctrine est proche de la conception libertarienne sans être aussi radicale que celle-ci. Contrairement aux libertariens, les libéraux reconnaissent l`intervention de l`Etat pour autant qu`elle se limite à la logique du marché. Les libéraux, contrairement aux libertariens, acceptent seulement que dans les aspects physiques, les médias peuvent être régulés par le pouvoir politique. (Les aides matérielles, la libre circulation des

69 Idem.

70 G. GIROUX, La déontologie professionnelle dans le champ du journalisme. Portée et limites, Communication, XXII, n°2, 1991, p.134.

71 J.C MERRILL, Three theories of press responsability and the advantages of pluralistic individualism, in D. ELLIOTT éd. Responsible journalism, Beverly Hills, sage, 1986, p.51 et sq. et J.C. MERRILL, Press councils and ethical codes are dangerous control mechanism, in E.E. DENNIS& J.C. MERRILL, Basic issues in mass communication. A debate, Newyork, Macmillian publishing campany, 1984, p. 162.

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marchandises dans le pays, etc.). Toute intervention dans le contenu, c`est-à-dire dans les aspects symboliques de la liberté de la communication est combattue72

La doctrine libérale reconnait la liberté à tout individu de publier ce qu`il sait et ce qu`il pense par quelque moyen que ce soit. Ceci est un droit imprescriptible de tout être humain. Il ne peut être restreint d`aucune façon, ni sous aucun prétexte sauf en cas de force majeure. Selon cette doctrine donc, il faut que tous les faits soient rapportés et que toutes les opinions soient placées sur « le marché des idées ». L'être humain est capable de discerner la vérité. Si l'Etat laisse faire, tout ira pour le mieux. Cette idée illusoire n'a pas résisté à la commercialisation croissante de la presse au XXème siècle : devenait bon ce qui était profitable et toutes les entreprises tendent naturellement à la construction. Ainsi, le pouvoir d'informer, de fixer les thèmes du débat national, risquait de tomber dans les mains de quelques propriétaires qui n'étaient pas élus, ni forcément experts ou soucieux de servir le public.

La théorie libérale ne serait plus qu'une fiction insatisfaisante parce qu'inapte à fournir une compréhension adéquate de la réalité de nos sociétés démocratiques et illégitime parce que constituant un obstacle philosophique au développement du débat public. Contrairement à elle, la théorie de responsabilité sociale des médias peut favoriser la revalorisation du régime démocratique dans ses composantes essentielles.

I.2.5. La Théorie de la responsabilité sociale des médias

Ce concept est né d'une perception plus réaliste de la nature humaine et de l'économie. L'expression fut lancée aux Etats-Unis par une « commission sur la liberté de la presse »,73 qui rassemblait des personnalités extérieures au milieu de la presse. Selon cette doctrine, il est préférable que les médias ne soient pas la propriété de l'Etat, ni même sous son contrôle.

En principe, les médias ne sont pas des entreprises commerciales ordinaires dont le succès puisse se mesurer aux profits. Qu'elles recherchent la rentabilité, c'est normal, mais il leur faut assurer les « imputabilités »,74 c'est-à-dire admettre qu'ils sont responsables envers les divers groupes sociaux, dans le sens de répondre à leurs besoins et désirs.

72 Idem.

73 Sous la présidence de R.M. Hutchins, recteur de l'Université de Chicago-d'où le nom de commission Hutchins.

74 Ce mot peu courant, traduit le terme anglais « accountability ».

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Au cas où les citoyens deviendraient mécontents du service qui leur est fourni, les médias devaient agir. Il est préférable qu'ils s'amendent eux-mêmes. Si ce n'est pas le cas, il serait nécessaire et légitime que le parlement et d'autres organes de régulation interviennent. C'est d'ailleurs souvent pour éviter une telle intervention que les médias se soucient de déontologie.

Il faut noter que l'on ne rencontre pas ces quatre régimes de presse75 à l'état pur. En régime autoritaire, les citoyens ont toujours eu accès à des médias clandestins. Dans les démocraties libérales, on a toujours jugé qu'il était dans l'intérêt général de réglementer l'activité des médias, même aux Etats-Unis.

MERRILL, le théoricien de la conception libértarienne de la presse, critique « le raisonnement utilitariste social » développé à l'égard de la presse et dénonce la conception « élitiste » qui sous-tendait en réalité la théorie de « la responsabilité sociale » des médias. Cette théorie ne serait rien d'autre qu'un subterfuge par lequel des groupes ou des personnes de l'élite chercheraient à façonner la presse selon leur propre image.76 Et pourtant, la responsabilité sociale des médias rappelle souvent qu'un bon journal doit faire preuve d'équité, d'exactitude, d'honnêteté, du sens de responsabilités, d'indépendance, et de décence. Son principe directeur reste la vérité, c'est-à-dire, il doit éviter des pratiques qui nuiraient à sa capacité.

Rappelons en outre que l`opposition entre libéralisme et autoritarisme, si elle garde une valeur symbolique autant que pratique, est incapable d`expliquer les situations d`aujourd`hui, encore moins apte à fournir des modèles pour celles qui s`annoncent déjà pour demain. Les législations de type libéral ont tellement minimisé la responsabilité sociale des organes de presse qu`elles ont abouti à la déconsidération de la fonction d`information par la recherche exclusive du profit et la tendance au monopole. Le rôle des médias de masse dans une démocratie n`est pas aussi clair qu`on se l`imagine, bien que son importance soit généralement admise. En fait, on pourrait dire que les médias sont ballottés entre la liberté de la presse et la responsabilité sociale. La doctrine de la responsabilité sociale des médias insiste sur l`obligation pour les médias d`être justes envers toutes les couches de la

75 Les quatre régimes dont nous parlons dans ce travail, il s`agit du régime autoritaire, régime libéral, régime libertarien et régime de la responsabilité sociale des médias.

76 J.C. MERRILL, cité in Th. L. GLASSER, Press responsibility and first amendment values, in D. ELLIOTT, éd., Responsible journalism, Bevery Hills, sage, 1986, p. 85.

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société et de protéger les groupes défavorisés notamment en leur permettant de s`exprimer. L`information que reçoit la lectrice ou le lecteur, ce dernier l`utilise pour forger une opinion personnelle et lui permet de jouer pleinement son rôle de citoyen. Grâce à la bonne information, le citoyen prend conscience des mutations conceptuelles et institutionnelles qu`impose l`émergence des sociétés de masse ainsi que les grandes étapes de la société industrielle qui les a suscitées.

Dans le contexte de ce travail de recherche, les doctrines dominantes de l`information ne sont peut-être vues que comme la justification des rapports de forces ayant existé et qui existent encore. De la sorte, Il n`empêche que ces théories ne déterminent à leur tour des comportements et suscitent des forces nouvelles capables de renverser l`état actuel des choses.

I.3. Conclusion partielle

Le régime libéral reconnait la liberté à tout individu de publier ce qu`il sait et ce qu`il pense par quelque moyen que ce soit. Ceci est un droit imprescriptible de tout être humain. Dans un régime autoritaire au contraire, les médias demeurent des entreprises privées à but lucratif, aux mains du pouvoir en place dont les autorités en censurent les contenus. Les libertariens se présentent comme des libéraux radicaux. Ils prônent la liberté absolue des individus de faire ce qu`ils veulent de leur personne et de leur propriété avec pour conséquence qu`ils n`empiètent pas sur cette même liberté des autres. Pour eux, toute interaction entre humains doit être volontaire et consensuelle. Prendre l`initiative de la force physique contre une autre personne ou commettre une tromperie contre toute personne constitue une violation de ce principe.

Le régime de la responsabilité sociale des médias insiste sur l`obligation pour les médias d`être justes envers toutes les couches de la société et de protéger les groupes défavorisés notamment en leur permettant de s`exprimer.

Dans le paysage médiatique burundais le régime libertarien et celui de la responsabilité sociale des médias seraient indispensables hélas, ils sont encore loin d`être acquis. Les éléments caractérisant le paysage médiatique burundais seront détaillés dans le chapitre deuxième où nous parlerons des Médias, de l`Instance de régulation des médias (le CNC), des organes d`autorégulation (l`OPB) et d`autres organes opérant dans le secteur médiatique (l`ABR) et des syndicats (l`UBJ).

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CHAPITRE DEUXIEME : PRESENTATION DU PAYSAGE MEDIATIQUE

BURUNDAIS.

Ce deuxième chapitre présente le paysage médiatique et met l'accent particulier à la fois sur les radios publiques et privées qui diffusent les nouvelles. Il faut signaler que la radio diffusion burundaise est diverse et variée. Cette diversité et cette variété s'expliquent par l'existence des radios privées, des radios publiques, des radios internationales et des radios communautaires, des studios de production et très peu de médias en ligne.

II.1. Présentation des organes de la presse burundaise.77

II.1.1. La presse écrite

La presse écrite est un tout autre type de technologie de l'information ayant la vocation de transmettre l'information à un vaste ensemble de personnes (comme la population d'une ville à une autre ou d'un pays à un autre).

La population burundaise utilise la presse écrite pour s'informer. Ainsi, les gens qui ont les moyens et la culture de lire font recours aux journaux écrits tant publics que privés pour s'informer de la situation qui prévaut dans le pays et dans le monde surtout en période de crise.

En effet, la presse est surtout un moyen d'information et d'expression des citadins. En Afrique, sa faible pénétration chez les ruraux ne tient pas seulement aux difficultés de distribution en dehors des capitales où elle est publiée ou à son prix, mais à des problèmes culturels. L'alphabétisation est faible dans les campagnes et peu de journaux sont publiés en langues africaines et leur contenu correspond principalement aux préoccupations des lecteurs citadins.

Il existe deux sortes de presse écrite au Burundi :

a) la presse écrite publique

Même si les quotidiens paraissent la partie la plus importante de la presse parce qu'ils fournissent les informations les plus fraîches, la presse quotidienne est pauvre.

La presse écrite publique suit dans son évolution la voie tracée par son propriétaire qui est l'Etat burundais. Cette presse bénéficie de l'appui humain, matériel et technique de l'Etat.

77 P. ALBERT, La presse, Paris, PUF, 1988, p. 35.

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La presse écrite publique connaît une situation financière difficile. Prenons l'exemple du Renouveau, qui pour couvrir ses dépenses, se réserve des pages importantes aux publications des offres d'emplois et des marchés publics pour les ONG et les institutions multilatérales, les grands projets d'Etat, etc. Il passe souvent sous silence des questions importantes de la société comme la corruption, les tueries, les conflits fonciers, la crise économique au grand dam du public.78

b) la presse écrite privée

A l'époque du parti unique « Uprona », le Burundi n'a connu qu'un seul journal privé, le journal Catholique « Ndongozi ». Ce dernier a vu le jour en 1954 et fut suspendu de 1979 à 1988.79 De ce fait, les partis politiques furent considérés en 1992 comme les premiers pionniers de la presse écrite privée. D'ou, la naissance de nouveaux journaux comme :

L'Indépendance, le Carrefour des idées, l'Aube de la démocratie, Nturenganywe, l'Etoile et la Nation.

Athanase NTIYANOGEYE, fait savoir qu'après l'assassinat du Président Melchior Ndadaye le 21 Octobre 1993, beaucoup de journaux sont nés dans la logique de mener un combat politique. Ils étaient caractérisés pour la plupart par des appels à la haine ethnique et par des excès de langage.80

L'actuel paysage médiatique a connu une évolution en ce qui concerne le pluralisme médiatique. Voici quelques titres de la presse écrite privée présents dans le paysage médiatique burundais: « l'Hebdomadaire », « l'Arc-en-ciel », « Ubuntu-lumière Infos », « Iwacu Burundi », « Ubumwe », « Ndongozi y'Uburundi» de l'Eglise catholique du

78 Pour illustrer cette affirmation ces applications voici quelques numéros du Journal « Le Renouveau ». Le n°8473. 35è Année, sorti, le Mercredi 26 Décembre 2012. Contient 15 pages dont, 3 pages de Reportage, 1 page de Société, 3 pages de Genre, 1 page de Santé, 5 pages de Publicité, 1 page d'Information pratique, 1 Page d'International.

Le n° 8488, 35è Année, sorti, le Mercredi 16 Janvier 2013. Avec au total 15 pages dont, 1 page de Société, 2 pages de Santé, 1 page d'Information pratique, 7 pages de Publicité, 1 page d'International, 1 page de Culture, 1 page de Coopération, 1 page de Justice. Le n° 8469, 35è Année, sorti Jeudi, le 20 Décembre 2012. Il est composé de 15 pages dont, 3 pages de Reportage, 1 page de Coopération, 7 pages de Publicité, 3 pages de Politique, 1 page d'Information pratique. Au n° 8494, 35è Année, publié Jeudi, le 24 Janvier 2013. Avec 19 pages dont, 3 pages de Reportage, 1 page de Politique, 12 pages de Publicité, 2 pages de Société, 1 page d'Information pratique, 1 page d'International.

Au n° 8508, 35è Année, publié Mercredi, le 13 Janvier 2013. Il a 15 pages dont, 1 page de Santé, 2 pages de Politique, 7 pages de Publicité, 2 pages de Reportage, 1 page d'Information pratique, 1 page de Société, 1 page d'International.

79 Signalons que Ndongozi fut suspendu en 1979 par le pouvoir en place, suite aux raisons politiques. A cette époque, il ya eu des malentendus entre l'Eglise Catholique et l'Etat burundais. Il réapparait vite en 1988 suite à des échéances électorales qui étaient fixées en 1993, lesquelles ont poussé les déclenchements rapides du souhait de la population d'avoir le moyen d'expression politique et de lutte électorale.

80 A. NTIYANOGEYE, Le paysage médiatique du Burundi, Bujumbura, 2008, p. 21.

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Burundi, « Rumurikirangabo », « Ikiyago c'Inama nchingamateka »,« Inama

nkenguzamateka y'Uburundi », « Tribune Libre des travailleurs », « Agipress photo», « Syfia Grands Lacs », « Imboneza News», « Horugavye », « le Nationaliste », « Infos Ijambo » et « Gutwara Neza », « Burundi Eco ». Il existe l'Agence de Presse Burundaise (APB), et à côté de cette agence publique, il y a également des agences de presse écrite privée comme « Net press », « Zoom.net », « Burundi.net » , « Aginfo », etc.

En plus de ces agences de presse privées, il existe des sites web où on peut trouver des dossiers d'actualité comprenant des rubriques diversifiées comme des rubriques de politique, d'économie, de société, de sécurité, de diplomatie, de documentaire et de culture.

II.1.2. Le cadre légal et réglementaire de la presse burundaise

Il existe aujourd'hui des textes juridiques internationaux qui reconnaissent la liberté de la presse. Ces textes figurent dans des préambules des différentes constitutions du Burundi.

II. 1.3. La déclaration universelle des droits de l'homme de 1948

Elle a été adoptée le 10 Décembre 1948 par la 3ème assemblée Générale des Nations Unies. Elle consacre en son art.19, le principe de la presse dans les termes suivants : « Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et le droit de chercher, de recevoir et de répandre sans considération de frontière ,les informations et les idées par quelques moyens que ce soit ».81

II. 1.4. Le pacte international relatif aux droits civils et politiques

Adopté en 1966, le pacte entre en vigueur en 1976. Il stipule en son art.19 ce qui suit : « Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit correspond à la liberté d'expression, à la liberté de recherche, à la liberté de recevoir et de répandre les informations et les idées de toute nature sans considération de frontière sous une forme orale, écrite, imprimée et par tout autre moyen de son choix ».82

Le Burundi, comme d'autres pays avant lui, a ratifié ce pacte le 14 Mars 1990. Depuis 1992, le pays s'y réfère dans l'élaboration de ses textes constitutionnels.

81 CNC, Art.19 de la Déclaration Universelle des Droits de l'homme.

82 Idem.

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II. 1.5. La charte africaine des droits de l'homme et des peuples de

198183.

La charte a été adoptée lors du 18ème sommet des chefs d'Etats de l'OUA tenu à

Nairobi en Juillet 1981. Elle stipule en son art.9 que : « Toute personne a droit à

l'information, a droit d'exprimer et de diffuser ses opinions dans le cadre des lois et

règlements ». Cette charte a été ratifiée par le Burundi, le 28 Juillet 1989 et depuis 1992, il

s'y réfère encore dans l'élaboration des textes constitutionnels.

II. 1.1.5. La loi sur la presse du 27 Novembre 2003.84

Cette loi détermine les dispositions légales et réglementaires régissant :

- Le processus de communication (les droits et devoirs des journalistes).

- La réglementation des publications et de la diffusion des informations.

- Le contenu de la presse (le droit de réponse, le droit de rectification).

- Les délits de presse et les sanctions y relatives.

- Les différentes interdictions, etc.

L'art.3 de cette loi, stipule que dans l'exercice de ses activités, le journaliste a le droit

d'accéder aux sources d'informations, d'enquêter et de commenter librement sur des faits de

la société.

Toutefois, dans l'expression de cette liberté, il est tenu au respect des lois et des

règlements.

L'art.8 indique de son côté que le journaliste n'est pas tenu de révéler ses sources

d'informations.

83 CNC, Archives sur les droits de l'homme et du peuple.

84 A. NTIYANOGEYE, op.cit., p. 56.

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II.1.2. Les radios

II. 1.2.1. Les radios publiques85

Le Burundi compte 2 radios publiques, à savoir :

? La radio nationale

? La radio NDERAGAKURA

a) La radio nationale

D'après les archives de cette radio, confectionnées sous forme de répertoires au Burundi, un projet de radio diffusion vit le jour en 1959. Il fut d'abord question de la création d'une station de radio au Ruanda-Urundi, territoire alors sous tutelle belge, sous le nom de radio-Usumbura.86

En avril 1960, les premières émissions expérimentales furent entendues depuis Usumbura, mais la puissance de l'émetteur ne permettait pas la couverture de tout le pays.

Les objectifs de cette radio étaient uniquement coloniaux. Ainsi, au départ, une forme de communication pour que toute la colonie soit au courant des mêmes institutions émanant de la métropole. De cette façon, dans les émissions, on voulait réaliser une certaine intégration régionale par le biais de la radio.

Ainsi donc, créée en 1959, la radio Usumbura a commencé à émettre en 1960. En 1961, elle est devenue réellement nationale.

b) La radio NDERAGAKURA87

La radio scolaire NDERAGAKURA est une radio publique appartenant au Ministère de l'éducation nationale dont la responsabilité est confiée au Bureau d'éducation rurale (BER). Elle émet sur tout le territoire du Burundi.

Créée en 2000, elle a pour mission de promouvoir les actions de l'éducation au Burundi à travers ses émissions présentées sous forme de jeux et concours sur différents cours enseignés à l'école primaire.

Par ses émissions, elle comble déjà les manquements dus aux problèmes de recyclage et de formation continue des enseignants. La radio ne traite pas des nouvelles.

85 J. BIGIRIMANA, Impact des émissions radiophoniques sur le public de Bujumbura : cas des émissions « KUNAMA » de la radio ISANGANIRO et « AKARIKUMUTIMA » de la RTNB, Bujumbura, ULT, 2005, p. 31.

86 RTNB, Archives sur la station de radio au Rwanda-Urundi.

87 CNC, Rapport de 2009-2011 sur le paysage médiatique burundais.

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II. 1.2.2. Les radios privées

En plus de la radio nationale et de la radio Scolaire NDERAGAKURA, une dizaine de radios privées locales émettent sur le territoire burundais, sans compter les stations étrangères. Les différentes stations de radio privées locales ont des programmes divers et des lignes éditoriales différentes.

La loi sur la presse du 25juin 1975, stipule en son art.6 que :

« Les Journalistes burundais doivent toujours oeuvrer en âme et en conscience, conscients des idéaux du parti seul organe responsable de la vie nationale.88

En juillet 1996, sous Pierre BUYOYA II, la sortie du décret-loi sur la presse bien que contraignant, n'a pourtant pas empêché le développement du pluralisme radiophonique. Pendant cette période, en effet, plusieurs médias ont été créés. Citons à titre d'exemple, la radio culture en 1997, la radio IVIZIGIRO en 2002, la radio RPA en 2001, la radio ISANGANIRO en 2002, la radio Renaissance en 2004, la radio IJWI RYAMAHORO en 2006, la radio SALAMA en 2007 et la radio Rema FM en 2008.89

Ces radios privées viennent rompre le monopole jus qu'ici détenu par la RTNB dans l'information de la population. C'est pour cette raison que ces radios se sont érigées des lignes éditoriales pour être proches de la population et lui fournir une information équilibrée. Ceci s'explique par le fait que la population burundaise suit plus le journal et les émissions radiodiffusés que ceux télévisés. Deux raisons principales pour l'expliquer :

- d'abord, trop d'émissions se passent en langue nationale contrairement aux journaux dont beaucoup sont écrits en français ;

- puis, la radio est un média chaud, alors que le journal est appelé média froid.90

Le paysage médiatique montre que les médias privés sont à la recherche de la liberté d'expression et d'opinion. C'est pourquoi la plupart des radios nationales ont fait de la quête de la liberté d'expression et d'opinion un cheval de bataille.

Ainsi, le paysage médiatique ne cesse de s'épanouir malgré les entraves.

88 CNC, Art.6 de la loi sur la presse du 25Juin, 1976.

89 http://www.panosparis.org/fichierProdFR/fichierProd1352.pdf. / consulté, le 12 Décembre 2012.

90 Le média chaud donne des facilités aux clients dans la compréhension du contenu. Le média froid, quant à lui, pour comprendre son contenu demande aux clients d'être d'abord disponible et fournir beaucoup d'attention. Si l'on prenait l'exemple du journal ou de la Télévision comme média froid, pour comprendre son contenu, le lecteur doit rendre disponible son temps, c'est-à-dire, le lecteur ou téléspectateur ne peut pas à la fois lire le journal ou regarder la télévision en même temps qu'il fait autre chose si non il ne doit pas bien comprendre le contenu. La radio considérée comme média chaud n'empêche pas l'auditeur à écouter et faire autre chose. On peut conduire en écoutant de la musique, en suivant les informations, ou on se balade avec un post récepteur radio.

- 44 -

II.1.3. La Télévision

Au Burundi, comme dans beaucoup des pays africains, la TV reste un medium inaccessible et cher. C'est en date du 1er Décembre 1984 que le Burundi a inauguré une chaîne nationale de TV. Presque trente années de diffusion des programmes sur l'éducation, le développement, l'information et le divertissement grâce au financement du gouvernement français.

Aujourd'hui, le pays connaît une mutation très rapide en matière des chaînes de TV. Actuellement, il est doté de quatre stations de TV notamment, la TV nationale qui est la chaîne publique et trois autres TV considérées comme les chaînes privées : Télévision Renaissance, Salama et Héritage.

a) La télévision Renaissance

Cette chaîne a été créée après la radio Renaissance et a débuté ses activités en 2007. Sa ligne éditoriale se résume en quelques mots : « la voix de la citoyenneté ».

Les problèmes de la société constituent le principal domaine d'intervention de cette chaîne.91

b) La télévision SALAMA

Elle a commencé à travailler le 10 janvier 2009, sous forme d'essai qui s'est achevé avec le moi de Juin 2009. Sa ligne éditoriale est : « la réconciliation nationale et le développement ».

c) La télévision Héritage92

Cette dernière est une chaîne à vocation chrétienne. Elle a débuté ses activités au moi de Mars 2008. Ses programmes sont essentiellement centrés sur la parole de Dieu. Selon les propos du responsable de cette chaîne, Héritage est un média qui contribue au changement politique dans le pays via les émissions de prédication diffusées.

91 Propos recueillis au près d'Innocent MUHOZI. Directeur de la TV Renaissance à l'occasion de la réunion du CNC et les responsables des médias au centre communautaire, Jeudi, le 11 août 2011. L'échange était centré sur La liberté de la presse et ses limites.

92 J. BIGIRIMANA, Impact des émissions radiophoniques sur le public de Bujumbura : cas des émissions « KUNAMA » de la radio ISANGANIRO et « AKARIKUMUTIMA » de la RTNB, Bujumbura, ULT, 2005, p. 31.

- 45 -

II.2. Présentation des Associations de la presse au Burundi.

II. 2. 1. L`Observatoire de la Presse au Burundi93

Au moment de la révision du code d'éthique et de déontologie de la presse burundaise le 27 Février 2004, les professionnels des médias tant publics que privés ont souhaité la mise en place d'un cadre favorisant l'éclosion d'une presse qui garantit à la fois la liberté de la presse et la responsabilité des médias pour informer le public de manière équilibrée, impartiale, rigoureuse et neutre.

Ce voeu avait été également exprimé lors des Etats Généraux de la communication tenue à Bujumbura en Décembre 2003.

Ainsi, l'Observatoire de la Presse au Burundi (O.P.B) est venu répondre de manière adéquate aux soucis exprimés par les uns et les autres. Sa création remonte en 2005.

Cette institution est dotée d'une mission, dont voici les grandes préoccupations :

- Contribuer à faire respecter par les médias le code d'éthique et de déontologie de la presse en suivant régulièrement le contenu des médias tant publics que privés ; faire des observations et des recommandations pertinentes à l'endroit des journalistes et des médias qui s'écartent des règles de déontologie professionnelles et en élaborer des rapports à l'Union Burundaise des Journalistes ;

- Participer activement à la défense et à la promotion de la liberté de la presse et du droit public à l'information ;

- Assurer la fonction du tribunal des pairs.

Pour bien mener cette tâche, l'O.P.B a mis en place une grille d'observation des contenus des médias mettant en évidence les manquements ci-après :

1. Le déséquilibre dans le traitement

2. Le mauvais traitement de l'information

3. La non séparation des faits et des commentaires

4. La confusion entre l'information et la publicité

5. L'exagération des faits, le sensationnalisme à outrance

6. Le recours à des méthodes déloyales pour accéder à l'information

7. L'incitation à la haine, à la révolte, ou à la violence, à l'apologie du crime

8. La diffamation

93 http://www.burunditransparence.org/presse_burundaise_loi.html./ consulté, le 12 Décembre 2012.

- 46 -

9. L'atteinte aux bonnes moeurs

10. Le plagiat

II. 2. 2. L`Association Burundaise des Radiodiffuseurs94

L'Association Burundaise des Radiodiffuseurs (ABR) est considérée comme la voix des entreprises de presse au Burundi. Elle a été créée en 2003 à partir de la volonté des radios burundaises de se doter d'un outil représentant leurs intérêts et assurant la protection de la radiodiffusion auprès de la population, des institutions nationales, des partenaires nationaux et internationaux.

Elle s'adresse à toutes les radios burundaises, publiques ou privées, associatives ou confessionnelles, pour autant qu'elles soient membres de l'association.

L'ABR représente également la radiodiffusion burundaise auprès des organisations internationales avec comme objectif l'amélioration des capacités de production et de diffusion.

Cette association représente et défend encore les intérêts de ses membres dans tous les domaines importants de la radiodiffusion, en développant, pour eux exclusivement des actions de formation, de lobbying ou des activités thématiques.

De plus, l'ABR assure un lobbying constant au près des acteurs nationaux et internationaux impliqués dans la radiodiffusion afin d'offrir au paysage radiophonique burundais un cadre de travail et d'expression le plus professionnel possible.

II. 2. 3. L'Union Burundaise des Journalistes95

La création de l'Union Burundaise des Journalistes (U.B.J), en sigle le 04 Octobre 2009, s'inscrit dans le cadre de naissance d'un syndicat libre des journalistes au Burundi.

Les professionnels des médias oeuvrant au Burundi ont décidé d'enterrer l'ancienne Association burundaise des journalistes (ABJ) au profit d'un syndicat national libre et indépendant des journalistes professionnels et assimilés, dénommé "Union burundaise des journalistes" (U.B.J).

94 Les renseignements sur la création de l'ABR tirés sur le site de l'ABR/ http://www.abr.bi/qui.html./ consulté, le 20 Décembre 2012.

95 Les renseignements sur la création de de l'U.B.J trouvés sur le site :

http:// www.arib.info/index.php?option=com_content&task=view&id=6296. / consulté, le 20 Décembre 2012.

- 47 -

Des statuts de l'U.B.J ont été adoptés le même jour au cours d'une Assemblée générale constituante à laquelle ont pris part environ 200 journalistes des secteurs tant public que privé dans les enceintes de la Maison de la presse du Burundi.

La rencontre a, en outre, débouché sur la mise en place des organes dirigeants de l'U.B.J, constitués d'une Assemblée générale, un comité exécutif, un comité de surveillance et des commissions techniques en charge, notamment, de l'éthique et de la déontologie, de l'information et de la formation, des affaires socioprofessionnelles et de la discipline, du Genre et de l'environnement ou encore de la prévention et la lutte contre le VIH/SIDA.

L'U.B.J a pour objectifs principaux de protéger et de renforcer les droits et libertés des journalistes tant de la presse publique que privée.

Elle entend aussi encourager les médias à défendre la liberté de la presse et la justice sociale, l'indépendance du journalisme, spécialement à travers des activités de contrôle des violations des droits des journalistes.

A ce sujet, l'art.3 des statuts stipule que « le syndicat (U.B.J) a pour objectifs principaux de protéger et de renforcer les droits et libertés des journalistes professionnels et assimilés, tant de la presse publique que privée».96

Au chapitre du régime disciplinaire, les statuts prévoient des sanctions graduées allant de l'avertissement au blâme en passant par la suspension et la radiation selon la lourdeur des fautes, comme les actes de trahison, la divulgation des secrets, le fait de nuire aux intérêts du syndicat, la diffamation des confrères ou encore le non respect de l'éthique et de la déontologie professionnelle.

II.3. Présentation du cadre de recherche

II.3.1. Présentation de la radio Publique Africaine

1. Historique

La R.P.A a été agréée en Janvier 2001. Ses émissions débutent en Mars 2001. Elle se définit comme une radio éducative des masses populaires. Elle privilégie la méthode participative qui favorise donc l'information horizontale, c'est-à-dire une information interactive.

La RPA donne la parole au peuple. C'est de cette vocation qu'elle tire son nom « la radio publique africaine » et se veut être « la voix des voix des sans voix ».

96 Maison de la presse, Les Statuts régissant l'Union Burundaise des Journalistes au Burundi, 2011.

- 48 -

Alexis SINDUHIJE est le créateur de la radio. Il en est également le premier Directeur. La création de la RPA est le fruit d'une simple idée : le peuple burundais n'a pas où exprimer ses doléances, ses aspirations, ses souffrances et sa vision concernant la vie sociopolitique du pays en vue de contribuer à son édification.

En 2005, la RPA a joué un rôle majeur dans la conscientisation et la participation du peuple burundais aux différentes échéances électorales.

Aujourd'hui, elle continue à diffuser des émissions en rapport avec la vie sociale, l'actualité quotidienne, scientifique, même si, la majorité de ses émissions sont en rapport avec l'actualité de la vie politique.

2. Mission :

- Promouvoir plus de justice et d'égalité surtout, en faveur des sans voix.

- Promouvoir auprès des gouvernements et des citoyens la rationalité dans la gestion de la chose publique.

- Contribuer à la conscientisation des citoyens sur leurs droits et devoirs.

- Stimuler l'exercice de la liberté d'expression chez les burundais.

Eric MANIRAKIZA résume la portée de cette mission à travers les valeurs suivantes : la justice, la tolérance, la solidarité et l'égalité. « Nous croyons, dit- il, en la justice sociale, en une société qui met en avant les valeurs d'égalité, de justice, de solidarité et de tolérance. Nous oeuvrons pour une société responsable où les mandataires publics sont redevables devant son peuple. Nous voulons contribuer à la promotion d'un citoyen libre, consciencieux et respectueux de ses devoirs, attaché à ses droits et à ceux des autres ».97

Ces propos d'Eric MANIRAKIZA corroborent les objectifs que la RPA s'est fixés à savoir :

- La mise en place de la radio dénommée Radio Publique Africaine, la voix des voix des sans voix.

- La création des stations des radios communautaires appelées Radios Publiques Africaines, à NGOZI, RUYIGI et MAKAMBA98

- Initier un projet Tanganyika Studio, comme outil technique performant de l'audiovisuel du pays et de la région des grands lacs.

97 Propos recueillis lors de l'entretien tenu avec le Directeur de la RPA, Eric MANIRAKIZA, en Avril 2010.

98 Depuis 2006, seule la station de Ngozi est opérationnelle.

- 49 -

3. Mode de fonctionnement

Selon Eric MANIRAKIZA, la RPA n'a pas de bailleurs institutionnels qui prennent

en charge les frais de fonctionnement et les salaires de son personnel. Ses financements

viennent des organisations nationales et internationales par demande selon les besoins que

nous leur exposons.

La même source nous apprend que les responsables de la RPA, consacrent beaucoup

de leur temps à élaborer des projets de financement. Ce qui les empêche de se concentrer

sur le travail d'investigation journalistique.

Le budget qui doit couvrir toutes les activités annuelles peut s'élever à six cent

soixante mille dollars américains (660.000$). Or, présentement les frais de fonctionnement

de la RPA s'élèvent à cent cinquante mille dollars américains.

D'autres bailleurs de fonds existent. Nous pouvons citer :

- Open Society Institutes (de la fondation SOROS de Grande Bretagne)

- La Coopération Belge.

- l'Union Européenne.

- Cordaid Hollande.

- Le Gouvernement Suédois (passant par PNUD).

- Développement et Paix (ONG Catholique Canadienne).

- CMC (ONG Catholique Hollandaise).

Au Burundi, la RPA entretient le partenariat avec les ONG suivantes :

- Law group.

- Care International.

1. La ligne éditoriale

En vue de collecter et de traiter les données de sa ligne éditoriale « la voix des sans

voix », la RPA a toujours privilégié l'approche participative.

Elle tend le micro aux composants les plus démunis de la société. Par sa liberté de

ton, elle a violé bien des tabous (...). Il convient de rappeler que cette audience lui a valu

depuis 2002, les menaces régulières des pouvoirs même si elle a suscité l'admiration des

auditeurs.99

99 G. MFURANZIMA, cité par Filip REYNTJENS et S. MARYSSE dans, L'Afrique des Grands Lacs : dix ans de transitions conflictuelles, Paris, Harmattan, 2006, p. 101.

- 50 -

2. Les émissions en direct

Parmi les émissions en direct qui passent à la RPA, on peut citer :

Woterera iki, Ijambo ni rwanyu, Abaduseruka, Kabizi, Eureka je trouve

? WOTERERA IKI :

Créée il ya plus de cinq ans, l'émission passe en direct tous les dimanches à partir de 7h du

matin. Cette émission aborde la plupart des sujets d'actualité.

L'animateur de l'émission a habituellement un à trois invités sur le plateau. Le

téléphone de l'émission est ouvert aux auditeurs qui souhaitent intervenir au cours de

l'émission pour échanger avec les invités.

? IJAMBO NI RWANYU

Créée il ya plus de cinq ans, l'émission est animée sous forme de débat autour des

thèmes d'actualité à caractère politique, économique, sanitaire et éducatif.

? ABADUSERUKA

L'émission est vieille de trois ans. Elle débat ou traite essentiellement des questions

ou thèmes portant sur les deux chambres du parlement burundais : le Senat et l'Assemblée

Nationale. Les élus du peuple rendent des comptes sur les promesses électorales.

? KABIZI

L'émission est consacrée substantiellement aux questions politiques. C'est la libre

antenne ouverte aux hommes politiques de la mouvance et de l'opposition. L'émission est

souvent le champ de confrontation entre la RPA et le CNC.

3. Grille de programmes de la RPA

La Radio Publique Africaine dispose dans sa grille des programmes une partie importante consacrée aux informations. Elle est la seule radio au Burundi qui, pendant la journée diffuse les flashes d'informations toutes les heures en Kirundi, Swahili et Français.

- 51 -

Les programmes sont répartis comme suit :

HEURE

LUNDI

MARDI

MERCREDI

JEUDI

VENDREDI

SAMEDI

DIMANCHE

 

5H00

INDICATIF D'OUVERTURE

 

5H10

AMATANGAZO

AMATANGAZO

 

5H35

IBIHAYANISHWA

 

5H45

AMAKURU MUKIRUNDI

 

6H00

COMMUNIQUE

 

6H10

PUBLICITE

 

6H15

 
 

JOURNAL PARLE EN FRANÇAIS

 

6H30

 
 

6H40

PUBLICITE

 

6H45

TAARIFA YA HABARI

 

7H00

 

RENCONTRE ET

 
 

AMATANGAZO

 
 
 

7H15

 

PROFILS

 
 

7H30

 

IVYANDITSWE

UTERERIKI

 
 
 

SANS FRONTIERE

GILBERT

 

7H40

ACTUALITE /VOIX D'AMERIQUE

 
 
 
 
 

PIGISTE

 
 

7H55

 

PUB

 
 
 

NOA

 
 
 
 
 
 
 
 

BON

 
 
 
 
 
 
 
 

GO

MICHEZO

INKINO

MICHEZO

INKINO

 
 
 

8H00

II

 
 
 
 
 
 
 
 
 

MASUDI

ACHILLE

MASUDI

ACHILLE

 

VOA(DEBAT POLITIQUE)

 
 

DE

 
 
 
 
 
 
 
 

5H4

 
 
 
 
 
 
 
 

0

 
 
 
 
 
 
 

8H10

TRANSITION MUSICALE

 
 
 
 
 
 

TUJAHE

 
 

ABADUSERUKIRA

 
 

8H15

 
 
 
 
 
 

GRAND-LAC HEBDO

 
 

INK

 

VOA

 
 

NIBIZI SERGE

 
 
 

ORA

 
 
 
 
 

REVUE DE

LA

 

MU

 
 
 

MILINDIMO YA

 

PRESSE/HERMES

 
 

TIM

MUKENYEZI

SANS

E.A.MUSIC

PWANI

 
 
 
 

A

RAMIRIZA

FRONTIE

AISHA

AISHA

 
 
 

8H45

 

FRANCINE

RE

 
 
 
 
 
 

ALO

 

PIGISTE

 
 
 
 
 
 

YS

 
 
 
 
 
 
 

9H00

AMAKURU/IJWI RY'AMERIKA

 
 
 
 
 

EN TOUTE

 
 
 
 
 
 
 
 

INTIMITE

 
 
 

MUGAN

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

KUMURIRI

 
 

GA

 
 

KAZOZ

 

JABO J MARIE

 
 
 
 

KORICUJEJWE

TUJENGE TAIFA

 

IBIDUKIKIJE

 

MAMERT

 

9H30

 
 
 

A

 
 
 
 
 
 

FIDELITE

ALEXIS

 

JOSELYNE

 
 
 
 

ONGEA

 
 

EMILE

 
 
 
 
 

ALEXIS

 
 
 
 
 
 
 

10H00

FLASH EN KIRUNDI/ FRANÇAIS/SWAHILI

MUSIQUE

 
 

10H06

PUB

 
 
 
 

KABIZI/SERGE

 

MUSIQUE

 

10H10

 
 
 
 

11H00

 
 

PUB

 
 
 
 

CUKUCUKU

 

11H10

 
 
 
 
 

PUB

RPA MUSIQUE

 
 

11H15

AKAYABAGU

PUB ET

 
 

11H30

 

COMMUNIQUE

 
 

11H35

 
 
 
 
 

AMATANGAZO/COMMUNIQUE

 
 
 

45

 
 

MACHOC

 

12H00

 

COMMUNIQUE

 

12H15

IBIHAYANISHWA/PUBLICITE

 

12H30

AMAKURU MU KIRUNDI

 

- 52 -

12H50

COMMUNIQUE/PUBLICITE

13H00

JOURNAL EN FRANCAIS

13H20

PUBLICITE

13H30

TAARIFA YA HABARI

13H50

PUBLICITE

NOA BONGO I DE 12H5O

PUB

14H00

ACTUALITE DEUTSCHE-WELLE

VOA/KIRA

BIRANDAMBIVE

14H15

EUREKA

JE

TROUVE

14H30

EUREKA JE TROUVE INNOCENT VALENTIN

TUVAGE AMAGARA VACU/RITA

EUREK

A JE
TROU VE

VAGA
MUGANGA
FRANCINE

UBUGIRIGIRI
FLORINE

15H00

AKAMU NA

OLIVIER

LES OUBLIES SANDRIN

KARAMIRIZA FRANCINE

AHIW ANVU HERM ES

INTAHE PARFAIT

TOP ELEVEN
PAGGIO

KAZE KIBONDO ESPERANCE

15H30

TUBASHI GIKIRE

ALOYS

CHEMSHA BONGO

UN MONDE...

UNE HISTOIRE/J

NYAGI RA TUBA NE

 

FORUM ECO

16H00

 

FLASH EN KIRUNDI/ FRANÇAIS/SWAHILI

 

KORICUJEJWE FIDELITE

NOMUKURAHE GILBERT

16H10

NTIMUT

SHIRUKUBUTE

 

PIGIST E KIR

FASHUKIZE CROIX ROUGE

16H30

WINUBE

 

IHURIRO

ABATA

 

NVUNGANIRA TUBANE

STUDIO TUBANE

16H40

VANESS A

MUSIC

ACHILLE

NGAM UCO VANES SA

AKARERE

16H55

MUSIC

MUSIC

MUSIC

MUSIC

MUSIC

GOSPEL

PARFAIT

16H55

 

PUBLICITE

EN SWAHILI

 

NYEGANYEGA ESPERENCE

17H00

 

TAARIFA

VA HABARI VA

DEUTSCHE-WELLE

 

17H20

PUBLICITE

17H30

 
 

TAARIFA

YA HABARI

 

17H50

PUBLICIT E

NOA BONGO II DE 17H40

 

PUBLICITE

NOA BONGO I DW-W

18H00

 
 
 

JOURNAL EN FRANCAIS

18H20

 
 

PUBLICITE

 

18H30

TAARIFA VA

HABARI VA SAUTI

VA AMERIKA

 

19H00

 
 

AMAKURU

MU KIRUNDI

19H20

 
 

PUBLICITE

 

20H00

 
 

AMATANGAZO §

COMMUNIQUE

20H10

MUSIC

 

MUSIC

MUSIC

 

MUSIC

MUSIQUE

MUSIQUE

20H30

 

JOURNAL EN

FRANCAIS DE LA VOIX

D'AMERIQUE

21H00

 

PUBLICITE

 
 

NTUSAMARE
GIL BERT

AKAHISE

21H05

 
 

KABIZI/SERGE

 

21H30

LES OUBLIES/SAND

UN MONDE... UNE

HISTOIRE/J

21H55

PUB

22H00

UMURIR IMVVI KURI

ABATANGAM UCO

VANESSA

NOMUKURAHE GILBERT

KAZOZA

SALON CULTUREL

WEEK END SHOW PAGGIO

22H15

ANCIENS SUCCES

ALEXIS

22H30

RPA PAGGIO

AKAKERA ALOVS

 

MUGAN GA

ONGEA

OLIVIER

22H55

E.SANTE (DW-w)

ÉCODEV

(DW-w de

LEARNING BV

EAR

LEARNIN

G BV

PUB

LEARNING BV EAR

DE 14H20/DW-

LEARNING BV EAR de

19H30

- 53 -

 
 

19H30)

DW-W 19H43

EAR/DW - W(19H4 3)

 

W

 

23H1O

SPORT RPA

MASUDI /ACHILLE

CLUB DE LA

PRESSE

ABADUSERUKIR A

SERGE

MUSIQU E

TEMPON de la soirée

NKINA NKEBURA

UTERERIKI

23H30

IJORORY IZA

MASHOC

O.G.L/Ines

24HOO

FERMETURE DE LA RADIO

LA R.P.A VEUT OEUVRER POUR UNE SOCIETE JUSTE, SANS VIOLENCE, SOLIDAIRE ET PROSPERE.

NOUVELLE GRILLE DES EMISSIONS À PARTIR DU 1 JANVIER 2013

(1) . La grille de programmes trouvée sur le site de la Radio Publique Africaine : www.rpa.bi/

54

4. Organigramme de la Radio Publique Africaine

Association (A.G)

Représentant Légal

Comité Exécutif

Directeur

Chargé des Projets

DAF

Service des Programmes

Service Technique

Service des Nouvelles

Service Commercial

Personnel

(2). Nous avons obtenu cet organigramme du Directeur de la RPA, lors de la visite En 2013.

55

1) L'Assemblée Générale : est un organe supérieur de la radio.

2) Le Représentant Légal : représente la radio devant la loi.

3) Le Comité Exécutif : il est l'organe qui désigne le Directeur et se charge de contrôler les activités de la radio.

4) Le Directeur : veille au respect de la vision de la radio, il est l'interlocuteur des partenaires, gère la radio administrativement et le contenu éditorial.

5) Les autres exécutent la vision et les programmes diffusés par la Direction, ils participent aussi dans les discussions pour planification.

II. 3.2. Le Conseil National de la Communication (CNC)

1. Naissance et Evolution100

Le Conseil National de la Communication(CNC) est un organe constitutionnel et de régulation. Il est nommé par décret ou par des lois ordinaires. Le CNC a été institué suivant l'article 26 de la constitution de mars 1992, la loi sur la presse du 26 novembre 1992. Il est doté d'un pouvoir de décision en matière d'autorégulation et de gestion des organes de presse.

Athanase NTIYANOGEYE écrit que le premier Conseil National de la Communication a été nommé en janvier 1993.

Il eut comme président le Docteur Aloys KAMURAGIYE et vice-président le père Liboire KAGABO.

Le 1èr Conseil National de la Communication n'a presque rien laissé à son actif à cause de la situation de crise socio politique dans laquelle il a fonctionné.

Le 2ème CNC fut nommé par Décret N°100/30 du 23 mars 1995. Il a été présidé par un Journaliste de formation Simon NKURURU.

On notera à l'actif du 2ème CNC, la suspension de sept journaux privés qualifiés de médias de la haine par Radio Sans Frontière en 1996. Il s'agit de l'Aube de la Démocratie (pro Frodebu), du Carrefour des idées (pro Uprona), de la Nation (pro Parena), de l'Etoile (pro Parena), du Miroir (pro Frodebu), de l'Eclaireur (pro Frodebu), du Témoin nyabusorongo (pro Frodebu).

100 A. NTIYANOGEYE, Le paysage médiatique du Burundi, Bujumbura, 2008, p. 60.

56

Le 3ème CNC nommé selon le Décret n°100/05 du 12 août 1998, était présidé par Apollinaire NCUTINAMAGARA. Pas de vice-président. Rien n'est à noter à son actif car il n'était pas équipé d'outils lui permettant de bien fonctionner.

Le 4ème CNC est nommé en novembre 2001. Il eut comme président Monsieur Jean-Pierre Manda, et son vice-président, Monsieur Jean-Berchmas KABURUNDI. Au cours de son mandat, le 4ème CNC a suspendu en 2003 pendant quelques jours les radios RPA et ISANGANIRO pour violation de la loi en rapport avec la régulation des médias.

En février 2005, il suspend L`agence Net Press et la RPA. Net Press pour avoir écrit dans sa dépêche du 19 janv. 2005, des propos diffamatoires et outrageants à l'encontre du Président de la Commission Nationale de Réhabilitation des Sinistrés(CNRS), Monsieur Frédéric BAMVUGINYUMVIRA. A la RPA le CNC reprochait d'avoir diffusé des informations sur l'état actif du Gouvernement, incitant à « l'incivisme ». la RPA a diffusé en effet : « l'Etat yari yapfuye none yazutse », en français, « l'Etat était mort, il vient de ressusciter ».

Le 5ème CNC voit le jour en 2005. Il a été Présidé, par Monsieur Thaddée SIRYUMUNSI secondé par l'Abbé Emmanuel MUYEHE.

L'actuel Conseil National de la Communication a été nommé le 9/février 2011. Son Bureau a été constitué le 04 février 2011. Celui-ci s'est fixé pour mission de garantir la liberté de la presse dans le respect de la loi, de l'ordre public et des bonnes moeurs de jouer le rôle consultatif auprès du Gouvernement en matière de communication.

Il faut rappeler que l'actuel Conseil National de la Communication (CNC) est régi par la loi n°1/18 du 25 septembre 2007 qui l'institue comme autorité administrative indépendante chargée de veiller à la liberté de la communication écrite et audiovisuelle dans le respect de la loi, de l'ordre public et des bonnes moeurs. Tous les médias oeuvrant sur le territoire burundais rentrent dans son champ de compétence quel que soit leur statut juridique. La même loi définit sa composition, son organisation et son fonctionnement.

Le rapport de monitoring, des auto-saisines et des plaintes sur les activités réalisées par l'actuel CNC montrent que ce dernier par rapport aux CNC précédents a le minimum d'outils de travail pour donner un résultat satisfaisant bien que des lacunes ne manquent pas.

'0' Nous nous référerons essentiellement au rapport triennal du CNC 2009- 2011 pour parler du fonctionnement, de la composition du CNC, du respect de la déontologie et de la loi sur la presse.

57

2. La responsabilité du CNC'0'

La loi confie à l'actuel CNC la mission principale d'assurer, d'une manière générale, le respect de l'expression pluraliste des courants de pensée dans la presse et la communication. C'est un Conseil qui dispose d'un pouvoir de décision en matière de respect et de promotion de la liberté de presse, tout en jouant un rôle consultatif auprès du gouvernement en matière de communication.

Dans son art.6, cette loi assigne aux membres du CNC cinq missions :

- Garantir l'indépendance, notamment en matière d'information, des médias publics et privés ;

- Garantir le libre accès aux sources d'information ;

- Garantir de façon équitable le libre accès des partis politiques, des syndicats, des associations et des citoyens aux moyens tant publics que privés d'information et de communication ;

- Garantir l'utilisation rationnelle et équitable des médias tant publics que privés par les institutions publiques chacune en fonction de ses missions constitutionnelles ;

- Veiller au bon fonctionnement des médias et faire respecter les engagements contenus dans leurs cahiers des charges.

3. Composition du CNC

L'actuel CNC est formé de quinze membres. Le législateur a voulu que ces membres soient choisis dans le secteur de la communication et dans les divers milieux utilisateurs des médias, selon l'intérêt qu'ils portent pour la communication, la liberté de presse, d'expression et d'opinion.

Les membres du CNC sont nommés par le Président de la République en concertation avec les vice-présidents de la République. Une fois nommés, les membres du Conseil élisent un Bureau Exécutif de cinq membres composé d'un Président, d'un vice-président, d'un secrétaire exécutif, d'un trésorier et d'un conseiller juridique.

Tous les membres du Bureau Exécutif ont un mandat permanent, tandis que les dix autres sont non-permanents.

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4. Fonctionnement du CNC

La gestion quotidienne du Conseil est assurée par le Président assisté d'autres membres du Bureau exécutif.

Le Conseil peut recourir à des commissions de travail ad hoc ou permanentes pour l'examen des dossiers qui ont un caractère particulier.

Le Bureau du secrétariat exécutif dépend de deux services et une commission :

- Le service du monitoring de la presse audiovisuelle ;

- le service du monitoring de la presse écrite ; la communication et la documentation.

Le CNC dispose en son sein d'un Conseiller juridique qui est aussi un membre permanent du Conseil. Les décisions du Conseil National de la Communication se prennent en Assemblée Plénière. En cas d'urgence, le Président du CNC peut prendre des mesures transitoires à l'encontre d'un médium fautif quitte à ce qu'elles soient confirmées ou infirmées par l'Assemblée Plénière.

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5. Organigramme du Conseil National de la Communication

Cadres du Monitoring

Membres du Bureau Exécutif

Membres du Bureau Central

Secrétaire

Attachée Administrative

Planton

Chauffeurs

(3).Trouvé au CNC en 2013.

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Le CNC a également créé en son sein en 2008 quatre sous-commissions de travail, des sous-commissions ouvertes aux compétences extérieures :

1) pour la formation continue des professionnels des médias ;

2) pour la carte de presse ;

3) pour le fonds de promotion des médias ;

4) Pour les droits d'auteurs.

Le développement du Conseil National de la Communication nécessite la mise en place d'un secrétariat d'instruction des plaintes. Celui-ci est une structure technique évoluant administrativement au sein du CNC et chargée de l'examen.

6. Rapports d`activités du CNC (2009-2011)

Les activités réalisées par le Conseil National de la Communication dans le domaine de la régulation se sont matérialisées par des décisions prises sur base des rapports de monitoring, des auto-saisines et des plaintes. Ainsi, le service de monitoring du Conseil National de la Communication produit à la fin de chaque mois des rapports sur les contenus des médias audiovisuels, écrits et électroniques. Ce travail d'analyse porte sur les thématiques exploitées dans les médias : le respect du pluralisme de la loi, de la déontologie et d'autres aspects relatifs aux principes de l'exercice de la profession de journaliste.

6.1. Des thématiques traitées

Les médias burundais informent le public sur des sujets variés. Le service de monitoring du CNC a constaté qu'au cours de l'année 2011, la politique, la sécurité et la justice ont été des thèmes largement exploités dans les médias nationaux. Ceci s'explique par l'environnement socio-politique du moment dominé par les questions de sécurité et de justice. D'autres sujets ont été soit moyennement traités (cas de la santé, de l'intégration régionale et de l'économie.), soit inexistants (comme la protection de l'enfance dans les informations et programmes des médias). Les médias nationaux, fait remarquer le CNC, doivent traiter des sujets liés tout aussi bien à la sécurité, à la politique, à la justice qu'à la santé, à l'économie, à la protection des enfants et à l'intégration régionale. Le public a besoin d'être informé sur ces divers sujets pour sa culture et son acquisition des connaissances.

Le monitoring du CNC reproche à certains médias de livrer des informations au public sans investigations et analyses approfondies au préalable. Ce qui sans doute édulcore

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la réalité socio-politique et ne permet pas au public d'en avoir une meilleure compréhension.

a). Du respect du principe du pluralisme et de l'équilibre de l'information

L'art.6 alinéa 3 de la loi régissant le Conseil National de la Communication stipule : « En matière décisionnelle, le Conseil a pour mission de Garantir de façon équitable le libre accès des partis politiques, des syndicats, des associations et des citoyens aux moyens tant publics que privés d'information et de communication ».

C'est en vertu de cette disposition légale que se fonde l'observation du CNC sur le pluralisme et l'équilibre de l'information dans les médias.

Aussi, les rapports de monitoring ont-ils montré que certains médias donnent plus de temps d'antenne, de parole et d'espace aux activités des institutions publiques et aux représentants de certains partis politiques en défaveur d'autres opinions. Par contre, d'autres médias accordent leur espace médiatique et beaucoup de temps d'antenne aux partis politiques de l'opposition ainsi qu'aux militants de la société civile, mais en faisant fi de l'opinion. Les auditeurs de ces médias ont droit à l'information issue de la confrontation pour bien apprécier la situation socio-politique du pays.

Il faut ajouter à ce constant le déséquilibre dans le choix des invités aux émissions données via certaines radios. Des pareils choix discréditent les émissions de ces médias et leurs animateurs.

b) Du respect de la déontologie et de la loi sur la presse

En analysant le contenu du rapport de monitoring du CNC de 2009-2011, nous constatons que d'une façon générale, les médias ont essayé de travailler professionnellement pendant le premier trimestre de 2011, alors que le second trimestre de cette année a été marqué par des dérapages. Ce sont surtout des dossiers en rapport avec la justice, la sécurité qui ont connu beaucoup de dérapages.

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Ces derniers sont liés à la violation du code de déontologie et à la loi sur la presse au Burundi.102 Les principaux dérapages relevés sont :

b.1. Le déséquilibre de l'information

C'est le dérapage qui a été le plus commis par la plupart des médias. Ce manquement concerne l'imputation des faits à des personnes physiques ou morales sans la reproduction de la version des intéressés sur les faits en question. Il a été observé sur les médias audiovisuels, écrits et même électroniques, dans les journaux comme dans les émissions.

b.2. L'exagération des faits

Ce dérapage consiste dans le fait de ne pas rapporter les faits comme tels alors que ces derniers sont obligatoires. Le journaliste les amplifie, dénaturant ainsi la qualité de l'information. Il y a également le manque de distinction clairement établie entre les faits et commentaires. Des propos pareils ont été relevés dans certains médias audiovisuels et écrits.

b. 3. Des propos aux caractères diffamatoires et pouvant constituer une offense

aux institutions publiques

Ce sont des informations qui ont été publiées ou diffusées dans les médias contenant des accusations sans justification à l'endroit des autorités publiques. Le CNC a relevé ce genre de propos dans la presse audiovisuelle, écrite et sur internet, dans les journaux comme dans les émissions.

102 L'observation du CNC décrite dans ce travail fait référence à la disposition légale de la Loi du 27 Novembre 2003. Rappelons que conformément aux souhaits des professionnels des médias et du gouvernement Burundais, cette Loi a été modifiée, votée et promulguée par le Président de la République en 2013. LOI N°1/11 DU 4 JUIN 2013 PORTANT MODIFICATION DE LA LOI N°1/025 DU 27 NOVEMBRE 2003 REGISSANT LA PRESSE AU BURUNDI.

Hélas, les articles récemment amendés n'ont pas été bien accueillis par les professionnels des médias. Ces articles paraissent étrangler quelques droits des professionnels des medias et leur liberté d'expression. D`autres personnes, comme le 2ème vice-président du sénat estime que ces amendements sont contraires aux textes qui régissent le travail. Comment peut on exiger à un journaliste d`aller étudier six ans pour avoir son bac alors qu`il a suffisamment d`expériences dans ce métier? La carte de presse qu`il paye devait être validée en fonction de sa durée de contrat, en cas de faute la carte lui est retirée. Infliger des amendes exorbitantes en cas de délit tue la profession. Les délits de presse seraient jugés devant la justice et non au CNC, obliger les journalistes à révéler leurs sources met en danger la profession car personne ne doit plus donner son information. Ces postulats montrent que le journalisme devient un des métiers les plus difficiles et dangereux au Burundi comme ailleurs. A des telles situations on doit beaucoup s`attendre à des résultats négatifs que positifs car si les journalistes refusent catégoriquement de s`exécuter, le bras de fer s`engage entre ces derniers et le pouvoir en place. Cependant, les deux cotés ont l`intérêt à trouver un modus vivendi en se référant notamment à la constitution et aux textes internationaux déjà ratifiés. (cfr. La nouvelle Loi. Art.7, 9, 10, 16, 17, 18, 19, 20, 57,58).

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b. 4. Des propos pouvant porter atteinte à la vie privée

Il s'agit des propos en rapport avec la vie privée des personnes qui ont été diffusées surtout dans certaines radios103. Des informations d'intérêt public ont été mêlées à la vie intime des individus.

b. 5. Des propos pouvant constituer des appels à la désobéissance

civile ou à la révolte

Ce sont surtout des déclarations des hommes politiques susceptibles de soulever le

public contre le pouvoir ou à le pousser à dénigrer ce dernier.

Ces propos ont été diffusés et publiés dans la presse audiovisuelle et écrite privée.104 6.2. Des plaintes

La plainte est une parole, un cri, un gémissement provoqué par une douleur physique ou morale. Dans le sens plus large, les plaintes sont des mécontentements que l'on exprime ou une récrimination. Ce sont des dénonciations en justice, d'une infraction par la personne qui en a été la victime.105

Le CNC a analysé et conclu les dossiers de plaintes déposés par les tiers à son siège. Certains dataient de l'année 2010, d'autres ont été déposés au cours de l'année 2011. Le Conseil s'était fixé comme objectif d'épuiser tous ces dossiers avant l'année 2012. Cela n'a pu l'être à cause du départ du Conseiller Juridique et de l'absence du secrétariat d'instruction. Voici quelques plaintes ainsi que des solutions :

? Plainte du Chef de Zone MIVO, Monsieur Soter NDIKUMANA contre la Radio Publique Africaine (RPA)

Cette plainte datait du 7octobre 2010. La RPA avait diffusé que le chef de zone MIVO de la Commune et Province NGOZI, percevait des amendes sans quittance, auprès des éleveurs faisant paitre les vaches sur les pâturages brulés. Selon la même information, le Chef de Zone MIVO partageait cet argent avec le Chef de poste de la même localité.

Le Conseil a constaté que l'information diffusée avait été déséquilibrée car, ni la version du Chef de Zone MIVO, ni celle de Chef de poste n'ont été livrées au cours de la même édition. La RPA devait ainsi diffuser un rectificatif.

103 Selon le rapport triennal du CNC de (2009-2011), ce cas a été constaté à la RPA, à la Radio ISANGANIRO et à la Radio Rema FM.

104 Selon le rapport triennal du CNC de (2009-2011), ce cas a été constaté à la RPA, à la Radio ISANGANIRO et à la Radio Rema FM, Bonesha FM, dans le Journal Arc-en-Ciel et Voix de l`enseignant.

105Dictionnaire Encyclopédique, Auzon, Paris, 1991.

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Mais comme la plainte datait de longtemps, le Conseil a décidé de classer sans suite ce dossier tout en déplorant cet état de fait. Parallèlement, un blâme a été adressé à la RPA lui rappelant que l'équilibre de l'information doit être respecté rigoureusement.

? Plainte de Monsieur Emmanuel GAHOMERA contre la Radio Publique

Africaine/ RPA

L'affaire concernait le conflit foncier. Dans la diffusion de l'information sur ce dossier, la RPA avait affirmé que Monsieur Alexandre GAHOMERA, soit disant propriétaire de ladite maison était incapable de se procurer une paire de chaussures.

Le Conseil a constaté que le dossier datait de l'année 2010 et a recommandé au Conseiller Juridique de contacter Monsieur GAHOMERA pour lui demander s'il tenait toujours à son dossier en vue de le clôturer. Malheureusement, ces contacts ont été infructueux.

? Plainte de Monsieur Anselme NYANDWI, Directeur Général de l'usine de café

« Imbo Coffee Company » contre la RPA

La plainte était en rapport avec une information qui avait été diffusée sur la Radio Publique Africaine faisant état d'une attaque des bandes armées à l'usine de café (Imbo Caffee Campany) d'un certain NYANDWI Anselme. Selon l'information, « des sacs de café avaient été emportés par les bandes armées au cours de cette attaque et vendus en RDC ».

Les éléments d'investigation ont montré que l'attaque en question n'avait pas eu lieu contrairement à ce qu'avait diffusé la RPA. Ainsi, l'information était par conséquent :

? Déséquilibrée : la version du Directeur Général de l'usine n'avait pas été diffusée sur ce dossier (art. 8 du code de déontologie de la presse Burundaise) ;

? Mensongère : n'ayant pas privilégié la recherche de la vérité (art.3 du code de la déontologie).

Ainsi, le Conseil a recommandé à la RPA de produire un rectificatif mentionnant l'information fausse diffusée comme le stipule l'art.43 de la loi régissant la Presse au Burundi, et à la partie civile de saisir la juridiction compétente pour la réparation civile (dommage et intérêt) conformément à l'art.44 de la loi régissant la Presse au Burundi.

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? Plainte du Bureau Presse et Communication de la Présidence de la République contre le site www.cosome.bi de la COSOME

La plainte concernait la dénaturation par le site www.cosome.bi de la COSOME d'une information qui avait été publiée sur le site www.presidence.bi de la présidence de la République. L'information était relative aux contributions d'un montant de soixante millions (60 Millions) de Francs burundais pour la construction de la permanence du Parti CNDD-FDD à KARUSI.

Le Conseil a constaté que les faits ci-hauts décrits sont contraires au prescrit de l'art.9 de la loi régissant la Presse au Burundi qui recommande aux journalistes de respecter le code de déontologie qui, à son tour, en son art.8 dispose de la séparation des commentaires des faits.

Ainsi, le Conseil a recommandé au site : www.cosome.bi de produire un autre rectificatif indiquant clairement la matière qui avait été maladroitement rapportée, l'information initiale dénaturée et sans source.

? Plainte du Directeur de l'Ecole Technique de Bubanza contre le journal «Voix de l'enseignant » et la Radio Bonesha FM

La plainte est déposée le 23 juin 2011. En effet, le Directeur de l'Ecole Technique de BUBANZA (ETB) Tharcisse NIYONGABO a porté plainte contre le journal « Voix de l'enseignant » du syndicat CONAPES pour avoir publié une information diffamatoire et la radio BONESHA FM qui l'avait relayée dans l'émission revue de la presse.

L'information parlait d'un montant de 25 Millions de francs burundais déboursés par le Directeur pour l'extension de l'école sans traçabilité dans les comptes de l'école.

Le Conseil a constaté un déséquilibre de l'information car, la version de l'accusé n'a pas été diffusée (art.8 du code de Déontologie de la Presse).

Ainsi, le Conseil a recommandé au journal Voix de l'Enseignant et à la Radio Bonesha FM de respecter l'équilibre de l'information.

? Plainte du Comité Technique chargé de la préparation de la mise en place de la Commission Vérité et Réconciliation contre la RPA

La plainte a été déposée alors que le CNC s'était déjà saisi du dossier et rendu public un communiqué de mise en garde, il a décidé de transférer les autres aspects de la plainte au Ministère Public conformément à l'article 12 alinéa 2 de sa Loi organique qui stipule que :

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« le Conseil peut aussi saisir le Ministère Public pour des cas plus graves dont les sanctions ne sont pas prévues dans les délits de presse mais pouvant menacer la profession.

? Plainte de Madame Lydia NSEKERA, Présidente de la Fédération de Football

du Burundi contre le journal Arc-en-ciel

La plaine concernait une information qui avait été publiée dans le journal Arc-en-ciel, dans son numéro 357 du 14 octobre 2011. En effet, dans un éditorial intitulé : « Lydia NSEKERA, un porte-malheur pour le football burundais ? », Arc-en-ciel avait écrit des propos qui ont offensé la Présidente de la FFB. Après analyse du contenu de l'éditorial, les membres du Conseil ont constaté que des propos diffamatoires, injurieux et portant atteinte à l'honneur et à la dignité de Madame Lydia NSEKERA, avaient été publiés en violation des articles 9 et 10 de la Loi régissant la presse au Burundi.

Ainsi, le Conseil a décidé d'adresser une mise en garde au journal Arc-en-ciel, précisant qu'une récidive conduirait à des sanctions plus contraignantes.

1. 3. Des sanctions

Une sanction est une action positive ou négative par laquelle la société approuve ou désapprouve un comportement jugé par référence à ses normes. Au sens plus étroit, la sanction est une action négative appliquée à la suite d'une procédure de jugement et par une instance légitime par référence à des normes explicites.106 Face aux manquements observés dans différents médias, le CNC a d'abord privilégié le dialogue par des réunions d'échange. Mais, des sanctions ont été aussi prises pour des cas graves ou des récidives. Ces derniers vont d'une mise en garde à une suspension.

a. Mises en garde

Le terme « mise en garde » vient de l'expression « mettre en garde ». Mettre quelqu'un en garde, c'est le prévenir de ce qui se passe, l'informer par avance, l'avertir. C'est empêcher quelque chose de se produire en prenant des précautions, des mesures nécessaires.107

Une mise en garde a été adressée à la RPA pour la diffusion des informations faisant état des personnes victimes de justice populaire. Le CNC a constaté que des telles informations peuvent inciter les citoyens à se faire justice.

106 Dictionnaire de sociologie, Seuil, Paris, 1999, p. 469.

107 Dictionnaire Encyclopédique, op. cit., p. 798.

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Une autre mise en garde a été adressée à la même radio pour avoir diffusé des propos pouvant inciter à la haine ethnique à propos de certains membres du Comité Chargé de la préparation de la mise en place de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR).

Une mise en garde officielle a été adressée par le CNC à la Radio Bonesha FM suite aux propos d'incitation à la révolte et à la désobéissance civile diffusés au cours de l'émission « Mubivuzeko iki ? » du 29 juin 2011. Cette mise en garde concernait aussi le journal de matinée du 4 juillet 2011, qui contenait des propos offensants à l'égard des Institutions de la République.

Une mise en garde a été adressée à la radio Isanganiro pour avoir diffusé dans le journal du 25 juillet 2011, des propos offensant Maître Isidore RUFYIKIRI à l'endroit des magistrats.

Des mises en garde ont été adressées aux radios RPA, Isanganiro, Bonesha FM, Rema FM, à la Radio Télévision Renaissance et au journal Iwacu, pour avoir diffusé et publié le 24 août 2011 des propos de Monsieur Léonce NGENDAKUMANA, pouvant porter atteinte à l'ordre et à la sécurité publics.

Une mise en garde a été donnée à la radio REMA FM pour diffusion des propos malveillants à l'encontre de Maître Isidore RUFYIKIRI dans le commentaire du journal du soir du 29 juillet 2011.

Une mise en garde a été adressée au journal Arc-en-ciel pour des propos diffamatoires, injurieux portant atteinte à l'honneur et à la dignité de la présidente de la FFB, qui avait été publié dans le numéro 357 du 14 octobre 2011.

Une autre mise en garde a été adressée à la RPA et un blâme à la radio CCIB FM+ le 26 novembre 2011, pour avoir diffusé des propos diffamatoires à l'endroit des Institutions Publiques.

b. De la suspension

La suspension vient du verbe « suspendre ». Ce verbe a comme synonyme « attacher », « fixer en haut ». Sous un autre angle ce terme signifie une interdiction temporaire par mesure disciplinaire d'exercer une activité ou une profession.

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Un seul cas de suspension a été décidé par le Conseil National de la Communication au cours de l'année 2011. L'émission « Kabizi » de la Radio Publique Africaine a été suspendue pour 4 jours de non diffusion108.

II.4. Conclusion partielle

Le paysage médiatique burundais a beaucoup évolué ces quinze dernières années. La Radio Télévision Nationale n'a plus le monopole de l'information. La presse burundaise a démontré qu'elle était capable de travailler au renforcement de la démocratie. Ceci s'est confirmé pendant les élections de 2005 et 2010 où les médias ont contribué à l'organisation des élections démocratiques, libres, transparentes et apaisées quoique sans quelques dérapage comme cela a été démontré à travers les rapports du CNC. Les médias privés ont été ceux avec qui le CNC a le plus entretenu des relations conflictuelles.

L'Analyse et l'interprétation des résultats de nos investigations menées au CNC et à la RPA vont nous permettre de scruter davantage le caractère conflictuel des relations entre cet organe de régulation et ce média privé.

108 La décision a été prise au cours de l'Assemblée Plénière Extraordinaire du 25 Avril 2011. Au cours de cette Assemblée, un seul point était inscrit à l'ordre du jour, à savoir : « l'état d'avancement de l'exécution des décisions issues de l'Assemblée Plénière du 24 mars 2011 » au cours de laquelle il était aussi question d'assurer le suivi de l'émission « KABIZI » afin d'éviter les dérapages. Le Conseil, lors de l'Assemblée du 25 Avril 2011, a constaté que la situation n'avait pas changé. Par contre la RPA a été surprise en flagrant de récidivisme. La radio a diffusé en date du 21 avril 2011, des accusations graves et gratuites à l'endroit du chef de l'Etat. Par conséquent, le Conseil a décidé de suspendre l'émission « Kabizi » pour quatre jours de non diffusion.

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CHAPITRE TROISIEME : ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS

Comme l'indique son intitulé, ce chapitre analyse et interprète les résultats obtenus au cours de la recherche en vue de contribuer à une analyse critique des relations entre la Radio Publique Africaine et le Conseil National de la Communication. Avant cette analyse, nous aurons à définir le cadre méthodologique de notre travail. Ce chapitre reflète le déroulement de l`enquête sur le terrain, analyse les rapports, les interviews, entrevues du CNC et les différents points de vues des professionnels des médias et organes pris pour échantillonnage.

III. 1. Présentation du Terrain de l'enquête.

L`enquête de notre travail s`est effectuée à Bujumbura au siège de différents organes oeuvrant dans le domaine des médias. Nous avons ciblé la RPA comme média privé, le CNC comme instance de régulation, la Maison de la presse où se trouve le siège de l`UBJ, l`OPB et l`ABR.

III. 2. Cadre méthodologique.

La méthodologie est une étude systématique, par observation de la pratique scientifique, des principes qui la fondent et des méthodes de recherche qu'elle utilise. Pour ce faire, elle est l'ensemble de méthodes et techniques d'un domaine particulier.109 Ceci définit le cadre méthodologique de notre champ de recherche qui rappelle les techniques et les méthodes utilisées durant notre recherche. Celles-ci nous guideront dans l`analyse et d`interprétation qualitative des résultats de l`enquête. Les mêmes résultats nous permettront de confirmer ou d`infirmer nos hypothèses de recherche.

III. 2.1. Méthodes et Approches

Les méthodes et les approches empiriques que nous allons utiliser, se nourrissent de différentes disciplines et affirment très clairement leur encrage sociologique. Elles sont fondées sur les caractères avec les acteurs et prouvent la nécessité complémentaire des visées descriptives et interprétatives.

1) Méthodes

Dans la rédaction scientifique, la question de la méthode apparait comme une question d'organisation des stratégies appropriées à l'objet qu'on veut étudier. Pour utiliser correctement une méthode, il faut connaitre ses principes et ses exigences.

109 Dictionnaire Encyclopédique, petit Larousse en couleur, 1991, p. 634.

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Pour Descartes, les intelligences ne diffèrent que par les méthodes qu'elles utilisent sans cependant prétendre que la méthode remplace l'intelligence et le talent, reconnaissant qu'elle a pour effet de discipliner l'esprit.110

D'après Jolivet, la méthode est l'ordre qu'il faut imposer aux différentes démarches nécessaires pour atteindre une fin donnée. Appliquée à la science, cette définition générale devient la méthode scientifique de celle qui procède par démonstration et recourt aux critères de l'évidence intrinsèque.

Kambaji wa Kambaji, quant à lui, conçoit la méthode comme une démarche à la fois théorique et appliquée. Elle est une démarche de l'esprit, un mode de raisonnement d'un ensemble d'opérations, de principes et de stratégies ; un ensemble logique que le chercheur doit adopter en fonction de la nature de son analyse et de ses objectifs, et qu`il doit appliquer tout au long de sa recherche pour une intelligence approximative de la réalité sociale.111

R. PINTO et M. GRAWITZ définissent la méthode comme l'ensemble d'opérations mises en oeuvre pour atteindre un ou plusieurs objectifs, un corps de principes présidant à toute recherche organisée, un ensemble de normes permettant de sélectionner et de coordonner des techniques. Elles constituent de façon plus ou moins abstraite, concrète, précise ou vague, un plan de travail en fonction d'un but.112

En synthétisant ces points de vue, nous pouvons dire que la méthode est un chemin intellectuel qui permet de relier l'objet d'étude aux objectifs tout en démontrant les fondements de cette liaison. Elle est une démarche à la fois théorique et appliquée au moyen duquel l'esprit se déploie par le biais des outils de collecte et de sélection (techniques) pour atteindre de manière approchée, les objectifs qu'on s'assigne au départ de la recherche. Dans cette recherche, nous allons utiliser la méthode qualitative dont voici la triple dimension explicative : l'historicisme, le fonctionnalisme et l'herméneutique.

110 Descartes, cité par Mascotsh NDAY WA MANDE dans, Memento des Méthodes de recherché en sciences sociales et humaines, CRESA/ ISES, 2006, p. 32-35.

111 KAMBAJI WA KAMBAJI, cité par M. GRAWITZ dans, Traité de Sciences politiques, Paris, PUF, 1985, p. 117.

112 R. PINTO et M. GRAWITZ, Traité de Sciences politiques, Paris, PUF, 1985, p. 117.

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a) L'Historicisme

C'est une croyance qu'on atteint une compréhension adéquate de la nature d'un phénomène et une meilleure appréciation de sa valeur si l'on prend en considération la place qu'il a occupée et le rôle qu'il a joué dans un processus de développement.113

Dans une recherche sociale, l'historisme nous impose de tenir compte du contexte

historique de l'objet étudié pour en déterminer la signification. Cette méthode va nous
aider à rédiger le travail à la lumière des analyses historiques des différents événements qui ont caractérisé et influencé le Conseil National de la Communication (CNC) et la Radio Publique Africaine (RPA) depuis leur naissance jusqu'aujourd'hui. Cette approche nous permettra de saisir toutes les dimensions de faits et phénomènes afin de les restituer dans leur totalité.

b) Le fonctionnalisme

Le fonctionnalisme est une théorie ethnologique et sociologique tendant à rapporter les phénomènes sociaux aux fonctions qu'ils assurent.114 Nous avons choisi cette théorie parce qu'elle représente une orientation scientifique qui rapporte les phénomènes sociaux aux fonctions que les médias et les instances de régulation et celles d'autorégulation servent.

Les fonctions des médias au Burundi comme ailleurs restent les mêmes. Parmi elles citons les plus courantes :

- Observer les alentours

Le code qui traite de cette catégorie insiste sur la personnalité du journaliste. Ainsi, celui-ci « doit refuser la subordination contraire à la ligne éditoriale de son entreprise de presse et n'accepter des directives rédactionnelles que celles émanant de la rédaction.

- Donner une image du monde

Nous sommes convaincus que l'essentiel des connaissances de l'homme et de l'humanité provient des médias. C'est pour cette raison que : « les journalistes doivent s'abstenir de tout traitement tendancieux de l'information.

113 Mandelbaum, cité par M. GRAWITZ, Ibid.

114 Dictionnaire de Sociologie, op.cit., p. 227.

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RUZUMILOWICZ écrit que : « le rôle des médias ne doit pas se voir restreindre seulement à l'avancement d'un ordre politique démocratique, mais plutôt à la recherche de transparence et de vérité.115

- Servir de forum

En principe les médias sont un espace public, une espèce d' « agora ». A ce titre, ils doivent présenter divers points de vue sur de grandes questions d'actualité. De la sorte, ils doivent permettre aux différents groupes sociaux de pouvoir s'exprimer sur des questions ou tout au moins d'y répondre quand ils sont mis en cause.

C'est pour cette raison que le journaliste « doit s'imposer une rigueur dans le choix des termes et éviter tout décodage entre le titre et le contenu ou toute exagération des faits ».116

c) L'Herméneutique.

Evan PALMANS définit l`herméneutique comme : « une analyse qualitative qui se base sur l'interprétation et l'analyse de ce que les gens font et disent sans trop mesurer ou faire des analyses numériques».117 Dans ce travail, ce paradigme est indispensable dans ce sens qu'il invite les observateurs du social à adapter une posture essentiellement descriptive et antiréductionniste. C'est-à-dire, le chercheur se met sérieusement à l'écoute de la parole des acteurs (les échantillons). Cette prise en compte de leurs dires ne veut pas dire que le chercheur souhaite se remplacer par ses intervenants, mais plutôt, il cherche à s'ouvrir largement avec le moins de préjugés. En effet, les approches constituent le fondement heuristique de notre vision sociologique. Ces dernières ne sont pas seulement des repères, mais bien plus, elles sont des dispositions de ces recherches qui doivent nous orienter dans la découverte, dans la problématique et dans l'interprétation des faits et phénomènes.

Cette approche nous permettra de nous rendre compte de ce qui se passe sur le paysage médiatique en nous renseignant au près de la population cible (notamment la RPA, le CNC, l'O.P.B, l'A.B.R et l'U.B.J.) et d'analyser les résultats y obtenus.

115 B. ROZUMILOWICZ, Democratic change : a theorical perspective, dans Media Reform, Democratizing the media, democratizing the state, prépéré par Price E., Monoroe, Beata Rozumilowicz, Stephan G. Verhulst. London: Routeledge, p. 9.

116 CNC, La loi no. 1/025 du 27 Novembre 2003, régissant la presse au Burundi

117 E. PALMANS, Média et politique en situation de crise : le cas du Burundi, Thèse de Doctorat, Antwerpen, Université, 2008, p. 34.

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2) Types d'approches

BLUMER fait remarquer que «le chercheur peut avoir accès à ces phénomènes privés qui sont les productions sociales signifiantes des acteurs que s'il participe (...) au monde qu'il veut étudier».118 Ainsi, pouvons- nous, à la limite de cette observation, parler de quatre types d'approches :

a) L'approche compréhensive

L'approche compréhensive nécessite le recours à un processus d'empathie (...) donc à un processus subjectif. Elle permet de comprendre un fait humain en tant qu'objet.119 Nous pouvons signifier que toute tentative interprétative est « refiguration ». Pour reprendre le terme de Paul RICOEUR, la refiguration c'est la recomposition par le chercheur d'une composition des acteurs120. Pour nous, la compréhension ne doit donc pas s`attacher à saisir le contexte historique original dans lequel l`objet se meut, mais plutôt à saisir l`objet à partir de l`univers dans lequel se passent les interactions des sujets comprenant et interprétant.

b) Approche situationnelle

Cette approche se caractérise de toute zone matérielle, spatiale et temporelle où des acteurs se trouvent mutuellement en possibilité d'interagir.121 Pour clarifier quelque peu des notions utilisées dans cette approche, nous proposons les définitions suivantes122 :

- Le contexte : ce sont des circonstances et des tendances globalisantes (politiques, économiques, sociales, culturelles, historiques etc.)

- Cadre : ce sont le moment et l'endroit où se déroule l'acte.

Cette approche sera indispensable pour vérifier si les initiatives consensuelles des organes syndicaux et d`autorégulation des médias suffisent pour organiser de façon satisfaisante la profession et lui imposer une déontologie.

118 Blumer, cité par G. DEREZ dans, Méthodes empiriques de recherche en communication, Paris, De Boeck, 2009, p. 44.

119 E. MORIN cité par G. DEREZ, op. cit., p. 45.

120 Léon BENIER, écrit que « la meilleure façon de fonder ou de refonder la connaissance des réalités sociales, c'est de partir des savoirs du sens commun dont tous les individus disposent par rapport à leurs propres réalités, histoire, lieu d'insertion dans le champ social. (cfr son ouvrage, Les conditions de la preuve dans une démarche qualitative à base de récit de vie. Dans Lessard, Goyette, Boutin, 1950, p. 45.

121 E. GOFFMAN, cité par G. DEREZE, op.cit., p. 47.

122 Hymes cité par G. DEREZ, op.cit., p. 47.

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c) Approche dynamique

Cette approche traite des aspects les plus contemporains de nos sociétés, ce qui se voit actuellement au coeur de la stabilité et de la turbulence de notre société. Nous l'utilisons ici dans le sens Saussurien, où elle prend alors la durée en considération en ce qu'il donne sens, modèle, dans un contexte de ce qui se passe aujourd'hui sur le paysage médiatique Burundais.

Dans un tel contexte, l`analyse dynamique du CNC et celle de la RPA s`avère importante pour vérifier les différentes formes des relations ayant déjà existées entre ces deux organes.

d) Approche réflexive

Cette approche prend en considération le rôle de l'observateur au terrain, son action dans le processus de recherche. Il est prié d'être honnête dans son regard. Pour aboutir à cette fin, il doit s'analyser soi-même avant tout autre processus.

Connaissant que nous ne pouvons pas travailler sur la réalité dans sa totalité, l`approche réflexive nous renvoie à une réalité reconstructive en fonction d`une part, des objectifs que nous poursuivons, d`autre part, à des propriétés sociales inhérentes à l`instrument d`observation.

III.2.2. Techniques

Les techniques sont des instruments de mesure et de repérage des phénomènes sociaux ; elles servent donc à la récolte des données et à leur dépouillement.

Pour Kabamba MBIKAY, la technique la plus en vue est l'observation des faits sociaux. Elle implique que l'on choisisse, l'on sélectionne et l'on isole ceux-ci. Elle peut en effet, être fortuite ou systématique. Dans le premier cas, elle est spontanée, c'est-à-dire non soumise à une rigueur technique quelconque. Dans le second cas, elle conduit sur la base de techniques élaborées au préalable.123

Pour collecter les données, nous nous sommes servis de quelques techniques notamment : l`analyse documentaire, l`observation directe, le questionnaire, l`entretien (interview, entrevue). Il s'agit d'une étape au cours de laquelle nous avons observé les phénomènes étudiés de manière spontanée après une descente sur terrain.

123 Kabamba MBIKAY, cité par Mascotsh NDAY WA MANDE dans, Memento des Méthodes de recherché en sciences sociales et humaines, CRESA/ ISES, 2006, pp. 34-35.

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a) L'Analyse documentaire

Elle est considérée comme une plate tournante entre deux moments de systématisation de recherche. Elle permet au chercheur de rassembler ou de revérifier ses données collectées au cours de son enquête grâce à des techniques bien déterminées.124

Au cours de la recherche nous avons fait recours à des sources écrites dans les bibliothèques comme les ouvrages généraux en rapport avec la radio. Nous avons aussi consulté des rapports des séminaires et ateliers de formation des médias relatifs à la couverture médiatique des élections. Les autres sources sont notamment les dictionnaires, les encyclopédies, les mémoires, les journaux, les décisions, les codes de conduite des médias, l'Internet, etc.

b) L'Observation directe

Elle est une forme de recueil d'information qui procède d'un regard étudié, mais pas ce qui doit être étudié dans cette situation. L'observateur note, enregistre tout ce qu'il voit et ce qu'il entend tout en s'abstenant de toute intervention du moins volontaire.

Dans le cadre de notre recherche, nous avons observé ce qui se déroulait autour de nous, dans notre environnement et écouté ce qui se passait ailleurs par les témoins oculaires ou par la radio sans nous contenter d'un seul message. Nous nous sommes inspirés des travaux menés par des spécialistes des enquêtes et des instruments de recherche en sciences sociales.

Nous avons procédé à l'écoute des journaux parlés et des animations d'antennes lors des différentes synergies des radios enregistrées au studio de l'ABR/CERA. Cette technique nous a aidés à confronter les différents points de vue relatifs au travail accompli par les radios lors de la couverture des élections de 2010. Après la comparaison, nous avons fait la synthèse.

c) Le questionnaire

Ce sont des entretiens conduits au moyen d'un questionnaire standardisé ou différent selon les orientations. Dans cette optique, nous avons utilisé le procédé de collecte dans le but d'explorer la façon dont les différents groupes qui ont constitué nos échantillons perçoivent le problème existant sur le paysage médiatique burundais.

124 Mascotsh NDAY WA MANDE, Memento des Méthodes de recherche en sciences sociales et humaines, CRESA/ISES, p. 35.

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d) L'entretien

Il consiste à interroger des individus pour qu'ils donnent eux-mêmes les informations nécessaires à l'analyse d'un problème particulier.

A la différence de la première, l'enquêteur est tenu à intervenir et se limite au recueil d'une information verbale. Pendant cet entretien, nous avons recueilli les différents points de vue des responsables des institutions que nous avons pris pour échantillon et nous avons rencontré quelques experts en matière de la communication pour enrichir et confronter les réponses trouvées au près de nos enquêtés.

III.2.3. Déroulement de l`enquête

Au cours de cette enquête, nous avons accumulé une documentation originale et importante à partir de l`observation des situations particulières d`entretien au près des informateurs.

La collecte de données a été réalisée sur base d`un questionnaire adressé à la RPA, au CNC, à l`UBJ, à l`ABR et à l`OPB. Par rapport à notre échantillon, les questions orales et les interviews non structurées ont été réalisées et notées sur un fichier des réponses d`interview que nous avons sélectionnées. Le questionnaire élaboré, résulte d`une pré-enquête réalisée au près des professionnels des médias, des syndicats de journalistes, de l` instance de régulation et celle d`autorégulation.

1. La Pré- enquête

La pré-enquête est une étape de recherche préparatoire organisée avant la mise en place d'un dispositif plus étendu. Elle est menée pour vérifier la faisabilité de l'enquête proprement dite et éventuellement à améliorer les objectifs.

a) Population d'étude

CHACHAT définit la population d'étude comme : « un ensemble d'individus auxquels s'applique l'étude».125 Les limites de cette population et ses caractéristiques sont définies en fonction des objectifs de l'enquête.

125 CHAUCHAT, cité par Byanikiri KASHIRA dans, La communication au campus de Kisangani, TFC, UNIKIS, FPSE, 2004, p. 8.

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Selon N. LESELBAU, La population sur laquelle porte l'enquête est considérée comme « un ensemble humain caractérisé dont on cherche à connaître les opinions, les besoins, les réactions,... ».126

Pour R. MUCCHELLI, « la population d'étude est l'ensemble des personnes sur les quelles porte l'enquête et qui constitue une collectivité ».127 Constatant que notre enquête concerne les organes de presse, nous avons eu à nous adresser aux Syndicats des journalistes, Opérateurs en matière de radiodiffusion, Institutions publiques (le CNC), à la RPA, et avons choisi quelques journalistes selon leurs positions d'appartenance. Sachant que l`information est quasiment inaccessible à l`évidence, nous avons d'abord sollicité un accord préalable avec les organes concernés. Ils nous ont annoncé qu`ils vont répondre favorablement à nos préoccupations.

a) Le terrain d`enquête

Comme nous ne pouvons pas mener notre enquête sur toute l`étendue de la Mairie de Bujumbura compte tenu du temps et des moyens limités, nous avons choisi comme terrain d`enquête trois quartiers de la commune ROHERO dans la ville de Bujumbura : Rohero II, quartier INSS et quartier ASIATIQUE. Le choix de ces trois quartiers se justifie par l`emplacement des nos échantillons.

Quant aux techniques, nous avons distribué les questionnaires d`enquête à la Maison de la presse où se trouve le siège de l`UBJ, L`ABR et l`OPB. Nous avons aussi adressé à la fois des questionnaires et mené des entretiens au près de la RPA, du CNC, de l`UBJ, de l`ABR et de l`OPB. Tous ces organes sont localisés géographiquement dans la commune de ROHERO au centre de la ville de Bujumbura.

b) Le cadre de l`enquête

J. L. L. DELBAYE, définit le cadre de l`enquête comme : « l`ensemble de personnes dont on veut connaitre les opinions ».128 Pour le cas de notre travail, le cadre de l`enquête se réfère à la profession des journalistes des médias privés, des syndicats des journalistes, aux instances de régulation, d`autorégulation et aux associations des radios. En effet, nous avons

126 N. LESELBAU, Le professeur mène l'enquête : Guide de l'enquête psychosociologique, in rencontres pédagogique n° 6, INRP, Paris, 1977, p. 198.

127 R. MCCHELLI, Les questions d'enquête psychosociale, Paris, P.U.F, 1989, p. 146.

128 L.J.L. DELBAYLE, Introduction aux méthodes des sciences, Paris, éd. Privat, Toulouse, 1978, p. 47.

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choisi de mener notre enquête sur une petite population que nous avons prise pour échantillonnage.

c) L`échantillonnage

Pour YATES, l'objectif essentiel de tout procédé d'échantillon est d'obtenir un échantillon qui, compte tenu de sa taille limitée reproduit, les caractéristiques de la population, particulièrement celles qui intéressent le chercheur de manière aussi précise que possible.129

G. DE LANDSHEERE, définit « l'échantillon » comme étant « le choix d'un nombre limité d'individus ou d'événements dont l'observation permet de tirer des conclusions générales applicables à la population tout entière, à l'intérieur de la quelle le choix a été opéré ».130

En partant de cette dernière définition, notre échantillon a été composé de 5 journalistes dont, 1 du journal Iwacu, 4 de la RPA, le Secrétaire de l'ABR, le Président de l'U.B.J, le président de l'O.P.B, le Directeur de la RPA et la Secrétaire du CNC. Cependant, pour enrichir notre connaissance en matière du droit à la communication, nous avons eu recourt aux interventions des quelques spécialistes en ce domaine.

d) La taille de l`échantillonnage

La taille de l`échantillon nous permet de déterminer l`effectif choisi pour chaque catégorie de profession. Pour ce faire, R. MUCCHELLI nous avise que la taille de l`échantillon peut revenir à 1/10eme, 1/100eme, 1/200eme ou 1/1000eme(...), de la population totale.131Évidemment, dans une recherche scientifique, il est souvent difficile voire, impossible d`interroger toutes les personnes pouvant vous renseigner sur le sujet de recherche. Appliquant ce principe dans notre travail, nous avons pris pour l`échantillon 5 organes dont une radio, un organe de régulation, un syndicat, un organe d`autorégulation et un autre oeuvrant en matière des radiodiffuseurs. Pour représenter ces organes, nous avons pris quelques personnes : la RPA a été présentée par son Directeur et ses 4 journalistes, l`UBJ présentée par son président, l`ABR par son secrétaire, l`OPB par son président et le CNC par la secrétaire du président du CNC.

129 Cité par M. KATALAY ELWA, Le secteur informel de l'emploi à Kisangani : besoin de formation chez quelques employés, mémoire en psychologie, UNIKIS, FPSE, 1989, p. 48.

130 G. DE LANDSHEERE, Introduction à la méthodologie de la recherche en éducation, Paris, P.U.F, 1975, p, 251.

131 R. MUCCHELLI, Le questionnaire dans l`enquête psycho-sociaux, ESF, Paris, 1995, p. 20.

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2. L`enquête proprement dite

Cette étape de recherche est sans doute la plus indispensable au cours d'une recherche sociologique. Pour mener à bien cette investigation, nous avons eu recourt à l'enquête telle que comprise par Philippe GAILLARD : « L'enquête a pour but l'étude approfondie d'un problème et plus souvent économique, politique, social ou culturel». Pour ce faire, l'enquêteur se rend sur terrain, fait des contacts directs avec les informateurs.

a) Le déroulement de l`enquête

Les conditions de réalisation de l`enquête ont été une première composante de nos préoccupations. Il était question de préciser le lieu où va se dérouler l`entretien, sa durée, le nombre d`enquêtés et leur nature. Ce sont ces quelques éléments qui ont influencé notre enquête.

Nos relations avec les enquêtés n`étaient pas comme des relations entre un médecin et son patient. Ce type de relation est contractuel. C'est le patient qui cherche son médecin.

Dans une recherche scientifique, c`est le chercheur qui sollicite son enquêté, il lui demande de l`information, alors que lui l`enquêté n`a a priori aucun intérêt à répondre. Au cours de notre enquête, nous avons recouru à l`entretien semi-dirigé, c`est-à-dire, nous avons laissé le temps à l`enquêté de s`exprimer, nous n`intervenions que dans les faits pour contribuer à sa structuration. Quelques caractéristiques ont influencé notre relation avec les enquêtés notamment la caractéristique physique d`appartenance à une communauté de l`EST en RDC. D`abord, le président de l`OPB ne voulait pas nous recevoir sous prétexte qu`il avait beaucoup à faire. Puis, il a accepté de nous accorder quinze minutes d`entretien quand il a appris que nous sommes Congolais ressortissants de la partie sud du Kivu où il a vécu aussi.

Les données obtenues au CNC au cours de l`enquête, au lieu de nous fournir des informations pertinentes sur la problématique, ces informations ont masqué davantage les véritables relations existantes entre ces deux organes (RPA et CNC).

Au cours de l'enquête, nous avons pu constater que, les enquêtés comme l`ABR, l`UBJ et la RPA ont vite adapté notre ligne de conduite en fonction de la situation d`entretien. Ils ont ressenti cette relation comme une voie pour s`adresser aux responsables politiques et ceux de l`instance de régulation. Ils ont compris que peut être leur discours

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prendra une tournure revendicative, protestataire quand ils se perçoivent comme des porte-parole d`une catégorie professionnelle.

D`autres enquêtés à l`OPB et à la RPA ont éprouvé la nécessité de faire bonne figure, donc de présenter une image positive d'eux-mêmes ou de leur institution devant des étrangers, ce qui leur a permis de structurer leurs comportements et attitudes.

Des réponses obtenues au cours de l`enquête ont dépendu également de certaines caractéristiques que nous avions énumérées comme par exemple : la disponibilité des enquêtés, leurs motivations, leur intérêt et l`importance qu`ils ont accordés aux questions posées, le sentiment qu`ils ont eu de leurs propres compétences, leurs capacités à maîtriser la langue française et à se souvenir de la matière apprise à l`école.

b) Les difficultés rencontrées

Les premières entraves rencontrées au cours de notre enquête résident au niveau de données enquêtées. Nous avons travaillé sur des données qui n`ont pas été conçues pour ce travail. Ce qui nous a poussés à penser que nos besoins ne seront pas satisfaits par les informations que nous livrent nos échantillons. Les informations ont été données sous forme inappropriée. Par exemple, les indicateurs d`un même phénomène variaient, les unités territoriales dans lesquelles sont publiées les informations n`étaient pas superposables à celles qui correspondent à notre sujet d`enquête.

Sous un autre angle des difficultés, sur cinq questionnaires distribués, seuls quatre ont trouvé l'audience au près de la RPA, l'U.B.J, l'O.P.B et à l'ABR. Le cinquième questionnaire adressé au CNC a trouvé une fin de non recevoir. Voici en substance, le jugement du président du CNC porté sur le sujet de notre travail qui justifie son refus de nous accorder l'entretien : « quelle relation voulez- vous dire ? Les relations entre ces deux institutions ont été bonnes, sont bonnes et seront toujours bonnes », « quel genre d'analyse vous voulez faire en cette matière en tant qu'étudiants » ? Néanmoins, nous nous sommes entretenus avec la secrétaire du président du CNC qui nous a renseignés sur quelques préoccupations de notre recherche.

c) Procédé de dépouillement

Il est à signaler que le dépouillement de notre questionnaire a tenu compte de la variable catégorie socioprofessionnelle. De cette variable nous avons dégagé des variables telles que la catégorie d'opérateur dans la radiodiffusion, l'organe de presse, l'organe de

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régulation, en fin les syndicats des journalistes. Apres la collecte des données, les informations obtenues sur base d`un questionnaire, des interviews et entrevues ont été sélectionnées et soumises à une analyse critique afin de dégager un maximum d'informations et un nombre des conclusions.

III.3. Résultats des entretiens avec les représentants des organes et médias du

Burundi

1. Résultats de l`entretien avec la secrétaire du président du CNC

Au cours de cet entretien avec la secrétaire du CNC, nous avons voulu savoir s`il est vrai que l`année 2011 était une année pendant laquelle la politique, la sécurité et la justice ont dominé les informations et les programmes à la RPA. La secrétaire du président du CNC nous l`a confirmé en disant que cela se justifie par l`environnement politique qui prévalait dans le pays car des cas d`insécurité ont été observés dans différents endroits du pays et des interpellations des journalistes par la justice ont accrue pendant la même période.

La RPA diffuse beaucoup d`informations, avez-vous enregistré quelques unes faisant état des personnes victimes de justice populaire, des propos pouvant inciter à la haine ethnique ? Des tels cas ont été enregistrés et des plaintes des personnes qui se sont senties lésées par des informations diffusées à la RPA. Il s'agit notamment des commentaires sur la constitution de la commission vérité et réconciliation(CVR), de la plainte du chef de zone Mivo, Soter NDIKUMANA, de la plainte d`Alexandre GAHOMERA et de celle d`Anselme NYANDWI.

2. Résultats de l`entretien avec le Directeur de la RPA

Au siège de la RPA, nous avons pris contact avec 4 journalistes et le Directeur de la RPA. Nous avons demandé à ce dernier s`il existe des plaintes déposées au CNC par les individus contre la RPA pour raison de diffamation. Le Directeur nous l`a confirmé mais, en disant que beaucoup d`elles sont fantaisistes (certaines personnes sont manipulées pour se plaindre contre la RPA).

Nous lui avons demandé si les rectifications sont faites en cas de dérapages. Il nous a dit que Ça se fait quand c`est nécessaire, `c'est-a-dire, lorsque le déséquilibre est ostentatoire. Dans beaucoup de différends qui opposent la RPA aux plaignants, le CNC est toujours partial. C'est pourquoi le Directeur de la RPA suggère que le CNC respecte la loi et fasse la promotion du métier afin de bien assumer ses responsabilités. Nous, en tant que

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professionnels des médias, nous reprochons au CNC sa passivité et le fait de se laisser manipuler par les décideurs politiques.

A la question de savoir si les mobiles de suspension de l`émission « kabizi » pendant quatre jours en 2011 étaient fondés, le Directeur de la RPA a répondu que cette suspension était illégale car elle satisfaisait au désir personnel du Ministre de l`intérieur. Celui-ci avait intimé l'ordre aux médias de ne pas diffuser des informations sur les massacres de Gatumba. La RPA ne peut pas se soumettre à des lois illégales. Nous demandons au CNC de rendre effective la liberté de la presse. Pour ce faire, le CNC doit appliquer la loi dans toute sa rigueur.

3. Résultats de l`entretien avec le Président de l`OPB

Pour ce qui est de déséquilibre de l`information constaté à la RPA par le CNC, le secrétaire de l`OPB confirme cet état des choses. Le constat a montré que sur 745 sujets 419 ont concerné la ville de Bujumbura et 2 de la province de Cankuzo. Mais la situation commence à s`améliorer. Les sujets à caractère économique prédominent sur la politique à partir de l`événement de l`incendie du marché central survenu le 24 avril 2013. Toutefois, la RPA est devenue la première radio au Burundi à diffuser des informations sur des sujets divers.

4. Résultats de l`entretien avec le Secrétaire de l`ABR

En ce qui concerne le déséquilibre de l`information à la RPA, le secrétaire de l`ABR nous a dit que cette situation est courante non seulement à la RPA, mais aussi dans toutes les radios au Burundi. A titre d`exemple, en 2005, la RPA n`a pas respecté les principes du pluralisme et d'équilibre de l'information pendant la campagne des élections. C'est la raison pour laquelle lors des élections de 2010, le CNC a rencontré les représentants des médias et des partis politiques pour l'adoption des textes réglementant les médias en période électorale en les exhortant à bien assurer une couverture médiatique des meetings organisés par les partis politiques et les indépendants en lice. Si les élections de 2010 s`étaient bien passées, c`est grâce à la plus grande rigueur du CNC dans la collecte, le traitement et la diffusion de l'information.

Le constat du CNC à la RPA n`est pas fallacieux car les propos incitant les électeurs à la haine ethnique et régionale, aux divisions liées à l'appartenance politique et au

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trouble de l'ordre public pendant la campagne électorale et le jour du scrutin ont été constatés en 2005.

5. Résultats de l`entretien avec le Président de l`UBJ

A l`UBJ nous nous sommes entretenus avec le Président et le secrétaire de cet organe. Nous avons demandé au président les raisons qui peuvent motiver la RPA, selon le constat du CNC, de diffuser des informations sur les personnes victimes de justice populaire, sur les propos de certains membres de la Commission Vérité et Réconciliation pouvant inciter à la haine ethnique. Il nous a dit que cela incombe aux critères de sélection de l'information définis à la RPA.

Au sujet de manque du pluralisme, de peu d'importance accordée à l`information institutionnelle et de bas niveau de formation de certains journalistes de la RPA, le président de l`UBJ a reconnu la véracité de ce constat, et attesté implicitement les accusations du CNC contre ce média.

III.4. Analyse qualitative des résultats d`enquête132

Dans ce travail, seule l'analyse qualitative a guidé notre lecture des faits observés sur terrain. Nous pouvons distinguer trois niveaux d`analyses:

- Les cadres institutionnels de l`observation : ils déterminent pour une part l`étendue et la nature des données factuelles. Ici, nous allons analyser les fondements théoriques et les conditions pratiques de mise en oeuvre de certains moyens d`investigation.

- La conservation et la diffusion des faits par les enquêtés.

- La description du paysage institutionnel qui nous a permis de comprendre certaines difficultés rencontrées pour rassembler les données nécessaires à ce travail.

En effet, la méthode fonctionnaliste nous a aussi permis d'analyser les travaux réalisés par le Conseil National de la Communication en matière de régulation en rapport avec les émissions qui ont été censurées à la RPA. Plus haut, nous avons porté une analyse sur les travaux de couverture de cette radio selon les rubriques organisées dans une grille.

L'enquête menée auprès de notre échantillon nous a révélé la réalité des cas de déséquilibre dans le traitement et la diffusion de l`information reprochés aux médias par le CNC. A ce propos, Innocent NSABIMANA, secrétaire de l'O.P.B nous a révélés qu'il y a déjà amélioration remarquable dans le travail des médias. La prédominance de sujet à

132 Maison de la presse, l`émission Club de la presse, reproduite dans, journal Iwacu, le 26 Avril 2013.

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caractère économique sur la politique, se justifie par l'événement de l'incendie du marché central survenu le 24 février 2013. Sur 745 sujets diffusés dans les informations par les radios privées, 419 ont concerné la seule ville de Bujumbura contre 2 pour la province de CANKUZO.

Edouard MADIRISHA, journaliste au groupe de la presse du journal « Iwacu », affirme que la couverture médiatique réserve la belle part à la mairie de Bujumbura par manque de moyens. Selon lui, trois raisons expliquent cette couverture médiatique limitée à la ville de Bujumbura : d'abord le manque des moyens, ensuite le déroulement des événements importants à Bujumbura et enfin le respect du fameux critère de proximité.

François BIZIMANA, journaliste à la radio culture affirme que, le problème de financement pose toujours problème pour couvrir toutes les régions du Burundi.

En ce qui concerne le déséquilibre du temps d'antenne, pour Simon KURURU, consultant formateur en journalisme et communication, les journalistes de la RPA en 2010 ont donné plus d'espace d'expression aux politiciens du mouvement ADC Ikibiki qu'aux autres responsables des mouvements politiques. D'où le déséquilibre dans la distribution du temps de parole.

De plus, l'information sur l'existence des plaintes déposées auprès du CNC par les plaignants contre la RPA a été confirmée par le Directeur de ce média. Toutefois, fait remarquer ce dernier, sur bon nombre des cas de plaintes déposés, la plupart d'entre eux sont sans preuves. C'est ce qui explique souvent leur retrait après analyse et constat de manque des cas avérés de diffamation.

Pour étayer ce constat, nous pouvons insister sur les trois cas d`informations diffusées par la RPA et contre lesquels certaines personnes ont porté plainte auprès du Conseil National de la Communication. (cfr. Chap. deuxième sur les plaintes). Cas de la Plainte du Chef de Zone MIVO, Monsieur Soter NDIKUMANA contre la RPA, cette information s`est avérée déséquilibrée car la RPA devrait diffuser les propos de deux personnes : une version pour le Chef de Zone MIVO, une autre pour le Chef de poste de la même zone ou en faire un rectificatif comme l`exige la loi en cas d'une erreur par mégarde.

La Plainte de Monsieur Emmanuel GAHOMERA contre la RPA. La RPA a diffusé dans l`information que Monsieur Alexandre GAHOMERA, ne pouvait pas être propriétaire de la maison dont ils se disputaient, car il était même incapable de se procurer une paire de

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chaussures. C`est une affirmation gratuite. La RPA devrait fournir des preuves suffisantes montrant qu`il y a eu des investigations qui ont été faites sur ce dossier et dont le résultat est fiable.

La Plainte de Monsieur Anselme NYANDWI, Directeur Général de l'usine de café « Imbo Coffee Company » contre la RPA. Au cours de l'édition d`information la RPA parle de l`attaque des bandes armées à l'usine de café (Imbo Caffee Campany ) et des sacs de café emportés et vendus en RDC. Apres des investigations, le CNC conclut que cet évènement n`a pas eu lieu. Au nom du principe de la vérification de l'information, la RPA devrait interroger son correspondant dans la zone et tendre le micro au propriétaire de l`usine afin de s`exprimer sur ce sujet.

La Plainte du Comité Technique chargé de la préparation de la mise en place de la Commission Vérité et Réconciliation contre la RPA. Dans un éditorial, la RPA a montré que cette commission chargée de la préparation de la mise en place de la Commission Vérité et Réconciliation était déséquilibrée en ce qui concerne le clivage ethnique au Burundi. La RPA a assumé ses responsabilités en informant le public sur le fonctionnement de la société burundaise. Rappelons qu` un medium est un chien de garde qui surveille notre environnement. Il nous met au courant de tout ce qui se passe tant dans notre société qu`ailleurs.

Le rapport de monitoring du CNC du mois de 2009- 2011, montre que la fréquence des informations politiques en termes de pourcentage à la RPA équivaut à 25,9% et 14% des informations non politiques. Le même constat est fait à l`ABR quand son secrétaire affirme que la RPA enregistre quelques fois des manquements graves au règlement du métier comme : le sensationnalisme, l`exagération dans les commentaires, la diffamation, la provocation et la violation de la vie privée. Si la RPA arrive à se tirailler avec le CNC, c`est parce que cet organe dépend toujours du pouvoir en place et ses décisions dépendent du même pouvoir. Ce qui fait que la RPA n`ait plus confiance en CNC. La loi du 27 nov. 2003 stipule en son Art. 58 que : « Le Conseil National de la Communication, après trois mises en garde, peut suspendre ou interdire la circulation, la distribution ou la vente de journaux, de périodiques ou de tout autre support d'information, la diffusion d'une émission, l'exploitation d'une station de radio ou de télévision ou d'une agence de presse quand ils violent les dispositions prévues aux articles 17, 18 et 19 de la présente loi ».

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Nous avons constaté que beaucoup de sujets de polémique entre le CNC et la RPA étaient liés au non respect par le CNC des procédures dans la prise de décision. De fois, les mesures de suspension étaient prises à la suite des mises en garde. En 2011, le CNC a suspendu l'émission KABIZI de la RPA pour une durée de quatre jours. Le président de l'O.P.B, dit à ce propos que, cette suspension est survenue suite à une interdiction illégale de ne pas diffuser des informations sur le massacre de GATUMBA après l`interdiction du Gouvernement. Le Directeur de la RPA a souligné que la RPA ne peut pas se soumettre à une loi illégale. Les journalistes ont le droit de rechercher les faits et de les publier. Me Gérard NTAHE, reconnaît que la loi interdit de révéler le secret de l'instruction pré-juridictionnelle. Mais, il nuance en expliquant que les vrais détenteurs de ce secret ne sont pas les journalistes, même s'il leur est interdit de faire état du contenu du dossier en instruction devant l'OPJ ou l'officier du ministère public : « Il est interdit de publier ces documents ou d'en faire état en disant tel officier du ministère public a convoqué telle personne et tel jour pour lui demander ceci ou cela et a répondu ceci ou cela».133

G. NTAHE constate plutôt que ce sont les gens de la justice qui participent à l'instruction qui ne doivent pas violer le secret et non les journalistes. Selon cet avocat, les journalistes peuvent être poursuivis pour complicité s'ils poussent les gens tenus au secret de dévoiler le contenu de l`instruction.

Les journalistes, poursuit G. NTAHE, ont parfaitement le droit et même l'obligation de rechercher les faits et de les publier : « C'est leur travail. On ne pouvait pas les poursuivre pour avoir publié les fruits de leur investigation». Toutefois, avertit, NTAHE, l'enquête médiatique n'a pas d'objectif de venir attribuer à des gens innocents des crimes ou à innocenter les criminels. Si ce cas s'avère, les médias doivent être poursuivis pour imputation dommageable ou propagation de fausses nouvelles mais non pour avoir violé le secret d'instruction. Nous sommes intéressés par la recherche de la vérité. Il n'y a pas de faute qui impliquerait qu'on demande des sanctions envers les médias : « Si on pense qu'il y a faute parce que certains avaient demandé qu'on ne parle pas de GATUMBA, c'est une grosse erreur d'interprétation ». Le président de l`OPB estime que la volonté de certaines institutions ne peut pas être au dessus de la loi : « Si c'est cela qui se fait, on est rentré dans

133 Propos trouvés sur le site du journal IWACU : www.iwacu.bi/ consulté, le 26/05/2013

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autre chose ».134 En outre, Il rappelle que les journalistes sont seulement intéressés par la recherche de la vérité sur le massacre de GATUMBA. Il espère que le Conseil National de Sécurité(CNS) est, lui aussi, intéressé par la vérité : « Il n'y a pas de raison qu'il y ait confusion ou animosité quelconque entre nous ».135 Il demande qu'on n'invente pas des fautes qui n'ont pas eu lieu parce que quelqu'un veut orienter les choses à sa façon ou à son rythme.

Le professeur Pascal RWANKARA affirme qu'il est souvent revenu sur les droits et les limites de l'exercice de la liberté d'expression et le rôle que doivent jouer les uns et les autres dans le processus d'informer : il a donné comme exemple de limite, le fait de ne pas publier les informations d'une enquête en cours : « mais il faut savoir qu'il existe l'enquête journalistique qui est différente de celle judiciaire ».136

Le Président de l'Association Burundaise des Radiodiffuseurs, voit chez les journalistes la responsabilité morale de proposer au public des informations justes et constructives, mais ils n'ont pas le droit de lui ôter son droit le plus précieux, la liberté d'expression.

Selon lui donc, « On n'a pas l'impression que les journalistes mettent de l'huile sur le feu, qu'ils disent tout ce qu'ils veulent ou qu'ils constituent le problème pour le pays. Le problème est plutôt nos relations avec les pouvoirs publics qui devraient être facilitées par le CNC ». Mais nous avons constaté que tous sont conscients de l'existence de la divergence des points de vue sur les actions entre les médias et les autorités administratives. A notre avis, les préalables sont de deux ordres : d'abord la viabilité économique des organes de presse et puis le respect du statut du journaliste. Cette logique de réhabilitation de la fonction de journaliste qui doit également intégrer de façon sérieuse les conditions de travail de celui-ci, est un élément de garantie pour la communauté nationale. Car, la pratique de la vertu suppose un minimum de bien-être. Ce qui, aujourd'hui, est loin d'être l'apanage du journaliste burundais et encore moins de celui des organes de presse privés. Actuellement la RPA compte 35 journalistes au total embauchés uniquement sur base du courage, de la détermination, de l'engagement et de la formation.

134 Idem.

135 Idem.

136 Maison de la Presse, Elément enregistré au studio Ecole CERE/ABR, 2011.

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Les médias cherchent à découvrir le nouveau territoire d'information : soit la vie privée des personnalités publiques ou les scandales liés à la corruption et à l'affairisme.137

Par conséquent, suite à l'insuffisance de moyen et la volonté accrue de la recherche du scoop, les médias tombent souvent dans « le Mimétisme médiatique ». Ce genre de mimétisme est considéré comme une fièvre qui s'empare soudain des médias et qui les pousse dans l'urgence la plus absolue. Cette situation délirante provoque un effet boule de neige et fonctionne comme une auto-intoxication : plus les médias parlent d'un sujet, plus ils se persuadent collectivement que ce sujet est indispensable, central, capital, mieux ils lui consacrent assez de temps, de moyens et de journalistes. C'est le cas constaté à la RPA : La page politique et celle sécuritaire conduisent ce média à l'hyper-émotion. Cette figure se caractérise souvent par la surinformation. Elle existe aussi dans beaucoup de médias et reste la spécialité des journaux d'une certaine presse démagogique qui joue facilement avec le sensationnel, le spectacle et le choc émotionnel.

Autre raison pouvant pousser le média à commettre des bavures et à se laisser séduire par le sentiment, réside dans la contradiction permanente qu'entretiennent le temps médiatique et le temps politique. Les fondateurs de la démocratie ont voulu que le temps médiatique soit lent pour permettre aux pressions de s'apaiser et à la raison de s'imposer. C`est ainsi que le CNC ne veut pas que la RPA s`investisse dans les dossiers en instance judiciaire. A défaut de la diffusion des résultats hypothétiques de l`enquête policière, la RPA veut mener ses enquêtes et publier les résultats à la fraîcheur des événements. C`est le principe des médias de rechercher l'instantanéité (le scoop, le Brookings news), dans tous les domaines. Le choc de ces deux temporalités des dérapages peuvent se révéler fort dangereux lorsqu'ils impliquent des considérations politiques, xénophobes et racistes. S'informer n'est pas seulement s'intéresser à certains domaines importants comme la politique, l'économie, la culture, l'écologie, c'est aussi s'intéresser à l'information elle-même, à la communication. Et pour cela, il est nécessaire que les médias analysent leur fonctionnement. Aujourd'hui tout le monde les voit, les observe, les analyse. De nombreux dossiers montrent assez clairement qu'ils ne sont pas parfaits.

Au Burundi, après publication d'une information, la loi accorde un droit de réponse (Art.38) à une partie lésée par un article d'un journal ; elle exige le droit de rectification

137 Ignatio RAMONET, La Tyrannie de la communication, Paris, Galilée, 1999, p. 22.

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(Art.43) et réparation des dommages et intérêts (Art.44). Au sujet du droit de réponse stipulé à l'art. précédent, la loi dit ceci : « sans préjudice des autres voies de droit, toute personne physique ou morale citée nominativement ou implicitement désignée dans un écrit périodique, illustré ou pas dans une émission radiodiffusée ou télévisée, a le droit de requérir l'insertion ou la diffusion d'une réponse dans le même périodique ou la même émission.138 Le code de déontologie s'inscrit dans cette logique lorsqu'il admet à l'art.4 que, « le journaliste a le devoir de rectifier dans les meilleurs délais et dans la forme appropriée toute nouvelle et information qui se révèlent fausses. »139

En effet, nous pouvons affirmer que la question du code de déontologie de la presse burundaise se situe à deux niveaux : le fondamental et le quotidien

- Le fondamental : c'est l'esprit et la lettre du code. Celui-ci en effet, ne pouvant pas tout prévoir, on fait généralement appel au bon sens.

- Le quotidien : relève de son interprétation et de son application par le journaliste.

138 La loi n°1/025 du 27 Novembre 2003 régissant la presse au Burundi. La LOI N°1/11 DU 4 JUIN 2013 stipule que : Article 48 : Le droit de réponse consiste pour une personne morale ou physique lésée à s'exprimer sur une opinion ou une information qui a porté atteinte à sa personne et à ses intérêts. Article 49 : Sans préjudice des autres voies de droit, toute personne physique ou morale citée nominativement ou implicitement désignée dans un écrit périodique, illustré ou pas, ou sur internet, ou dans une émission radiodiffusée ou télévisée, a le droit de requérir l'insertion ou la diffusion d'une réponse dans le même périodique ou dans la même émission. Article 52 : L'insertion ou la diffusion de la réponse peut être refusée quand elle : a) est injurieuse ou contraire aux lois et aux bonnes moeurs ; b) met un tiers en cause sans nécessité ; c) n'a pas de rapport immédiat avec le texte ou le programme qui l'a suscitée ; d) est rédigée ou livrée dans une langue autre que celle du journal ou l'organe de diffusion ;

e) dépasse l'espace occupé par l'article ou la durée du programme mis en cause.

139 Article 55 : Tout organe de presse ou de communication qui sert de support à la commission de l'un des délits visés à l'article 18 et 19, doit réparer les dommages causés, les montants et les modalités sont fixés par la juridiction qui a qualifié et statué sur le délit en question.

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III. 5. Discussion et validation des hypothèses de recherche

Apres analyse et interprétation de nos résultats, l`étape de la validation des hypothèses est la partie la plus importante car nous aurons à confirmer, infirmer ou nuancer nos deux hypothèses.

Les données recueillies à partir des réponses aux questionnaires d`enquête et aux entretiens tenus, nous ont conduits à confirmer, à infirmer, à nuancer nos hypothèses de recherche. Celles-ci étaient énoncées comme suit : Le conflit observé ces derniers temps entre le Conseil National de la Communication et la Radio Publique Africaine, est dû d'une part à l'usage abusif de la liberté de la presse, d'autre part à la volonté manifeste de l'enfreindre.

- La solution à cette situation de conflit passe par la régulation de la liberté de la presse dans le strict respect par le CNC et la RPA des textes de régulation en vigueur.

Apres analyse et interprétation des résultats de l`enquête, nous confirmons nos hypothèses pour des raisons suivantes : la plupart de nos enquêtés reconnaissent qu`en cas de différends entre la RPA et des tiers (dépositaires des plaintes au CNC), beaucoup de décisions prises par le CNC n'ont pas été conformes à la loi. Le CNC suspendait la RPA sans lui adresser les mises en garde. Des fois, il accusait la RPA de délit d`incitation à la haine ethnique alors que les propos diffusés par la RPA ne revêtaient pas ces caractères. En effet, nous confirmons la première hypothèse.

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Pour ce qui est de la deuxième hypothèse, il est à remarquer que certains des membres de l`équipe du CNC et ceux de la RPA n`ont pas une bonne compréhension des contenus des textes qui régissent leurs professions. Ce qui explique les besoins des spécialistes qui peuvent expliquer certaines expressions conceptuelles comme : propos diffamatoires, injurieux, pouvant constituer des appels à la désobéissance civile ou révolte, pouvant constituer une offense aux institutions publiques ; l'exagération des faits, porter atteinte à la vie privée, à l'honneur, incitation à la haine, etc. Quelques constats sur le CNC et la RPA : A la Maison de la presse, nous avons eu une confirmation que le CNC manque de l`indépendance dans sa façon de réguler, il ne peut pas être indépendant dans la mesure où ses membres permanents sont nommés par l`Exécutif et de surcroit, sur base de critères d`appartenance politique. Ceci explique le manque de rigueur dans la lecture des textes tant nationaux qu`internationaux.

A la RPA nous avons constaté aussi le manque de rigueur au niveau de recrutement de son personnel. Le niveau d`études ne compte pas beaucoup, il suffit seulement d`être éloquent et clairvoyant pour devenir journaliste à la RPA. C`est compliqué pour quelqu`un qui n'a pas le niveau d'études de comprendre le contenu de la loi. Par conséquent, il lui est difficile de distinguer ce qui est délit de presse de ce qui ne l'est pas. Nous pouvons ainsi confirmer notre dernière hypothèse qui dit que, La solution à cette situation de conflit passe par la régulation de la liberté de la presse dans le strict respect par le CNC et la RPA des textes de régulation en vigueur.

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CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS

En intitulant notre sujet de mémoire : « Presse et organe de régulation au Burundi. Une analyse critique de la relation entre la RPA et le CNC », nous avons été attirés par l'importance des médias dans une démocratie pluraliste et la situation de conflit qui prévaut actuellement dans le paysage médiatique burundais entre les médias privés et l'instance de régulation.

C'est au 21ème siècle que l'importance de la presse s'est accrue. « Elle sert ou dessert le pouvoir suivant qu'elle est pour ou contre lui, fait des critiques sur les problèmes économiques, sociaux et politiques. C'est pourquoi d'aucuns affirment que la presse est devenue le quatrième pouvoir ».140

Les médias en général constituent un facteur de mobilisation des masses, de motivation des individus, de consolidation des changements sociaux et de réduction des distances géographiques, sociales et culturelles.

Ils sont indispensables dans la communication politique. Ainsi, les dirigeants politiques passent par eux pour faire connaître leurs activités et défendre leur cause. Quand un citoyen est informé, il peut s'acquitter convenablement de ses devoirs.

La radio est le média le plus écouté au Burundi. C'est un outil d'information utilisé par la population. Par sa mission d'informer, de former et d'éduquer la population, la radio joue un grand rôle dans la promotion de la paix, de la démocratie et des droits de l'homme. C'est un outil de communication accessible à un large public qui contribue à la transformation de la société burundaise.

En travaillant sur « la presse et organe de régulation au Burundi. Contribution à une analyse critique de la relation entre la RPA et le CNC », nous avons voulu vérifier si le paysage médiatique burundais favorise l'exercice de la liberté de la presse. Le constat montre que, malgré son importance, la presse entre souvent en désaccord avec le pouvoir en place. Ce qui explique les difficultés d'exercer véritablement ses diverses missions sociales tant qu'est suspendue l'épée de Damoclès sur la tête de chaque journaliste. Ainsi, maintenir la législation liberticide actuelle prêterait d'une part à l'arbitraire des juges soumis aux

140 I. OLENGA LUMBAHE, Dépénalisation des délits de Presse en République Démocratique du Congo : analyse de l'action de journaliste en danger (JED). Approche sociologique du droit de l'information, Mémoire de Licence, IFASIC, 2010.

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injonctions permanentes des pouvoirs politiques et, d'autre part à une autocensure excessive des journalistes, par crainte des sanctions et représailles des forces politiques.

Par contre, on peut se poser la question suivante : comment les radios privées peuvent- elles contribuer à l'instauration de la culture, de la bonne gouvernance au Burundi si toute imputation des faits précis, même vrais, peut, à tout moment, conduire le journaliste en prison pour « imputation dommageable » ou « diffamation » ?

Pour débattre provisoirement de cette question, nous avons postulé les deux hypothèses ci-après :

- Le conflit observé ces derniers temps entre le Conseil National de la Communication et la Radio Publique Africaine, est dû d'une part à l'usage abusif de la liberté de la presse, d'autre part à la volonté manifeste de l'enfreindre.

- La solution à cette situation de conflit passe par la régulation de la liberté de la presse dans le strict respect par le CNC et la RPA des textes de régulation en vigueur.

Pour débattre de la question de recherche et évaluer les hypothèses de ce travail, nous avons subdivisé celui-ci en trois chapitres dont voici les grandes articulations :

Le chapitre premier a concerné les supports conceptuels et Théorique. Ce chapitre a été consacré aux définitions des concepts clés et a proposé le cadre de référence, notamment les théories qui ont été utilisées dans le travail.

Le chapitre deuxième a été consacré à la présentation du paysage médiatique burundais. Il a présenté le paysage médiatique et a mis l`accent particulier sur les radios publiques et privées. Il a présenté aussi les textes nationaux et internationaux qui régissent ces organes. Les instances de régulation et celles d`autorégulation ont été présentées aussi dans ce chapitre. Un grand détail a été réservé au Conseil National de la Communication et à la Radio Publique Africaine.

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Le chapitre troisième a porté sur l'Analyse et l`interprétation des résultats. Il présente six grands points et quelques sous points en son sein. Les grands points sont les suivants :

La présentation du terrain de l`enquête, le cadre méthodologique (méthodes et approches), les techniques, le déroulement de l`enquête, l`analyse qualitative des résultats de l`enquête et la validation des hypothèses de recherche.

Au cours de cette enquête menée via les entretiens, le questionnaire et l`accumulation de la documentation, nous avons constaté que sur certains cas, le CNC a adressé directement des sanctions de suspension à la RPA sans adresser d'abord des mises en garde. D'autres sujets de polémique que le CNC devrait résoudre par ses qualités d`instance de régulation ont été transférés directement aux instances judiciaires.

Dans une profession comme celle du journalisme, Il est fort probable de commettre des bavures. L`important c`est de reconnaitre les fautes que l`on a commises. Ceci n`est pas le cas à la RPA. Quelques dérapages ont été constatés dans le traitement et la diffusion des informations par le CNC, hélas la RPA n`a pas fait ce que la loi lui exige et comme le lui proposait le CNC.

Le respect de la loi dans la promotion du métier reste l'un des moyens efficaces pour rendre effective la liberté de la presse. Pour ce faire, nous proposons :

? Aux professionnels des médias :

- La Responsabilité : le journaliste doit faire preuve d'équité, d'exactitude, d' l'honnêteté, d'indépendance et de décence. La vérité reste son principe directeur.

- L'Exactitude : les professionnels doivent se garder des inexactitudes, des négligences, des partis pris. Ils doivent reconnaitre toute erreur importante et la corriger rapidement et visiblement.

- L'Intégrité : le journaliste doit se forcer de traiter tous les problèmes sans parti pris et doit présenter sans passion les sujets soulevant controverses.

- L'Indépendance : les journalistes doivent être libres de toute obligation vis-à-vis de leurs sources d'information et protagonistes de l'actualité.

- L'Equilibre : les journalistes ont le devoir d'informer le public sur toute la vie sociale.

95

- La sélection de l'information : elle doit toujours tenir compte de ces critères du choix de l'information : l'importance, l'intérêt humain, l'actualité, la proximité, etc.

- Les Moyens pour Assurer la Responsabilité sociale des Médias. M*A*R*S : ces moyens sont non gouvernementaux. Il s`agit par exemple de l'éducation (le public et les journalistes doivent être éduqués) ; de la critique (afin d'améliorer le fonctionnement, les journalistes doivent s'autocritiquer) ; de l'observation systématique (monitoring, comme les produits des médias sont nombreux celui-ci s'avère important pour se rendre recompte des omissions) ; l'accès aux médias (indispensable pour que chaque groupe de la population puisse rectifier des erreurs des médias et combler leurs erreurs).

? A l'instance de régulation des médias :

- Bien jouer son rôle tout en respectant les textes régissant la presse au Burundi tant nationaux qu'internationaux ;

- En cas de litiges, soit entre média et pouvoir, média et individu, la neutralité oblige pour bien trancher l'affaire comme l'exigent les textes ;

- Ne pas avoir l'habitude de rendre responsable sans preuve tout le corps des médias.

- Asseoir sa responsabilité tout en respectant la Loi afin d'assainir le clivage sur le paysage médiatique.

? Au pouvoir en place :

- De faire des amendements de la loi régissant la presse au Burundi pour l'intérêt de tous ;

- De ne pas nommer les membres de l'instance de régulation des médias par décret présidentiel. Pour garantir l'aspect de sa neutralité, l'Etat devait se débarrasser de cette étiquette et laisser le choix des représentants du CNC au corps des journalistes.

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- De songer à l'octroi des faveurs aux médias privés (les exonérations, et autres aides) et à la promulgation d'une loi pour la mise en place de fonds d'aide de fonctionnement à tous les médias sans discrimination aucune.

- De comprendre que la politique est une affaire de tous les burundais et a fortiori des journalistes.

Il est à signaler qu'au terme de ce travail scientifique, nous n'avons pas exploré tous les aspects de la relation qui existent entre le CNC et la RPA. Nous n'avons fait que baliser le chemin à d'autres chercheurs. C'est la raison pour laquelle nous leur suggérons de s'orienter vers d'autres aspects que nous n'avons pas pu faire comme par exemple :

- L'Analyse comparative de la relation entre les médias privés et les différentes équipes du CNC.

- Le rôle que joue l'instance d'autorégulation dans les différends entre l'instance de régulation et les médias au Burundi.

- l'importance des médias dans la communication politique et la communication électorale.

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1. GAHUNGU Moise, entretien tenu à la Maison de la presse, le 20 Février 2013.

2. MANIRAKIZA Eric, entretien tenu à la RPA, en Avril 2010.

3. MANIRAKIZA Eric, entretien tenu à la RPA, le 15/05/2013.

4. MUHOZI Innocent, entretien tenu à la Télé. Renaissance, le 11/05/ 2013.

5. NDARUGIRIRE T., entretien tenu à la Maison de la presse, le 25/05/2013.

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http://www.arib.info/index.php?option=com_content&task=view&id=6296.

5. La loi no. 1/11 du 4 Juin 2013 :

http://www.burunditransparence.org/presse burundaise loi.html.

101

6. La technique d`observation directe :

http://www.inh.fr/enseignements/idp/outils/etude_marche/observationpsycho_socio.pdf.

7. Le début du pluralisme au Burundi :

http://www.panosparis.org/fichierProdFR/fichierProd1352.pdf.

H) Les lois et codes

1. La loi sur la presse du 25Juin, 1976.

2. La loi n°1/025 du 27 Novembre 2003 régissant la presse au Burundi.

3. Le code journalistique du Kansas, 1910.

4. La loi n°1/11 du 4 Juin 2013 régissant la presse au Burundi.

I) Autres documents

1. CNC-Le Régulateur, Mensuel d'information, N°23/Janvier 2012, publié dans l'Editorial : Les médias : Un gène pour la justice burundaise.

2. Maison de la presse, Les médias et le processus électorale, Bujumbura, n°1, Janvier-Avril 2010.

3. Maison de la Presse, Elément enregistré au studio école CERA/ABR, 2010.

4. Ministère de l'Information, Document de Politique sectorielle (2006-2010), Bujumbura, Mars 2006.

5. RTNB, Archives sur la station de radio au Rwanda-Urundi.

102

ANNEXES

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A. QUESTIONNAIRES D'ENQUETE

Ces questionnaires, élaborés dans le cadre de notre travail de fin de cycle, visent à recueillir les informations sur la régulation des médias. Tout en vous remerciant déjà, nous vous prions de bien vouloir répondre aux questions posées le plus sincèrement possible. Nous vous garantissons de l'objectivité de cette enquête, dont les données recueillies seront strictement utilisées à des fins de recherches.

Questionnaire d'Enquête I

I. Eléments d'identification

a) Institution : Association Burundaise des Radiodiffuseurs. (ABR)

b) Catégorie : Opérateur dans les radiodiffusions.

II. Questionnaire proprement dit

1. En observant le paysage médiatique actuel au Burundi, on constate que la nature de rapports entre le CNC et les médias privés en particulier est adversative. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

2. En rapport avec l'éthique et la déontologie :

a) quel commentaire faites-vous sur les médias burundais privés dans leur couverture médiatique lors des élections de 2010.

b) Quel en a été en particulier de la RPA lors desdites élections ?

3. Quel est votre domaine d'intervention en matière médiatique ? comment vous y prenez-vous ?

4. Pouvez- vous nous faire un rapport succinct de vos réalisations durant les années :

a) 2007 ;

b) 2008 ;

c) 2009 ;

d) 2010 ;

e) 2011

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Questionnaire d'Enquête II.

I. Eléments d'identification

c) Institution : Union Burundaise des Journalistes (UBJ)

d) Catégorie : Syndicat national des Journalistes

II. Questionnaire proprement dit

1. La plupart des médias privés burundais, y compris la RPA, font face à un problème de financement. Cette situation ne peut- elle pas être à la base de leur marchandisation et leur non respect du code de déontologie journalistique ?

2. L'actualité sur la nouvelle loi de la presse modifiée et votée dernièrement au parlement suscite encore le débat dans les milieux des professionnels des médias.

a) Quelle a été votre réaction par rapport à cette modification ?

b) En rapport avec la profession et le public bénéficiaire de l'information, quels avantages ou désavantages présente-t-elle?

3. Lors de ses visites rendues à certains médias privés, le CNC n'a pas été satisfait de la prestation de leurs services et de la qualité de l'information donnée au public. Pour le cas de la RPA, par exemple, il a été constaté ce qui suit:

- Le problème d'accès à l'information institutionnelle.

- Le manque du pluralisme et moins d'espace pour l'information institutionnelle. - Le sensationnalisme parfois.

- Le manque de journalistes qualifiés.

En tant que syndicat national des journalistes, quelle solution le CNC peut-il proposer pour résoudre ces problèmes ? Qu'elle est votre point de vue ?

4. Dans son plan triennal, le service du monitoring du CNC fait remarquer que durant l'année 2011, la plupart des médias nationaux ont consacré leurs informations à la politique, à la sécurité et à la justice.

a) Qu'en dites-vous ?

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b) Dans le cas de la RPA, comment le CNC peut-il justifier une telle pratique journalistique ?

c) Quelle appréciation faites-vous personnellement de la grille de programmes de la RPA ?

5. Le même rapport atteste que des cas de violation de la déontologie et de la loi régissant la presse au Burundi ont été commis par certains des médias. Sur quoi se fonde d'après vous, le CNC pour livrer son constat sur quelques cas de dérapage suivants :

a) Le déséquilibre de l'information ;

b) L'exagération des faits ;

c) Des propos à caractère diffamatoire et pouvant constituer une offense aux institutions publiques ;

d) Des propos pouvant porter atteinte à la vie privée ;

e) Des propos pouvant constituer des appels à la désobéissance civile ou à la révolte.

6. La RPA avait diffusé des informations faisant état des personnes victimes de justice populaire.

a) Pouvez-vous nous relater brièvement des raisons profondes d'une telle diffusion?

b) D'après vous, quels articles ont violé la loi sur la presse au Burundi ?

7. Les rapports entre le CNC et les médias privés, sont souvent tendus. A quoi une telle situation est-elle liée ?

8. Les médias privés ont toujours demandé que l'Etat leur accorde des faveurs (exonérations et autres aides) dans le cadre du métier. Existe-t-il une loi pour la mise en place d'un fonds d'aide au fonctionnement des médias ?

5. Quelle est la vision du CNC ? Quelle valeur défend-il ?

4. Le même rapport atteste que des cas de violation de la déontologie de la loi cadre régissant la presse au Burundi ont été commis par certains des médias. Sur quoi se

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Questionnaire d'Enquête III

I. Eléments d'identification

a) Institution : Observatoire de la Presse au Burundi (OPB)

b) Catégorie : Organe d'autorégulation des médias

II. Questionnaire proprement dit

1. La plupart des médias privés burundais font face à un problème de financement. Cette situation ne peut-elle pas être à la base de leur marchandisation et non respect du code de déontologie journalistique ?

2. Lors de ses visites rendues à certains médias privés, le CNC n'a pas été satisfait de la prestation de leurs services et de la qualité de l'information donnée au public. Pour le cas de la RPA, par exemple, il a été constaté ce qui suit :

- Le problème d'accès à l'information institutionnelle (institutions publiques) ;

- Le manque du pluralisme et moins d'espace pour l'information institutionnelle (en rapport avec le pouvoir en place) ;

- Le sensationnalisme parfois ;

- En tant qu'organe régulateur des médias, que pouvait faire le CNC en pareille

situation ?

3. Dans son plan triennal, le service du monitoring du CNC fait remarquer que, durant l'année 2011, la plupart des médias nationaux ont consacré leurs informations à la politique, à la sécurité et à la justice.

a) Qu'en dites- vous ?

b) Dans le cas de la RPA, par quels arguments le CNC justifie-t-il ce constat ?

c) Quelle appréciation faites-vous personnellement de la grille de programme

de la RPA ?

107

fonde, d'après vous le CNC pour livrer son constat sur les quelques cas de dérapage suivants :

a) Le déséquilibre de l'information ;

b) L'exagération des faits ;

c) Des propos à caractère diffamatoire et pouvant constituer une offense aux institutions publiques ;

d) Des propos pouvant porter atteinte à la vie privée ;

e) Des propos pouvant constituer des appels à la désobéissance civile ou à la révolte.

5. La RPA avait diffusé des informations faisant état des personnes victimes de justice populaire.

a) Pour quelles raisons la RPA a-t-elle diffusé ces informations ?

b) D'après vous, la diffusion a-t-elle été faite dans le respect de la loi cadre sur la presse au Burundi ?

6. Les rapports entre le CNC et les médias privés sont souvent tendus. A quoi une telle situation est-elle liée ?

7. Les médias privés ont toujours demandé que l'Etat leur accorde des faveurs (exonérations et autres aides) dans le cadre du métier. Existe-t-il une loi pour la mise en place d'un fonds d'aide au fonctionnement des médias ?

8. D'après le CNC, il existe actuellement un clivage dans le paysage médiatique burundais. Quel est votre point de vue sur cette observation ?

9. Le rapport du CNC fait état de plaintes des individus contre la RPA pour le non respect de la déontologie et de la loi régissant la presse au Burundi. Quelle est votre opinion sur les diffusions de la RPA à la base des plaintes et la décision du CNC qui en est suivie ?

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10. En tant qu'organe d'autorégulation dans le domaine médiatique, quelle appréciation pouvez-vous porter sur les prestations du CNC ?

11. Pouvez-vous nous faire un rapport succinct de vos réalisations en rapport avec la déontologie et la liberté de la presse pendant ces 3 dernières années (2009-2011) ?

Questionnaire d'Enquête III

I. Eléments d'identification

a) Institution : Média

b) Catégorie : Radio privée (RPA)

II. Questionnaire proprement dit

1. Pouvez-vous nous faire une brève explication sur les émissions :

a) Woterera iki

b) Ijambo nirwanyu

c) Abaduseruka

d) Kabizi

6. Existe-t-il d'autres émissions en directe sur la RPA non citées ?

a) Que sont- elles ?

b) Qu'elle est le programme de diffusion de chacune ?

7. Quelle est la grille de programmes de la RPA ?

8. « La voix des sans voix », est- il votre ligne éditoriale ou seulement votre slogan. Comment différenciez-vous ces deux concepts ?

9. L'actuel paysage médiatique burundais ne semble pas favoriser l'exercice de la liberté de la presse.

a) Que peut faire d'après vous, le CNC pour rendre effective la liberté de la presse ?

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b) Que peut faire le CNC afin que vous assumiez vos responsabilités en tant que professionnel des médias ? Que reprochez-vous au rôle assumé par CNC en tant qu'organe de régulation ?

10. Quelle est le nombre exact de journalistes fonctionnaires de la RPA ? Sur base de quels critères la RPA recrute-t- elle ses journalistes ?

11. Il existe des plaintes déposées au CNC par les individus contre la RPA pour diffamation :

a) Que répondez-vous aux plaintes ?

b) Aviez-vous souvent rectifié vos propos selon les exigences de la loi cadre sur les médias et le code de déontologie ?

c) Quelle appréciation faites- vous du rôle joué par le CNC dans les différends qui ont opposé la RPA aux plaignants ?

12. En 2011, le CNC a suspendu l'émission « KABIZI » pour une durée de quatre jours. Quelles ont été les motivations ?

13. Quelle est votre organigramme ?

14. Pouvez-vous nous dire un mot sur chacune des chambres de l'organigramme ?

Questionnaire d'Enquête IV

I. Eléments d'identification

a) Institution : Conseil National de la Communication

b) Catégorie : Organe de Régulation des médias

II. Questionnaire proprement dit

20. Dans votre plan stratégique triennal de 2009-2011, certaines actions comme vous le dites dans ce rapport, n'ont pas été réalisées. Et vous aviez promis de les réaliser en 2012, bientôt on est en 2013. Qu'avez-vous réalisé pendant cette période en rapport avec votre mission de garantir la liberté de la presse ?

- Le manque du pluralisme et moins d'espace pour l'information institutionnelle ;

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21. « Garantir de façon équitable le libre accès des partis politiques, des syndicats, des associations et des citoyens aux moyens tant publics que privés d'informations et de communication », revient à la mission du CNC.

a. l'avez- vous déjà fait ?

b. Comment vous le faites ?

22. L'actualité sur la nouvelle loi de la presse modifiée et votée dernièrement au parlement est à la une aux médias.

a. Quelle a été votre réaction par rapport à cette modification ?

b. En rapport avec la profession et le public bénéficiaire de l'information, quels avantages ou désavantages présente une telle modification ?

23. Les Etats Généraux des médias et de la communication ont eu lieu, le 4 et le 5 mars 2011. Ils avaient comme objectifs:

- La révision de loi régissant la presse au Burundi et l'aspect de dépénalisation des délits de presse ;

- La mise en place de la loi régissant l'accès à l'information ;

- l'élaboration d'une stratégie de formation des professionnels des médias, la relance d'une école des journalistes, centre de formation des médias et un niveau de master complémentaire en journalisme.

5. Quelles stratégies proposez-vous pour aboutir à des résultats escomptés ? Où en êtes-vous maintenant ?

6. Après une visite du CNC effectuée aux médias privés, quelques problèmes pouvant affecter la qualité d'information ont été constatés. Par exemple à la RPA, on a pu constater :

- Le problème d'accès à l'information institutionnelle ;

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- Le sensationnalisme parfois ; - Moins des journalistes formés

a) Comment le CNC parvient-il à calculer la proportion du temps d'antenne accordé aux différents intervenants aux médias ?

b) Le CNC, en tant qu'organe régulateur et responsable des ces médias, qu'a-t-il proposé face à ce constat à la RPA ?

24. L'année 2011, était une année à laquelle la politique, la sécurité et la justice ont dominé les informations et les programmes sur les médias burundais. Constate le service du monitoring du CNC. Si l'on considérait le cas de la RPA, quels éléments pouvant justifier ce constat ?

25. Le même rapport constate que quelques dérapages ont été commis en violation de la déontologie et de la loi sur la presse au Burundi. Donnez-nous les cas enregistrés à la RPA et les articles violés en rapport avec :

a) Le déséquilibre de l'information ;

b) L'exagération des faits ;

c) Des propos à caractère diffamatoire et pouvant constituer une offense aux institutions publiques ;

d) Des propos pouvant porter atteinte à la vie privée ;

e) Des propos pouvant constituer des appels à la désobéissance civile ou à la révolte.

26. La RPA avait diffusé des informations faisant état des personnes victimes de justice populaire, des propos pouvant inciter à la haine ethnique à propos de certains membres constituant la Commission Vérité et Réconciliation (CVR).

a) Pouvez-vous nous relater brièvement des raisons d'une telle diffusion ?

b) A quel moment de la diffusion la RPA a-t-elle violé la loi sur la presse au Burundi ?

27. La nature des rapports entre le CNC et les médias privés, en particulier la RPA est adversative. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

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28. Les médias privés ont toujours demandé que l'Etat leur accorde des faveurs (exonérations et autres aides) dans le cadre du métier. Ya-t-il eu une loi promulguée pour la mise en place d'un fonds d'aide de fonctionnement ?

29. Quelle est la vision du CNC ? Quelle valeur défend-il ? B. CORRESPONDANCE

SHUKURU SEREMBA Hubert Bujumbura, le 25 octobre 2012

RUBONEKA MUSABWA Laurent Etudiants en Communication Sociale/FSSPA

Année : 2009-2010/Jour

Université du Lac Tanganyika

A Monsieur le Président du Conseil National de la Communication (CNC) à Bujumbura

Objet : le vrai sens de notre sujet de Mémoire

Monsieur le Président,

Notre sujet ne reflète aucune ambition que celle de mener une enquête scientifique. Les relations dont nous parlons dans ce sujet ce sont celles qu'entretiennent les médias burundais en général et en particulier les médias privés avec l'instance de régulation ayant en son sein la mission capitale d'assurer à toute la presse le respect de l'expression pluraliste des courants de pensée dans ladite presse et la communication.

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Le cas échéant, l'actuel paysage médiatique burundais nous oblige en tant qu'étudiants mémorands de faire une analyse sur les cinq missions confiées au CNC et voire si ces dernières se réalisent en bonne et du forme.

En effet, quelques questions de savoir si les médias privés et ceux appelés « publics » c'est-à-dire gouvernementaux, sont-ils considérés de plain-pied en rapport avec ce que nous appelons l'interventionnisme gouvernemental.

Ces genres de questions nous amèneront à l'analyse des contenus des médias et voire s'il y a ingérence permanente du CNC dans le traitement de l'information. Cette analyse nous permettra d'enlever les contradictions s'il y en a, dans les textes régissant la profession journalistique notamment : l'Ethique et la Déontologie ainsi que la loi cadre du 27 Novembre 2003 régissant la presse au Burundi.

Nous tacherons aussi de tirer les lacunes que rengorge cette Loi et si sa révision renforcera, assurera plus la liberté de la presse ou répondra positivement aux préoccupations des antagonistes (médias, gouvernement, CNC, et la population en général)

En fin, les informations du monitoring du CNC en rapport avec la violation des règles d'Ethique et de Déontologie, les délits de presse en général nous amèneront à une analyse concrète des décisions prises par le CNC, si ces dernières sont arbitraires comme le déclarent certains responsables des médias privés ou s'elles sont d'une grande importance dans le sens de limiter les dérapages médiatiques. Notre choix porté à la RPA se justifie seulement par le fait qu'elle est une radio privée et la plus écoutée au Burundi, ainsi qu'en raison de ses journalistes qui comparaissent le plus souvent pour des raisons d'enquête sur leurs publications.

Le choix du CNC n'est autre que sa seule présence en tant que l'organe de régulation au Burundi.

Tout en espérant que notre lettre retiendra votre attention, nous vous souhaitons une bonne compréhension.






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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus