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Presse et organe de régulation au Burundi. contribution a une analyse critique de la relation entre la radio publique africaine et le CNC

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par Hubert SEREMBA SHUHURU
Universite du Lac Tanganyika - Licence en communication sociale 2010
  

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I.2.4. La Doctrine libérale

Cette doctrine est proche de la conception libertarienne sans être aussi radicale que celle-ci. Contrairement aux libertariens, les libéraux reconnaissent l`intervention de l`Etat pour autant qu`elle se limite à la logique du marché. Les libéraux, contrairement aux libertariens, acceptent seulement que dans les aspects physiques, les médias peuvent être régulés par le pouvoir politique. (Les aides matérielles, la libre circulation des

69 Idem.

70 G. GIROUX, La déontologie professionnelle dans le champ du journalisme. Portée et limites, Communication, XXII, n°2, 1991, p.134.

71 J.C MERRILL, Three theories of press responsability and the advantages of pluralistic individualism, in D. ELLIOTT éd. Responsible journalism, Beverly Hills, sage, 1986, p.51 et sq. et J.C. MERRILL, Press councils and ethical codes are dangerous control mechanism, in E.E. DENNIS& J.C. MERRILL, Basic issues in mass communication. A debate, Newyork, Macmillian publishing campany, 1984, p. 162.

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marchandises dans le pays, etc.). Toute intervention dans le contenu, c`est-à-dire dans les aspects symboliques de la liberté de la communication est combattue72

La doctrine libérale reconnait la liberté à tout individu de publier ce qu`il sait et ce qu`il pense par quelque moyen que ce soit. Ceci est un droit imprescriptible de tout être humain. Il ne peut être restreint d`aucune façon, ni sous aucun prétexte sauf en cas de force majeure. Selon cette doctrine donc, il faut que tous les faits soient rapportés et que toutes les opinions soient placées sur « le marché des idées ». L'être humain est capable de discerner la vérité. Si l'Etat laisse faire, tout ira pour le mieux. Cette idée illusoire n'a pas résisté à la commercialisation croissante de la presse au XXème siècle : devenait bon ce qui était profitable et toutes les entreprises tendent naturellement à la construction. Ainsi, le pouvoir d'informer, de fixer les thèmes du débat national, risquait de tomber dans les mains de quelques propriétaires qui n'étaient pas élus, ni forcément experts ou soucieux de servir le public.

La théorie libérale ne serait plus qu'une fiction insatisfaisante parce qu'inapte à fournir une compréhension adéquate de la réalité de nos sociétés démocratiques et illégitime parce que constituant un obstacle philosophique au développement du débat public. Contrairement à elle, la théorie de responsabilité sociale des médias peut favoriser la revalorisation du régime démocratique dans ses composantes essentielles.

I.2.5. La Théorie de la responsabilité sociale des médias

Ce concept est né d'une perception plus réaliste de la nature humaine et de l'économie. L'expression fut lancée aux Etats-Unis par une « commission sur la liberté de la presse »,73 qui rassemblait des personnalités extérieures au milieu de la presse. Selon cette doctrine, il est préférable que les médias ne soient pas la propriété de l'Etat, ni même sous son contrôle.

En principe, les médias ne sont pas des entreprises commerciales ordinaires dont le succès puisse se mesurer aux profits. Qu'elles recherchent la rentabilité, c'est normal, mais il leur faut assurer les « imputabilités »,74 c'est-à-dire admettre qu'ils sont responsables envers les divers groupes sociaux, dans le sens de répondre à leurs besoins et désirs.

72 Idem.

73 Sous la présidence de R.M. Hutchins, recteur de l'Université de Chicago-d'où le nom de commission Hutchins.

74 Ce mot peu courant, traduit le terme anglais « accountability ».

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Au cas où les citoyens deviendraient mécontents du service qui leur est fourni, les médias devaient agir. Il est préférable qu'ils s'amendent eux-mêmes. Si ce n'est pas le cas, il serait nécessaire et légitime que le parlement et d'autres organes de régulation interviennent. C'est d'ailleurs souvent pour éviter une telle intervention que les médias se soucient de déontologie.

Il faut noter que l'on ne rencontre pas ces quatre régimes de presse75 à l'état pur. En régime autoritaire, les citoyens ont toujours eu accès à des médias clandestins. Dans les démocraties libérales, on a toujours jugé qu'il était dans l'intérêt général de réglementer l'activité des médias, même aux Etats-Unis.

MERRILL, le théoricien de la conception libértarienne de la presse, critique « le raisonnement utilitariste social » développé à l'égard de la presse et dénonce la conception « élitiste » qui sous-tendait en réalité la théorie de « la responsabilité sociale » des médias. Cette théorie ne serait rien d'autre qu'un subterfuge par lequel des groupes ou des personnes de l'élite chercheraient à façonner la presse selon leur propre image.76 Et pourtant, la responsabilité sociale des médias rappelle souvent qu'un bon journal doit faire preuve d'équité, d'exactitude, d'honnêteté, du sens de responsabilités, d'indépendance, et de décence. Son principe directeur reste la vérité, c'est-à-dire, il doit éviter des pratiques qui nuiraient à sa capacité.

Rappelons en outre que l`opposition entre libéralisme et autoritarisme, si elle garde une valeur symbolique autant que pratique, est incapable d`expliquer les situations d`aujourd`hui, encore moins apte à fournir des modèles pour celles qui s`annoncent déjà pour demain. Les législations de type libéral ont tellement minimisé la responsabilité sociale des organes de presse qu`elles ont abouti à la déconsidération de la fonction d`information par la recherche exclusive du profit et la tendance au monopole. Le rôle des médias de masse dans une démocratie n`est pas aussi clair qu`on se l`imagine, bien que son importance soit généralement admise. En fait, on pourrait dire que les médias sont ballottés entre la liberté de la presse et la responsabilité sociale. La doctrine de la responsabilité sociale des médias insiste sur l`obligation pour les médias d`être justes envers toutes les couches de la

75 Les quatre régimes dont nous parlons dans ce travail, il s`agit du régime autoritaire, régime libéral, régime libertarien et régime de la responsabilité sociale des médias.

76 J.C. MERRILL, cité in Th. L. GLASSER, Press responsibility and first amendment values, in D. ELLIOTT, éd., Responsible journalism, Bevery Hills, sage, 1986, p. 85.

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société et de protéger les groupes défavorisés notamment en leur permettant de s`exprimer. L`information que reçoit la lectrice ou le lecteur, ce dernier l`utilise pour forger une opinion personnelle et lui permet de jouer pleinement son rôle de citoyen. Grâce à la bonne information, le citoyen prend conscience des mutations conceptuelles et institutionnelles qu`impose l`émergence des sociétés de masse ainsi que les grandes étapes de la société industrielle qui les a suscitées.

Dans le contexte de ce travail de recherche, les doctrines dominantes de l`information ne sont peut-être vues que comme la justification des rapports de forces ayant existé et qui existent encore. De la sorte, Il n`empêche que ces théories ne déterminent à leur tour des comportements et suscitent des forces nouvelles capables de renverser l`état actuel des choses.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus