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Les enjeux de l'implantation des médias en zone de crise. Cas de la fondation hirondelle

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par Lydie Muanji Kashala
Université de Kinshasa - Licence 2012
  

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2.2. La Fondation Hirondelle et son intervention au Rwanda

L'intervention de la Fondation Hirondelle au Rwanda relève de l'histoire même de la création de cette fondation. Des journalistes de la section Suisse de Reporters sans frontières couvraient le génocide rwandais de 1994. La radio des mille collines, appelant à la haine avait moralement armé les génocidaires. Il était difficile qu'un média fiable s'installe et attire les auditeurs. Il est vrai que dans une situation de guerre, en zone de crise ou de conflit violent, il est impossible pour un journaliste d'exercer son métier comme il le souhaite, avec rigueur et impartialité.

Au-delà du fait d'alerter l'opinion publique, les reporters sans frontières affirment qu'ils ont été confrontés aux souffrances de la population. Il était alors admis que secourir, aider, reconstruire impliquait d'autres compétences que celles d'un acteur médiatique. Il fallait des médecins, des humanitaires, des politiques. Pour les reporters, il n'était question que d'informer. Mais, témoigner qu'un génocide avait lieu, décrire les épisodes, rapporter des images, ne suffisait pas. Il fallait surpasser, aller au delà du constat. C'est de là que Jean Marie Etter, Philippe Dahinden, et François Gross ont eu l'idée ingénieuse de créer une première radio destinée aux Rwandais après le génocide, conscients que les médias exercent une fonction sociale majeure à l'intérieur d'un pays en crise. C'est dans ce contexte qu'est née la radio Agatashya, Hirondelle en Kinyarwanda. Elle a été destinée non pas seulement au Rwanda, mais à la région des grands lacs africains. Et c'est Philippe Dahinden, reporter sans frontière, qui en est promoteur.

Une radio qui se veut indépendante, professionnelle et créatrice, d'un espace de débat public entre Hutus et Tutsis. L'année suivante, la FH est née et reprend la gestion de la radio. Les émetteurs sont au Zaïre (actuelle RDC), à Bukavu et à Goma. La lutte est telle qu'on ne peut pas la mener seul. Il faut toute une organisation, mais l'insécurité est trop grande dans la région des grands lacs. D'où, la radio disparaît, entrainée par la guerre à l'avancée des troupes rwandaises au Zaïre.

La renaissance

Bien que les effets de la guerre aient apporté la radio, les reporters sans frontières ne se sont pas tus. Ils n'ont pas croisé les bras. Ils ont compris qu'ils n'étaient pas assez forts pour mener ce combat. Il fallait l'appui d'une organisation, des institutions ou des gouvernements.

C'est ainsi que la fondation est née et a emprunté son nom à celui de la première radio qu'elle a dirigée, radio « Agatashya » qui signifie « Hirondelle ». Elle a préféré garder ce nom parce qu'il est simple et universel. Aussi, faudrait-il préciser que la fondation est une organisation de journalistes qui crée des médias en zones de crises.

Cependant, la fondation a ouvert un bureau de correspondants à Arusha, en Tanzanie, pour couvrir les travaux du Tribunal Pénal International pour le Rwanda. Le bureau sera converti en agence de presse en 1997. Agatashya, il produit chaque année plus de 1400 dépêches en quatre langues : anglais, français, swahili et kinyarwanda. L'agence touche là un des principes fondateurs de la FH : les médias sont multilingues et doivent couvrir les principales langues locales.

L'agence de presse Hirondelle News à Arusha couvre l'actualité des procédures judiciaires liées au génocide de 1994 au Rwanda. Il s'agit des travaux du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), les procès suivis par les instances judiciaires nationales et les tribunaux communautaires du Rwanda. Hirondelle News, implantée depuis 1997, reste la seule agence de presse couvrant intégralement les procès en quatre langues.

Le travail fourni est apprécié par tous. C'est ainsi que les médias internationaux, agences de presse, universités, ONGs, et particuliers s'abonnent er reçoivent quotidiennement les dernières évolutions des procès, les dépêches sont également mises en ligne. Une compilation hebdomadaire des activités est également disponible en audio pour être diffusée par d'autres stations de radio.

L'agence est spécialement basée sur les questions juridiques. Elle offre ponctuellement à des dizaines de journalistes africains l'opportunité de suivre une formation sur la justice internationale e le reportage juridique.

Hirondelle News s'articule sur une équipe internationale réunissant des journalistes venant du Rwanda, de la Tanzanie et de l'Europe. L'équipe qui travaille au sein de l'agence comprend trois journalistes et une administratrice établis à Arusha, travaillant sous une coordination locale, une rédactrice basée aux Etats-Unis pour la version anglaise, des correspondants locaux à temps partiel à Kigali (Rwanda), quatre correspondants internationaux basés à la Haye (Pays-Bas), Bruxelles (Belgique), Paris (France) et Montréal (Canada), et une traductrice basée à Nairobi (Kenya) pour la version en kinyarwanda.

La Fondation Hirondelle par l'entremise de son agence Hirondelle oeuvre dans des situations difficiles. C'est que la presse indépendante a un rôle fondamental à jouer dans les sociétés autoritaires et dans les régimes non démocratiques. Dans ces situations, les intervenants traditionnels se retirent à cause de l'insécurité, des risques physiques, des menaces de tout genre et parce que l'argent investi dans les projets de développement risque de ne servir à rien.

Une radio indépendante joue un rôle immense en faveur de la paix : dissiper les rumeurs, maintenir l'attention sur les faits réels, éviter des propagandes. Les dossiers justices sont délicats à traiter. Aucune agence, aucun média n'a jusque-là osé implanter un média, ni traiter des sujets liant au génocide, étant un sujet controversé. Hirondelle News a collaboré à l'émergence des sociétés démocratiques et tolérantes, voulant s'appuyer à la formation d'une opinion publique, citoyenne, ouverte au dialogue. La Fondation Hirondelle s'attache particulièrement à la justice, condition de la réconciliation.

Philippe Dahinden, étant l'un des premiers à mesurer l'ampleur du génocide, disait : « On ne peut pas tout simplement constater les faits et revenir chez soi ... il faut faire quelque chose ». Lorsqu'on lui demandait quoi ? Il répondait « une radio ». Renchérissant : « les soldats, les médecins, ... savent chacun mettre leurs compétences au service d'une cause. Et eux, en compétence de journaliste, devraient mettre au service une radio par compassion, par solidarité ». (29(*))

En somme, les médias de la Fondation Hirondelle ne sont pas uniquement des instruments au service d'une cause noble et impérieuse. C'est un supplément d'humanité dans un monde marqué par les épreuves de l'histoire. C'est aussi une formidable profession de foi en l'avenir et dans la construction de « l'être ensemble » (30(*))

Peut-on imaginer, après tant de réflexions, qu'il n'y ait aucun organisme qui puisse défendre les médias en zone de conflit ?

La Fondation Hirondelle a implanté les repères du vrai et de la vérité. Elle lutte pour les valeurs qui fondent les droits humains. Au moins, à présent, chacun peut dire ce qu'il veut, comme il l'entend.

* 29 Interview accordée à la radio Okapi dans l'émission « Okapi service » à l'occasion des 10 ans d'existence de cette radio.

* 30 http :www.hirondellenews.com, consulté le 30 octobre 2012.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984