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Le tableau de bord de gestion et la microfinance pour les femmes

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par Alaa Benhammida
HEC Montréal - M. Sc. Contrôle de gestion 2013
  

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3. Institutions de microfinance formelles

Chapitre 3 : La microfinance 22

coopératives régulées et les credit unions, les banques publiques, les banques spécialisées en microfinance, les banques rurales et les institutions financières privées (Holth, 2011).

Les IMF peuvent travailler en collaboration avec d'autres fournisseurs de service de microfinance, telles que des ONG. Par ailleurs, leur capacité à atteindre leur mission est reliée à plusieurs facteurs du système de gestion interne de l'institution. Une étude de Hartarska et Mersland (2009) a trouvé que certains systèmes étaient plus efficients. Ils ont notamment trouvé que les institutions qui évoluent dans un environnement mature avec des outils de contrôle de gestion appropriés ont une croissance plus soutenue et atteignent mieux leurs objectifs. Un tableau de bord de gestion équilibré pourrait donc aider une IMF à mieux performer.

En outre, Dieckmann (2007) affirme que l'un des principes de la microfinance est la solvabilité des créanciers et entrepreneurs à petite échelle, sous-entendant une possible économie d'échelle pour les IMF. Toutefois, pour profiter de la solvabilité de ces créanciers et atteindre une efficacité dans l'utilisation des ressources, les institutions de microfinance ont dû innover dans la manière d'offrir du crédit.

4. Des méthodes de prêts variées

i. Contexte général

La microfinance est surtout présente dans les pays en voie de développement, dans lesquels les PME ont du mal à trouver du financement pour l'expansion de leurs activités (Robinson, 2001). Elle se définit comme un outil de développement qui propose des services financiers similaires aux banques traditionnelles mais à plus petite échelle, tels que les microcrédits, la micro-assurance et le transfert d'argent. Certaines IMF n'hésitent pas à offrir d'autres services d'intermédiation sociale pour le développement de la confiance en soi et la formation des membres d'un groupe à la littérature financière et de gestion (Ledgerwood, 1999). Elles ciblent en général des travailleurs indépendants et entrepreneurs à faible revenu. Le principal apport de leurs produits et services reste toutefois d'ordre financier, puisqu'elles offrent du crédit à des hommes ou femmes ne possédant quasiment pas d'actifs tangibles, n'ayant pas accès à des sources d'emprunt conventionnelles, et qui sont bien souvent analphabètes (Von Pischke, 1998).

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Par conséquent, non seulement les ROSCAs aident-elles les individus à créer un fond de sécurité pour la consommation ou pour les cas d'urgence, mais elles encouragent aussi une

L'offre de produits de microfinance implique toutefois des coûts de transaction pour sensibiliser et atteindre le public visé. Certaines institutions se rendent même directement chez leurs clients afin de leur éviter le fardeau des coûts de déplacement (Yunus et Weber, 2007). Mais pour être rentable et perdurer à long terme, les IMF sont contraintes d'afficher des taux d'intérêts supérieurs aux taux d'une banque commerciale traditionnelle afin de pouvoir couvrir la totalité des dépenses et des risques supportés (Holth, 2011). Ces taux sont souvent subventionnés (Robinson, 2001), et même si les taux sont élevés pour les demandeurs, il n'en reste pas moins que ceux-ci sont capables de rembourser et de renouveler le prêt à plusieurs reprises (Yunus et Weber, 2007). Qui plus est, les avantages sociaux qui en découlent excèdent les hauts taux d'intérêts appliqués (Rosenberg, 2009).

Pour pallier les risques de non remboursement de leur clientèle, les IMF ont mis sur pied de nouvelles manières d'offrir du crédit, et qu'elles adaptent en fonction du client et de son historique de crédit auprès de l'institution. L'industrie de la microfinance a innové avec de nouveaux systèmes de prêts tels que les associations d'emprunts et de dépôts (ROSCAs) et le prêt de groupe.

ii. Les ROSCAs

Les associations d'emprunts et de dépôts, plus connues sous l'abréviation anglaise de ROSCAs, Rotating and Credit Associations, font partie des institutions financières informelles les plus communément utilisées dans les pays en voie de développement (Bari, 1998). Leur origine ne peut pas être précisément définie dans le temps, puisque plusieurs modèles semblables ont existé auparavant dans différentes régions du monde sous des noms différents (Aniket, 2005). Bouman (1994, cité par Aniket, 2005) donne comme exemples les Totines au Cameroun et au Sénégal, Esusu au Nigéria, Stokvel en Afrique du Sud, Bishi et Chti Fund en Inde. Ardener (1964, pg. 201) définit les ROSCAs ainsi : une association formée d'un groupe de participants qui se sont entendus pour contribuer régulièrement à un fond qui est donné, entièrement ou en partie, à chaque contributeur tour à tour.

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culture de l'épargne (Cotler, 2005). Les participants des ROSCAs sont en général des femmes, et on peut constater leur émancipation même dans les pays industrialisés, auprès des communautés de nouveaux immigrants tels que les coréens, vietnamiens et mexicains aux États-Unis (Morduch, 1999). Ce type de modèle a été repris et adapté par des institutions de microfinance pour éduquer des nouveaux emprunteurs à l'épargne et à la gestion d'un crédit.

iii. Village Banking

Les banques de village4 offrent des services de crédit et d'épargne aux résidents d'un village. Contrairement à d'autres systèmes de microfinance, ce sont les résidents du village qui créent, possèdent et dirigent ladite banque5. Ils élisent parmi eux un comité de direction qui s'occupe de la gestion des opérations de la banque. Certaines IMF ont utilisé ce même concept pour développer de nouveaux services de microfinance.

Parmi les exemples les plus connus des ces IMF, FINCA (Foundation for International Community Assistance) a été créée en 1984 par John Hatch. Cette fondation fait figure de pionnière dans le microcrédit de type Village Banking. Un groupe de type village banking est constitué de 10 à 15 membres auquel FINCA accorde un crédit qui sera géré de manière autonome par des groupes comportant 70% de femmes6. Le groupe décide lui-même du montant à accorder à chaque membre et s'occupe aussi de la gestion du recouvrement.

Ce modèle a été récemment répliqué dans plusieurs pays pour encourager l'entrepreneuriat de régions rurales et quartiers à faible revenu d'Amérique latine, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Asie (Westley 2003, Nelson et al. 1996, cités par Lavoie, 2009). Contrairement au prêt de groupe, l'objectif de ce prêt est d'aboutir à la constitution d'une institution de prêt autonome et autogérée par ses membres dans un horizon de 3 ans (Waterfield et Duval, 1996).

4 Traduction personnelle pour village banks

5 Informations tirées du Handbook for Village Bank Management Committees and Support Organizations, 2008, publié par la International Labour Organization, bureau régionale pour l'asie de l'est. Disponible en ligne sur le site de l'organisation http://www.ilo.org/ visité le 10 avril 2013.

6 Site web de l'organisation : http://www.finca.org/ , section Microfinance and Village Banking, visité le 02 décembre 2012.

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iv. Le prêt de groupe

Plusieurs banques de microfinance offrent des prêts de groupe. Nous pouvons citer BancoSol (Bolivie) et la Grameen Bank (Bengladesh) comme exemples. L'approche des prêts de groupe est différente de celle des prêts individuels traditionnels, puisqu'elle a pour objectif de compenser le manque de capital à offrir en garantie par les individus, et de réduire le contrôle de la banque sur les emprunteurs (Acevedo, 2007). Lorsqu'un emprunteur s'inscrit à un prêt de groupe, aussi appelé prêt de solidarité, il rejoint d'autres personnes pour lesquelles l'emprunt se fait de manière conjointe. L'ensemble du groupe est ainsi responsable du remboursement de la totalité de l'emprunt, de sorte que si une personne fait défaut de payer, tout le groupe se verra refuser un emprunt futur et ce, jusqu'à la couverture totale du montant (Yunus et Weber, 2007).

La formule la plus communément utilisée du prêt de groupe s'applique à des groupes de 3 à

6 personnes (Acevedo, 2007). Ils ont en général des taux de remboursement plus élevés que les prêts aux individus puisqu'en cas de défaut de paiement de l'un des membres, celui-ci se retrouve couvert par d'autres membres (Mitra, 2007). Pour mieux comprendre la distinction entre le prêt de groupe et les prêts traditionnels (prêt individuel), le tableau suivant présente les caractéristiques principales de chacun :

Caractéristiques
distinctives

Prêt de groupe

Prêt individuel

Clients cibles

Groupes composés de
5 à 90 membres

Individus

Garantie pour l'emprunt

Prêt garanti par les
pairs (mécanisme de
pression sociale)

Collatéral (co-
signataire, actifs
physiques)

Importance en
Microfinance

Prédominant

Moins commun

Principales différences entre le prêt de groupe et le prêt individuel7

7 Tableau tiré du mémoire de Frédéric Lavoie, Conditions facilitating the replication of microcredit methodologies, 2009, HEC Montréal

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v. Conclusion

Acevedo (2007) note trois principaux apports des prêts de groupe à la société. D'abord, la performance du marché financier local est améliorée puisque les taux de remboursement augmentent et sont plus constants. De plus, ceux-ci viennent réduire l'asymétrie de l'information et les coûts de transaction, permettant aux banques d'offrir des taux d'intérêts plus avantageux. Enfin, les prêts de groupe créent un capital social et un réseau de contacts entre les emprunteurs.

Quant aux ROSCAs, des modèles microfinanciers similaires sont nés pour répondre à certains besoins dans les communautés rurales et à moindre revenu (Van Bastelaer, 1999). Ils sont issus de groupes socialement interconnectés et exclus du système financier commun (Besley, Coate et Loury, 1993, cités par Van Bastelaer, 1999). Néanmoins, ces modèles ne constituent pas des solutions suffisantes puisqu'on peut observer, par exemple, des situations où des agents de crédit d'IMF accordent des prêts à des taux plus élevés aux femmes sans raisons valables, et ce malgré la transparence des procédures de l'institution. De tels obstacles relèveraient davantage de préjugés culturels quant à la capacité de la femme à être financièrement autonome.

En conclusion, la microfinance pourrait être identifiée comme une industrie non pas créée au 20ème siècle, mais plutôt découverte et rendue populaire au 20ème siècle. En effet, comme nous l'avons vu et nous continuerons de le voir plus tard dans notre étude, elle semble issu du rassemblement de plusieurs outils et méthodologies financières informels, créés pour répondre aux besoins d'une population à moindre revenu. Ces outils et méthodologies de gestion auraient donc inspiré la naissance des institutions de microfinance modernes.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard