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L'approvisionnement des ménages en énergie dans la ville de N'Djamena: cas du troisième arrondissement

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par Vincent NGUEZOUMKA KEBMAKI
Université de Ngaoundéré, Cameroun - Master de Recherche en Géographie 2010
  

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1.3. L'étude démographique et spatiale de la ville de N'djamena

L'urbanisation est un phénomène universel qui a connu ces dernières décennies une accélération particulière. Elle se définie comme « processus de développement des villes en nombre d'habitants, en extension territoriale et en terme de mode de vie ; au sens de l'extension des espaces urbanisés. Le concept d'urbanisation englobe plusieurs aspects de l'occupation du sol et de la consommation d'espace tels que le développement de l'habitat, la mise en oeuvre de zones d'activités, la réalisation d'équipement nouveaux ou desserte » (Dobingar Allassembaye, 2005). En Afrique subsaharienne, la croissance urbaine s'est faite dans un contexte économique marqué par des politiques de rigueur nées des programmes d'ajustement structurel qui ont amplifié les

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mutations des structures et des comportements démographiques, ainsi que l'évolution des structures familiales. Depuis sa création, N'djamena a connu de profondes mutations d'ordres démographique et spatiotemporel.

1.3.1. Une ville à forte croissance démographique

Les villes d'Afrique au sud du Sahara connaissent une forte croissance démographique et une urbanisation rapide. Cette croissance urbaine est en partie due à l'accroissement démographique naturel, mais elle est surtout le résultat d'une migration des campagnes vers les villes.

N'djamena, capitale du Tchad, concentre 40% de la population totale urbaine et connaît un taux de croissance annuelle élevé de 7%. Sur le plan démographique, la ville a connu une évolution très importante. Sa population qui était d'environ 10 000 habitants en 1937 a presque doublé en dix ans pour avoisiner les 20 000 âmes à la fin des années 1940. Dans les premières années de l'indépendance, la population de la ville a vite accru : elle a quintuplé en 20 ans pour approcher les 130 000 habitants à la fin des années 1960. La plus importante évolution s'est opérée entre les années 1970 et 1990 (N'garessem, 1998). En effet, cette époque marque un tournant décisif dans l'histoire récente de la ville, et de tout le pays. La sécheresse de 1973-74, le coup d'Etat militaire du 12 avril 1975 ainsi que la guerre civile qui a suivi quatre ans plus tard ont été à la base d'importants mouvements de population venant autant des régions méridionales et septentrionales du pays, renforçant davantage le cosmopolitisme de la ville3.

Cet afflux massif de réfugiés a permis l'installation dans les années 1980 de nouveaux arrivants dans les zones dépressionnaires inondables et marginales, accessibles sur le plan foncier mais défavorables aux établissements humains. De sorte que N'djamena, qui se localisait sur seulement quelques dizaines d'hectares à sa création, s'étend aujourd'hui sur environ 25 km (Mairie de N'djamena).

3 N'garessem Goltop, 1998. Croissance urbaine et problématique de l'habitat à N'djamena. Thèse de doctorat 3è cycle. Université de Cocody (Abidjan).

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Avec son taux actuel de croissance urbaine voisin de 7 % par an, N'djamena pourra doubler son effectif tous les 10 ans. Elle atteindra donc environ 2 000 000 d'ici 2020 (par projection). C'est là un véritable motif de préoccupation quand on sait que rien n'est prévu en termes de développement des infrastructures et des équipements énergétiques populations.

Tableau 3. Evolution et taux d'accroissement annuel de la population (19212009)

ANNEES

POPULATION

TAUX D'ACCROISSEMENT
ANNUEL EN
%

OBSERVATION

1921

2 100

 

Estimation

1925

3 200

11,1

Estimation

1927

3640

11

Estimation

1930

9 540

24,4

Estimation

1937

9 976

24,4

Statistique nationale

1940

12 100

2,4

Estimation

1945

17 800

8,02

Recensement
administrative

1947

18 375

8,5

Statistique nationale

1948

20 400

4,64

Recensement

1950

22 940

6,04

Estimation

1954

34 600

10,82

Estimation

1960

64 997

11,08

Estimation

1962

88 160

16,46

Recensement
I.N.S.E.E

1964

99 000

5,96

Estimation

1968

132 502

7,55

Sondage
administrative

1970

157 000

8,85

Estimation

1972

180 000

7,07

Estimation étude
S.M.U.H

1975

224 155

7,58

Estimation

1978

317 959

12,35

Estimation

1979

110 000

-65,40

Estimation

1980

133 442

21,31

Estimation

1984

289 000

21,31

Estimation Groupe
Huit

1990

425 600

6,66

Estimation
D.S.E.E.D

1993

530 965

7,65

RGPH-BCR

1995

600 000

7,66

Estimation

2000

800 000

7

Estimation

2007

838 531

7

Annuaire des
statistiques
sanitaires du Tchad.

2009

993 492

7,5

RGPH-INSEED

Source: INSEE, SMUH, DSEED, BCR, INSEED (2009)

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Tableau 4. Accroissement de la population de N'djamena par rapport au Tchad (1968- 2009)

Années

1968

1986

1993

1995

2000

2002

2009

Population
de

N'djamena

132 000

289 000

531 000

600 000

800 000

1 300

000

993 492

Population
du Tchad

3 536

067

5 140

245

5 945

166

6 197

484

6 876

131

8 464

505

11 175

915

Taux
d'évolution
N'djamena

5%

5,7%

6%

6%

7,1%

7,2%

7,5

Taux
d'évolution
Tchad

1%

2,1%

2%

2,1%

2,2%

4,4%

5,2%

Source : GROUPE HUIT, 1996 et complétée en 2009

Une étude rétrospective de la population du Tchad par rapport à celle de N'djamena nous permet de constater que pendant la décennie allant de 1968 à 1986, la population de l'ensemble du pays évolue de manière constante, alors que celle de N'djamena a presque doublé. La même tendance s'observe aujourd'hui si on remonte entre 1993 à 2000, la population de N'djamena qui était de 531 000 habitants en 1993 a passé à 800 000 habitants en 2000. Cette évolution de la population de la ville de N'djamena est due aux différents mouvements migratoires que la ville a connus juste après les indépendances précisément vers les années 19604. Ainsi, la population urbaine s'accroit de 40000 à 50000 nouveaux habitants chaque année. Cette croissance rapide et continue de la population s'est accompagnée d'une extension spatiale considérable.

1.3.2. Une ville à forte extension spatiale

Située sur la rive droite du fleuve Chari, au sud du lac Tchad, la ville de N'djamena est à la fois le plus important centre administratif, universitaire, industriel et commercial du pays. L'évolution spatiale de la ville s'est faite par vagues concentriques autour du centre-ville, noyau originel constitué du quartier administratif appelé quartier résidentiel. Cette

4 N'garessem Goltop, 1998. Croissance urbaine et problématique de l'habitat à N'djamena. Thèse de doctorat 3è cycle. Université de Cocody (Abidjan).

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évolution s'est faite avec une forte tendance vers le nord et le sud-est, l'aéroport constituant une barrière à l'ouest et le Logone, une barrière à l'ouest.

Créée en 1900, il a fallu attendre la fin de la Seconde Guerre Mondiale pour que la ville prenne son essor. Eloignée de 1500 km du port maritime le plus proche, Douala (Cameroun), N'djamena, ainsi que toutes les villes du pays, est très enclavée. A sa création, l'occupation du sol s'est faite dans les anciens villages autochtones. A l'ère coloniale, l'administration favorisa l'installation des premiers fonctionnaires tchadiens originaires des autres contrées du pays, occupant les quartiers proches du quartier résidentiel. Puis, une deuxième vague de peuplement a commencé à se faire tout au long du fleuve, surtout à travers la sédentarisation des pêcheurs venus essentiellement des régions sud du pays.

Les quartiers dits traditionnels sont organisés suivant un plan quadrangulaire sur l'axe Sud-Nord avec la grande mosquée, comme point central. Le point actuel de la ville de N'djamena résulte de la mise en application du plan d'urbanisme conçu par l'administration coloniale en 1945. Ce plan prévoit la division de N'djamena en « zone industrielle, résidentielle, administrative, militaire, comprise entre le Chari et la rive occidentale d'un marigot baptisé Saint-Martin par les européens. La ville indigène dont une faible partie (Bololo et Djambalbarh) est comprise entre la ville européenne et le canal (qui en saison sèche n'est pas qu'un large fossé), s'étend sur l'autre rive. Les anciens quartiers ont disparus (Garouangakoumadji, Labito ...) ou ont été déplacé (Mardjandafak, Paris-congo) en conservant leur nom pour la plupart » (Leboeuf, cité par Yémadji, 1995, p.40).

Tableau 5. Evolution spatiale de la ville de N'djamena de 1927-2007

Années

1927

1960

1971

1984

1995

2007

Superficie (en ha)

570

1480

2840

4500

5900

15000

Source :mhtm :file//c/documents%20setting/personnel/mes%20documents analyse

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Les tableaux 4 et 5 montrent que l'accroissement de N'djamena s'est fait de manière successive. Chaque étape correspond à une croissance démographique et à une exploitation de l'habitat. L'extension de la ville est passée de 570 ha en 1927 à 1480 en 1960, 2840 ha en 1971, 4500 en 1984, 5900 en 1995 (N'garessem, 1998), puis 15000 ha en 2007 (service SIG de la mairie de N'djamena).

L'augmentation de la population et l'extension spatiale de la ville de N'djamena résultent en grande partie des phénomènes migratoires que la ville a connus.

Cependant, dans la réalité, on remarque à N'djamena une occupation effective lâche de l'espace, surtout dans les quartiers périphériques où le nombre de terrains appropriés mais non bâtis donc inhabités est impressionnant. La densité moyenne brute globale de l'agglomération est très faible: 58 habitants à l'hectare (N'garessem, 1998).

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon