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Les reporters photographes professionnels du Sénégal. Une corporation sous-valorisée.

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par Amadou BA
CESTI-Université Cheikh Anta Diop - Maîtrise Sciences et Techniques Information et Communication 2011
  

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Section 2- De quelques héritiers...

Si « au début du XXème siècle, le destin de photographe d'un jeune home africain est toujours lié à la rencontre d'un photographe blanc venu dans les bagages de la colonisation »,99(*) les générations suivantes de photographes sénégalais tentent, quant à elles, de perpétuer l'héritage des pionniers. En dépit des réalités qu'ils vivent, installés dans la routine de leur commerce, qui sont incompatibles bien souvent avec un travail de recherche,100(*) ils essaient, à leur tour, d'apporter une part à la construction d'une photographie africaine parfumée par les effluves charmeurs de la beauté des femmes et du peuple sénégalais sans exclusive. Nous ne pouvons pas citer tous les héritiers. Nous nous contenterons donc de présenter certains qui se sont illustrés par leur professionnalisme et leur esprit d'innovation.

A/ La première vague

Samba Diop est ancien tirailleur de l'armée coloniale, âgé aujourd'hui de 79 ans. Il fait ses armes chez les frères Casset, d'abord chez Mama qui l'initie, puis chez Salla pour qui il officie comme assistant. Par la suite, il s'enrôle dans l'armée coloniale où il continue d'exercer sa passion. A la fin de son service militaire, il travaille à Montrouge, avant d'intégrer la photothèque de Paris pour sa formation. Il intègre par la suite le service photo de l'Agence France Presse (AFP). A son retour au bercail en 1976, Samba Diop s'attèle à transmettre ses connaissances. Il intègre le Centre d'Etudes des Sciences et Techniques de l'Information (CESTI), où il initie les futurs journalistes à la pratique de la photographie et au travail en laboratoire. Reclus dans sa demeure, à la Sicap Darabis, à Dakar, le vieux Diop ne sort plus de chez lui. Depuis quelques années, une méchante arthrose l'oblige à se déplacer en fauteuil roulant.

Ses étudiants du CESTI l'appellent Monsieur Bathily ou Pa' Bathily. Natif de Saint-Louis, en 1942, Abdoul Aziz de son prénom, suit ses premiers cours de photographie par correspondance, à Eurelec, en 1965 tout en se faisant la main dans le Labo photo Joseph Reich, à Saint-Louis. Après un bref passage au ministère de l'Information, Bathily intègre l'Agence Delta Presse, qui avait ses quartiers à la rue Carnot, à Dakar. Le 15 juin 1974, précise-t-il, « j'entre au CESTI qui prend entièrement en charge le cours de photographie que je préparais à Eurelec. » Ensuite, cap sur Montréal, en 1977, pour des stages dans différents organes de presse canadiens. Il y retourne l'année suivante pour compléter sa formation pour une durée de cinq mois. Depuis cette date, M. Bathily est formateur en photographie au CESTI. A près de 70 ans aujourd'hui, l'ancien reporter photographe a eu à collaborer avec beaucoup de magazines étrangers comme Amina, Afrique Football, Jeune Afrique etc. Au niveau national, il fut photographe au journal Le Sportif - qui ne paraît plus - qui était dirigé à l'époque par Mamadou Koumé.101(*)

Il est impossible de parler de photographie de presse au Sénégal sans citer feu Ibrahima Mbodj, « le plus grand reporter photographe du pays », selon les termes d'Abdoul Aziz Bathily. Au quotidien Le Soleil, en tout cas, l'évocation de son nom fait resurgir le souvenir des bons moments passés avec « Grand Mbodj ». Disparu en 2006, à l'âge de 71 ans, Ibrahima Mbodj a marqué de son empreinte Le Soleil qu'il a intégré à ses débuts, dans les années 1970.102(*) Dans une nécrologie, le journaliste Serigne Aly Cissé - aujourd'hui disparu - retraçait le remarquable parcours professionnel de son « ami inséparable », Un cursus qui a conduit Mbodj de l'Unité africaine, l'ancien journal de l'Union progressiste sénégalaise (UPS) à l'hebdomadaire dakarois Nouvel Horizon, en passant par Paris-Dakar, Dakar-Matin et Le Soleil.103(*) « Formé par son oncle Abdoulaye Bâ, ancien chef du service Photo de la Présidence de la République, Ibrahima Mbodj a marché fidèlement sur les traces du maître et a rapidement fait son chemin. Le bon professionnel qu'il était forgea progressivement son style et imposa son « label » (...) Chaque document qu'il présentait était une belle oeuvre et, à la limite, un chef-d'oeuvre. L'angle de vue du sujet, sa valeur expressive, sa densité émotionnelle, sa valeur technique, et la réalité qu'il exprimait, avec une intensité rare, faisaient du document une petite merveille de l'expression photographique. A l'évidence, avec Mbodj, la photo parle. Elle restitue la beauté et la réalité de l'image. La photo est aussi vraie que le sujet qu'elle présente. En professionnel de la communication et, surtout, de la photo, Ibrahima Mbodj a joué sa partition avec une remarquable dextérité, c'est-à-dire avec le trait de génie des grands artistes qui ne meurent jamais.»104(*)

Dans le service photo que dirigeait Ibrahima Mbodj, se trouvait une jeune femme qui s'adonnait au même travail que les hommes. Son nom : Awa Tounkara, première femme reporter photographe du Sénégal. Née en 1949 à Dakar, la pionnière atterrit au Soleil, en 1972. De cette date jusqu'à sa retraite en 2009, Awa Tounkara a écrit « l'information  avec l'image, un appareil photo en bandoulière, parcourant le Sénégal en long et en large, à travers pistes et bois, mais aussi, dans les salons huppés de Dakar et les grands rassemblements populaires de la capitale. »105(*)

* 99 ID., op. cit, p. 10.

* 100 E. Nimis, Photographes de Bamako. De 1935 à nos jours, p. 117.

* 101 Entretien avec Bathily à Dakar le 29 novembre 2010.

* 102 Entretien avec son jeune frère, Abdoulaye, photographe au Soleil, le 3 décembre 2010.

* 103 S. A. Cissé, « Ibrahima Mbodj nous a quittes : Salut l'« artiste » de la photo ! Adieu ... l'ami fidèle ! », (www. Lesoeleil.sn/article. Php3 ?id_article=6528) consulté le 2 décembre 2010

* 104 ID., ibidem.

* 105 Aminata Touré Sagna, « Awa Tounkara, une vie en photo, une carrière au quotidien « le Soleil » », http://www.apanews.net/apa.php?page=cult_sqt_article&id_article=40847, consulté le 23 mai 2008)

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