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Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par l'analyse factorielle des correspondances

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par Junior Kana Kiwe
Université de Kinshasa RDC - Master en économie des ressources humaines 2011
  

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uvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

CONFÉRENCE DES INSTITUTIONS D'ENSEIGNEMENT ET DE RECHERCHE ÉCONOMIQUES ET DE GESTION EN AFRIQUE - CIEREA

NOUVEAU PROGRAMME DE TROISIÈME CYCLE INTERUNIVERSITAIRE NPTCI - EN ÉCONOMIE

Année Académique 2011

UNIVERSITÉ DE KINSHASA

FACULTÉ DES SCIENCES ÉCONOMIQUES ET DE GESTION
B.P. 832 KINSHASA XI

PAUVRETE DES MENAGES ET ACCES AUX SOINS DE SANTE EN
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO. Une approche par la
méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances

Par

KANA KIWE Junior

Mémoire présenté et défendu en vue de l'obtention du titre de Diplômé d'Etudes Approfondies en Economie.

Option : Economie des Ressources Humaines

Co-Directeur Directeur

Professeur MVUDI MATINGU Professeur SEKIMONYO WA MAGANGO

II

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Table des matières

TABLE DES MATIERES II

EPIGRAPHE IV

DEDICACE V

LISTE DES TABLEAUX VI

LISTE DES GRAPHIQUES VIII

LISTE DES ACRONYMES IX

REMERCIEMENTS X

0. INTRODUCTION 1

0.1. Problématique 3

0.2. Hypothèses 7

0.3. Objectifs 7

0.4. Méthodologie 8

0.5. Subdivision du travail 8

1. REVUE DE LA LITTERATURE 8

2. De la pauvreté 8

2.1. Approches quantitatives 8

2.1.1. Pauvreté absolue 9

2.1.2. Pauvreté relative 9

2.2. Approches qualitatives 10

3. De la Santé 11

4. De l'accès aux soins de santé 12

5. De la relation entre Pauvreté et santé 13

5.1. Revenu des ménages et accès aux soins de santé 13

5.2. Interaction entre progrès de la santé et croissance économique 15

5.3. Pauvreté comme privation de capabilités 17

CHAPITRE I. GENERALITES CONCEPTUELLES 20

SECTION 1. DEFINITION DES CONCEPTS DE PAUVRETE ET DE SANTE 20

1.1. Concept de pauvreté 20

1.1.1. Définitions de la pauvreté 21

1.1.1.1. Approche utilitariste de la pauvreté 21

1.1.1.1. Approche monétaire de la pauvreté 23

1.1.1.2. Approche par les capacités humaines 25

1.1.2. Formes de pauvreté 26

1.1.2.1. Catégorisation selon le critère de revenu 27

1.1.2.2. Catégorisation selon l'intensité de la déprivation 27

1.1.3. Causes de la pauvreté 29

1.1.3.1. Causes naturelles 30

1.1.3.2. Causes humaines (non naturelles) 31

1.1.4. Indicateurs de pauvreté 34

1.1.4.1. Indicateur de pauvreté Humaine (IPH) 35

1.1.4.2. Comparaison entre les indicateurs de pauvreté 37

1.1.5. Cadre théorique et axes de lutte contre la pauvreté 38

1.2. Concept de Santé 39

1.2.1. Définition de la santé 39

1.2.2. concept de santé publique 41

1.2.3. Bref historique 43

1.2.4. Santé selon les organismes officiels 44

1.2.5. Multiples définitions de la santé 45

1.2.6. Différentes façons de concevoir le concept santé 47

1.2.6.1. Santé et Normalité 47

1.2.6.2. Santé et Stabilité 48

1.2.6.3. Santé et Actualisation 48

1.2.7. Education à la santé 49

SECTION 2. MACROECONOMIE DE LA SANTE 50

III

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

2.1. Contours de la macroéconomie de la santé 50

2.1.1. Double équivalence 51

2.1.2. Santé et croissance économique 53

2.1.2.1. Effets de la croissance sur la santé 53

2.1.2.2. Santé comme facteur de développement 55

2.1.3. Théories de la croissance endogène 57

2.1.3.1. Dépenses publiques et santé 58

CHAPITRE II. SITUATION DE LA PAUVRETE ET DE LA SANTE EN RDC 61

SECTION 1. SITUATION DE LA PAUVRETE EN RDC 61

1.1. Profil de pauvreté monétaire 61

1.1.1. Pauvreté non monétaire 62

1.1.1.1. Education 63

1.1.1.2. Eau et Assainissement 64

1.2. Orientation des dépenses publiques en RDC 65

SECTION 2. SITUATION DE LA SANTE EN RDC 68

2.1. Historique du système de santé en RDC 68

2.2. Caractéristiques du système de santé congolais 71

2.3.1. Facteurs imputables à des situations d'urgence 73

2.3.2. Absence d'un cadre de référence correcte pour la définition des services de ZS 74

2.3.3. Système de financement et ses effets pervers 75

2.3.4. Développement anarchique du secteur privé 79

2.3.5. Participation communautaire mal comprise 79

2.3.6. Problème des ressources humaines 79

2.3.7. Absence de leadership du Ministère sur le secteur 81

2.4. Objectifs du Millénaire pour le Développement et le système de santé en RDC 81

2.4.1. Mortalité générale, infantile et maternelle 83

2.4.2. Prévalence du VIH/SIDA 84

2.4.3. Indicateurs de la lutte contre le Paludisme 84

2.4.4. Indicateurs de la lutte contre la Tuberculose 86

2.5. Accès aux Services de Santé 86

CHAPITRE III. LIEN ENTRE LA PAUVRETE ET L'ACCES AUX SOINS DE SANTE EN RDC 91

SECTION1. CADRE CONCEPTUEL DE L'ANALYSE 91

1.1. Analyse exploratoire des données 93

1.1.1. Présentation des données 93

1.1.1.1. Présentation de l'enquête MICS-RDC 2010 93

1.1.1.2. Choix des variables de l'analyse 94

SECTION 2. DEPENDANCE ENTRE LES VARIABLES 95

SECTION 3. ANALYSE FACTORIELLE DES CORRESPONDANCES 107

3.1. PRESENTATION DE L'ANALYSE FACTORIELLE DES CORRESPONDANCES (AFC) 107

3.2. Présentation et interprétation des résultats de l'analyse 109

SUGGESTIONS 125

CONCLUSION 128

BIBLIOGRAPHIE 131

ANNEXES 135

iv

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Epigraphe

Car l'Eternel donne la sagesse ; de sa bouche sortent la connaissance et l'intelligence ; il tient en réserve le salut pour les hommes droits, un bouclier pour ceux qui marchent dans l'intégrité.

Proverbe 2 :6-7

V

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Dédicace

Au Seigneur Jésus-Christ, pour sa grâce insondable,

A mes Parents Emile KANA et Gertrude MULOPO pour leur soutien,

A mes frères et soeurs Le la famille Kana pour leur affection, Et à mes frères et soeurs en Christ pour leurs prières.

Junior Kana

vi

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Liste des Tableaux

Tableau 1 Différentes approches et définitions de la santé

Tableau 2 Mortalité chez les enfants congolais selon les groupes

socio-économiques

Tableau 3 Répartition des Zones de Santé par province

Tableau 4 Evolution des Budgets de l'Etat et de la Santé (RDC), de

2000 à 2010 (en $ US)

Tableau 5 Evolution des Prévisions et des exécutions des budgets

PTTE global et Santé, de 2003 à 2010 (en CDF et en $ US)

Tableau 6 Evolution des indicateurs des OMD

Tableau 7 Equité dans l'accès aux soins de santé en RDC

Tableau 8 Problèmes d'accès aux soins de santé

Tableau 9 Croisements des variables

Tableau 10 Relation entre la variable « A souffert d'une quelconque

maladie au cours des 4 dernières semaines » et « S'est rendu chez un prestataire de soins au cours des 4 dernières semaines»

Tableau 11 Test de Chi-carré

Tableau 12 Dépendance entre « S'est rendu chez un prestataire de soins

au cours des 4 dernières semaines » et « Pourquoi ne s'est-il pas rendu chez un prestataire de soins

Tableau 13 Test de Chi-carré

Tableau 14 Dépendance entre la variable « A souffert d'une quelconque

maladie au cours des 4 dernières semaines et « A reçu au moins un des soins de santé suivants au cours des 4 dernières semaines »

Tableau 15 Test de Chi-carré

Tableau 16 Dépendance entre la variable « A accouché au cours des 12

derniers mois et « A bénéficié de services de santé de la reproduction au cours des 4 dernières semaines.

Tableau 17 Test de Chi-carré

Tableau 18 Relation entre « Wealth index quintiles » et « A souffert

d'une quelconque maladie au cours des 4 dernières semaines »

Tableau 19 Test de Chi-carré

Tableau 20 Relation entre « Wealth index quintiles » et « S'est rendu

chez un prestataire de soins au cours des 4 dernières semaines.

Tableau 21 Test de Chi-carré

Tableau 22 Relation entre « Wealth index quintiles » et « Pourquoi ne

s'est-il pas rendu chez un prestataire de soins »

tableau 23 Test de Chi-carré

Tableau 24 Relation entre la variable « niveau du bien-être » et

VII

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

« Raisons pour les quelles le malade ne s'est pas rendu chez un prestataire de soins de santé »

Tableau 25 Caractéristiques des points colonnes

Tableau 26 Caractéristiques des points ligne lignes

Tableau 27 Résumé de l'analyse

Tableau 28 Contribution des axes à l'inertie des points lignes

(contribution des points lignes à la construction des axes)

Tableau 29 Contribution des points colonnes à la construction des axes

ou dimensions

VIII

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Liste des graphiques

Figure 1 Taux de mortalité infanto-juvénile et infantile (pour 1000 nais.vivantes)

Figure 2 Taux net de scolarisation au primaire

Figure 3 Composition des dépenses budgétaires par piliers stratégiques

Figure 4 Enfants de moins de 5 ans ayant de la fièvre et reçu un antipaludéen (2010)

Figure 5 Le cycle de la santé et de la pauvreté

Figure 6 Projection des points sur le plan

ix

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Liste des Acronymes

ACP Analyse en Composantes Principales

AFC Analyse Factorielle des Correspondances

BCZS Bureau Central des Zones de Santé

CSR Centres de Santé de Référence

DSCRP Document de Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté

ECZS Equipe Cadre de la Zone de Santé

EDS Enquête Démographique et de Santé

FDSS Fonds de Développement du Système de Santé

FONAMES Fonds National Médico-Sanitaire

IDH Indice de Développement Humain

INS Institut National de la Statistique

IPH Indicateur de Pauvreté Humain

I-PPTE Initiative Pays Pauvres Très Endettés

IRA Infections Respiratoires Aigües

IST Infection Sexuellement Transmissible

MICS Multiple Indicator Cluster Survey

OMD Objectifs du Millénaire pour le Développement

OMS Organisation Mondiale de la Santé

ONU Organisation des Nations Unies

PAS Programme d'Ajustement Structurel

PEV Programme Elargi de Vaccination

PMA Paquet Minimum d'Activités

PNUD Programme des Nations-Unies pour le développement

PS Postes de santé

PS9FED Programme Santé du 9ème Fonds Européen de Développement

RDC République Démocratique du Congo

SANRU Santé en Milieu Rural

SIDA Syndrome de l'Immunodéficience Acquise

UNESCO Programme des Nations Unies pour l'Education, la Science et la culture

UNFPA Fonds des Nations Unies pour les activités de population

UNICEF Fonds des Nations Unies pour l'Enfance

USAID Agence des Etats-Unis pour le Développement International

VIH Virus de l'Immunodéficience Humaine

ZS Zone de Santé

X

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Remerciements

Junior Kana

Ce travail sur la pauvreté des ménages et l'accès aux soins

de santé en République Démocratique du Congo, consacre notre formation de troisième cycle en Sciences Economique et de gestion (Option : Economie des Ressources humaines). Il est réalisé avec le

concours des éminents Professeurs et chercheurs de l'Université de

Kinshasa.

Son orientation et la production de sa version finale, ont été arrêtées à la suite d'une série de corrections et lectures soutenues sous la direction des Professeur SEKIMONYO WA MAGANGO et MVUDI MATINGU.

Le document a également bénéficié de la compétence technique des chercheurs qui travaillent dans le domaine de la santé et de la population, qui ont collaboré avec l'auteur depuis la conception de l'étude jusqu'à son développement. Ainsi, nous remercions tout

particulièrement Monsieur Guy SHOMBA.

Que soient remerciés ici très sincèrement l'université de

Kinshasa, à travers la faculté des Sciences Economiques et de gestion et le programme « NPTCI » ainsi que tous les professeurs qui contribuent à son bon fonctionnement.

Nous remercions aussi très sincèrement nos parents, frères et soeurs ainsi que nos amis, qui n'ont cessé de nous prêter main forte lors de la réalisation de ce travail. Ainsi, nous remercions très

particulièrement notre soeur et amie Nicka Lemo Seka pour son aide et

ses prières.

Tenant compte de toutes ces contributions, nous tenons à exprimer par ces écrits, notre profonde gratitude à tous ceux qui, de près ou de loin, ont travaillé à la réalisation de cette étude.

1

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

0. INTRODUCTION

La santé occupe aujourd'hui un rang plus élevé que jamais dans les priorités de la communauté tant nationale qu'internationale, et celle des pauvres devient un axe essentiel de l'action en faveur de la croissance et du développement. Les pays sont d'avis que bénéficier des meilleures conditions de santé possibles est un droit fondamental pour chaque être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses convictions politiques et sa situation sociale et économique. Abstraction faite de sa valeur intrinsèque pour chaque individu, la santé est essentielle pour le développement humain en général et pour la réduction de la pauvreté en particulier. Or, les populations pauvres sont les plus vulnérables à la maladie.

Pour améliorer l'état de santé des pauvres, il est nécessaire d'adopter une approche de la santé soutenue par les gouvernements. La nature de ce soutien et la définition des priorités dépendent du contexte de chaque pays concerné. Il faut en priorité augmenter les ressources financières en faveur de la santé, que ce soit dans les budgets des pays ou dans les aides extérieures reçues. Les pays doivent aussi s'engager plus résolument à améliorer leur gestion et mieux axer leurs politiques sur le problème de la pauvreté.

En effet, les pauvres sont en moins bonne santé et voient leur espérance de vie à la naissance se réduire d'année en année; leur taux de mortalité infantile et maternelle ainsi que l'incidence de la maladie sont en moyenne plus élevés que dans d'autres catégories des populations; l'accès aux soins de santé et aux dispositifs de protection sociale est plus limité.

La santé constitue un atout d'une importance capitale pour les pauvres, la clé de leur survie. Elle demeure la préoccupation majeure des gouvernements dans n'importe quelle circonstance car, il est prouvé qu'il existe une relation directe entre la santé et la productivité et, l'état de santé s'améliore avec la croissance économique. Améliorer les conditions de santé des populations permet de perdre moins de journées

2

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

de travail et d'allonger la durée de la vie active. Ainsi, l'offre de travail se trouve accrue en volume et en qualité.

Le présent travail s'efforce d'étudier les conséquences de la pauvreté des ménages sur l'accès aux soins de santé de qualité en RDC. La problématique de base est centrée sur l'impact de la dégradation des conditions socio-économiques sur le développement du capital humain dont la santé constitue l'une des principales composantes.

3

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

0.1. Problématique

Le contexte économique, politique et social des pays de l'Afrique au Sud du Sahara s'est caractérisé au cours de cette dernière décennie, par une dégradation constante. Des causes aussi bien internes qu'externes ont présidé à cette situation précaire. Sur le plan interne, les conditions politiques défavorables, la mauvaise gouvernance et la faiblesse du cadre administratif et institutionnel ainsi que l'étroitesse du marché intérieur, ont créé un environnement préjudiciable au processus de développement de ces pays en général, et de la République Démocratique du Congo en particulier.

En effet, pays très vaste (surface de 2.345.350 km2) et riche en ressources du sol et du sous-sol, la RDC figure paradoxalement parmi les pays les plus pauvres de la planète et, est constamment soumise à des chocs endogènes et exogènes, caractérisés par des difficultés que connaissent la population à accéder de façon convenable et durable aux biens et services publics. Les conséquences actuelles de ces différents chocs se traduisent sur le terrain par des crises socio-politiques graves, devenues des menaces permanentes pour la stabilité du pays.

La RDC est un Etat fragile, en dépit de son potentiel immense en ressources naturelles. Le Produit Intérieur Brut par habitant représente moins de 140 dollars Usd, près de 71% de la population (soit 7 ménages sur 10) vivent en dessous du seuil de pauvreté et, dans certaines régions du pays, le niveau de pauvreté dépasse 80%. Le pays a vu sa position se dégrader dans le classement par rapport au développement humain et occupe désormais la dernière place sur une échelle de 187 pays en 2011, avec un IDH situé à 0,286, une espérance de vie à la naissance de 48 ans et une durée moyenne de scolarisation de 3 ans et demi (PNUD, 2011).

A l'instar d'autres pays du monde, la RDC a, en 2000, souscrit aux OMD et, en 2005, adopté son Document de Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP) dont les principaux piliers étaient en phase avec les OMD. En vue de mesurer de façon précise les progrès accomplis, sur le plan social, vers l'atteinte des

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Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

OMD à l'horizon 2015 et alimenter la base de données socioéconomiques susceptible de fournir des indicateurs fiables et à jour pour l'élaboration du DSCRP de deuxième génération, le Gouvernement de la RDC a réalisé en 2010, sa troisième enquête par grappes à indicateurs multiples (INS et UNICEF, MICS-RDC 2010).

Malgré ces initiatives louables, les progrès sociaux demeurent toujours lents, et le pays risque de ne pas être en mesure d'atteindre la plupart des OMD à l'horizon 20151. En effet, la grande majorité de la population n'a pas accès aux services sociaux les plus élémentaires : seulement 40 à 50% de la population a accès aux soins de santé, on note une moyenne de 11 médecins pour 100.000 habitants, le taux de mortalité infantile est estimé à 97 pour mille naissances vivantes, alors que la probabilité pour un enfant de décéder avant d'atteindre son cinquième anniversaire est de 158 pour mille et, 24% d'enfants souffrent d'insuffisance pondérale modérée ou sévère2, 4 enfants sur 10 ne sont pas scolarisés, plus de 3 personnes sur 5 n'ont pas accès à l'eau potable (seulement 47% de la population consomment l'eau issue d'une source améliorée) et 4 personnes sur 5 n'ont pas accès à l'électricité (PNUD, 2011).

Par ailleurs, l'utilisation des toilettes améliorées (celles qui séparent d'une manière hygiénique les excréments humains du contact humain) est réduite en RDC où elle ne concerne que 14% des ménages. A l'opposé, 72% utilisent des installations sanitaires non améliorées, tandis que 14% n'utilisent pas de toilettes et pratiquent la défécation à l'air libre. En ce qui concerne le degré de promiscuité, 14%

1 Selon le Country Economic Memorandum, CEM de la Banque Mondiale (2011), la croissance en RDC est ralentie par .
· (i) la faiblesse des institutions et de la gouvernance ayant résulté en la vulnérabilité de l'économie congolaise, le manque de diversification et les échecs du marché, (ii) le manque d'infrastructures d'énergie et de transport et (iii) le faible niveau d'investissements dans le capital humain et la protection sociale. Il faut aussi rajouter la faiblesse de l'investissement qui ne représente que 4 pourcent du PIB, largement en deçà de 27% requis pour atteindre une croissance à deux chiffres. En conséquence, le rapport recommande la mise en place d'institutions solides, la levée des contraintes par des politiques volontaristes et la diversification de l'économie.

2 Les indicateurs clés couramment utilisés pour l'évaluation de l'état nutritionnel des enfants de moins de 5 ans sont .
· (i) l'insuffisance pondérale (exprimé par l'indice poids-pour-âge) ; (ii) le retards de croissance ou malnutrition chronique (exprimé par l'indice taille-pour-âge) ; (iii) l'émaciation ou malnutrition aiguë (exprimé par l'indice poids-pour-taille).

5

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

aussi des ménages ont en moyenne une chambre à coucher par personne et 43% dorment à 4 ou plus par chambre à coucher3(INS et UNICEF, MICS-RDC 2010).

La situation de pauvreté a été aggravée par les différents conflits qui ont émaillé la vie politique du pays au cours de ces dernières années. Ces conflits ont causé et continuent à causer au pays un désastre humain, auquel s'ajoute un désastre écologique qui a des conséquences économiques; ce qui contraint encore aujourd'hui de nombreuses populations à vivre dans des conditions précaires. Ces conflits se sont également traduits par des déplacements massifs des populations (près de 2,6 millions de personnes selon les Nations Unies). Cet état des choses prouve à suffisance que la situation socioéconomique de la majorité des populations congolaises demeure précaire avec plusieurs facettes dont : la faiblesse du revenu, la non satisfaction des besoins alimentaires, et l'accès difficile aux soins de santé, à la scolarisation et à un logement décent.

En matière de la santé, la RDC accuse un retard considérable. Dans l'opinion publique internationale, l'image de la RDC reste associée à des guerres et des catastrophes. Un système de santé en pleine dégradation ne peut faire face à une démographie galopante et à une urbanisation encore plus rapide. Les maux de la RDC sont multiples, depuis le Sida jusqu'à la Trypanosomiase, que la médecine coloniales se vantait d'avoir vaincue et qui néanmoins réapparaît. Enfin, l'épidémie d'Ebola ravive toute les peurs, même si elle est moins dévastatrice que celle, plus fréquente, de la Poliomyélite, la Rougeole ou la Méningite. Cette image de la RDC efface progressivement une autre, qui fut très présente dans les milieux universitaires et chez les professionnels de la santé : dans les années 70 et 80, la RDC était considérée comme un des pays africains les plus avancés dans le domaine de la santé publique.

La baisse de la qualité de service de santé, le faible revenu des ménages ainsi que l'insuffisance des centres de santé constituent la toile de fonds d'un accès

3 dans un ménage est défini par le nombre de personnes par chambre à coucher. Il montre l'encombrement des personnes dans ces chambres. Dans ce rapport, on considère qu'il y a une grande promiscuité lorsqu'il y a 4 personnes ou plus par chambre à coucher.

6

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

difficile de la population aux soins de santé. En effet, la pauvreté et la mauvaise santé vont de pair. En matière de santé, le pays tend à réaliser de moins bons résultats et, à l'intérieur on remarque que les pauvres se portent moins bien que les riches. Cette association révèle un lien de causalité à double sens : la pauvreté engendre la mauvaise santé et la mauvaise santé entretient la pauvreté. La mauvaise santé peut influer profondément sur le revenu des ménages et même faire toute la différence entre être au-dessus ou en dessous du seuil de pauvreté. Les pauvres souffrent d'une multitude de privations qui se traduisent par des niveaux élevés de mauvaise santé. Ils se trouvent donc piégés dans un cercle vicieux : la pauvreté engendre la mauvaise santé et la mauvaise santé entretient la pauvreté.

Au regard de ce qui précède, il apparaît clairement impérieux, à travers ces écrits, d'attirer l'attention des pouvoirs publics congolais pour qu'ils s'orientent dans une démarche de développement économique en vue d'améliorer les conditions de vie des populations. Mais la mise en oeuvre d'un développement économique et social durable requiert un programme de lutte contre la pauvreté centré sur le développement des ressources humaines. En fait, l'investissement dans le capital humain en vue d'améliorer l'offre des services est une composante majeure des actions de développement. L'importance de l'investissement dans le capital humain tient principalement aux effets irréversibles qu'engendre l'absence de tel investissement.

En effet, lorsqu'une génération d'enfants ne bénéficie pas de soins de santé adéquats et d'une bonne nutrition, ou qu'elle n'est pas correctement ou pas du tout scolarisée, aucune autre mesure ne saurait remédier aux dégâts constatés qui se manifestent lorsque ces enfants atteignent l'âge adulte (Kacou Kouamela et Tano Kouadio, 2008).

Vu l'importance de la santé dans le processus de la croissance et du développement ainsi que dans l'amélioration des conditions de vie des populations en RDC, la maîtrise des facteurs de l'accessibilité des ménages aux soins de santé requiert une analyse approfondie. C'est ainsi que la présente étude se préoccupe

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Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

d'appréhender, d'une manière cohérente, les effets de la pauvreté sur l'accès aux soins de santé en RDC. Cette dernière préoccupation constitue sans doute le fil conducteur de la présente réflexion.

Ainsi, nous essayerons, en suivant une méthodologie appropriée, de proposer certaines pistes de solution dans le but d'améliorer l'accès des populations congolaises aux soins de santé de qualité car, la santé est l'un des moteurs de la croissance et du développement d'un pays.

0.2. Hypothèses

L'analyse est fondée sur deux hypothèses à savoir :

1° La situation de pauvreté dans laquelle vit la majorité des ménages congolais réduit leurs possibilités d'accéder aux soins de santé de qualité ;

2° L'intervention considérable de l'Etat dans certains secteurs porteurs de la croissance améliore la situation sociale et économique des populations et permet par ricochet, leur accès aux soins de santé de qualité.

0.3. Objectifs

L'objectif principal de cette étude est d'analyser le lien qui existe entre la pauvreté et l'accès aux soins de santé.

Les objectifs spécifiques assignés à l'étude sont :

1. Evaluer l'ampleur de la pauvreté et de la mauvaise santé au sein des ménages congolais ;

2. Analyser les déterminants de l'accessibilité des ménages aux soins de santé de qualité ;

3. Dégager des mesures de politique économique à l'attention des pouvoirs publics en vue d'améliorer l'accès des pauvres aux soins de santé.

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Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

4. Formuler des recommandations permettant d'augmenter l'accès de la population aux soins de santé de qualité.

0.4. Méthodologie

Pour rendre effectif le présent travail, plusieurs techniques de collecte des données ont été utilisées. La technique documentaire nous a permis de consulter les ouvrages qui ont traité du lien entre la santé et la pauvreté des ménages, l'interview et l'observation ont permis de cerner le fonctionnement du secteur de la santé ainsi que la situation de pauvreté en RDC.

Ce travail a fait aussi appel à la technique descriptive à travers la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances, une méthode appropriée pour réduire les dimensions lorsque nous sommes en présences des données multidimensionnelles de type catégoriel ou nominal (qualitatif). Les analyses empiriques ont été faites en utilisant la base des données d'une enquête nationale à savoir, MICS-RDC 2010.

0.5. Subdivision du travail

Outre l'introduction et la conclusion, le présent travail se subdivise en trois chapitres. Le premier traite des généralités conceptuelles, le deuxième aborde la situation de la pauvreté et de la santé en RDC et enfin, le troisième dégage le lien qui existe entre la pauvreté et l'accès des ménages congolais aux soins de santé.

1. REVUE DE LA LITTERATURE

2. De la pauvreté

2.1. Approches quantitatives

Ces approches appréhendent la pauvreté essentiellement en termes d'insuffisance des ressources. On peut noter les pauvretés dites « absolue » et « relative ».

9

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

2.1.1. Pauvreté absolue

Historiquement, le concept de pauvreté absolue, le premier à être utilisé, se fonde sur la détermination des lignes ou seuils de pauvreté représentant la dépense de consommation minimale en deçà de laquelle un individu ou un ménage est considéré comme pauvre. Il fixe un seuil absolu de pauvreté, qui distingue catégoriquement les pauvres et les non pauvres d'une population, sur la base d'une approche nutritionnelle. Celle-ci consiste, à partir de la table de conversion des nutriments en calories, à comparer la structure de consommation des individus ou des ménages, à la norme calorifique de consommation alimentaire requise.

En RDC, les estimations de la ligne de pauvreté alimentaire, sur base des données de l'enquête 1-2-3, évaluent à 123.070 Fc (soit 133,77 $Usd) par personne et par an en milieu urbain et à 82.755 Fc (89,95 $Usd) par personne et par an en milieu rural. La construction de cette ligne de pauvreté a été obtenue en faisant l'évaluation de la valeur du panier de la ménagère de biens les plus consommés représentant environ 90% de la dépense alimentaire totale des ménages (Min. Plan, DSCRP-final, 2006)

2.1.2. Pauvreté relative

Sur base des revenus ou dépenses de consommations moyennes annuelles par adulte, qui sont supposés représenter le niveau de vie, l'on peut déterminer par la méthode des quintiles, des seuils relatifs de pauvreté. Les deux premiers quintiles désignant les 40% des ménages ou individus ayant les dépenses de consommation les plus basses représentent les pauvres (les pauvres extrêmes étant ceux du premier quintile, soit le 20% les plus pauvres), et le cinquième quintile, les 20% des ménages ou individus les plus riches (Souleymane Sikirou, 2008).

Pour le cas de la RDC, l'enquête 1-2-3 de 2005 relève que sept ménages sur dix sont pauvres avec une disparité entre milieu rural où environ huit ménages sur dix sont pauvres, et milieu urbain, où moins de sept ménages sur dix sont pauvres. L'alimentation représente 62,3% des dépenses totales des ménages congolais. Cette

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4 Il importe de préciser que cette analyse du profil de pauvreté faite dans ce document est basée sur les données de l'enquête 1-2-3 de 2005, en l'absence de nouvelles enquêtes.

structure de la dépense du ménage congolais révèle que toute inflation affectant les produits alimentaires diminuerait leurs revenus réels, augmentant, toute chose restant égale par ailleurs, le nombre des pauvres et des vulnérables (Min. Plan, DSCRP-2, 2011).

Suivant, la structure des dépenses des ménages congolais, un ménage représentatif pauvre de la RDC, mettra en moyenne au minimum 3,5 ans pour sortir de sa situation de pauvreté s'il enregistre un accroissement annuel moyen de 20% de ses dépenses, toute chose restant égale par ailleurs. Il en mettra en moyenne 70 ans si l'accroissement annuel de ses dépenses n'est que de 1% et 23 ans quand il ne sera que de 3%4. (Min, Plan, DSCRP-2, 2011).

Ainsi, contrairement à l'approche absolue, la méthode des quintiles de niveau de vie n'introduit pas de séparation rigide entre les pauvres et les non pauvres, ce qui permet d'apprécier le comportement des individus selon leur niveau de vie.

2.2. Approches qualitatives

La précarité, caractéristique de ce qui n'est pas assuré, de ce qui est éphémère, a pour attribut essentiel la non-durabilité. Il s'agit d'une définition retenue par les organisations humanitaires pour prendre en compte la situation des personnes disposant à priori d'un minimum vital mais qui se révèle aléatoire. Retenir la précarité comme attribut essentiel de la pauvreté permet de prendre en compte la situation de certaines populations très déshéritées mais non recensées comme pauvre. Ainsi, par exemple beaucoup d'étudiants non boursiers, contraints d'exécuter des petites tâches épisodiques pour joindre les deux bouts sont à coup sûre pauvres. Or, ils ne sont pas considérés comme tels parce que leur statut est provisoire ; et comme l'affirme si bien Petonnet (1987), la véritable pauvreté est celle qui dure. En définitive, la précarité peut être définie comme la conjonction de risques face aux quels les individus sont mal armés et qui pourraient les faire basculer dans la pauvreté, à plus ou moins brève

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échéance (Atkinson A.B. et Cazes S. ; 1990). Selon les mêmes auteurs, ce concept pourrait être mesuré par cinq indicateurs principaux : le travail, le niveau de vie (revenu et patrimoine), le logement, la santé et la formation.

La précarité est souvent confondue au concept de vulnérabilité, qui correspond aussi, selon Stoleru (1974), à une menace de pauvreté mais plus éloignée dans le temps. En effet, la vulnérabilité ou précarité potentielle de certaines catégories de personnes vivant dans l'incertitude du lendemain (comme les ouvriers d'une industrie menacée de restructuration) se distingue de la précarité vécue, immédiate (d'un chômeur par exemple).

3. De la Santé

L'état de santé est le niveau d'autonomie avec lequel l'individu adapte son état interne aux conditions de l'environnement tout en s'engagent dans le changement de ces conditions pour rendre son adaptation plus agréable ou plus effective. La santé apparaît comme la capacité que possède tout homme de s'affirmer face au milieu ou de prendre la responsabilité de sa transformation. L'homme sain, c'est celui qui est capable de riposter à un monde complexe et mouvant, qui peut inventer à chaque instant, de nouvelles normes de conduite, qui s'ajuste moins au monde qu'il n'est capable de le modifier.

Sur base de ce qui précède, Castillo (1987) défini la santé comme une façon de vivre en équilibre avec le milieu qui nous entoure. Cet équilibre nous est possible soit par l'adaptation de notre organisme aux stimuli provenant du milieu soit par une action modifiant le milieu. Dans la même logique, Robert (2000) présente la santé comme un bon état physiologique d'un être vivant, fonctionnement régulier et harmonieux de l'organisme pendant une période appréciable (indépendamment des anomalies ou des traumatises qui n'affectent pas les fonctions vitales: un aveugle, un manchot peuvent avoir la santé). Ce fonctionnement de l'organisme est plus ou moins harmonieux sur une période assez longue.

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Si le développement d'une politique de santé sous l'angle des capabilités a pour cible finale la promotion de l'autonomie des personnes, les objectifs

Berthet (1983) quant à lui, défini la santé comme l'existence d'une force potentielle de réserve permettant à l'organisme de résister aux assauts qui, tant au point de vue physique que psychique, émaillent le cours de l'existence. Cette force potentielle de réserve est en partie due à notre héritage génétique, en partie acquise par l'application des règles les plus élémentaires de la vie saine qui permet que tous les sujets infectés par un virus ou un microbe ne meurent pas, que tous ceux qui ont à faire face à de graves troubles émotifs ne deviennent pas des névrosés.

Liant la santé à l'activité de l'individu, René Dubos (1992) fait apparaître la santé comme un état physique et mental relativement exempt de gêne et de souffrance qui permet à l'individu considéré de fonctionner aussi efficacement que possible dans son milieu. Elle est un état qui permet à celui qui en jouit de se conserver pleinement à son ou à ses projet(s) qui met donc toujours en jeu des forces socioculturelles, non inscrites dans le cadre génétique.

C'est l'état d'une personne dont l'organisme fonctionne régulièrement ou encore que cet état de l'organisme, bon ou mauvais, ou enfin l'état sanitaire d'une collectivité. Enfin, pour Dufresne, Dumont et Martin (1985) la santé est l'assise du progrès social. Elle est devenu un bien social, collectif, mesurable par la régulation du fonctionnement de l'organisme et, ici, on entendra ce mot dans le sens d'organisme biologique et social.

4. De l'accès aux soins de santé

L'accès aux soins passe par la délivrance des traitements dans le cadre d'unités de soins de base nombreuses, flexibles et mobiles. La tuberculose est une maladie liée à la pauvreté qui touche surtout les jeunes adultes, à l'âge où ils sont le plus productifs et le risque est bien plus grand pour les personnes vivant avec le VIH. Cela implique des besoins de financement énormes.

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intermédiaires en termes de fonctionnements susceptibles d'être atteints par les

personnes infectées par le bacille de Koch apparaissent cruciaux. Ceux-ci doivent être déterminés en fonction du contexte socio-économique des pays.

Ainsi, l'approche de la santé par les capabilités ne définit pas une grille figée de prescriptions mais demeure ouverte en fonction de la maladie dont souffrent les individus et des conséquences en termes d'autonomie. Elle est également

dépendante du contexte socio-économique et environnemental du pays dans lequel les individus vivent et des efforts que sont prêts à réaliser les pays développés ; ce qui en traduit également les limites. Toutefois, la force éthique du concept de capabilités

devrait nous engager collectivement à faire en sorte que l'autonomie de la personne ne soit pas réductible à l'ensemble des contraintes qu'elle rencontre. La promotion des capabilités des individus, du point de vue de la santé, implique une solidarité entre les

nations pour que le développement soit accessible à tous (LE CLAINCHE C., AMARTYA S., 2006).

La réussite d'une politique de santé doit donc promouvoir des capabilités

des pauvres, en libérant leur atout principal qui est leur force de travail et en accroissant leur capital humain.

5. De la relation entre Pauvreté et santé

5.1. Revenu des ménages et accès aux soins de santé

De multiples facteurs freinent l'amélioration rapide de la santé de la population. Cependant, ce sont des facteurs liés au revenu qui conduisent au faible niveau général de la santé (INSD, 1997). L'accès des pauvres (selon leurs propres perception) aux services sociaux de base est limité par les difficultés suivantes, classées par ordre décroissant (Bere et al. 1998) : coût élevé, éloignement, mauvaise qualité et inadéquation des prestation, entraves sociales et absence d'aide. Ils évoquent souvent l'élévation des coûts comme raison principale de la non consultation en cas de maladie. Le prix des remèdes étant onéreux, les pauvres malades estiment inutile

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d'aller voir à temps l'infirmier ou le docteur car leurs moyens financiers ne leur permettent pas souvent d'honorer les frais d'ordonnance.

Par ailleurs, suite à l'Initiative de Bamako, de nombreux pays africains ont introduit la participation de la population au financement des soins de santé, en complément des ressources publiques. Cette contribution de la population est destinée au financement des médicaments, de primes de motivation au personnel ou de frais de fonctionnement. Combiné à une démarche active d'amélioration de la qualité des soins, ce système a rencontré un certain succès en terme d'augmentation de la fréquentation des structures et de leur cofinancement (Audibert and Mathonnat 2000). Dans d'autres cas, le résultat final a été beaucoup moins positif. D'un côté, le surcoût pour le patient peut entraîner une baisse de l'utilisation des services (Gilson 1997). D'un autre, les ressources dégagées se sont parfois révélées insuffisantes pour relever le salaire des prestataires à un niveau décent.

Les pratiques de survie persistent alors, telles que les paiements de dessous-de-table ou l'absentéisme (Ensor 2004). Il en résulte une incertitude au niveau du coût d'une hospitalisation pour le patient, aggravée par les frais de participation tels le transport ou la nourriture. Le cumul de ces frais constitue une barrière financière à l'accès aux soins (Thompson et Witter 2000), qui influe négativement sur l'itinéraire thérapeutique du patient. Les pauvres sont les premiers touchés, en particulier quand leurs problèmes de santé requièrent des soins hospitaliers.

Dans un souci d'équité, la plupart des gouvernements ont décrété la gratuité des soins pour les plus pauvres. En l'absence de mécanisme de compensation pour le prestataire, les résultats de cette politique d'exemption ont été décevants. Souffrant déjà d'un sous-financement, les structures de santé ne peuvent se permettre d'octroyer trop d'exemptions. Les pauvres, anticipant leur exclusion, retardent leur recours à la structure de santé publique (Russell 1996) ou optent pour des alternatives plus accessibles mais de moindre qualité. Il en résulte une dégradation de leur statut

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sanitaire et socio-économique (Ranson 2002) : sanitaire en raison d'un traitement tardif ou de mauvaise qualité, et socio-économique en raison d'une spirale d'endettement et de dépenses irrationnelles dans laquelle le ménage est rapidement absorbé. Le cercle vicieux se referme : la pauvreté devient une cause de mauvaise santé, qui elle-même intensifie l'appauvrissement (Meessen et al. 2003).

5.2. Interaction entre progrès de la santé et croissance économique

Les relations entre la croissance et les progrès en matière de santé font l'objet d'une controverse à la fois théorique et empirique entre les économistes. On observe assez naturellement qu'il y a une corrélation entre les niveaux de vie, tels que mesurés par le PIB en parité de pouvoir d'achat et les niveaux de santé. Pour une part, les travaux portant sur la macroéconomie et la croissance visant à montrer l'intérêt des investissements dans la santé pour le développement économique, avaient souvent pour point de départ cette relation entre les performances économiques et l'amélioration de la santé. On estime que la causalité entre ces deux variables est probablement bidirectionnelle. Il existe plusieurs analyses qui expliquent pourquoi la santé peut influencer les performances économiques, et pourquoi en retour le progrès économique entraîne celui de la santé.

Concernant le premier point, on sait tout d'abord que, au niveau microéconomique, l'état de santé des individus influence leurs capacités productives. Strauss et Thomas (1998) ont rassemblé un ensemble convergeant d'observations montrant le lien entre santé et productivité et, ce qui est intimement lié, le lien entre nutrition et productivité. Dans différents pays on observe un lien positif entre, d'une part, la stature et l'indice de masse corporelle des individus et, d'autre part, leurs salaires. Un lien existe aussi entre ces indicateurs et la participation des individus au marché du travail. De même, un lien négatif a été trouvé, notamment en Afrique, entre la prévalence de certaines maladies comme la bilharziose ou l'anémie et la productivité des agriculteurs.

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L'état de santé peut exercer une influence sur les performances économiques également par des canaux plus indirects. D'après Bloom et Canning (2000), une meilleure santé et une espérance de vie plus longue sont autant d'incitations à investir dans l'éducation, dont les rendements sont alors mécaniquement plus élevés. DEL ROSSO et MAREK (1996), s'appuyant sur l'expérience d'un grand nombre de projets menés par la Banque Mondiale, en Afrique et ailleurs, montrent que les conditions de nutrition et de santé des enfants améliorent les taux de scolarisation et les résultats scolaires et réduisent l'absentéisme des enfants à l'école. Un autre exemple de ce lien entre santé et éducation est fourni par MIGUEL et KREMER (2004), qui ont montré à partir d'une évaluation randomisée menée au Kenya que l'administration de vermifuges aux enfants pouvait constituer une action efficace pour l'amélioration et le rendement du système scolaire.

D'autres canaux ont été étudiés. BLOOM et CANNING (2000) indiquent qu'une plus grande longévité conduit à un accroissement de l'épargne, nécessaire pour couvrir les besoins des individus au-delà de l'âge de la retraite. Il y aurait également un « dividende démographique » associé à l'amélioration des conditions de santé, la réduction de la mortalité infantile jouant le rôle de facteur déclenchant de la transition démographique à travers son effet de réduction de la fécondité. BLOOM, CANNING et MALANEY (2000) ont parfaitement illustré ce point sur le cas de l'Asie.

Il peut y avoir enfin une complémentarité entre capital humain et capital physique : les entreprises investiront d'autant moins que leur personnel peut être affecté par des problèmes de santé. SALA-i-MARTIN (2005) donne l'exemple du Botswana, où les firmes multinationales auraient réduit leurs investissements depuis la propagation de l'épidémie du VIH/SIDA.

A l'inverse, le progrès économique peut lui-même être à l'origine d'amélioration des conditions de santé. De manière évidente, des individus pauvres ne peuvent pas faire face aux dépenses en médicaments et en soins de santé qui seraient nécessaires pour faire face à des maladies. L'effet du revenu sur la santé passe aussi

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par le statut nutritionnel. La relation revenu-nutrition-santé est connue en économie du développement depuis les travaux de LEIBENSTEIN (1954).

Par ailleurs, le développement des services de fourniture d'eau potable et d'assainissement exerce un effet positif sur les conditions de santé de la population, comme montré par ISELY (1985) sur le cas de l'Afrique. La fourniture de tels services doit faire l'objet de programmes de développement des services publics, mais ces politiques sont entravées par la faiblesse des revenus et des ressources économiques. Les fluctuations économiques peuvent avoir aussi des conséquences négatives à long terme sur la santé, comme l'a montré BHALOTRA (2007), en s'appuyant sur des données indiennes.

Ainsi, le progrès en matière de santé et la croissance économique sont liés et peuvent faire l'objet de développement des nombreuses politiques visant à améliorer la situation socioéconomique des populations. Les décideurs politiques en RDC peuvent investiguer d'avantage cette piste dans une optique d'enclencher un processus de développement économique dans le pays.

5.3. Pauvreté comme privation de capabilités

Dans le cadre de l'approche par les capabilités, la pauvreté est décrite par les populations locales en termes de privations matérielles mais aussi sanitaires.

Sur le plan conceptuel, un consensus s'est dégagé, depuis quelques années, à ce que la pauvreté est un phénomène multidimensionnel (PNUD, 2000). Selon le PNUD, certains indicateurs sociaux apportent une information qui n'est pas reflétée par l'approche monétaire d'évaluation de la pauvreté. Cette approche monétaire, du reste unidimensionnelle, paraît incapable de capturer les différents aspects de la vie

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5 ASSELIN et DAUPHIN (2000), cité par Banque Africaine de Développement, in Analyse de la pauvreté en RDC, working paper séries n°112, aout 2010, Tunis, BAD, 2010, p.9.

humaine (Ravallion, 1994). En tant que phénomène multidimensionnel, la pauvreté se manifeste principalement sous trois formes (ASSELIN et DAUPHIN, 2000)5:

a) La pauvreté monétaire : celle-ci représente le niveau de pauvreté par rapport au revenu ou aux dépenses de consommation des ménages. Elle part du principe qu'un individu est pauvre lorsque son revenu ne lui permet pas de subvenir à ses besoins vitaux. Selon AMARTYA S., l'approche monétaire est limitée pour deux raisons essentielles : primo, elle ne se concentre que sur les moyens dont disposent les individus pour éviter toute forme d'indigence et, secundo, elle ignore la diversité humaine. Pour Sen, l'approche monétaire ne fait que la moitié du chemin, car elle définit la pauvreté comme un faible revenu et non « comme une incapacité à édifier son bien-être » (ARMATYA S., 1992).

b) La pauvreté des conditions de vie : cette forme évalue le niveau de pauvreté ayant trait à l'accès aux services sociaux de base tels que la nourriture, l'éducation, la santé, l'eau potable, le logement, l'assainissement et l'accès aux services de transport publics. Ces biens sont qualifiés de biens de base, car leur satisfaction est considérée comme un préalable à la qualité de la vie humaine.

c) La pauvreté des potentialités : Cette école ne fait référence ni à l'utilité ni à la satisfaction des besoins de base, mais aux capacités humaines. Elle est la plus récente des approches de la pauvreté, dont le principal leader est AMARTYA. Pour lui, le bien-être individuel doit être évalué à partir de l'ensemble des choses et des états qu'un individu est capable de réaliser et d'atteindre à partir des ressources dont il dispose. C'est ce que Sen appelle les « fonctionnements », qu'il définit comme « les différentes choses qu'une personne peut aspirer à être ou à faire », comme se nourrir, avoir un bon niveau d'éducation ou participer à la vie de la communauté. Les différentes combinaisons de fonctionnements qu'il est possible de mettre en oeuvre

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constituent la capabilité. Pour Sen, est donc pauvre un individu qui ne possède pas la liberté d'accomplir l'ensemble des fonctionnements qu'il valorise.

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CHAPITRE I

GENERALITES CONCEPTUELLES

Ce chapitre sur les généralités conceptuelles passe en revue les différents concepts utilisés dans le présent travail. Ainsi, on abordera entre autres, les concepts ci-après : pauvreté, santé, pauvreté et santé, etc. Etant donné que ces derniers concepts sont multidimensionnels, la maîtrise des interactions qui existent entre eux nous permettra sans doute d'avoir une vision claire quant au choix des techniques ou des méthodes à utiliser pour faire aisément les analyses empiriques.

Section 1. Définition des concepts de pauvreté et de santé

1.1. Concept de pauvreté

La recherche des voies et moyens pour réduire les effets néfastes de la pauvreté est devenue une priorité de la communauté tant internationale que nationale. En dépit des efforts consentis sur le plan international, notamment le sommet de Copenhague sur le développement social (1995) et celui de Johannesburg sur le développement (2002), sans oublié le Sommet de New York relatif aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (2000) ainsi que l'élaboration des DSCRP nationaux, force est de constater que l'ampleur des effets dévastateurs de la pauvreté n'est fait que s'accroître (UNESCO, 2002). Cette évolution grandissante de la pauvreté à travers le monde en générale et dans les pays en voie de développement en particulier, suit son parcours normal et sans entrave, son aggravation au fil du temps, reflet du mode de fonctionnement et de gestion du système économique actuel (Fusco Alessio, 2007). Ainsi, la préoccupation majeur de ce point est de savoir comment peut-on définir et appréhender la pauvreté ?

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1.1.1. Définitions de la pauvreté

A priori, il est facile d'appréhender la pauvreté. Elle suppose, dans une société donnée, qu'une ou plusieurs personnes ne peuvent atteindre un niveau du bien-être matériel correspondant à un minimum acceptable par les membres de cette société. Cependant, jusqu'à ce jour, il n'y a aucune définition universellement acceptée pour désigner ce concept. Cela est dû principalement au fait que sa détermination soulève un problème d'identification et d'agrégation, c'est-à-dire d'évaluation du bien-être des individus et du seuil à partir duquel une personne peut être considérée comme pauvre.

En effet, du fait de son caractère multidimensionnel et subjectif, il paraît toujours complexe d'appréhender la signification profonde du concept du bien-être dans une population ou pour un individu donné. En procédant au recensement des différentes pauvretés, la diversité et la relativité des concepts actuellement utilisés, fondés sur des méthodes différentes, apparaissent. La pauvreté est généralement définie par deux types d'approches : les unes sont quantitatives (utilitaristes), les autres qualitatives (non utilitaristes).

1.1.1.1. Approche utilitariste de la pauvreté

Cette approche apprécie l'état de la pauvreté en fonction d'un minimum du bien-être économique considéré comme standard au niveau de la société. Dès lors qu'un individu ne peut atteindre ce niveau, il est considéré comme pauvre. Cette approche tire ses origines dans la théorie microéconomique moderne, principalement de l'hypothèse de la maximisation du bien-être par les individus. Elle repose sur les hypothèses ci-après:

- L'utilité est une bonne définition du bien-être ;

- Une insuffisance d'utilité englobe tout ce que l'on entend par pauvreté. (Stewart et al., 2007 ).

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Amartya Sen de son coté attribue à cette approche monétaire fondée sur l'utilitarisme trois propriétés distinctes en l'occurrence, le conséquentialisme, l'additivisme et le welfarisme. L'approche est conséquentialiste en ce sens que l'évaluation de diverses options se fait sur la base de leurs conséquences sur le bien-être ou l'utilité des individus. L'approche est additive pour autant qu'elle s'inscrit dans une perspective d'agrégation, c'est-à-dire le critère de choix collectif se fonde sur les conséquences des actions sur le bien-être social qui se calcule par une simple addition des utilités individuelles, chacun comptant pour un et pas plus qu'un (sum-ranking). Enfin, l'approche est welfariste en ce qu'elle s'appuie sur la modalité selon laquelle la seule information pertinente pour l'évaluation du bien-être est celle fournie par l'ensemble des fonctions d'utilités individuelles dont le bien-être est une fonction croissante.

Parmi les faiblesses telles que synthétisées par certains auteurs, il y a lieu de retenir que l'inadéquation de l'utilitarisme au niveau de traitement de la pauvreté est motivée par trois raisons : (i) l'utilitarisme suppose que les niveaux d'utilité sont comparables d'un individu à l'autre ; (ii) il ne se préoccupe que de l'agrégation des utilités, et de leur somme, au lieu de s'occuper de la manière dont celle-ci est distribuée entre les individus et ; (iii) la position utilitariste suppose de recourir à un unique indicateur de bien-être, l'utilité, qui semble trop lié à des éléments individuels pour être prise en charge par la société.

Ces considérations permettent de réaliser que l'utilité n'est qu'une conception restreinte du bien-être car limitée à une information psychologique, ce qui entraîne la non-prise en compte des informations non liées à l'utilité dans l'appréciation du bien-être. La nécessité de se départir des hypothèses encombrantes liées au recours à l'utilité dans la définition de la pauvreté a conduit les économistes à opter pour l'utilisation du revenu.

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1.1.1.1. Approche monétaire de la pauvreté

Cette approche, basée sur le revenu ou la consommation, reste très dominante dans l'étude de la pauvreté depuis les travaux fondateurs de Booth et Rowntree. Elle considère comme pauvres, les individus qui, à un moment donné, n'ont pas accès à des ressources économiques suffisantes pour acquérir la quantité des biens et services nécessaires à la satisfaction de leurs besoins essentiels ou à l'atteinte d'un niveau de vie considéré comme un minimum socialement acceptable.

Partant de la considération selon laquelle le revenu est une bonne approximation pour les différents aspects du bien-être et de la pauvreté (que sont l'insuffisance des ressources mais aussi la nutrition et la santé même sans référence à l'utilité), cette approche soutient que l'utilisation du revenu constitue un raccourci pratique qui permet l'identification des pauvres sur la base des données largement répandues. A cet effet, les hypothèses ci-après émises par Stewart peuvent bien traduire l'équivalence entre l'utilité et les dépenses/revenu :

- Les dépenses monétaires sont une mesure satisfaisante de l'utilité ; - La justification du seuil de pauvreté est satisfaisante.

Partant de l'équivalence entre l'utilité et revenu/consommation en raison de la compatibilité entre l'approche monétariste et les racines welfariste de la microéconomie, cette approche permet d'éviter la spécification d'une fonction paramétrique d'utilité dans l'appréciation de la pauvreté en permettant d'approximer la valeur monétaire d'utilité (money metric utility) par le revenu ou par les dépenses réelles. Il y a lieu de souligner la différence entre l'approche par les dépenses (consommation) et celle fondée sur le revenu.

L'approche basée sur la consommation est considérée comme une approche directe du niveau de vie des individus en ce qu'elle renseigne sur les besoins effectivement satisfaits ou non, tandis que celle basée sur le revenu est considérée

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comme indirecte ou potentielle pour autant qu'elle apporte une information sur les moyens à la disposition des individus pour satisfaire leurs besoins.

Comme précisé ci-haut, l'identification de la pauvreté est assimilée à une insuffisance dans un indicateur monétaire par rapport à un seuil. A la base de cette approche se trouve la méthode comptable consistant à établir un seuil monétaire en deçà duquel l'individu est considéré comme pauvre et au-delà duquel il ne l'est pas. Selon les deux composantes de l'approche monétaire, la pauvreté est perçue comme une insuffisance de ressources qui contraint les choix des individus et restreint leur ensemble de consommation. Cette acception est assimilée à la pauvreté économique qui se réfère aux « caractéristiques externes qui conditionnent le comportement d'une personne, et particulièrement son comportement dans les transactions économiques: l'achat de biens de consommation, la vente des services productifs, etc.» (Watts H, 1968).

L'une des critiques adressées à cette approche, particulièrement au recours du revenu comme critère de la définition de la pauvreté, réside dans le fait que cette variable (revenu) se concentre plus sur le contenu des portefeuilles des individus que sur l'évaluation de l'appauvrissement des vies et, dans ce cas, elle ne permet de faire ressortir les types de déprivation dont les individus sont l'objet ou victimes. En effet, comme le souligne Sen, même si les biens mis à la disposition des individus fournissent la base matérielle à partir de laquelle ces derniers vont retirer du bien-être, la transformation de ces moyens en accomplissements n'est ni automatique, ni identique pour tout le monde ; elle est contingente à un ensemble de facteurs de conversion personnels, sociaux ou environnementaux.

Ainsi, en ne tenant pas compte de différentes réalités socioéconomiques et environnementales auxquelles les individus sont confrontés dans le processus de satisfaction de leurs besoins, l'utilisation d'un indicateur des ressources tel que le revenu ne permet pas de tenir compte de la diversité et de l'hétérogénéité humaine. Partant de cette considération, il y a lieu de retenir que la critique conceptuelle majeure

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adressée à l'approche monétaire de la pauvreté basée sur le revenu repose sur son caractère indirect. Pour cette raison, certains auteurs comme Atkinson préfèrent, dans les cas des mesures indirectes de la pauvreté, parler des mesures de risque de pauvreté ; réservant les mesures de pauvreté aux mesures directes.

Si les ressources (exprimées par le revenu) constituent un moyen pour atteindre le bien-être, elles ne mesurent pas la même chose que les indicateurs directs. D'où la nécessité d'élargir l'espace d'informations en incluant les autres aspects non monétaires dans l'appréciation de la pauvreté. Parmi ces nouveaux aspects ou éléments figurent en bonne position les réalisations et les fins des individus, tels que pris en compte dans l'approche par les capabilités.

1.1.1.2. Approche par les capacités humaines

L'approche par les capacités humaines apprécie l'état de pauvreté en fonction d'absence d'opportunités dont peuvent jouir les individus pour leur épanouissement. Elle va au-delà des besoins essentiels pour prendre en compte une autre dimension qu'est la non participation des pauvres à des décisions importantes dans la vie de la communauté dans son entièreté.

D'après ARMATYA S., l'approche par les capacités présente plusieurs avantages relativement à celle fondée sur le revenu, parmi lesquels il y a lieu de retenir :

- Il est réaliste d'identifier la pauvreté en termes de privations de capacités : l'approche se focalise sur des privations qui ont une importance intrinsèque à la différence des bas revenus dont la signification est instrumentale ;

- D'autres facteurs influencent la privation des capacités et donc, la pauvreté réelle hormis la faiblesse des revenus (le revenu n'est pas le seul instrument qui produise les capacités) ;

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- La relation instrumentale entre pénurie des revenus et pénurie des capacités varie d'un pays à l'autre, d'une famille à l'autre, d'un individu à l'autre (l'impact du revenu sur les capacités est contingent et conditionnel).

Pour ces différentes raisons, l'approche par les capacités permet une meilleure compréhension de la pauvreté et des privations, par leur nature et leurs causes, en déplaçant l'examen depuis les moyens (et l'un de ceux-ci, en particulier qui reçoit une attention exclusive, en l'occurrence le revenu) et vers les fins que les gens ont de bonnes raisons de poursuivre et, conséquemment, vers les mises en jeu pour y parvenir. En dépit de la distinction établie ici entre l'approche par capacités et celle de revenu, comme le reconnaît Sen, il existe une relation étroite entre ces deux réalités (inadéquation des capacités et faiblesses de revenu), ne serait-ce que parce que le revenu est un moyen essentiel pour développer les capacités.

Par ailleurs, l'amélioration des capacités dont disposent les individus pour conduire leur vie tend, d'une manière générale, à faciliter leurs possibilités d'accroître leur productivité et leurs revenus. Pour illustrer cette relation, on peut évoquer le fait que l'accès aux soins de santé et à l'éducation qui, non seulement, a des conséquences positives sur la qualité de vie, mais également et surtout, il accroît la faculté d'une personne de gagner sa vie et d'échapper à la pauvreté de revenu. Cette approche de la pauvreté, élaborée à l'initiative D'AMARTYA S., constitue une illustration par excellence de la nature multidimensionnelle ou polysémique de la pauvreté.

1.1.2. Formes de pauvreté

A partir de différentes approches évoquées ci-haut, on peut distinguer plusieurs types ou formes de pauvreté. La catégorisation se fait généralement en fonction des critères choisis.

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1.1.2.1. Catégorisation selon le critère de revenu

Partant du critère revenu où la pauvreté est appréciée en fonction d'un seuil déterminé, on distingue la pauvreté absolue de la pauvreté relative (ces deux formes de la pauvreté sont développées dans la revue de la littérature).

1.1.2.2. Catégorisation selon l'intensité de la déprivation

La catégorisation établie selon l'intensité de la privation fait la distinction entre pauvreté, précarité, exclusion et misère. Le concept pauvreté ayant déjà fait l'objet d'un long développement ci-haut, il sera question dans les lignes qui suivent de préciser le contenu des autres concepts d'une part, et de différencier chacun d'eux de la pauvreté proprement dite, d'autre part.

1.1.2.2.1. Précarité

La précarité désigne l'absence d'une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et familles d'assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux. Elle revêt des aspects liés aux caractéristiques des individus ou des ménages, en rapport avec leur environnement et notamment :

- La situation vis-à-vis de l'emploi : un statut fragile aura comme conséquence des situations de chômage récurrentes ;

- Un état de santé fragile et un accès aux soins difficile ;

- Un fort taux d'endettement ;

- Le statut vis-à-vis du logement : l'accent doit être mis, lorsque l'information est disponible, sur des individus ne vivant pas en ménage ordinaire.

Elle s'analyse comme un ensemble de facteurs de risques et d'incertitude sur l'emploi et les ressources qui conduiraient à la pauvreté. Elle peut être envisagée à travers la notion d'insécurité ou plus précisément par l'absence simultanée des facteurs de stabilité notamment, dans le domaine de travail ou les conditions de logement. Le

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lien entre pauvreté et précarité peut se résumer en ceci que la précarité est perçue comme risque de basculer dans une brève échéance dans la pauvreté.

1.1.2.2.2. Exclusion sociale

L'exclusion désigne la situation de rupture tant sur le plan symbolique (stigmates ou attributs négatifs) que sur le plan des relations sociales (rupture des liens sociaux qui agrègent les hommes entre eux). Perçue à la fois comme un processus et un état, consacrant le défaut d'intégration, elle est caractérisée par trois dimensions :

(i) la première est celle de la sphère économique, incluant le chômage et l'absence
de l'emploi, et l'insuffisance chronique ou répétée des ressources, marque de la pauvreté ;

(ii) la deuxième dimension est celle de non reconnaissance, ou du non usage des
droits sociaux, mais aussi des droits civils et des droits politiques ;

(iii) la troisième est celle des relations sociales traduisant une sorte de marginalisation des individus.

L'exclusion va au-delà de la pauvreté et se traduit généralement par un état de permanence dans la pauvreté, c'est-à-dire par un état d'inertie dans la pauvreté ou une faible probabilité de transition vers un état plus favorable.

1.1.2.2.3. Misère

La misère désigne l'état d'extrême pauvreté. La différence entre la pauvreté et la misère peut se traduire de manière simple par le fait que les pauvres peuvent encore espérer gravir les échelons de l'aisance matérielle ; mais les miséreux n'y croient même plus.

Cette différence dans la manière d'envisager l'avenir réside dans leur appartenance ou non au marché du travail. Les miséreux appartiennent à la catégorie des personnes dont la situation évolue vers un processus de marginalisation, considérée comme une trappe sociale de laquelle il est difficile de sortir.

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1.1.3. Causes de la pauvreté

6 Cette notion est développée dans l'article « Richesse et pauvreté dans le monde » qu'on peut retrouver dans le site : http://www.keepschool.com/cours-fiche-richesse_et_pauvrete_dans_le_monde.html#a1.

Jusque là, le phénomène « pauvreté » était analysé à l'échelle individuelle ou dans le cadre du ménage. Or, les observations révèlent que de manière générale, le phénomène de pauvreté de masses est observé dans les pays en développement et la pauvreté marginale ou résiduelle étant caractéristique des pays développés. Partant de cette considération, il y a lieu de postuler que la pauvreté de masses est la résultante de la conjugaison de facteurs explicatifs de la pauvreté des sociétés (pays) et des facteurs entravant l'épanouissement des individus dans la société. Le présent point s'intéresse aux différents aspects liés à la pauvreté des masses, étroitement liée à la pauvreté des nations.

A ce sujet, il sied de mentionner que la pauvreté des nations, le reflet du contraire du développement ou de la richesse des nations, se traduit notamment par « des problèmes économiques et sociaux considérables, liés à la faiblesse des revenus de l'État et des citoyens ». Les populations des pays pauvres sont dès lors confrontées à des problèmes6 :

? D'alimentation : famines, malnutrition (alimentation insuffisante) fréquente ;

? De santé : forte mortalité infantile et maternelle, faible espérance de vie ;

? D'éducation : les taux d'alphabétisation sont souvent faibles parce que l'État n'a pas les moyens d'éduquer le nombre très important d'enfants et que les parents ne peuvent pas les envoyer à l'école ;

? D'emploi : le chômage est très important, d'autant plus que la part de jeunes adultes (qui cherchent un travail) est élevée dans la population. Beaucoup sont obligés de travailler dans l'informel ou d'exercer des «petits boulots» ;

? De logement : les conditions de vie sont très difficiles, des familles sont obligées de vivre dans la promiscuité, beaucoup n'ont pas accès à l'eau potable et à l'électricité.

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Cette observation, tout en relativisant le poids des facteurs naturels dans le processus de développement des nations, mieux tout en atténuant l'incidence des

Ainsi, à la base de cette situation, il y a lieu de distinguer les causes naturelles des causes non naturelles.

1.1.3.2. Causes naturelles

La pauvreté de certaines nations résulte des handicaps d'origine naturelle tels la rudesse des conditions climatiques (les régions quasi désertiques sont défavorisées), le relief peu favorable (les régions de montagne sont souvent plus pauvres, comme les Andes en Amérique du Sud), la pauvreté ((infertilité) des sols (difficulté de cultiver sur les sols pauvres du Sahel en Afrique).

A ces handicaps d'ordre naturel qui défavorisent certaines nations en entravant quelque peu le processus de leur croissance ou en les prédisposant à une situation de pauvreté relative (par rapport aux pays dotés d'immenses ressources et jouissant des conditions naturelles permissives de la prospérité économique), peuvent s'ajouter des catastrophes naturelles susceptibles d'aggraver le dénuement de certaines régions (cas des inondations, des tremblements de terre, des sécheresses,... sévissant dans certaines régions du monde. L'absence des ressources naturelles et minérales (comme l'eau, le pétrole, les mines) constitue également un obstacle au développement et peut être considéré comme un facteur explicatif important de la pauvreté des nations.

Il importe toutefois de mentionner le fait que les arguments associant la pauvreté des nations à l'absence des ressources sont quelque peu remis en cause par certains pays tels que le Japon ayant réussi à se développer en l'absence des ressources naturelles sur son territoire. Il en est de même de l'Israël qui a pu transformer le désert qui couvre l'ensemble de son territoire en un verger. Cette situation contraste avec la situation de certains pays potentiellement riches et jouissant des bonnes situations climatiques de l'Afrique, à l'instar de la RDC, où la population croupit dans la misère.

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handicaps naturels dans le retard de développement ou l'appauvrissement des nations, met en exergue le rôle crucial des capacités des sociétés aussi bien à surmonter les handicaps naturels qu'à transformer les potentialités naturelles en richesse effective dans le processus de leur développement.

Ainsi, c'est de l'incapacité des sociétés à surmonter les handicaps que leur impose la nature et/ou à capitaliser les potentialités naturelles que découlent les différents problèmes économiques et sociaux dont souffrent leurs populations. Cette incapacité, caractéristique des causes humaines de la pauvreté des nations, résulte à son tour des facteurs historiques, économiques et politiques.

1.1.3.3. Causes humaines (non naturelles)

Les causes humaines regroupent les facteurs historiques, économiques et

politiques.

1.1.3.3.1. Causes historiques

La plupart des pays aujourd'hui développés ont connu leur essor économique entre le 18ème et le 19ème siècles et ce, suite à la révolution industrielle qui avait entraîné une transformation des structures économiques, ayant accéléré le rythme de leurs production nationales. S'ensuivirent alors les grandes batailles menées par les organisations pour arracher l'amélioration des conditions de vie des travailleurs. Depuis lors, les politiques publiques de ces pays s'efforcent de trouver un compromis entre les équilibres économiques fondamentaux et le bien-être social.

A l'opposé, beaucoup de pays africains qui n'ont certainement pas connu cette phase de décollage économique lié à l'industrialisation, ont été soumis au contrôle d'autres pays européens et américains à travers la colonisation. Certains chercheurs et hommes politiques élèvent la voix pour lier en partie le retard de décollage des pays africains à cette situation de colonisation.

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1.1.3.3.2. Causes économiques

Les échecs des politiques publiques constituent l'un des principaux facteurs explicatifs de la pauvreté des populations, mieux de son accentuation. Ces politiques, regroupant aussi bien les politiques fiscales et/ou budgétaires, les politiques sectorielles, que celles de redistribution des revenus, impliquent des choix des priorités et des instruments qui déterminent l'orientation et l'évolution de la situation économique des nations au cours des périodes données. L'on comprend ainsi que l'irrationalité desdites politiques et/ou l'inefficacité dans leur mise en oeuvre soient à la base des contreperformances économiques des nations avec corollaire les contreperformances sociales dont l'appauvrissement des populations, mieux la détérioration de leurs conditions de vie.

Aujourd'hui, l'on s'accorde sur le fait que la crise de la dette qui a frappé les pays du Tiers-Monde soit à l'origine de leurs difficultés économiques. Non seulement, la gestion de ladite crise a réorienté les priorités des pays en développement vers le remboursement de la dette aux dépens des préoccupations liées au développement mais également et surtout, elle a légitimé la mise en oeuvre des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) sous l'égide des Institutions de Bretton Woods, dont les conséquences se sont révélées par la suite très désastreuses sur le plan tant économique que social. A cet effet, l'UNESCO souligne que les PAS, inspirés par la pensée selon laquelle une forte croissance induirait nécessairement une réduction de la pauvreté, ont été initiés et mis en oeuvre sans prêter grande attention à l'aspect redistribution des fruits de la croissance, ou de leur impact sur la pauvreté.

Par ailleurs, il a été constaté que les politiques macro-économiques mises en oeuvre dans le cadre de PAS, caractérisées par le renforcement des contraintes budgétaires à visée anti-inflationniste, ont réduit la croissance, augmenté la pauvreté, érodé les salaires des fonctionnaires, limité les investissements en matériel et en formation, diminué le nombre d'emplois dans le secteur public et fragilisé ou détruit les services sociaux qui étaient déjà structurellement insuffisants.

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Cette considération a été mise en exergue par Stiglitz Joseph qui ne s'est pas réservé de qualifier les thérapeutiques du FMI des « solutions standard mais archaïques » avant de dénoncer leurs effets pervers sur les économies sous-développées, en allant jusqu'à affirmer la non prise en compte de la dimension sociale par ces programmes7.

C'est justement en vue de corriger ces faiblesses que vers la fin des années 80, les PAS ont commencé à intégrer les volets sociaux dans leur conception et leur mise en oeuvre, pour parler ainsi de la fameuse DSA (Dimension Sociale de l'Ajustement Structurel). Cette évolution s'est poursuivie tout au long de la décennie 90 pour déboucher actuellement à l'élaboration des Documents de Stratégie pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté, DSCRP en sigle. Elaborés en faveur de l'Initiative PPTE, ces nouveaux instruments sont promus par les Institutions de Bretton Woods pour pallier aux lacunes établies par le PAS.

Parmi les critiques virulentes adressées à l'endroit des Institutions de Bretton Woods, en général, et aux PAS en particulier, figurent entre autres celles émises par Chossudovsky Michel (1998), pour qui, la transformation des structures de l'économie mondiale opérée depuis 1980 sous l'impulsion desdites institutions a inexorablement conduit à la mondialisation de la pauvreté.

En effet, convaincu que le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale tout comme l'Organisation Mondiale du Commerce « constituent une puissante bureaucratie internationale dont le mandat consiste à contrôler et à superviser les économies nationales », l'auteur souligne la responsabilité de ces institutions dans la destruction des systèmes internes de production des pays et, partant, dans la mondialisation du chômage ainsi que du régime des bas-salaires.

Cette considération est véhiculée par l'approche sociopolitique de la pauvreté dans laquelle la pauvreté est appréhendée comme la résultante d'un double

7 A cet effet, Stiglitz dit ceci « j'ai rarement vu réaliser des études prévisionnelles et leur impact sur la pauvreté ».

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processus de polarisation et d'intégration économique, politique et socioculturelle, qu'est la mondialisation. Cela est d'autant plus vraisemblable que ce processus génère des inégalités et valorise le profit, lequel profit se nourrit de la rareté.

1.1.3.3.3. Causes politiques

L'environnement institutionnel marqué par l'instabilité politique et les conflits armés (guerres civiles, déplacement massif des populations, pillages, etc.) peut constituer un obstacle majeur à l'essor des activités économiques ainsi qu'à la promotion du bien-être social dans un pays. A ce titre, l'instabilité politique représente un facteur explicatif de la pauvreté. La situation que traverse la RDC actuellement reflète à suffisance cet état des choses.

En effet, en période des conflits politiques, l'Etat consacre une bonne partie de ses dépenses à la stabilité et au maintient de l'ordre public et de la sécurité nationale, les dépenses liées aux secteurs sociaux et porteurs de la richesse sont ainsi évincées. Cette situation caractérise souvent les pays dits fragiles ou sortant des longues périodes des crises politiques. Dans cette condition, il est difficile voir impossible pour les pouvoirs publics de satisfaire les besoins fondamentaux des populations.

1.1.4. Indicateurs de pauvreté

Pour tenter de mesurer l'ampleur de la pauvreté, quelques indicateurs ont été construits et ce, en fonction des différents aspects de la pauvreté visés par les chercheurs ou les initiateurs des enquêtes et/ou études sur la pauvreté. A cet effet, l'on distingue les indicateurs particuliers des indicateurs composites. Les premiers appréhendent les aspects particuliers de la pauvreté tandis que les seconds sont des indices synthétiques tentant de saisir l'ampleur de la pauvreté dans une population. Parmi les indicateurs les plus utilisés figurent celui élaboré par le Programme des Nations-Unies pour le Développement, en l'occurrence, l'Indicateur de Pauvreté Humaine (IPH).

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1.1.4.1. Indicateur de pauvreté Humaine (IPH)

L'indicateur de pauvreté humaine est une mesure permettant de caractériser le niveau de pauvreté d'un pays. Il a été créé par l'ONU. Dans cette optique, la pauvreté est essentiellement estimée par le nombre de personnes vivant avec un revenu en dessous d'un niveau (seuil) dit « de pauvreté », qui était en 2002 de 2 USD par jour par personne. D'autres niveaux de pauvreté sont fixés à 1,4 et 11 USD par jour, ce qui permet d'affiner l'analyse ; le niveau de revenu de 1 USD par jour étant appelé « niveau d'extrême pauvreté ».

Pour mesurer l'impact de la pauvreté sur la population, le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD) utilise également des indicateurs indirects qui servent à calculer des indicateurs composites de pauvreté des revenus et des humains que sont l'IPH-1 et l'IPH-2 (indice de pauvreté humaine) ou HPI-1 et HPI-2 (human poverty index). L'unité des IPH est le pourcent (%), mais il ne s'agit pas d'un pourcentage de la population à proprement parler, il s'agit juste de l'homogénéité de la formule. Plus un IPH est élevé, plus un pays « est pauvre ».

? IPH-1

L'IPH-1 est adapté pour les pays pauvres et se calcule à partir des indicateurs suivants :

- indicateur de longévité (P1);

- indicateur d'instruction (P2);

- indicateur de conditions de vie (P3).

Sa valeur est le résultat de la moyenne cubique de trois indicateurs exprimés en pourcentages P1, P2 et P3 . P1 exprime le pourcentage de décès avant 40 ans ; P2, le pourcentage d'analphabétisme et enfin P3 représente le manque de conditions de vie décente, il est lui-même la moyenne arithmétique de trois sous-indices P31, P32 et P33 (avec P31 le pourcentage de personne privées d'accès à l'eau

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potable ; P32, le pourcentage de personne privées d'accès aux services de santé et P33 le pourcentage d'enfants de moins de cinq ans souffrant d'insuffisance pondérale modérée ou aiguë). On calcule alors :

et

? IPH-2

L'IPH-2 est adapté aux pays riches ou développés (il est utilisé pour la plupart des pays de l'OCDE) et se calcule à partir des indicateurs suivants :

- Indicateur de longévité (P1);

- Indicateur d'instruction (P2);

- Indicateur de conditions de vie (P3);

- Indicateur d'exclusion (P4).

La valeur de l'IPH-2 s'obtient à partir de la moyenne cubique de quatre indicateurs exprimés en pourcentages, P1, P2, P3 et P4 (avec P1, le pourcentage de décès avant 60 ans ; P2, le pourcentage d'illettrisme ; P3 représente le manque de conditions de vie décentes, estimé par le pourcentage de personnes vivant en dessous de la demi-médiane de revenu disponible des ménages : si M est le niveau de revenus tel qu'une moitié de la population a un revenu supérieur à M et l'autre moitié un revenu inférieur à M, alors P3 est le pourcentage de personnes ayant un revenu inférieur à M/2. Enfin P4 exprime le pourcentage de personnes en chômage de longue durée, c'est-à-dire membre de la population active et sans emploi depuis au moins 12 mois). On calcul alors :

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1.1.4.2.

Comparaison entre les indicateurs de pauvreté

Le pourcentage de la population sous le seuil de pauvreté étant un des facteurs des IPH, il a évidemment une influence sur leur valeur. Mais c'est souvent le seul indicateur utilisé pour estimer la pauvreté ; il a l'avantage d'être simple et de représenter quelque chose de concret (un nombre de personnes atteinte dans un pays). Est-ce un indicateur suffisant ? Il est logique qu'un manque de revenus implique une pauvreté, mais une société basée entièrement sur le troc aurait des revenus nuls sans nécessairement avoir beaucoup de pauvreté.

Pour les pays développés, si l'on compare le rang du pays avec le critère IPH-2 et avec le critère « pourcentage de la population sous le seuil de revenu égal à la moitié de la médiane des revenus », on constate que :

- L'écart absolu maximal est de 8 rangs ;

- L'estimateur de l'écart type ó (moyenne quadratique corrigée) vaut 3,66 rangs ;

- Le coefficient de régression vaut 0,79.

On estime en général que deux valeurs sont bien corrélées si le coefficient de corrélation est supérieur à 0,87 en valeur absolue. On en conclue que les deux indicateurs ne représentent pas le même phénomène. Si l'on prend comme référence l'IPH-2, on conclue que le pourcentage de population gagnant moins de la demi-médiane n'est pas un bon indicateur de pauvreté pour les pays développés, notamment sans doute en raison de mécanismes tels que les politiques d'accès aux soins et à l'éducation gratuits de certains pays.

Pour les pays en développement, si l'on compare le rang du pays avec le critère IPH-1 et avec le critère « pourcentage de la population sous le seuil de revenu de 1 Usd par jour », on constate que :

? L'écart absolu maximal est de 35 rangs ;

? L'estimateur de l'écart type ó (moyenne quadratique corrigée) vaut 12,93 rangs ; ? Le coefficient de régression vaut 0,88.

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La trajectoire de ces études, telle que retracée dans la section consacrée aux définitions permet de distinguer deux étapes importantes :

Statistiquement, les deux indicateurs sont bien corrélés, les revenus ont une influence considérable sur le niveau de pauvreté, sans doute en raison de la carence des services publics. Par contre, l'estimateur de l'écart type est important, une valeur de 13 rangs signifiant que si l'on considère un pays au hasard, on a une chance sur deux que l'écart entre les rangs soient supérieur à 18. La faiblesse des revenus constitue donc un élément prépondérant de la pauvreté des pays en développement, mais n'est pas un élément d'appréciation suffisant.

1.1.5. Cadre théorique et axes de lutte contre la pauvreté

Pendant très longtemps, la question liée à la pauvreté avait été reléguée au second rang de l'analyse économique dont la préoccupation était essentiellement orientée vers les mécanismes et les conditions de création de la richesse. Cette place marginale ou résiduelle accordée à l'analyse de la pauvreté est perceptible à travers les avancées notables enregistrées dans les domaines de l'analyse des phénomènes de la croissance économique et du développement. Ce n'est que vers la fin du siècle dernier que la conscience collective a été interpellée sur le plan mondial quant à la montée fulgurante de la pauvreté à l'échelle planétaire.

En effet, fortes du constat selon lequel « la pauvreté est un mal chronique de la société humaine qui ne cesse de s'aggraver au fil des années à la suite du fait que l'économie actuelle génère de plus en plus des pauvres », les instances tant nationales qu'internationales ont renforcé leur prise de conscience des effets dévastateurs de la pauvreté notamment en s'engageant de manière concrète dans la lutte contre la pauvreté. Depuis lors, nombre d'études sont menées pour appréhender les différents aspects liés à la pauvreté. Il importe toutefois de noter que les études actuelles ne sont venues que se greffer dans la trajectoire des analyses spécialisées dans le domaine de la pauvreté dont les résultats étaient très peu répandus.

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- La première marquée par la prédominance de l'approche monétaire

- La deuxième caractérisée par une approche multidimensionnelle du phénomène pauvreté.

Par ailleurs, les interventions dans le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté s'articulent autour des axes ci-après :

- Le développement institutionnel et l'amélioration de la gouvernance et de participation ;

- Le développement humain et de renforcement de l'accès aux services de base ;

- Le développement des infrastructures et l'appui aux secteurs productifs

1.2. Concept de Santé

1.2.1. Définition de la santé

Il n'est pas aisé de définir la santé. Les définitions diffèrent selon le regard que l'on adopte. En effet, la santé est un concept neutre que chacun est appelé à définir et qu'il n'est pas possible de la définir d'une seule manière, valable pour tous, en tout lieu et en tout temps. La définition proposée par l'OMS a le mérite de décrire les différentes composantes d'un état de santé et d'avoir contribué à l'évolution du concept de santé vers une représentation positive.

L'OMS fait référence à la notion de bien-être pour donner sa définition de la santé. Le bien-être, selon l'OMS, peut être considéré comme la satisfaction des besoins et l'accomplissement des capacités physiques, intellectuelles et spirituelles. Ainsi, pour être en « bonne santé », les besoins fondamentaux doivent être satisfaits. Il s'agit, par exemple, des besoins :

1. Nutritionnels : pouvoir manger et boire en quantité et en qualité suffisante ;

2. Sanitaires : propreté et hygiène ;

3. Educatifs : instruction et éducation en lien avec notre culture ;

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4. Sociaux : être en phase dans la société dans laquelle on vit ;

5. Affectifs.

Pour Abraham Maslow, l'être humain est un tout présentant des aspects physiologiques, psychologiques, sociologiques et spirituels. Il a ainsi déterminé une hiérarchie des besoins, classés en cinq grandes catégories, connue sous le nom de « Pyramide de Maslow ».

1. Besoins de réalisation de soi, de dépassement ;

2. Besoins d'estime (reconnaissance, sentiment d'être utile) ;

3. Besoins sociaux (d'amour, d'appartenance) ;

4. Besoins de protection et de sécurité ;

5. Besoins physiologiques, de maintien de la vie.

Il considère que l'individu ne peut passer à un besoin d'ordre supérieur que quand le besoin de niveau immédiatement inférieur est satisfait. L'être humain est un être biologique (biologique, physiologique, vivant, dynamique, unique), social (en interaction constante avec d'autres individus, situé dans le temps et dans l'espace, dépendant de son environnement et agissant sur l'environnement, d'émotion (émotions, sensations, intentions) et de connaissances (connaissance, rationalité, réflexions). La santé s'exprime et s'exerce donc dans chacune de ces dimensions, biologique, sociale et psychologique.

Mais la notion de santé varie également selon le moment, la façon dont l'individu se perçoit et s'analyse (la perspective). La notion de santé dépend aussi des groupes d'appartenances, de la société et de la culture de l'individu. Par exemple, la notion de santé n'est pas la même dans les pays en voie de développement et dans les pays développés. Ainsi, l'OMS défini la santé comme étant un état de bien être complet (physique, social et mental) de la personne et, ne consiste pas seulement à une absence de maladie ou d'infirmité.

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Auparavant, la santé était considérée comme étant l'état contraire de la maladie. S'occuper de l'accès à la santé revenait à lutter contre les maladies. Avec la définition de l'OMS, la prévention et les soins ne sont pas les seuls moyens au service de la santé, il y a aussi les lois, les règlements, les orientations politiques en environnement, aménagement du territoire, etc. La santé de la population devient donc une responsabilité collective.

La santé est un droit fondamental de l'homme et un investissement social. Les gouvernements doivent investir dans les politiques pour la santé et dans la promotion de la santé afin d'améliorer l'état de santé de tous leurs citoyens. Leurs buts principaux sont d'instaurer un environnement physique et social propice, de faciliter les choix des citoyens en faveur de santé, de combler l'écart de santé entre les personnes défavorisées et les autres.

1.2.2. Concept de santé publique

Aujourd'hui, le concept de santé publique regroupe diverses notions et s'appuie sur différentes disciplines (savoir individuel et collectif, sciences humaines, sciences biomédicales). L'apparition et l'instauration de la santé publique, se fait progressivement au fur et à mesure que les préoccupations à l'égard de la santé grandissent.

Le moyen âge constitue la période de la mise en place des hôpitaux. L'hôpital a pour mission de recueillir les pauvres. L'Hôtel-Dieu est un endroit où l'on prend soin de l'indigent pour l'amour de Dieu. C'est avant tout un lieu consacré aux âmes. Au 18ème siècle, la prévention des maladies épidémiques a été la première préoccupation de santé publique. Le 19ème siècle a beaucoup plus concerné le courant hygiéniste, bien que le développement de la clinique soit majeur à cette période, des responsables sanitaires et des médecins se questionnent sur les liens entre maladies et conditions sociales. Cette supposée causalité permettre l'amorce de politiques sociales. C'est la naissance du courant hygiéniste qui réussit à faire son entrée dans les débats à l'échelle internationale. Les hygiénistes cherchent à encadrer la vie sociale (exemple

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de la lutte contre la tuberculose), mettent aussi l'accent sur la responsabilité individuelle et luttent contre les foyers de contagion (rénovation urbaine).

En 1902, apparaît comme la période de la territorialisation des politiques de santé et affirmation du concept de santé publique. charte de l'hygiène publique instaure une réglementation et une organisation sanitaire au niveau départemental et communal (obligation de la vaccination contre la variole, déclaration des maladies infectieuses, désinfection des locaux, surveillance des sources d'eau potable...).

A la première moitié du 20ème siècle, la multiplicité des préoccupations sociales et sanitaires (lutte contre la tuberculose, hygiène alimentaire, hygiène des lieux de travail, prophylaxie des maladies infectieuses...). Ainsi, la santé publique prend en compte les dimensions d'organisation administrative, politique et économique. La santé publique aborde l'organisation de la santé pour une collectivité, une population à un niveau individuel et à un niveau collectif. L'OMS, en 1952, en donne la définition suivante : « La santé publique est la science et l'art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et d'améliorer la santé et la viabilité mentale physique des individus, par le moyen d'une action collective concertée visant à :

- Assainir le milieu ;

- Lutter contre les maladies ;

- Enseigner les règles d'hygiène personnelle ;

- Organiser des services médicaux et infirmiers en vue d'un diagnostic

précoce et du traitement préventif des maladies ;

- Mettre en oeuvre des mesures sociales propres à assure à chaque membre de

la collectivité un niveau de vie compatible avec le maintien de la santé ».

La santé publique est aujourd'hui une discipline autonome qui s'occupe de l'état sanitaire d'une collectivité, de la santé globale des populations sous tous ces aspects : curatif, préventif, éducatif et social. La santé publique peut être aussi considérée comme une institution sociale, une discipline et une pratique. Son champ d'action est vaste et, couvre tous les efforts sociaux, politiques, organisationnels qui

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Dans l'histoire le terme Santé apparaît vers l'an 1000 avant Jésus-Christ. Il dérive du vieil anglais " Hoelth " signifiant " être en sécurité " ou " globalité du

sont destinés à améliorer la santé des groupes ou de populations entières. Ceci inclut toutes les approches organisées, tous les systèmes de promotion de la santé, de prévention des maladies, de lutte contre la maladie, de réadaptation ou soins orientés en ce sens.

La santé publique fait appel à un ensemble de disciplines variés et complémentaires : la médecine épidémiologique, sociale et économique et intègre diverses notions telles que l'environnement, l'histoire, la culture. Elle concerne toutes les dimensions de soins : préventive, curative, éducative, et de réhabilitation. Une politique de santé publique est l'ensemble des choix stratégiques des pouvoirs publics pour choisir les champs d'intervention, les objectifs généraux à atteindre et les moyens qui seront engagés. Elle correspond au terme anglais « Politics ». Il s'agit de maintenir ou d'améliorer l'état de santé d'une population. Un plan de santé publique est un ensemble de dispositions arrêtées en vue de l'exécution d'un projet et comporte une série de programmes d'actions. Il opère des choix stratégiques en retenant certains types d'intervention plutôt que d'autres et fixe les priorités de son action en les hiérarchisant. Il correspond au terme anglais « Policy ».

Un programme de santé publique est un ensemble cohérent d'actions pour atteindre des objectifs précis (exemple : Programme tuberculose). Une action de santé publique est la composante opérationnelle d'un programme ; elle s'inscrit dans les objectifs du programme en définissant un mode d'intervention particulier.

1.2.3. Bref historique

La santé est un concept dynamique, elle est un état résultant de l'évolution normale de la personne tout au long de sa vie, de la naissance à la mort. C'est un état dynamique qui demande la participation de la personne au moyen d'une prise de conscience de son état et d'une volonté à agir pour l'améliorer.

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corps " (d'où provient le terme plus moderne d' " Holistique ". Avec l'ère scientifique moderne, la santé fut associée à l'absence de maladie et la société développa de stratégies d'assistance aux personnes malades. Le curatif prends le pas sur le préventif.

Par la suite, la santé est perçue comme un continuum s'échelonnant de la maladie vers la santé. Il est possible d'y évaluer des paramètres objectifs (quantifiables) aussi bien que subjectifs (perception de sa santé par la personne).

Le nouveau paradigme de la santé a été abordé par FERGUSON M. (1981) et repris par CASTILLO F. (1988). Ce dernier définit un paradigme comme un cadre de pensée, une espèce de structure intellectuelle permettant la compréhension et l'explication de certains aspects de la réalité. Un changement de paradigme fait apparaître des principes qui ont toujours été présents, mais que nous n'avions pas reconnus. Il inclut l'ancienne conception comme une vérité partielle, comme un aspect de la réalité, notamment comment les choses fonctionnent, mais en acceptant qu'elles puissent aussi fonctionner " autrement. Un nouveau paradigme transforme le savoir traditionnel, fournit une nouvelle trame conceptuelle où l'on peut intégrer les observations diverses en conciliant leurs contradictions apparentes.

1.2.4. Santé selon les organismes officiels

En 1974, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) proposa une définition de la santé qui met l'accent sur la globalité (Wholeness) et les qualités positives de la santé. C'est encore actuellement la définitions officielle mondialement acceptée. Au cours de la même année, le Ministère de la Santé nationale et du Bien-être social du Canada publiait sa position officielle en matière de santé publique dans un document intitulé « Nouvelle Perspective de la Santé des Canadiens ». Dans cette brochure, nous retrouvons des éléments qui permettent de cibler les aspects importants du mode de vie des personnes, et de pouvoir éventuellement intervenir pour corriger ou améliorer leurs habitudes de vie. Ces habitudes de vie, ainsi que d'autres facteurs indépendants de la personne, y sont traités dans une perspective globale. S'y trouvent

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Cette définition introduit une vision multidimensionnelle de la santé, tel que celle décrite par GREENBERG J. (1985). La santé comporte alors les dimensions

inclus les déterminants relatifs à la biologie humaine, à l'environnement, aux habitudes de vie et à l'organisation des soins de santé.

Cette conception globale de la santé était alors considérée comme un instrument d'analyse efficace des questions se rapportant à la santé; elle permet en outre de déterminer les besoins de santé des populations et d'adopter les mesures susceptibles de satisfaire ces besoins. En plaçant à égalité biologie, habitudes et environnement avec soins de santé, cette approche permettait de se soustraire de la vision traditionnelle qui ne privilégiait que les soins de santé.

En 1984, on publia le rapport du comité d'étude sur la promotion de la santé intitulé Objectif Santé. Ce rapport reprend quasi intégralement la vision globale du rapport Nouvelle Perspective de la Santé des Canadiens et la nomme Approche Écologique de la Santé. Cette approche écologique se veut interactive et mise sur l'interrelation entre les différents déterminants de la santé, les problèmes de santé, et le système de soins.

C'est donc dire que les organismes officiels ont adopté, malgré un persistant accent mis sur les soins de santé et sur la vision médicale traditionnelle, une approche globale permettant de mieux comprendre et de mieux intervenir en promotion et en éducation pour la santé.

1.2.5. Multiples définitions de la santé

Il existe plusieurs définitions répertoriées de la santé. Pour le vérifier, on peut se référer au « Traité d'anthropologie médical » publié sous la direction de DUFRESNE J. (1985). Chaque personne peut également avoir sa propre définition de la santé en fonction de ses connaissances, de son expérience et de ses valeurs. Ainsi, La santé est un « État complet de bien-être physique, psychologique et social et non uniquement l'absence de maladie ou d'infirmité » (OMS, 1974).

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physique, psychologique, émotionnelle, sociale et spirituelle. Ces dimensions sont intrinsèques à la personne. D'autres dimensions externes peuvent également être considérées, tel que l'environnement et l'économie. On parlera alors de santé environnementale et économique.

Le Bien-être se veut une intégration des fonctions de l'organisme humain orientée vers l'optimisation du plein potentiel dont la personne est capable. Elle exige que cette personne sache maintenir, dans son environnement, un certain équilibre et une direction réfléchie de ses actions (DUNN HL, 1959). Dunn caractérise le Bien-être comme un haut niveau de bien-être (High level wellness)

La Santé Holistique est considérée comme une façon de penser l'univers, la nature, la personne, les choses. Cette philosophie, comme mode de pensée, privilégie une vision globale du monde qui reconnaît et respecte les interactions entre tous les éléments qui composent l'univers et en constituent sa complexité. La vision holistique de la santé a été, entre autre, mise en évidence par FERGUSON M. dans son livre intitulé « Les Enfants du Verseau » (1980).

Dans la vision holistique de la santé, la personne se trouve considérée dans son ensemble et non dans ses parties prises isolément. Cet ensemble ne se retrouve pas uniquement dans la personne elle-même, mais encore dans sa relation avec son environnement physique et humain.

La Santé Multidimensionnelle se réfère à l'équilibre entre les différentes dimensions de la santé, un équilibre qui fait en sorte qu'une personne puisse se sentir bien, tout en assumant la responsabilité de son propre état de santé. Les différentes dimensions définies par DINTIMAN et GREENBERG (1986 ) sont la santé sociale, mentale, émotionnelle, spirituelle et physique. D'autres dimensions ne faisant pas partie de la personne mais de son interaction avec l'extérieur sont la santé économique et environnementale. Chacune de ces dimensions affecte, de près ou de loin, la santé de la personne.

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Tableau 1. Différentes approches et définitions de la santé

Concept

Définition

01

Santé sociale

Habileté à bien interagir avec les autres et avec son environnement et à avoir des relations interpersonnelles satisfaisantes

02

Santé mentale

Habileté à apprendre à se servir de ses capacités

intellectuelles

03

Santé émotionnelle

Habileté à contrôler ses émotions et à les exprimer sans gêne et convenablement.

04

Santé spirituelle

Croyance en une certaine force unificatrice. Pour certains ce sera la nature, pour d'autres, la loi de la science, pour d'autres encore une force divine. (se référer à la notion de Valeurs).

05

Santé physique

Habileté à réaliser les tâches quotidiennes avec

suffisamment d'énergie en réserve pour affronter les
situations imprévues; il s'agit de l'intégrité biologique de la personne.

Source : Elaboré par l'auteur sur base des différentes définitions de la santé trouvées dans la littérature.

1.2.6. Différentes façons de concevoir le concept santé

Normalité, Stabilité et Actualisation sont des concepts exprimant des façons différentes de concevoir la santé selon différents cadres de référence.

1.2.6.1. Santé et Normalité

La Normalité considère l'état de santé comme mesurable. C'est un concept statistique. Cette notion fait référence à la courbe normale en statistique. La santé d'une personne y est considérée comme normale lorsqu'elle rencontre la moyenne statistique d'une population. C'est le moyen utilisé en santé publique pour mesurer l'état de santé d'une population.

Pour obtenir des indicateurs sur la normalité de la santé on doit passer par des mesures objectives, elles-mêmes normalisées. Les analyses biochimiques, la tension artérielle, le volume respiratoire, le rythme cardiaque au repos sont des exemples de mesures que l'on peut obtenir. Les résultats obtenus sont alors comparés à

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un tableau de données afin de savoir s'ils font parti de la moyenne. Un écart type supérieur à la moyenne indique un meilleur état de santé, un écart type inférieur à la moyenne indique une détérioration ou un risque pour la santé. C'est ainsi que dans cette optique, G. Harvey défini la Santé comme étant la capacité d'une personne à maintenir ses paramètres biologiques (Poids santé, pression artérielle, lipides sanguins) dans la limite prescrite par les normes établies.

1.2.6.2. Santé et Stabilité

La Stabilité considère la personne et son équilibre physiologique. C'est un concept biologique. La stabilité se rapporte au milieu interne de la personne. C'est la capacité de l'organisme physiologique de la personne à maintenir son équilibre biologique (homeostasie). Température corporelle, composition sanguine, immunité, etc. Dans ce concept la personne doit toujours maintenir son équilibre dans un environnement qui constitue un danger potentiel pour son équilibre. Bactéries, virus, températures, substances allergènes, toxiques etc. Autant de dangers contre lesquels la personne doit se défendre pour survivre (Référence aux besoins de survie de Maslow).

Ainsi, sur base de ce concept, on peut définir la santé comme un état, ou une condition, qui rend la personne capable de s'adapter à son environnement. L'état de santé atteint dépend de l'aptitude de l'organisme à réagir, s'accommoder et s'adapter aux divers stress et tensions externes qui se présentent (DUBOS R. In Pender, 1982).

1.2.6.3. Santé et Actualisation

L'Actualisation de soi considère la personne et ses potentialités. C'est un concept psycho-social. Elle fait référence à l'optimisation de son potentiel. C'est davantage un concept humaniste et qui se rapproche du besoin « d'actualisation de soi » énoncé par Maslow dans sa pyramide des besoins, et du concept de bien-être (high-level wellness) énoncé par DUNN A. (1959). La vision Holistique de la santé fait également partie de cette vision. En effet, La santé holistique implique une intégration dynamique du corps, du psychisme et de la conscience (BERMOSK. In

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Pender, 1996). La définition de la santé de l'OMS évoquée ci-dessus constitue un bon exemple de définition fondée sur le concept d'actualisation du potentiel de la personne.

1.2.7. Education à la santé

Processus de communication systématiquement et intentionnellement orienté vers la création des conditions physique, psychiques, environnementales et sociales afin de permettre à une personne ou à la communauté de mieux gérer sa santé. Un processus dynamique de recherche d'équilibre.

L'éducation pour la santé apparaît comme un processus d'apprentissage dont le but est de faciliter l'adoption de comportement favorable à la santé dans le chef des individus, des familles des groupes et des communautés. Les approches utilisées vont de l'instruction d'un comportement spécifique à l'apprentissage d'un processus de décision individuel ou collectif. L'éducation pour la santé est un élément fondamental de la formation à une éthique d'existence. Elle s'appuie sur l'acquisition de connaissances, d'attitudes et de conduites permettant une meilleure adaptation (plus judicieuse et plus gratifiante) au milieu physique et social (REGINSTER, LECLERCQ, 1985). Elle vise à faire adopter des attitudes et des comportements favorables au maintien et au développement de la santé chez les personnes, les groupes d'individus et les populations (LEGENDRE, 1993).

L'éducation à la santé est un processus pédagogique élargi visant à développer chez les individus un ensemble de connaissances, d'attitudes et d'aptitudes dans le but de leur donner les moyens d'un comportement le plus efficace dans le maintien, la protection ou la restauration de leur santé ou de celle de leur entourage.

Il est à noter par ailleurs que l'éducation pour la santé n'est pas une discipline particulière, mais une attitude d'esprit, une orientation de pensée et d'action qui fait appel aux données des sciences médicales, pédagogiques, psychologiques, sociales et économiques. Elles touches non seulement les individus, mais les familles

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et les collectivités. Elle doit créer une mentalité, des réflexes de vie saine, une certaines attitude devant les actes de la vie quotidienne permettant de limiter, sinon de supprimer, un certains nombre de risque évitables. Elle devient alors un des facteurs de l'art de vivre, ayant pour finalité l'amélioration non seulement des conditions matérielles de vie « le plus avoir », mais encore de ses conditions psychologique et sociales, « le plus être » (BERTHET, 1983).

Outre ce qui est mentionné ci-dessus, l'Éduquer pour la santé consiste également à travailler avec d'autres pour trouver ensemble une façon de vivre plus saine. Ce travail ne doit pas se limiter à une simple transmission de connaissance. Il doit développer une vision plus critique de la réalité et stimuler des comportements plus efficaces dans la prévention des problèmes de santé. En d'autres termes, il s'agit d'obtenir que les gens perçoivent plus clairement les risques pour leur santé physique, mentale et sociale existant autour d'eux et qu'ils puissent et veuillent choisir les comportements les plus efficaces et intelligents pour affronter ces risques et les éviter, tant sur le plan individuel que collectif (CASTILLO, 1987).

Dans cette optique, l'éducation à la santé paraît comme étant la capacité d'apprendre à vivre, c'est-à-dire apprendre à négocier les multiples formes de relations que l'individu, nécessairement et constamment entretient avec lui-même, avec les autres, avec l'environnement dans un contexte en perpétuel changement.

Section 2. Macroéconomie de la santé

2.1. Contours de la macroéconomie de la santé

Un système de santé est un ensemble plus ou moins cohérent de moyens de financement, d'information, de prévention et/ou de traitement organisé en vue de maintenir ou d'améliorer la santé.

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2.1.1. Double équivalence

Une double équation décrit bien les échanges financiers qui s'instaurent entre les principaux agents d'un système de santé et symbolise les relations macroéconomiques entre eux selon l'élégante présentation introduite par EVANS R.8, inspirée par l'équation macro-économique générale qui égalise la production à la répartition et à la dépense des agents économiques.

Cette présentation macro-économique se révèle un instrument analytique et pédagogique puissant en donnant la possibilité de montrer comment une double équivalence s'instaure au niveau macro-économique dans tout système de santé entre l'offre de soins des professionnels, la demande des malades et la dépense engagée pour payer les premiers et faire face à la dépense des seconds.

Offre = Demande = Dépense

Revenu des professionnels = Dépenses des soins = Moyens

(H+S)X N = PXQ = (I+C) + M+A

Avec:

H+S= honoraire et/ou salaire et N= nombre de soignants

P= prix unitaire des soins et Q= volume consommé de soins

I+C=impôt et/ou cotisations ; M=coût supporté par le malade et A= prime

d'assurances (MAJNONI D'INTIGNANO, 2001).

A cette équation il faut ajouter :

2. Une fonction de production reliant l'état de santé de la population à la
consommation de biens et services médicaux, c'est-à-dire la santé à Q.

3. Une fonction de production des biens et services médicaux eux-mêmes, reliant
Q et N ou H+S et N.

4. Une fonction de demande exprimant l'influence du paiement direct M sur la
demande de soins PQ.

? Entre l'Offre de soins

8 R.Evans (1997), Going for the Gold : the redistributive agenda behind Market-Based Health Care Reform, Journal of Health Politics, Policy and Law, p. 427-465

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Elle peut être présentée de manière simple en la décomposant en produit de la rémunération des soignants ou producteurs de biens médicaux par leur nombre (H+S)XN. On schématisera cette rémunération par H et S pour représenter les honoraires H des médecins, des dentistes, des kinésithérapeutes, ou autres acteurs paramédicaux et les salaires S des hospitaliers ou des laborantins, mais aussi les salaires des personnels des assurances maladies et même les dividendes des actionnaires des laboratoires pharmaceutiques..., et par N pour représenter leur nombre respectif, c'est-à-dire l'emploi dans le secteur des soins, un paramètre social important.

En effet, si environ 80% des dépenses de santé sont directement versées à des soignants et le reste consacré à acheter des biens et services médicaux, les revenus des prothésistes et des actionnaires des laboratoires font aussi partie des dépenses de soins qui deviennent des revenus dans l'économie. Ainsi (H+S) sera un vecteur horizontal comptant autant d'items qu'il existe de types de rémunérations et N sera un vecteur vertical en comptant autant qu'il en existe de catégories de personnels dans le système de santé.

? La demande

On peut de même présenter la demande de soins comme le produit du prix des soins (par unité d'honoraire, d'hospitalisation ou de médicament) par leur volume respectif. On schématisera alors la dépense correspondante par PXQ pour représenter les prix P des consultations ou des visites des médecins, ou encore des journées d'hospitalisation et enfin des produits pharmaceutiques ou des prothèses, et les volumes correspondants Q pour le nombre des consultations, de journées passées à l'hôpital, enfin le nombre de médicaments consommés et de prothèses. Ainsi P sera un vecteur horizontal, composé d'autant d'items qu'il existe de services médicaux et Q un vecteur vertical en comptant autant qu'il aura été consommé de biens et services médicaux.

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2.1.2. Santé et croissance économique

Des auteurs comme le philosophe BENTHAM (1789) et l'économiste KARL MARX (1867) ont attiré l'attention sur le rôle essentiel de la santé dans le bien-être et dans la qualité de la force du travail. Cette question retrouve son actualité avec les théories de la croissance et l'apparition des nouvelles maladies (FOGEL R.W., 1994).

La santé et les dépenses de soins contribuent-elles au développement et à la croissance économique ? Les faits permettent de mettre en évidence des relations réciproques entre les deux dont l'interprétation est l'objet de thèses parfois contradictoires.

2.1.2.1. Effets de la croissance sur la santé

En améliorant le niveau de vie, le développement économique et la croissance ont un effet décisif sur l'espérance de vie et sur le niveau de santé. Six mécanismes sont à l'oeuvre en la matière.

1. Des bonnes conditions de vie limitent la propagation des maladies contagieuses traditionnelles, dont les infections, et renforcent les défenses naturelles contre la maladie. On l'a vu dans les pays industriels où ces facteurs furent décisifs, pour vaincre la mortalité par malnutrition ou par tuberculose par exemple, au cours de la première moitié du 20ème siècle. Ils sont à l'oeuvre aujourd'hui dans les pays moins avancés.

2. La croissance dégage des moyens financiers pour promouvoir l'éducation, les programmes de prévention, organiser des assurances maladies et payer les soins. On l'a vu au cours des « trente glorieuses » dans les pays avancés et certains pays d'Américains latine ou d'Asie du Sud-est, qui en sont à ce stade. A contrario, l'expérience malheureuse des anciens pays communistes en fournit une démonstration historique à ne pas oublier. Les habitants de ces pays disposaient pourtant des droits sociaux les plus étendus sur le plan juridique. Jusqu'aux années 1970, leur espérance de vie et leur niveau de santé ont suivi

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ceux des pays libéraux. Puis ils ont subitement décroché : depuis cette date, l'espérance de vie de l'Ouest a dépassé celle de l'Est de l'Europe de huit années. La croissance et le niveau de vie y étaient inférieurs et leur espérance de vie a pris du retard. Il faut une économie forte pour procurer des droits réels importants aux populations.

L'éducation, surtout dans le primaire dans les pays pauvres, est l'un des principaux déterminants de l'état de santé. En particulier celle des femmes qui forment les enfants et soignent toute la famille, prennent le contact avec le monde médical, diffusent l'information médicale et utilisent alors le mieux les soins disponibles. On trouve partout une corrélation statique entre le niveau d'étude et la baisse de la mortalité.

1. Le développement fait aussi naître une classe moyenne et réduit les inégalités ou de niveau de vie à long terme. Or, des études nombreuses et convergentes montrent qu'une plus grande équité dans la répartition des revenus et une plus grande homogénéité sociale améliorent le niveau général de la santé d'une population et réduisent en particulier la mortalité infantile (Banque mondiale, 1993). C'est vraie aussi entre les pays du niveau comparable. Alors que le Japon et le Royaume-Uni avaient des espérances de vie similaires dans les années 1970, celle du Japon, où la répartition des revenus reste très égalitaire, a progressé le plus vite, alors que celle du Royaume-Uni et des Etats-Unis, où les disparités sociales et le revenu s'accentuent, stagnent. A l'intérieur des pays développés, les écarts de revenus peuvent accentuer les écarts d'états de santé. Aux Etats-Unis par exemple, les difficultés à intégrer les minorités noire et indienne se traduisent par une différence de l'espérance de vie par rapport aux blancs de six années et des conditions sanitaires très inférieures.

2. Enfin, le développement s'accompagne d'une forte urbanisation, favorable, au moins jusqu'à certaines limites, à la santé (J.C. WILLIAMSON, 1997). Les urbains ont en effet un revenu plus élevé, sont mieux éduqué et disposent d'un réseau des soins à la fois plus moderne et plus dense. Tous facteurs favorables à

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la santé. Si l'urbanisation peut détériorer la santé en provoquant du stress ou de la pollution, ses effets bénéfiques, directs ou indirects, se révèlent largement supérieurs en terme de santé. ces remarques ne s'appliquent toutefois pas à certaines parties des grandes mégapoles où survit une population pauvre et exclue du processus de développement, pour les mêmes raisons.

3. On peut appréhender la relation entre la croissance et état de santé en cherchant s'il existe un lien entre les cycles économiques et les indicateurs de santé, donc une relation en évolution. Il est prouvé par exemple que quand la croissance et forte, la mortalité infantile diminue ; quand elle est faible, comme pendant les crises économique, la probabilité de survie des bébés s'améliore plus lentement.

4. Transition et régression. A contrario, un ralentissement brutal de la croissance, ou une rupture dans le processus de développement, détériore l'état de santé. la transition et la régression de l'Afrique en fournissent deux intéressent exemples. La transition des pays de l'est européen d'une économie centralisée, planifiée et industrielle, vers une économie des marchés libérale, a provoqué une forte inflation, une hyperinflation durable en Russie, un ralentissement momentané de la croissance, très profond en Russie, un déploiement des emplois générateurs de chômage. Le tout engendre des situations de détresse chez l'ancienne élite ouvrière des grands combinats d'Etat, de l'industrie de l'armement et de l'industrie lourde, chez les paysans, condamnés au chômage dans une économie moderne, enfin un démantèlement de la protection sociale dont souffrent les familles et les retraités. Le phénomène a été suffisamment brutal pour provoquer une diminution sensible de l'espérance de vie en Russie, Lettonie et en Roumanie.

2.1.2.2. Santé comme facteur de développement

Les hommes politiques et les stratèges en tiennent compte depuis des lustres. En effet, améliorer l'état de santé permet de perdre moins de journées de travail et d'allonger la durée de la vie active. L'offre de travail s'entrouvre donc accrue en volume et en qualité. Aux USA par exemple, un homme âgé de 45 à 59 ans travaille

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1300 heures de moins (sur une moyenne de 5000 heures annuelle) quant il est en mauvaise santé, et encore 450 heures de moins s'il est célibataires, une meilleure santé et l'aide d'une épouse facilitant la présence au travail (D.O. PARSONS, 1977). La production peut augmenter ainsi que les opportunités de formation et de promotion professionnelles, qui augmentent la productivité.

L'éradication des maladies permet souvent de développer des activités nouvelles, en particulier d'accroître les surfaces cultivées. Par exemple, la lutte contre les moustiques a conduit certains pays à reconquérir des terres inexploitées à cause de la malaria et à augmenter la production vivrière, donc le niveau de vie des paysans et la nourriture dans de nombreux pays d'Afrique. La Banque mondiale mesure bien la rentabilité financière de ce type de programmes : au Sri Lanka, entre 1947 et 1977, l'éradication de la malaria a accru le niveau de vie du pays de 9% en fin de période. J. Sachs, de Harvard, estime que la malaria, qui reste l'un des fléaux les plus répandus en Afrique, réduit le taux de croissance du Gabon de -1% par an, décourage les investissement étrangers et, en frappant les enfants, compromet les développement futur.

Le coût des soins diminue et les femmes contribuent plus à la croissance. Par exemple, un programme de vaccination contre la poliomyélite correctement appliquée présente un taux de rentabilité de 12% en Afrique. La diminution de la mortalité infantile et périnatale incite les femmes à réduire leur taux de fécondité, faisant ralentir la croissance démographique. Cet effet se révèle bénéfique dans les pays dont la croissance économique est inférieure à celle de la population, ce qui bloque la croissance et donc l'amélioration du niveau de vie. Les femmes, subissant moins de grossesses, peuvent alors participer à la vie économique, soit directement par une activité professionnelle, soit en élevant mieux leurs enfants. Cet effet, peut se révéler déterminant dans le démarrage d'un processus de croissance. Les organisations internationale considèrent aujourd'hui l'amélioration de la santé des femmes et la contraception comme un facteur décisif de croissance durable dans les pays pauvres.

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A contrario, on mesure aujourd'hui l'effet dévastateur du Sida sur le potentiel de croissance de certains pays du tiers monde. Cette maladie touche en effet la population d'âge actif et d'âge à procréer : elle diminue donc le taux d'activité et l'épargne et fait un grand nombre d'orphelins. Les soins coûtent cher, même si ces pays si ces pays ne peuvent appliquer le trithérapies utilisées dans les pays développés : un malade coûte en moyenne le double ou le triple du PIB par habitant. Le budget public devra donc supporter à la fois le coût des soins, la prise en charge des orphelins et le coût de l'adaptation des techniques modernes qui devrons se substituer aux travailleurs. Avant la maladie, 1 enfant sur 50 était orphelin, aujourd'hui 1 enfant sur 10. La maladie détourne donc des ressources considérables au détriment des investissements productifs. Ces pays devront faire appel aux capitaux internationaux pour financer ces dépenses et les taux d'intérêt augmenteront, rendant les projets d'investissement moins rentables. Les investisseurs directs sont enfin moins attirés et hésitent à former la population locale dont une forte proportion meurt.

2.1.3. Théories de la croissance endogène

La santé fut longtemps ignorée dans les grands concepts et les modèles de la macro-économie et de la croissance. L'économiste ne se préoccupait guère de cette dimension, la considérant généralement comme l'une des affectations possibles des fruits de la croissance, voir plus souvent comme une contrainte budgétaire pouvant peser sur le processus d'accumulation des richesses.

L'émergence des nouvelles théories au milieu des années 1980, à la suite des premiers travaux de ROMER P. (1983), a permis de nuancer, voire de contester progressivement cette approche. Le développement des théories de la croissance endogène est en effet à l'origine de la prise en compte de la santé, aussi bien en tant qu'investissement, qu'en tant que consommation, dans la croissance économique.

Selon ce courant de pensé, la croissance est influencée par le comportement des agents économiques, et à ce titre l'évolution de l'économie a par essence un caractère endogène. D'une part, l'une de ces principales sources, le progrès

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technique, est désormais perçu comme un facteur déterminé par les actions des agents économiques en connaissance de cause, alors qu'il était jusqu'alors considéré comme exogène, c'est-à-dire engendre en dehors du processus de croissance et intervenant sur celui-ci indépendamment des actions des agents. D'autres part, d'autres interventions sont désormais reconnues comme influençant directement et significativement la croissance économique : les dépenses publiques, la recherche et développement et l'investissement en capital humain.

Or, ces approches révèlent que compatibles avec une analyse liant croissance et santé. en effet, c'est surtout le secteur de la santé, avec celui de l'éducation, qui intégré les principaux facteurs explicatifs de la croissance endogène, que sont la recherche, le capital humain et les dépenses publiques. Toutefois, selon les auteurs, ces dernières sont parfois considérées comme une source de croissance, parfois comme une application des théories de la croissance endogène. Nous nous plaçons ici dans le premier cas. Dès lors, on pourrait penser que la santé est un fort générateur de la croissance endogène. Ce constat pourrait constituer une aux divergences des taux de croissance entre les pays à long terme, constat qui est à l'origine des nouvelles théories de la croissance.

2.1.3.1. Dépenses publiques et santé

Certains modèles de croissance endogène reposent sur l'idée que l'investissement (y compris en capital humain) a des effets externes positifs sur les possibilités de production, ce que les firmes ne prennent pas en considération. Il appartient donc aux instances décisionnaires de l'Etat de prendre des mesures requises pour permettre une meilleures affectation inter temporelle des ressources, en fait pour favoriser la réalisation d'un montant d'investissement plus élevé, en particulier dans les domaines publics tels que l'éducation e la santé.

Les théories de la croissance endogène mettent donc en avant le rôle positif des dépenses publiques ayant un effet d'entraînement sur la croissance. Or, il suffit de rappeler l'importance du secteur de la santé dans ces dépenses pour en

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déduire un lien évident entre la santé et la croissance. En effet, au-delà de l'aspect productif direct de ces dépenses de santé (infrastructures, matériels, etc.), ce sont surtout les retours sur investissements à moyen et à long terme qui justifient cette hypothèse.

Cependant, ceci ne nous permet pas d'avancer l'hypothèse qu'en définitive la non maîtrise des dépenses de santé pourrait donc avoir un rôle positif sur la croissance, ainsi que sur la santé. En effet, partant du cadre économique des pays européens à savoir des systèmes de santé reposant sur le financement public ou parapublic, nous démontrons que la progression incontrôlée des dépenses de santé par rapport à la richesse nationale est non seulement néfaste pour l'économie mais en plus ce phénomène pourrait être nuisible à la santé des populations.

Toute hausse de dépenses de santé plus rapide que la croissance économique entraîne, ceteris paribus, dans un système tel que celui des pays européens, une augmentation des prélèvements obligatoires. De fait, ceci conduit inéluctablement à un ralentissement du rythme de croissance. Voici donc le premier effet néfaste sur la richesse nationale. Ensuite, les travaux sur l'influence de la médecine sur l'état de santé des populations, proposés par McKeown (1976) le premier puis repris par différents auteurs, dont le haut Comité de la santé publique, établissent très clairement que sur longue période, en moyenne, la médecine ne jouait qu'un rôle limité sur l'état de santé global des populations, de l'ordre de 10 à 20%. Et qu'en définitive, les 80 ou 90% restants étaient constitués des variables dites environnementales ou socio-économiques. Bien évidemment, ces conclusions sont à nuancer selon les périodes étudiées (rôle de la vaccination, des antibiotiques, de l'imagerie médicale, etc.), mais dans l'ensemble le rôle de la médecine reste limité dans nos pays comme nous pouvons le constater au cours de deux dernières décennies.

Dès lors, laisser croître les dépenses de santé publiques à un rythme supérieur à celui de la richesse nationale entraîne une détérioration de l'économie (par rapport à une trajectoire optimale) qui se répercute sur les variables socio-économique

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Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

(revenu, chômage, conditions de vie) et in fin joue un rôle négatif sur l'état de santé global des populations. Les gains d'état de santé réalisés grâce aux dépenses supplémentaires, à supposer qu'il existe ce qui n'est pas toujours démontré, ne suffiraient donc pas à compenser l'effet négatif de la détérioration de l'économie sur la santé.

Conclusion partielle

Le présent chapitre a porté sur les généralités conceptuelles. On a passé en revue différents concepts clés de l'étude. Ainsi, les grands concepts traités sont, la pauvreté et la santé. En ce qui concerne le concept de la pauvreté, il est apparu que c'est un concept multidimensionnel, qui peut être appréhendé sous plusieurs angles. C'est ainsi qu'on a passé tour à tour la dimension monétaire et non monétaire ainsi les indicateurs qu'on utilise souvent pour saisir le niveau de pauvreté d'une personne ou d'un ménage.

Le concept de la santé aussi a fait l'objet de ce chapitre. Plusieurs définitions de la santé sont fournies pour élargir le champs d'investigation et de compréhension de ce concept qui revêt plusieurs facettes. Enfin, un lien entre la croissance économique et la santé est établi pour voir dans quelle mesure la santé contribue au développement économique d'un pays.

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CHAPITRE II

SITUATION DE LA PAUVRETE ET DE LA SANTE EN RDC

Le présent chapitre consiste à la description de la situation de pauvreté et de la santé dans laquelle vit la majorité de la population congolaise. Cette dernière situation sera exposée à travers des tableaux issus des différents rapports des enquêtes nationales ainsi que ceux qui retracent de manière exhaustive la situation socioéconomique du pays.

Section 1. Situation de la pauvreté en RDC

1.1. Profil de pauvreté monétaire

Depuis plusieurs décennies, la situation socioéconomique de la RDC laisse à désiré. La grande majorité de la population est pauvre et cette pauvreté, rappelons le, présente plusieurs facettes dont : la faiblesse des revenus ; la non satisfaction des besoins alimentaires ; les difficultés d'accéder aux soins de santé, à la scolarisation, à un logement décent, etc. Selon l'enquête 1-2-3 de 2005, l'incidence de la pauvreté en RDC est de 71,3 %, la part du 1er quintile représentant les 20% de la population la plus pauvre dans la consommation nationale est de 7,8 % et la profondeur de la pauvreté estimée au cours de la même année est de 32,2 % (Min. Plan, DSCRP, 2010).

Selon les estimations du DSCRP de deuxième génération, l'incidence de la pauvreté a baissé d'un point entre 2005 et 2007, passant de 71,34 % à 70%. Toutefois, l'objectif quantitatif du DSCRP de 2006 qui était de passer sous la barre de 70% n'a pas été atteint. L'explication essentielle de cette situation est que la période 2006-2007 a été une période d'instabilité politique avec en toile de fonds l'organisation des élections présidentielle et législative.

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1.1.1. Pauvreté non monétaire

Pour la plupart des indicateurs, il existe une disparité sur les aspects non monétaires de la pauvreté en RDC ; Kinshasa ainsi que le milieu urbain en général étant systématiquement les plus favorisés. Ainsi, pour la mortalité infanto-juvénile par exemple, elle est très élevée en 2007 pour les enfants issus de familles très pauvres (173) par rapport à ceux issus de familles très riches (84).

Tableau 2. Mortalité chez les enfants congolais selon les groupes socio-Économiques

 
 

Un an

 
 

Cinq ans

 
 

MICS

2002

EDS

2007

MICS

2010

MICS

2002

EDS

2007

MICS

2010

Le plus pauvre

147

113

104

248

184

172

Second

138

105

101

233

177

166

Moyen

129

95

116

219

155

194

Quatrième

124

93

93

209

151

151

Le plus riche

75

58

58

119

97

88

Indice de concentration

-0,1

-0,09

-0,08

-0,11

-0,1

-0,1

Source : Institut National de la Statistique

Toutefois, il n'y a pas de fortes différences entre les classes moyennes, d'où un indice de concentration de -0,11. Autrement dit, la mortalité touche de façon presqu'identique tous les enfants congolais, sauf ceux très nantis (Min. Plan, DSCRP-2, 2011).

Le milieu urbain semble moins touché (111 décès) que le milieu rural (174). Au niveau national, on remarque le taux de mortalité infanto-juvénile plus élevé que le taux de mortalité infantile.

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Fig.1. Taux de mortalité infanto-juvénile et infantile (pour 1000 nais.vivantes)

200

150

100

50

0

Urbain Rural National

111

71

174

105

158

97

Taux de mortalité infanto-juvénile (pour 1000 nais.vivantes)

Taux de mortalité infantile (pour 1000 nais.vivantes)

Source : MICS-RDC 2010

Ainsi, que ça soit le taux de mortalité infanto-juvénile ou le taux de mortalité infantile, on remarque des disparités importantes entre le milieu urbain et le milieu rural. Ceci traduit l'intensité de la situation de précarité dans laquelle se trouve la population congolaise en général et celle vivant en milieu rural en particulier.

1.1.1.1. Education

L'analyse de l'ensemble des indicateurs du secteur de l'éducation montre une constante amélioration au cours des dix dernières années, grâce à un financement appréciable du secteur par l'Etat et les Bailleurs. En comparaison avec la situation antérieure, le pays semble mieux bien doter en infrastructures éducatives (dont près de 200 universités et instituts). Cependant, la médiocre qualité des infrastructures offertes a un impact négatif sur leurs performances et place le pays loin des résultats qu'il aurait dû atteindre.

Outre les infrastructures, c'est l'ensemble du système éducatif du pays qui a besoin d'être amélioré, notamment sur le plan institutionnel. Le secteur fait encore face à de nombreuses contraintes qui touchent à la fois l'offre, la demande et la performance interne et externe du système. Ce secteur semble avoir résisté par endroit à la crise internationale de 2008.

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Les statistiques disponibles montrent que, malgré les richesses en eau douce du pays, l'accès à l'eau potable reste faible en RDC. Selon une enquête réalisée

Figure 2. Taux net de scolarisation au primaire

100

40

90

80

70

60

50

30

20

10

0

44,5

39,2 38,7

73,3 76,3

68,4

65,1

56,9

81

91,6

51,7

74,8

2001

2010

Source : Min. Plan DSCRP-final, Comité CDMT

L'éducation est en progression constante dans le pays. La cible du gouvernement à travers le DSCRP-I était d'augmenter le taux brut de scolarisation au primaire de 64,0 % à 70.8 % de 2005 à 2007. Cet objectif est largement atteint par le Gouvernement puisqu'il s'établit à 101,0 % en 2007. Selon les deux enquêtes 1-2-3 (2005) et EDS (2007), le taux net de scolarisation au primaire (enfants de 6 à 11 ans) progresse également et passe de 55,1 % à 61,0 % pendant cette période. Le taux net de scolarisation au secondaire passent de 25,8 % à 28,9 % au cour de cette même période. Le taux de survie au primaire (proportion des enfants commençant la première année d'étude dans le primaire et achevant la cinquième année était de 45 % en 2007. Le taux de déperdition reste élevé avec un niveau estimé à environ 25%.

S'agissant de l'alphabétisation générale de la population, son évolution montre des disparités entre les hommes et les femmes (respectivement 86% et 59 %). Cette différence du niveau d'alphabétisation selon le genre est plus accentuée entre le milieu rural et le milieu urbain.

1.1.1.2. Eau et Assainissement

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en 2005, le taux d'accès à l'eau potable de la population congolaise a été estimé à 27,2 %, contre un niveau avoisinant les 30% en 1990, montrant une régression de la desserte en eau potable déjà très insuffisante et inégalement répartie dans le pays.

En ce qui concerne l'assainissement, seule une faible fraction des ménages congolais a une toilette avec chasse d'eau connectée à l'égout (soit 2,5 % en 2007 contre 1,3 % en 2001). Sur la même période, 12% des ménages font leurs besoins dans la nature. En ce qui concerne les excréments des enfants, 24,0 % des ménages ne les traitent pas de façon hygiénique (c'est-à-dire, les jettent ou enterrent dans la cour). En 2001, seuls 9% des ménages traitaient les eaux usées de façon adéquate (24% en urbain contre 3% en rural), tandis que 60% ne font pas usage de moyens hygiéniques pour se débarrasser des ordures ménagères.

La faible progression des taux d'accès dans ce secteur s'explique par la faible allocation des ressources de l'Etat, dans un contexte de stagnation des investissements publics globaux (19% sur la période 2006/2007 avec une baisse en 2008 à 13%) et les mauvaises pratiques en la matière par la population. L'essentiel des dépenses dans le secteur de l'eau et de l'assainissement, a été consacré à la maintenance et la rénovation des réseaux, d'où une faible augmentation de seulement 1% des taux de desserte. Le lancement par le gouvernement de plusieurs projets (29 sur 32 prévus) devrait permettre d'améliorer l'accès dans un avenir proche. Un grand effort de sensibilisation devra être réalisé auprès de la population pour l'inciter à mieux assainir son milieu de vie.

1.2. Orientation des dépenses publiques en RDC

Les efforts du gouvernement depuis un certain temps sont plus orientés vers la stabilisation du pays post-conflit, surtout dans sa partie Est (qui connait encore une fois de plus une recrudescence d'instabilité), ce qui implique de fortes dépenses militaires. De 2006 à 2008, les dépenses liées aux conflits ont influé significativement sur le déficit global, amenant parfois l'Etat à recourir à un financement monétaire de ses dépenses. Une analyse fine de la structure des dépenses publiques montre aussi que

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sur la même période, les dépenses à fort potentiel de réduction de la pauvreté (les dépenses favorisant une création massive d'emplois, notamment les investissements publics) ont plutôt été réduites, tandis que les dépenses sociales (éducation et, santé particulièrement), dont les effets se font plus sentir à moyen et long termes ont plutôt stagné comme nous le montre les graphiques ci-dessous.

Fig.3. Composition des dépenses budgétaires par piliers stratégiques

Source : Alain Lungungu, Dynamique des choix budgétaires dans un contexte post-conflit. Cas de la RDC.

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Dans ce contexte, la prédominance des dépenses de souveraineté et de sécurité reflète les caractéristiques d'un pays post-conflit orienté par la nécessité de renforcer les institutions démocratiques et l'administration. Les dépenses primaires hors personnel consacrées à la souveraineté et sécurité ont enregistré une augmentation continue de 7 pourcent du Produit Intérieur Brut à 11 pourcent durant la période 200411. Cette évolution cadre avec le besoin éthique de conforter la paix sur le territoire national et de consolider le processus démocratique concrétisé par l'organisation des élections législatives et présidentielles de 2006, et récemment en novembre 2011, sur ressources internes du gouvernement.

Le poids important de ces dépenses de reconstruction de l'Etat, non divisibles mais incontournables, dans un contexte de capacités mobilisatrices des recettes limitées, laisse une marge étroite pour la mise en oeuvre du programme de développement des infrastructures et de lutte contre la pauvreté. Cette situation condamne la RDC à devoir réduire sa fragilité, grâce au recours au financement extérieur. D'où la difficulté de sortie de crise, car ces financements sont à leur tour soumis à de fortes conditionnalités, quelques fois, difficiles à internaliser par les administrations détruites par plusieurs années de conflits et de corruption.

Les dépenses pour l'amélioration du capital humain constituent l'épine dorsale de toute politique d'amélioration du bien-être des populations. Elles portent principalement sur la santé, l'éducation, la culture et la protection sociale tel qu'exprimé dans le tableau situé en annexes (annexe 1).

La volonté du gouvernement de lutter contre la pauvreté et les inégalités dans le pays se reflète à travers ces dépenses. Ces charges ont vu leur poids fléchir nettement sur la période, passant de 5,4 pourcent en 2004 à 4 pourcent en 2011 (cfr. Annexe 1), après avoir atteint un pic de 16,8 pourcent en 2007. Malgré une hausse incontestable des dépenses liées au capital humain en terme nominal et par rapport au PIB (de 0,5% du PIB en 2004 à 0,6% du PIB en 2011), leur poids en relation à l'ensemble des dépenses primaires, hors personnel, a connu une stagnation sur la période 2008-11, qui cache cependant une augmentation notable entre 2004 et 2007, passant de 5,4% à un pic de 16,8%, pour ensuite diminuer progressivement jusqu'à

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4,0% en 2011. Le secteur de la santé, présente une évolution plus nuancée de son poids relatif dans les dépenses primaires hors personnel, avec un taux culminant à 7 % en 2007, qui a connu une chute drastique, pour atteindre 1,8 % en 2011.

Section 2. Situation de la santé en RDC

2.1. Historique du système de santé en RDC

L'historique du système de santé de la RDC comme celle d'autres Etats africains se distingue par le caractère institutionnel et par l'initiative des pouvoirs publics.

La RDC a hérité d'un système de santé basé essentiellement sur des hôpitaux et des dispensaires appuyés par des équipes mobiles de lutte contre les grandes endémies. Les multiples crises politiques que connaîtra le pays immédiatement après, et qui se sont accompagnées de l'effondrement progressif de l'économie, ne vont pas épargner le secteur de la santé. C'est ainsi que très vite, les nombreux hôpitaux et dispensaires du pays vont se retrouver démunis de leurs équipements, et la chaîne d'approvisionnement en médicaments connaîtra plusieurs ruptures entre le niveau central et les points d'utilisation. L'arrière-pays sera le plus touché.

Le besoin de restructuration du système de santé pour faire face à la situation sera clairement souligné dans le Manifeste de la Santé et de Bien-être publié en 1968. Et en vue de matérialiser cette orientation, il sera créé en 1973, le Conseil National de la Santé et du Bien-être. Cette structure qui se voulait inter sectoriel, était chargée de la conception, de l'orientation et du contrôle de la politique sanitaire nationale. En plus de grandes orientations politiques, les années 70 sont caractérisées par le développement des expériences en médecine communautaire, respectivement à Bwamanda (province de l'Equateur), à Kisantu (province du Bas-Congo), à Kasongo (province du Maniema) et Vanga (province de Bandundu). Ces expériences vont être déterminantes et vont influencer d'une manière caractéristique la politique de santé de

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la RDC. C'est en effet de ces expériences que sont nées les premières unités décentralisées associant la population à leur fonctionnement : les Zones de Santé (ZS).

Quoique plusieurs réflexions soient menées, et alimentées de surcroît par des expériences de terrain, il n'existe pas à proprement parler jusqu'en 1984 des documents spécifiquement consacrés à la politique sanitaire. La RDC achèvera effectivement en 1984 de définir sa politique et sa stratégie dans le domaine de la santé, concrétisant ainsi son adhésion à la charte de développement sanitaire en Afrique. Ce processus commencé en 1975, à l'instigation du Ministre de la Santé Publique (MSP), avec l'organisation de la première conférence nationale sur la médecine communautaire, sous l'impulsion de deux réseaux confessionnels impliqués dans l'offre des soins (catholique et protestant), attendra le Plan d'Action sanitaire 1982-86 et parallèlement le Programme de Réhabilitation Economique de 1983-86 pour voir apparaître les préoccupations des autorités politiques vers les soins de santé primaires et voir consacrer la ZS comme unité opérationnelle de planification et de mise en oeuvre de la nouvelle politique axée sur la stratégie des soins de santé primaires (Min. de la Santé, 2010).

L'année 1985 sera celle de l'achèvement de la délimitation du pays en zones de santé mais aussi l'année de la fin des actions mues par une vision du système de santé. Cette année sera aussi celle de la restructuration du FONAMES (Fonds National Médico-Sanitaire), dont la mission n'est plus celle de combattre les endémo-épidémies mais devient celle de coordonner au nom du MSP, l'aide des partenaires aux ZS. Malheureusement, le FONAMES ne jouera jamais ce rôle, laissant ainsi continuer le manque de coordination efficace de l'aide des partenaires aux ZS.

La période 1987-1991 est celle du fléchissement de l'enthousiasme des partenaires pour l'extension de la couverture en ZS fonctionnelles. Quelques éléments pour essayer de comprendre le phénomène :

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- le projet de formation des cadres des ZS (PNUD-OMS) mis en oeuvre par le FONAMES met l'accent sur le Médecin Chef de Zone de Santé (MCZS) comme représentant du MSP et non comme membre de l'équipe de la ZS;

- les décisions unilatérales du MSP de permuter les MCZS problématiques (qui ont mal géré) vers des ZS fonctionnelles au mépris du principe de méritocratie;

- les décisions unilatérales du MS de transférer les MCZS formés en santé publique des ZS fonctionnelles vers les fonctions administratives aux niveaux intermédiaire et national.

La période de 1993 à nos jours se caractérise par des aides humanitaires et des opportunités manquées. En effet, cette période a été marquée sur le plan national par le changement en mai 1997 du régime politique avec une opportunité de remise en question de l'ensemble de la vie nationale. Plusieurs rendez-vous sont à mentionner sur le plan sanitaire :

- L'organisation des Etats Généraux de la Santé en décembre 1999 ;

- La tenue du colloque SANRU en février 2003 avec comme thème « rebâtissons les soins de santé primaires en RDC » par le fondement communautaire, la gestion améliorée, le leadership dynamique et l'intégration aussi bien des programmes, des partenaires que des autres secteurs sociaux ;

- Et enfin, la tenue en mai 2004 de la Table Ronde de la Santé.

Mais qu'est ce qui fait que le système de santé soit moins performant qu'il ne l'a été avant 1985 ? Et pourtant, le flux financier dans le secteur de la santé, quoique toujours insuffisant, n'a jamais été aussi important qu'aujourd'hui (Min. de la Santé, 2010).

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2.2.

Caractéristiques du système de santé congolais

Le tableau ci-dessous, donne la configuration des districts et zones de santé en RDC. Ceci donne une idée sur le fonctionnement du système de santé congolais.

Tableau 3 : Répartition des Zones de Santé par province

Province

Districts Sanitaires

Zones de Santé

1

Bas-Congo

5

31

2

Bandundu

6

52

3

Equateur

8

69

4

Kinshasa

6

35

5

Kasaï Oriental

4

43

6

Kasaï Occidental

6

49

7

Katanga

7

67

8

Maniema

4

18

9

Nord-Kivu

4

34

10

Sud-Kivu

5

34

11

Province Oriental

10

83

 

Total

65

515

Source : Plan National du Développement Sanitaire (PNDS) 2011-2015

Le tableau ci-dessus reflète les insuffisance constatées dans le fonctionnement du système de santé de la RDC. En effet, les différents effectifs de districts et zones de santé repris ci-haut ne correspondent pas à la demande de soins de santé par une population congolaise en pleine croissance. Cette croissance démographique n'est fort malheureusement pas accompagnée des actions ciblées dans le secteur de la santé car, beaucoup de facteurs entravent la bonne marche du système et donnent lieu à des interventions un peu disparate.

La situation d'urgence, consécutive aux troubles sociopolitiques que connaît le pays depuis 1990, a balisé la route à des interventions humanitaires dont l'approche a été essentiellement une approche sélective des problèmes de santé. Ces interventions qui, avec la normalisation de la situation socio-économique, devaient au fur et à mesure laisser la place aux interventions de développement, passent

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malheureusement à la chronicité et démasquent au fil de temps leur vrai visage : un outil de déstructuration du système de santé de la RDC.

L'approche sélective des problèmes de santé avec une priorité accordée aux interventions de lutte contre certaines maladies, dites les plus meurtrières, a atteint son point culminant avec l'adoption en septembre 2000, lors du sommet du millenium des Nations Unies, des Objectifs du Millenium pour le Développement (OMD) dans le but d'accélérer la réduction de la pauvreté. Ceci s'est traduit par la création au niveau international d'une série des programmes sélectifs et des fonds d'appui aux problèmes spécifiques de santé.

A l'évidence, sur le plan interne de la RDC, le bon sens suffit pour dire que l'organisation actuelle du niveau central du MSP en 13 Directions Centrales et 52 Programmes Spécialisés rend très difficile la fonction de coordination intra sectorielle qui doit être assurée par le Secrétaire Général à la Santé, et conduit inévitablement aux chevauchements dans les missions et attributions des Directions et Programmes spécialisés. Cet état des choses n'est pas sans conséquence sur l'offre des soins au niveau opérationnel. De plus, les stratégies de survie individuelle et institutionnelle depuis des décennies, et qui au fil de temps sont devenues des caractéristiques de fonctionnement des institutions (MSP & éducation notamment) ont conduit à une multiplication des structures aussi bien de formation que de prestation des soins. C'est ainsi qu'on dénombre actuellement plus d'une soixantaine des facultés et institut de niveau supérieur offrant une formation dans le domaine de la santé.

Depuis 1998 le nombre d'ITM (Instituts des Techniques Médicales) a augmenté d'environ 15% par an. Il y a en ce moment 362 ITM offrant des formations d'infirmiers ou d'autres professions auxiliaires. Parmi celles-ci, 241 ont été officiellement agrées, et 121 en attente d'agrément. Ces chiffres ne prennent en compte que les structures enregistrées au MSP à Kinshasa. Le nombre réel est sans doute encore plus important.

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Subsidiairement à ce qui se passe au niveau central, une tendance se dessine pour le niveau intermédiaire, la multiplication des bureaux dans une logique de reproduction des tâches des Directions centrales et la création des Coordinations et Points focaux des Programmes spécialisés. Les deux échelons du niveau intermédiaire à savoir, l'Inspection Médicale Provinciale et l'Inspection de District, tirent ainsi leurs priorités du niveau central.

Au niveau opérationnel, outre le fait qu'un nouveau découpage des ZS est intervenu, l'intégration des structures dans celle-ci pose problème (l'hôpital évolue à part et fait concurrence aux centres de santé). La plupart des Programmes subsidiés par des bailleurs des fonds étendent leurs activités jusqu'au niveau périphérique. Le Paquet Minimum d'Activités (PMA), au lieu d'être mis en oeuvre de façon intégrée par une équipe polyvalente, devient un PMA sélectif mis en oeuvre par du personnel spécialisé (Min. de la Santé, 2006).

Le système de santé est caractérisé ainsi par la désintégration qui se traduit par la désarticulation de ses éléments, l'exercice anarchique des activités de santé, la production de services de santé de qualité douteuse et la déshumanisation des services de santé.

2.3.

Problèmes du système de santé congolais

Les problèmes identifiés dans le secteur de santé en RDC peuvent être regroupés comme suit :

2.3.1. Facteurs imputables à des situations d'urgence

Les situations d'urgence qui ont prévalu ces dernières années avec la préoccupation de faire tout et tout de suite ont été un prétexte pour faire des interventions de façon disparate, sans suivre une démarche cohérente. Une des conséquences de cette façon de faire est la multiplication des infrastructures qui ne répondent à aucune logique de rationalisation de la couverture sanitaire. Dans la logique de rapprocher les soins de santé des bénéficiaires, nous assistons à la création

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Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

des Centres de Santé de Référence (CSR) pratiquant des interventions chirurgicales et postes de santé (PS) dans les aires de santé.

Outre le fait que la création des CSR et PS ont une influence néfaste sur la qualité des soins, ces dérives ont également eu comme conséquence, par leur inefficience, des effets à long terme sur la durabilité du système, d'un point de vue économique, mais aussi d'un point de vue technique.

2.3.2. Absence d'un cadre de référence correcte pour la définition des services de ZS

L'hôpital semble avoir été « oublié » comme élément structurant de la ZS et comme structure chargée de l'appui au développement des services de premier échelon. La séparation des responsabilités entre la gestion de l'hôpital et celle de la ZS (Médecin Chef de l'hôpital et Médecin Chef de zone) constitue également un élément déstructurant du système. L'idée que l'équipe polyvalente du CS travaille par délégation de l'Equipe Cadre de la Zone de Santé (ECZ) semble progressivement céder le pas à la mise en place au niveau du CS des activités de contrôle des maladies segmentées en relation avec des programmes prioritaires bien financés (PNT, PEV, PNLS, PNSR, PNTHA, PNLO,...). Par ces faits, la notion d'intégration, de globalité et de continuité qui caractérisent les SSP disparaît et la supervision est vidée de son contenu, en tant qu'instrument de formation continue visant un renforcement global des capacités du personnel en charge des services en contact avec la population.

Au niveau de l'équipe de gestion de la ZS, il y a peu de travail d'équipe. Ceci est dû notamment au fait que les services de la ZS (CS et HGR) ne sont pas (ou peu) vus comme des services intégrés, ayant des fonctions spécifiques mais complémentaires et devant fonctionner de manière coordonnée.

S'il est vrai que tout le monde s'accorde sur la nécessité de développer les ZS comme le recommande d'ailleurs le cadre normatif du secteur de santé (PNS et PDDS), il est tout aussi vrai que les acteurs du secteur de la santé ne se sont pas encore accordés sur la manière de le faire, sur la stratégie (principales interventions) à mettre

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en oeuvre en vue du développement des zones de santé. Cette absence de vision commune a été décriée dans plusieurs forums organisés au sein du secteur de la santé. Parmi ces forums, on peut citer : la Table Ronde du secteur de la santé organisée en mai 2004, la revue annuelle 2004, etc.

2.3.3. Système de financement et ses effets pervers

Le système de financement du secteur de la santé en RDC repose principalement sur un trépied constitué du budget de l'Etat, des apports extérieurs (bilatéraux et multilatéraux) et du recouvrement des coûts des soins et services de santé auprès des usagers (jusqu'à 70% des frais de fonctionnement). Le budget de l'Etat consacré à la Santé et son taux d'exécution sont restés faibles. En 2001 par exemple, moins de 1% du budget de l'Etat a été consacré à la santé avec un taux d'exécution de 50%. Ce budget a certes évolué depuis, mais il continue à rester largement inférieur aux besoins du secteur et à la limité fixé par l'OMS (soit entre 10 à 15% du budget total de l'Etat).

Tableau 4. Evolution des Budgets de l'Etat et de la Santé (RDC) (2000 -2010, en $ Us)

Année

Rubrique

 

Prévision

 

Réalisation

2000

Budget global

1

108

269 326

1

025

704 800

Budget santé

 

10

469 422

 

1

782 044

Structure

 
 

0,94

 
 

0,17

2001

Budget global

 

328

830 688

 

498

628 088

Budget santé

 

10

978 871

 

3

600 861

Structure

 
 

3,34

 
 

0,72

2002

Budget global

 

580

188 092

 

527

957 268

Budget santé

 

4

725 654

 
 

944 010

Structure

 
 

0,81

 
 

0,18

2003

Budget global

 

905

342 872

 

709

608 221

Budget santé

 

23

911 701

 

22

768 880

Structure

 
 

2,64

 
 

3,21

2004

Budget global

1

168

244 552

 

948

755 297

Budget santé

 

84

175 668

 

22

653 576

Structure

 
 

7,21

 
 

2,39

2005

Budget global

1

791

487 613

1

375

620 715

Budget santé

 

79

858 697

 

51

219 329

Structure

 
 

4,46

 
 

3,72

2006

Budget global

2

178

731 490

1

397

559 718

Budget santé

 

96

019 449

 

45

198 481

76

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

 

Structure

 
 

4,41

 
 

3,23

2007

Budget global

2

446

981 439

1

625

249 346

Budget santé

 

88

589 100

 

96

407 247

Structure

 
 

3,62

 
 

5,93

2008

Budget global

3

562

830 326

2

762

935 307

Budget santé

 

107

581 930

 

107

235 491

Structure

 
 

3,02

 
 

3,88

2009

Budget global

4

995

544 984

2

783

606 796

Budget santé

 

264

049 473

 

390

917 761

Structure

 
 

5,29

 
 

14,04

2010

Budget global

5

949

372 163

3

477

341 298

Budget santé

 

326

662 414

 

165

553 888

Structure

 
 

5,49

 
 

4,76

Source : DPSB, Ministère du Budget et DEP, Ministère de la Santé.

La part du budget de l'Etat consacré à la santé est restée inférieure aux besoins de la population comme nous venons de le souligné, voire inférieur à 2% du budget global de l'Etat entre 1998 et 2000, il est remonté à 3,34% avant de retomber à moins de 1% en 2002. Cette part du budget a augmenté, en partie grâce à l'initiative PPTE, pour atteindre 7,2% en 2004. Toutefois, la majeure partie du budget couvre les salaires et la répartition géographique est nettement en faveur de Kinshasa. Le budget est présentement alloué aux institutions publiques sur des bases subjectives sans tenir toujours compte de la performance ou des besoins. Enfin, il existe un écart important entre le budget et les dépenses réelles tant au niveau du volume (taux d'exécution estimés de 75% en 2002, 89% en 2003) que de l'allocation. Les tableaux qui suivent dressent l'évolution des budgets de l'Etat et de la santé pendant la période 2000-2010.

Tableau 5. Evolution des Prévisions et des exécutions des budgets PTTE global et Santé, de 2003 à 2010 (en CDF et en $ US)

Année

Rubrique

Budget PPTE (en CDF)

Budget PPTE (en $ US)

Prévision

Réalisation

Prévision

Réalisation

2003

Budget global

11.783.000.000

-

29 093 827

-

Budget santé

3.635.668.342

-

8 976 953

-

structure

30,86%

-

30,86%

-

2004

Budget global

44.331.000.000

-

111 300 527

-

Budget santé

8.866.200.000

508.142.765

22 260 105

1 275 779

structure

20,00%

-

20,00%

-

2005

Budget global

49.355.000.000

-

104 172 823

-

77

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

 

Budget santé

9.537.880.000

9.493.542.600

20 131 453

20 037 871

structure

19,33%

-

19,33%

-

2006

Budget global

62.942.790.337

-

136 222 115

-

Budget santé

12.539.244.632

11.647.993.780

27 137 698

25 208 834

structure

19,92%

-

19,92%

-

2007

Budget global

-

-

-

-

Budget santé

-

-

-

-

structure

-

-

-

-

2008

Budget global

19.947.622.038

-

35 549 654

-

Budget santé

3.500.000.000

5.753.355.078

6 237 525

10 253 342

structure

17,80%

-

17,80%

-

2009

Budget global

-

-

-

-

Budget santé

-

-

-

-

structure

-

-

-

-

2010

Budget global

218 278 841 104

200 424 081 807

240 965 768

221 255 265

Budget santé

29 912 970 625

22 252 451 136

33 021 991

2 456 527

structure

13,70%

11,10

13,70%

1,11%

Source : DPSB, Ministère du Budget.

Le tableau ci-dessus indique l'évolution des prévisions et des exécutions des budgets PPTE global et santé, de 2003 à 2010 (en CDF et $ US). Ces fonds ont permis d'élargir l'espace budgétaire pour financer les dépenses pro pauvres. Dans le secteur de la santé, les ressources provenant de l'initiative PPTE sont allouées à deux catégories de dépenses, à savoir, les primes et les coûts hors rémunération (médicaments, équipement, réhabilitation, etc.). La proportion de la rémunération financée sur les ressources PPTE est payée par la procédure normale de paiement des salaires. Les dépenses hors rémunération sont, par contre, exécutées par le gouvernement, au niveau central à Kinshasa, et distribuées en nature aux zones de santé.

A cause du désengagement progressif de l'Etat dans le financement du système de santé, il s'est créé des flux financiers où l'argent de la contribution des malades remonte pour financer les niveaux administratifs supérieurs. Cette pratique s'est intensifiée à partir des années 1990, lorsque les centres de santé et hôpitaux ont

78

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

été amenés à reverser 5-10% de leurs entrées financières aux bureaux centraux des zones de santé (BCZS) qui eux-mêmes devaient en faire autant pour le niveau provincial, et celui-ci pour le niveau central. Ces versements servent au fonctionnement des activités, mais également aux rémunérations des personnels à ces différents niveaux. Au fil des années ce système de taxation informelle et inéquitable s'est enraciné et est devenu un des moteurs du système pour la survie financière des individus et des institutions.

L'aide extérieure consacrée à la santé a certes augmenté depuis 2001, mais elle est en grande partie destinée aux programmes verticaux (Fonds Mondial de lutte contre le Paludisme, le VIH/SIDA et la Tuberculose, Multi Country Aids Programm...etc.). Le fait que ces ressources destinées aux programmes verticaux aient été pratiquement les seules disponibles dans le secteur de la santé au lendemain de la redéfinition de la politique nationale de santé, a certainement contribué à la marginalisation de la stratégie basée sur les Soins de Santé Primaires (SSP) et de la ZS comme unité opérationnelle.

La forte dépendance du financement de la santé vis-à-vis de l'extérieur s'est accompagnée des dysfonctionnements qui se matérialisent dans la structure du MSP aussi bien au niveau central qu'au niveau intermédiaire : la multiplication de Directions et de Programmes spécialisés.

Outre la création des structures correspondantes au niveau intermédiaire, les programmes exercent un effet d'aspiration des ressources importantes du niveau intermédiaire vers des réunions fréquentes au niveau de Kinshasa. Au lieu de se préoccuper d'appuyer le développement des ZS, la structure intermédiaire regarde vers le haut, pour en tirer des bénéfices immédiats. Dans un contexte de pauvreté, les interventions humanitaires sont été perçues par une certaine classe politique' comme le seul moyen d'octroyer des ressources (véhicule, moto, groupe électrogène, etc.) à sa communauté', ceci est l'une des raisons qui expliquent que le nombre des ZS est passé de 306 à 515 en 2003.

79

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

2.3.4. Développement anarchique du secteur privé

Ce système « de survie » est également alimenté par toute une série de canaux comprenant notamment toutes sortes d'autorisations de fonctionnement ou d'ouverture pour les privés, les amendes et taxes, etc. Un privé à but lucratif non régulé s'est installé. Dans un contexte d'absence des mécanismes pour assurer la qualité des soins, le développement anarchique du privé constitue un facteur de danger pour la santé des populations et un facteur d'explosion des coûts des soins de santé et partant de l'accentuation de la pauvreté (les grands contributeurs étant les ménages).

2.3.5. Participation communautaire mal comprise

Devant le constat des services peu fonctionnels, on voit apparaître une floraison intense des « relais communautaires » dont la qualification et le niveau technique sont insuffisants pour constituer une alternative au personnel de santé qualifié. Si le recours aux « relais communautaires » pouvait se justifier dans les années 70, la situation a complètement changé, le contexte du système de santé est aujourd'hui caractérisé par une pléthore du personnel infirmier et une inflation des écoles d'enseignement médical. L'une des idées centrales de la participation communautaire est que la population devrait avoir un mot à dire sur ce qu'on lui offre : on en est bien loin. Et pourtant, la population contribue pour près de 70% au financement des charges récurrentes du fonctionnement des certaines zones de santé.

2.3.6. Problème des ressources humaines

Bien que fragmentaires, les données actuelles montrent que les ressources humaines pour la santé sont un problème sérieux en RDC. Si en 1998, le nombre de médecins en RDC était d'environ 2000 et celui des infirmiers 27.000, à l'heure actuelle, il est difficile de dire combien il y a de médecins et d'infirmiers en RDC. En effet, comme indiqué plus haut, il existe dans le pays près de 60 établissements d'enseignement supérieur qui forment des médecins et des infirmiers. Près de 1500 médecins sortent chaque année des seules Universités de Kinshasa et de Lubumbashi. Tout porte à croire que leur nombre est sérieusement en hausse depuis le

80

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

début des années 2000. Les Instituts des Techniques Médicales (ITM), qui sont à environ 362 dans le pays forment chaque année près de 7.000 infirmiers. Pour cette catégorie aussi, le nombre est en croissance rapide. Les effets pervers de cette inflation du personnel commencent déjà à se faire sentir sur terrain.

On assiste depuis quelques années à une multiplication du nombre des structures de santé dans les ZS. Le nombre d'aires de santé qui disposent de plus de 10 structures de santé devient de plus en plus important. Ces structures sont pour la plupart créées par le personnel de santé formé en surplus et qui n'a pas trouvé du travail dans une structure formelle. Pour des raisons de survie individuelle ou institutionnelle comme on l'a décrit plus haut, ces structures de santé qui offrent des soins de santé de qualité pour le moins douteuse, sont entretenues du fait qu'elles contribuent au fonctionnement des niveaux hiérarchiquement élevés.

La modicité des salaires actuellement payés par la Fonction Publique est un autre facteur qui compromet sérieusement la mise en oeuvre de notre politique de santé basée sur les soins de santé primaires et la réalisation d'autres priorités tant nationales qu'internationales (OMD).

En effet, outre le fait de renforcer la stratégie de survie mentionnée plus haut, le caractère non attrayant des salaires payés crée une instabilité du personnel qui se trouve ainsi dans une recherche continue du plus offrant. L'insuffisance de motivation du personnel a conduit, dans une logique d'appui aux interventions spécifiques, à la mise en place des systèmes de primes de performance et d'autres modes de rétribution par per-diem, dont les effets pervers sur le personnel et les services ne se sont pas fait attendre. Ce système amène inexorablement au paiement à l'acte tout à fait en contradiction avec une approche globale de la santé et contraire au principe de solidarité retenu dans la Politique Nationale de Santé. La répartition non équitable des ressources humaines entre le milieu rural et urbain est un autre problème que pose la gestion des ressources humaines pour la santé en RDC.

81

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

2.3.7. Absence de leadership du Ministère sur le secteur

La baisse quasi constante de la part du budget de l'Etat consacré à la santé a eu entre autre pour conséquences (i) la perte par le Ministère de la Santé d'une bonne part de son autonomie pour décider, orienter et conduire la politique nationale de santé (PN) et les politiques sous sectorielles, (ii) l'insuffisance de la coordination des bailleurs qui interviennent dans le secteur par insuffisance des cadres nationaux compétents qui soient à mesure d'assumer cette coordination en fonction des politiques et stratégies clairement définies (une bonne partie des cadres nationaux a migré chez les partenaires et une autre s'est expatriée), (iii) un manque de contrôle du Ministère sur le financement du secteur mettant les responsables du secteur dans des conditions où ils ne savent pas au début de chaque exercice budgétaire, de combien des ressources ils vont disposer et d'où elles proviendront afin de réaliser la politique nationale de santé, ce qui rend aléatoire tout exercice de planification à long terme, (iv) le modèle conceptuel du système de santé basé sur la Zone de Santé comme unité opérationnelle se trouve ainsi fortement perturbé par d'autres modèles à travers lesquels les bailleurs des fonds véhiculent leur financement.

2.4.

Objectifs du Millénaire pour le Développement et le système de santé en

RDC

Le système de santé de la RDC comme on l'a vu plus haut a été parmi les plus performants du continent au point d'alimenter certaines réflexions sur la réforme sanitaire au niveau international. La période au cours de laquelle est intervenue sa désarticulation (de 1990 à ce jour) correspond à celle au cours de laquelle ont viré au rouge la plupart d'indicateurs sociodémographiques du pays comme le soulignent l'état des lieux du secteur de la santé (Ministère de la Santé, 1998) et le (MICS 2 ,2001). Ceci montre que le virage au rouge des indicateurs des Objectifs du Millénium pour le Développement relatif à la Santé en RDC est entre autre une conséquence de la baisse de la réponse nationale aux principaux problèmes de santé du fait de la désarticulation du système.

82

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Tableau 6. Evolution des indicateurs des OMD

Objectif

Indicateurs

1990

2007

2010

2015
(cible)

Probabilité
d'atteindre
l'objectif

OBJECTIF 1 : Réduction de l'extrême pauvreté et de la faim

Proportion de la population disposant de moins d'un dollar par jour en parité du pouvoir d'achat

80

70

 

40

Invraisemblable

Taux de chômage des 15 à 24 ans en milieux urbain

 

32,23

(2005)

 

10

Invraisemblable

Pourcentage d'enfants de moins de 5 ans présentant une insuffisance pondérale modérée

28

31,4

24

14

Invraisemblable

OBJECTIF 2 : Assurer l'éducation primaire pour tous

Taux net de fréquentation dans le primaire (6 -11 ans)

56

61

75

100

Potentiellement

Taux d'achèvement du primaire

51

44,3

 

100

Invraisemblable

Taux d'alphabétisation d'hommes de 15 ans et plus

 

85,8

 

100

Potentiellement

Taux d'alphabétisation des femmes de 15 ans et plus

 

58,9

 

100

Invraisemblable

OBJECTIF 3 : Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes

Rapport filles/garçons dans l'enseignement primaire

 
 

0,93

1

Potentiellement

Rapport filles/garçons dans l'enseignement secondaire

 
 

0,81

1

Potentiellement

Rapport filles/garçons dans l'enseignement supérieur

 

0,62

(2005)

 

1

Invraisemblable

Proportion de sièges et postes occupés par les femmes au parlement national

6

7,7

 

50

Invraisemblable

OBJECTIF 4 : Réduire la mortalité infantile

Taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans ou infanto juvénile

 

165

158

60

Invraisemblable

Taux de mortalité infantile (mortalité des enfants < 1 an)

92

98

97

30

Invraisemblable

Proportion d'enfants de 12-23 mois ayant reçu tous les vaccins.

 

30,6

48

90

Invraisemblable

OBJECTIF 5 : Améliorer la santé maternelle

Taux de mortalité maternelle

 

549

 

322

Invraisemblable

Consultation Prénatale

 

85

 

100

Potentiellement

Proportion d'accouchements assistés par un personnel de santé qualifié

 

74

 

100

Potentiellement

Prévalence contraceptive

4,6

6

 

15

Invraisemblable

OBJECTIF 6 : Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies

Taux de prévalence du VIH/SIDA

5

 

3,7

3,1

Potentiellement

Pourcentage d'enfants de moins de 5 ans qui dorment sous des moustiquaires imprégnées d'insecticides

 

3,4

 

15

Invraisemblable

OBJECTIF 7 : Assurer un environnement durable

Proportion des zones forestières

54,6

62

 
 

Invraisemblable

Superficie des zones protégées.

9

10,4

 

15

Invraisemblable

Proportion de la population ayant accès de façon durable à une source d'eau meilleure notamment le groupe vulnérable y compris femmes et enfants

 

46,2

47

71

Invraisemblable

Proportion de la population ayant accès à un meilleur système d'assainissement notamment le groupe vulnérable y compris femmes et enfants

10

17,6

 

55

Invraisemblable

OBJECTIF 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement

Aide publique au Développement en pourcentage du PIB

5,49

15,5

10,7

5

Potentiellement

Stock de la dette en pourcentage du PIB

120

102

104,1

94,4

Potentiellement

Service de la dette en pourcentage des exportations

13,5

1,97

4,1

13,3

Invraisemblable

Source : Ministère du Plan, Rapport pays sur les OMD 2010.

83

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Cette désarticulation est en grande partie due à l'environnement dans lequel a évolué le système de santé (mauvaise gouvernance, conflit armé, marginalisation des ressources humaines pour la Santé qui en RDC sont gérées par la Fonction Publique, etc.). De manière concrète et à titre d'exemple, on peut citer parmi les indicateurs des OMD.

2.4.1. Mortalité générale, infantile et maternelle

Fig.4. Evolution de la mortalité chez les enfants congolais (1995-2010)

250

200

150

100

50

0

148

1995 2001 2007 2010

220 213

126

98 97

155 158

Mortalité infantille Mortalité infanto-juvénille

Source : MICS et EDS

Les enquêtes rétrospectives sur la mortalité ont fait apparaître un taux de mortalité extrêmement élevé parmi les populations affectées par les conflits armés, et l'on estime que près de 5 millions de décès peuvent être attribués à la guerre depuis 1997. La mortalité infanto juvénile est passée de 192 et 220 décès pour 1000 naissances vivantes entre 1990 et 2001. Le taux actuel correspond à environ 450.000 à 500.000 décès chaque année dans cette tranche d'âge (estimation faite sur base d'une population de 58.3 millions d'habitants).

Dans les régions affectées par les conflits, ce taux de mortalité infanto juvénile est extrêmement élevé. Dans la moitié orientale du pays, il a été estimé jusqu'à 408 décès pour 1000 naissantes vivantes en 2002. Le ratio de mortalité maternel qui était de 850 décès pour 100 000 naissances vivantes en 1985 est passé à 1.289 décès pour 100.000 naissances vivantes en 2001, ce qui correspond à 36.000

84

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

femmes qui meurent chaque année en couche. Il est ainsi l'un des plus élevés au monde.

2.4.2. Prévalence du VIH/SIDA

La prévalence du VIH/SIDA en RDC est estimée à 4,5% ceci témoigne que l'infection du VIH/SIDA s'est propagée des groupes à risques à la population générale. La prévalence est très élevée au sein des populations à risque. A Kinshasa, elle a été estimée à 30% chez les prostituées. Des études ponctuelles ont montré une nette progression de la séroprévalence surtout dans la partie Est du Pays, allant jusqu'à 24,8% chez les femmes enceintes (Save the Children, UK 2001). Cette prévalence correspond à environ 1,2 millions d'adultes infectés par le VIH et on estime à 100 000 décès chaque année dus au VIH/SIDA. Le nombre d'orphelins du VIH a était estimé à 700 000 en 2004 par l'ONU SIDA. En 2004, seuls 5000 patients étaient sous traitement anti rétroviral sur l'ensemble du territoire national.

2.4.3. Indicateurs de la lutte contre le Paludisme

On ne dispose pas des données sur le paludisme pour la période d'avant 1985 pour pouvoir les comparer aux données actuelles. Cependant, tout porte à croire que la désarticulation du système de santé a eu un effet néfaste sur les efforts de contrôle de cette endémie.

En effet, en dépit de la création du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) et de la définition de la politique, il semble bien y avoir une fracture entre les principes tels que édictés par la politique de lutte contre le paludisme et les habitudes des praticiens. Il n'était pas rare jusqu'il y a quelques temps de voir des partenaires dans certaines parties du pays, continuer à approvisionner les centres de santé en chloroquine au moment où cette molécule était déjà remplacée par la Sulfadoxine-pyriméthamine comme traitement de première intention. Quatre vingt dix sept pourcents (97%) de la population congolaise sont exposés au paludisme endémique, les trois autres pourcentages le sont au paludisme épidémique dans les

85

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

40

50

30

20

10

0

Urbain Rural National

49

39

36

Enfant de moins de 5 ans ayant eu de la fièvre et reçu n'importe quel traitement antipaludique, RDC,2010

Source : MICS-RDC 2010

hautes montages de l'Est du pays. La prévalence de la fièvre chez les enfants de moins de 5 ans est de 42%. Ceci correspond à 6 à 10 épisodes par enfant et par an.

Le nombre total annuel d'épisodes de paludisme dans le pays selon les estimations varie entre 60 et 100 000 000. Depuis le début de l'année 2005, la combinaison Amodiaquine-Artesunate a été introduite comme médicament de première ligne dans le traitement contre le paludisme en RDC. Cependant, la quinine continue à être prescrite pour soigner les épisodes de fièvre/paludisme simples dans plusieurs formations médicales du pays. Le paludisme est la principale cause de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans. On estime entre 150 000 et 250.000, le nombre d'enfants de moins de 5 ans qui meurent chaque année de paludisme. En 2001, la couverture en moustiquaires imprégnées d'insecticide était de moins de 1%.

Par ailleurs, le principal symptôme du paludisme est la fièvre. En RDC, 27 pour cent des enfants de moins de cinq ans ont eu de la fièvre au cours des deux semaines précédant l'enquête. Parmi ces enfants, 39% ont reçu des antipaludéens. En zones rurales, le traitement antipaludique des enfants ayant eu de la fièvre était de 36% contre 49% en zones urbaines.

Figure 4. Enfants de moins de 5 ans ayant de la fièvre et reçu un antipaludéen (2010)

86

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

2.4.4. Indicateurs de la lutte contre la Tuberculose

L'OMS a estimé qu'en 2003 l'incidence annuelle des TPM+ en RDC était de 160 cas pour 100.000 habitants. La RDC est l'un des 22 pays les plus affectés par la tuberculose dans le monde. Elle occupe le 5ème rang en Afrique et le 11ème au niveau mondial (Global Tuberculosis Control, WHO/HTM/TB/2005.349).

Depuis 1987, le nombre de cas de TPM+ notifiés par le programme augmente progressivement. Ce nombre est passé de 15.000 nouveaux cas TPM+ en 1987 à 62.519 en 2004. Cette augmentation est en partie liée à l'infection à VIH dont la prévalence moyenne est de 4,5% (PNLS, 2003). La prévalence de l'infection VIH parmi les tuberculeux est estimée à 30%. En RDC, on estime que 36.000 décès dus à la tuberculose surviennent chaque année, dont 28% sont attribuables au VIH (CORBETT et al., 2003).

Le Programme de Lutte contre la Tuberculose (PNT) a toujours été parmi les mieux organisés du pays (programme intégré dans les structures de la ZS avec des performances appréciables). Cependant, l'on assiste depuis quelques années à une stagnation des performances du programme du fait de la désarticulation du système de santé. Pour contourner les difficultés liées au système, le PNT comme tant d'autres programmes mieux financés, développe des stratégies dont l'un des résultats est la verticalité (installation des infirmiers superviseurs tuberculose, paiement des primes aux infirmiers qui détectent des cas de tuberculose, etc.), ce qui de toute évidence accentue la désintégration du système.

2.5.

Accès aux Services de Santé

L'accès aux services de santé demeure encore difficile en RDC. Néanmoins différentes études montrent un progrès significatif dans la prise en charge médicale des grossesses, en liaison avec l'augmentation des consultations prénatales. En effet, le nombre de femmes enceintes ayant reçu des soins prénataux a progressé de 61,0 % à 85,0 % de 2001 à 2007. De même, l'écart qui était de 18,0 % entre le milieu urbain et le milieu rural en 2001 (81,0 % contre 63,0 %) se serait réduit à 11,0 % en

87

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

2007 (92,0 % contre 81,0 %). Toutefois, cette situation moyenne au niveau du pays cache d'énormes disparités entre provinces. Le taux d'accouchements assistés par un personnel médical formé s'est également amélioré passant de 61,0 % à 74,0 % pour la même période.

Tableau 7. Equité dans l'accès aux soins de santé en RDC

 

Assistance lors de
l'accouchement

Soins prénataux

 

Vaccination

 
 

MICS

2002

EDS

2007

MICS

2010

MICS

2002

EDS

2007

MICS

2010

MICS

2002

EDS

2007

MICS

2010

Le plus pauvre

45,2

59,2

59,8

58,7

78

82,6

10,2

19,6

38,2

Second

43,4

62

67,5

58,3

79

82,7

13,1

25,3

46,6

Moyen

59,7

73,3

69

68,4

87

87,7

20,8

30

49,9

Quatrième

71,1

85,2

85,1

72,2

89,3

91,8

25,8

32,8

52,3

Le plus riche

90,9

97,7

96,2

87,8

95,7

93,7

44

50,1

57,9

Indice de concentration

0,2

0,1

0,1

0,1

0

0

0,3

0,2

0,1

Source : Institut National de la Statistique.

En ce qui concerne la vaccination des enfants, le nombre d'enfants ayant reçu tous les vaccins avant l'âge d'un an (contre toutes les maladies cibles du Programme de Vaccination Elargie , PEV en sigle) a doublé, passant de 14,0 % à 28,0 % entre 2001 et 2007 mais est encore très loin de la cible des 80,0 % visé par cet OMD. Il est à noter une variation très sensible de cette couverture vaccinale selon le niveau d'instruction de la mère le milieu de résidence, la province et le niveau de pauvreté du ménage. Tout ceci n'est que le résultat des multiples difficultés auxquelles le secteur de la santé doit faire face en RDC notamment la carence majeur en personnel soignant, en équipement, en médicaments et en moyens de fonctionnement et la faiblesse des rémunérations. Ainsi, il s'avère clairement, au regard de ce qui précède, que l'Etat doit promouvoir encore plus les politiques en matière d'accès aux soins et de nutrition des enfants et des femmes en vue d'une amélioration sensible de l'accessibilité de toute la population congolaise aux soins de santé de qualité.

Selon les résultats de l'enquête EDS-EDC de 2007, 76 % des femme interrogé sur les problèmes importants auxquels elles ont été confrontées quand elles

88

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

ont eu besoin de soins de santé, obtenir l'argent pour se faire soigner a été cité comme un problème important. Ce pourcentage varie selon le niveau du bien-être économique, le niveau d'instruction et le milieu de résidence. On constate en effet que parmi les femmes du quintile le plus pauvre, 88 % ont cité ce problème pour accéder aux soins contre 54 % parmi les femmes les plus riches. Ce problème d'argent a davantage affecté les femmes du milieu rural (83 %) que celles du milieu urbain (66 %). De même, les femmes sans niveau d'instruction (85 %) ont été plus fréquemment confrontées à ce problème que celles du secondaire (66 %) et du supérieur (45 %) (EDS-RDC, 2007). Des différences sont aussi observées selon les provinces : plus de 80 % des femmes à l'Équateur, dans la province Orientale et au Bandundu contre 53 % seulement à Kinshasa. L'importance de ce problème augmente sensiblement avec le nombre d'enfants vivants.

En outre, pour 44 % des femmes, le moyen de transport constitue un problème important pour se rendre à la structure de santé, et dans 40 % des cas, c'est la distance à parcourir pour atteindre le service des soins de santé qui freine l'accès aux soins de santé. Comme on pouvait s'y attendre, ces problèmes sont beaucoup plus fréquents en milieu rural qu'en milieu urbain. Ils sont aussi plus fréquents parmi les femmes qui vivent dans un ménage classé dans les deux quintiles les plus pauvres. Ces problèmes se posent différemment selon les provinces. À l'Équateur et dans la province Orientale, plus d'une femme sur deux se sont heurtées à des problèmes de distance et de moyens de transport pour atteindre les structures de santé (EDS-RDC, 2007).

89

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Tableau 8. Problèmes d'accès aux soins de santé

 
 
 

Problème d'accès aux soins de santé

 
 
 
 

Caractéristique
sociodémographique

Avoir la permission
d'aller se faire soigner

Obtenir l'argent
pour le traitement

Distance au
service de santé

Avoir à prendre un
moyen de transport

Ne pas

vouloir y aller
seul

Craint que le prestataire ne soit pas une femme

Au moins un des problèmes pour l'accès aux soins de

santé

Effectif de femmes

Groupe d'âge

 
 
 
 
 
 
 
 

15-19

39,9

76

42,2

43,8

40,6

20,8

87,8

2030

20-34

19,8

75,2

39,4

43,3

23,2

14,3

84,5

5272

35-49

17,8

76

41

45,7

20,1

11,2

84,2

2692

Nbre d'enfants vivants

 
 
 
 
 
 
 
 

0

29,4

72,9

38,5

40,4

25,2

19,1

84,9

2978

1-2

21

75,4

41,1

45,7

24,3

14,3

84,3

2849

3-4

16,7

77,1

42,5

45,5

21

12,7

85,5

1959

5+

18,4

78,1

40,4

45,7

20

11,6

85,9

2209

Etat matrimonial

 
 
 
 
 
 
 
 

Célibataire

28,9

72,1

37,2

39,4

35,2

17,6

83,6

2432

En union

20,9

76,1

42

45,8

22,8

14

85,2

6622

Divorcée/séparée/Veuve

12,7

81

38

43,4

23,7

12,9

88,1

941

Milieu de résidence

 
 
 
 
 
 
 
 

Urbain

16,8

66,4

24

26,4

18

10,2

77,3

4540

Rural

26,5

83,2

54,1

58,7

32,6

18,6

91,6

5455

Province

 
 
 
 
 
 
 
 

Kinshasa

10,5

52,7

23

23,5

14,9

8,4

66,5

1575

Bas-Congo

22

72,1

36,1

38,8

31,6

18,5

82,7

397

Bandundu

25,2

82,7

46,6

50,6

32,7

15,6

91,6

1518

Equateur

24,3

88,1

54,4

54,6

30,3

14,7

93,1

1235

Orientale

19,7

81,7

49,7

56,7

29,5

11,8

86,5

1083

Nord-Kivu

14,9

76,2

29,1

47

15,4

7,3

87,4

356

Sud-Kivu

25,9

72,2

29,4

37,3

20,8

10,3

84,4

426

Maniema

22,5

79,2

29,5

35,1

18,9

15,7

88

314

Katanga

22,1

78,1

41,9

43,2

26,5

13,8

88,1

1073

Kasaï Oriental

32,6

75,8

39,7

44,6

34,3

24,6

86,4

1132

Kasaï Occidental

24,9

77,4

44,8

47

18,9

20,5

88,1

886

Niveau d'instruction

 
 
 
 
 
 
 
 

Aucune instruction

25,6

84,8

50,4

54,3

29,1

17,5

92,1

2081

Primaire

24,7

82

46

50,9

28,9

15,5

89,5

3851

Secondaire

18,2

66,1

30,7

33,1

21,9

13

78,4

3802

Supérieur

12,4

45,2

20,6

20,9

15,9

9,5

60,9

261

Quantile de bien-être économique

 
 
 
 
 
 
 
 

Le plus pauvre

22,7

87,8

52,8

58,1

31,2

18,3

94,1

1798

Second

24

82,1

49,9

53,6

29,7

15,7

90,5

1967

Moyen

27,7

82,4

45,8

49,6

30,3

16,1

89,1

2043

Quatrième

23,2

75,9

33

38,2

22,3

14,7

85,9

1888

Le plus riche

14,1

54,2

24,1

24,7

17,8

10,2

69,2

2300

Ensemble

22,1

75,6

40,4

44

25,9

14,8

85,1

9995

Source : EDS 2007

 
 
 
 
 
 
 
 

90

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Avoir la permission d'aller se faire soigner est un problème mentionné par près de 22 % des femmes. Ce problème semble davantage être lié à l'âge et au niveau d'instruction des femmes. En effet, 34 % des femmes âgées de 15-19 ans ont mentionné ce problème, contre 18 % des femmes de 35-49 ans. Une femme sans instruction sur quatre contre une sur dix parmi celles ayant un niveau supérieur ont besoin d'une permission pour aller se faire soigner. Globalement, plus de huit femmes sur dix environ (85 %) ont déclaré s'être heurtées à, au moins, un des problèmes évoqués. Il s'agit fréquemment des femmes du quintile le plus pauvre (94 %), de celles sans instruction (92 %) et de celles qui vivent en milieu rural (92%) (EDS, 2007).

Conclusion partielle

Ce chapitre portant sur la situation de la pauvreté et de la santé en RDC donne le profil de la pauvreté monétaire et non monétaire de la pauvreté en RDC, il fait un diagnostic sommaire du fonctionnement du système de santé de la RDC en montrant les différentes entraves à la base de son décollage.

Plusieurs indicateurs sont donnés dans le but de clarifier la situation de précarité dans laquelle vit la majorité de la population congolaise et, cela en vue de fournir aux pouvoirs publics et aux lecteurs une vue claire de la situation de pauvreté et de la santé en RDC.

91

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

CHAPITRE III

LIEN ENTRE LA PAUVRETE ET L'ACCES AUX SOINS DE SANTE

EN RDC

Le chapitre trois du présent travail établi le lien qui existe entre la pauvreté et la santé à travers des tests statistiques appropriés. Il présente les différents croisements des variables jugées nécessaires pour ce travail et donne, à travers la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances, les facteurs déterminants l'inaccessibilité des ménages congolais aux soins de santé.

A la fin du chapitre, plusieurs recommandations sont formulées à l'endroits des pouvoirs publics congolais dans le souci d'améliorer l'accès de la population aux soins de santé.

Section1. Cadre conceptuel de l'analyse

l'accès aux soins de santé en RDC dépend de plusieurs facteurs liés tant à la situation sociale, économique, culturelle des ménages qu'à la situation politique du pays. L'incidence de ces facteurs sur l'accessibilité des ménages congolais aux soins de santé peut se résumer dans le schéma ci-dessous.

92

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Figure 5. Le cycle de la santé et de la pauvreté

Caractéristiques des
pauvres

- Utilisation insuffisante des services, pratique alimentaire et sanitaire néfaste.

Mauvais résultats
sanitaires

- mauvaise santé ;

- malnutrition ;

- forte fécondité.

Revenu amoindri

- perte de salaire ;

- frais de santé ;

- plus grande vulnérabilité aux pathologie catastrophiques.

 

Motivées par :

- manque de connaissance en matière de revenu ;

- pauvreté en matière de normes sociales communautaires , faiblesse des institutions et des infrastructures environnement néfaste ;

- mauvaise protection sanitaire-inaccessible, manque d'éléments essentiels, services inadaptés, qualité médiocre ;

- exclusion du système de financement de la santé-assurance limitée

Source : Adam Wagstaff, Pauvreté et inégalités dans le secteur de la santé, Bulletin de l'OMS, Recueil d'articles N°7, 2002.

Dans la recherche de l'atteinte des OMD, le Gouvernement s'est fixé comme objectif, entre autres, l'amélioration des résultats sanitaires des pauvres. Cela traduit une tendance de plus en plus affirmée du Gouvernement d'orienter sa vision vers des actions portant sur la réduction de la pauvreté. Toutefois, cela montre également que l'on admet de plus en plus que les inégalités entre riches et pauvres en matière de résultats sanitaires sont injustes et inéquitables, non pas que les pauvres soient, d'une manière ou d'une autre, plus méritants que les plus riches, mais parce que ces inégalités correspondent de toute évidence à de grandes différences dans les contraintes et les possibilités qui se présentent aux pauvres et aux riches plutôt qu'à une tendance chez les deux groupes à faire des choix différents.

Les effets néfastes que la mauvaise santé exerce sur les niveaux de vie des ménages sont de plus en plus considérés comme des problèmes de justice sociale, traduisant peut-être l'idée que les pertes de revenus et les frais médicaux associés à la

93

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

mauvaise santé sont involontairement et tout bonnement la conséquence des déséquilibres sociaux constatés.

Le schéma ci-dessus fait ressortir clairement la relation qui existe entre la situation de pauvreté et l'accès aux soins de santé. Comme nous l'avons souligné à l'introduction, la mauvaise santé et la pauvreté vont de pair : la pauvreté engendre la mauvaise santé et la mauvaise santé entretien la pauvreté.

1.1. Analyse exploratoire des données

1.1.1. Présentation des données

Les analyses empiriques de ce travail sont rendues possibles grâce à la base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

1.1.1.1. Présentation de l'enquête MICS-RDC 2010

L'Enquête par Grappes à Indicateurs Multiples « MICS » est un programme international d'enquêtes auprès des ménages développé par l'UNICEF. Il fournit des informations actualisées relatives à la situation des enfants et des femmes et mesure les indicateurs clés permettant aux pays de suivre les progrès vers l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et d'autres engagements convenus au niveau international. La MICS en RDC en 2010 (MICS-RDC 2010) a été réalisé dans le cadre du quatrième cycle mondial des études MICS (MICS4). La MICS-RDC 2010 a été réalisée par l'Institut National de la Statistique (INS) avec l'appui financier et technique de l'UNICEF, de ses partenaires du Système des Nations Unies (UNFPA, PAM) et de l'USAID (MICS-RDC 2010).

La MICS-RDC 2010 s'est fixée comme objectifs principaux entre autres, de mesurer de façon précise les progrès accomplis par la RDC sur le plan social vers l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) à l'horizon 2015 ; Evaluer la situation des enfants et des femmes en ce qui concerne particulièrement la réduction de la mortalité infanto-juvénile ; l'amélioration de la santé de la reproduction et des composantes de santé de l'enfant ; les connaissances,

94

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

attitudes et pratiques en matière des IST et du VIH/SIDA ; l'accessibilité à l'eau potable et à l'hygiène adéquate des ménages ; la scolarisation des enfants et l'alphabétisation des adultes ; la protection de l'enfant et de la femme ; Disposer des éléments de plaidoyer pour la mobilisation des ressources en faveur des enfants et des femmes de la RDC et des données pour élaborer des stratégies de communication pour le changement de comportement ; Renforcer les capacités nationales en général et celles de l'INS en particulier, en matière de collecte, traitement, analyse des données et dissémination des résultats d'enquêtes lourdes.

L'échantillonnage de la MICS-RDC 2010 a été réalisé dans le but d'obtenir des estimations fiables sur les indicateurs concernant la situation des enfants et des femmes au niveau national, par milieu de résidence (urbain/rural) et pour chacune des 11 provinces du pays correspondant aux domaines d'étude définis.

L'échantillon obtenu est de 11 490 ménages répartis en 383 grappes (147 urbaines, 246 rurales). Cette taille globale a permis une allocation optimale de l'échantillon, garantissant sa représentativité tant au niveau national, provincial que selon le milieu de résidence. La base de sondage utilisée est constituée de la liste exhaustive des quartiers des villes, des quartiers des cités et des secteurs/chefferies assortis de leurs effectifs de population (MICS-RDC 2010).

1.1.1.2.

Choix des variables de l'analyse

Les spécialistes qui accordent la priorité au recul de la pauvreté, à la réduction des inégalités de santé et à une plus grande équité dans l'accès des populations aux soins de santé, objectifs distincts quoique liés, conviennent sur la nécessité de reformuler les objectifs de la politique de santé, actuellement exprimés en moyennes générales pour toute la société, de manière à viser précisément la situation parmi les pauvres et les différences entre riches et pauvres. Ainsi, deux variables importantes ont fait l'objet de la présente analyse, il s'agit de la variable « niveau du bien-être » et « raisons de non accès de la population aux soins de santé ».

95

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Le niveau de bien-être comprend 5 modalités à savoir, « Plus pauvre », « Pauvre », « Moyen », « Quatrième » et « Plus riche » tandis que la variable relative aux raisons de non accès aux soins de santé comprend 8 modalités importantes « Manque d'argent », « Coût trop élevé de soins de santé », « Automédication », « Mauvaise qualité de services de santé », « Raisons culturelle et religieuse », « Peur de découvrir une nouvelle maladie sérieuse », « Maladie pas grave » et « Longue distance ».

Section 2. Dépendance entre les variables

Le test d'indépendance est fait pour voir l'intensité de relation qui existe entre certaines variables considéré comme nécessaire pour l'étude. Ainsi, les différents croisement réalisés se résume dans le tableau suivant.

Tableau 9. Croisements des variables

N° Croisement

Variable 1

Variable 2

1

A souffert d'une quelconque maladie au cours des 4 dernières semaines.

S'est rendu chez un prestataire de soins au cours des 4 dernières semaines.

2

S'est rendu chez un prestataire de soins au cours des 4 dernières semaines

Pourquoi ne s'est-il pas rendu chez un prestataire de santé ?

3

A souffert d'une quelconque maladie au cours des 4 dernières semaines.

A reçu au moins un des soins de santé suivants au cours des 4 dernières semaines.

4

A accouché au cours des 12 derniers

mois.

A bénéficié de services de santé de la reproduction au cours des 4 dernières semaines.

5

A accouché au cours des 12 derniers

mois.

A bénéficié de services de santé de la reproduction au cours des 4 dernières semaines.

6

Wealth index quintiles

A souffert d'une quelconque maladie au cours des 4 dernières semaines.

7

Wealth index quintiles

S'est rendu chez un prestataire de soins au cours des 4 dernières semaines.

96

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

 
 
 

8

Wealth index quintiles

Pourquoi ne s'est-il pas rendu chez un prestataire de soins.

Source : Elaboré par l'Auteur sur base des variables de l'enquête MICS-RDC 2010.

Tableau 10. Relation entre la variable « A souffert d'une quelconque maladie au cours des 4 dernières semaines » et « S'est rendu chez un prestataire de soins au cours des 4 dernières semaines»

 
 

S'est rendu chez un prestataire de soins
au cours des 4 dernières semaines

Total

 

Oui

Non

Manquant

A souffert d'une quelconque maladie au cours des 4 dernières semaines

Oui

13034

3295

0

16329

Non

314

44784

30

45128

Manquan t

0

0

16

16

Total

13348

48079

46

61473

Source : Elaboré par l'Auteur sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

Le tableau 10 en annexes montre que sur 61473 personnes qui ont répondu à cette question, 16329 reconnaissent qu'elles ont souffert d'une quelconque maladie au cours de 4 semaines qui ont précédé l'enquête et, 45128 n'ont pas souffert d'une quelconque maladie pendant cette période. Sur les 16329 personnes qui ont reconnu avoir souffert d'une quelconque maladie, 13034 se sont rendu chez un prestataire de soins et 3295 ne se sont pas rendu.

Il sied de noter que les 4 dernières semaine dont il est question dans cette analyse sont les semaines qui ont précédé l'enquête MICS-RDC 2010.

Tableau 11. Test de Chi-carré

 

Value

Df

Asymp. Sig. (2-sided)

Pearson Chi-Square

6,553E4a

4

0,000

Likelihood Ratio

4,440E4

4

0,000

97

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Linear-by-Linear

4,020E4

1

0,000

Association

 
 
 

N of Valid Cases

61473

 
 

Source : Elaboré par l'auteur sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

Le test de chi-carré montre qu'au seuil de significativité de 5%, la probabilité calculée liée à la statistique de Pearson est inférieure à 0,05, donc on rejette l'hypothèse nulle de la non dépendance entre les deux variables sous étude. En d'autres termes, il y a une forte probabilité de se rendre au près d'un prestataire de santé lorsqu'on est malade. Donc le fait de se rendre au près d'un prestataire de santé dépend de l'état de santé de la personne.

98

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Tableau 12. Dépendance entre « S'est rendu chez un prestataire de soins au cours des 4 dernières semaines » et « Pourquoi ne

S'est rendu chez un prestataire de soins au cours des 4 dernières semaines

Manque d'argent

Mauvaise qualité de services

Automédication Coût

trop élevé

Raison culturelle ou religieuse

Peur de découvrir une maladie sérieuse

Maladie pas

grave

Longue distance

Autres Manquant

Total

Non

 

1742

21

775

41

48

8

450

41

91

Manquant

0

0

0

0

0

0

0

0

2

 

1742

21

775

41

48

8

450

41

93

Source : Elaboré par l'Auteur sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

99

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

L'analyse extrait les personnes qui ont souffert au cours de 4 dernières semaines qui ont précédé l'enquête et qui ne se sont pas présentées chez un prestataire de soins. Beaucoup de raisons ont été évoquées pour justifier le fait de ne pas aller voir un prestataire de soins. Parmi ces raisons on cite : « le manque d'argent », « la mauvaise qualité de services », « l'automédication », « coût du traitement trop élevé », « Raison culturelle ou religieuse », « la peur de découvrir une maladie sérieuse », « la maladie n'était pas grave », « la longue distance à parcourir pour atteindre un prestataire de soins » et « Autres raisons ».

Ainsi, plus de la moitié, soit 53% des personnes qui ne sont pas rendus chez un prestataires de soins ont évoqué le manque d'argent comme raison principale. 24% de ces gens ont poussé comme raison principale l'automédication et 14% ont donné comme raison « la maladie n'était pas grave ». Le 9% restant ont donné comme raison, entre autres, la mauvaise qualité de services, Coût trop élevé, raison culturelle, la peur de découvrir une maladie sérieuse, longue distance,...

Tableau 13. Test de Chi-carré

 

Value

Df

Asymp. Sig. (2-sided)

Pearson Chi-Square

1,125E3a

9

0,000

Likelihood Ratio

306,779

9

0,000

Linear-by-Linear Association

690,006

1

0,000

N of Valid Cases

3341

 
 

Source : Elaboré par l'Auteur sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

Le test de Chi-carré montre que la probabilité liée à la statistique de Pearson est de 0,000, donc inférieure au seuil de 5%. Ceci conduit à confirmer la dépendance entre le fait de ne pas se rendre chez un prestataire de soins quand on est malade et les différentes raisons mentionnées ci-haut compilées dans la variable « raison de ne pas se rendre chez un prestataire de soins ».

100

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Tableau 14. Dépendance entre la variable « A souffert d'une quelconque maladie au cours des 4 dernières semaines et « A reçu au moins un des soins de santé suivants au cours des 4 dernières semaines »

 
 

A reçu au moins un des soins de santé
suivants au cours des 4 dernières
semaines

Total

 

Oui

Non

Manquant

A souffert d'une quelconque maladie au cours des 4 dernières semaines

Oui

1167

4191

6

5364

Non

785

5073

9

5867

Manquan t

0

0

2

2

Total

1952

9264

17

11233

Source : Elaboré par l'Auteur sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

L'analyse du tableau ci-dessus montre que parmi les gens qui ont souffert pendant la période sou étude, seulement 22% ont reçu le traitement et 78% n'ont pas reçu des soins de santé. cet état des choses nous interpelle encore en ce qui concerne la non accessibilité des ménages aux soins de santé.

Tableau 15. Test de Chi-carré

 

Value

Df

Asymp. Sig. (2-sided)

Pearson Chi-Square

1,457E3a

4

0,000

Likelihood Ratio

163,628

4

0,000

Linear-by-Linear Association

189,933

1

0,000

N of Valid Cases

11233

 
 

Source : Elaboré par l'Auteur sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

Le test de Chi-carré montre qu'il y a bel et bien dépendance entre le fait de tomber malade et de recevoir les soins de santé. cette dépendance se montre à travers la probabilité liée à la statistique de Pearson qui est inférieure au seuil de 0,05.

101

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Tableau 16. Dépendance entre la variable « A accouché au cours des 12 derniers mois et « A bénéficié de services de santé de la reproduction au cours des 4 dernières semaines.

 
 

A bénéficié de services de SR au cours
des 4 dernières semaines

Total

 

Oui

Non

Manquant

A accouché au cours des 12 derniers mois

Oui

281

2445

3

2729

Non

821

9630

2

10453

Manquan t

8

9

19

36

Total

1110

12084

24

13218

Source : Elaboré par l'Auteur sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

En ce qui concerne la santé de la reproduction, on remarque que parmi les femmes qui ont accouché au cours de 12 derniers mois qui ont précédé l'enquête, 10% seulement d'entre elles ont bénéficié de services de santé de la reproduction et près de 90% n'ont pas bénéficié de services de santé de la reproduction. Cela prouve à suffisance les difficultés qu'approuvent la population congolaise en général et les femmes en ceinte en particulier, d'accéder aux soins de santé.

Tableau 17. Test de Chi-carré

 

Value

Df

Asymp. Sig. (2-sided)

Pearson Chi-Square

5,543E3a

4

0,000

Likelihood Ratio

249,889

4

0,000

Linear-by-Linear Association

1,358E3

1

0,000

N of Valid Cases

13218

 
 

Source : Elaboré par l'Auteur sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

Le test de chi-carré de Person montre qu'il y a une forte probabilité que les femmes qui accouche bénéficient, pendant leurs grosses, des soins de santé de reproduction. Cela se montre à travers la valeur de la probabilité liée à la statistique de Pearson qui est inférieure au seuil de 5%.

102

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Tableau 18. Relation entre « Wealth index quintiles » et « A souffert d'une

quelconque maladie au cours des 4 dernières semaines »

 
 

A souffert d'une quelconque maladie au cours des 4 dernières semaines

Total

 

Oui

Non

Manquant

Wealth index quintiles

Poorest

3220

7410

2

10632

Second

3051

7714

1

10766

Middle

3282

8742

2

12026

Fourth

3613

10230

2

13845

Richest

3163

11032

9

14204

Total

16329

45128

16

61473

Source : Elaboré par l'Auteur sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

Le croisement entre la variable du niveau de bien-être « Wealth index quintiles » et le fait de souffrir d'une quelconque maladie montre que parmi les personnes qui ont souffert d'une quelconque maladie au cours de 4 dernières semaines qui ont précédé l'enquête, 20% figurent dans la catégorie des plus pauvres, 19% dans la catégorie de Second, 20% dans la catégorie de Middle (moyen), 22% dans la catégorie de quatrième (Fourth) et 19% dans la catégorie des plus riche (Richest).

Dans la catégorie des plus pauvres, 30% ont souffert d'une quelconque maladie au cours de la période sous étude et 70% n'ont pas souffert. Tandis que dans la catégorie des plus riches, 22% ont souffert alors que 78% d'entre eux n'ont pas souffert d'une quelconque maladie au cours des 4 dernières semaines qui ont précédé l'enquête.

103

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Tableau 19. Test de Chi-carré

 

Value

Df

Asymp. Sig. (2-sided)

Pearson Chi-Square

2,414E2a

8

0,000

Likelihood Ratio

242,615

8

0,000

Linear-by-Linear Association

217,068

1

0,000

N of Valid Cases

61473

 
 

Source : Elaboré par l'Auteur sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

Le test de dépendance pour les deux variables ci-dessus montre qu'il y a existe une dépendance entre le niveau de vie d'un individu et le fait de tomber malade. La maladie ne tient généralement pas compte de ce qu'on soit riche ou pauvre. En d'autres termes, il y a une forte probabilité pour que tout le monde tombe malade peu importe la situation socio-économique. Mais on peut relativiser les choses, en disant que les pauvres sont plus exposés aux maladies que les riches. Les pauvres, de part leur situation de précarité, sont plus vulnérables aux maladie que les riches.

Tableau 20. Relation entre « Wealth index quintiles » et « S'est rendu chez un prestataire de soins au cours des 4 dernières semaines.

 
 

S'est rendu chez un prestataire de soins
au cours des 4 dernières semaines

Total

 

Oui

Non

Manquant

Wealth index quintiles

Poorest

2372

8258

2

10632

Second

2350

8415

1

10766

Middle

2707

9317

2

12026

Fourth

3066

10769

10

13845

Richest

2853

11320

31

14204

Total

13348

48079

46

61473

Source : Elaboré par l'Auteur sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

La relation entre le niveau de vie de l'individu et le fait d'aller voir un prestataire de soins de santé quand on est malade montre que parmi les gens qui étaient malade dans la catégorie des plus pauvres, 22% seulement se sont rendus au près d'un

104

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

prestataire de soins de santé et, 78% ne se sont pas rendus. On remarque aussi que dans la catégorie des pauvres (Second), 22% se sont rendus chez un prestataire de soins de santé alors que 78% aussi ne sont pas rendu. Les raisons qui ont concouru au fait de ne pas se rendre chez un prestataire de soins de santé peuvent être démontrées à travers le tableau de croisement qui suive.

Tableau 21. Test de Chi-carré

 

Value

Df

Asymp. Sig. (2-sided)

Pearson Chi-Square

84,537a

8

0,000

Likelihood Ratio

79,708

8

0,000

Linear-by-Linear Association

35,877

1

0,000

N of Valid Cases

61473

 
 

Source : Elaboré par l'Auteur sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

Il existe une relation de dépendance entre le niveau du bien-être et le faite d'accéder aux soins de santé, tel est le résultat de l'analyse de Chi-carré ci-dessus élaboré. En effet, la catégorie socio-économique influent sur le fait d'accéder ou pas aux soins de santé. mais il faudrait démontrer ça à travers test rigoureux ou approfondi.

105

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

106

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Tableau 22. Relation entre « Wealth index quintiles » et « Pourquoi ne s'est-il pas rendu chez un prestataire de soins »

 
 

Pourquoi ne s'est-il pas rendu chez un prestataire de soins

Total

 
 

Manque
d'argent

Mauvaise
qualité de
services

Automédication

Cout trop
élevé

Raison culturelle ou religieuse

Peur de découvrir
une maladie
sérieuse

Maladie pas grave

Longue
distance

Autre

Manquant

Wealth index quintiles

Poorest

577

7

162

16

12

1

75

13

17

7

887

Second

449

0

155

11

8

1

87

15

19

13

758

Middle

325

1

124

8

9

2

105

10

23

28

635

Fourth

284

4

166

4

15

0

116

2

17

27

635

Richest

107

9

168

2

4

4

67

1

17

47

426

Total

1742

21

775

41

48

8

450

41

93

122

3341

Source : Elaboré par l'Auteur sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

107

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Le croisement de la variable « niveau de bien-être » avec celle relative aux différentes raisons de ne pas accéder aux soins de santé montre que dans la catégorie des plus pauvres, 65% ont donné comme raison principale le manque d'argent, 18% ont évoqué l'automédication comme raison de ne pas se rendre chez un prestataire de soins de santé. dans la catégorie des pauvres aussi on remarque qu'un nombre important (soit 59%) ont donné, le manque d'argent, comme raison principale de ne pas se rendre chez un prestataire de soins de santé pendant la maladie la période de la maladie.

Tableau 23. Test de Chi-carré

 

Value

Df

Asymp. Sig. (2-sided)

Pearson Chi-Square

3,612E2a

36

0,000

Likelihood Ratio

356,880

36

0,000

Linear-by-Linear Association

81,449

1

0,000

N of Valid Cases

3341

 
 

Source : Elaboré par l'auteur sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

Le test de Chi-carré confirme la dépendance entre le niveau du bien-être d'un individu est le fait d'accéder ou pas aux soins de santé. cela se remarque à travers la probabilité liée à la statistique de Pearson qui inférieure au seuil de 5 %. Donc on rejette l'hypothèse nulle de la non dépendance entre les deux variables sous analyse.

Section 3. Analyse Factorielle des Correspondances

3.1. Présentation de l'Analyse Factorielle des Correspondances (AFC)

L'Analyse Factorielle des Correspondances est tout d'abord une procédure mathématique permettant de décrire, en les plaçant sur des plans géométriques, l'ensemble des relations entre des variables de type catégoriel (nominales ou ordinales). Son originalité réside entre autres, dans la possibilité de projeter sur ce plan des variables qui ne déterminent pas le plan, ce qui permet d'une

108

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

certaine manière de conduire une analyse similaire à la régression multiple. Elle permet aussi de superposer le plan des variables et le plan des cas (appelés objets en analyse des correspondances). L'analyse des correspondances est souvent utilisée lorsque l'on veut représenter l'ensemble des relations entre des variables de type nominal ou ordinal. Les variables les plus fréquemment utilisées dans ce contexte sont des variables socio-démographiques, des variables de préférence ou de comportement et certaines variables d'attitudes.

L'analyse des correspondances s'apparente fortement à l'analyse en composantes principales (sans rotation) mais se distingue de cette dernière par le fait qu'elle est basée sur des écarts pondérés. Cette particularité donne la même importance relative aux écarts à l'indépendance quel que soit le nombre de cas, c'est-à-dire que l'on décompose la structure des écarts. L'information relative au nombre de cas est tenue en compte par la «masse», qui détermine le centre (appelé centroide) du plan. En analyse des correspondances, ce sont uniquement les écarts à l'indépendance des observations qui nous intéressent. Il faut souligner qu'un des principaux avantages de l'analyse des correspondances est sa capacité à analyser des données de type catégoriel, sans qu'il y ait de postulats à respecter quant aux caractéristiques des distributions (multi-normalité, homoscédasticité, etc.) (VAN METER et coll. 1994).

Toutefois, comme l'analyse des correspondances permet de positionner l'ensemble des cas sur un plan à x dimensions en fonction de la similitude de leurs réponses aux questions, ces cas peuvent être catégorisés par leur positionnement, un score factoriel standardisé, sur chacun des axes. A partir de ces scores, il est possible de poursuivre le processus par une analyse de classification qui peut alors suggérer des regroupements des individus en fonction de la similitude de leur positionnement sur l'ensemble des axes signifiants retenus.

Le but de l'opération est d'en arriver à des typologies. Avec ce dernier type de variables, l'analyse des correspondances est théoriquement plus appropriée et souvent plus révélatrice (BLASIUS et THISSEN, 1998) que l'analyse factorielle

109

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

habituellement utilisée (dont l'utilisation devrait théoriquement être réservée aux variables métriques). Toutefois, l'usage nord-américain privilégie dans ce cas l'utilisation de l'analyse factorielle que CIBOIS appelle l'analyse factorielle des psychologues. On voit comment les traditions disciplinaires et culturelles s'entremêlent pour privilégier certaines méthodes. Il demeure que, lorsque les mesures d'attitudes de type Likert sont de fait des approximations de mesure métriques, les deux méthodes donnent habituellement des résultats similaires (à tout le moins quant au nombre de dimensions significatives et à l'appartenance des variables à chaque dimension). De même, une dichotomisation des variables nominales ou ordinales soumises ensuite à l'analyse factorielle donne des résultats qui peuvent être presque identiques à ceux de l'analyse des correspondances (DURAND, 1993).

En conclusion, le choix d'une méthode d'analyse «factorielle» (en composantes principales, en facteurs communs ou «analyse factorielle des psychologues», analyse factorielle des correspondances) pour explorer les données dépend plutôt de l'aptitude de chaque méthode à donner des résultats interprétables et utiles compte tenu de la forme des données et des buts de l'analyse. C'est ainsi que pour ce qui est de cette étude portant sur la pauvreté des ménages et l'accès aux soins de santé en RDC, deux variables importantes de la base des données de l'enquête MICS-RDC 2010 nous ont semblé très utiles pour faire une AFC, il s'agit d'une variable du niveau du bien-être socioéconomique appelée « Quintile de bien-être socioéconomique », et en anglais « Weath Index quintiles », qui sépare la population congolaise en 5 catégories (plus pauvre, second ou pauvre, moyen, quatrième ou riche et plus riche) et d'une variable qui décrit les différentes raisons évoquées par les personnes qui étaient tombées malades et qui ne se sont pas rendues chez un prestataire des soins de santé.

3.2. Présentation et interprétation des résultats de l'analyse

Les tableaux suivants exposent la démarche et les différents résultats issus de l'application de l'AFC sur les données de l'enquête MICS-RDC 2010. Ils se présentent comme suit :

110

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Tableau 24. Correspondances « niveau du bien-être » et « Raisons pour lesquelles le malade ne s'est pas rendu chez un prestataire de soins de santé »

Wealth

 
 

Pourquoi ne s'est-il pas rendu chez un prestataire de soins

 
 

index

Manque

Mauvaise

Automédication

Cout

Raison

Peur de

Maladie pas

Longue

Active

quintiles

d'argent

qualité
de

services

 

trop
élevé

culturelle ou
religieuse

découvrir une
maladie
sérieuse

grave

distance

Margin

Poorest

577

7

162

16

12

1

75

13

863

Second

449

0

155

11

8

1

87

15

726

Middle

325

1

124

8

9

2

105

10

584

Fourth

284

4

166

4

15

0

116

2

591

Richest

107

9

168

2

4

4

67

1

362

Active

1742

21

775

41

48

8

450

41

3126

Margin

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source : Elaboré par l'Auteur (à l'aide du logiciel SPSS 16.0) sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

111

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

L'Analyse Factorielle des Correspondances a mis en relation deux variables à savoir, la variable relative au niveau du bien-être des individus et la variable qui étale les raisons pour lesquelles le malade ne s'est pas rendu chez le prestataire de soins de santé. A travers ces analyses, l'objectif est de voir les raisons qui sont à la base de l'accès difficile de la population aux soins de santé. Et pour voir ces différentes raisons, on ne peut que prendre les gens qui sont tombés malade mais ne se sont pas rendus au près d'un prestataire de soins de santé.

Ainsi, le tableau croisé ci-dessus donne en ligne, les différentes raisons pour lesquelles une personne malade ne s'est pas rendue auprès d'un prestataire de soins de santé et, en colonne, on a 5 catégories du niveau de vie socioéconomique de la population. Les explications y relatives se trouvent dans le tableau croisé n°22 ci-dessus.

112

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Tableau 25. Caractéristiques des points colonnes

Wealth

 
 

Pourquoi ne s'est-il pas rendu chez un prestataire de soins

 
 

index

Manque

Mauvaise

Automédication

Cout

Raison

Peur de

Maladie pas

Longue

Mass

quintiles

d'argent

qualité de
services

 

trop
élevé

culturelle
ou

religieuse

découvrir une
maladie
sérieuse

grave

distance

 

Poorest

0,331

0,333

0,209

0,390

0,250

0,125

0,167

0,317

0,276

Second

0,258

0,000

0,200

0,268

0,167

0,125

0,193

0,366

0,232

Middle

0,187

0,048

0,160

0,195

0,188

0,250

0,233

0,244

0,187

Fourth

0,163

0,190

0,214

0,098

0,312

0,000

0,258

0,049

0,189

Richest

0,061

0,429

0,217

0,049

0,083

0,500

0,149

0,024

0,116

Active

1,000

1,000

1,000

1,000

1,000

1,000

1,000

1,000

 

Margin

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source : Elaboré par l'Auteur ( à l'aide du logiciel SPSS 16.0) sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

113

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Le tableau ci-dessus montre le degré de corrélation entre les différentes modalités de la variable en colonne relative aux différentes raisons de non accès des personnes malades aux soins de santé et, celles de la variable en ligne « quintile de niveau du bien-être ».

Ainsi, on remarque que les modalités « coût trop élevé », « manque d'argent », « mauvaise qualité de service » et la « longue distance » sont liées à la catégorie « plus pauvres » respectivement à 39%, 33%, 33%, 32% et 21%. En d'autres termes, il y a plus de chance que le coût trop élevé des soins de santé, le manque d'argent, la mauvaise qualité de service de santé et la longue distance qui sépare le ménage du centre de santé, soient les raisons ou les facteurs qui déterminent l'accessibilité des ménages congolais se trouvant dans la catégorie des plus pauvres, aux soins de santé. On remarque aussi que les raisons culturelle et religieuse ainsi que l'automédication sont aussi déterminant dans l'inaccessibilité des ménages congolais pauvres aux soins de santé car, elles sont liées à la catégorie « plus pauvre » respectivement à 25 et 21%.

Par ailleurs, on remarque que les modalités « peur de découvrir une maladie sérieuse », « mauvaise qualité de services de soins de santé » et « automédication » sont liées à « plus riche » respectivement à 50% , 43% et 22%. Cela veut dire qu'il y a respectivement 50, 43 et 22% de chance que la peur de découvrir une maladie sérieuse, la mauvaise qualité de services de santé et l'automédication soient les causes principales qui empêchent les individus qui se trouvent dans la catégorie de plus riches d'accéder aux soins de santé.

Il sied de signaler que la mauvaise qualité de service de santé est très déterminante pour les deux catégories (plus pauvre et plus riche). Elle est liée à 43% au plus riche et à 33% au plus pauvre. En d'autres termes, que ça soient pour les riches ou pour les pauvres, la qualité de service de santé est très déterminante dans l'accessibilité aux soins de santé.

114

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Tableau 26. Caractéristiques des points lignes

Wealth index quintiles

 

Automédication

Pourquoi ne s'est-il pas rendu chez un prestataire de soins

Manque d'argent

Mauvaise qualité de services

Cout trop élevé

Raison culturelle ou religieuse

Peur de
decouvrir une
maladie serieuse

Maladie pas
grave

Longue distance

9

Active Margin

Poorest

0,669

0,008

0,188

0,019

0,014

0,001

0,087

0,015

0,000

1,000

Second

0,618

0,000

0,213

0,015

0,011

0,001

0,120

0,021

0,000

1,000

Middle

0,557

0,002

0,212

0,014

0,015

0,003

0,180

0,017

0,000

1,000

Fourth

0,481

0,007

0,281

0,007

0,025

0,000

0,196

0,003

0,000

1,000

Richest

0,296

0,025

0,464

0,006

0,011

0,011

0,185

0,003

0,000

1,000

Mass

0,557

0,007

0,248

0,013

0,015

0,003

0,144

0,013

0,000

 

Source : Elaboré par l'Auteur ( à l'aide du logiciel SPSS 16.0) sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

115

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Le tableau ci-dessus donne l'intensité de liaison entre les différentes

modalités en ligne (de la variable quintile de bien-être) et les modalités de la variables relative aux différentes raisons de la non accessibilité aux soins de santé en RDC.

Ainsi, on remarque que la catégorie « plus pauvre » est liée au « manque d'argent » et à « l'automédication » respectivement à 67 et 18%, alors que la catégorie « plus riche » est liée à 46% à l'automédication et à 19% à « maladie pas grave ». En d'autres termes, il y a une forte probabilité que les ménages pauvres n'accèdent pas aux soins de santé à cause de manque d'argent et de la pratique de l'automédication. Alors que pour les plus riche, les causes qui concourent à la non accessibilité aux soins de santé sont l'automédication et la perception qu'ils ont de la gravité ou pas de la maladie.

Tableau 27. Résumé de l'analyse

Dime Singular Inertia Chi Square Sig. Proportion of Inertia Confidence Singular Value

nsion Value Accounted for Cumulative Standard Correlation

Deviation 2

1 0,265 0,070 0,816 0,816 0,018 0,139

2 0,107 0,011 0,133 0,949 0,019

3 0,059 0,003 0,040 0,989

4 0,031 0,001 0,011 1,000

Total 0,086 268,065 0,000 1,000 1,000

Source : Elaboré par l'Auteur (à l'aide du logiciel SPSS 16.0) sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

L'Analyse Factorielle des Correspondances (AFC) part d'un nombre élevé, pour déboucher à un nombre réduit des dimensions. C'est ainsi que pour ce qui est de cette étude, on est parti de 4 dimensions. Les différentes pondérations de ces 4 dimensions sont respectivement de 27 ; 11 ; 6 et 3%. On remarque clairement que c'est la première et la deuxième dimension qui ont les valeurs les plus élevées. On remarque aussi que les écart-types de la première et de la deuxième dimension tendent vers zéro, ce qui traduit une bonne situation pour que ces deux dimensions soient retenues dans l'analyse. Déjà à partir de cette étape, on peut déterminer le nombre des dimensions auquel on va aboutir. Donc, AFC a réduit le nombre des dimensions de 4 à 2.

116

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

La probabilité calculée de l'analyse est de 0,000, comparée au seuil de signification de 5%, on remarque que cette probabilité calculée est inférieure à 0,05, donc cela nous conduit à rejeter l'hypothèse nulle de la non fiabilité globale de l'analyse. On peut dire que l'analyse est globalement fiable.

Outre les points évoqués ci-dessus, on remarque que la proportion de l'inertie à la formation du premier axe est très élevé, soit 82% et, la proportion de l'inertie à la construction du deuxième axe est de 13%. Les pourcentages du troisième et du quatrième axe ne sont pas importants, d'où la non considération de ces deux derniers axes dans l'analyse.

Tableau 28. Contribution des axes à l'inertie des points lignes (contribution des points lignes à la construction des axes)

Wealth index quintiles

Mass

Score in Dimension

Inertia

Contribution

1

2

Of Point to Inertia of Dimension

Of Dimension to Inertia of Point

1

2

1

2

Total

Poorest

0,276

-0,434

0,318

0,017

0,197

0,261

0,789

0,171

0,960

Second

0,232

-0,298

0,026

0,007

0,078

0,002

0,821

0,003

0,824

Middle

0,187

-0,064

-0,337

0,004

0,003

0,198

0,057

0,627

0,684

Fourth

0,189

0,318

-0,433

0,010

0,072

0,331

0,500

0,375

0,875

Richest

0,116

1,219

0,439

0,048

0,650

0,208

0,949

0,050

0,998

Active Total

1,000

 
 

,086

1,000

1,000

 
 
 

Source : Elaboré par l'Auteur (à l'aide du logiciel SPSS 16.0) sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

Le tableau ci-dessus portant sur la contribution des points lignes ou des différentes modalités de la variable en ligne (quintile de bien-être) à la construction de deux axes ou dimensions retenues dans l'analyse, montre que deux modalités contribuent plus à cette construction, il s'agit de la modalité « plus riche » et de la modalité « plus pauvre ». Les différentes contributions de ces deux modalités se présentent comme suit : la modalité « plus riche » contribue à 65% à la construction du premier axe et à 21% à la construction du deuxième axe. Sur le premier axe ou dimension, elle se place dans la partie droite (1,219) et sur le deuxième axe ou

117

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

dimension, elle se place aussi dans la partie droite (0,439). Elle a comme pondération 0,116.

La modalité « plus pauvre » contribue à 18% à la construction du premier axe et à 26% à la construction du deuxième axe. Sur le premier axe ou la première dimension, elle est située à gauche (-0,434) et sur le deuxième axe ou dimension, elle est située à droite (0,318). Elle à comme pondération 0,276.

Par ailleurs, on remarque la modalité « second ou pauvre», bien qu'il a une pondération de 0,232, mais elle ne contribue pas assez à la formation du premier axe (soit 0,078) et se situe dans sa partie gauche (-0,298) et, à la formation du deuxième axe (soit 0,002), où elle se situe dans sa partie droite (0,026). La modalité « moyen, middle », avec une pondération de 0,187, contribue à 20% à la construction du deuxième axe ou dimension et à 0,3% à la construction du premier axe. Sur les deux dimensions, elle se situe à gauche (soit -0,064 pour la première dimension et - 0,337 pour la deuxième dimension). Quant à la modalité « quatrième, fourth », elle a comme pondération 0,189 et contribue à 33% à la construction de la deuxième dimension (sur laquelle elle se situe à gauche, -0,433) et, à 7% à la construction de la premier dimension (où elle est située à droite, 0,318).

118

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Tableau 29. Contribution des points colonnes à la construction des axes ou dimensions

Pourquoi ne s'est-il pas rendu chez un prestataire de soins

Mass

Score in Dimension

Inertia

 

Contribution

 
 

1

2

 

Of Point to Inertia of Dimension

Of Dimension to Inertia of Point

1

2

1

2

Total

Manque d'argent

0,557

-0,401

0,053

0,024

0,339

,015

0,991

0,007

0,998

Mauvaise qualité de services

0,007

1,644

1,828

0,008

0,069

,210

0,600

0,300

0,899

Automédication

0,248

0,648

0,190

0,029

0,394

,083

0,958

0,033

0,991

Cout trop élevé

0,013

-0,649

0,418

0,002

0,021

,021

0,817

0,137

0,954

Raison culturelle ou religieuse

0,015

0,115

-0,729

0,002

0,001

,076

0,032

0,513

0,545

Peur de découvrir une maladie sérieuse

0,003

1,896

1,667

0,004

0,035

,066

0,588

0,184

0,772

Maladie pas grave

0,144

0,447

-0,624

0,014

0,109

,524

0,551

0,434

0,985

Longue distance

0,013

-0,821

0,168

0,004

0,033

,003

0,645

0,011

0,656

Active Total

1,000

 
 

0,086

1,000

1,000

 
 
 

Source : Elaboré par l'Auteur (à l'aide du logiciel SPSS 16.0) sur base des données de l'enquête MICS-RDC 2010.

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Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Le tableau sur les caractéristiques des points colonnes (la variable relative aux différentes raisons de la non accessibilité aux soins de santé), indique que trois modalités contribuent significativement à la construction de chaque dimension ou axe, il s'agit entre autres, des modalités suivantes : « manque d'argent », « automédication », « mauvaise qualité de service de santé » et « maladie pas grave ». Ainsi, la modalité « manque d'argent » avec une pondération de 0,557, contribue à 34% à la construction de la première dimension, où elle se situe à gauche (-0,401) et, à presque 2% de la construction de la deuxième dimension où elle se situe au dessus ou dans la partie positive (0,053).

La deuxième contribution importante vient de la modalité « automédication », avec une pondération de 0,248, elle contribue à 39% à la formation de la première dimension et à 8% à la formation de la deuxième dimension. Que ça soit sur la première ou sur la deuxième dimension, cette modalité se situe dans la partie ou quadrant positif (0,648 et 0,190).

La modalité « maladie pas grave », avec une pondération de 0,144, contribue à 11% à la formation de la première dimension et à 52% à la formation de la deuxième dimension. Elle se situe à droite sur le premier axe ou dimension (0,447) et en dessous (ou dans la partie négative) sur le deuxième axe (-0,624).

Par ailleurs, on remarque que la modalité « coût trop élevé » avec une pondération de 1% , elle contribue, que ça soit à la formation du premier ou du deuxième axe, à 2%. Elle se situe dans le quadrant gauche (-0,649) sur le premier axe et, dans le quadrant droit ou partie positive (0,418) sur le deuxième axe.

Quant à la modalité « mauvaise qualité de services », elle contribue à 7% dans la formation du premier axe et à 21% dans la formation du deuxième axe. Sa pondération est de 0,007 et, se situe dans la partie positive sur le premier et le deuxième axes (1,644 et 1,828).

120

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Ainsi, la situation de deux tableaux décrite ci-dessus se reflète clairement dans le graphique ci-dessous (qui combine les deux situations) : les caractéristiques des points lignes ou les modalités de la variable « niveau de bien-être » et les caractéristiques des points colonnes ou les modalités de la variable relative aux raisons de la non accessibilité aux soins de santé. Ce graphique donne en quelque sorte la cartographie de la situation d'accessibilité des ménages congolais aux soins de santé.

2,0

Figure 6. Projection des points lignes et points colonnes

Points de ligne et de colonne

Symétrique Normalisation

Mauvaise qualité de

Peur de decouvrir un

1,5

1,0

,5C

Richest

Poorest

out trop élevé

Manque d'argent

Second

0,0

MiddleFourth

Wealth index quintil

es

-,5

-1,0

Raison culturelle ou

Pourquoi ne s'est-il

pas rendu chez un p

-1,0 -,5 0,0 ,5 1,0 1,5 2,0

Longue distance Automedication

Dimension 1

Maladie pas grave

La visualisation du graphique ci-dessus montre deux grands regroupements.

- 1er grand regroupement

On remarque que les modalités : « Plus pauvre », « Pauvre » (pour la variable du niveau du bien-être) et les modalités « Manque d'argent », « automédication », « coût très élevé » et « longue distance » (pour la variables

121

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

relative aux différentes raisons de non accessibilité des ménages aux soins de santé) sont projetées dans un même quadrant (quadrant 1).

« plus pauvre » est très rapprochée de « manque d'argent », « automédication » et « coût trop élevé des soins de santé » et, un peu plus rapprochée aussi de la « longue distance ». Il en est de même pour la modalité « pauvre ou second ».

L'interprétation qu'on peut donner à cette situation est qu'il y a une forte probabilité que le manque d'argent ou le faible revenu du ménage, la pratique de l'automédication dans le ménage en cas d'une situation de maladie, le coût trop élevé de soins de santé dans le centre de santé et la longue distance qui sépare le ménage du centre de santé, soient les causes principales ou les facteurs déterminants ou explicatifs de l'accès difficile des ménages pauvres aux soins de santé en RDC. En d'autres termes, si les ménages pauvres accèdent difficilement aux soins de santé en RDC, il est fort probable que ça soit à cause de la modicité de leurs revenus, du coût trop élevé des soins de santé, de la pratique de l'automédication et de la longue distance qui les séparent du centre de santé.

Ainsi, dans le cadre de la définition des nouvelles stratégies susceptibles de faciliter l'accès des ménages pauvres congolais aux soins de santé, les pouvoir publics peuvent s'appuyer sur ces quatre variables pour définir des politiques susceptibles de donner des résultats escomptés qui pourront toucher directement les concernés et soulager ainsi temps soit peu leurs difficultés.

Derrière chaque variable explicative de l'inaccessibilité des ménages congolais aux soins de santé, on peut en tirer une politique d'amélioration des conditions de vie. Le manque d'argent ou la modicité du revenu des ménages reflète la situation économique du pays et renvoi même à la politique du gouvernement en ce qui concerne la redistribution des richesse générées par la croissance économique. Les progrès dans la santé sont à même d'influencer significativement la trajectoire de croissance du pays, autrement dit, la relation entre santé et revenu par habitant

122

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Le deuxième regroupement met dans un même quadrant (quadrant 2) « plus riche » (pour la variable niveau du bien-être socioéconomique), « mauvaise

correspond à l'existence d'un saut quantitatif, à l'occasion duquel des progrès dans les conditions de santé permettent un décollage de la croissance. En effet, dès lors que l'on accepte l'existence d'une causalité réciproque entre la santé et les performances économiques, il est tout à fait possible d'observer une multiplicité d'équilibres. Le passage d'une situation avec faible revenu et mauvais état de santé de la population à une situation caractérisée par des revenus plus élevés et des conditions de santé acceptables s'interprète alors comme un saut considérable d'un équilibre bas à un équilibre haut.

Le coût trop élevé des soins de santé est un facteur reflétant la politique de taxation de soins de santé en RDC et, l'importance que donne le gouvernement dans la prise en charge de la population aux soins de santé. Ici, on peut même se demander quelle est la quotité du coût de santé de la population que le gouvernement prend en charge pour soulager l'accès des ménages pauvres aux soins de santé ?

Dans l'utilisation de l'automédication, se cache des habitudes et comportements à décourager impérativement. A travers les consultations, les sensibilisations, le Gouvernement congolais peut arriver à inculquer dans le chef de la population congolaise des bonnes manières d'aller, à chaque fois qu'on se sent malade, voir un prestataire de soins de santé.

Le gouvernement peut aussi, à travers une politique cohérente et bien réfléchie, arriver à réduire la distance qui sépare les centres de santé aux ménages. La construction des nouvelles infrastructures et même la réhabilitation des infrastructures sanitaires et des voies de communication existantes, pourront constituer les actions prioritaires à réaliser pour remédier à cette situation. La bonne politique serait d'amener l'hôpital ou le centre de santé vers le malade.

- 2ème grand regroupement

123

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

qualité de services de santé » et « peur de découvrir une nouvelle maladie sérieuse » (pour la variable relative aux raisons de non accès aux soins de santé).

Ainsi, L'Analyse Factorielle des Correspondances a donné aussi les raisons qui expliquent la non accessibilité des ménages riches aux soins de santé en RDC. L'interprétation qu'on peut tirer de cette situation est qu'il y a une forte probabilité que la mauvaise qualité de service de santé et la peur de découvrir des nouvelles maladies sérieuses soient à la base ou des facteurs qui expliquent le non accès des riches aux soins de santé en RDC. En d'autres termes, s'il arrive de fois que les riches s'abstiennent d'aller consulter un prestataire de soins de santé, c'est parce qu'ils ont peur de découvrir qu'ils ont des nouvelles maladies. C'est le cas par exemple pour le dépistage volontaire du VIH/Sida. Bien qu'il est gratuit, mais on remarque des résistances de la part de certaines personnes pour se faire dépister. C'est parce qu'elles ont justement peur de connaitre leur état sérologique.

La mauvaise qualité de services de santé aussi peut constituer une entrave à l'accès aux soins de santé pour un ménage riche en RDC. Les riches, étant trop exigeants, n'acceptent pas n'importe quel service de santé. La qualité de service est très déterminante dans l'accessibilité d'un riche aux soins de santé en RDC. Nous le remarquons ces derniers temps à travers la monté très significative des voyages de santé. Les congolais qui ont des niveaux de revenu élevés préfèrent aller se faire soigner à l'étranger plutôt qu'au pays, c'est justement à cause de la recherche de la qualité de services de santé offerte au niveau extérieur (Afrique du Sud, Inde, Belgique, France, Usa,...).

Conclusion partielle

Le présent chapitre fait ressortir le lien qui existe entre la pauvreté et la santé en RDC. Cette relation est établie grâce à la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances. Cette dernière a donné les raisons pour lesquelles les ménages congolais approuvent des difficultés pour accéder aux soins de santé. Ces raisons qui constituent en même temps des facteurs de non accessibilité des ménages aux soins de

124

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

santé, peuvent faire l'objet des variables de contrôle permettant ainsi aux chercheurs de développer des mesures à soumettre aux pouvoirs publics dans le but d'améliorer l'accès des ménages aux soins de santé.

125

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

SUGGESTIONS

Les suggestions issues de cette étude, sont en rapport avec les différentes causes ou raisons de non accessibilité de la population aux soins de santé en RDC. Ainsi, l'étude suggère ce qui suit :

3. Aux pouvoirs publics

- Mobiliser davantage des ressources intérieures au service de la santé grâce à des réaffectations budgétaires et l'amélioration des dépenses de santé ;

- Manifester une réelle volonté politique de lutter contre la pauvreté et d'atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) relatifs à la situation de santé.

- Accroître l'appui financier accordée à la réalisation des OMD relatifs à la santé et à la réduction de la pauvreté ;

- Remplir les fonctions essentielles qui incombent au secteur public dans le domaine de la santé : formulation des politiques, réglementation, passation des marchés et prestation de services ;

- Renforcer l'aptitude du Ministère de la Santé à s'acquitter de ses fonctions fondamentales ;

- OEuvrer à l'amélioration des capacités d'analyse des effets sociaux, afin de contribuer à rendre les systèmes de santé plus accessibles aux pauvres, y compris au plan financier ;

- Aider les organisations de la société civile et les représentants des collectivités locales à participer plus étroitement à l'élaboration et à la mise en oeuvre des politiques et des programmes de santé publique ;

- Soutenir les stratégies propres à améliorer la prestation de services grâce, notamment, à des mesures destinées à rehausser la qualité des services publics et à l'instauration de partenariats avec le secteur privé en vue d'en élargir la couverture ;

126

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

- Stimuler la volonté des milieux politiques et chercher à mobiliser des ressources complémentaires en faveur de la santé ;

- Aider à mieux prendre conscience des retombées que peuvent avoir sur la situation sanitaire les politiques suivies dans des domaines tels que l'éducation, la nutrition, l'approvisionnement en eau et l'assainissement ;

- Sélectionner un ensemble d'indicateurs permettant de suivre la performance des systèmes de santé et l'évolution de la situation sanitaire, en mettant l'accent sur l'équité (y compris entre riches et pauvres), l'accès, la qualité et les modalités de financement ;

Outre ce qui est suggéré ci-dessus, la bonne stratégie du Gouvernement congolais en matière d'accès aux soins de santé serait aussi de renforcer et de moderniser les structures du Ministère de la santé afin qu'elles soient capables de conduire ses activités. La construction, la réhabilitation et l'équipement des structures de santé font partie intégrante de cette stratégie.

Par ailleurs, le médicament représente un élément essentiel du développement du système de santé et de l'accès aux soins pour les populations. Les principes de disponibilité, d'accessibilité et de qualité des médicaments doivent être au centre des préoccupations du gouvernement. C'est ainsi que, la présente étude propose au Gouvernement de définir une nouvelle politique d'approvisionnement en médicaments essentiels en RDC.

L'étude propose également au Gouvernement d'encourager et de promouvoir la mise en place des mutuelles de sante dans le but de palier aux insuffisances constatées au niveau de la demande (modicité du revenu des ménages) et de l'offre (coût trop élevé des soins) des soins de santé.

4. Aux acteurs non étatiques évoluant dans le secteur de la santé:

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Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

9 Le Fonds d'équité : C'est un Fonds qui prend en charge tout ou une partie de la dépense de santé des patients provenant de catégories sociales défavorisées.

- Aider à mieux comprendre en quoi une population en bonne santé peut contribuer à l'instauration d'une croissance et d'un développement favorables aux pauvres ;

- Renforcer le dialogue sur les politiques suivies en matière de santé et dans d'autres domaines où une approche de la santé favorable aux pauvres appelle une action.

La présente étude propose enfin la mise en place d'un « fonds d'équité »9 pour permettre aux plus pauvres d'avoir accès aux soins. Le fonds d'équité représente des compensations financières versées aux prestataires de soins pour les soins dispensés aux personnes très pauvres en difficulté de paiement. Cette formule permet la coexistence de la gratuité des soins pour les plus pauvres et de la participation des usagers pour les autres. En effet, cette recommandation s'inspire du projet de l'amélioration de l'accès des populations démunies aux soins de santé en RDC, initiée par l'Union Européenne à travers le 9ème FED (Fons Européen de développement).

Le Gouvernement congolais peut se saisir de cette initiative, qui nous a parue intéressante, pour faciliter l'accès de la population pauvres aux soins de santé. Le volet « Financement » de cette initiative pourra avoir comme objectif, entre autres, d'améliorer la performance du système de santé ; d'augmenter et de rationaliser le financement du système de santé et enfin, de faire en sorte que le système de santé offre des soins préventifs gratuits, et des soins curatifs dont le coût est accessible à la population ayant des niveaux des revenus faibles. Donc au sein de ce dispositif, on pourra retrouver le volet « achat de service » (ou de prestations) qui consiste à mettre en place un outil de financement similaire à une assurance maladie destiné à réduire la barrière financière pour contribuer ainsi à améliorer l'accessibilité financière des pauvres aux soins de santé tout en réduisant la proportion du coût des soins supporté par eux.

128

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

CONCLUSION

La santé joue un rôle important dans la lutte contre la pauvreté et, l'investissement nécessaire pour améliorer l'état de santé des populations pauvres doit en principe faire partie intégrante des stratégies du gouvernement de lutte contre la pauvreté. C'est ainsi que dans le cadre du présent travail portant sur la pauvreté des ménages et l'accès aux soins de santé en RDC, il nous a parut nécessaire de se préoccuper d'appréhender de manière cohérente, les effets de la pauvreté des ménages sur l'accès aux soins de santé en RDC. Cette dernière préoccupation a constitué le fil conducteur de cette étude.

Le présent travail s'est fixé comme objectif général d'analyser le lien qui existe entre la pauvreté et l'accès aux soins de santé et, comme objectifs spécifiques, d'analyser les déterminants de l'accessibilité des ménages aux soins de santé de qualité; d'évaluer l'ampleur de la pauvreté et de la mauvaise santé au sein des ménages congolais ; de dégager des mesures de politique économique à l'attention des pouvoirs publics en vue d'améliorer l'accès des pauvres aux soins de santé, et enfin de formuler des recommandations permettant d'améliorer l'accès de la population aux soins de santé de qualité.

Ainsi, pour bien orienter l'étude, deux hypothèses importantes ont été émises, à savoir, la situation de pauvreté dans laquelle vit la majorité des ménages congolais réduit leurs possibilités d'accéder aux soins de santé de qualité ; et l'intervention considérable de l'Etat dans certains secteurs porteurs de la croissance améliore la situation sociale et économique des populations et permet par ricochet, leur accès aux soins de santé de qualité.

La réalisation du présent travail a fait appel à plusieurs techniques de collectes des données. La technique documentaire nous a permis de consulter les ouvrages qui ont traités du lien entre la santé et la pauvreté des ménages, l'interview et l'observation ont permis de cerner le fonctionnement du secteur de santé ainsi que la situation de pauvreté en RDC. Ce travail a fait aussi appel à la technique descriptive à

129

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

La mauvaise qualité de services de santé peut constituer une entrave à l'accès aux soins de santé tant pour un ménage riche que pour un ménage pauvre en

travers la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances, une méthode appropriée de réduction des dimensions ou des composantes lorsqu'on est en présence des données multidimensionnelles. La forme fonctionnelle du modèle a mit sur un même plan une variables des raisons de non accessibilité de la population aux soins de santé comprenant 8 modalités importantes à savoir, « Manque d'argent », « Coût trop élevé de soins de santé », « Automédication », « Mauvaise qualité de services de santé », « Raisons culturelle et religieuse », « Peur de découvrir une nouvelle maladie sérieuse », « Maladie pas grave » et « Longue distance » et une autre variable du bien être comprenant 5 modalités : « plus pauvre », « Pauvre », « Moyen », « Quatrième » et « Plus riche ». L'enquête nationale MICS-RDC 2010 nous a servi de base pour réaliser cette étude.

Ainsi, après analyse, il s'est avéré qu'il ya une forte probabilité que le manque d'argent ou le faible revenu du ménage, le coût trop élevé de soins de santé, la pratique de l'automédication dans le ménage en cas d'une situation de maladie, et la longue distance qui sépare le ménage du centre de santé, soient les causes principales ou les facteurs déterminants ou explicatifs de l'inaccessibilité des ménages pauvres aux soins de santé en RDC. En d'autres termes, si les ménages pauvres en RDC approuvent des difficultés pour accéder aux soins de santé, il est fort probable que ça soit à cause de la modicité du revenu du chef du ménage, du coût trop élevé des soins de santé, de la pratique de l'automédication et de la longue distance qui les séparent des centres de santé.

L'Analyse Factorielle des Correspondances a donné aussi les raisons qui expliquent le non accès des ménages riches aux soins de santé en RDC. En effet, il s'est avéré qu'il y a une forte probabilité que la mauvaise qualité de service de santé et la peur de découvrir des nouvelles maladies sérieuses soient des facteurs qui expliquent le non accès des ménages riches aux soins de santé en RDC.

130

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

RDC. La qualité de service est très déterminante dans l'accessibilité d'un ménage ou d'un individu aux soins de santé.

Au regard de ce qui précède, il sied aux pouvoirs publics de développer des politiques et stratégies susceptibles d'améliorer l'accès de la population aux soins de santé car, en s'appuyant sur la théorie de la croissance endogène, on se rend rapidement compte que la santé joue un rôle primordial dans le processus du développement d'un pays. Les progrès dans la santé sont à même d'influencer significativement la trajectoire de croissance du pays.

Pour les pouvoirs publics congolais, l'action visant à briser le cercle vicieux de la pauvreté et de la mauvaise santé doit être une condition essentielle à l'essor économique du pays. Le fait que trois des huit objectifs du millénaire pour le développement portent spécifiquement sur la santé en dit long sur le consensus qui se dégage sur ce point. Si l'on veut améliorer l'accessibilité aux soins de santé des populations pauvres, il ne faut pas s'arrêter au seul secteur de la santé. Des mesures doivent être prises dans d'autres domaines, comme l'éducation, l'approvisionnement en eau et l'assainissement, etc. c'est ainsi qu'il est nécessaire d'adopter une approche favorable aux pauvres qui comprend, entre autres, les objectifs suivants : améliorer la gestion des affaires publiques, renforcer l'offre et la qualité des services de santé, atteindre les groupes les plus vulnérables de la population, instaurer des partenariats efficaces avec le secteur privé et concevoir des mécanismes de financement équitables.

Pour autant qu'on puisse le dire, les résultats et recommandations issus de cette étude sont sujets à des considérations individuelles et, nous n'avons pas la prétention de penser qu'ils constituent une ligne directrice absolue de l'amélioration de l'accessibilité de la population en général et, de la population pauvre en particulier, aux soins de santé en RDC. Mais ils devraient néanmoins, constituer une piste ouverte donnant lieu à d'autres travaux plus élaborés.

131

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

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135

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

ANNEXES

136

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Annexe 1 . RDC, Opérations financières du secteur public sur ressources internes, par secteur d'analyse et par grandes fonction, 2004-011

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

 

2 004
Réal.

2 005
Réal.

2 006
Réal.

2 007 2 008 2 009

Réal. Réal. Réal.

2 010
Réal.

2 011
Réal.

Total des dépenses publiques

Dépenses primaires hors personnel 2

Souverraineté et sécurité

Administration Centrale Publique

Défense, Ordre et sécurité publique

Production et services

Agriculture

Energie

Industries manufacturières

Communication

Tourisme

Environnement

Autres secteurs

Infrastructures de base

Transport

Electricité

Bâtiment et Travaux publics

Logements et équipements collectifs

Capital humain

Santé

Religions, culture, sports et loisirs

Enseignement

Protection sociale

Dépenses de personnel

Dette publique

Total des dépenses publiques

Dépenses primaires hors personnel 2

Souverraineté et sécurité

Administration Centrale Publique

Défense, Ordre et sécurité publique

Production et services

Agriculture

Energie

Industries manufacturières

Communication

Tourisme

Environnement

Autres secteurs

Infrastructures de base

Transport

Electricité

Bâtiment et Travaux publics

Logements et équipements collectifs

Capital humain

Santé

Religions, culture, sports et loisirs

Enseignement

Protection sociale

Dépenses de personnel

Dette publique

Souverraineté et sécurité

Administration Centrale Publique

Défense, Ordre et sécurité publique

Production et services

Agriculture

Energie

Industries manufacturières

Communication

Tourisme

Environnement

Autres secteurs

Infrastructures de base

Transport

Electricité

Bâtiment et Travaux publics

Logements et équipements collectifs

Capital humain

Santé

Religions, culture, sports et loisirs

Enseignement

Protection sociale

Poste pour mémoire :

388 125

191 788 158 306 119 657 38 650

4 149 768 75 155

1 787 219 744 401

18 994 1 985 128 4 316 12 566

10 338

3 232

1 420

1 479

4 208

106 944

89 393

14,922

7,374 6,086 4,600 1,486 0,160 0,030 0,003 0,006 0,069 0,008 0,029 0,015 0,730 0,076 0,005 0,166 0,483 0,397 0,124 0,055 0,057 0,162 4,112 3,437

82,542 62,390 20,152 2,163 0,400 0,039 0,081 0,932 0,114 0,388 0,209 9,904 1,035 0,067 2,250 6,552 5,391 1,685 0,740 0,771 2,194

2 601 13,467 27,554 23,032

398

547 799

257 095 179 955 113 521 66 434 20 714 2 986 12 339 71 2 691 63 2 024 539 25 422 9 984 494 203

14 740

31 005

6 708

2 124

15 159

7 015

136 824

153 880

16,074

7,544 5,280 3,331 1,949 0,608 0,088 0,362 0,002 0,079 0,002 0,059 0,016 0,746 0,293 0,015 0,006 0,433 0,910 0,197 0,062 0,445 0,206 4,015 4,515

69,995 44,155 25,840 8,057 1,162 4,799 0,028 1,047 0,025 0,787 0,209 9,888 3,883 0,192 0,079 5,733 12,060 2,609 0,826 5,896 2,729

3 408 17,757 24,977 28,091 474

(En millions de francs congolais)

602 630 678 909 1 104 494 1 496 794 2 132 858

330 256 407 174 566 091 988 235 1 358 083

240 408 305 048 446 382 717 157 1 083 394

141 818 203 258 355 705 533 438 925 993

98 590 101 790 90 677 183 720 157 402

37 686 21 991 51 109 74 390 61 365

9 158 8 481 9 672 43 592 16 355

19 399 5 481 32 722 15 486 12 526

20 224 130 1 811 3 296

6 842 5 516 5 835 8 253 25 064

922 785 671 1 216 2 032

897 1 085 418 626 500

448 419 1 662 3 407 1 591

22 061 11 564 36 639 155 555 154 601

9 022 5 379 20 982 124 615 52 118

16 286 1 722 74 737

4 073 3 091 10 442 3 400 17 154

8 950 2 809 3 493 27 466 84 593

30 101 68 572 31 960 41 133 58 723

12 326 28 615 6 203 14 483 18 731

2 712 2 724 3 860 8 535 14 699

7 469 24 777 14 673 9 870 15 299

7 594 12 455 7 225 8 245 9 994

176 689 190 739 446 492 363 346 616 814

95 685 80 996 91 912 145 213 157 960

(En pourcentage du Produit intérieur Brut)

14,585 13,120 16,914 16,498 17,825

7,993 7,869 8,669 10,892 11,350

5,818 5,895 6,836 7,904 9,054

3,432 3,928 5,447 5,880 7,739

2,386 1,967 1,389 2,025 1,315

0,912 0,425 0,783 0,820 0,513

0,222 0,164 0,148 0,480 0,137

0,469 0,106 0,501 0,171 0,105

0,000 0,004 0,002 0,020 0,028

0,166 0,107 0,089 0,091 0,209

0,022 0,015 0,010 0,013 0,017

0,022 0,021 0,006 0,007 0,004

0,011 0,008 0,025 0,038 0,013

0,534 0,223 0,561 1,715 1,292

0,218 0,104 0,321 1,373 0,436

0,000 0,006 0,026 0,001 0,006

0,099 0,060 0,160 0,037 0,143

0,217 0,054 0,053 0,303 0,707

0,728 1,325 0,489 0,453 0,491

0,298 0,553 0,095 0,160 0,157

0,066 0,053 0,059 0,094 0,123

0,181 0,479 0,225 0,109 0,128

0,184 0,241 0,111 0,091 0,084

4,276 3,686 6,838 4,005 5,155

2,316 1,565 1,408 1,601 1,320

(En pourcentage des dépenses primaires, sauf indications contraires)

72,794 74,918 78,853 72,570 79,774

42,942 49,919 62,835 53,979 68,184

29,853 24,999 16,018 18,591 11,590

11,411 5,401 9,028 7,528 4,518

2,773 2,083 1,709 4,411 1,204

5,874 1,346 5,780 1,567 0,922

0,006 0,055 0,023 0,183 0,243

2,072 1,355 1,031 0,835 1,846

0,279 0,193 0,119 0,123 0,150

0,272 0,267 0,074 0,063 0,037

0,136 0,103 0,294 0,345 0,117

6,680 2,840 6,472 15,741 11,384

2,732 1,321 3,706 12,610 3,838

0,005 0,070 0,304 0,008 0,054

1,233 0,759 1,844 0,344 1,263

2,710 0,690 0,617 2,779 6,229

9,115 16,841 5,646 4,162 4,324

3,732 7,028 1,096 1,466 1,379

0,821 0,669 0,682 0,864 1,082

2,262 6,085 2,592 0,999 1,127

2,299 3,059 1,276 0,834 0,736

4 132 5 175 6 530 9 073 11 966

18,819 23,586 29,167 29,140 35,351

29,320 28,095 40,425 24,275 28,920

15,878 11,930 8,322 9,702 7,406

468 516 563 817 906

2 950 118

1 720 542 1 363 010 1 146 491 216 519

68 637

17 446 15 225 10 464 14 104

2 351

3 880

5 168 219 257 63 219 963

9 543

145 532

69 637 30 363 35 573 2 757 944 849 684 379 893

20,504

11,958 9,473 7,968 1,505 0,477 0,121 0,106 0,073 0,098 0,016 0,027 0,036 1,524 0,439 0,007 0,066 1,011 0,484 0,211 0,247 0,019 0,007 5,906 2,640

79,220 66,635 12,584 3,989 1,014 0,885 0,608 0,820 0,137 0,226 0,300 12,744 3,674 0,056 0,555 8,458 4,047 1,765 2,068 0,160 0,055

14 388

34,075

28,802

12,877

919

Produit intérieur Brut (en milliards de CDF)

Recettes prévisionnelles (en milliards de CDF)

Dépenses de personnel (en pourcent des dépenses totales)

Dette publique (en pourcent des dépenses totales)

Taux de change moyen (CDF/dollar)

Sources :Alain Lungungu, Analyses faites sur base des données produites par la chaîne des dépenses de 2004-11

1 Y compris les ressources issues de l'Initiative Pays Pauvres Très Endettés

2 Non compris les opérations sur la dette publique

137

138

Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances.

Annexe 2. Budget et dépenses publiques en matière de la santé en RDC (2000-2010, en CDF et $ Usd)

 

Rubriques

 

2000

 

2001

 

2002

2003

 

2004

2005

2006

 

2007

 

2008

 

2009

 

2010

1

Budget de la santé (milliards CDF)

 

235 562 000

1

202 398 248

1

644 527 508

16 394 063 465

28

671 577 376

35 936 413 659

41 848 168 202

49

609 895 796

53

790 965 198

 

154 468 941 848

 

295 907 147 299

2

Budget de la santé (millions $ US)

 

10 469 422

 

10 978 871

 

4 725 654

23 911 701

 

84 175 668

79 858 697

96 019 449

 

88 589 100

 

107 581 930

 

264 049 473

 

326 662 414

3

Budget total (milliards CDF)

24

240 178 000

62

149 000 000

201

905 455 940

334 629 891 724

528

333 000 000

806 169 426 000

1 039 561 000 000

1 370

309 606 010

1 781

415 163 097

2

922 393 815 447

5

389 238 773 671

4

Budget total (millions $ US)

1

108 269 326

 

328 830 688

 

580 188 092

905 342 872

1

168 244 552

1 791 487 613

2 178 731 490

2

446 981 439

3

562 830 326

 

4 995 544 984

 

5 949 372 163

5

Budget de la santé en % du budget total (2/4 x 100)

 

0,94%

 

3,34%

 

0,81%

2,64%

 

7,21%

4,46%

4,41%

 

3,62%

 

3,02%

 

5,29%

 

5,49%

6

Dépenses du budget global (milliards CDF)

23

078 358 000

94

240 708 658

183

729 129 151

283 133 680 028

362

053 164 584

549 117 505 272

693 332 814 963

698

445 568 404

1 381

423 343 603

2

059 445 266 869

3

149 949 615 221

7

Dépenses du budget global (millions $ US)

1

025 704 800

 

498 628 088

 

527 957 268

709 608 221

 

948 755 297

1 375 620 715

1 397 559 718

1

625 249 346

2

762 935 307

 

2 783 606 796

 

3 477 341 298

8

Dépenses de santé (milliards CDF)

 

40 096 000

 

680 562 656

 

328 515 595

9 104 035 287

9

355 927 078

19 676 548 929

22 599 240 468

45

679 194 405

51

338 075 117

 

113 302 617 766

 

149 966 989 306

9

Dépenses de santé (millions $ US)

 

1 782 044

 

3 600 861

 

944 010

22 768 880

 

22 653 576

51 219 329

45 198 481

 

96 407 247

 

107 235 491

 

390 917 761

 

165 553 888

10

Dépenses de santé en % du budget de santé en $ US (9/2 x 100)

 

17,02 %

 

32,8 %

 

19,98 %

95,22 %

 

26,91 %

64,14 %

47,07 %

 

108,83 %

 

99,68 %

 

148,05 %

 

50,68%

11

Dépenses de santé en % de l'exécution du budget global en $ US (9/7 x 100)

 

0,17 %

 

0,72 %

 

0,18 %

3,21 %

 

2,39 %

3,72 %

3,23 %

 

5,93 %

 

3,88 %

 

14,04 %

 

4,76%

12

PPTE Global (milliards CDF)

 

-

 

-

 

-

11 783 000 000

44

331 000 000

49 355 000 000

62 942 790 337

 

-

19

947 622 038

 

-

 

218 278 841 104

13

PPTE Global (millions $ US)

 

-

 

-

 

-

29 093 827

 

111 300 527

104 172 823

136 222 115

 

-

 

35 549 654

 

-

 

240 965 768

14

PPTE Santé (milliard CDF)

 

-

 

-

 

-

3 635 668 342

8

866 200 000

9 537 880 000

12 539 244 632

 

-

3

500 000 000

 

-

 

29 912 970 625

15

PPTE Santé (millions $ US)

 

-

 

-

 

-

8 976 959

 

22 260 105

20 131 453

27 137 698

 

-

 

6 237 525

 

-

 

33 021 991

16

PPTE Santé en % de PPTE Global (15/13x100)

 

-

 

-

 

-

30,86%

 

20%

19,33%

19,92%

 

-

 

17,55%

 

-

 

13,70%

17

Dépenses PPTE Global (en millions de CDF)

 

-

 

-

 

-

-

 

-

-

-

 

-

 

-

 

-

 

200 424 081 807

18

Dépenses PPTE Global(en million $ US)

 

-

 

-

 

-

-

 

-

-

-

 

-

 

-

 

-

 

221 255 265

19

Dépenses PPTE/Santé (en millions de CDF)

 

-

 

-

 

-

-

 

508 142 765

9 493 542 600

11 647 993 780

 

-

5

753 355 078

 

-

 

22 252 451 136

20

Dépenses PPTE/Santé (en million $ US)

 

-

 

-

 

-

-

 

1 275 779

20 037 871

25 208 834

 

-

 

10 253 342

 

-

 

2 456 527

21

Dépenses de santé en % PIB (9/27)

 

0,41

 

0,53

 

0,17

4,01

 

3,47

7,15

5,14

 

9,66

 

9,25

 

35,43

 

7,48

22

Dépenses de santé par habitant ($ US) (9/31)

 

0,03

 

0,07

 

0,02

0,4

 

0,39

0,86

0,73

 

1,52

 

1,64

 

5,82

 

2,39

23

PIB (millions CDF au prix de 2000)

 

297 065,50

 

290 827,10

 

300 914,40

318 341,20

 

339 478,90

365 960,80

386 386,00

 

410 565,10

 

435 835,80

 

447 769,10

 

471 949

24

PIB (millions $ USD au prix de 2000)

 

4 302,80

 

4212,4

 

4 358,60

4 611,00

 

4 917,10

5 300,70

5 996,60

 

5 946,80

 

6 312,80

 

6 485,60

 

6 836

25

Taux de croissance du PIB

 

-6,90

 

-2,1

 

3,5

5,8

 

6,6

7,8

5,6

 

6,3

 

6,2

 

2,7

 

6,1

26

PIB courant (milliards CDF)

 

297 065,46

 

1 407 545,00

 

1 922 300,00

2 298 655,50

 

2 601 000,00

3 996 231,00

4 114 000,00

 

5 148 200,00

 

6 526 000,00

 

8 648 600,00

 

10 390 500,00

27

PIB courant (millions $ US)

 

4 302,80

 

6 812,20

 

5 542,80

5 682,40

 

6 531,30

7 165,00

8 785,00

 

9 977,00

 

11 588,00

 

11 033,30

 

12 390,5

28

PIB par habitant ($ US) (27/31)

 

82,6

 

127,3

 

100,8

100,8

 

112,6

120,0

142,8

 

157,6

 

177,7

 

164,2

 

179,0

29

PIB réel/hab. ($ US au prix de 2000) (24/31)

 

82,6

 

78,7

 

79,2

81,8

 

84,8

88,8

97,5

 

93,9

 

96,8

 

96,5

 

98,8

30

PIB réel/hab. (CDF au prix de 2000) (26/31)

 

5701,8

 

5436,0

 

5471,2

5644,3

 

5853,1

6130,0

6282,7

 

6486,0

 

6684,6

 

6663,2

 

6 819,60

31

Population (millions)

 

52,1

 

53,5

 

55

56,4

 

58

59,7

61,5

 

63,3

 

65,2

 

67,2

 

69,2

32

Cours de change (CDF/$ US)

 

21,82

 

319,50

 

346,80

405,00

 

398,30

473,78

468,27

 

516,75

 

561,12

 

807,47

 

905,85

33

Taux d'inflation

 

550,0

 

357,3

 

25,3

12,8

 

4,0

21,6

13,1

 

16,7

 

18,0

 

46,1

 
 

Source : DPSB du Ministère du Budget, Direction des études de la BCC, DEP Santé

139

Annexe 3. Evolution des budgets de l'Etat et de la Santé (RDC), de 2000 à 2010 (en CDF)

Année

Rubrique

Prévision

 
 

Réalisation

Taux

2000

Budget global

 

24

240

178 000

 

23

078

358 000

95,21

Budget santé

 
 

235

562 000

 
 

40

096 000

17,02

Structure

 
 
 

0,97

 
 
 

0,17

 

2001

Budget global

 

62

149

000 000

 

94

240

708 658

151,64

Budget santé

 

1

202

398 248

 
 

680

562 656

56,60

Structure

 
 
 

1,93

 
 
 

0,72

 

2002

Budget global

 

201

905

455 940

 

183

729

129 151

91,00

Budget santé

 

1

644

527 508

 
 

328

515 595

19,98

Structure

 
 
 

0,81

 
 
 

0,18

 

2003

Budget global

 

334

629

891 724

 

283

133

680 028

84,61

Budget santé

 

16

394

063 465

 

9

104

035 287

55,53

Structure

 
 
 

4,90

 
 
 

3,22

 

2004

Budget global

 

528

333

000 000

 

399

425

980 166

0,69

Budget santé

 

28

671

577 376

 

9

355

927 078

32,63

Structure

 
 
 

5,43

 
 
 

2,34

 

2005

Budget global

 

806

169

426 000

 

549

117

505 272

68,11

Budget santé

 

35

936

413 659

 

19

676

548 929

54,75

Structure

 
 
 

4,46

 
 
 

3,58

 

2006

Budget global

1

039

561

000 000

 

693

332

814 963

66,69

Budget santé

 

41

848

168 202

 

22

599

240 468

54,00

Structure

 
 
 

4,03

 
 
 

3,26

 

2007

Budget global

1

370

309

606 010

 

698

445

568 408

50,97

Budget santé

 

49

609

895 796

 

45

679

194 405

92,08

Structure

 
 
 

3,62

 
 
 

6,54

 

2008

Budget global

1

781

415

163 097

1

381

423

343 603

77,55

Budget santé

 

53

790

965 198

 

51

338

075 117

95,44

Structure

 
 
 

3,02

 
 
 

3,72

 

2009

Budget global

2

922

393

815 447

2

059

445

266 862

70,47

Budget santé

 

154

468

941 848

 

113

302

617 766

73,35

Structure

 
 
 

5,29

 
 
 

5,50

 

2010

Budget global

5

389

238

773 671

3

149

949

615 221

58,45

Budget santé

 

295

907

147 299

 

149

966

989 306

50,68

Structure

 
 
 

5,49

 
 
 

4,76

 

Source : DPSB, Ministère du Budget et DEP, Ministère de la Santé.

140






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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams