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Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par l'analyse factorielle des correspondances

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par Junior Kana Kiwe
Université de Kinshasa RDC - Master en économie des ressources humaines 2011
  

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0. INTRODUCTION

La santé occupe aujourd'hui un rang plus élevé que jamais dans les priorités de la communauté tant nationale qu'internationale, et celle des pauvres devient un axe essentiel de l'action en faveur de la croissance et du développement. Les pays sont d'avis que bénéficier des meilleures conditions de santé possibles est un droit fondamental pour chaque être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses convictions politiques et sa situation sociale et économique. Abstraction faite de sa valeur intrinsèque pour chaque individu, la santé est essentielle pour le développement humain en général et pour la réduction de la pauvreté en particulier. Or, les populations pauvres sont les plus vulnérables à la maladie.

Pour améliorer l'état de santé des pauvres, il est nécessaire d'adopter une approche de la santé soutenue par les gouvernements. La nature de ce soutien et la définition des priorités dépendent du contexte de chaque pays concerné. Il faut en priorité augmenter les ressources financières en faveur de la santé, que ce soit dans les budgets des pays ou dans les aides extérieures reçues. Les pays doivent aussi s'engager plus résolument à améliorer leur gestion et mieux axer leurs politiques sur le problème de la pauvreté.

En effet, les pauvres sont en moins bonne santé et voient leur espérance de vie à la naissance se réduire d'année en année; leur taux de mortalité infantile et maternelle ainsi que l'incidence de la maladie sont en moyenne plus élevés que dans d'autres catégories des populations; l'accès aux soins de santé et aux dispositifs de protection sociale est plus limité.

La santé constitue un atout d'une importance capitale pour les pauvres, la clé de leur survie. Elle demeure la préoccupation majeure des gouvernements dans n'importe quelle circonstance car, il est prouvé qu'il existe une relation directe entre la santé et la productivité et, l'état de santé s'améliore avec la croissance économique. Améliorer les conditions de santé des populations permet de perdre moins de journées

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de travail et d'allonger la durée de la vie active. Ainsi, l'offre de travail se trouve accrue en volume et en qualité.

Le présent travail s'efforce d'étudier les conséquences de la pauvreté des ménages sur l'accès aux soins de santé de qualité en RDC. La problématique de base est centrée sur l'impact de la dégradation des conditions socio-économiques sur le développement du capital humain dont la santé constitue l'une des principales composantes.

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0.1. Problématique

Le contexte économique, politique et social des pays de l'Afrique au Sud du Sahara s'est caractérisé au cours de cette dernière décennie, par une dégradation constante. Des causes aussi bien internes qu'externes ont présidé à cette situation précaire. Sur le plan interne, les conditions politiques défavorables, la mauvaise gouvernance et la faiblesse du cadre administratif et institutionnel ainsi que l'étroitesse du marché intérieur, ont créé un environnement préjudiciable au processus de développement de ces pays en général, et de la République Démocratique du Congo en particulier.

En effet, pays très vaste (surface de 2.345.350 km2) et riche en ressources du sol et du sous-sol, la RDC figure paradoxalement parmi les pays les plus pauvres de la planète et, est constamment soumise à des chocs endogènes et exogènes, caractérisés par des difficultés que connaissent la population à accéder de façon convenable et durable aux biens et services publics. Les conséquences actuelles de ces différents chocs se traduisent sur le terrain par des crises socio-politiques graves, devenues des menaces permanentes pour la stabilité du pays.

La RDC est un Etat fragile, en dépit de son potentiel immense en ressources naturelles. Le Produit Intérieur Brut par habitant représente moins de 140 dollars Usd, près de 71% de la population (soit 7 ménages sur 10) vivent en dessous du seuil de pauvreté et, dans certaines régions du pays, le niveau de pauvreté dépasse 80%. Le pays a vu sa position se dégrader dans le classement par rapport au développement humain et occupe désormais la dernière place sur une échelle de 187 pays en 2011, avec un IDH situé à 0,286, une espérance de vie à la naissance de 48 ans et une durée moyenne de scolarisation de 3 ans et demi (PNUD, 2011).

A l'instar d'autres pays du monde, la RDC a, en 2000, souscrit aux OMD et, en 2005, adopté son Document de Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP) dont les principaux piliers étaient en phase avec les OMD. En vue de mesurer de façon précise les progrès accomplis, sur le plan social, vers l'atteinte des

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OMD à l'horizon 2015 et alimenter la base de données socioéconomiques susceptible de fournir des indicateurs fiables et à jour pour l'élaboration du DSCRP de deuxième génération, le Gouvernement de la RDC a réalisé en 2010, sa troisième enquête par grappes à indicateurs multiples (INS et UNICEF, MICS-RDC 2010).

Malgré ces initiatives louables, les progrès sociaux demeurent toujours lents, et le pays risque de ne pas être en mesure d'atteindre la plupart des OMD à l'horizon 20151. En effet, la grande majorité de la population n'a pas accès aux services sociaux les plus élémentaires : seulement 40 à 50% de la population a accès aux soins de santé, on note une moyenne de 11 médecins pour 100.000 habitants, le taux de mortalité infantile est estimé à 97 pour mille naissances vivantes, alors que la probabilité pour un enfant de décéder avant d'atteindre son cinquième anniversaire est de 158 pour mille et, 24% d'enfants souffrent d'insuffisance pondérale modérée ou sévère2, 4 enfants sur 10 ne sont pas scolarisés, plus de 3 personnes sur 5 n'ont pas accès à l'eau potable (seulement 47% de la population consomment l'eau issue d'une source améliorée) et 4 personnes sur 5 n'ont pas accès à l'électricité (PNUD, 2011).

Par ailleurs, l'utilisation des toilettes améliorées (celles qui séparent d'une manière hygiénique les excréments humains du contact humain) est réduite en RDC où elle ne concerne que 14% des ménages. A l'opposé, 72% utilisent des installations sanitaires non améliorées, tandis que 14% n'utilisent pas de toilettes et pratiquent la défécation à l'air libre. En ce qui concerne le degré de promiscuité, 14%

1 Selon le Country Economic Memorandum, CEM de la Banque Mondiale (2011), la croissance en RDC est ralentie par .
· (i) la faiblesse des institutions et de la gouvernance ayant résulté en la vulnérabilité de l'économie congolaise, le manque de diversification et les échecs du marché, (ii) le manque d'infrastructures d'énergie et de transport et (iii) le faible niveau d'investissements dans le capital humain et la protection sociale. Il faut aussi rajouter la faiblesse de l'investissement qui ne représente que 4 pourcent du PIB, largement en deçà de 27% requis pour atteindre une croissance à deux chiffres. En conséquence, le rapport recommande la mise en place d'institutions solides, la levée des contraintes par des politiques volontaristes et la diversification de l'économie.

2 Les indicateurs clés couramment utilisés pour l'évaluation de l'état nutritionnel des enfants de moins de 5 ans sont .
· (i) l'insuffisance pondérale (exprimé par l'indice poids-pour-âge) ; (ii) le retards de croissance ou malnutrition chronique (exprimé par l'indice taille-pour-âge) ; (iii) l'émaciation ou malnutrition aiguë (exprimé par l'indice poids-pour-taille).

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aussi des ménages ont en moyenne une chambre à coucher par personne et 43% dorment à 4 ou plus par chambre à coucher3(INS et UNICEF, MICS-RDC 2010).

La situation de pauvreté a été aggravée par les différents conflits qui ont émaillé la vie politique du pays au cours de ces dernières années. Ces conflits ont causé et continuent à causer au pays un désastre humain, auquel s'ajoute un désastre écologique qui a des conséquences économiques; ce qui contraint encore aujourd'hui de nombreuses populations à vivre dans des conditions précaires. Ces conflits se sont également traduits par des déplacements massifs des populations (près de 2,6 millions de personnes selon les Nations Unies). Cet état des choses prouve à suffisance que la situation socioéconomique de la majorité des populations congolaises demeure précaire avec plusieurs facettes dont : la faiblesse du revenu, la non satisfaction des besoins alimentaires, et l'accès difficile aux soins de santé, à la scolarisation et à un logement décent.

En matière de la santé, la RDC accuse un retard considérable. Dans l'opinion publique internationale, l'image de la RDC reste associée à des guerres et des catastrophes. Un système de santé en pleine dégradation ne peut faire face à une démographie galopante et à une urbanisation encore plus rapide. Les maux de la RDC sont multiples, depuis le Sida jusqu'à la Trypanosomiase, que la médecine coloniales se vantait d'avoir vaincue et qui néanmoins réapparaît. Enfin, l'épidémie d'Ebola ravive toute les peurs, même si elle est moins dévastatrice que celle, plus fréquente, de la Poliomyélite, la Rougeole ou la Méningite. Cette image de la RDC efface progressivement une autre, qui fut très présente dans les milieux universitaires et chez les professionnels de la santé : dans les années 70 et 80, la RDC était considérée comme un des pays africains les plus avancés dans le domaine de la santé publique.

La baisse de la qualité de service de santé, le faible revenu des ménages ainsi que l'insuffisance des centres de santé constituent la toile de fonds d'un accès

3 dans un ménage est défini par le nombre de personnes par chambre à coucher. Il montre l'encombrement des personnes dans ces chambres. Dans ce rapport, on considère qu'il y a une grande promiscuité lorsqu'il y a 4 personnes ou plus par chambre à coucher.

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difficile de la population aux soins de santé. En effet, la pauvreté et la mauvaise santé vont de pair. En matière de santé, le pays tend à réaliser de moins bons résultats et, à l'intérieur on remarque que les pauvres se portent moins bien que les riches. Cette association révèle un lien de causalité à double sens : la pauvreté engendre la mauvaise santé et la mauvaise santé entretient la pauvreté. La mauvaise santé peut influer profondément sur le revenu des ménages et même faire toute la différence entre être au-dessus ou en dessous du seuil de pauvreté. Les pauvres souffrent d'une multitude de privations qui se traduisent par des niveaux élevés de mauvaise santé. Ils se trouvent donc piégés dans un cercle vicieux : la pauvreté engendre la mauvaise santé et la mauvaise santé entretient la pauvreté.

Au regard de ce qui précède, il apparaît clairement impérieux, à travers ces écrits, d'attirer l'attention des pouvoirs publics congolais pour qu'ils s'orientent dans une démarche de développement économique en vue d'améliorer les conditions de vie des populations. Mais la mise en oeuvre d'un développement économique et social durable requiert un programme de lutte contre la pauvreté centré sur le développement des ressources humaines. En fait, l'investissement dans le capital humain en vue d'améliorer l'offre des services est une composante majeure des actions de développement. L'importance de l'investissement dans le capital humain tient principalement aux effets irréversibles qu'engendre l'absence de tel investissement.

En effet, lorsqu'une génération d'enfants ne bénéficie pas de soins de santé adéquats et d'une bonne nutrition, ou qu'elle n'est pas correctement ou pas du tout scolarisée, aucune autre mesure ne saurait remédier aux dégâts constatés qui se manifestent lorsque ces enfants atteignent l'âge adulte (Kacou Kouamela et Tano Kouadio, 2008).

Vu l'importance de la santé dans le processus de la croissance et du développement ainsi que dans l'amélioration des conditions de vie des populations en RDC, la maîtrise des facteurs de l'accessibilité des ménages aux soins de santé requiert une analyse approfondie. C'est ainsi que la présente étude se préoccupe

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d'appréhender, d'une manière cohérente, les effets de la pauvreté sur l'accès aux soins de santé en RDC. Cette dernière préoccupation constitue sans doute le fil conducteur de la présente réflexion.

Ainsi, nous essayerons, en suivant une méthodologie appropriée, de proposer certaines pistes de solution dans le but d'améliorer l'accès des populations congolaises aux soins de santé de qualité car, la santé est l'un des moteurs de la croissance et du développement d'un pays.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand