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Contribution à  la mise en place du processus de cogestion du domaine de chasse et réservé de Bombo-Lumene

( Télécharger le fichier original )
par Moïse AMISI LUENGA
Ecole de Faune de Garoua /Cameroun - Spécialiste de la Faune et gestion des Aires Protégées 2012
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

Paix-Travail-Patrie Peace-Work -Fatherland

MINISTERE DES FORETS ET DE LA FAUNE MINISTRY OF FORESTRY AND WILDLIFE

ECOLE POUR LA FORMATION SCHOOL FOR THE TRAINING

DES SPECIALISTES DE LA FAUNE OF WILDLIFE SPECIALISTS

CONTRIBUTION A LA MISE EN PLACE DU PROCESSUS DE COGESTION DU DOMAINE DE CHASSE ET RESERVE DE BOMBO- LUMENE

CONTRIBUTION SUR LA MISE EN PLACE DU PROCESSUSDE COGESTION DE LA RESERVE DE FAUNELOMAKO-

Rapport présenté en vue de l'obtention du Diplôme de Spécialiste de la faune (Cycle B)

Par

AMISI LUENGA Moïse

Superviseurs: Encadreur :

Monsieur Tarla Francis NCHEMBI Conservatrice Ewing LOPONGO B.

Directeur de l'Ecole de Faune de Garoua. Chef de Site du DCRBL, a.i

Madame MAHA NGALIE

Chef de Service Faune et Aires Protégées.

Promotion 2010-2012

SOMMAIRE

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iv

LISTE DES FIGURES v

LISTE DES ABREVIATIONS vi

RESUME viii

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION 1

1.1 Contexte 1

1.2 Problématique 2

1.3.1 Objectif global : 4

1.3.2 Objectifs spécifiques 4

CHAPITRE 2 : REVUE DE LA LITTERATURE 6

2.1 Introduction 6

2.1.1 Aspect historique et définition 6

2.2 Quelques initiatives de Cogestion des Ressources Naturelles : 7

2.2.1 Expérience de la Cogestion de la Reserve de Conkouati au Congo-Brazzaville (Nguinguiri, 1997) 7

2.2.2 Expérience dans le programme CAMPFIRE au Zimbabwe 8

2.2.3 Expérience de Cogestion au Cameroun 9

2.2.4 Essai de la Cogestion du Parc National des oiseaux du Djoudjou au Sénégal 10

2.2.5 Aperçu sur la mise en oeuvre du processus de Cogestion en Tanzanie 12

2.2.6 Aperçu sur la mise en oeuvre du processus de Cogestion en Ouganda 12

CHAPITRE 3 : MATERIELS ET METHODES 15

3.1 Présentation de la zone d'étude 15

3.1.1 Localisation 15

3.1.2 Climat 16

3.1.3 Relief et hydrographie 18

3.1.4 Sol 18

3.1.5 Végétation 18

3.1.6 Faune 19

3.1.7 Les atouts touristiques du Domaine et Reserve de Chasse de Bombo-Lumene 20

3.1.8 Cadre juridique sur la faune et flore en RDC 22

3.1.9 Population riveraine au Domaine de chasse et Reserve de Bombo-Lumene 23

3.2.1 Collecte des données 24

c. Analyse des données 26

CHAPITRE 4 : RESULTATS ET DISCUSSIONS 27

4.1 Vérification des limites du Domaine de chasse et Reserve de Bombo-Lumene 27

4.2 L'accroissement démographique et son impact sur la gestion des ressources naturelles de la DCRBL 29

4.3 Perception du DCRBL par la population locale et évaluation de leur niveau de connaissance en matière de la législation sur la faune et flore. 31

4.3.1 Perception du DCRBL par la population locale 31

4.3.2 Perception du DCRBL par le personnel du DCRBL 33

4.3.3 Evaluation du niveau de connaissance de la population riveraine en matière de la législation sur la faune et flore. 35

4.3.1 Répartition de la population selon le niveau d'études 36

4.4 Collaboration entre le gestionnaire du DCBL et la population locale du plateau de Batéké. 37

4.5 Points de vue de la population locale sur l'impact de la conservation sur le développement socio-économique de Batéké. 39

4.6 Activités socio-économiques menées par la population locale du plateau de Batéké 42

4.7. Mode de gestion des conflits qui surgissent entre la conservation et la population riveraine. 43

4.7.1 Conflit opposant l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature à la population locale : 44

4.7.2 Conflit opposant l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature au Chef traditionnel : 45

4.7.3 Conflit opposant les habitants du village suite à la gestion des espaces : 45

4.7.4 Conflit opposant le Chef traditionnel et sa base (les villageois) : 46

4.7.5 Conflit opposant les confessions religieuses (Eglise catholique) à l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) : 46

CHAPITRE 5 : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 48

BIBLIOGRAPHIE 51

DEDICACE

Gloire soit rendue à mon Dieu qui est tout pour moi !

A mes regrettés parents MUTANGI MUTUNGWA et MULASI LEA Honorine qui m'ont façonné dès le bas âge et ont forgé en moi ce dont je vaux aujourd'hui ;

A ma chère épouse Mamie NZIGIRE WETEMWAMI dont les sacrifices consentis pendant toute ma période de formation sont innombrables ;

A mes enfants Fidèle MUTANGI AMISI et Schekina BARAKA AMISI, ainsi qu'à toute ma progéniture ;

A tous mes frères et soeurs ;

Je dédie ce travail !

REMERCIEMENTS

Il serait aberrant de passer inaperçues les personnes qui, de loin ou de près, ont contribué à la réalisation de ce travail. A cet effet, nos sentiments de gratitude s'adressent :

Ø A Monsieur Tarla NCHEMBI Francis, Directeur de l'Ecole des Spécialistes de Faune de Garoua qui, en dépit de multiple exigences professionnelles, s'est donné corps et âme pour assurer la bonne marche de notre formation ;

Ø A Madame MAHA Ngalié, Chef de Service Faune et Aires Protégées de la région du Nord Cameroun qui, en dépit des contraintes professionnelles n'a ménagé aucun effort pour nous superviser, tout en supportant nos caprices ;

Ø Au Programme d'Appui à la Conservation des Ecosystèmes dans le Bassin du Congo «  PACEBCO », qui a financé notre formation à l'Ecole de Faune de Garoua ;

Ø A Monsieur l'Administrateur Délégué Général de l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), Pasteur Cosma WILUNGULA BALONGELWA pour l'intérêt qu'il a accordé à notre renforcement des capacités à travers la bourse octroyée par PACEBCO ;

Ø A Monsieur Jules MAYIFILUA LUKOMBO, Chef d'Antenne PACEBCO dans le Paysage Maringa -Lopori -Wamba et ancien Chef de Site de la Reserve de Faune de Lomako-Yokokala, qui a bien voulu proposer notre candidature à la hiérarchie ;

Ø A la Conservatrice Ewing LOPONGO BONGO, Chef de Site a.i du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene et ses collaborateurs qui nous ont accueilli et encadré pendant notre période de stage professionnel ;

Ø A tout le corps professoral de l'Ecole de Faune de Garoua dont l'encadrement a été sans pareil ;

Ø A Monsieur KAYEMBE DIKO, dont l'assistance est manifeste ;

Ø A Monsieur et Madame Richard MC DONALD, qui ont soutenu ma famille tant spirituellement que financièrement ;

Ø A Madame LISA SABAN pour ses multiples encouragements ;

Ø A Monsieur et Madame Emery KABUGI, pour leurs multiples encouragements ;

Ø A mon grand frère, Dieudonné KALANGWA KALIBUCHI ainsi qu'à son épouse Bibiane MALOBA KALANGWA, pour toute l'assistance faite à ma famille pendant toute la période de mon absence ;

Ø A mes frères et soeurs : Esther KABWE AZINA, MASOKA FEZA, MASOKA MUTANGI, BIKYE'OMBE MUTANGI, NONDO SADIKI, NONDO MTUNGWA, MTANGE, MAUWA, EVELYNE, SANGO SADIKI, NYASA SADIKI, NONDO SADIKI, AKIM SADIKI ;

Ø A tous mes promotionnaires ;

Ø A tous mes bien-aimés dans le Seigneur ;

Trouvez ici les fruits de vos efforts.

LISTE DES FIGURES

Figure n°1 : Réseau des aires protégées en République Démocratique du Congo..............16

Figure n°2 : Carte du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene.......................17

Figure n°3 : Fréquence des visites des touristes par nationalités au Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene............................................................................ 21

Figure n°4 : Opinions sur la violation des limites naturelles du DCRBL........................ 27

Figure n°5 : Causes de l'accroissement de la population dans le plateau de Batéké............30

Figure n°6 : Perception de l'aire protégée par la population locale................................32

Figure n°7 : Perception de l'aire protégée par le personnel du DCRBL..........................34

Figure n°8 : Connaissance de la population du plateau de Batéké en matière de la réglementation sur la conservation de la biodiversité ...............................................34

Figure n° 9 : Opinions recueillies sur le niveau de collaboration entre la conservation et la population locale..........................................................................................37

Figure n°10 : Point de vue de la population sur l'apport de la conservation dans la vie socio-économique de la population locale....................................................................39

Figure n° 11 : Appréciation de CADIM par la population riveraine au DCRBL................40

Figure n°12 : Activités socio-économiques de la population du plateau de Batéké............42

Figure n°13 : Cartographie des conflits dans le plateau de Batéké...............................44

LISTE DES TABLEAUX

Tableau n°1 : Répartition de la population selon les villages dans le groupement de Mbakana...................................................................................................25

Tableau n°2 : Répartition de la population selon les tranches d'âges et le niveau d'instruction...............................................................................................36

LISTE DES PHOTOS

Photo n°1 : Structure de la végétation du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene...................................................................................................19

Photo n°2: Pont rustique en liane du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene.....................................................................................................................................20

Photo n°3 : Ferme IBI-Village érigé à l'endroit réservé à l'espace tampon......................28

LISTE DES ABREVIATIONS

A.I.B.T : Accord International sur les Bois Tropicaux

AP : Aire protégée

CADIM : Centre d'Appui au Développement Intégral de Mbakana

COGEREN : Comité de Gestion des Ressources Naturelles de Conkouati

CEP : Champ-École Paysan

CITES : Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d'extinction

CIVC : Comité Inter Villageois Communautaire

CVD : Comité Villageois pour le Développement

DCRBL : Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene

DSRP : Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté

ECOFAC : Ecosystèmes Fragilisés d'Afrique Centrale

FAO : Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture

GPS : Global Positioning System 

GRN : Gestion des Ressources Naturelles

ICCN : Institut Congolais pour la Conservation de la Nature

UICN : Union Mondiale pour la Nature

MAB : Man and the Biosphere 

OIBT : Organisation Internationale des Bois Tropicaux

OIF : Organisation Internationale de la Francophonie

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations-Unies

PACEBCO : Programme d'appui pour la Conservation des Ecosystèmes dans le Bassin du Congo

PCGBC : Programme de Conservation et de Gestion de la Biodiversité au Cameroun

PNUD : Programme des Nations-Unies pour le Développement

RDC : République Démocratique du Congo

WDPA: World Database on Protected Area

ZIC: Zone d'intérêt Cynégétique.

RESUME

Une étude a été réalisée sur la contribution à la mise en place du processus de cogestion du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene.

C'est une aire protégée périurbaine, située à proximité de la ville province de Kinshasa, dans le plateau de Batéké, en République Démocratique du Congo. Elle couvre une superficie d'environ 350.000 ha.

Partant de sa configuration, elle se trouve entourée par une population riveraine dont le niveau de vie est en dessous du seuil de pauvreté, sans l'assistance gouvernementale.

Les objectifs étaient de vérifier le respect des limites naturelles du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene, d'analyser les opinions de la population locale sur leur perception de l'aire protégée et d'évaluer le niveau de collaboration entre gestionnaire du DCRBL et la population locale.

Cette étude a procédé par les enquêtes par échantillonnage tant au près de la population locale qu'au niveau des agents de la conservation. Cela étant, l'échantillon a concerné la station de Bombo-Lumene, les villages de Dumi, Buantaba ainsi que la cité de Mbakana.

Pour ce faire, un échantillon représentatif de 12 ménages a été interrogé à la station du DCRBL, 81 ménages par ailleurs ont été questionnés à Dumi et à Buantaba, et enfin 192 ménages dans la cité de Mbakana ont constitué nos enquêtés.

Il ressort de nos enquêtes que la population locale n'est pas impliquée dans la gestion du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene. Aucune initiative de développement socio-économique n'est entreprise par la conservation et il n'existe aucune collaboration entre la conservation et la population locale.

Le résultat est l'installation d'une crise de confiance mutuelle entre conservation et la population locale qui, pour leur besoin de survie se permettent de dévaster plus de 5000 ha de cette aire protégée en y pratiquant l'agriculture, la carbonisation, le braconnage et les espaces reconnus au Domaine sont quotidiennement spoliés.

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION

1.1 Contexte

Après les menaces de la déforestation perpétrées par l'abattage et divers incendies dans la forêt amazonienne réputée de poumon de la planète, l'heure est venue où les forêts du Bassin du Congo, deuxième poumon vert à l'échelle mondiale, nécessitent d'être bien conservées afin de prévenir leur disparition et les conséquences y relatives. Pour ce faire, l'ancienne vision de la conservation de la nature basée sur la contrainte  « Conservation Policière » n'ayant pas garanti une gestion rationnelle et durable des ressources naturelles suite à l'exclusion de l'implication de la population locale dans le processus, les tendances sont aujourd'hui tournées vers une approche participative qui, non seulement repose sur une gestion durable de ces ressources susmentionnées , mais aussi veille sur le développement socio-économique des populations autochtones qui, sous cet angle, sont considérées comme acteurs et partenaires dans le processus.

Cela étant, sans un niveau de participation relativement important, les objectifs de conservation et de développement ne pourront tout simplement pas être atteints puisque la mise en oeuvre des politiques, quelle que soit leur origine, suppose une coopération locale (Fisher, 1990).

Depuis 1934, le gouvernement congolais a créé l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), une entreprise publique chargée de gérer les aires protégées. Actuellement, ces aires protégées couvrent environ 11 % du territoire national. Il englobe des paysages diversifiés, allant des forêts d'altitude, dense et humides, aux zones de savanes, et il renferme notamment cinq sites du Patrimoine Mondial. Par ailleurs, ces Aires Protégées (Aps) de la République Démocratique du Congo sont globalement représentatives des écosystèmes de la région (Vermeulen, et Lanata, 2006) où nous pouvons encore trouver quelques espèces fauniques emblématiques telles que l'Okapi, le Bonobo, le Gorille, et le Paon congolais.

Cependant, cette richesse de la biodiversité susmentionnée est actuellement victime de l'exploitation non durable faite par la population dont, d'après les informations fournies par le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP) de l'année 2004, cette population congolaise était estimée à 52 millions d'habitants dont 80 % vit en dessous du seuil de pauvreté, notant que 60% vit en milieu rural alors que les milieux ruraux regorgent des grandes richesses en ressources naturelles.

Cette croissance démographique accrue constituée essentiellement des populations dépourvues du minimum vital, amène ces populations riveraines à se contenter des forêts et aires protégées environnantes en y pratiquant le prélèvement des espèces fauniques et floristiques d'une manière anarchique et non réglementée. Cette façon de faire contribue énormément à la dégradation des forêts et aires protégées. 

Afin de renforcer le mécanisme de partenariat et de permettre la réalisation des objectifs de réhabilitation et de la promotion des aires protégées avec l'implication des communautés dans la gestion de celles-ci, l'ICCN a mis en place un cadre de concertation avec ses partenaires. C'est dans ce cadre de renforcement de partenariat que quelques initiatives de conservation communautaire ont été initiées dans certaines APs (ICCN, 2008).

Voulant donc apporter notre une pierre à ces initiatives d'implantation du processus de cogestion des Aires Protégées de la République Démocratique du Congo, nous avons jugé opportun de travailler sur : «La contribution à la mise en place du processus de Cogestion du Domaine de Chasse de Bombo-Lumene » afin de relever les défis susmentionnés et de proposer des voies de solution pouvant garantir une issue meilleure au processus et ceci dans le cadre de notre stage académique tel qu' inscrit au programme de l'Ecole de Faune de Garoua dans le cursus de la formation des spécialistes de la faune.

1.2 Problématique

L'homme joue de nos jours un rôle très important dans la gestion des ressources naturelles. La reconnaissance des droits et besoins légitimes des communautés indigènes est une étape importante dans la conservation à long terme des ressources naturelles (LEE WHITE 2001).

Le Domaine de chasse et Reserve de Bombo-Lumene (DCRBL) est une aire protégée périurbaine située dans les plateaux des Batéké, dans la Ville-Province de Kinshasa en République Démocratique du Congo. Créé par Arrêté Ministériel n°07/du 10 février 1968, cette aire protégée renfermait les espèces fauniques et floristiques de grande importance telles que les Eléphants (Loxodonta africana africana), les Lions (Panthera leo), les Hippopotames (Hippotamus amphibius ) , les Buffles (Syncerus caffer ), les Sitatunga (Tragelaphus spekii ), les Potamochères (Potamochoerus porcus ) et autres. Plusieurs espèces de l'avifaune y compris les oiseaux migrateurs, d'importance internationale, ont été également répertoriées dans le DCRBL par  Birdlife International.

La population du plateau de Batéké qui vit tout autour du DCRBL dispose d'un revenu moyen largement en dessous du seuil de pauvreté, estimée à moins de 1$ par jour et ceci par habitant. Suite à cette situation de pauvreté, celle-ci fait des incursions récurrentes dans la réserve y développant plusieurs activités illégales pour de raison de survie telles que : le braconnage (d'une part à la recherche de protéines animales et d'autre part pour des fins commerciales), la carbonisation, l'agriculture itinérante sur brulis, et la pêche. .

Par ailleurs, la non applicabilité des textes légaux et l'ignorance manifestée par de la population riveraine en matière de la connaissance de la législation sur la faune et flore serait l'une des raisons pour cette population d'exercer la pression sur cet écosystème qui jadis était riche en biodiversité et attirait la curiosité des touristes et chercheurs.

Enfin, l'absence de collaboration et de dialogue entre la population locale et les services en charge de la conservation de la nature et à laquelle s'ajoute la non implication de la population du plateau de Batéké dans la gestion de ses ressources naturelles est source des plusieurs conflits entre ces parties.

Cependant, les aires protégées étant créées suivant des critères strictement biologiques et écologiques, il est aujourd'hui difficile d'atteindre la mission reconnue à la conservation de la biodiversité sans l'implication de la population riveraine par le truchement d'une gestion participative, correcte, impliquant celle-ci dans la gestion et dans la prise des décisions tout en visant à rehausser le niveau de la vie des habitants.

Les méthodes indirectes permettant de répondre aux besoins locaux dans les aires protégées peuvent comprendre le tourisme, la création d'emploi par les services du parc ou les subventions directes par des sources extérieures (Fisher 1990)

Ainsi, cette aire protégée étant génératrice des recettes provenant de visites touristiques, de la chasse sportive ainsi que des activités de recherche ; impliquer la population dans la gestion de ces dernières sous entend lui reconnaître non seulement sa qualité de partenaire dans la gestion des ressources naturelles, mais c'est en outre lui reconnaître sa quote part dans les recettes réalisées : ce qui peut contribuer efficacement à la réalisation de certains projets sociaux (construction des écoles, construction des routes, création de centres de santé, financement des oeuvres à caractère philanthropique et caritatif, etc. ) et contribuer ainsi efficacement au développement socio-économique du milieu, corollaire de l'atténuation du braconnage et d'autres exploitation illicites des ressources naturelles.

Cependant, la participation passive de la population riveraine dans la gestion de cette aire protégée , l'absence d'une consultation au préalable dans la prise de certaines décisions engageant le Domaine de Chasse de Bombo-Lumene ,les problèmes liés aux limites naturelles entre cette AP, la zone tampon et le groupement de Mbakana  sont aujourd'hui sources de plusieurs maux et conflits engendrant ainsi une crise de confiance mutuelle qui du reste porte préjudice à la gestion participative des ressources naturelles de la DCRBL, se soldant par ricochet en une dévastation de cet écosystème.

1.3 Objectifs de l'étude

1.3.1 Objectif global :

L'objectif global de cette étude est de contribuer à l'instauration du processus de cogestion du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo -Lumene afin d'améliorer les conditions de vie des populations riveraines. 

1.3.2 Objectifs spécifiques

Pour d'atteindre notre objectif global, nous nous sommes fixés comme objectifs spécifiques de :

- Vérifier le respect des limites naturelles du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene, celles de la zone à usage multiple ainsi que celles de la zone tampon;

- Ressortir l'impact de l'accroissement démographique sur la gestion des ressources naturelles du domaine ;

- Analyser les opinions de la population riveraine sur leur façon de concevoir cette aire protégée dans leur entité et évaluer leur niveau de connaissance en matière de la législation sur la faune et flore ;

- Evaluer le niveau de collaboration entre le gestionnaire de cette aire protégée avec la population riveraine

- Evaluer les points de vue de la population locale sur l'impact de cette aire protégée sur leur vie socio-économique ;

- Identifier les différentes activités de survie menées par cette population ;

- Analyser le mode de gestion des conflits qui surgissent entre la conservation et la population riveraine.

CHAPITRE 2 : REVUE DE LA LITTERATURE

2.1 Introduction

2.1.1 Aspect historique et définition de la Cogestion.

De l'époque coloniale à l'époque post-coloniale ; la conservation des ressources naturelles a évolué vers une approche protectionniste exclusive basée sur le pouvoir de la contrainte  et où les populations locales ne subissaient que la rigueur de la loi, sans pour autant être associée dans la gestion des ressources naturelles. Le contrôle de l'Etat sur les ressources était aux mains des élites de l'administration au détriment des considérations de la sécurité sociale. Les populations étaient perçues par les gestionnaires des Ressources Naturelles(RN) comme les ennemies de la conservation de la faune sauvage e des RN. (Tarla, 2010). Cependant, le bilan s'est avéré un échec total dans la gestion rationnelle et durable des RN.

Cela étant, à partir des années 1980, la tendance commence à changer au sein des agences de conservation de la nature et l'on comprend que l'implication des populations locales serait une condition sine qua non dans la réussite des objectifs de la conservation des ressources naturelles. Et ce fut le début de l'émergence des perspectives participatives où ces populations ne sont plus considérées comme une menace pour ressources naturelles mais plutôt comme un partenaire potentiel dans sa conservation. Dans ce sens, les groupes locaux sont non seulement reconnus en tant que détenteurs de certains droits et responsabilités, mais ont également pleins pouvoirs et contrôle sur les ressources locales qu'ils veulent placer sous protection. (Borrini, 2006.)

Cette approche remet en cause les préceptes de la période conversationniste précédente en s'appuyant sur la recherche de solutions socio-économiques pour résoudre les problèmes écologiques (Well et Brandon, 1992).C'est en outre un passage d'une approche protectionniste exclusive à une approche participative et communautaire préconisée désormais par les instances internationales chargées de suivre et appuyer les aires protégées. (Giraut, F. et Guyot, S., 2003)

Le terme « Cogestion » est un terme générique renfermant de nombreux synonymes. Il peut prendre le sens de Gestion participative, gestion consensuelle, gestion commune, gestion mixte, gestion concertée ou encore gestion multipartite etc. Elle est une démarche consensuelle de gestion des ressources naturelles faisant appel à divers partenaires assumant des rôles variés. Les partenaires tendant généralement vers des objectifs communs de protection de l'environnement, d'exploitation durable des ressources naturelles, de partage équitable des bénéfices et responsabilités liés à cette exploitation des ressources. (Borrini-Feyerabend, 2000)

Pour Stephen (2008), la Cogestion est un accord de collaboration en vertu duquel une collectivité utilisatrice des ressources locales, les instances gouvernementales supérieures et locales et d'autres intervenants partagent la responsabilité de la gestion de ressources naturelles particulières.

L'expression « gestion conjointe » est une autre possibilité qui implique que les différents acteurs sociaux parviennent à un accord spécifique sur le partage des droits et des responsabilités en ce qui concerne la gestion d'un ensemble donné des ressources. (Borrini-Feyerabend op cit)

2.2 Quelques initiatives de Cogestion des Ressources Naturelles :

Certes, le processus de cogestion est encore en phase expérimentale en Afrique. Les exemples le plus frappant se trouvent jusque là dans six pays Africains où se déroulent les activités de ECOFAC. Il s'agit notamment de la Centrafrique, du Congo, du Gabon, de la Guinée Equatoriale, de Sao Tomé et Principe.

2.2.1 Expérience de la Cogestion de la Reserve de Conkouati au Congo-Brazzaville (Nguinguiri, 1997)

A l'issue des négociations menées entre les administrations et les communautés locales en vue d'une gestion participative des ressources de la Reserve de Conkouati, les arrangements institutionnels ci-après ont été obtenus :

· Un plan de zonage ou accord sur le zonage de la Reserve a été conclu de manière participative entre les Administrations impliquées dans la gestion des ressources naturelles et les communautés locales ;

· Une charte de Cogestion a été signée par les représentants de différentes parties prenantes ;

· Un Comité de Gestion des Ressources Naturelles de Conkouati, en sigle COGEREN a été mis en place.

· Un plan d'aménagement de l'aire protégée a été élaboré d'une manière participative  sur une base d'un plan de zonage négocié ;

· Un Décret de classement portant création du Parc National de Conkuati-Douli et reconnaissant implicitement le zonage a été pris et signé par les Autorités nationales.

2.2.2 Expérience dans le programme CAMPFIRE au Zimbabwe

Toute politique de l'environnement, et en particulier celle concernant la faune, intervient dans une dynamique conflictuelle impliquant divers groupes ayant des intérêts dans une affaire et constitue par conséquent une réponse au contexte politico-économique dominant.

Au niveau national, le programme Campfire de gestion de la faune s'applique à attribuer le contrôle et la gestion des ressources faunistiques des terres communales au niveau de responsabilité et donc de profit le plus local possible.

Campfire propose de résoudre les problèmes de l'implication des communautés locales à cette gestion par des incitations matérielles et d'améliorer la gestion par l'ouverture de créneaux permettant la participation populaire à celle-ci. Campfire prend aussi en considération le rôle crucial d'autres intérêts et prévoit aussi des créneaux pour représenter les intérêts de l'Etat, du secteur privé et des ONG (Thomas, S.J., 1991)

Le programme Campfire s'est assignés comme objectifs de :

v Obtenir la participation volontaire des communautés à des programmes souples apportant des solutions à long terme au problème des ressources ;

v Introduire u système de propriété commune avec des doits précis d'accès aux ressources naturelles pour les communautés habitant les zones définies ;

v Organiser les institutions appropriées par lesquelles les communautés résidantes pourront gérer et exploiter légitimement les ressources pour leur propre bénéfice direct ;

v Fournir l'assistance technique et financière aux communautés qui adhèrent au programme pour les aider à atteindre ces objectifs (Martin, R.B., 1990)

Certaines études sur le programme Campfire « Communal Areas Management Programme for Indigenous Resources » attribuent son succès à sa capacité à réunir différents groupes et à réaliser des arrangements multipartites pour la gestion de la faune, impliquant les communautés locales. (Murphree, M.W., 1986)

Dans de petites communautés unies, bien identifiées et relativement homogènes, Campfire a été un succès phénoménal. Les communautés de Masoka et Makenye sont des exemples qui s'expliquent par l'identité du groupe, la définition claire de ses membres, une base foncière étendue et la petite taille du village qui ont facilement la prise de décision et donc la cohésion (Murphree, M.W., 1991)

D'une manière générale, le programme CAMPFIRE au Zimbabwe est un des pionniers de cette approche de cogestion (Gami, 2000).

2.2.3 Expérience de Cogestion au Cameroun

L'expérience vécue au Cameroun nous montre que l'élaboration d'une nouvelle politique forestière depuis 1992 dans laquelle la participation des communautés locales occupe une place plus importante et la promulgation de la loi n°94/01 du 20 janvier 1994 ainsi que ses Décrets d'application intégrant les communautés riveraines dans les projets de conservation et surtout suite à l'appui des ONG internationales et nationales, la cogestion aujourd'hui est une réalité autour de la plupart d'Aires Protégées du Cameroun ( Tarla, 2011).

C'est ainsi que, l'initiative de la gestion conjointe ou multipartite de deux zones d'intérêt cynégétique (ZIC 1 et 4) entreprise par le Programme de Conservation et de gestion de la Biodiversité au Cameroun (PCGBC) mérite d'attirer notre attention dans le présent travail.

Dans la mise en oeuvre de ce vaste programme, les deux zones d'intérêt cynégétique ZIC 1 et 4 ont été soumises par consensus à un système de cogestion ayant comme parties prenantes ; d'une part les communautés locales se trouvant aux alentours du Parc National de la Bénoué, et de l'autre part ; l'Administration des eaux et forêts. L'objectif global assigné par le programme susmentionné est de garantir la pérennité de l'intégrité écologique des zones avec un degré élevé pour la biodiversité planétaire.

Quant aux objectifs spécifiques, ceux-ci sont d'appuyer les efforts du Cameroun en vue de préserver et de gérer ses ressources biologiques de façon durable ; de promouvoir la participation des populations rurales à la préservation de la biodiversité et enfin, d'encourager l'utilisation rationnelle des ressources naturelles et promotion d'un développement écologiquement viable dans les périphéries des aires protégées.

Les analyses faites par Endamana et al. (2005) montrent que ce processus de Cogestion de ces deux zones d'intérêt cynégétique est passé par 3 phases ; dont  la préparation du partenariat, la négociation des accords, des organisations de gestion, et en fin, la mise en oeuvre

Le mode de partage des bénéfices dans ces ZIC sont fonction du système de gestion. Ainsi, les riverains des zones amodiées perçoivent chaque année 50% de la taxe d'affermage payée par les guides ; dont 10% sont versés directement aux communautés organisées et 40% octroyés aux communes décentralisées afin de financer les oeuvres sociales. Par ailleurs, 50% des revenus issus de la location journalière par les chasseurs libres, sont directement perçus par les communautés organisées à la base.

Partant de l'état des lieux faits par le programme «  PCGBC » au courant des années 2000 et 2004 ; il ressort que la taxe de location journalière des ZIC 1et 4, sont passées de 1,4millions à 5 millions de francs. Cet accroissement considérable des revenues, fruits d'une gestion bipartite a permis de financer la construction des écoles dans le ZIC 4 tandis que la case se santé de Sakdje se trouvant dans la ZIC 1, a été réfectionné grâce à ces fonds.

Eu égard à ce qui précède, les activités réalisées au niveau de deux zones d'intérêt cynégétique ont permis au programme d'atteindre l'objectif global qui était de garantir la pérennité de l'intégrité écologique des zones avec un degré élevé pour la biodiversité planétaire, et a consolidé la confiance entre toutes les parties impliquées dans le processus.

2.2.4 Essai de la Cogestion du Parc National des oiseaux du Djoudj au Sénégal

Dans cette Aire Protégée, un scénario a été vécu où un modèle de gestion des ressources naturelles et de l'AP était typique de la zone sahélienne qui est encore lié à l'héritage coloniale francophone soit dans la rigide structure administrative que dans l'approche relationnelle avec les communautés locales qui se trouvent dans la périphérie.

Eu égard à la situation susmentionnée, il s'est développé des conflits d'intérêt et de propriété qui ont causé des rivalités historiques entre les services de conservation des ressources et les utilisateurs des ressources à savoir la population riveraine.

La préoccupation majeure de la population s'est focalisée sur la question en rapport avec l'administration des ressources naturelles autour comme à l'intérieur du Parc, à la régularisation des pratiques traditionnelles d'exploitation, à la sensibilité vers les nouvelles politiques de médiation.

Par ailleurs, la reconnaissance des savoirs et valeurs locaux était sous-estimées par le gestionnaire du Parc ; d'où l'absence du rôle joué par ce partenaire potentiel de la cogestion des ressources naturelles qu'est la population locale.

C'est pourquoi, une étude approfondie du Co-management, c'est-à-dire l'implication des communautés riveraines dans le processus de gestion du Parc National des Oiseaux du Dioudi au Sénégal a été amorcée.

Le fait qu'en Afrique Occidentale ; la gestion de la plupart des Aires Protégée est confiée à des corps paramilitaires au contrôle central et étatisé ; ceux -ci empêchent aux populations locales, habitants historiques de ces zones ; de résider et d'exploiter les ressources naturelles que contient le Parc. Cet état de chose a engendré un comportement d'éloignement des communautés vis-à-vis des gestionnaires des APs. Ces mesures malgré la rigidité normative, peuvent être aussi lues comme une sorte de reterritorialisations. (Germano Ch., 2010)

Ces derinières décennies, les politiques pour l'environnement ;principalement « Protection-Conservatives » ont eu le pouvoir de renverser l'ordre naturel des espaces sur lesquels l'homme avait instauré pratiques d'usage et accès centenaires,consacrés aux activités économiques traditionnelles comme à celles sacro-religieuses, en rompant, dans ce sens, les équilibres historiques d'une identité territoriale et culturelles liée à l'expolitation des territoires »ancestaux » à l'heure devenus inaccessibles à cause des nouveaux réglements.

Suite à la création des Comités Intervillageois Communautaires (CIVC) et d'un Comité Villageois pour les Développement (CVD) opérationneles dans 17 villages périphériques ; ainsi que leur intégration dans la gestion de ce Parc , le conflict entre ces deux parties ont été attenués tout en contribuant au developpement socio-économique de ces populations riveraines.

Cette façon de faire a eu un impact positif sur la gestion des ressources naturelles qui jadis était gérées d'une manière anarchique suite au mécontentement de la population locale.

Par ailleurs le respect des dispositions du plan aménagement par le gestionnaire du Parc a inspiré confiance à cette population qui s'est maintenant sentie impliqué dans la gestion de ce Parc.

En somme, l'appropriation de la Conservation peut,donc signifier pour les villages : l'acceptation de l'AP avec ses restrictions,la compréhension qui peut apporter avantages et pas seulement sacrifices ou responsabilités, entre l'officiemme dans le « Système aire protégée » et la construction d'une seule stratégie partagée.

2.2.5 Aperçu sur la mise en oeuvre du processus de Cogestion en Tanzanie

En Tanzanie,on a accordé aux groupes d'utilisateurs locaux du district de Babati pleins pouvoirs de décision sur la conservation et l'utilisation des ressources dans les forêts communautaires proches de leur village.

Le Service forestier et l'agence suédoise d'aide au développement ont en fait travaillé avec les groupes d'utilisateurs pour mettre au point des outils de gestion, et pour arrêter des critères correspondants, mais les décisions sont entièrement du ressort de ces groupes. La gestion des `forêts communautaires' locales est prévue et en parfait accord avec la législation du pays. Des discussions sont en actuellement en cours pour élargir leur responsabilité de gestion aux ressources proches qui appartiennent à l'Etat( Johansson et Westemen,1992).

Des expériences pilotes se tiennent en fait dans le sud du District (Duru-Haitemba) où plusieurs forêts villageoises contrôlées par les communautés locales ont été déclarées Reserves de forêts villageoises,avec la publication relative dans le journal officiel.

La planification, la gestion, la surveillance et le respect des règlement ( établis en tant qu'arrêtés municipaux) resteront entre les mains des populations locales.

Dans ce sens,les groupes locaux sont non seulement reconnus en tant que detenteurs de certaines droits et responsabilités, mais ont également pleins pouvoirs et contrôle sur les ressources locales qu'ils veulent eux-mêmes sous protection(Wily et Haule,1995)

2.2.6 Aperçu sur la mise en oeuvre du processus de Cogestion en Ouganda

En Ouganda, un accord pilote a été signé entre l'organisme responsable des parcs du pays (Uganda National Parks ) et quelques communes situées à la limite de la forêt impénétrable de Bwindi ; un des parcs nationaux les plus connus et précieux du pays,où vit le gorille de montagne, une espèce rare de singe. Cet accord prévoit l'exploitation,par un nombre réduit d'utilisateurs locaux autorisés,d'une quantité limitée de ressources déterminées du parc telles que les lianes,le miel,les plantes médécinales.

En échange,les habitants des communes concernées acceptent de respecter les reglementations et les restrictions et de fournii une assistance pour la conservation de l'habitat dans son ensemble (Borrini,1997). De même les accords ont été signés dans le Parc national du mont Elgon par l'organisme responsable des Parcs nationaux et les communes locales.Les accords assignent une partie de la responsabilité de surveillance à des groupes locaux qui sont autorisés,en échange,à collecter les ressources naturelles pouvant être extraites selon des critères de durabilité (ex.,les pousses de Bamboo) (Scott,1996). Les accords ont pu être établis grâce à des longues séries de réunions au cours desquelles les détails ont été discutés à fond.( Borrini,1997)

La solution au conflit « concertée » entre le pouvoir de la légalité et celui de la légitimité sanctionne , ainsi, le passage « d'un modèle de conservation acritique à un de conservation dynamique (Repasseuse ,2007),où le but crucial devient incorporer le plus possible la légitimité dans le pouvoir institutionnel, donc « regulariser la légitimité » ( Germana,2010)

Par ailleurs, Fisher(1995) souligne qu'on reconnaît de plus en plus depuis quelque temps, qu'il serait impossible de conserver les ressources naturelles sans tenir compte des exigences du développement économique, notamment lorsque les populations locales vivent en étroite relation avec l'environnement naturel et qu'elles en dépendant pour leur survie et leur bien-être.

Les approches collectives de la gestion des ressources naturelles supposent que l'on admette la nécessité d'intégrer conservation et développement, et la légitimité des droits des populations locales de s'assurer un avenir économique, et l'importance d'une implication active des populations locales dans la protection et la gestion environnementale.

Cet auteur souligne que les aires protégées présentent un intérêt considérable pour la conservation mais elles ne couvrent qu'une faible proportion de la superficie terrestre et il est évident que des mesures de conservation doivent être prises tant en dehors qu'au sein des aires protégées pour assurer la protection d'une grande partie de la diversité biologique du monde.

Il renchérit par ailleurs en montrant que la cogestion des forêts a déjà contribué de manière significative aux efforts de conservation dans de nombreux pays, dont le Népal, les Philippines et l'Inde par exemple où on estimait qu'en 1992 près de 500.000 ha de zones dégradées étaient placées sous une quelconque forme de protection communautaire.

Cependant, deux constats s'imposent. Premièrement, « depuis son introduction, cette approche est caractérisée par un décalage entre la théorie et la concrétisation de cette nouvelle idée en une pratique conversationniste cette approche générant toute série de contradictions et problèmes » (Blaikie et Jeanrenaud, 1997)

Ainsi, contrairement aux travaux précédents respectivement focalisés sur la Cogestion de zones d'intérêt cynégétique, sur la Cogestion des forêts pour la conservation et le développement ; et enfin sur les tentatives de cogestion du Parc National des oiseaux du Djoudjou au Sénégal ; notre travail consistera quant lui à apporter une humble contribution sur l'instauration du processus de cogestion du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene.

Etant donné qu'il n'est toujours pas aisé de faire la projection des résultats trouvés ailleurs afin d'éviter le biais, et considérant que les contextes et contingences des milieux se diffèrent selon les sociétés ; l'utilisation des outils du diagnostic participatif s'avère nécessaire pour découvrir les problèmes qui guettent cette aire protégée se trouvant en République Démocratique du Congo.

CHAPITRE 3 : MATERIELS ET METHODES

3.1 Présentation de la zone d'étude

3.1.1 Localisation

Le Domaine de chasse et Reserve de Bombo-Lumene a été créé par les arrêtés n°007du 10 février 1968 et celui n°0621 du 16 avril 1976 portant respectivement création en premier lieu du Domaine de chasse et en second lieu de la Reserve de Bombo-Lumene ayant comme objectif de gestion de promouvoir la conservation et l'utilisation durable des ressources naturelles.

Il constitue une Aire Protégée complexe située à 120km de la ville Province de Kinshasa, dans la commune périurbaine de Maluku. Il occupe actuellement une superficie de 330.000 ha repartie en deux zones : une pour le domaine de chasse de 245.861 ha et l'autre zone de Reserve intégrale de 84.139 ha (BONGWELE et LOLA, 2007).

Il est compris entre 4° 20' et 5° 8' latitude sud ,15° 50' et 16° 20' longitude est avec une altitude située entre 650 et 700 mètres. (MUSUMBU, 2004)

Il est limité :

Ø Au nord par la route Nationale n°2 reliant la Ville Province de Kinshasa à la Province de Bandundu (Ville de Kikwit),

Ø Au sud par le Territoire de Kasangulu, Province de Bas-Congo,

Ø A l'Est par la rivière Lufimi,

Ø A l'Ouest par la rivière Bombo, à partir de la route nationale n°2 jusqu'à son confluent avec la rivière Muti-mutiene.

Figure n°1 : Réseau des aires protégées en République Démocratque du Congo

Cela étant, il constitue une Aire Protégée complexe où sont prohibées toutes activités anthropiques dans la Reserve intégrale, tandis que les activités à petite échelle telles la chasse, la pêche, la cueillette et l'agriculture non mécanisée sont autorisées dans le Domaine tout en veillant au respect strict des prescriptions de la loi afin de prévenir tout dérapage et par ricochet, permettre la pérennisation des espèces fauniques et floristiques dans cet écosystème.

3.1.2 Climat

Le Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene est caractérisé par un climat tropical humide (soudano-guinéen) du type AW4 de Köppen, caractérisé par l'alternance de deux saisons dont la saison de pluies qui dure 8 mois et 4 mois de saison sèche intervenant le plus souvent entre la seconde moitié du mois de mai et mi-septembre. On y trouve par ailleurs une petite saison sèche qui intervient généralement en février. (Ndembo, 2000)

A : Période de l'année pendant laquelle le climat est chaud ;

W : Période de l'année pendant laquelle le climat est sec ;

3 : Nombre des mois de l'année pendant lesquels le climat est sec.

Les températures moyennes annuelles varient de 25° à 26° c entre mars - avril et 19 à 22°c entre juillet-août. Les écarts thermiques entre les jours et les nuits sont faibles mais continuels. L'humidité relative est de l'ordre de 95%  en fin des nuits en saison pluvieuse est de 60% aux heures chaudes pendant la journée en saison sèche. (Ndembo, op cit)

Figure n°2 : Carte du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene.

Source : NKEY, 2005

3.1.3 Relief et hydrographie

Le Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene est situé sur une portion des plateaux de Batéké qui va du massif de Chailu au Gabon, jusqu'au niveau de l'extrême Nord de l'Angola. Ce plateau est faiblement ondulé et on y rencontre aussi des dépressions sous forme de cuvette avec des bords dont la pente varie entre 1 à 5 % (Ndembo, Idem) Le DCRBL est drainé par trois grandes rivières à savoir : la rivière Lufimi à l'Est, la rivière Bombo et la Lumene qui constitue la limite naturelle de cette Aire Protégée. Par ailleurs, des étangs et mares naturelles se trouvent à l'intérieur même du Domaine et Reserve où les espèces de l'avifaune et certains grands mammifères viennent s'abreuver.

3.1.4 Sol

Ils sont sableux sur les plateaux et sablo-limoneux ou très humifères dans les dépressions marécageuses et au bord des rivières Bombo, Lumene et Lufimi. Ils sont acides avec un PH (Potentiel en hydrogène) variable de 5,2 à 6,3 (PNUD, 2000) Ces sols sablonneux, acides, chimiquement pauvres et possèdent une très faible capacité de rétention hydrique (KOY KASANGO, 2005), la kaolinite est le matériau le plus important de la fraction argileuse.

3.1.5 Végétation

Le Domaine de chasse de Bombo-Lumene est caractérisé une végétation à trois strates dont la savane herbeuse, la savane arbustive ainsi que la galerie forestière se trouvant tout au long des cours d'eau. Du fait des sols sablonneux, la végétation des plateaux est surtout caractérisée par une savane arbustive à Hymenocardia acida, Crossopteryx febrifuga, Annona senegalensis et Vitex madiensis alternant avec une savane herbeuse à Loudetia demeusii, Ctenium newtonii et Laudelphia lanceolata (VERMEULEN et LANATA, 2006). Sous le climat tropical humide ainsi que les conditions d'humidité des sols, ce sont les formations herbeuses et arbustives avec des essences arborescentes qui se développent.

En général, le couvert végétal est du genre formation herbeuse arbustive guinéo-congolaise parsemée de lambeaux forestiers peu étendus. La structure verticale de la savane herbeuse présente deux strates d'importance inégale : la strate herbacée et la savane arbustive (Lubini, 1988).

Photo n°1 : Structure de la végétation de Domaine de chasse et Reserve de Bombo-Lumene.

3.1.6 Faune

Bien que le domaine de chasse et la réserve de Bombo-Lumene subisse aujourd'hui les conséquences d'une pression sans pareil sur les espèces fauniques et floristiques , l'histoire de cette aire protégée parle de la présence au sein de cet écosystème complexe  d'une diversité importance des espèces fauniques entre autres  l'Eléphant, le Sitatunga, le Guib harnaché, Buffle, le Cobe Défassa, le Céphalophe de Grimm et l'Hippopotame.

Cependant seul les Sitatunga, Guib harnaché, Buffle et Hippopotame sont encore présents dans cette AP.

3.1.7 Les atouts touristiques du Domaine et Reserve de Chasse de Bombo-Lumene

Le tourisme procure des avantages économiques importants au pays et aux communautés riveraines lorsque cette activité est convenablement planifiée (SOURNIA, 1988) C'est un secteur dynamique qui offre une multitude d'emplois aux différentes parties impliquées dans cette activité récréative et permet par ricochet à l'aire protégée de constituer sa source d'autofinancement.

Le Domaine de chasse et Reserve de Bombo-Lumene renferme un paysage qui ne cesse d'attirer la curiosité des touristes venant de plusieurs horizons voire ceux habitant la ville province de Kinshasa.

Parmi ses potentialités en attraits touristiques notons ; ses paysages vallonnés et étonnement moutonneux reflétant une beauté pittoresque des plateaux de Batékés. Caractérisé par les complexes savanes rases, herbeuses, arbustives et galerie forestière ; ces paysages présentent des vastes panoramas propices aux activités d'agrément et de loisir.

Photo n°2 : Pont rustique en liane de Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene.

En somme, les principales attractions du Domaine de chasse et Reserve de Bombo-Lumene sont :

Ø Le pont rustique fabriqué à base de liane. La visite de ce pont et sa traversée sont payantes et génère des recettes au Site ;

Ø La natation dans la rivière Lumene entourée des très beaux paysages et autour desquels sont construits des très belles paillottes propices pour le repos après la natation;

Ø La randonnée pédestre sur les pistes de la galerie forestière ;

Ø L'observation des espèces fauniques autours de salines, à l'occurrence celle de MANKOTO très fréquentée ;

Au cours de l'année 2002, 322 visiteurs de nationalités différentes ont séjourné au domaine et Reserve de Chasse de Bombo-Lumene (Rapport annuel Bombo-Lumene, 2002)

Figure n°3 : Fréquence des visites des touristes par nationalités au Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene en 2002

Source : Rapport annuel Station Bombo-Lumene 2002

Les attraîts touristiques que regorge cette aire protégée ne cessent d'attirer l'attention des touristes tant au niveau national qu'international.

Ainsi, il ressort de ce graphique qu'au cours de l'année 2002,le Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene avait reçu 322 touristes de nationalités différentes parmi lesquels 105 français,95 belges,35 allemands,21 américains,18 indiens,16 suisses, 15 italiens , 11 congolais et 6 anglais.

Les recettes regénées par ces visites contribuent tant soit peu à l'autofinancement des activités du site.

3.1.8 Cadre juridique sur la faune et flore en RDC

Aucune structure ne peut fonctionner sans réglementation. Cela étant, l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature, un établissement public ayant la gestion des aires protégées (in situ comme ex situ) dans ses attributions, est régie par :

a) L'Ordonnance-loi n°69/041 du 22 août 1969 relative à la conservation de la nature ;

b) La loi n°82-002 du 28 mai 1982 portant règlementation de la chasse en République Démocratique du Congo ;

c) Le Décret n°10/15 du 10 avril 2010 fixant les statuts de l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) ;

d) Hormis les textes précités ; le récent Décret n°10/15 du 10 avril 2010 fixant les statuts de l'ICCN vient d'étendre le champs d'action de cette institution en lui reconnaissant dans ses attributions, la conservation in situ (Parcs nationaux, Réserves,...) et ex situ qui concerne essentiellement la gestion des Jardins Zoologiques et Botaniques du pays.

Sur le plan du droit international, l'ICCN se doit de respecter de bonne foi certaines Conventions et Accords internationaux sur la biodiversité signés et ratifiés par la RDC. Il s'agit notamment de :

Ø La Convention de Rio de Janeiro(Brésil) du 04/06/1992 signé par la RDC le 08/12/1994 et ratifié le 15/09/1994 ;

Ø Convention de Washington sur le commerce international des Espèces de Faune et Flore sauvages menacées d'extinction (CITES)adoptée à Washington(USA)le 03/03/1973,signé par la RDC le 20/07/1976 et ratifié le 18/10/1976 ;

Ø La Convention de Bonn sur la Conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage adoptée à Bonn en Allemagne ; signée et ratifiée par la RDC le 01/09/1900 ;

Ø La Convention d'Alger(1968) portant sur la conservation de la nature et ressources naturelles, signée et ratifiée par la RDC respectivement le 15/10/1969 et le 13/11/1972 ;

Ø L'accord international sur les Bois Tropicaux (AIBT) nommé Organisation Internationale des Bois Tropicaux (OIBT) adopté à Genève le 18/11/1992 ; signé et ratifié par la RDC le 20/11/1992

3.1.9 Population riveraine au Domaine de chasse et Reserve de Bombo-Lumene

Le Domaine de chasse et Reserve de Bombo-Lumene se trouvant dans les plateaux des Batéké, sa population riveraine est composée essentiellement des Téké que certains auteurs appellent « Batékés ». Ces derniers forment une communauté nombreuse dont le chiffre exact n'est pas connu car présents simultanément dans trois pays de l'Afrique centrale à savoir le Gabon, le Congo Brazzaville et la République Démocratique du Congo.

v Organisation sociale Téké

La société téké repose sur des liens naturels de parenté dans le cadre de la grande famille (nkwono, sille, ndjo) et sur la contraction d'alliance entre diverses familles par le moyen du mariage (bala). Ces différents liens président au regroupement des hommes entre eux au sein des villages et des cases. Leurs descendances et leurs pouvoirs d'acquisition déterminent une hiérarchie sociale. L'univers téké n'est pas au stade de la société mais plutôt de celui de la communauté. Ils ont un système de parenté matrilinéaire où c'est l'homme qui suit la femme.

v Conception du pouvoir chez les Téké :

On insistera sur l'aspect que la notion du pouvoir traditionnel revêt une grande importance la gestion d'une entité administrative. Sur la nature, c'est l'appropriation du sol du clan ou de la terre et la faculté de protéger cette terre contre toute catastrophe ainsi que les calamités naturelles telles que le manque des pluies, les pêches et chasses infructueuses, une mauvaise récolte, voire même le problème de décès successifs qui préoccupe le détenant du pouvoir traditionnel.

Par ailleurs, on constate dans les pratiques Tékés, un lien réel entre les mondes du visible et de l'invisible ; c'est-à-dire que le pouvoir mystique apparaît ici comme une conciliation renouvelée avec les ancêtres de la dite terre. Les rituels mystico-religieux, et particulièrement les cérémonies de danse d'initiation, interviennent dans tous les aspects de la vie de la communauté. La désignation des différents responsables du clan est l'apanage du Chef du clan, considéré comme Chef de terre. Toute décision issue du Chef du Clan est en général irrévocable et ne souffre d'aucune protestation et les structures traditionnelles chercher à s'imposer sur les structures administratives actuelles. D'où l'assujettissement de ce peuple à leurs Chefs traditionnels.

3.2 Méthodologie

3.2.1 Collecte des données

a. Phase préliminaire

Afin de pouvoir recueillir certaines informations, nous avons jugé opportun de procéder à la consultation documentaire qui a permis de passer en revue certains ouvrages, mémoires et rapports de stage.

Ainsi, les informations recueillies dans les textes légaux régissant le domaine de la conservation de la nature en République Démocratique du Congo telles que  l'Ordonnance-loi n°69/041/ du 22 aout 1969 relative à la Conservation de la Nature et la loi n°82-002 du 28 mai 1982 portant règlementation de la chasse en République Démocratique du Congo, le Code forestier congolais ont été d'une importance capitale pour l'enrichissement nos connaissances.

b. Phase secondaire

Pendant cette phase, il a été question de nous rapprocher de la population riveraine afin de recueillir leurs opinions, points de vue et recommandations sur la situation qui prévaut entre eux et les gestionnaires du Domaine de Chasse de Bombo-Lumene en ce qui concerne la gestion des ressources naturelles. Pour ce faire, nous avons sillonné les différents villages à pied avec des questionnaires d'enquêtes, stylos à bille et carnets de notes pour pouvoir prendre toutes les informations possibles. Nous avons également utilisé la carte du DCRBL pour repérer les zones enquêtées. Et le GPS Map 60 nous a permis de révéler les coordonnées géographiques de notre zone d'étude.

Etant donné que notre période d'études a coïncidé avec l'ouverture d'un procès entre le Gestionnaire du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo- Lumene et la population riveraine au niveau des instances judiciaires de la Commune de Maluku, il a fallu être astucieux pour accéder aux informations.

Contrairement aux autres outils tels que l'entretien et le questionnaire d'enquête où nous avons été saisi de la situation par le canal des enquêtés, l'observation directe quant à elle nous a permis d'être présent physiquement au sein de la population locale du groupement de Mbakana afin de tâter le terrain et voir ce qui s'y passe réellement.

Nous avons ainsi visité certaines fermes dans les villages de Buantaba, Dumi et Cité de Mbakana où nous nous sommes entretenus avec les fermiers en utilisant la méthode d'interview semi-structurée utilisant des questions ouvertes afin de donner aux fermiers la possibilité de s'exprimer. Et grâce à ces interviews, nous avons découvert les problèmes latents qui existent dans la gestion des ressources naturelles de la BCDBL.

Cependant, le questionnaire étant une technique d'interrogation individuelle, standardisée, composée d'une suite de questions présentées dans un ordre prédéfini (Jean-Baptiste, 2009), nous a permis d'avoir des réponses à des préoccupations à partir des déclarations faites par la population enquêtée.

Ainsi, grâce aux techniques susmentionnées, la taille de notre échantillon s'est axée sur 285 ménages au total qui nous ont fourni les informations, soit 25,6 % de la taille de la population totale retrouvée dans notre zone d'étude qu'est le groupement de Mbakana composé par les villages de Dumi, Buantaba et la Cité de Mbakana.

Pour ce faire, nous avons pris d'une manière aléatoire, une personne par ménage.

Village

Effectif de la population

Effectif des ménages

Station Bombo-Lumene

70

16

Cité de Mbakana

4065

873

Dumi

875

175

Buantaba

255

51

Total

5265

1115

Tableau n°1 : Répartition de la population selon les villages dans le groupement de Mbakana

Source : CADIM, 2000

Pour mener à bien nos enquêtes, nous nous sommes intéressés aux ménages retrouvés dans les trois villages se trouvant dans le groupement de Mbakana dont le village de Dumi, Buantaba et la cité de Mbakana.

Ainsi, de ces 16 ménages trouvés à la station Bombo-Lumene, 12 ménages ont été interrogées ; soit un total de 75 % de la taille total des ménages de la Station. Quant aux villages Dumi et Buantaba ; des 226 ménages identifiés, 81 ménages choisis d'une manière aléatoire ont été interrogés ; ce qui représente une proportion de 35,84 % de la population total. En fin, dans la cité de Mbakana, sur les 873 ménages identifiés, 192 ménages soit 22 % de l'effectif total des ménages interrogés.

c. Analyse des données

Pour analyser les différentes informations recueillies sur le terrain lors de nos enquêtes, nous avons recouru aux notions des statistiques descriptives. Pour ce faire, nous avons eu à utiliser le programme Excel 2007 ce qui nous permis de reproduire les données sur une feuille de calcul afin de pouvoir les traiter, les analyser et en dégager des résultats sous forme de graphiques.

CHAPITRE 4 : RESULTATS ET DISCUSSIONS

4.1 Vérification des limites du Domaine de chasse et Reserve de Bombo-Lumene

Lors de nos enquêtes, nous avons découvert que plusieurs étendues de terre reconnues à la conservation sont exploitées par les agriculteurs et les fabricants de charbon de bois l'espace. La prolifération des fermes agro-pastorales autour comme à l'intérieur du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene constitue un problème dans le respect des limites de cette Ap. Pour ce faire, même l'espace jadis réservé à la zone tampon entre le DCRBL et l'espace reconnu à la population locale est déjà transformé en fermes agro-pastorales gérées par les particuliers.

Répondant à nos questions la population locale nous a fourni des informations sur cette désaffectation des terres.

Figure n°4 : Opinions sur la violation des limites naturelles du DCRBL

Il ressort de cette figure que , 68% de la population enquêtée pense que c'est le Chef traditionnel Mbakana qui serait l'auteur de la vente de cette zone tampon aux fermiers.

Cela étant , seule la route la nationale n°2 joue le rôle de zone tampon ;exposant ainsi les espèces animales sauvages du DCRBL en danger.

De part son objectif, cette zone joue le rôle crucial de tamponner les pressions anthropiques multiformes qui s'exercent sur les aires protégées et se présente également comme une zone écologique complémentaire aux aires protégées. Cependant, toute espèce faunique qui traverse actuellement la route la nationale n°1 précitée est directement exposée au risque de la prédation.

Certes, il nous reviendra ici de nous rappeler de la vision du MAB ( Man and Biosphere ) qui stipule que pour qu'une aire protégée remplisse toutes ses fonctions, elle devrait être constituée de 3 zones concentriques à savoir : une zone centrale ou noyau dans laquelle se passe une surveillance et une protection intégrale, une zone tampon tutrice des activités de recherches, de tourisme, voire même d'éducation environnementale, et enfin une zone à usages multiples où se fait la promotion des activités de développement pour la population locale.

Pour ce faire, la distinction nette entre ces zones doit être définie afin de prévoir les situations des conflits et d'assurer une gestion efficace de l'aire protégée.

Par la suite, 23% de la population enquêtée dit que ce sont les autorités politico-administratives qui seraient auteurs de la vente de cet espace tampon attribué à leurs frères, amis et connaissances en vue d'y pratiquer les activités agro-pastorales.

Par contre, 4% de la population enquêtée pense que ces terrains seraient vendus par consensus avec la population locale. Et enfin, 5% affirment que certaines personnes useraient du trafic d'influence pour récupérer par force les terrains de l'Etat. Le cas le plus vécu est celui des hauts fonctionnaires de la République qui usent de leur statut social pour s'imposer.

Photo n°3 Ferme IBI-Village érigé à l'endroit réservé à l'espace tampon

Par ailleurs, les informations recueillies lors de nos enquêtes, font état d'une superficie de 5000ha retranchée à la superficie initiale de la DCRBL et octroyée en 1995 au Centre d'Appui au Développement Intégral de Mbakana (CADIM) afin d'y développer les activités agro-pastorales susceptibles de stimuler le développement socio-économique de la population du plateau de Batéké.

Souvent, les droits d'utilisation et de gestion des ressources sont contestés et que l'État, gestionnaire légal, se retrouve parfois en opposition avec les intérêts de la population locale. Les pauvres, provenant souvent de minorités ethniques et de groupes autochtones, sont habituellement les perdants de ces affrontements (Stephen R.T., 2006).

La cession de ces 5000ha à CADIM a suscité davantage la convoitise de la part de la population. Actuellement, les fermiers violent les limites leur octroyées et avancent jusqu'à exploiter les étendues des terres se trouvant dans l'aire protégée en utilisant des engins lourd tels que les tracteurs pour labourer leurs champs.

Face de cette situation, les limites naturelles du DCRBL se trouvent envahies par les fermiers.

4.2 L'accroissement démographique et son impact sur la gestion des ressources naturelles de la DCRBL

Certes, nous ne pouvons faire fi de la corrélation entre la population urbaine de la ville de Kinshasa et celle périurbaine de la commune de Maluku, qui est l'une des 24 communes de la ville de Kinshasa.

Les ressources exploitées ainsi dans la commune de Maluku, servent à ravitailler les grands marchés de la ville de Kinshasa. Tous les produits de l'agriculture, de la carbonatation ainsi que ceux du braconnage sont écoulés dans les marchés et restaurants de Kinshasa.

Les estimations faites par Matwiki (2003) stipulent que la population de Kinshasa en général a augmenté 2,5 fois par exemple en dix ans, entre 1984 à 2003, soit de 2 664 000 à 6 668 200 personnes, soit un accroissement de 150%.

Il revient par ailleurs de noter qu'entre 1999 et 2004, seuls les effectifs de la population de la commune périurbaine de Maluku sont passés de 16437 à 18 136 soit une augmentation de 10,33%.

Cette augmentation des densités de populations sous l'effet combiné du taux élevé de natalité et des migrations engendrent une demande accrue en terres cultivables (UICN, 2004).

Figure n°5 Causes de l'accroissement de la population dans le plateau de Batéké.

Il ressort des données recueillies lors de nos enquêtes que, dans l'effectif de la population enregistré aujourd'hui dans le plateau de Batéké, 52% serait lié au taux des natalités constaté dans ce terroir. Par ailleurs, 35% de la population serait constitué des personnes ayant immigrée le plateau de Batéké à la recherche des terres cultivables pour des besoins tant de subsistance que commerciaux, 11% serait venu pour rejoindre leurs conjointes et s'y est installé définitivement, et enfin, 2% de la population est constitué des personnes venues à la recherche de l'emploi dans les fermes ouvrant sur place.

Les immigrants du plateau de Batéké sont pour la plupart des ressortissants de la province de Bandundu, puis vient ceux du Bas-Congo, Equateur, Province orientale ainsi que le grand Kivu.

L'augmentation de la densité des populations ainsi constaté est ainsi corollaire de l'accroissement de besoins en ressources naturelles.

Dans cette optique, la densité de la population constitue un facteur clé de la menace pesant sur les écosystèmes, entrainant ainsi une dégradation et une surexploitation de ces ressources qu'ils regorgent.

Ainsi, le plateau de Batéké abritant le DCRBL constitue une source d'approvisionnement en bois de chauffe, en charbons, en viande de brousse et certaines denrées alimentaires telles que les concepts de manioc, niébés, les arachides etc.

Par ailleurs, certains grands restaurateurs de la ville de Kinshasa opèrent en complicité avec les braconniers afin de leur faciliter l'accès à une certaine catégorie de la viande de brousse sollicitée par leurs clients dans les restaurants de la ville de Kinshasa.

Quant à la fourniture en charbon, toute cette gigantesque population estimée aujourd'hui à 10 millions d'habitants dans la ville de Kinshasa, dépend du plateau de Batéké pour l'approvisionnement en charbon.

Conséquence, les populations vont jusqu'à dévaster le DCRBL à la recherche des acacias pour la fabrication des charbons de bois ; ce qui contribue à la perte considérable de la biodiversité dans cette AP.

4.3 Perception du DCRBL par la population locale et évaluation de leur niveau de connaissance en matière de la législation sur la faune et flore.

4.3.1 Perception du DCRBL par la population locale

Le Domaine de Chasse et Reserve de Bombo- Lumene avaient été créés pendant une période où la conservation policière était à la une. En lieu et place de se rapprocher de la population afin de lui montrer le bien fondé de ce complexe d'aire protégée, il usait plutôt de son monopole de coercition pour s'imposer à la population à admettre la présence d'aire protégée dans son entité administrative. Cette pratique basée sur une politique d'exclusion, ne rend pas la tache facile à la population quant à la compréhension du rôle et du bien fondé du DCRBL dans le plateau de Batéké.

Figure n°6: Perception de l'aire protégée par la population locale.

Il ressort de nos enquêtes que  sur 100% de la population enquêtée dans les villages de Dumi, Buantaba et Mbakana , 76% de cette population ne connaît pas le bien-fondé de cette aire protégée dans leur juridiction .Ils pensent que c'est une forme de stratégie développée par le gouvernement congolais pour exploiter la population du Plateau de Batéké en leur privant de ses ressources alors que ces dernières sont utilisées par les expatriés. Selon eux, l'Etat congolais n'a qu'à déclasser cette aire protégée car ne profitant à personne et ne cesse d'étouffer la population locale dans l'exploitation de ses ressources naturelles alors qu'ils ne survivent que grâce aux travaux champêtres, à la chasse et à la carbonisation.

Aussi, ils disent qu'il est inconcevable que la population souffre alors qu'elle détient les ressources naturelles qui pouvaient contribuer efficacement à sa survie.

Par contre, 15% de la population enquêtée pensent que le Domaine de Chasse et Reserve de Bombo -Lumene n'a été érigé que pour protéger les animaux destinés au tourisme de vision. Selon eux, cette aire protégée avait été érigée juste pour chercher à satisfaire les expatriés venant dans le cadre de leur tourisme de vision. Curieusement, ils ne profitent rien de toutes ces activités touristiques alors que la population devait être considérée comme partenaire en offrant certains services aux visiteurs.

Pour ce faire, la population n'a pas été prise en compte car l'Etat ne songe qu'à ses recettes et le reste ne l'intéresse pas. Ainsi la population a des difficultés pour recueillir même le bois mort, les champignons car butée à une répression de la part des Garde -Parcs ont-ils ajouté.

Et enfin, 9 % seulement de la population enquêtée a déclaré que le Domaine de Chasse de Bombo-Lumene est une étendue de terre mise à part par le gouvernement congolais afin de protéger certaines espèces fauniques et floristiques importantes. Cependant, ces derniers également déplorent le fait que cette aire protégée soit gérée d'une manière uni-partite où la population locale ne trouve même pas son compte. Ils estiment que la privation de la population locale de leur patrimoine traditionnel ; devrait être compassé par l'entreprenariat des micros projets bancables afin de pallier aux problèmes de la survie de la population locale ; chose qui malheureusement n'est pas faite.

Ainsi, notons que tout programme de sensibilisation de gestion participative devra commencer avec cette portion de 9 % de la population, qui à la longue aura la facilité de chercher à convaincre les autres afin d'aboutir à leur adhésion et intégration dans le processus.

Contraint par la puissance publique  qu'est l'Etat, la population a développé des antipathies face cette aire protégée car, c'est un patrimoine de leurs ancêtres qui selon eux serait confisqué par les détenteurs du pouvoir. C'est juste la question de la restauration des peuples autochtones dans les différents cadres nationaux qui constitue un autre enjeu majeur pour la gestion contemporaine des aires protégées africaines, dans la mesure où elles sont les espaces privilégiés des formes de restitution symbolique.

Cette méconnaissance du bien-fondé d'une aire protégée amène le Chef traditionnel du groupement de Mbakana à procéder à la spoliation des terres vendues aux privées, au détriment de la paisible population de ce groupement. Car, les populations habitant sur les territoires à protéger ont donc été exclues du processus décisionnel, et souvent expulsés du territoire (Nepal, 2002).

L'impact de cette exclusion des populations locales a souvent été négatif autant pour celles-ci que pour les objectifs de conservation des parcs et certaines aires protégées se sont transformées en milieux de répression où l'administration exerce sa souveraineté sans tenir compte des besoins des populations (Fall, 2002).

4.3.2 Perception du DCRBL par le personnel du DCRBL

Lors de nos enquêtes, nous nous sommes entretenu avec le personnel tant technique, qu'administratif du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene afin de pouvoir déceler leur appréhension d'une aire protégée.

Figure n°7 : Perception de l'aire protégée par le personnel du DCRBL

Il ressort de cette figure que 79% du personnel du DCRBL concoivent une aire protégée comme étant une étendue mise à part par l'Etat envue de la protection de la faune et de la flore. A côté d'eux, viennent une autre tendance qui representant 12% du personnel enquêté qui disent qu'une aire protégée est juste la protection de la faune et de flore. En fin, en troisième position vient la tendance representant 9% de la population enquêtée qui selon eux, une aire protégée serait une concession de l'état à protéger.

Ainsi, dans l'exercice de leurs fonctions, le personnel technique du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene ont un grand rôle à jouer dans la matérialisation du processus de gestion participative de cette reserve. Car, étant en contact permanent avec la population riveraine, ces derniers doivent disposer des connaissances nécessaires sur l'aire protégée en vue d'être à même d'en discuter avec cette population et de repondre favorablement à ses préoccupations.

Il ne suffira pas seulement d'appliquer la repression au près des délinquants appréhendés ou surpris en flagrant de lit de braconnage dans la reserve, mais aussi la sensibilisation de ces personnes sur le bien fondé d'une aire protégée ainsi que sur sa législation serait nécessaire.

4.3.3 Evaluation du niveau de connaissance de la population riveraine en matière de la législation sur la faune et flore.

Figure n°8 : Connaissance de la population du plateau de Batéké en matière de la réglementation sur la conservation de la biodiversité.

Bien qu'une certaine opinion souligne que nul n'est censé ignorer la loi ; ça vaut tout de même la peine de la vulgariser afin que son interprétation et son application ne soient sujet d'aberration.

Partant de nos enquêtes, il ressort des déclarations des populations locales que 56% disposent d'une connaissance médiocre de la législation sur la conservation de la biodiversité; par contre 27 % de la population enquêtée ont montré qu'ils entendent parler des lois mais condamnent la léthargie observée dans le chef des autorités politico-administratives dans la vulgarisation de ces dernières car cette population demeure la proie des interprétations opportunistes, 11,50% de la population connait assez bien la loi mais ces derniers se trouvent bloqués dans l'interprétation des plusieurs dispositions, 3,40% de la population enquêtée semble bien connaître la loi mais déplore l'absence de l'appui gouvernemental pour participer dans les opération des vulgarisation. Enfin, 2,10% de nos enquêtés déclarent avoir une très bonne connaissance de la loi réglementant le secteur de la conservation de la nature en RDC.

La loi est réputée émaner du peuple et le juge lui est étroitement subordonné. Du point de vue technique, la loi est également considérée comme rationnelle. L'interprète doit restituer sa cohérence. (Rabault, 2005).

En République Démocratique du Congo, lois sont légiférées au niveau du parlement et sont promulguées par le Chef de l'Etat congolais. Dès lors, elles revêtent un caractère obligatoire et contraignant, par conséquent, elles s'appliquent à tous.

Raison pour laquelle, même la population la moins instruite est obligée d'en connaître son contenu.

4.3.3.1 Répartition de la population selon le niveau d'études et la tranche d'âge.

Niveau d'étude

Intervalle d'âge

Aucun

Etudes primaires

Etudes secondaires

Etudes supérieures et universitaires

18-30

8

28

69

0

31-43

3

12

61

0

44-56

0

5

18

3

57-69

6

20

21

2

70-80

13

7

18

2

?

32

72

187

05

Tableau n°2 Répartition de la population selon les tranches d'âge et le niveau d'instruction.

Voulant connaître le niveau d'appréhension et d'interprétation des textes réglementaires régissant la conservation de la nature en République Démocratique du Congo, nous avons porté notre attention sur le niveau de l'instruction de la population dont dépend sa capacité d'appréhension, d'analyse et de compréhension d'une situation.

Cela étant, il est ressorti de nos enquêtes que sur 285 personnes enquêtées, 32 d'entre elles, (soit 11,2 % de la population totale enquêtée) ne sont pas scolarisés ; 25,3 % a fait l'école primaire; 65,6 % a fait l'école secondaire et 1,75% de la population enquêtée a fréquenté jusqu'au niveau des études supérieures voire universitaires.

Les lois ainsi établies par les législateurs congolais sont souvent victimes d'une mauvaise interprétation par les personnes non averties. Le niveau d'instruction de la population locale influe grandement sur sa manière d'interpréter les textes légaux. Aussi, l'usage l'expression française dans la conception et la saisie des textes légaux ne facilite pas la tâche à cette population du plateau de Batéké dont la majorité s'exprime en lingala. D'où la faiblesse dans la vulgarisation des lois.

Par ailleurs, la non adaptation des textes légaux aux contextes actuels de la gestion participative, constitue aujourd'hui un goulot d'étranglement dans la réussite de la mission de l'état au près de ses administrés.

C'est pourquoi, en lieu et place que cette aire protégée puisse bénéficier du concours de la population locale pour sa protection, elle est par contre le théâtre des actes des déforestations et de braconnage.

4.4 Collaboration entre le gestionnaire du DCBL et la population locale du plateau de Batéké.

A ce sujet, la population enquêtée a émis plusieurs prises de position. Cependant, l'opinion prépondérante déplore l'absence manifeste de la collaboration entre la Conservation avec la population locale.

Figure n°9: Opinions recueillies sur le niveau de collaboration entre la Conservation et la population locale.

Sur le 100% de la population enquêtée, 87 % déclarent qu'il n'existe pas de collaboration entre la Conservation et la population locale ; par contre les gardes parcs sont vus dans les différents villages que lorsqu'ils sont en patrouille et souvent lorsqu'ils viennent démolir leurs fours de charbon. 12% quant à eux affirment que parfois le gestionnaire du DCRBL vient rendre visite de courtoisie au Chef du village de Buantaba et Dumi ainsi que celui de la cité de Mbakana pour discuter de certaines questions en rapport avec la conservation de la biodiversité que regorge cette aire protégée mais ceci se fait d'une manière timide et n'a pas d'impact parce qu'il se limite au niveau de la chefferie et néglige la base, oubliant que les peuples autochtones ont le droit de définir et d'établir les priorités et des stratégies pour la mise en valeur et l'utilisation de leur terre ou territoire et autres ressources (ONU,2007). En fin, 1% de cette population a pas besoin de cette collaboration et souhaite même que l'Etat congolais déclasse cette aire protégée car, selon eux, celle-ci constitue un frein à leur développement socio-économique.

Eu égard à ce qui précède, les gestionnaires du DCRBL doit comprendre qu'actuellement rien ne peut se faire sans l'implication de la population locale. Son exclusion dans la gestion des ressources naturelles conduira toujours à un échec total.

La cogestion ne peut réussir sans un minimum de communication, de collaboration et de confiance entre les utilisateurs locaux et les gouvernements. (Stephen R., 2006).

Le gestionnaire du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene se doit de rapprocher la population, de la considérer comme partenaire potentiel dans la réussite de la conservation des ressources naturelles. L'apport des populations locales à la prise de décisions en matière de gestion des ressources a trait autant au savoir qu'aux droits d'utilisation. À défaut de tenir compte de ces forces, il faut souvent payer un lourd tribut écologique et social; aussi est-il impératif de trouver des moyens de reconnaître, de mettre en valeur et de renforcer les capacités locales de contribuer à la prise de décisions relatives aux ressources naturelles. (Stephen R., 2006).

La manière la plus efficace d'instaurer la cogestion des ressources naturelles consiste à inciter les utilisateurs des ressources et d'autres intervenants locaux à prendre part à l'apprentissage et à l'innovation, et à consolider ainsi leurs moyens de subsistance. Les connaissances, l'expérience et les traditions locales de la GRN sont de précieux atouts si elles sont mobilisées aux fins de la recherche et de l'action. Comprendre ces atouts et les mettre à profit donne lieu à des innovations plus fructueuses que lorsque les utilisateurs locaux sont traités comme des spectateurs non informés à qui des « experts » proposent des solutions techniques et à qui les gouvernements présentent des plans de réglementation tout faits d'avance (Stephen R, op cit).

La non implication de la population locale dans les activités de la conservation des ressources naturelles de la BCRBL et l'absence d'un dialogue permanent entre conservation et population locale enfreindrait tant plus dans la gestion rationnelle de ces ressources qu'au développement socio-économique de cette dernière.

4.5 Points de vue de la population locale sur l'impact de la conservation sur le développement socio-économique de Batéké.

Les différentes déclarations faites par nos enquêtés font état d'une désolation de la population locale.

Voulant chercher à connaître les apports du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene sur la vie socio-économique de la population riveraine, les avis ont été partagés à ce sujet.

Figure n°10 : Point de vue de la population sur l'apport de la conservation dans la vie socio-économique de la population locale.

96,4 % de cette population affirme que la conservation ne s'est jamais souciée de leur survie. Aucune initiative de développement socio-économique n'a encore été entreprise par la conservation pour tenter de remédier à la souffrance de la population.

Par contre, la population déclare que ce sont les fermiers privés et certaines ONG telles que CADIM et Vision du Monde « World Vision » qui participent activement à leur désenclavement socio-économique en leur donnant des semences, du bétail, et en facilitant l'écoulement de leurs marchandises dans les grandes villes à l'occurrence, dans la ville province de Kinshasa où ils envoient les concepts de manioc, le charbon et bien d'autres produits champêtres pour vendre.

Par contre, 3,6% seulement ont témoigné que, seuls les Chefs traditionnels ont déjà reçu à deux reprises de dons en médicament. Malheureusement, tous ces produits n'ont servi que l'entourage direct du Chef. Ils soulignent par ailleurs que, jadis chaque fin de l'année  le Conservateur remettait aux différents Chefs des villages des vivres. Ces derniers considèrent ces aides comme une corruption versée auprès des Chefs traditionnels afin d'étouffer toute tendance de revendication en rapport avec leurs droits d'usage des ressources naturelles. Ce comportement aurait comme soubassement, le problème de gouvernance.

Enfin, la gestion de cette aire protégée serait alors centralisée et toutes les décisions en rapport avec sa gestion seraient prises sans consultation de la population. Leur exclusion est manifeste, situation qui du reste crée une animosité entre le Conservation et la Population locale.

Figure n°11 : Appréciation de CADIM par la population riveraine au DCRBL.

Ainsi sur l'effectif total de la population interrogée dans le groupement de Mbakana en général ; 86 % de la population questionnée qualifient de salutaires les activités entreprises par CADIM et Vision mondiale (World Vision) car c'est grâce aux engins de CADIM que les villageois arrivent aujourd'hui à écouler leurs produits champêtres ainsi le charbon au niveau des grandes villes, en l'occurrence la ville de Kinshasa. Par ailleurs ils disent que c'est grâce à CADIM qu'ils ont réussi à se constituer en différentes associations ; et en plus de cela, la population villageoise reçoit les intrants (les semences) pour mieux faire l'agriculture. Enfin ce serait grâce à CADIM qu'ils ont pris l'initiative de concevoir des micros projets générateurs des revenus.

Par contre 10% de la population enquêtée estiment que la présence de CADIM serait une forme d'exploitation de l'homme par l'homme car ; la majorité des fermes qui sont dans les villages de Dumi, Buantaba et Mbakana appartiennent aux personnes haut placées dans le gouvernement.

Et dans ce sens, la population villageoise est utilisée rien que pour la main-d'oeuvre moyennant un salaire dérisoire alors que cette terre est un patrimoine traditionnel de cette population.

Aussi, cette portion de la population enquêtée dénonce la complicité du Chef traditionnel Mbakana qui ne cesse d'octroyer moyennant une enveloppe ; des lopins des terres aux particuliers oubliant que la population locale en a besoin pour ses activités socio-économiques.

Et enfin, 4 % ne sont ni pour ou ni contre CADIM. Ce qui compte pour eux est qu'il y ait changement ; que leurs enfants puissent étudier, que leurs femmes aient la possibilité de vaquer paisiblement à leurs activités champêtres sans tracasserie ni dérangement.

Les analyses faites montrent que 86 % de la population du plateau de Batéké sont pour l'organisation non gouvernementale CADIM et ils disent ne pas partager le même avis avec la conservation car celle-ci ne leur sert à rien et ne contribue par conséquent en rien à leur survie; par contre elle contribue à l'accentuation de leur misère.

Cependant, la population ignore que CADIM opère en exploitant les ressources naturelles et qu'à la longue, la disparition de ces dernières peut avoir des conséquences néfastes sur leur survie, car les problèmes environnementaux n'épargnent personne.

Cette situation doit être prise au sérieux par l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) car il lui sera impossible de gérer cette aire protégée seule sans implication de la population. Les preuves en sont que, la population s'arrange pour saboter et violer ses limites géographiques de cette aire protégée.

Eu égard à ce qui précède, il convient ici de rappeler que la superficie du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene avait été modifiée de 5000 ha octroyés à CADIM pour ses activités agro-pastorales. Etant donné que la conservation est mal vue par cette population locale qui ne voit aucune activité en leur faveur  et face à cette spoliation des terres pratiquée actuellement par le Chef Traditionnel Mbakana,  une tendance à pouvoir dévaster davantage les écosystèmes du DCRBL se fait sentir, d'où des conflits récurrents.

4.6 Activités socio-économiques menées par la population locale du plateau de Batéké

Figure n°12 : Activités socio-économiques de la population du plateau de Batéké.

Partant des résultats de nos enquêtes il ressort que 78,6 % de la population pratiquent l'agriculture itinérante sur brulis. Cette activité se justifie par une demande accrue en farine de manioc dont manifeste la ville de Kinshasa.

Certes, riches ou pauvres, 70 à 80% des congolais consomment sous différentes formes le manioc et ses feuilles, facilement accessibles dans la plupart des provinces du pays et selon la FAO, un congolais consomme en moyenne 370 kg par an (Jean-René Bompolonga).

Quant à la carbonisation, 16,3% en pratiquent car, selon les témoignages des fabricants, la carbonisation est une activité qui procure beaucoup d'argent en un laps de temps, en minimisant les coûts d'investissement.

Combinée au déboisement dû à la pratique traditionnelle de l'agriculture itinérante sur brûlis, cette déforestation intensive et systématique entraîne des perturbations climatiques et participe activement à la destruction de l'habitat de la faune sauvage ; corollaire de la disparition des espèces fauniques. 1,3% de la population enquêtée pratiquent l'élevage ; 2,80% de cette population fait la chasse comme activité de survie.

En somme, toutes ces activités faites d'une manière anarchique contribuent énormément à la perte de la biodiversité du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene d'autant plus que les limites du Domaine sont actuellement violées par la communauté locale pour des fins des activités champêtres ainsi que celles de carbonatation.

4.7 Mode de gestion des conflits qui surgissent entre la conservation et la population riveraine.

Les conflits liés aux ressources naturelles résultent des désaccords et des différends sur l'accès, le contrôle et l'utilisation des ressources naturelles. Ces conflits naissent souvent du fait que les populations utilisent les ressources-forêts, eau, pâturages et terres à des fins différentes, où entendent les gérer de diverses manières. Les différends naissent également en cas d'incompatibilité des intérêts et des besoins des uns et des autres, ou de négligence des priorités de certains groupes d'utilisateurs dans les politiques, programmes et projets. (Hart et Castro, 2001).

Ainsi, les rapports dans toute société sont de nature conflictuelle suite aux divergences des opinions, des besoins, des intérêts sur une cause commune donnée techniquement appelé : le Centre d'intérêt.

Malgré que les conflits soient inhérents à la société, il nous appartient de chercher les voies et moyens de les gérer et surtout de les résoudre de manière à créer l'harmonie et la paix sociale.

Pour ce faire, la gestion des conflits est un processus favorisant le dialogue et la négociation qui aide à acheminer des conflits vers des résultats constructifs plutôt que destructif. (Tarla, 2010). Elle consiste en un processus non violent favorisant le dialogue et la négociation. Elle porte sur le règlement des désaccords avec leur manifestation sous forme hostile, l'aide aux parties prenantes pour l'examen de multiples options d'accords et en choisir une acceptable par tous et l'identification des causes profondes des conflits et intervenir afin d'éviter leur répétition à l'avenir (Borrini-Feyerabend, op cit)

Les ressources naturelles du DCRBL constituent ici le centre d'intérêt dans ces conflits dont les parties prenantes sont : la conservation, les cultivateurs, les chasseurs, les pêcheurs, les Chefs traditionnels, les autorités politico-administratives, les ONG, la société civile.

Dans la résolution de ces conflits, aucune de ces parties prenantes ne peut être écartée sous peine de biaiser le processus. Et il en sera de même dans le processus de Cogestion où toutes les parties prenantes devront être considérées et associées afin de pouvoir aboutir à une solution réelle, effective, durable et acceptable par tous.

A l'issue de nos investigations faites sur les terrains ; nous avons répertorié les genres de conflits connus et la façon dont ils ont été gérés et résolus.

4.7.1 Conflit opposant l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature à la population locale :

Partant de la mission de l'ICCN qu'est celle de la Conservation de la biodiversité ; la population du plateau de Batéké considère cette institution comme un ennemi à leur développement socio-économique ; selon eux, elle les empêcherait de jouir des Ressources Naturelles que regorge le DCRBL.

Ainsi, pour manifester son mécontentement ; la population riveraine se permet à tout moment de saboter cet écosystème en y appliquant le feu de brousse, en y opérant le braconnage à grande échelle en complicité avec certains grands restaurants de la ville de Kinshasa ; et en dévastant même certaines étendues de terre du Domaine qu'ils érigent en champ de manioc, de niébés etc. à des fins commerciales.

Par ailleurs, le problème de limites géographiques du Domaine demeure toujours une source de conflits entre la population et le gestionnaire du Domaine. Actuellement, le village de Buantaba se trouve construit en pleine aire protégée et ceux-ci se permettent même d'y construire les Eglises, les Ecoles en dur ; voire les maisons d'habitation.

Enfin, le conflit Homme-faune n'est pas à écarter ici, car la population se plaint au sujet des buffles du DCRBL qui viennent ravager leurs champs et dévaster leurs cultures.

Pour tenter de résoudre ces conflits, la démarche la plus privilégiée est la Négociation et en cas de résistance ; on fait recours à l'arbitrage par le truchement des instances judiciaires.

Alors que s'il nous faut répéter Repasseuse (2007), la solution au conflit « concertée » entre le pouvoir de la légalité et celui de la légitimité sanctionne, ainsi, le passage « d'un modèle de conservation acritique à un de conservation dynamique » où le but crucial devient d'incorporer le plus possible la légitimité dans le pouvoir institutionnel ou en outre, régulariser sa légitimité. 

Cela étant, la gouvernance au quotidien des Aires Protégées renvoit, au contraire, au « savoir-faire » personnel de chaque agent à l'art d'ajuster les éléments du modèle officiel au contexte local, bref, aux normes pratiques. A la différence des normes officielles, ces derniers ne peuvent être observés directement, mais sont reconstruits à partir des comportements qu'elles régissent. Ces comportements peuvent aller à l'encontre des objectifs poursuivi, tout comme ils peuvent produire des résultats proches de ces objectifs. (Jean-Claude NGUINGUIRI, 2004)

En vue de pouvoir prévenir certains conflits entre la population locale et la conservation, une initiative de sensibilisation à travers les médias est actuellement entreprise par le gestionnaire du DCRBL, par le truchement de la Radio rurale Munkû. Cependant, cette activité est encore butée aux moyens logistiques pour sa réalisation.

4.7.2 Conflit opposant l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature au Chef traditionnel :

Les déclarations faites par nos enquêtées stipulent que certains Chefs traditionnels se permettent d'abuser du pouvoir leur légué par la coutume pour spolier les terres, même les étendues reconnus au Domaine.

Ainsi, ils se livrent délibérément aux ventes de terres de leur chefferie à des tierces personnes en violation des limites du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene, sans crainte de s'exposer à la rigueur de la loi. C'est le cas du Notable MANDO qui continuerait à vendre des hectares des terres et à exploiter des étangs situés dans le secteur touristique de Mua à 11km de la Station. (Rapport annuel du DCRBL, 2001)

En réalité ce genre des conflits ne résout rien du tout. Par contre, ils enfoncent davantage toute tentative de la gestion participative des ressources naturelles du DCRBL.

4.7.3 Conflit opposant les habitants du village entre eux suite à la mégestion des espaces :

Les effets de l'accroissement galopant de la démographie se fait sentir dans le plateau de Batéké. Les besoins en habitats et en sols cultivables étant accrus, les disputes entre villageois sont monnaie courantes.

Nous citerons ici un conflit qui a surgi entre les habitants du village Nga et ceux du village Kinta au sujet du feu de brousse appliqué par une partie  sans concertation avec l'autre et qui a ravagé une importante étendue de la brousse. Comme la tension était grande et les villageois n'arrivaient pas à se rapprocher pour négocier, le Chef du village Buantaba aurait fait usage de sa sagesse afin de jouer la médiation dans le règlement de ces différends.

Après plusieurs pourparlers avec la facilitation du Chef du village, ces parties en conflits seraient arrivées à s'accorder et ont ainsi enterré la hache de guerre.

4.7.4 Conflit opposant le Chef traditionnel et sa base (les villageois) :

Les causes de ces conflits sont pour la plupart de cas, dues à la mauvaise gestion des terres. Les propos avancés par nos enquêtés stipulent que leur Chef coutumier se permet de vendre des grandes étendues des terres aux fermiers privés au détriment de la population locale. Actuellement, la population a du mal à trouver même le bois mort car toutes ces étendues des terres jadis fréquentées deviennent des propriétés privées des fermiers.

Ainsi, la pauvre population devient préjudiciée dans ces activités de survie car se trouvant contraint par ces fermiers qui en grande partie sont des personnalités hauts placées du pays.

4.7.5 Conflit opposant les confessions religieuses (Eglise catholique) à l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) :

Selon le rapport annuel de l'an 2001 du Domaine de chasse et Reserve de Bombo-Lumene, il ressort que l'Abbé NGAMPUTU aurait implicitement érigé le petit séminaire Jean-Paul en pleine Reserve et y exploiterait plusieurs hectares de cultures de manioc. Cette situation a engendré un conflit entre le gestionnaire du Domaine et ce religieux qui userait, selon ce rapport, du trafic d'influence pour se maintenir.

Le plus souvent, les conflits liés aux ressources naturelles surviennent parfois du fait de l'absence d'une cohésion et d'une coordination entre les divers textes de loi, notamment lorsque les politiques, programmes et projets ne tiennent pas compte des situations locales. (Nancy Hart et Peter Castro, 2001).

Tous les conflits répertoriés ont été résolus soit par négociation, soit par médiation, soit encore par arbitrage. Dans le cas échéant, les instances judiciaires ont dû intervenir pour trancher.

Cependant ; la situation vécue sur le terrain montre à suffisance que ces résolutions n'ont pas été réelles, efficaces, et durables car les revendications demeurent du côté des parties lésées.

Il sied de savoir, qu'aussi longtemps que les planificateurs et les gestionnaires ne réussissent pas à identifier et à consulter toutes les parties prenantes, ils ne pourront ni cerner les divers besoins et priorités de ces groupes, ni tirer parti de leur connaissance locale de la situation. Et dans cette optique la probabilité des conflits pourra toujours s'accroître.

La gestion des conflits constitue une condition indispensable à l'aménagement durable des ressources naturelles. L'ampleur, la portée et l'intensité des conflits ne cessent de croître. S'ils ne sont pas pris à temps et traités de façon efficace, ces conflits peuvent avoir une incidence sur les moyens d'existence des communautés et entraîner une dégradation des ressources. (Nancy Hart et Peter Castro, op cit)

Le gestionnaire du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene a alors la lourde tache de mettre en pratique l'approche participative afin d'aboutir à une gestion durable des ressources naturelles, moteur de la durabilité économique, écologique et sociale. Il lui appartient de privilégier les négociations en matière d'utilisation des ressources naturelles qui se font mieux au sein des petites communautés en réunion publiques informelles ad hoc qui regroupent les membres de la famille, les voisins et les parties en conflit, convoquées en fonction des besoins et chacune des parties utilisant un porte -parole de lui est légitime.

Par ailleurs, les gestionnaires du DCRBL doivent mettre en application la Communication sociale ; c'est un outil efficace pour susciter la confiance au sein de cette population qui se voit longtemps écarté de la gestion des ressources naturelles.

CHAPITRE 5 : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Notre présente étude a porté sur la Contribution à la mise en place du processus de Cogestion du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene »

En vue de mener à bien cette étude, nous nous sommes fixés comme objectif global de contribuer à l'instauration du processus de cogestion du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo -Lumene afin de promouvoir les conditions de vie des populations riveraines.

Pour accéder aux données, nous avons d'une part utilisé la méthode de questionnaires d'enquête que nous avons soumis à la population locale, auxquels nous avons complété par les interviews semi-structurées et certains entretiens.

La population totale du groupement de Mbakana est estimée à 5265 habitants, soit un équivalent de 1115 ménages au total dont 16 à la station de Bombo -Lumene, 873 dans la cité de Mbakana, 175 dans le village Dumi et en fin, 51 dans le village Buantaba. (CADIM, 2000).

Ainsi, au niveau de la station de Bombo-Lumene, nos enquêtes se sont effectuées sur 12 ménages, soit un total de 75% de la taille totale des ménages recensés .En ce qui concerne les deux villages Dumi et Buantaba, nous avons eu à interroger 81 ménages choisis d'une manière aléatoire, soit une proportion de 35,84% de la population totale recensée.

Quant à la Cité de Mbakana, nos enquêtes se sont effectuées sur 192 ménages, ce qui constitue une proportion de 22% de la population totale recensée.

Il ressort de ce travail que; 76% de la population enquêtée ne connait pas le bien fondé du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene dans leur entité administrative : ils la conçoivent comme une stratégie développée par l'Etat congolais pour les priver la population de leurs patrimoines en ressources naturelles.

87 % de cette population pense qu'il n'existe pas de collaboration entre la Conservation et la population locale mais dénoncent des menaces faits par les gardes parcs, ce qui érige davantage une barrière entre la conservation et la population locale. 96% des enquêtés affirment que la conservation n'a jamais songé à contribuer à l'amélioration de leurs conditions de vie socio-économique. 

Dans cette optique, cette population considère comme les activités de la conservation comme moteur de l'appauvrissement de la population car il devient difficile à la population d'exploiter leurs ressources naturelles suite aux multiples intimidations faites par les gardes parcs.

Quant à la connaissance de la réglementation sur la faune et flore ,56% de la population enquêtée ne sont même pas capable de comprendre les dispositions juridiques en la matière; seule une petite portion de la population en raison de 3,4 % de la population est capable de bien interpréter la loi.

Eu égard à ce qui précède, plusieurs conflits sont alors vécus et pour la plus part on recourt à la médiation ou m'arbitrage par le chef traditionnel pour trancher une affaire déchirant deux parties. Cependant, les conflits entre la conservation et la population demeurent ; car ceci est directement lié à la gestion des ressources naturelles où les populations se sentent encore écartés dans la gestion de leur patrimoine.

Comme conséquence, la population se met à surexploiter illégalement les ressources fauniques et floristiques. Actuellement, les espèces fauniques qui existaient jadis dans cette aire protégée n'appartiennent maintenant qu'à l'histoire. Après le braconnage professionnel perpétré par les expatriés déguisés en touristes ; l'observation des espèces fauniques devient alors rare, voir impossible.

Par ailleurs, la carbonisation à grande échelle se trouve développée dans cette aire protégée afin de desservir la ville de Kinshasa en charbon.

Enfin, les superficies reconnues à la conservation sont aujourd'hui envahies par les activités agro-pastorales. La crainte alors demeure quant à l'avenir de cette aire protégée qui revêt des hautes valeurs marchandes touristiques.

Cela étant, il sied ici de rappeler que le temps à la conservation de fonctionner en solo ; tout en excluant la population locale est révolu.

La population locale doit alors être traitée comme partenaire potentiel et incontournable dans la conservation des ressources naturelles. Cela est sans doute l'expression d'une certaine maturité » de la société qui comprend qu'il n'existe pas de solution « unique » et « objective » à la gestion des ressources naturelles mais plutôt une multiplicité d'options différentes compatibles avec les connaissances locales et les certitudes de la science et capables de répondre aux besoins de conservation et développement( et qu'il existe également une multiplicité d'options négatives ou désastreuses pour l'environnement et le développement). (Borrini-Feyerandend et al., 2000)

Raison pour laquelle nous formulons des recommandations suivantes :

v Que l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) ; en synergie avec son ministère de tutelle fasse un plaidoyer sur l'uniformisation des textes légaux ainsi que leurs adaptations à la nouvelle vision de la conservation de la nature tenant compte des aspects socio-économiques de la population locale;

v Qu'il songe à intégrer la population locale dans la gestion de ses ressources naturelles en mettant en pratique l'approche participative, afin de renforcer les liens et la confiance mutuelle entre les parties et ainsi prévenir les conflits ;

v Qu'un zonage du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene sois fait au préalable afin de distinguer les trois zones concentriques à savoir : une zone de protection intégrale ou noyau de la réserve caractérisée par une surveillance continue, une zone tampon tutrice des activités de recherches, de tourisme et d'éducation environnementale, et une zone à usage multiple assurant la promotion d'activités de développement pour les riverains de la DCRBL ;

v Qu'un programme de suivi écologique soit déclenché afin de s'imprégner des éventuels changements survenus dans cette aire protégée ;

v Qu'un plan d'aménagement de ce site soit élaboré par une équipe multidisciplinaire en synergie avec la population locale afin de pallier tant soit peu aux problèmes de gestion du site;

v Que le personnel du DCRBL soit soumis à des formations et recyclages afin de leur inculquer les connaissances nécessaires pour pouvoir éduquer et sensibiliser la population selon la nouvelle vision de la conservation qui se borne sur la gestion participative ou gestion concertée ou encore la cogestion ;

v Que la sensibilisation et l'éducation environnementale soient inscrits parmi les activités prioritaires du DCRBL, afin d'amener la population locale à prendre conscience des dangers que présentent les pressions anthropiques sur l'écosystème ;

v Qu'une reforme de la loi portant sur la conservation de la nature puisse être faite en tenant compte des aspects de la gestion participative ;

v Qu'une vulgarisation des textes légaux soit faite en langues vernaculaires et au besoin en « Lingala » langue parlée dans le plateau de Batéké, afin que toutes ses couches sociales comprennent la quintessence des dispositions réglementaires.

BIBLIOGRAPHIE

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