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Prospective au Burkina: enjeux et défis

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par Arnaud Wendpouiré SAVADOGO
Université catholique de l'Afrique de l'ouest/ unité universitaire Bobo-Dioulasso - Licence en macroéconomie et gestion du développement 2009
  

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CHAPITRE V :

Analyses et discussions

La vision est constituée de quatre (04) éléments constitutifs à savoir : la gouvernance, le social, la politique extérieure et l'économie. Nous nous proposons, de voir si, au regard de la situation et dynamiques actuelles des secteurs-clés de cette vision, il y a quelques chances de réaliser nos ambitions à l'horizon 2025.

I. De la capacité du Burkina à réaliser la vision prospective sur le plan de la gouvernance

Nous avons appréhendé la gouvernance selon ses dimensions politique, administrative, locale et économique.

En ce qui concerne la gouvernance politique, on relève des avancées significatives en matière de liberté d'expression et de droit à l'information depuis la publication du rapport du Collège des Sages le 30 juillet 1999.

Rappelons que, l'Etat de droit est à la gouvernance politique ce que l'oxygène est à l'organisme humain. L'Etat de droit implique que tous les niveaux, sans exception aucune, soient soumis au droit. La constitution étant une source importante du droit, le juge constitutionnel ne devrait pas être nommé. Ce qui est pourtant le cas dans notre pays. En effet, le Conseil est composé d'un Président nommé par le Président du Faso, de trois (03) magistrats nommés toujours par le Président du Faso sur proposition du ministre de la Justice et de trois (03) personnalités nommées encore par le Président du Faso. Au total, le premier magistrat de notre pays nomme sept (07) membres sur dix (10) du Conseil ; les trois (03) autres membres étant nommés par le Président de l'Assemblée Nationale. Cette procédure de nomination limite l'indépendance de cette structure et de son premier responsable.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 23

Une faiblesse majeure du Conseil Constitutionnel c'est qu'il ne peut être saisi que par un cercle restreint de personnalités politiques : le Président du Faso, le Premier Ministre, le Président de l'Assemblée Nationale et un cinquième (1/5e) des députés de l'Assemblée soit vingt-trois (23) députés. A cet état de fait, il faut ajouter l'état de corruption qui existe au sein du système judiciaire et qui le place ainsi parmi les seize (16) institutions les plus corrompues3. En outre, l'accès à la justice par le justiciable, chose qui concourt à l'édification de l'Etat de droit, agonise pour plusieurs raisons dont l'analphabétisme de la population, les procédures qui sont longues et compliquées à comprendre, la cherté de la justice et l'accessibilité géographique car les Tribunaux de Grande Instance (TGI) se trouvent uniquement au niveau des chefs-lieux de régions.

Pour ce qui est de la gouvernance administrative, nous relevons que le MEF, a réduit les budgets des organes administratifs à travers le Cadre de Dépenses à Moyen Terme (CDMT). Cela rend la réalisation des missions difficile. A titre d'exemple, le Secrétariat Permanent de la Politique de Bonne Gouvernance (SP-PNBG) a vu son budget se réduire de moitié entre 2009 et 2010, soit de 30 millions de FCFA à 15 millions de FCFA. Il faut aussi noter le déficit de ressources humaines qualifiées. En effet, le stock de capital humain du Burkina est faible, avec moins de 0,45 année d'éducation moyenne. En somme, le manque de ressources humaines qualifiées et le manque de ressources matérielles et financières semblent être les grands maux qui sont à la base du dysfonctionnement de l'administration burkinabè. Cet état de fait se traduit, entre autres, par la corruption au sein du système. Ladite corruption est généralisée et varie d'une institution à une autre en fonction de l'existence ou non de relations directes entre les agents de l'Etat et le public. A coté de cette corruption, la Banque mondiale en a repéré une autre qu'elle qualifie de « discrète ». Par ailleurs, le système administratif burkinabè se caractérise par une culture de l'urgence, ainsi que par un cloisonnement intra et interinstitutionnel. Au sein de certains départements étatiques, les agents de tel ou tel service travaillent entre eux. C'est le même phénomène qui se produit d'une institution à une autre. Chaque institution constitue alors un vase clos si bien qu'il y a peu de coordination au moment de l'action. Aussi les initiatives se mènent-elles sans mémoire, et ne peuvent être donc intégrées dans un continuum.

3 Rapport 2006 du REN-LAC sur la corruption au Burkina

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 24

Quant à la gouvernance locale, nous avons constaté que les textes au Burkina consacrent la décentralisation à travers le transfert des compétences du centre vers les communes rurales, pour un développement à la base. Cependant, force est de reconnaître que le transfert des compétences n'est pas effectif. Cela est dû aux moyens limités dont dispose l'Etat. C'est alors que les maires se voient presqu'obligés de procéder à des lotissements massifs pour obtenir des fonds communaux, et ce malgré le risque de conflits sociaux. De surcroît les élus locaux sont pour la plupart analphabètes et les maires sont à majorité citadins. Cela handicape fortement le transfert des compétences au niveau local.

Sur le plan de la gouvernance économique, le Burkina regorge de cadres compétents. Cependant, ces capacités ne sont pas employées de façon optimale, si bien que l'homme qu'il faut n'est pas souvent à la bonne place. De plus, il y a des changements perpétuels de politiques de développement dus à la pression des Partenaires Techniques et Financiers (PTF). Pourtant, la Déclaration de Paris stipule que les Pays en Voie de Développement (PVD) doivent s'approprier leurs politiques de développement.

De ces analyses, il semble que le Burkina est encore loin de la voie menant à la réalisation de la vision prospective sur le plan de la gouvernance. Le pays souffre d'une assez faible pratique démocratique due à sa jeunesse et à l'analphabétisme, d'une décentralisation mal engagée et de la corruption « classique » couplée à celle « discrète » comme l'atteste le dernier rapport de la Banque Mondiale sur les « indicateurs du développement en Afrique en 2010 ». Ce rapport indique que 87% des entreprises burkinabè usent de corruption « discrète » pour obtenir les marchés publics. Nos résultats sont semblables à ceux de l'ENP (2005) concernant la situation de la gouvernance.

Les insuffisances, elles, tiennent à :

V' la faiblesse de la démocratisation et de la décentralisation à la base due au fait que le jeu démocratique national n'a pas encore suffisamment pris appui sur la démocratie locale ,
·

V' un développement du phénomène de corruption. La transparence et la rigueur dans la gestion des ressources publiques semblent relever d'un passé révolutionnaire à jamais révolu ,
·

V' aux germes de conflits en rapport avec la décentralisation ou liés aux mutations sociales, économiques et politiques [...].

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 25

D'une part, les textes sont présents mais leur application pose problème. D'autre part, concernant la gouvernance économique, il y a des capacités, mais celles-ci ne sont pas optimisées. A notre avis, cela pourrait être dû à un manque d'engagement politique. L'ENP a procuré aux politiques, comme nous l'avions précédemment indiqué, un cadre de long terme dans lequel devraient s'intégrer les politiques de court et de moyen terme. Il apparaît alors logique que la SCADD, document cadre qui doit remplacer le CSLP, s'inscrive dans l'ENP. Pourtant, comme l'a confié l'une de nos personnes ressources, c'est à la suite d'une lutte de longue haleine que le MEF a enfin décidé d'intégrer la SCADD dans l'ENP. Ce qui est paradoxal.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault