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Exploitation socioéconomique des enfants de la rue comme nouvelle forme d'esclavage à  Bukavu en RDC

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par Dieu Merci Emmanuel AKSANTI CIRHIBUKA
Université officielle de Bukavu -  2013
  

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L'EXPLOITATION SOCIO-ECONOMIQUE DES ENFANTS DE LA RUE COMME NOUVELLE FORME D'ESCLAVAGE A BUKAVU

Par : Aksanti Cirhibuka Dieu Merci et Tombola Rugina Jacques

Assistants aux facultés des Sciences Sociales, Politiques et Administratives et Sciences Economiques et de Gestion de l'Université Officielle de Bukavu

INTRODUCTION

. L'enfant constitue l'avenir de demain. De ce fait, il doit bénéficier d'une protection spéciale pour garantir son bien-être. La famille et la communauté restent des endroits privilégiés et favorables pour la protection de l'enfant en dépit de toutes les autres formes d'avantages que peuvent offrir d'autres institutions de protection avec des bons cadres d'hébergement et de substitution. Hélas, confrontés aux difficultés socioéconomiques de divers ordres liées à la dégradation du système dans son ensemble, les gouvernements, les familles et les organisations non gouvernementales parviennent difficilement à subvenir aux besoins des groupes vulnérables dont les femmes et les enfants. La vulnérabilité de l'enfant est due à son immaturité, à son inexpérience et à son inaptitude physique. La communauté se retrouve, de ce fait, face aux immenses défis de dégradation sociale, parmi lesquels il faut noter les difficultés d'assurer  la protection des enfants contre toute forme d'exploitation surtout à de multiples abus notamment leur exploitation pour des fins économiques. . Dans la plupart des Etats ayant pris part à la convention relative aux droits de l'enfant, le respect de certains droits qu'ont les enfants de la rue n'est pas effectif.

S'il nous faut remonter dans l'histoire, l'on notera qu'au 19è siècle interviendra une prise de conscience au sein de la communauté internationale en ce qui concerne la nécessité de protéger les enfants contre toutes les formes de graves violations (recrutement dans les forces combattantes, enlèvements et trafics, proxenètisme, etc) ; bref contre toutes les pires formes de maltraitances, de traitements dégradants, cruels et inhumains.

Cependant, la fin du 20è siècle marque l'aboutissement d'un long processus inhérent à l'impérieuse nécessité de la reconnaissance des droits de l'enfant quant à la protection de celui-ci et du statut spécial de l'enfance ; cela avec l'adoption à l'unanimité par l'Assemblée Génerale de Nations Unies le 20 Novembre 1989 de la Convention relative aux Droits de l'Enfant et de sa mise en vigueur le 02 septembre 1990.

Tout compte fait, divers travaux scientifiques sur la situation des groupes vulnérables et particulièrement les enfants de la rue ont été produits de par le monde. Ainsi :

-Ilunga Kayombo Bernard1(*)dresse un constat alarmant et une alerte en direction de la communauté nationale congolaise relatifs à la situation de plusieurs enfants qui envahissent chaque jour les marchés, les abords des salles de fête et les places publiques à la quête de leur survie. Pour lui, toute société qui accepte de déverser dans la rue ses propres enfants tels les déchets, se disqualifie et se condamne, par le fait meme, à la déchéance.Il en est de meme de toute personne adulte qui se decharge sur d'autres de ses responsabilités de parent car estime t-il que l'avenir appartient à ceux qui auront su donner aux générations présentes des raisons de vivre et d'esperer.

-Ann Veneman et Bellamy2(*) estiment qu'en adoptant la convention relative aux droits de l'enfant, le monde a compris que l'humanité ne pouvait progresser qu'a condition que tous les enfants bénéficient d'une enfance saine et protégée. Cela en effet car la qualité de la vie d'un enfant dépend des décisions qui sont prises tous les jours dans les familles, les communautés et dans les bureaux des gouvernements. Il s'avère donc impérieux de prendre judicieusement ces décisions tenant compte de l'interet supérieur de l'enfant du fait que si la communauté n'arrive pas à protèger les enfants, elle ne parviendra non plus à atteindre les objectifs mondiaux les plus généraux ayant trait aux droits humains et au développement. Ils font remarquer que combler le fossé entre une enfance idéale et la réalité que connaisse la moitié des enfants du monde est une question de choix et proposent ainsi à la communauté internationale une thérapie à la question du comment protéger les enfants articulée autour de trois pistes principales dont :

*L'adoption d'une approche de dévéloppement économique et social qui soit fondé sur les questions des droits humains, en s'efforçant tout particulièrement d'aider les enfants les enfants les plus vulnérables;

*La priorisation de tous les domaines de développement des politiques équitables qui tiennent compte des enfants ;

*L'obtention de l'engagement des particuliers, des organisations de protection de l'enfance, des familles, des entreprises et des communautés à prenre active et continuellement à l'amélioration des conditions des enfants et à mobiliser leurs ressources de façon à promouvoir et à défendre les droits des enfants.

- Faustin Muliri3(*)démontre que toutes les sociétés du monde espèrent que leurs enfants grandiront et deviendront des citoyens dignes, capables et responsables qui contribueront au bien-etre de leur communauté. Pourtant dans de nombreux pays en crises comme la RDC, les enfants se voient refuser le respect de leurs droits ; celui de protection surtout, qui leur permettront de survivre, de se développer au mieux et de participer activement à la vie communautaire. De son étude, il fait ressortir qu'à Bukavu lors des guerres dites de libération et de rectification respectivement en 1996 par la coalition armée AFDL et en 1998 par le RCD -Goma, la situation des enfants ne faisait que s'empirer de telle sorte que des cas de déplacement des populations, d'exode rural, de polygynie, de chomage des parents ou d'impaiement de salaires, de pauvrété et d'insécurité généralisée, des divorces, de déscolarisation affectent dangereusement et plus que jamais les enfants. A cause ce lot de faits ignobles laissant transparaitre un tableau sombre sur la situation des enfants, naquirent plusieurs organisations non gouvernementales avec comme mission de rectifier le tir: redonner de l'espoir à des milliers d'enfants abandonnés à la merci de la rue avec des corollaires comme les maladies, la malnutrition, la toxicomanie, la prostitution et le banditisme.

Tout compte fait, l'on remarque même que depuis la nuit des temps et jusqu'en ces jours, les enfants ont été et continuent à etre victimes de plusieurs maux sociaux qui handicapent leur croissance physique, morale et leur épanouissement social. Ainsi, la République Démocratique du Congo en général et la ville de Bukavu en particulier n'ont pas dérogé à cette règle cruelle. Parmi les problèmes sociaux les plus frappants dont les enfants sont victimes dans la ville de Bukavu, nous citons la non l'analphabétisme, les catastrophes naturelles, les coutumes et pratiques rétrogrades, l'enrôlement dans l'armée, les dislocations familiales, les décès de l'un des parents, etc.La conjonction de ces différents maux rend propensifs les enfants dan un élan de recherche des antidotes envue de leur maintien. Hélas, ces mécanismes de résilience dont adoptent ces enfants les laissent croire que seule la rue offrirait une alternative ; ainsi naitront les tristement célèbres phénomènes « enfants de la rue » et « enfants dans la rue »

Conscientes de la gravité de ces phénomènes et de leurs corollaires, de la passivité du gouvernement à travers ses structures spécialisées, des familles et des communautés dont sont originaires ces enfants, plusieurs organisations privées prolifèrent actuellement dans la ville de Bukavu et son hinterland mais leurs actions paraissent moins efficaces au vu de l'ampleur du problème (nombre d'enfants de la rue qui croit du jour le jour). Au regard de ce qui précède, certaines interrogations méritent d'etre soulevées :

· Quels sont les facteurs explicatifs du phénomène « enfants de la rue » dans la ville de Bukavu et ses périphéries ?

· Quels sont leurs moyens de subsistance ? En d'autres termes comment subviennent-ils à leurs besoins ?

· Peut-on envisager de nouvelles alternatives pour éradiquer ce fléau et humaniser ainsi notre milieu ?

Les considérations suivantes peuvent etre retenues en guise d'hypothèses :

1. Les difficultés familiales traduites par la faillite de l'entreprise économique familiale au cours de laquelle les parents n'arrivent plus à subvenir aux besoins vitaux de leurs enfants( habillement décent, alimentation suffisante, scolarisation, etc) ,la séparation des parents qui engendre la dislocation et l'ébranlement de l'unité familiale où chaque enfant est appelé à se debrouiller à sa guise, la déscolarisation, les naissances précoces et le manque d'occupation appropriée aux enfants pendant les vacances ;les fausses accusations de sorcellerie seraient des facteurs explicatifs du phénomène «enfants de la rue » .

2. Les moyens de subsistance de ces enfants seraient la vacation à certaines activités pouvant leur rapporter le revenu (transport des colis, travaux de manutention et dans les chantiers de construction,...), le vol, la mendicité, le lavage des véhicules, le recours aux organisations non gouvernementales dont la mission est l'encadrement des enfants de la rue.

3. Pour redresser la situation et humaniser notre milieu, des solutions nouvelles sont possibles notamment l'acceuil à bras ouverts de tous les enfants jadis coupés de la chaleur familiale et communautaire et longtemps plongés dans une vie désespérement indescriptible et ce, en les épargnant de la marginalisation, de la stigmatisation, des préjugés et stéréotypes ainsi que de la discrimination - signe de non intégration ;l'attente, le dialogue et l'écoute active entre les parents en vue d'éviter aux enfants des drames traumatisants( querelles des parents, divorces) qui les poussent à fuir le toit familial cherchant refuge et calme ailleurs.

I. Enfants de la rue : Perceptions et problèmes

Aujourd'hui, le terme « enfant » est beaucoup plus largement entendu puisqu'il est défini par la Convention relative aux Droits de l'Enfant en son article 1er comme « tout être humain âgé de moins de 18 ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt ». C'est dans ce sens que nous utilisons ce terme, tout en signalant que le seuil d'âge n'a rien d'absolu : à certains égards, on cesse d'être enfant plus tôt par exemple si l'on est émancipé. Mais, on peut le rester plus tard (par exemple certaines mesures d'assistance sociale et éducative peuvent durer jusqu'à 21ans). Le terme d'enfant sert aussi à désigner une relation familiale : dans ce second sens, il n'y a pas de limite d'age. L'enfant est dorénavent pensé comme un sujet de droit, une personne dotée de liberté, contrairement à la vision la plus traditionnelle qui voyait dans l'enfant l'objet de la puissance paternelle et l'avenir de la lignée4(*).

Tout compte fait, les perceptions de l'enfant diffèrent selon les pays et les communautés, quoique les étapes fondamentales de développement demeurent les memes. Parfois, l'élement pris en considération est soit l'age, le statut marital, le rite initiatique, le niveau d'éducation, le degré de responsabilité, etc. Ceci fait que face à la diversité des manières de définir l'enfance, les normes juridiques internationales tendent à définir des règles minimales universelles dans le but de protéger les enfants.

De cette même large compréhension, l'on note que « les enfants de la rue » sont ceux qui, pour des raisons diverses ont fuit le toit familial en préférant se réfugier dans les rues, les marchés, les aéroports, les beachs ; bref dans les places publiques où ils se débrouillent pour trouver de quoi manger et satisfaire d'autres besoins de la vie sociale. Selon Rolland5(*), « les enfants de la rue » sont ceux qui vivent, jouent, travaillent, mangent et dorment dans la rue ; ils ont donc pris la rue comme leur milieu de vie tandis que « les enfants dans la rue » sont ceux-là qui, à cause de la misère de leurs parents, cherchent de quoi manger pendant la journée dans la rue, et le soir, ils rentrent à la maison. Dans un cas comme dans un autre, il s'agit des enfants livrés à eux- memes, vivant en rupture des liens familiaux et considérant la rue comme leur milieu de vie temporel ou permanent en y construisant une structure de vie propre à eux. Ils viennent en majorité des familles démunies ou des familles déchirées par des multiples crises mais ils entretiennent des relations sporadiques avec l'un ou l'autre de leurs parents voire certains membres familiaux ou de l'entourage. Quant à Françoise Dekeuwer-Défossez6(*), les enfants de la rue sont dans la catégorie d'enfants en dangers permanents et imminents. Il s'agit donc des enfants dont la santé, la sécurité, ou la moralité paraissent ménacées ; enfants dont les conditions d'éducation sont gravement compromises.D'où, l'optique de l'intervention socio-judiciaire devrait être plus thérapeutique que repressive, c'est-à-dire qu'il faudrait prendre ce genre d'enfants de prime abord comme des personnes ménacées et non comme des personnes ménaçantes. C'est justement cette perspective poursuit l'auteur, qui renforce le prolongement de toutes les règles de protection et d'éducation des enfants ; règles qui, une fois mises en pratique, permettront à l'enfant de grandir, car de la bonne réussite de l'éducation de l'enfant dépendent, non seulement son avenir propre, mais encore celui de toute la société où il s'insérera, et les droits des enfants se modifient au cours de leur croissance.

Qui plus est, dans certains coins de la ville de Bukavu, on note une forte tendance à traiter tout « enfant de la rue et dans la rue » comme un délinquant actuel ou potentiel. En assimilant les autres catégories lorsque des infractions ou des voies de faits sont commises dans la rue, on les qualifie d'actes d'enfants de la rue, meme si ce n'est pas toujours le cas. Aussi, il est très courant d'entendre parler d'enfants de la rue ou de marchés pour se referer, sans distinction d'age, tant aux petits enfants qu'aux jeunes adultes sans abris qui vivent dans la rue. D'où, les « enfants de la rue »jouent hélas un role de « boucs émissaires » pour des désordres et actes de délinquance commis par ces « jeunes adultes de la rue » désoeuvrés ou par des jeunes de quartiers organisés très souvent en gangs criminels. L'exemple de l'intervention très musclée des forces de l'ordre dans la ville de Mbuji-Mayi en date du 20 au 25 septembre 2004 contre des jeunes et enfants de la rue confondus est éloquent et illustratif meme de cet amalgame dans l'esprit des gens entre des jeunes délinquants désoeuvrés et des enfants développant des stratégies de survie dans les rues et sur des places publiques.

* 1 Bernard Ilunga KAYOMBO, Quand les enfants crient misère, Médiaspaul, Kinshasa, 1997 .

* 2Ann Veneman et Bellamy., Les enfants d'abord, New- York, UNICEF,2006

* 3 Faustin Muliri, Directives sur les Droits de l'Enfant, Bukavu, Juillet 2002

* 4 Convention des Nations- Unies relative aux Droits de l'Enfant, New-York, 1989.

* 5 Rolland cité par Aksanti Cirhibuka, Mécanismes d'action des agences de protection de l'enfance à Bukavu, Mémoire inédit, Sociologie, UOB, 2010-2011.

* 6 F. Dekeuwer-Défossez, Les droits de l'enfant, PUF 5e éd, , Paris, 1982, collection «  Que sais-je ? »

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault