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Exploitation socioéconomique des enfants de la rue comme nouvelle forme d'esclavage à  Bukavu en RDC

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par Dieu Merci Emmanuel AKSANTI CIRHIBUKA
Université officielle de Bukavu -  2013
  

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III. Enfants de la rue : récupération-encadrement, réinsertion-intégration

Comme ci-haut, la ville de Bukavu connait un foisonnement des organisations non gouvernementales ayant à leur sein des programmes dits de« Protection de l'Enfance ». Ces organisations procèdent par stratégies et approches différentes mais celles-ci ont en commun une même source d'inspiration à savoir les standards internationaux relatifs à la défense et la promotion des droits de l'enfant. Ainsi, dans le cadre de ce travail, nous considérons les approches développées par deux organisations dont le Programme Diocésain d'Encadrement des Enfants de la Rue (PEDER) et la Solidarity Action for Children in Destress (SACD).

Pour la première organisation(le centre PEDER), la procédure qui aboutit à la récupération, à l'encadrement et à la réinsertion des enfants de la rue suit les étapes suivantes :

a) Ciblage des coins où sont disséminés tous ces enfants ;

b) Inventaire du nombre d'enfants par coins retenus ;

c) Dialogue et entretien avec les enfants ;

d) Récupération des enfants ayant été convaincus par le message des encadreurs et animateurs sociaux au service du centre ;

e) Mise en train et écoute des enfants récupérés ;

f) Hébergement effectif de ces enfants ;

g) Processus de réinsertion socio-professionnelle : ce processus met en face trois acteurs dont le centre, l'enfant lui-meme et sa communauté d'origine car une fois que l'enfant rentre dans sa famille et partant dans sa communauté, le programme veut que la communauté, au-délà de l'acceuil qu'elle reserve à l'enfant réinseré puisse lui permettre de retrouver une vie normale dans la société et de participer aux activités de survie et de développement comme membre de cette meme communauté à part entière.

Cette disposition de la communauté à faire participer l'enfant lui permettrait d'etre restauré dans son corps social d'antan à travers une intégration à quatre niveaux selon Landerker7(*):

*L'intégration culturelle  qui est la concordance entre les valeurs au sein du système culturel d'une société. Ici, l'enfant réinseré intériorise de nouveau les valeurs culturelles longtemps bafouées et foulées aux pieds lorsque cet enfant était encore sous l'emprise de la rue ;

*L'intégration normative entendue comme une conformité aux normes sociales. A ce niveau, l'enfant agit et se comporte dorénavent en harmonie avec le corpus de préscriptions et proscriptions telles qu'édictées par la communauté ou la société ;

*L'intégration communautaire comprise et mesurée par la densité des relations interpersonnelles au sein d'un corps social ; ce sont donc des contacts entre les sous-groupes d'une population. Ici, l'enfant réinseré renoue encore les relations avec ses frères, ses parents et son environnement ; relations jadis rompues par la « vie de la rue ».

*L'intégration fonctionnelle prise comme l'interdépendance résultant des échanges des services entre les élements du système où il ya division sociale du travail. A ce titre, l'enfant sorti de la rue met à profit, pour la communauté, la formation reçue dans le centre d'encadrement socioprofessionnel avant son intégration et obtenir aussi d'autres compétences de la part des membres de sa communauté.

Cependant, l'approche de réinsertion économique consiste à définir pour chaque enfant un plan professionnel en vue de son accès à des revenus durables ; plan qui passe soit par l'orientation professionnelle soit par la formation professionnelle et par l'apprentissage à travers l'emploi, l'auto-emploi et les activités génératrices des revenus. Quant à l'approche de réinsertion sociale, elle se résume en deux axes dont la réinsertion scolaire et la réinsertion communautaire renforcée par la réunification familiale. Elle consiste pour l'enfant à retrouver socialement sa place dans un environnement et un système qui favorisent son développement et le respect de ses droits. Dans ces deux axes, la communauté jouera plusieurs rôles notamment la participation au travail de mise en place et de la canalisation du soutien social et économique aux familles et communautés d'origine de ces enfants pour qu'elles soient en mesure de les accompagner, s'assurer de leur participation à des structures de scolarisation en sollicitant la gratuité ou la subvention des frais scolaires (école formelle, centre de rattrapage, etc). Mais, il reste impérieux de mentionner que l'idéal de toute réinsertion est de ramener les enfants à l'école et à la vie normales, mieux les aider à retrouver leurs environnements naturels.

Pour la deuxième organisation (la SACD), l'approche de réinsertion-intégration suit la procédure suivante :

· La recherche et l'identification de l'enfant : cette étape consiste pour le centre en un répérage et une récupération des enfants concernés par ses activités et de là, on procède par leur orientation au centre.

· L'encadrement psychosocial et éducatif  consistant à des séances de détraumatisation et de remise en forme des enfants récupérés pour les permettre de retrouver tant soit peu un nouveau climat de paix interieure.

· Le tracing familial (recherche familiale)  qui consiste à localiser la famille de l'enfant étant donné que la famille reste toujours le meilleur cadre d'épanouissement de l'enfant

· La préparation de l'enfant à sa réinsertion  qui est une étape importante dans le processus d'intégration familiale et communautaire surtout quand la séparation de l'enfant avec sa famille était motivée par un climat familial permanemment tumultueux et émaillé des longues péripéties malheureuses. Ici, on doit préparer l'enfant avec trop de tacts pour le rassurer que depuis son départ de la famille, il ya eu des changements positifs.

· La sensibilisation familiale et communautaire pour l'acceuil de l'enfant : celle-ci consiste à obtenir des parents ou de tout autre membre de la communauté un accord de principe traduit par des garanties sécuritaires en faveur de l'enfant à réinsérer.

· La recherche et l'obtention du consentement tripartite entre le centre, l'enfant et sa famille comme préalable à la réinsertion : cette étape est également capitale car elle permet de recréer des nouveaux liens de confiance entre l'enfant, sa famille ou sa communauté et le centre.

· La remise de l'enfant à sa famille accompagnée de l'octroi d'un kit par rapport à la formation réçue par l'enfant. A ce niveau, le centre organise une cérémonie solennelle au cours de laquelle la famille atteste par écrit avoir réçu l'enfant et s'engage de prendre soin de lui et cela, devant une autorité du milieu qui, à son tour se résoud de faire des suivis pour se rendre compte de l'effectivité de la réinsertion-intégration de cet enfant.

Il sied hélàs de dégager un constant selon lequel certains enfants avant d'être réinsérés préfèrent déserter le centre et retourner dans les rues, les marchés et les places publiques avancant des raisons suivantes :

a) La restriction de leur liberté dans les centres ;

b) La recherche de l'indépendance ;

c) Le goût effréné de l'aventure ;

d) L'hébergement difficile ;

e) Une alimentation peu copieuse et routinière ;

f) Un traitement disproportionné au centre.

Etat comparatif des actions des agences de récupération-intégration-réinsertion des enfants de la rue.

Même si certains enfants récupérés et réinsérés parviennent à retrouver la vie normale jadis perdue dans les rues et dans les pratiques criminelles, il ressort de nos enquêtes que les actions de ces agences ne sont pas durables car la plupart d'entre elles répondent à des logiques de projets financés pour une durée bien déterminée. Ceci fait que certains de ces enfants retombent pirement dans leur situation d'antan.

Anthony Oberschall8(*) fait remarquer que l'absence des liens de décomposition des réseaux d'interaction sont un obstacle à la mobilisation. La capacité de mener une action concertée et donc synergique dépend étroitement du dégré et du type d'organisation inhérent à la collectivité. Quant à Herman9(*), l'action sociale est un construit symbolique qui fait intervenir les attentes, les anticipations et les évolutions des agents sociaux face à des situations contraignantes qui les forçent à élaborer des interprétations originales inspirées des codes culturels dominants. Ainsi dans l'ensemble, on note que la logique et le souhait même des interventions synergiques semblent écartés au point que les actions de ces agences paraissent disparates et laconiques par manque d'une unité de coordination efficiente et efficace sur le terrain.

* 7 Landerker cité par Raymond Boudon et al, Dictionnaire de sociologie, éd. Larousse-Bordas, 1999,p127.

* 8 A. Oberschall cité par R. Boudon, Op Cit.

* 9 Herman, Op cit, p18.

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