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Mourir au Burundi: gestion de la mort et pratiques d'enterrement (de la période pré- coloniale à  nos jours )

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par Emmanuel NIBIZI
Université du Burundi - Licence en histoire 2005
  

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Conclusion

En fin de compte, la conception de la mort, les attitudes et les rites de funérailles varient selon les pays et les croyances. Ils évoluent aussi dans le temps. Au Burundi, par exemple, c'est peu de familles qui pratiquent le rite traditionnel parce que l'évangélisation ou l'influence étrangère est venue mettre fin à ce rite riche d'événements. Cette importation d'autres cultures a joué un grand rôle dans la conception de la valeur que les Burundais donnaient à l'être humain depuis sa naissance jusqu'à sa dernière demeure, c'est-à-dire le cimetière. Il est donc certain que des influences extérieures ont divisé notre patrimoine culturel et chambardé l'héritage de nos ancêtres. On le constate davantage quand on réfléchit sur les nouvelles pratiques d'enterrement et de gestion des cimetières, l'objet du deuxième chapitre de notre travail.

85. E. Ngayimpenda, Histoire du conflit politico- ethnique burundais. Les Premières marches du calvaire (1960-1973), Ed. de la Renaissance, Bujumbura,2004, p2.

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CHAPITRE II. LES SITES FUNERAIRES AU BURUNDI

INTRODUCTION

Dans notre pays, le domaine des sites funéraires bien qu'il soit un patrimoine commun pour tous les retraités de la terre, une autre façon d'appeler les morts, est pratiquement oublié par la législation burundaise. Rappelons pour commencer que les sites funéraires englobent les cimetières, les charniers, les tombes et les mausolées. Tous ces éléments ne diffèrent pas quant au but visé qui est celui d'accueillir les morts. Cependant, la notion de cimetière a un champ plus étendu et peut englober les tombes et les mausolées.

Il est vite apparu que la mise en valeur de ces sites funéraires est l'une des façons de rendre l'être humain sa dignité, même après sa vie. Ce serait en outre renforcer l'unité entre les vivants et leurs proches disparus. Ainsi, dans les sociétés où domine encore la civilisation de l'oralité, les cimetières sont de véritables sources d'information pour l'histoire d'un peuple. C'est ainsi que lors de l'élaboration de la thèse de la fondation de la monarchie dite du « Cycle court», on s'est appuyé sur le décompte des sépultures des rois et des reines mères85 pour connaître le nombre des rois ayant régné dans les temps reculés sur le Burundi.

Dans cette partie, nous allons essayer de décrire l'histoire du cimetière, de voir sa réglementation au Burundi et enfin sa situation actuelle. Ainsi, avant de traiter les éléments ci-haut, posons-nous cette question: est- ce que les Burundais attachent une même importance aux cimetières que celle qu'on a pour l'habitat des vivants ?

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II.1. Les cimetières ont une histoire

Le mot « Cimetière » voudrait signifier en grec «lieu où l'on dort ».86 Il est défini comme un bien-fonds réservé à l'inhumation de restes humains. Selon le Nouveau Larousse encyclopédique, le cimetière vient du mot latin coemeterium, qui signifie lieu de repos, un lieu où l'on enterre les morts.87 Les définitions varient selon les sources écrites disponibles.

Ainsi, le Dictionnaire Larousse voit dans une tombe une fosse, recouverte ou non d'une dalle, où l'on enterre un mort. Le cimetière ne doit pas donc être confondu avec un monument, cette sorte d'ouvrage d'architecture ou de sculpture destiné à perpétuer le souvenir d'un personnage ou d'un événement. Il diffère également d'un charnier qui est une fosse où l'on tasse les cadavres en grand nombre. Pour M.Bacre Waly Ndiaye, Rapporteur Spécial de l'ONU pour les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, il n'existe pas de définition juridique du charnier.

Ainsi, il définit les "charniers" comme étant des endroits où trois ou plusieurs victimes d'exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ont été enterrées sans être décédées au combat ou lors d'affrontements armés. Il n'y a pas non plus de confusion possible avec une nécropole (du grec necro, mort et polis, cité), comprise comme étant la « cité des morts ». C'est avant tout un ensemble de sépultures monumentales agglomérées. L'archéologie la considère comme un groupement de nombreuses tombes. La nécropole a plutôt un sens noble dans la mesure où elle est attachée souvent aux dynasties princières. Elle pouvait être, du moins en Occident, un monastère ou une abbaye, où les princes d'une dynastie ou d'un Etat ont coutume de se faire inhumer.88

Curieusement, en dépit de l'ancienneté des pratiques funéraires, le terme de cimetière n'a été introduit en français qu'au 17ème siècle, et en anglais au 19ème siècle. On a aussi utilisé le terme charnier, lieu où on mettait la chair humaine. Ce terme a par la suite désigné l'ossuaire où on déposait les os, où on les exposait et faisait partie du cimetière. L'homme a toujours été mis en terre et protégé de toute dégradation charnelle. En Europe, les premières inhumations dateraient de 100.000 av. J.C,

86. A. Malaka, « Les Cimetières comme lieux de commémoration », Réflexion sur les paysages culturels : la question des Cimetières, Québec, 2003, p.8.

87. Nouveau Larousse Encyclopédique, Paris, 1994, p.331 88 . http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9cropole.

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c'est-à-dire au paléolithique moyen89 et les premiers cimetières retrouvés se situent à 10.000 av. J.C.90 Vers le 14ème siècle de notre ère, l'homme prit en effet l'habitude de retirer de la terre les os plus ou moins desséchés des vieilles sépultures, afin de faire de la place pour les nouvelles et de les entasser dans les greniers des galeries ou sur les reins des voûtes. Dans l'espace entre les charniers, on enterrait les pauvres, ceux qui ne payaient pas les droits élevés de l'inhumation dans l'église ou sous les charniers.

Avec la foi dans la résurrection et le culte des martyrs et de leurs tombeaux, les chrétiens se sont familiarisés avec les morts et ils les ont enterrés dans leurs églises ou autour de celles-ci, près du corps des martyrs, garant de leur salut dans l'autre vie.91 On les entassait dans de grandes fosses communes, ...contenant jusqu'à 1500 cadavres. Toujours, en Occident, ces fosses ont été créées au 14ème siècle en raison de l'essor démographique, des épidémies et de la famine. On ne pouvait alors enterrer séparément chaque cadavre à cause du grand nombre de morts.

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