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Le développement de l'industrie musicale en Grande-Bretagne de l'entre-deux-guerres aux années Beatles : une trajectoire d'innovation globale?

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par Matthieu MARCHAND
Université Michel de Montaigne - Bordeaux III - Master Histoire 2012
  

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III/ Les reconsidérations musicales ambigües des années soixante-dix

Les années soixante-dix sont charnières dans l'histoire de la musique en Grande-Bretagne. C'est justement l'immobilisme musical mais aussi technologique du rock qui empêchait toute possibilité de changement, c'est du moins ce que pensait le mouvement punk (Sex Pistols, Damned, Clash, etc.) en Grande-Bretagne à partir de 1977. Cette dernière sous-partie fait le lien entre ce que nous avons pu analyser auparavant.

A/ La musique populaire à l'aube des années soixante-dix : une évolution cyclique

Ce que fustigent les punks, ce n'est pas simplement le contenu musical en lui-même ; en effet, comme le montre Simon Frith, les grands principes de la musique populaire ont peu

394 Ibid., p. 266.

changé depuis les débuts de l'enregistrement 395 . Leur discours pointe du doigt ce « remplissage harmonique », une surenchère musicale pas toujours à la hauteur des ambitions affichées, mais aussi une utilisation vaine des technologies qui ont plus servi de support à un étalage musical et visuel, hors propos de la musique rock « originelle », qu'à une réelle ambition de création artistique. L'innovation technique compte certes toujours pour l'industrie du disque, mais beaucoup moins que le passé, la nostalgie et l'héritage musical qui, proportionnellement, rattrape inexorablement un genre musical pour en forger un autre396, soit en se construisant sur ses cendres, soit en récupérant d'autres éléments stylistiques. Autrement dit, il est beaucoup plus rentable pour l'industrie musicale de « piller » un héritage qui a fait ses preuves plutôt que de lancer de nouveaux projets. L'évolution ne se fait plus par « attrition », auquel cas chaque genre serait un progrès cumulatif à la fois supérieur, plus riche, ou mieux adapté que celui qui est arrivé précédemment, mais elle se forge au contraire selon une conception nettement plus cyclique, plus circulaire. Dans le discours dominant de la critique rock, il est en outre reconnu que le « rock progressif » a été davantage utilisé négativement que positivement, comme si la musique populaire était par nature quelque chose qui ne devait pas « progresser ».

Toute l'histoire de l'émergence, du développement et du déclin des styles musicaux dans la musique populaire peut s'expliquer et s'analyser sous l'angle de périodes cycliques. Chaque nouveau genre revêt une forme qui lui est propre, jusqu'à ce qu'il atteigne une certaine perfection : en l'occurrence, pour le rock progressif, cette perfection doit autant à sa part de virtuosité musicale qu'à la prédominance des innovations techniques, rendues possible par l'intermédiaire d'un arsenal instrumental et visuel entièrement nouveau. Ensuite vient le temps du déclin, de la corruption, de la perte d'un public, et le genre en question de devenir une « parodie de ce qu'il a été jadis », etc. La musique populaire évolue au sein d'un cycle

395 FRITH, Simon, op. cit., p. 48. Allan F. Moore montre à juste titre qu'il existe quatre fonctions au sein de la musique pop : la première articule une série de pulsations, la seconde consiste à rendre explicite la série des notes fondamentales de l'harmonie, la troisième consiste à expliciter une série de mélodies et la quatrième est appelée le « remplissage harmonique », comblant l'espace entre la basse et l'aigu. La structure de cette strate joue le rôle le plus important quant à l'attribution, par un auditeur ordinaire, d'une catégorie stylistique puisqu'elle se compose du plus grand nombre d'instruments divers et variés : guitares, pianos, saxophones, orchestres, etc. MOORE, Allan F., « La musique pop », in NATTIEZ, Jean-Jacques (Dir.), Musiques : une encyclopédie pour le XXIe siècle, Paris, Actes Sud / Cité de la Musique, 2003, Tome I, Musiques du XXe siècle, p. 836.

396 Les exemples sont très nombreux comme le mouvement « grunge » des années quatre-vingt dix qui met un terme à la New Wave des années quatre-vingt, la britpop qui récupère quelques années après l'héritage de la musique « pop » des sixties, la vague Madchester qui fusionne la musique rock avec les rythmes dance et techno-house venus de Detroit et de Chicago, etc.

infini de répétitions du processus de naissance/vie/mort 397 . La vieille musique est continuellement remise à neuf et le regret a toujours constitué l'essence de la musique populaire. Plus précisément, la « mort » d'un courant musical au profit de la « naissance » d'un nouveau trouve souvent son origine dans les subcultures (contre-culture), qui ouvraient ainsi une brèche dans la monopolisation d'une forme de musique populaire. Or, dans le cas du rock progressif, cette opposition fut tardive et il faut attendre l'arrivée du punk en 1977 et celle d'une nouvelle génération de jeunes qui succède aux 25-40 ans nés durant la Beatlemania pour que tout soit remis en question. En établissant des passerelles entre les courants musicaux, si on considère les expérimentations avant-gardistes des Beatles de la seconde moitié des années soixante comme ayant ouvert la voie au rock progressif, alors on peut isoler cette période brève de l'histoire de la musique afin de comprendre pourquoi rien n'allait finalement « progresser », surtout avec l'arrivée des punks anglais.

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