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Analyse diagnostic de la mise en place de l'apm nosy ve-androka dans le littoral sud de Toliara (région du sud ouest de Madagascar)

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par Tolojanahary RAKOTONIRINA
Institut halieutique et des sciences marines (IH.SM ) , Université de Toliara-Madagascar - Diplôme d'études approfondies en océanologie appliquée 2011
  

Disponible en mode multipage

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    i

    REMERCIEMENTS

    Ce travail n'aurait pas pu se réaliser sans l'aide et la contribution de plusieurs personnes à qui j'adresse mes sincères remerciements :

    - Je tiens à remercier Docteur Daniel X. RAMAMPIHERIXA, Directeur de l?Institut Halieutique et des Sciences Marines de Toliara, d'avoir autorisé la réalisation de ce travail.

    - Je ne saurais oublier d'adresser mes remerciements à Docteur Tsarahevitra JARISOA pour ses apports, encouragements et surtout son encadrement tout au long de ce travail.

    - Ma reconnaissance va aussi à Docteur Jacqueline RAZANOELISOA, Responsable pédagogique à l'Institut Halieutique et des Sciences Marines, dont le soutien constant tout au long de mon cursus universitaire et les précieux conseils m'ont énormément aidé.

    - J'adresse aussi mes sincères remerciements à tous les Enseignants Chercheurs de l' IH. SM pour la qualité de la formation qu'ils ont dispensé.

    - Je ne saurais oublier Monsieur Jocelyn RAXOTOMALALA, Directeur Inter Régional de Madagascar National Parks, Toliara de m'avoir donné l'autorisation de réaliser ce travail au sein de Madagascar National Parks, surtout ses importants appuis et conseils qui m'avaient beaucoup aidé dans la réalisation de ce mémoire.

    - Je remercie également Madame Domoina RAXOTOMALALA, Chef de Service Appui Scientifique au sein de Madagascar National Parks qui m'a beaucoup encouragé et aidé par ses conseils et ses apports dans la réalisation de ce travail.

    - Il me tient à coeur de remercier aussi Madame Jeanine RASOARIMANANA, Chef de Service Appui Technique au sein de Madagascar National Parks dont ses apports , aides et conseils sont capitaux pour l'amélioration de ce travail.

    - Ma reconnaissance et amitié vont à toute l?équipe de Madagascar National Parks Toliara, particulièrement l'équipe du Parc Tsimanampesotse avec laquelle une ambiance fraternelle a pu être partagée ayant stimulé l'avancement de mon travail.

    - Mes remerciements vont aussi à tous les amis pêcheurs, particulièrement les personnes ressources des communes rurales de Beheloke, Itampolo et Androka.

    - Je ne saurais oublier aussi de remercier ma famille, surtout ma mère pour ses aides morales et financières, surtout les conseils durant la réalisation de ce travail.

    - A la mémoire de mon père qui avait tout donné dans sa courte vie pour que ses enfants soient courageux.

    - Je ne saurais terminer sans adresser ma gratitude à ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce mémoire.

    ii

    RESUME

    Cette étude a pour objectif l'analyse des aspects socio-économiques et bio-écologiques du littoral sud de Toliara afin d'identifier une meilleure approche pour la création de l'APM Nosy Ve-Androka, d'élaborer un plan d'aménagement bien concerté par les utilisateurs des ressources marines, de s'assurer que l'APM soit représentatif de la région et constitue un outil de développement durable.

    La zone est occupée principalement par deux groupes ethniques : les « Vezo » qui vivent de la pêche et les « Tanalana » qui sont des agro-éleveurs et s'adonnent davantage à la pêche. La pêche est une activité principale des 90% de la population. Toutefois, d'autres activités sont développées en tant qu'activités alternatives : aux environs de 21% des pêcheurs pratiquent l'agriculture en activité secondaire et 7% l'élevage.

    La santé des récifs coralliens varie selon les types géomorphologiques. Les différences entre les milieux marins en terme de vitalité a été remarquée: les hauts fonds ont une vitalité excellente ; les pentes externes, les passes ont une vitalité moyenne et le platier est un milieu dégradé.

    Mots clés : APM, création, aménagement, ressources marines.

    SUMMARY

    This study aims at analyzing the socio-economic and bio-ecological of the shoreline south of Toliara in order to identify a better approach to the creation of the MPA Nosy Ve-Androka, to develop a management plan coordinated by the users of marine resources and to ensure that the MPA is representative of the region and is a tool for ensuring sustainable development.

    The area is mainly occupied by two ethnic groups: the "Vezo" who live by fishing and the "Tanalana" which are agro-pastoralists and become more engaged in fishing. Fishing is the main activity of 90% of the population. However, other activities considered as alternative activities are developed: around 21% of fishermen are engaged in agriculture and 7% in breeding as secondary activities.

    Differences between marine zones in terms of vitality were noted: the shallows have a great vitality, the outer slopes and the passes have an average vitality while the reef is a degradedenvironment.

    Key words: MPA, creation, management, marine resources

    iii

    TABLES DES MATIERES

    INTRODUCTION 1

    1. MATERIELS ET METHODES 3

    1.1. Localisation de la zone d'étude 3

    1.2. Recherches bibliographiques 5

    1.2.1. Inventaire des études réalisées dans la zone 5

    1.2.2. Synthèse des résultats des études 5

    1.2.2.1. Synthèse des données socio-économiques 5

    1.2.2.2. Synthèse des données bio-écologiques 5

    1.3. Identification des lacunes en données et proposition des études complémentaires 6

    1.4. Travaux de terrain pour des études complémentaires 6

    1.4.1. Etude socio-économique 6

    1.4.1.1. Collecte des données sur terrain 6

    1.4.1.2. Méthode d'analyse des données socio-économiques 11

    1.4.2. Etudes biologiques 11

    1.4.2.1. Codification 11

    1.4.2.2. Echantillonnage 12

    1.4.2. 3. Traitements et analyses des données bio-écologiques 13

    2. RESULTATS 16

    2.1. Analyse de la situation socio-économique 16

    2.1.1. Situation sociale 16

    2.1.1.1. Peuplements et populations 16

    2.1.1.2. Infrastructures sociales 18

    2.1.1.3. Potentiel associatif 20

    2.1.1.4. Migration 20

    2.1.1.5. Aspects culturels et cultuels 21

    2.1.1.6. Relations sociales 22

    2.1.1.7. Problèmes sociaux 23

    2.1.1.8. Organisations spatiales et sociales de la société 23

    2.1.2. Contexte économique 24

    2.1.2.1. Activités des communautés 24

    2.1.2.2. Dynamisme économique lié à la spécialisation halieutique 25

    2.1.3. Pêche traditionnelle dans la zone 27

    2.1.3.1. Zonage local de la mer 27

    2.1.3.2. Utilisation des différentes zones par les pêcheurs 28

    2.1.3.3. Engins, techniques de pêche utilisées et espèces exploitées 29

    2.1.3.4. Circuits de la production 31

    2.1.3.5. Pêche traditionnelle : une activité périodique 32

    2.2. Analyse du contexte biologique 33

    2.2.1. Types géomorphologiques du milieu marin 36

    2.2.2. Peuplements benthiques 37

    2.2.2.1. Pourcentage de couverture du benthos 37

    2.2.2.2. Invertébrés 41

    2.2.3. Diversité et abondance des poissons 41

    iv

    2.2.3.1. Richesse spécifique 41

    2.2.3.2. Diversité des poissons 42

    2.2.3.3. Biomasse des poissons par famille 42

    2.2.3.4. Biomasse des poissons par catégorie trophique 43

    2.2.3.5. Biomasse moyenne dans chaque site 44

    2.3. Pressions et menaces sur les écosystèmes marins 45

    2.3.1. Pressions et menaces au niveau des habitats 46

    2.3.2. Pressions et menaces au niveau des espèces 46

    3. DISCUSSION 48

    3.1. Opportunités de création et zonages préliminaires 48

    3.1.1. Opportunités de création 48

    3.1.2. Zonages préliminaires 48

    3.1.2.1. Première ébauche de zonage 48

    3.1.2.2. Deuxième ébauche de zonage 50

    3.2. Zonage définitif et aménagement de l'APM Nosy Ve-Androka 53

    3.2.1. Noyau Dur 53

    3.2.2. Zone Tampon 54

    3.2.3. Zone de Protection de l'Aire Protégée et ses alentours 54

    3.3. Analyse des enjeux de gestion et de conservation 56

    3.3.1. Valeur patrimoniale de la zone 56

    3.3.2. Valeur culturelle et traditionnelle 56

    3.3.3. Surexploitations localisées des ressources 56

    3.3.4. Réglementations existantes dans la zone 56

    3.3.5. Acquis 57

    3.3.6. Enjeux 57

    3.3.7. Analyse des acteurs 57

    3.3.8. Impacts de la mise en place de l'APM 58

    CONCLUSION 59

    RECOMMANDATIONS 60

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 61

    v

    LISTE DES FIGURES

    Figure 01 : Zone d'étude 4

    Figure 02: Collecte des données socio-économiques 10

    Figure 03 : Transect matérialisé au fond 12

    Figure 04 : Environnement scolaire 19

    Figure 05 : Potentialités éco-touristiques de la zone 25

    Figure 06: Carte terroir marin à Ambola, C/R Beheloke 29

    Figure 07 : Activité de pêche dans la zone 31

    Figure 08 : Circuits des produits 32

    Figure 09: Localisation des sites de diagnostic marin 35

    Figure 10: Morphologie du récif frangeant d'Ampiambaza, Beheloke 36

    Figure 11: Morphologie du récif frangeant de Tapikara, Itampolo 37

    Figure 12: Pourcentage de recouvrement des formes benthiques 38

    Figure 13: Diversité des coraux durs dans chaque site de diagnostic 39

    Figure 14: Etat de santé des sites 40

    Figure 15: Etat de santé par types géomorphologiques 40

    Figure 16: Richesse spécifique en poissons des sites de diagnostic. 41

    Figure 17: Diversité des poissons 42

    Figure 18: Biomasse des poissons par famille dans chaque site 43

    Figure 19: Biomasse des poissons par catégorie trophique 44

    Figure 20 : Biomasse moyenne des poissons par site 44

    Figure 21: Ebauche de zonage en 2006 49

    Figure 22: Deuxième ébauche de zonage en 2009 52

    Figure 23: Zonage de l'APM Nosy Ve Androka 55

    vi

    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau 01 : Taux d'échantillonnage 7

    Tableau 02: Classification de l'état de santé des récifs selon ASEAN 15

    Tableau 03: Nombre des populations dans les trois communes 16

    Tableau 04 : Infrastructures sociales de base 18

    Tableau 05: Correspondance du zonage local avec le zonage des scientifiques. 28

    Tableau 06: Durée des trois saisons dans chaque commune 32

    Tableau 07: Les habitats, les pressions et les menaces 46

    Tableau 08 : Eventuels impacts de la mise en place de l'APM Nosy Ve-Androka 58

    LISTE DES ANNEXES

    Annexe 01

    Fiches d'enquêtes

    Annexe 02

    Exemples de croquis élaboré lors de la collecte des données sur terrain

    Annexe 03

    Grandes familles dans les établissements humains des trois communes

    Annexe 04

    Exemples de carte sociale dans la zone

    Annexe 05

    Différentes utilisations des zones marines par les populations locales

    Annexe 06

    Techniques de pêches rencontrées dans la région et leurs caractéristiques

    Annexe 07

    Equipements de pêche par habitat

    Annexe 08

    Apparition des vents selon les saisons dans chaque commune

    Annexe 09

    Correspondance entre les marées et les techniques de pêche utilisées

    Annexe 10

    Horloges d'activités de pêche des trois communes

    Annexe 11

    Calendrier de pêche dans les trois communes

    Annexe 12

    Noyaux Durs du PN Nosy Ve-Androka

    Annexe 13

    Zones Tampons du PN Nosy Ve-Androka

    Annexe 14

    Zones de Protection du PN Nosy Ve-Androka

    Annexe 15

    Indicateurs de suivi pour l'APM Nosy Ve-Androka

    Annexe 16

    Base des données sur les études biologiques

    Annexe 17

    Historique de création de l'APM Nosy Ve-Androka

    Annexe 18

    Situation légale de l'APM Nosy Ve-Androka

    Annexe 19

    Etapes de création de l'APM Nosy Ve-Androka

    vii

    LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES

    APM

    Aires Protégées Marines

    ASEAN

    Association of South East Asian Nations

    CDB

    Convention sur la Diversité Biologique

    CEG

    Collège d'Enseignement Général

    CIP

    Communication Inter Personnelle

    COAP

    Code des Aires Protégées

    COBA

    Communauté de Base

    CSB

    Centre de Santé de Base

    EPP

    Ecole Primaire Publique

    FID

    Fond d'Intervention pour le Développement

    GDRN

    Gestion Durable des Ressources Naturelles

    GEF

    Global Environment Found

    KfW

    Kreditanstalt Für Technische Zusammenarbeit GmbH

    LIT

    Line Intercept Transect

    MAP

    Madagascar Action Plan

    MECIE

    Mise en Compatibilité des Investissements avec l'Environnement

    ODM

    Objectifs de Développement du Millénaire

    ONGs

    Organismes Non Gouvernementaux

    PAE

    Plan d'Action Environnemental

    PE 3

    Programme Environnemental phase 3

    PNUD

    Programme des Nations Unies pour le Développement

    PSDR

    Projet de Soutien pour le Développement Rural

    SDI

    Simpson's Diversity Index

    UICN

    Union Internationale pour la Conservation de la Nature

    UVC

    Underwater Visual Census

    VAD

    Visite à Domicile

    WWF

    World Wide Fund for Nature

    1

    INTRODUCTION

    Lors de la réunion sur les aires protégées à Durban (2003), le Président de la République déclara son intention de tripler la surface totale des aires protégées du territoire malgache (de 1,7 à 6 millions d'hectares dont 1 million d'hectare d'écosystèmes humides et marins). Cette « Vision Durban » est conforme aux Objectifs de Développement du Millénaire (ODM) et de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) visant la protection de la biodiversité tout en veillant à l'exploitation contrôlée des ressources, et résulte également de la politique environnementale nationale. En effet, cette vision s'insère dans le Plan d'Action Environnemental (PAE) du gouvernement qui en est actuellement à la fin de la troisième phase de son Programme Environnemental (PE3), fixant la politique du pays en cette matière. De plus, l'engagement 7 du Madagascar Action Plan (MAP), défini en 2007 dans le cadre de la vision « Madagascar, Naturellement », vise à faire de Madagascar un leader dans le développement et l'utilisation des meilleures approches pour la protection de l'environnement. C'est dans ce contexte que s'insère le projet de création de l'APM Nosy Ve-Androka.

    Le système récifal corallien de la Région du Sud-Ouest de Madagascar, s'étendant sur 400 km, figure parmi les plus grands systèmes récifaux coralliens du monde (Vasseur, 1988), reconnus comme les plus riches des eaux tropicales (Vasseur, 1987).

    Nombreux sont les services écologiques et les bénéfices économiques issus de ce système. Cependant, les récifs coralliens dans le littoral sud de Toliara subissent actuellement une dégradation de plus en plus croissante à cause de divers facteurs. D'un côté, la paupérisation de la population riveraine aggravée par l'inflation et quelque peu par son ignorance du "capital bleu" dont elle dispose l'a conduit à ponctionner sur les ressources marines pour des fins de subsistance, alors que ces dernières ont été considérées, à tort, comme étant inépuisables. D'un autre côté, les problèmes de changement climatique et des catastrophes naturelles génèrent des dégradations incontrôlables sur différentes zones récifales coralliennes. Aussi, dans le contexte actuel, plusieurs secteurs productifs se développent de manière non coordonnée dans cette zone : tourisme, exploitation minière, environnement, pêche, ...

    Soucieux de la vulnérabilité des écosystèmes récifaux sur le littoral sud de Toliara, Madagascar National Parks, en collaboration avec divers ONGs et institutions de recherches, a entrepris des démarches relatives à la création d'une Aire Protégée Marine. Cette dernière a

    2

    pour but d'endiguer ou tout au moins de mitiger les impacts des différents types de pression qui pèsent sur les récifs coralliens.

    De plus, la création d'une APM dans la zone devient une nécessité car l'attribution de lots pétroliers marins risque de porter un préjudice irréversible aux écosystèmes marins et aux revenus durables des pêcheurs.

    D'une part, la mise en place de l'APM nécessite une bonne compréhension de la situation socio-économique et de l'état des ressources marines. D'autre part, la connaissance des caractéristiques de la pêche traditionnelle et leurs impacts sur les écosystèmes récifaux s'avère indispensable. C'est dans cette optique que la présente étude, intitulée " Analyse diagnostic de la mise en place de l'APM Nosy Ve-Androka dans le littoral Sud de Toliara (Région du Sud Ouest de Madagascar) ", trouve sa justification. L'étude est focalisée sur l'analyse des différents paramètres de la mise en place de l'APM afin que l'aménagement, le zonage et la gestion soit bien concertés par les utilisateurs des ressources marines. Elle démontre aussi que l'APM à créer soit représentative de l'écosystème de la région et constitue un outil de développement durable à l'échelle locale, régionale ainsi que nationale.

    Le présent document s'articule en trois parties. La première partie consiste à développer la méthodologie adoptée durant l'étude. La deuxième partie est consacrée à la présentation des résultats obtenus. Sur ce, en premier lieu, on essaie de dégager les différents paramètres socio-économiques et bioécologiques justifiant la mise en place de l'APM. En deuxième lieu, on essaie de voir les menaces et les pressions qui pèsent sur les écosystèmes marins. La troisième partie fera l'objet de discussion. Elle présente l'aménagement résultant des différents processus de la mise en place. Elle montre aussi une analyse des enjeux de gestion et de conservation de l'APM. Une conclusion suivie de quelques recommandations seront présentées en dernier lieu.

    3

    1. MATERIELS ET METHODES

    Une méthodologie reposant sur une démarche en trois phases a été adoptée, à savoir : recherches bibliographiques ; identification des lacunes en données lors des recherches bibliographiques et proposition des études complémentaires ; travaux de terrain pour des études complémentaires.

    1.1. Localisation de la zone d'étude

    Administrativement, la zone d'étude se situe dans la région Sud Ouest, au niveau des trois communes rurales : Beheloke (district de Toliara II), Itampolo et Androka (district d'Ampanihy).

    Géographiquement, la zone d'étude est comprise entre les latitudes 25°29/25°09 Sud et les longitudes 44°50/45°06 Est. Elle est située à 80 km à vol d'oiseau au Sud de Toliara, et à 40 km au sud du village touristique d'Anakao. On y accède jusqu'à Anakao par voie maritime en vedette rapide au départ de Toliara, en suivant la côte abritée par la barrière de corail sur le canal de Mozambique. Puis on rejoint une piste côtière en voiture (4x4) d'Anakao jusqu'à Beheloke. On peut aussi accéder à la zone par voie terrestre : suivant la RN n°7 de Toliara jusqu'à Andranovory, puis RN n°10 vers Fort-Dauphin jusqu'au sud de Betioky, pour regagner la côte à hauteur de Beheloke en suivant la piste longeant le couloir d'Itomboina. La zone se situe tout au long du littoral du Parc National Tsimanampesotse.

    BEHELOKE

    Manasy

    Ankilibory Sud

    Tanendranto

    Lanevato

    ITAMPOLO

    Tongaenoro

    Befolotse

    Andrenosy

    ANDROKA

    Ambohibola

    Fanambosa

    Lovobato Andomotse

    Besambae

    Ambola Efoetse

    Maromitilike

    Anjà Belitsake

    Bemananteza

    Lavavolo

    Antsakoa Androka Ela

    4

    Figure 01 : Zone d'étude

    5

    1.2. Recherches bibliographiques

    Elles consistent à relever auprès des littératures existantes les informations liées aux aspects socio-économiques et bio-économiques. Elles comportent deux étapes:

    inventaire des études réalisées dans la zone ;

    synthèse des résultats de ces études.

    1.2.1. Inventaire des études réalisées dans la zone

    Des études socio-économiques relatant les facteurs humains ainsi que les activités liées aux ressources concernées ont été réalisées depuis 2006. Des études bio-écologiques qui donnent des informations sur les potentialités des sites et les arguments scientifiques concernant la pertinence des actions de conservation et de la valorisation du patrimoine naturel ont été aussi faites. Parmi les documents consultés figurent les Plans Communaux de Développement des communes concernées, le Programme Régional de Développement de la Région du Sud-Ouest, les études techniques, les rapports d'expertise, les revues des statistiques officielles, etc...

    1.2.2. Synthèse des résultats des études

    Cette phase consiste à recueillir les données et informations pertinentes pour la mise en place de l'APM.

    1.2.2.1. Synthèse des données socio-économiques

    La synthèse comporte trois étapes :

    Consolidation des informations et compréhension des réalités socio-économiques et culturelles.

    Compréhension de l'importance de la mise en cohérence des dimensions environnementales et socio-économiques dans le développement de la zone Les données vont servir de base pour orienter les actions de sensibilisation et de communication sociale.

    Recueil des opportunités de création de l'APM.

    1.2.2.2. Synthèse des données bio-écologiques

    Les données bio-écologiques s'avèrent un point de départ indispensable dans le

    contexte de mise en place de l'APM. La synthèse concerne :

    L'identification et la spatialisation des sites de diagnostic marin.

    La détermination de la géomorphologie des récifs coralliens.

    La détermination des pourcentages de couverture des formes benthiques.

    6

    La détermination de l'état de santé des récifs coralliens par l'estimation de pourcentages des coraux durs.

    La détermination de la diversité et de la biomasse des poissons coralliens et des poissons commerciaux.

    L'identification des espèces bio indicatrices.

    1.3. Identification des lacunes en données et proposition des études complémentaires

    L'identification des lacunes en données nous amène à faire des travaux de terrain pour des études complémentaires.

    1.4. Travaux de terrain pour des études complémentaires

    1.4.1. Etude socio-économique

    1.4.1.1. Collecte des données sur terrain

    Les collectes ont été faites à partir d'enquêtes d'ordre qualitatif et quantitatif au niveau des ménages, des réunions communautaires, des focus group et d'observation participante.

    Taux d'échantillonnage

    Le taux d'échantillonnage s'élève à environ 38% si on se réfère aux fokontany concernés. Ce taux est environ 9% si on se base au nombre total de la population. Dans l'ensemble, le niveau de sondage s'élève à plus de 20%. Le taux d'échantillonnage est donné par le tableau 01.

    7

    Tableau 01 : Taux d'échantillonnage

    Commune

    Fokontany

    Echantillon

    Taux

    Nom

    Populatio

    n

    Nom

    Population

    Par rapport à
    la commune

    Par rapport
    au fokontany

    ANDROKA

    25 795

    Ambohibola

    2 813

    2 296

    9%

    82%

    Antsikoroka

    Antsakoa

    Androkavao

    ITAMPOLO

    41 753

    Andoharano

    14 028

    2 940

    7%

    21%

    Besasavy - Sud

    Itampolo

    Itampolo II

    Malangiriake

    Andranomasintsoa

    Ankazoabo

    Bemananteza

    Andranovao

    Besasavy

    Lavahasy

    Ankiririsa

    Anjà Namakia

    Tanendranto

    Tariboly

    Ankilibory

    BEHELOKE

    13 046

    Manasy

    2 689

    2 172

    17%

    81%

    Behazomby

    Maromitilike

    Efoetse

    Ambola

     

    80 594

     

    19 530

    7 408

    9%

    38%

    8

    Démarches suivies

    Au niveau des communes, on a recueilli des données primaires sur le potentiel

    associatif de la population.

    Dans les villages, les trois étapes suivantes ont été suivies :

    introduction auprès des autorités locales (chef fokontany et « olobe »),

    formation d'un groupe d'informateurs (pour le focus group),

    élaboration des différents croquis d'une manière participative.

    Les démarches se schématisent comme suit :

    contact du chef fokontany et des « olobe »,

    interview sur l'historique du village,

    repérage de l'existence de pêcheurs saisonniers ou des gens de passage dans la

    localité,

    description des conflits locaux ou accords avec les nouveaux venus,

    reconnaissance du village et établissement des croquis (croquis du village, croquis des

    poteaux rituels par rapport à des repères locaux, ...

    identification des personnes ressources qui pourraient participer au focus group,

    remplissage des fiches villages (lignages, matériels, foncier, tourisme, . . .) auprès du

    chef fokontany,

    remplissage à l'aide de focus group des autres fiches (recensement, pression, gestion

    du temps et du terroir, . . .)

    schématisation des différentes localités en mer citées par les informateurs (distance

    par rapport au village ou du récif,

    estimation de la production du village,

    les débouchés.

    Des différents entretiens informels ont été engagés afin de multiplier autant que

    possible les sources de renseignements dans un but de recoupement. A part les fiches à remplir par village, des fiches renfermant des informations supplémentaires ont été établies journalièrement. Les informations supplémentaires ont été obtenues en observations participatives. En bref, notre approche se base sur la confiance mutuelle entre la population locale.

    Les fiches d'enquêtes sont présentées en Annexe 01.

    9

    Méthode de mise en oeuvre

    Toute intervention sur terrain a été commencée par l'élaboration participative des croquis du village pour faciliter la discussion. A partir de ces croquis, on a pu choisir les techniques adaptées à la situation sur terrain pour la collecte des données. Des exemples de ces croquis sont figurés en Annexe 02.

    Réunions communautaires

    Dans chaque village, on a organisé deux réunions dont la première est consacrée à la séance de présentation de l'objet de l'étude ; la deuxième est une séance de restitution des données recueillies.

    Focus group

    C'est un outil d'animation et d'entretien de groupe (groupe des pêcheurs, mareyeurs, ...) permettant de fournir des informations qualitatives au cours de la discussion concernant la gestion des ressources marines. Il vise à recueillir des données concernant les considérations et les perceptions de pêcheurs sur la mer ainsi que son utilité, la connaissance des textes réglementaires et «Dina», la considération de l'importance des récifs, les perspectives d'avenir, le processus de prise de décision villageoise et organisation sociale, la gestion durable et APM.

    Interview des personnes ressources

    Cette méthode a été utilisée pour établir le profil des villages (populations, existence des Services Techniques, activités principales, types d'organisation,...).

    Observation participante

    L'observation participante a été adoptée pour comprendre les interactions, les attitudes, ou le comportement des pêcheurs. On prétend être un membre du groupe et participe totalement à sa vie et ses activités. On regarde à quelles situations sont confrontés les pêcheurs, comment ils se comportent face aux situations.

    On a discuté avec certains d'entre eux pour connaître leur interprétation des événements qui se produisent. L'objectif de cette méthode est de comprendre et décrire les phénomènes sociaux.

    Enquête auprès des ménages

    Suivant les situations sur terrain, on a utilisé la méthode VAD et/ou CIP pour la collecte des données.

    10

    La figure 02 ci-après montre les méthodes de mise en oeuvre de la collecte des données socio-économiques sur terrain.

    Réunion communautaire

    Focus group

    Observation participante

    Figure 02: Collecte des données socio-économiques

    11

    1.4.1.2. Méthode d'analyse des données socio-économiques

    L'analyse connait trois étapes :

    description des systèmes de production et compréhension de l'économie du littoral, analyse ethnologique visant à découvrir et à décrire les liens entre les activités et l'appartenance ethnique,

    analyse de l'aspect social visant à mieux comprendre les structures locales de pouvoir et entrevoir la nature des enjeux pour la mise en place des aires protégées marines.

    1.4.2. Etudes biologiques

    Les méthodologies employées pendant les travaux d'études biologiques ont été l'adaptation des méthodes dans le manuel élaboré par Mc Clanahan en 2008. L'adaptation des méthodologies à ce manuel standard a été faite en relation avec les contraintes en terme de temps et de logistique d'intervention.

    11 sites ont été l'objet des études pour compléter les données manquantes. 7 de ces sites se trouvent dans la commune d'Androka (Beakio, Berisitoaly, Nosy Manitse, Tsilomaitata, Lavabe, Nosimboro, Ambatovakivaky) ; 1 dans la commune d'Itampolo (Tapikara) et 3 dans la commune de Beheloke (Lovobato, Ampiambaza, Ampasimanoro).

    On a séparé les protocoles opératoires relatifs aux organismes fixés (coraux, algues,...) de ceux destinés à compter les invertébrés mobiles (oursins, ...).

    Chaque site comporte 2 stations. Dans chaque station, on a réalisé 2 transects pour le benthos, 2 autres transects pour les poissons/holothuries et 3 quadrats pour les oursins. Au total, pour les 11 sites, on a étudié 22 stations avec 44 transects pour le benthos, 44 transects pour les poissons et les holothuries et 132 quadrats pour les oursins.

    1.4.2.1. Codification

    Une codification simplifiée des peuplements benthiques et des substrats a été élaborée à partir du manuel de English et al. en 1994. Elle comporte 34 catégories qui correspondent aux mieux aux substrats et peuplements qui peuvent être rencontrés dans la zone de l'Océan Indien occidental. Chacune de ces catégories est associée à un code pour faciliter le relevé sous-marin. Pour les coraux, on opposera en premier lieu coraux morts (CX) et coraux vivants (CV). Le relevé des coraux vivants s'effectue en différenciant les catégories suivant leur forme : encrôutants (CE), massif (CM), submassif (CS), foliacés (CF), mous (CM), etc.). Il sera parfois nécessaire d'associer deux codes pour mieux caractériser le fond.

    12

    Les organismes benthiques non coralliens seront également relevés selon la codification établie : sable (SA), débris (DEB). En cas de doute, on utilise le code (OT) qui signifie « autres » (Conand et al.1997).

    1.4.2.2. Echantillonnage

    Pourcentage de couverture du benthos : protocole LIT

    On utilise le transect qui est matérialisé par un ruban gradué, et est installé sur le fond de la station à une ou plusieurs profondeurs et déroulé parallèlement à la ligne de rivage ou au front de déferlement. Le « centre de la station », qui est répéré par un GPS, constitue son point de départ et est matérialisé par un repère (bouée). On a installé un transect de 100 mètres, en utilisant 2 pentadécamètres (50 mètres) déroulés de part et d'autre du repère.

    L'opérateur nage lentement le long de la ligne de transect et relève la transition pour chaque changement des catégories benthiques. L'enregistrement est fait en centimètre près en ne considérant que la transition supérieure ou égale à 3cm. Dans chaque station d'étude, le transect est répété trois fois et le choix de son emplacement se fait au hasard. On choisit l'emplacement du transect avec précaution pour éviter le sur-échantillonnage de la station.

    Les catégories benthiques telles que les coraux durs, les algues, les coraux mous, les éponges, les sables, les gazons algaux ont été enregistrées. Les benthos sont enregistrés sur des codes, puis on note le nom scientifique de chaque individu observé.

    La figure 03 est un exemple de transect matérialisé au fond par un ruban gradué.

    Figure 03 : Transect matérialisé au fond

    Biomasse des poissons : méthode UVC (Recensement Visuel Sous marin)

    La méthode UVC est une technique de comptage largement utilisée pour l'estimation de la biomasse des poissons du récif (Graham et al., 2007). Cette méthode comporte deux types différents :

    13

    Échantillonnage du groupe discret

    Un transect de 50m est installé au fond le long du benthos à une certaine profondeur appropriée. Un observateur nage lentement le long du transect avec une allure stable. Il compte les poissons présents au voisinage d'environ 2,5m de part et d'autre de la ligne latérale du transect et il les enregistre dans une écritoire. La surface d'observation couvre donc 250m2.

    Estimation de la biomasse et de l'abondance des poissons

    La même procédure que celle effectuée ci-dessus à été suivie. Ce qui la différencie, durant le comptage, les poissons sont classés par catégories de la dimension : 3-10, 10-20, 20-30, 30-40, 40-50, 50-60, 60-70, 70-80 et >80 centimètre, et dans leurs familles. Pour standardiser les comparaisons de densité, les poissons de taille inférieure à 3cm ne sont pas pris en compte.

    Invertébrés

    Suivi des oursins : méthode par quadrat

    On a matérialisé un quadrat rectangulaire de 10m2. L'observateur nage le long d'un ruban de 10m et enregistre le nombre des espèces présentes au voisinage de 0,5m de part et d'autre de la ligne latérale. On vérifie aussi les individus cachés sous des rochers et dans les trous. Les oursins présents dans chaque quadrat ont été enregistrés dans une écritoire.

    Suivi des holothuries : méthode UVC

    Lors du comptage des poissons par la méthode UVC, l'observateur effectue aussi le suivi des holothuries le long du même transect.

    1.4.2. 3. Traitements et analyses des données bio-écologiques Détermination des pourcentages de couverture du benthos

    Les pourcentages respectifs de couverture du benthos dans chaque station d'étude ont été obtenus en faisant la moyenne des pourcentages observés au niveau des transects. De la même façon, les pourcentages de couverture dans chaque site sont la moyenne des pourcentages obtenus au niveau des stations.

    Détermination de la diversité biologique

    La diversité biologique de tous les benthos (les coraux et les macro-invertébrés) ainsi que celle des poissons se calculent en utilisant SDI (Simpson's Diversity Index). Ce dernier mesure la probabilité que deux individus sélectionnés au hasard appartiennent à la même espèce.

    14

    Il est donné par la formule : SDI = 1 - ( ? pi 2 ) pi représente la proportion de l'espèce i sur un total recensé (Magurann, 1988).

    pi2 = Ni (Ni - 1) / N (N - 1)

    Ni: nombre d'individus d'une espèce donnée

    N: nombre total d'individus recensés

    Cet indice aura une valeur de 0 pour indiquer le minimum de diversité et une valeur de 1 pour indiquer le maximum de diversité. En effet, deux cas sont à considérer pour la valeur de SDI :

    1er cas : SDI est appelé indice d'équitabilité si sa valeur est élevée. Dans ce cas, la diversité biologique est croissante.

    2e cas : SDI est appelé indice d'inéquitabilité si sa valeur est faible. Il s'agit donc d'une dominance d'une ou de quelques espèces seulement.

    SDI donne donc plus de poids aux espèces abondantes qu'aux espèces rares. Le fait d'ajouter des espèces rares à un échantillon, ne modifie pratiquement pas la valeur de l'indice de diversité.

    Détermination de la richesse spécifique

    La richesse spécifique est le nombre total des espèces observées dans chaque site. Calcul de la biomasse des poissons

    La biomasse des poissons en kg/ha est obtenue par la conversion de la longueur en poids utilisée par Mc Clanahan et Kaunda en 1996. La variabilité de l'échantillon est prise comme erreur standard.

    La loi cubique Poids (en g) = 0,05 (Longueur en cm)3 a été utilisée pour déduire le poids à partir de la taille estimée de chaque individu. La biomasse (poids par unité de surface) a été ensuite déterminée à partir de la surface de comptage qui est de 250m2 dans le cadre de cette étude.

    L'analyse a été faite au niveau des familles puis celles-ci sont groupées en trois catégories trophiques, à savoir, les carnivores, les herbivores et les omnivores.

    Détermination de l'état de santé

    On a utilisé le système de classification ASEAN (Association of South East Asian Nations) pour bien décrire la santé des récifs.

    Ce système déclare que les récifs coralliens présentant une couverture des coraux durs moins de 25% sont considérés comme étant des sites à santé « mauvaise ».

    15

    Ceux ayant une couverture en coraux durs plus de 25% sont des sites à santé « moyenne » (Wilkinson et al., 1984). La correspondance entre le taux de recouvrement des coraux durs et l'état de santé selon ASEAN est présentée par le tableau 02.

    Tableau 02: Classification de l'état de santé des récifs selon ASEAN

    Etat de santé

    Taux de recouvrement des coraux durs

    mauvais

    0 - 25

    moyen

    25 - 39

    bon

    40 - 59

    excellent

    60 et plus

    Il est essentiel de souligner que les données bio-écologiques analysées dans ce mémoire ne sont pas tout simplement celles des 11 sites étudiés lors des travaux de terrain. D'autres sites qui ont été étudiés auparavant font aussi l'objet de l'analyse.

    16

    2. RESULTATS

    2.1. Analyse de la situation socio-économique

    2.1.1. Situation sociale

    2.1.1.1. Peuplements et populations

    Démographie

    La population dans la zone s'élève à 104 468 individus en 2009. La zone est occupée par une population inégalement répartie entre les trois communes. L'évolution du nombre de la population pour chaque village aurait une relation avec les activités liées aux ressources naturelles.

    Le nombre de population et le nombre de ménage, la densité de la population ainsi que le taux d'accroissement démographique sont présentés ci-après (Tab. 03).

    Tableau 03: Nombre des populations dans les trois communes

    Communes

    Nombre de population

    Nombre de ménage

    Densité (hab. /km2)

    Taux d'accroissement démographique

    Beheloke

    19.034

    3.172

    4,55

    2,8%

    Itampolo

    56.366

    8052

    22

    35%

    Androka

    29068

    3633

    8

    12%

    Source : BIODEV, 2009

    Ménage

    Les familles sont nombreuses car la moyenne est plus de 5 individus par ménage. Le nombre maximum dans un foyer dans tous les villages dépasse 6 individus et va jusqu'à 24 dans certains villages. La zone est également caractérisée par la présence de plusieurs foyers sans enfant (environ 15%), de la polygamie qui présente un taux de 5% et des femmes chefs de ménage de 10% de l'ensemble des foyers (Narimanantsiory, 2009).

    Le sex ratio (nombre hommes x 100 / nombre femmes) est environ de 102% pour l'ensemble du littoral. La présence d'hommes pourrait être interprétée par la mobilité de la population masculine en fonction des activités productives.

    Composition ethnique et organisation de base

    Le peuplement est hétérogène. La zone est peuplée par de nombreuses ethnies mais, en général, on y relève la présence de trois grands groupes sociaux dominants : les Tanalana, les Vezo et les Tandroka, eux-mêmes structurés en de multiples lignages. La peuplade Tandriaka ou Tandroka confondant les Sarà, les Temilahehe, les Temaromainte, les Temitongoa, les

    17

    Vavalinta est une ethnie mineure. Il habite à Androka et au Sud du fleuve Linta (Pascal, 2008).

    Dans la commune d'Androka, les Temaromainte,Vavalinta sont de même proportion (58%). Les Temilahehe représentent 33%, les Sarà et les Temitongoa sont de 25% (Randriamahaleo et al., 2009). Ces pourcentages expriment une égalité de représentativité pour les clans. Temaromainte et Vavalinta sont majoritairement présentes dans la zone. Selon l'explication de certaines personnes ressources à Androka, les Temaromainte sont reconnus localement comme les détenteurs de pouvoir relatif à la mer. Les Vavalinta semblent des gens qui pratiquent l'agriculture mais qui exercent la pêche saisonnièrement ou occasionnellement quand la sécheresse est dure. Les Temilahehe viennent de l'Androy ; les Sarà viennent d'Anakao. L'origine des Temitongoa sont issus des Tanalana.

    Dans la commune d'Itampolo, l'on observe la prédominance des Temitongoa (66%), Temilahehe (8%). Les autres familles représentent 4,16% chacune (Randriamahaleo et al., 2009). Il semble que les Temitongoa sont dominants, les Temilahehe et les Vezo sont minoritaires.

    Dans la commune de Beheloke, les Tetsivoke est de 28,57% ; les Tekaroke, Sarà sont 21,42 % chacune ; les Telanampotsy représentent 14,28%, les autres familles représentent 7,14% chacune (Randriamahaleo et al., 2009).

    Ces différentes proportions de présence des clans dans la commune ont été considérées dans la mise en place de l'APM Nosy Ve-Androka. Les grandes familles présentes dans chaque établissement humain au niveau des trois communes concernées sont figurées dans la partie Annexe de ce présent document (Annexe 03).

    On constate aussi que certaines structures et normes sociales caractérisent l'organisation de tous les groupes ethniques. Chaque individu est ainsi identifié par son appartenance à un groupe d'ancestralité (« raza »), son rattachement à un poteau rituel lignager (« hazomanga ») et à un site d'enterrement. L'omniprésence des ancêtres aux côtés des vivants est une réalité partagée par tous (Raveloarimanana et al., 1996).

    Fondé sur la reconnaissance formelle d'un ancêtre commun, le clan apparaît comme la structure sociale essentielle à la base de l'organisation de chacun des groupes présents dans la zone. De façon archétypique, chaque groupe se sent appartenir à une tanindraza (« terre des ancêtres ») centrée sur les lieux d'inhumation des ancêtres, les espaces de résidence et le poteau rituel.

    18

    2.1.1.2. Infrastructures sociales

    Le tableau 04 récapitule les différentes infrastructures sociales.

    Tableau 04 : Infrastructures sociales de base

    Communes

    EPP

    CEG

    CSB

    Infrastructures
    d'accueil

    Puits

    Beheloke

    12

    01

    2 CSB I
    1 CSB II

    01

    12

    Itampolo

    17

    01

    1 CSB I
    1 CSB II

    02

    32

    Androka

    09

    01

    1 CSB II

    01

    05

    En ce qui concerne le taux de scolarisation, il est généralement faible dans l'ensemble de la zone, soit respectivement de 17% pour Beheloke, 24% pour Itampolo et 11% pour Androka (Biodev, 2009). Cette situation s'explique par le fait que la population se tourne vers la pêche et d'autres activités lucratives dès son plus jeune âge. D'autant plus que dans chaque établissement, le nombre des salles de classe ne correspond pas aux sections existantes.

    L'effectif des élèves des écoles primaires publiques des trois communes du littoral est de 7 194 en 2009. Ce nombre s'accroît très lentement bien que la croissance démographique s'accélère. Le cas de la commune d'Itampolo illustre la situation car en 2005, elle comptait 2 975 élèves alors qu'en 2009, elle n'enregistre que 3 332 enfants. Les ratios élèves/enseignant montrent également que les normes de l'enseignement sont loin d'être remplies car globalement dans la Commune Rurale d'Itampolo, un enseignant encadre 74 élèves.

    19

    L'environnement scolaire dans la zone est montré par la figure ci-après (Fig. 04).

    Elèves de Besasavy, C/R Itampolo

    EPP Befolotse, C/R Itmpolo

    Figure 04 : Environnement scolaire

    On ne dispose pas de chiffre exact pour situer le niveau d'alphabétisation de la zone mais l'écriture est un des points faibles des habitants. La communication est surtout verbale.

    Concernant la santé, la maladie la plus fréquente et enregistrée dans l'ensemble de la zone est le paludisme, suivi de l'insuffisance respiratoire aigüe. Le paludisme se manifeste surtout du mois de novembre au mois d'avril, pendant la période chaude. En effet, cette maladie représente respectivement 35,8% et 52% des maladies enregistrées dans les CSB des Communes de Beheloke et d'Itampolo.

    20

    Le poids de la tradition pèse lourdement au niveau de la santé. Non seulement l'accès y est difficile car un CSB sert les villages dans un rayon d'au moins 15km mais les gens n'y sont pas habitués. A part la pratique de la pharmacopée traditionnelle, dans chacun des lieux d'habitation, l'existence des guérisseurs traditionnels est remarquable.

    2.1.1.3. Potentiel associatif

    Les sociétés sont réputées d'être solidaires et c'est pourquoi le vol de zébus y est presque inexistant. Le tissu social semble bien cohérent et l'agissement de tout le monde s'effectue au nom du lignage. Pourtant, au niveau des activités, l'individualisme est de mise.

    Toute activité s'organise au niveau du foyer et le chef de famille dirige très souvent toutes les opérations. Il est donc très rare d'avoir une seule association au niveau d'un village quand il s'agît d'une incitation économique qui motive la structuration. La présence de plusieurs associations au sein des villages est devenue un signe de faiblesse organisationnelle de la localité. La plupart des associations sont disparues une fois que le projet d'appui cesse ses activités. Le faible potentiel associatif au niveau des activités productives est une des caractéristiques des sociétés de pêcheurs et d'éleveurs malgré l'importance des règles sociales.

    Les expériences des projets PSDR dans la zone génèrent un climat de méfiance entre les communautés locales. Ils ont crée une ouverture pour les communautés avec le système moderne de coopération notamment la création des associations, mais ils ont été voués à l'échec. Certains membres des groupements ont été victimes des abus des faux leaders locaux issus des communautés elles-mêmes. Face à cette situation, les communautés sont très vigilantes et considère les projets PSDR comme une référence historique pour tous les projets de développement.

    2.1.1.4. Migration

    On peut envisager 4 types de migration

    Migration de longue durée, ou semi - définitive

    Elle concerne essentiellement les pêcheurs. Le littoral qui, autrefois peu exploité, faisait l'objet de conquête par les Vezo. La migration peut aller parfois jusqu'à plusieurs années. C'est le cas d'un individu provenant de Soalary et qui s'installait avec sa famille à Besasavy - Vombey de 2000 à 2006.

    21

    Migration saisonnière

    Elle concerne à la fois les pêcheurs et les agriculteurs.

    Pour les pêcheurs, du Nord vers le Sud, on constate que des villages vezo à partir d'Ambola sont devenus des zones de départ pour une pêche saisonnière (cas d'Ambola, d'Itampolo, d'Ambohibola). Les autres villages vezo sont des villages d'accueil : Ankarampona, Lovobato, Tariboly, Ilanivato, Ambatomifoke, Malangiriake, Lembeitake, ... Les Vezo d'Anakao Soalary, Sarodrano et Anatsono se déplacent saisonnièrement vers Ambola, Tariboly et Lanevato.

    Pour les agriculteurs, la transhumance est la principale cause de la migration saisonnière. Le cas d'Efoetse est très significatif car presque 10% des habitants y participent directement. A Besasavy - Vohombey, on a recensé, en 2009, 17 familles qui partent tous les ans vers le Plateau Mahafale, du mois de novembre au mois d'avril. Pour ce village, la transhumance concerne plus de 500 têtes de zébus.

    Migration de courte durée ou « mihalimpia »

    Elle concerne seulement les pêcheurs. Elle dure en moyenne 15 jours. A Ambola, on a constaté que seule une famille s'est déplacée régulièrement vers le Sud pour pratiquer la pêche aux langoustes et calmars. Huit (08) membres de cette famille partent avec deux pirogues. Leur déplacement peut durer une semaine ou plus suivant la capture.

    Migration pendulaire

    Cette migration est journalière ou hebdomadaire : cas du « mihake » (pêche à pieds) et de « kinanga fia » (mareyage).

    Les Tanalana pratiquent la pêche à pieds tout au long de l'année sans saison bien définie. Toutefois, endant les vives eaux, les activités sont plus intenses.

    2.1.1.5. Aspects culturels et cultuels

    Les populations locales de la zone reconnaissent l'existence d'un Dieu unique, « Zanahare », créateur de l'univers. Renala, en 2007 affirme que « Toute chose est le fait du créateur » « kila raha ndranahare ro manao aze ». Tout le monde croit que le « Zanahare » est le seul qui règne sur le monde des êtres humains.

    Les notables de certains villages affirment que jusqu'à l'apparition des nouvelles églises, il était considéré comme impossible d'intercéder directement auprès de « Zanahare ». En revanche, d'autres entités surnaturelles manifestent leur présence de façon plus sensible. Elles sont désignées sous le terme générique de « lolo ». Les « lolo » peuvent être des ancêtres lignagers (« raza »).

    22

    Ce sont ces « lolo », propre à chaque groupe lignager, qui sont les intermédiaires privilégiés entre les êtres humains et « Zanahare » (Pascal, 2008).

    A part la demande de bénédiction auprès du « hazomanga », le rite funéraire est une des cérémonies lignagères qui sont encore très respectées.

    2.1.1.6. Relations sociales

    Principe d'intégration dans une société

    La population s'est formée à partir des migrations successives. Le principe d'intégration repose sur l'alliance ou « filongoa ». Les nouveaux venus ont demandé une autorisation et une place auprès des anciens pour avoir droit à l'occupation des terres.

    Avant même la régularisation administrative, les pouvoirs locaux consultent les renseignements des nouveaux venus avant de les octroyer le droit. Leur emplacement a fait l'objet d'une étude préalable. Quelquefois, pour que ces nouveaux venus ne puissent pas envahir la communauté d'accueil, on leur donne une place entre deux familles qui deviennent un blocage pour l'extension de leur occupation ou pour l'arrivée des autres personnes à travers eux.

    Autorité et prise de décision

    Les Tanalana sont largement majoritaires et dominants dans la région. Ils sont très indépendants, jaloux de leur territoire, souvent faussement conçu comme xénophobe qui n'a jamais accepté ni l'assujettissement ni la domination des souverains des autres ethnies. Les différents pools de prise de décision chez les Tanalana se situent au niveau des « Mpitankazomanga » des clans majeurs. Selon les quelques notables dans la zone, trois sites sont jugés comme pools de prise de décision : Beheloka par le tribu Temahaleotse, Lanevato par le tribu Temitongoa de Vindy et Itampolo chez les Temitongoa de Betsiriry et les Temilahehe. Les intellectuels et les politiciens de ces trois clans majeurs, connaissant pertinemment que leur « Mpitankazomanga » ne sont pas nécessairement des gens instruits pour décider convenablement face aux initiatives étatiques dans le cadre de développement de leur territoire d'origine, ont créé une association nommée « Tokobey Telo ». En General, cette association a pour but de protéger et de surveiller les intérêts des Tanalana et elle a des influences à ne pas négliger sur les grandes décisions politiques et administratives concernant le groupe Tanalana et son territoire. Le clan Tandriaka a très peu d'influence sur les prises de décision. Les Vezo, minoritairement et socialement peu structurés n'ont pas de mot à dire dans une assemblée qui parle de l'intérieur des terres, même dans les zones de transition entre Vezo et Tanalana.

    23

    Parcontre, ils connaissent la mer et occupent la plus grande partie des activités y afférentes. En effet, une certaine complexité de prise de décision pour une activité de conservation et de gestion des ressources marines est observée dans la région. Posséder une grande pirogue ou plus d'une se révèle être un avantage.

    2.1.1.7. Problèmes sociaux Eau

    L'approvisionnement en eau est encore insuffisant. En ce moment, des organismes non gouvernementaux (Madagascar National Parks Tsimanampesotse, financement KfW, PNUD, FID, Aide et Action, Programme « Eau du Sud » mené par les Japonais) participent dans la construction des puits pour la satisfaction des besoins villageois.

    Electricité

    L'électrification est encore de côté. Pour le moment, les plus avantageux de chaque village possèdent des groupes électrogènes pour faire fonctionner leurs appareils électroménagers (TV, Radio cassette). Le projet d'électrification par l'énergie solaire serait à promouvoir dans la région.

    Télécommunication et média

    Le réseau téléphonique est encore inexistant constituant un facteur qui limite le développement du tourisme. De plus, les chaines TV et Radio sont très mal captées, entrainant ainsi un retard de diffusion des nouvelles et les messages administratifs au sein des communautés locales.

    2.1.1.8. Organisations spatiales et sociales de la société Aménagement des habitats et des terroirs villageois

    Dans l'ensemble, la société présente un faible degré d'aménagement de l'habitat humain indiqué par la séparation nette de l'emplacement des cases avec les puits et les lieux de culte. Pour chaque famille, on voit une bonne organisation et délimitation de l'espace occupé.

    Des exemples de carte sociale comme le cas du village d'Ambola avec ses villages environnants et celle de Beheloke Bas/Beheloke Haut, à titre d'illustration, sont présentées dans la partie annexe de ce présent mémoire (Annexe 04).

    La disposition de certains villages, comme le cas de Beheloke Bas/Beheloke Haut, décrit une nette séparation de deux établissements de même nom, l'un au bord de la mer (Beheloke Bas) et l'autre se trouvant à l'intérieur (Beheloke Haut).

    24

    La distinction fait refléter l'installation de deux ethnies différentes : le village au bord de la mer est occupé par les Vezo et celui à l'intérieur constitue le lieu de résidence des Tanalana.

    Tendances organisationnelles des espaces

    Du point de vue organisation d'habitat, on voit une nette séparation des espaces d'habitation et des espaces culturelles et/ou cultuelles.

    Suivant les villages, on distingue généralement deux à cinq zones principales : la zone d'habitation, la zone d'activités culturelles et cultuelles, zone des cimetières, les zones sacrées. Certains Tamariniers (« Kily ») sont classés parmi les zones sacrées.

    2.1.2. Contexte économique

    Les principales activités économiques de la population sont la pêche, l'agriculture et l'élevage. Le tourisme qui est en plein essor représente aussi une grande opportunité.

    2.1.2.1. Activités des communautés

    La pêche est une activité principale de la population. 90% de la population pratique la pêche. D'autres activités ont été développées par la population pour multiplier le choix d'activités alternatives. 21,6% des pêcheurs pratiquent l'agriculture en activité secondaire et 7,3% l'élevage.

    Pêche

    La pêche de type traditionnel, pêche piroguière et pêche à pied, constituent l'activité principale. Les pêcheurs sont majoritairement des Vezo. Actuellement, la pêche intéresse les Tanalana si bien que les villages tanalana écartés du littoral ont des gens qui pratiquent à la fois de la pêche, de l'agriculture et de l'élevage.

    Agriculture

    L'agriculture constitue une activité secondaire pour certains Vezo. C'est une activité dévolue surtout aux Tanalana. Les principaux types de culture sont le maïs, le manioc, de la patate douce.

    Elevage extensif

    La zone est une région d'élevage extensif où le zébu joue un rôle central dans toutes les activités et cérémonies traditionnelles. On peut distinguer deux types d'élevage : l'élevage des petits ruminants (chèvres et moutons) et l'élevage des bovins.

    25

    Tourisme

    La zone recèle d'énormes potentialités éco-touristiques, que ce soit par sa richesse exceptionnelle en biodiversité, mais également par des sites et paysages extraordinaires aussi bien dans le domaine terrestre que dans le milieu marin.

    Le secteur est encore en plein essor, avec le développement de l'écotourisme axé surtout au niveau du Parc National de Tsimanampetsotse avec ses forêts maintenues presque intactes, des îles coralliennes de Nosy Ve et de Nosy Satrana, Nosimborona, Nosy Manitse.

    Dans la zone, on découvre de multiples facettes notamment la beauté des paysages et les populations. La zone est considérée comme coin de paradis avec ses jolis petits villages qui sont bordés des superbes plages presque désertes. Certains villages qui s'installent dans des petites baies (Beheloke et Ambohibola) sont favorables pour les campements au bord des belles plages. Un peu plus au sud, on découvre aussi les pittoresques dunes d'Ambohibola et de Fanambosa

    D'autres activités touristiques présentent aussi une potentialité, entre autres, surf, plongée au sein du massif corallien, pêche, promenade dans les lagons et les baies.

    La figure 05 illustre les potentialités éco-touristiques.

    Figure 05 : Potentialités éco-touristiques de la zone

    2.1.2.2. Dynamisme économique lié à la spécialisation halieutique

    Selon certains notables, la pêche se développe incessamment dans la zone avec l'arrivée des Vezo qui lui associèrent systématiquement l'agriculture et l'élevage. La zone a connu donc une spécialisation halieutique de plus en plus croissante. Auparavant, l'exploitation des ressources marines restait confiner spatialement dans certains villages mais c'est surtout avec l'arrivée des nomades « Sarà » que ce secteur d'activité acquiert une dimension essentielle même à l'échelle régionale.

    26

    Actuellement, beaucoup d'acteurs locaux ainsi que des migrants saisonniers et définitifs sont profondément impliqués dans l'exploitation des ressources marines.

    Les dynamiques spatiales, notamment la multiplication des villages de pêcheurs et l'extension des zones de pêche ont permis d'accélérer l'intensification de la spécialisation dans le domaine halieutique. On constate aussi que les pêcheurs traditionnels forment actuellement un groupe spécialisé dans la pêche, fondant principalement leur stratégie de subsistance sur ce secteur d'activité dans la zone et s'impliquent dans l'économie marchande grâce à la diversification des filières commerciales.

    On constate que le mode d'organisation économique des pêcheurs est homogène. L'unité de production est caractérisée par l'association de plusieurs foyers sous le contrôle du patriarche. Les ménages de fils restent soudés au foyer de leur père. Chacun des foyers constitutifs de l'unité de production se voit alors attribuer la quantité de nourriture nécessaire en fonction de ses besoins ou partage éventuellement la « même marmite » avec les autres ménages.

    On constate qu'actuellement, le taux de construction des maisons en dur est essentiellement différente pour les villages vezo et ceux des tanalana. Les villages vezo d'Ambohibola et d'Ambola ont respectivement un taux de 16% et 13% tandis que les villages tanalana d'Itampolo I et d'Efoetse ne présentent que des taux inférieurs à 3% et 4%.

    Concernant les équipements en matériels, les Vezo utilisent surtout les pirogues aussi bien pour le transport que pour la pêche. Par contre, les Tanalana utilisent les charrettes comme moyens de transport. Ambola et Beheloke sont les seuls villages où l'on enregistre des pirogues utilisées spécialement pour le transport, notamment vers Toliara, mais parfois vers le Sud suivant la demande.

    A l'heure actuelle, les Tanalana s'adonnent davantage à la pêche et s'efforcent de construire des maisons en dur sans lâcher l'objectif « zébu ». Pourtant, la différence notable se dégage au niveau des matériels de pêche car les Tanalana s'y investissent peu.

    Généralement, tous les pêcheurs disposent pour le moment de très peu de matériels de production. Presque l'ensemble du littoral souffre d'un manque d'équipement de pêche et doivent se contenter des matériels rudimentaires tel que les harpons. Cette situation explique la surexploitation de la zone de pêche à l'intérieur des barrières récifales.

    27

    2.1.3. Pêche traditionnelle dans la zone

    Nous avons déjà mentionné précédemment que la pêche est l'activité principale. Les communautés pratiquent aussi l'agriculture mais ce type d'activité, limité par les facteurs climatiques, particulièrement la faible pluviométrie et la sécheresse prolongée, ne peut pas assurer leur subsistance. En effet, les ressources marines peuvent faire vivre la population littorale et allègent les problèmes monétaires. La mer constitue alors une source de subsistance économique des communautés.

    A ce propos, des questions se posent : comment se présente le zonage de la mer selon les communautés et quelles sont les correspondances avec le zonage effectué par les scientifiques? Comment les pêcheurs exploitent-ils ces différentes zones? Quels sont les engins et les techniques utilisés par les pêcheurs et quelles sont les espèces cibles ? Où sont les destinations des produits obtenus? Quels sont les facteurs qui déterminent la périodicité des activités de pêche?

    Les réponses et les analyses à toutes ces questions feront l'objet de la partie suivante.

    2.1.3.1. Zonage local de la mer

    L'acquisition des connaissances vient de la pratique des différentes techniques de pêche face aux aléas des conditions climatiques, notamment les vents et les conditions océanographiques. Les zones exploitées sont fonction des espèces ciblées et c'est là le point de départ de la connaissance des pêcheurs traditionnels sur l'environnement marin.

    Dans l'ensemble, on peut distinguer cinq principales zones qui se répartissent respectivement en sous zones. Ces divisions et subdivisions seront d'abord rapportées, dans cette étude, par les termes locaux. L'équivalence entre le zonage local et le zonage des scientifiques est détaillée par le tableau 05.

    On peut affirmer qu'il n'y a nécessairement pas d'équivalence entre le zonage local des pêcheurs et le zonage des scientifiques. Il est nécessaire de noter que la présence des sous zones varie d'un terroir à un autre suivant la géomorphologie de la zone.

    28

    Tableau 05: Correspondance du zonage local avec le zonage des scientifiques.

    Nom local

    Nom scientifique

    Observation

    Zones

    Sous zones

    Sisindriake

    Serana

    Plage

    Plage de haute mer

    Olodriake

    Zone de balancement des marées.

    Anaovane

    Tsodrano

    Platier interne

     

    Ariano

     

    Vatohara

    Lohariake

    Récif frangeant

     

    Vavarano

     

    Ambohone

    Volivato

     

    Nosy

    Récif barrière

     

    Vonenkara

    Récif immergé

     

    Ambohone

    Large et fond externe

     

    Lalantsambo

     

    Ala honko

    Saha

    Mangrove

     

    Honko

     

    2.1.3.2. Utilisation des différentes zones par les pêcheurs

    Cinq principales utilisations sont reconnues, à savoir :

    la mer constitue la principale voie de transport pour les communautés ;

    la partie en amont de la plage ou « sisin-driake » est un lieu de déposition des accessoires de pêche tandis que la partie en aval ou « serana » est un lieu de débarquement des embarcations, un lieu de divertissement des enfants ainsi que pour la vaisselle ;

    tous les zones accessibles en pirogue à voile sont des lieux de pêche traditionnelle ; les îlots constituent un lieu de refuge aux moments difficiles pour la navigation en mer ;

    certains endroits constituent des lieux sacrés, donc des lieux de pratique rituel.

    Les modes d'utilisation de ces zones par des différents groupes d'utilisateurs sont figurés dans l'Annexe 05.

    La carte terroir de la partie marine à Ambola présentée par la figure 06 est une bonne illustration sur les différentes utilisations des zones, les espèces exploitées ainsi que les groupes d'utilisateurs.

    29

    Figure 06: Carte terroir marin à Ambola, C/R Beheloke

    2.1.3.3. Engins, techniques de pêche utilisées et espèces exploitées

    Actuellement, les stratégies de pêche traditionnelle sont significativement différentes bien qu'elles semblaient identiques autrefois. Toutefois, certains moyens et techniques utilisés comme les pirogues monoxyles à voile, les harpons, ... ont peu changé. La plupart des matériels sont fabriqués localement. La plupart des pêcheurs ont essayé d'utiliser les nouvelles techniques de pêche mais ils ont différemment intégré dans leur éventail de pratiques. On note ainsi actuellement de profondes différences des pratiques de pêche, d'un individu à l'autre, d'une unité de production à l'autre, mais aussi d'un lignage à l'autre et d'un village à l'autre.

    Les pêcheurs embarquent en mer par des pirogues monoxyles de petite taille dont la longueur est inferieure ou égale à 3m ou de moyenne taille (3 à 5m) ou de grande taille (plus de 5m). Elles sont mues à la pagaie ou à la voile. Généralement, la pêche piroguière n'a qu'un rayon d'action très limitée. Elle ne se pratique que très rarement au-delà des barrières récifales (moins de 5km au large), lorsque les conditions de la mer sont jugées suffisamment sans risque.

    Généralement, quatre méthodes de pêche, encore traditionnelles sont pratiquées: la pêche au filet ou « mihaza », la pêche à la ligne ou « maminta », la pêche a pied ou « mihake » et la plongée en apnée ou « manirike ».

    30

    Plusieurs types de ressources marines sont exploités par les pêcheurs, entre autres, les poissons, les poulpes, les holothuries, les requins, les coquillages, les crabes, les calmars, les murènes, les langoustes, les tortues de mer, les petits poissons pélagiques ainsi que les algues marines. Randriamahaleo et al., en 2009 affirment que 75% de ces produits sont pêchés ou collectés sur le front récifal et le platier du récif contre seulement 10% dans la zone de balancement des marées et dans les lagunes. 15% de ces mêmes produits sont pêchés sur les restes des zones.

    Les différentes techniques de pêche utilisées et leurs caractéristiques sont détaillées en Annexe 06.

    La figure 07 illustre les activités de pêche dans la zone et les engins utilisés.

    Filets et pirogues

    Sortie en mer

    31

    Captures

    Figure 07 : Activité de pêche dans la zone

    Les différents équipements et les accessoires utilisés par les pêcheurs par type d'habitat sont détaillés en Annexe 07.

    2.1.3.4. Circuits de la production

    Auparavant, faute d'accès aux marchés et à l'économie monétaire, la production de pêche dans la zone sert essentiellement à l'autoconsommation et au troc contre des denrées agricoles avec les agro-pasteurs de la plaine côtière mahafale. Il est vrai que quelques productions marchandes existaient déjà dans la zone, entre autres le commerce des burgaux, des carapaces des tortues imbriquées, des holothuries,..., mais elles ne représentent que des opportunités accessoires. Actuellement, les produits de mer capturés sont généralement repartis comme suit : une partie sert à la consommation locale (pêche de subsistance) et une autre partie soit vendue sur place (pour la population locale ou pour les mareyeurs) soit destinée au fumage et au salage.

    L'operateur COPEFRITO est le collecteur potentiel de produits de pêche. Récemment, un nouvel operateur TSINEFITELO embarque dans la région. La production obtenue est variable suivant les saisons et les conditions de la mer. En moyenne, un pêcheur obtient 3 a 5kg de poissons, 2 a 4 poulpes de moyenne taille par jours.

    Les circuits de vente des produits de pêche sont présentés par la figure 08 ci-après.

    Pêcheurs

    Local : frite, hôteliers

    Collecteur

    Femme de pêcheur

    Produits frais

    Ampanihy

    Toliara

    Betioky

    Mareyeurs

    Produits transformés (saly et sira)

    Ejeda

    Vatolatsaka, Bezaha

    Figure 08 : Circuits des produits

    2.1.3.5. Pêche traditionnelle : une activité périodique Différentes saisons dans chaque commune

    Dans une année, il n'y a pratiquement pas de repères qui marquent le début des activités de pêche. Les pêcheurs sortent toujours en mer si le temps et les conditions climatiques les ont permis. Toutefois, le changement des conditions climatiques permettent de repérer le changement de la saison.

    Les pêcheurs utilisent le calendrier lunaire qui recouvre une période de 28 jours. Ce type de calendrier présente 2 mois de décalage par rapport au calendrier usuel.

    Selon les pêcheurs, la zone connaît trois saisons bien distinctes, à savoir, l'« asara », l'« asotry » et le « faosa ». Chacune des saisons dure 4 mois.

    Tableau 06: Durée des trois saisons dans chaque commune

    COMMUNES

    CALENDRIER USUEL

    janv

    fév

    mar

    avril

    mai

    juin

    juil

    août

    sept

    oct

    nov

    déc

    BEHELOKE

    CALENDRIER LUNAIRE

    AB

    VA

    V1

    V2

    V3

    V4

    V5

    V6

    V7

    V8

    V9

    V10

    ITAMPOLO

    VaA

    VaO

    V1

    V2

    V3

    V4

    V5

    V6

    V7

    V8

    V9

    V10

    ANDROKA

    Va0

    V1

    V2

    V3

    V4

    V5

    V6

    V7

    V8

    V9

    V10

    VaA

    Source : Randriamahaleo et al., 2009

    ASARA ASOTRY FAOSA

    VaA : Volana arian'Aomby VaO : Volana arian'Ondaty AB : Ambem-bola Va : Volan'aria V1 : Volan'isa V2 : Volam-paharoe V3 : Volapahatelo V4: Volapahaefatra V5: Volapahadimy V6: Volapahenina V7: Volapahafito V9 : Volapahavalo V9 : Volapahasivy V 10 : Volam- pahafolo

    33

    Facteurs qui déterminent les activités de pêche

    Les pêcheurs traditionnels apprennent le métier de pêcheur par des expériences concrètes. La connaissance se transmet par expériences directes car elle est cognitive (Pascal, 2008). La pêche est sujette aux aléas du climat du fait de la faiblesse de moyens de pêche et de navigation que disposent les pêcheurs.

    On peut dire que les vents, les marées, les astres constituent des facteurs non négligeables pour l'exécution de cette activité dans la condition actuelle des pêcheurs traditionnels. Ils sont des facteurs limitatifs plutôt que motivants.

    Vents

    Les vents sont l'un des facteurs qui déterminent les activités de pêche. Les pêcheurs distinguent plusieurs types de vents et leur apparition est différente d'une commune à l'autre. Les différents types de vent et leur période d'apparition dans chaque commune sont présentés en Annexe 08.

    Marées

    Dans une journée, la zone connaît deux basses mers et deux pleines mers. Les marées sont de type mixte dans lequel les composantes diurnes sont plus importantes que les composantes nocturnes. La correspondance entre les marées et les techniques de pêche sont présentés en Annexe 09.

    Astres

    Par faute de familiarité avec la discipline astronomique, ce présent mémoire ne signale aucune correspondance entre l'appellation locale des astres et celle des astrologues. Selon les pêcheurs, deux astres influencent les activités de pêche : le « vasia vono » et le « kania ».

    Calendriers de pêche

    Dans l'ensemble, les activités de pêche sont pratiquées durant toutes les saisons de l'année. Les calendriers de pêche dans chaque commune sont détaillés en Annexe 11.

    Horloges d'activités de pêche

    Les horloges d'activités de pêche varient selon le type de pêche pratiqué. Les détails sont figurés dans l'Annexe 10.

    2.2. Analyse du contexte biologique

    Peu de recherches sur l'environnement marin et côtier ont été réalisées dans la zone et par conséquent le statut et l'état de santé des ressources marines sont peu connus.

    34

    Toutefois, des études et diagnostics marins faites par le groupe d'experts océanographes et des organismes oeuvrant dans le domaine de l'environnement marin permettent d'évaluer la diversité biologique et la santé de l'écosystème récifal corallien. 22 sites ont été étudiés dans la zone dont :

    - 10 sites réalisés dans le cadre du projet Gestion des Ressources Naturelles Marines du sud de Toliara, par WWF. Ces sites sont Tanevao, Maromalinike, Ranolahy, Ankara, Tambohoabo, Belamiera, Mahadrano, Nosimbato, Ambolafoty.

    - 12 sites réalisés, en 2009, pour compléter les données manquantes. Ces sites sont Ampasimagnora, Ampiambaza, Lovobato, Tapikara, Lavabe, Ambatovakivaky, Nosimboro, Tsilomaitata, Nosy Manitse, Berisitoaly, Rekitoto et Beakio.

    La figure 09 montre les sites objets de diagnostic marin.

    Tanevao

    BEHELOKE

    Maromalinike

    Ranolahy

    Ampasimagnora Ampiambaza Lovobato

    Belamiera

    Madrano

    Tambohoabo

    ITAMPOLO

    Tapikara Ankara

    Lavabe

    Ambatovakivaky

    ANDROKA

    Nosimbato

    Tsilomaitata

    Ambolafoty

    Ankara

    Nosy Manitse

    Rekitoto Berisitoale

    Beakio

    35

    Figure 09: Localisation des sites de diagnostic marin

    2.2.1. Types géomorphologiques du milieu marin

    Schématiquement, les formations récifales, le long de la côte Sud-Ouest se divisent en plusieurs secteurs qui appartiennent à des types physiographiques extrêmement variés (Pichon, 1972). En général, la zone est caractérisée par un récif frangeant qui longe tout le littoral.

    Dans la partie de Beheloke, la dépression arrière récif occupe une surface importante et l'ensemble du récif frangeant sont constitués par d'importantes baies et des pentes externes. Un peu plus au sud, le récif frangeant devient nettement plus mince (Battistini, 1964).

    Dans la commune de Beheloke, la figure 10 montrant la morphologie du récif frangeant à Ampiambaza est un exemple pour illustrer les types géomorphologiques des récifs coralliens.

    Escarpement avec un haut % de couverture corallienne

    Sable

    Vallée avec des canaux profonds

    Colonies de Montipora

    Zone à mouvement d'eau

    puissant, dominée par des macro algues

    Coraux en régénération

    36

    Figure 10: Morphologie du récif frangeant d'Ampiambaza, Beheloke Source : Gouth , 2009

    On voit que le récif frangeant d'Ampiambaza est caractérisé par l'existence des canaux profonds, au niveau desquels les mouvements d'eaux sont puissants. Il est aussi caractérisé par l'existence du front récifal escarpé. La profondeur est de 5m en moyenne mais l'inclinaison peut atteindre brusquement jusqu'à 15m.

    Dans la commune d'Itampolo, le site de Tapikara montré par la figure 11 constitue un site représentatif en terme de types géomorphologiques des récifs coralliens. Ce récif est profond de 6m et présente une faible inclinaison de 10m.

     

    Zone à dominance de coraux mous

    Sable

    Coraux en régénération

    Colonies de Montipora

    Zone à mouvement d'eau puissant, dominée par des micro algues

    37

    Figure 11: Morphologie du récif frangeant de Tapikara, Itampolo Source : Gouth , 2009

    2.2.2. Peuplements benthiques

    2.2.2.1. Pourcentage de couverture du benthos

    Le pourcentage des coraux durs est variable d'une zone à l'autre. Les plus hauts niveaux se trouvent dans la commune d'Androka, au niveau des sites d'Ambolafoty (73,63%), Nosimbato (67,02%), Tsilomaitata (66,70%) et Rekitoto (62,47%). Le site Lavabe à Androka Ela et celui de Maromalinike à Beheloke présentent des pourcentages faibles (respectivement 9,72% et 15,93%).

    On constate que les récifs ayant un pourcentage faible en coraux durs sont dominés par des gazons algaux. Ces derniers, d'après Muthiga et Mc Clanahan en 1987, est la seule forme benthique du récif qui persiste au pâturage intense des populations d'Oursins.

    Selon Obura et Abdulla en 2008, la complexité des structures des coraux durs est un système de protection contre le stress physique tel que les courants, et les vagues. En effet, la dominance du substrat algal par rapport au substrat corallien traduit l'incapacité des écosystèmes coralliens à résister face au changement des conditions du milieu.

    38

    Figure 12: Pourcentage de recouvrement des formes benthiques

    Le pourcentage des algues charnues ne dépasse pas celui des coraux durs. Dans tous les sites, leur abondance se situe entre 6% à 20%. Cependant, ce pourcentage est relativement élevé par rapport aux valeurs de certains sites du Sud Ouest de Madagascar (Pichon, 1972).

    Cela démontre que l'état de santé des sites est perturbé par divers facteurs, entre autres les facteurs naturels, la mortalité des coraux due au blanchissement corallien. Notons que cette situation n'affecte pas l'ensemble des sites.

    On constate aussi la présence d'Acanthaster sp qui n'a pas été enregistrée. La cause de la mortalité reste inconnue mais c'est évident que l'état de santé des récifs dans la zone est légèrement mauvais par rapport à d'autres sites de la région.

    Diversité des coraux durs

    En terme de diversité des coraux durs, les sites ne présentent pas de différences notables. Pourtant, certains d'entre eux présentant un pourcentage de couverture élevé ont une diversité faible. Tels sont les cas de Nosimbato, Ambolafoty, Ankara, Tsilomaitata, Rekitoto et Lovobato dont le SDI se situe entre 0,55 et 0,75. Au niveau de ces sites, la couverture corallienne est dominée par Montipora sp.

    D'autres sites comme Belamiera, Tambohoabo et Lavabe ont un pourcentage de couverture en coraux durs faible (de l'ordre de 10% à 20%) alors que SDI est élevé du fait que la couverture des coraux durs y est formée par plusieurs genres.

    La figure 13 représente la diversité des coraux durs dans les sites d'étude.

    39

    Figure 13: Diversité des coraux durs dans chaque site de diagnostic Etat de santé des sites

    En général, l'état de santé des récifs dans la zone est relativement « bon » avec un pourcentage de couverture moyenne des coraux sclératiniaires. L'habitat corallien, quel que soit le type des récifs, a un taux de recouvrement d'environ 40% alors que les algues charnues et les gazons algaux ont un taux relativement faible (respectivement 5% et 20%).

    Selon le système ASEAN, 6 sites dont Ambolafoty, Nosimbato, Tsilomaitata, Rekitoto, Lovobato et Nosimboro exposent une couverture corallienne suffisante et décrit comme dans un état de santé « excellent ». Parmi ces sites, 4 se trouvent dans la commune d'Androka et un seul dans la commune de Beheloke. Le pourcentage de couverture en coraux durs au niveau de ces sites est de l'ordre de 60% à 75%. 7 sites sont en état de santé « bon » dont le pourcentage de couverture en coraux durs se situe entre 35% à 55%. La majorité de ces sites se trouvent dans la commune d'Androka (Nosy Manitse, Beakio, Ambatovakivaky, Berisitoaly), d'autres dans la commune d'Itampolo (Tapikara, Ankara) et Bezamba dans la commune de Beheloke. 2 sites (Ampiambaza et Mahadrano) sont en état de santé « moyen » dont le pourcentage de couverture en coraux durs est d'environ 30%.

    Les sites se trouvant au nord, notamment Tanevao, Ampasimanoro, Ranolahy, Lavapano, Belamiera, Tambohoabo, Maromalinike, sont relativement en état de santé « mauvais ». Les coraux durs ne représentent que 16% à 25% du total du benthos.

    Le site Lavabe à Androka présente un taux relativement faible. La mortalité localisée des coraux a été observée sur ce site dont les coraux au niveau des parties profondes sont particulièrement affectés et ceux se trouvant autour de 2 m sont relativement non affectés.

    Plusieurs facteurs peuvent causer cette situation comme le stress thermique, la prédation des coraux ainsi que la pêche au poison, ...

    L'état de santé des sites en fonction des pourcentages de recouvrement des coraux durs est montré par la figure 14.

    Figure 14: Etat de santé des sites

    On constate une hétérogénéité considérable entre les sites en terme de pourcentage de couverture des coraux durs. Il passe de 1,6% à 74%.

    La figure 15 représente l'état de santé des sites par types géomorphologiques.

    Figure 15: Etat de santé par types géomorphologiques

    40

    La couverture des coraux durs est aussi variable selon les types géomorphologiques. Les fonds extérieurs et les pentes externes présentent un pourcentage considérable et considérées comme en état de santé « excellent » (respectivement 74% et 63%) ; alors que les zones des platiers récifaux sont en état de santé « moyen » avec un taux de 32%.

    2.2.2.2. Invertébrés

    Oursins

    Les oursins ne sont pas présents dans tous les sites d'étude. La diversité de l'oursin est relativement faible. On a observé un maximum de 4 espèces à Lavabe alors que les autres sites en sont dépourvus.

    Holothuries

    Les holothuries sont absentes dans beaucoup des sites ; même si elles sont présentes, leur pourcentage est relativement faible.

    2.2.3. Diversité et abondance des poissons

    2.2.3.1. Richesse spécifique

    La figure 18 ci-après indique la richesse spécifique dans chaque site.

    Généralement, la richesse spécifique n'a pas de différence significative dans tous les sites. Dans l'ensemble, la zone présente une haute richesse spécifique avec une moyenne d'environ 100 espèces. Cependant, dans certains sites comme Beakio, Ampiambaza, Ampasimanoro, on a recensé respectivement 135, 132 et 125 espèces alors que Nosy Manitse, Rekitoto, Maromalinike, Ranolahy, Bezamba ne possèdent respectivement que 33, 66, 41, 42 et 25 espèces seulement.

    Figure 16: Richesse spécifique en poissons des sites de diagnostic.

    41

    42

    2.2.3.2. Diversité des poissons

    SDI est variable et leur valeur oscille entre 0,44 à 0,94 dans chaque site. Cette valeur prend en considération non seulement le nombre des espèces dans un échantillon mais aussi la dominance relative. Dans quelques sites, cas de Nosy Manitse, Ambatovakivaky et Lovobato, bien que la richesse spécifique soit nettement haute, la dominance de quelques espèces, particulièrement les espèces de la famille des Pomacentridae et Labridae explique la valeur de SDI nettement faible.

    La figure 19 montre la diversité des poissons dans les sites de diagnostic.

    Figure 17: Diversité des poissons

    2.2.3.3. Biomasse des poissons par famille

    En général, la famille la plus abondante est la Famille des Acanthuridae. Leur biomasse englobe approximativement 20% à 80% de la biomasse totale de l'ensemble des sites de diagnostic. Les Acanthuridae peuvent atteindre jusqu'à 900kg/ha dans certains sites. A part les Acanthuridae, les familles des Labridae et Pomacentridae comprennent généralement 5% à 20% de la biomasse totale. La biomasse restante (2 % à 5% du total) est dominée par les familles des Scaridae, Chaetodontidae et Serranidae. On constate que Berisitoaly est dominé par les Lutjanidae (33.37%), les Carangidae (26.05%). Beakio est dominé par les Haemulidae. De même façon, une grande proportion de biomasse est constituée par des Lethrinidae.

    43

    Figure 18: Biomasse des poissons par famille dans chaque site

    2.2.3.4. Biomasse des poissons par catégorie trophique

    Géneralement, dans la majorité des sites de diagnostic, la biomasse des poissons par catégorie trophique la plus dominante est la catégorie herbivore. L'analyse montre que les poissons herbivores contribuent plus de 50% de la biomasse totale des sites. Toutefois, plusieurs sites montrent des contributions à la biomasse relativement égales des poissons herbivores et des poissons carnivores.

    Berisitoaly est particulièrement le seul site dominé considérablement par les carnivores avec un pourcentage de contribution de plus de 70% de la biomasse totale. Lovobato et Beakio sont aussi dominés par les carnivores (>50% de la biomasse totale).

    La catégorie herbivore aurait pu être changée de sa condition naturelle si leur exploitation (du fait de leur valeur commerciale) ne cesse pas d'augmenter. Les carnivores sont des poissons possédant une longévité élevée et un taux de fecondité très faible ce qui les rendent vulnérables à la surpêche (Pauly et al. 1998; Coleman et Williams 2002).

    Berisitoaly est une exception parmi les sites de diagnostic. Ce site présente non seulement un haut niveau de biomasse des poissons dont la composition de différentes catégories trophiques est dominée par les carnivores (plus de 70% de la biomasse totale) ; la composition des différentes catégories trophiques y est donc équilibrée.

    Les trois catégories trophiques de Beakio, Lovobato et Tsilomaitata sont aussi en équilibre mais de faible proportion.

    44

    La biomasse des poissons par catégorie trophique est donnée par la figure 21.

    Figure 19: Biomasse des poissons par catégorie trophique

    2.2.3.5. Biomasse moyenne dans chaque site

    La moyenne de biomasse des poissons récifaux présente une grande différence dans chaque site; elle varie de 5,9kg/ha à 4602.85 kg/ha.

    Beristoaly, Belamiera, Ranolahy, Ambolatoty sont les sites dont la biomasse des poissons est considérable (respectivement 4602.85 kg/ha, 2295,05 kg/ha, 1620.02 kg/ha et 1469,90 kg/ha). La biomasse la plus faible se situe à Rekitoto, Nosy Manitse (respectivement 18,83kg/ha, 5,90kg/ha).

    Figure 20 : Biomasse moyenne des poissons par site

    45

    La biomasse relativement faible peut être le résultat des hautes pressions de pêche sur les zones de pêche facilement accessibles, une conclusion qui a été tirée par d'autres études menées dans la région (Nadon et al. 2005; Harding et al. 2006).

    2.3. Pressions et menaces sur les écosystèmes marins

    Malgré l'importance biologique et économique de la zone, le milieu marin est confronté à des problèmes environnementaux liés aux activités humaines. Les pressions ont augmenté exponentiellement depuis récemment du fait que le nombre de population dépendante de la mer continue d'augmenter et la demande commerciale conduit à une collecte plus intense des ressources.

    Une surexploitation localisée est constatée partout sauf à Fanambosa où les pêcheurs se permettent encore de ne capturer que les espèces à haute valeur commerciale. Le constat d'une diminution de taille des captures est également mentionné.

    La dégradation des récifs peut avoir différentes causes comme la sédimentation terrigène, le blanchiment de coraux, la sur pêche ou le piétinement des platiers coralliens. Parmi les communes étudiées, nous pouvons avancer que la commune de Beheloke est la plus importante en terme de pression. En effet, les pressions suivantes y sont rencontrées : l'utilisation des harpons et des fusils, la pêche avec des filets moustiquaires et d'autres filets à petites mailles pour les poissons, la présence des plongeurs avec scaphandre pour les trépangs, le déploiement des palangres et des filets ZZ pour les requins, le retournement des blocs, l'utilisation du bâton et la pêche à pieds pour le récif corallien pour toutes les ressources marines. En second lieu, la commune d'Itampolo demeure une zone où les pressions sont assez importantes mais moindres par rapport à Beheloke. Androka semble être la commune où on rencontre le moins de pression.

    La difficulté causée par l'insuffisance de pluies pour pratiquer l'agriculture engendre un effet non négligeable en matière de pression. En effet, nombreux sont les agriculteurs qui, faute de pluies, se rabattent sur les ressources marines pour leur survie. Ces gens recherchent les espèces faciles à capturer comme les poulpes et les trépangs lors des marrées basses.

    46

    2.3.1. Pressions et menaces au niveau des habitats

    Les menaces qui pèsent sur les habitats sont d'origine diverses. Tableau 07: Les habitats, les pressions et les menaces

    Habitat

    Causes des
    menaces

    Pressions

    Impacts

    RECIF

    Augmentation de la demande sur le marché des poulpes

    -Piétinement des coraux -Retournement des coraux

    -Destruction des habitats -Réduction de l'espace vitale

    -Diminution de la production (produits capturés) en taille et en nombre

    -Raréfaction et/ou

    disparition progressive des espèces

    -Perte des coraux vivants surtout les branchus et dans le platier interne des récifs -Prolifération des oursins -Changement de comportement des animaux -Diminution des rendements de pêche (Langoustes, Poissons,...)

    Effet naturel (El Nino, cyclone, augmentation de la température de la surface de la mer)

    -Blanchissement des coraux

    -Ensablement

    Tradition de pêche des Vezo depuis plusieurs années

    -Surpêche

    -Coupure des coraux branchus

    -Pauvreté -Utilisation des filets à petites mailles

    -Surpêche -Collecte des coquillages et concombre de mer

    -Diminution de surface recouverte par les herbiers et du recrutement -Domination d`autres espèces

    2.3.2. Pressions et menaces au niveau des espèces

    Malgré la faible densité de population dans la partie sud de la zone, l'absence de certaines espèces cibles est frappante. Ainsi il est rare de rencontrer des holothuries (collectés à l'aide de bouteilles de plongée) et des poulpes.

    Les impacts des pressions se manifestent soit par la baisse de la capture journalière selon l'espèce ciblée soit par la quasi-disparition de certaines espèces comme les requins. Cependant, pour compenser cette baisse de performance, les pêcheurs utilisent d'autres engins et techniques plus performants ou se tournent vers d'autres espèces ciblées. Parmi ces engins et ces techniques, nous pouvons citer les filets moustiquaires, les sennes de plage, l' « îlo » (technique de pêche de nuit utilisant des branches de Cedrelopsis grevei brûlées et les plongeurs avec scaphandre.

    47

    Les filets moustiquaires et les sennes affectent gravement les populations des différentes espèces de poisson rencontrées dans le lagon. Ils apportent surtout un effet néfaste sur les juvéniles. Quant au « îlo », les pêcheurs se procurent des branches de Cedrelopsis grevei qui est une espèce d'arbre très menacée pour pouvoir distinguer les trépangs de la nuit.

    Au niveau des espèces, la pêche aux poulpes, la chasse des tortues marines et la pêche aux requins sont les principales menaces identifiées dans la zone.

    La pêche aux poulpes : la forte exploitation de poulpes, notamment entre Besambay - Beheloke et au Sud d'Itampolo risque d'accélérer la dégradation des récifs. C'est la demande du marché qui est à l'origine de cette situation. La collecte journalière tourne autour de 500kg dans le secteur de Besambay - Beheloke et peut aller jusqu'à une (1) tonne quand la pêche est bonne. Itampolo est le village qui produit le plus de poulpes, suivi d'Ambohibola, Androka-Ela et Andrenosy.

    La chasse aux tortues marines : la viande de tortue de mer est très appréciée par les Vezo. Quelques - uns nous affirment que les tortues de mer chez les Vezo est l'équivalent du zébu chez les Tanalana. La capture des tortues de mer est constatée partout le long du littoral mais le circuit le plus connu part d'Itampolo et ravitaille la ville de Toliara. L'acheminement des produits se fait surtout par voie maritime.

    La pêche aux requins : la pêche aux requins est pratiquée sur l'ensemble de la zone d'étude. Ce type de pêche est le principal objet de migration saisonnière de longue distance des Vezo. Plus de 100 individus sont capturés par an et pouvant faire disparaître plusieurs espèces si le rythme continue ainsi.

    48

    3. DISCUSSION

    3.1. Opportunités de création et zonages préliminaires 3.1.1. Opportunités de création

    Les résultats de cette étude nous ont permis d'identifier des opportunités qui devront être valorisées pour la création de l'APM, notamment durant la phase de sensibilisation et de négociation des limites. Les opportunités concernent les aspects suivants :

    l'émergence des « mpizaka » est une structure traditionnelle mais devenue un outil de gestion de conflits au niveau de la commune ;

    des sites touristiques sous exploités existent dans la zone mais ils sont faciles à valoriser avec l'existence de quelques infrastructures déjà en place (cas de Fanambosa, Ambohibola, Itampolo, Tariboly, Ambola, Ambatomifoke, Limbeitake) ; les Tanalana s'impliquent davantage dans le domaine de la pêche, facilitant par exemple la sensibilisation sur la diversification des activités ; un axe est déjà connu dans le domaine de l'écotourisme, notamment la complémentarité avec le Parc National Tsimanampesotse ; des exemples réussis de culture maraîchère et de pépinière dans quelques localités pouvant servir de base de diffusion de nouvelles activités génératrices de revenus. des structures villageoises, notamment les « komitindriake » existent déjà dans chaque village facilitant la sensibilisation et la négociation.

    3.1.2. Zonages préliminaires

    3.1.2.1. Première ébauche de zonage

    Les études faites en 2007 par WWF dans la zone du système récifal corallien de Toliara ont permis de proposer un zonage de l'APM au Sud de Toliara. Les experts ont été élaborés ce zonage selon une approche multicritères où les aspects écologiques et les aspects socio-économiques ont été tenus en considération tout en suivant les principes de base de gestion d'une APM.

    Aire de Nosy Satrana : l'aire englobe l'île de Nosy Satrana, les mangroves au Sud, ainsi que l'ensemble du récif frangeant. Elle a une superficie de 2600ha environ. Cette parcelle aura des objectifs de gestion prioritaires tels que l'écotourisme et la gestion durable des ressources (zone d'usages contrôlés). Les zones de conservation stricte resteront restreintes.

    Aire de Beheloke Nord : d'une superficie de 1.690 ha, elle intègre des sites de bonne diversité et sera proposé en co-gestion au village de Beheloka. Elle intègre également un passe, qui est proposé en tant que zone d'usages contrôlés de 500 ha.

    49

    La figure 23 montre la première ébauche de zonage.

    Figure 21: Ebauche de zonage en 2006

    Source : Ranaivomanana, 2007

    50

    Aire d'Ambola Nord : cette aire couvre 4.000 ha. A côté de cette aire, il est proposé d'installer deux Zones d'Usages Contrôlés de 2.000 ha en tout. Les communautés de base d'Ambola ou éventuellement des villages encore non déterminés seront sollicités pour jouer un rôle actif dans la co-gestion de cette parcelle.

    Aire d'Ambola Sud : l'objectif de gestion de cette zone d'une superficie de 6.280 ha sera la conservation, car les pressions de pêche sont encore largement absentes. Au Nord et au Sud de la parcelle, deux Zones d'Usages Contrôlés de 2.000 ha en tout seront installées. Ces dernières auront aussi une fonction de tampon pour mieux protéger la zone centrale.

    Aire d'Itampolo : l'Aire d'Itampolo resterait encore à définir. La population semblerait cependant très motivée pour protéger leurs ressources marines, notamment contre des plongeurs de concombres de mer.

    Les sous zones proposées au titre de zones de gestion : le récif frangeant entre la parcelle de Nosy Satrana et celle de Beheloka Nord sera proposé au titre de zone de gestion des ressources (1.500 ha). Au Nord le village de Maromena et au Sud le village de Befasy seront engagés dans ce processus qui leur permettra de mieux contrôler l'exploitation de certaines ressources clés pour leur mode de vie et leurs revenus.

    L'objectif primaire des zones de gestion n'est pas l'octroi d'un droit exclusif, mais l'application de règles durables valables pour tous et contrôlés par les communautés de base locales. Ainsi les deux villages gardent le contrôle sur l'évolution de leur récif.

    Le récif situé devant le village de Beheloka et comprenant deux passes sera proposé aussi comme zone de gestion pour la communauté de base de Beheloka. Il en est de même pour le récif frangeant directement devant le village d'Ambola pour la COBA d'Ambola (500 ha). Les zones de gestion comprennent généralement tout le transect de la ligne de plage jusqu'au piedmont de la pente externe de récif. Au Sud, le village de Lanivato bénéficiera d'une zone de gestion de récif frangeant sur environ 700 ha.

    3.1.2.2. Deuxième ébauche de zonage

    Dans la commune d'Androka, en 2009, les zones identifiées comme prioritaires pour la protection sont les récifs se situant dans la partie sud. Le plus prioritaire est le récif de Beakio à Fanambosa. Les Coraux durs, la diversité des poissons ainsi que la biomasse y sont exceptionnellement satisafaisantes. Berisitoaly devrait être aussi être considéré comme future APM vu que ce site présente une biomasse des poissons élevée.

    Les autres régions recommandées pour la protection incluent le récif d'Ambohibola, en particulier les sites d'Ambolafoty, Nosimbato et Tsilomaitata.

    51

    Nosimboro pourrait montrer aussi des améliorations dans la biodiversité et santé de récif s'il est protégé. Actuellement, le récif montre des signes de dégradation qui peut être dû à l'extraction des coraux pour les enterrements dans les villages proches.

    Dans la commune d'Itampolo et de Beheloke, des sites potentiels sont aussi proposés qui sont montrés par la figure 24.

    Tanevao

    BEHELOKE

    Maromalinike Ranolahy

    Ampasimagnora Ampiambaza

    Lovobato

    Belamiera

    Madrano

    Tambohoabo

    Tapikara Ankara

    ITAMPOLO

    Lavabe

    Ambatovakivaky

    Nosimboro

    Tsilomaitata

    ANDROKA

    Nosimbato

    Ambolafoty

    Ankara

    Nosy Manitse

    Rekitoto Berisitoale

    Beakio

    Figure 22: Deuxième ébauche de zonage en 2009

    52

    53

    3.2. Zonage définitif et aménagement de l'APM Nosy Ve-Androka

    Les séries de processus relatifs à la création font ressortir le zonage définitif et concerté ainsi que l'aménagement et la gestion de l'APM Nosy Ve-Androka.

    L'aire protégée marine Nosy Ve-Androka est une aire protégée en grappe de catégorie V, disposant de dix (10) noyaux durs de catégorie II, dont l'objectif principal de Madagascar National Parks est la mise en place d'un paysage harmonieux, géré principalement dans le but d'assurer la conservation des paysages à des fins récréatives (selon la classification de la législation nationale, laquelle est conforme à celle de l'Union Internationale de la Conservation de la Nature (UICN).

    Selon la Loi COAP, une Aire Protégée est constituée de deux zones, le Noyau Dur d'une part et la Zone Tampon d'autre part.

    Le Parc National Nosy Ve-Androka couvre une superficie de 92 080ha dont :

    28 820 ha des Noyaux Durs, soit 31% de la superficie totale ;

    63 260 ha des Zones Tampons, soit 69% de la surface totale.

    A l'extérieur du Parc, on distingue aussi deux sous zones, à savoir, les zones de protection et les zones périphériques.

    Les Noyaux Durs et les Zones Tampons sont séparées et forment des grappes

    entourées par ces zones périphériques.

    3.2.1. Noyau Dur

    Conformément aux articles 6 et 7 de la loi COAP du 11 février 2003 portant le code des AP, le Noyau Dur est une zone sanctuaire d'intérêt biologique, culturel ou cultuel, historique, esthétique, morphologique et archéologique, qui représente le périmètre de préservation intégrale. Toute activité, toute entrée et toute circulation sont strictement réglementées dans le Noyau Dur. C'est une zone qui n'est pas perturbée, renfermant des échantillons représentatifs des écosystèmes récifaux coralliens. Ce sont des habitats constituants des sites de nidification, des nurseries et des zones nourricières des tortues marines, de dugong, des poissons, des crustacées, des mollusques et des échinodermes. Les noyaux durs seront donc des zones de conservation stricte de l'APM.

    Il couvre une superficie de 28 820ha soit 31% de la superficie totale. L'APM Nosy Ve-Androka possède 10 parcelles de Noyaux Durs dont 3 dans la commune de Beheloke (Tanevao, Beimbo, Riapoha), 3 dans la commune d'Itampolo (Ambatobey, Lembeitake, Andrahava) et 4 dans la commune d'Androka (Nosimbato, Andralefe, Berisitoaly, Beakio).

    Les descriptions et les coordonnées géo référencées de chaque parcelle ainsi que sa superficie respective sont joints dans la partie annexe de ce mémoire (Annexe 12).

    54

    3.2.2. Zone Tampon

    La Zone Tampon est une zone jouxtant le Noyau Dur, dans laquelle les activités sont limitées pour assurer une meilleure protection de l'aire protégée.

    C'est une zone peu ou pas perturbée, renfermant des échantillons représentatifs des écosystèmes du littoral sud Toliara : récifs coralliens, des plages de sables. Elle est considérée comme zone assurant l'intégrité du Noyau Dur donc capable de résister aux actions humaines. C'est aussi une zone capable de recevoir tout aménagement nécessaire à la conservation et à la gestion durable de l'AP.

    Elle couvre 63 260 ha environ soit 69% de la superficie totale du Parc. Nosy Ve-Androka possède 8 parcelles des Zones Tampons dont 3 à Beheloke (Tanevao, Beimbo, Riapohe), 3 à Itampolo (Ambatobey, Lembeitake, Andrahava) et 2 à Androka (Nosimbato, Beakio). Les détails sur chaque parcelle sont joints en annexe (Annexe 13).

    3.2.3. Zone de Protection de l'Aire Protégée et ses alentours

    La Zone de Protection est la zone jouxtant l'aire protégée dans laquelle sont admises les activités de pêche, agricoles et pastorales ou d'autres types d'activités autorisées à titre exceptionnel et n'entraînant pas d'impact néfaste sur l'aire protégée. Elles sont constituées par la zone d'exploitation rationnelle et la zone de conservation des paysages naturels. La zone de Protection inclue les villages des pêcheurs riverains. Les détails sont figurés en annexe 12.

    Le zonage est montré par la figure 25.

    55

    Figure 23: Zonage de l'APM Nosy Ve Androka

    56

    3.3. Analyse des enjeux de gestion et de conservation 3.3.1. Valeur patrimoniale de la zone

    Les études préalables démontrent que la zone présente une valeur patrimoniale non négligeable. En effet, la richesse particulière des écosystèmes marins et côtiers de la zone et les bénéfices économiques qui en résultent sont reconnus même si des études et recherches devraient encore à poursuivre dans la région. Par ailleurs, nombreuses sont les populations locales dépendantes des ressources issues des écosystèmes marins et côtiers de la région, qui génèrent des revenus non seulement à l'échelle locale mais à l'échelle nationale également. Vue l'importance écologique et économique de la zone d'étude et les pressions d'origines anthropiques et naturelles qui s'y exercent, cette région est devenue une des priorités nationales de conservation. Ainsi, le système récifal de la zone joue donc un rôle essentiel tant au niveau écologique qu'économique.

    3.3.2. Valeur culturelle et traditionnelle

    Des zones taboues existent dans les espaces marins de la zone. Elles sont généralement connues et respectées par les communautés de pêcheur. La préservation de ces particularités culturelles et traditionnelles est facilement réalisable que l'on peut ajouter aux objectifs de la gestion.

    3.3.3. Surexploitations localisées des ressources

    Les études préalables nous permettent aussi d'affirmer que les techniques et moyens de production les plus utilisés dans la zone sont encore les plus archaïques: pirogue à balancier, pêche à pied ... Le rayon d'action des piroguiers étant très limité, il s'ensuit une surexploitation localisée des ressources.

    L'accès aux ressources plus rémunérant avec des moyens et des méthodes plus adéquats (embarcation à moteur, dispositif de concentration des poissons ...), associé à une meilleure évacuation des produits, aiderait à la préservation des ressources halieutiques de la région par une dérivation de l'effort de pêche.

    3.3.4. Réglementations existantes dans la zone

    Des projets de gestion durable des ressources marines ont été déjà mis en oeuvre par WWF dans la zone. En effet, des conventions sociales concernant la gestion durable des ressources marines « Dinandriake » existent dans chaque village.

    57

    3.3.5. Acquis

    La mise en place de l'APM a conforté à des acquis importants. Les points sensibles se portent sur :

    La compréhension du statut d'aire protégée marine et côtière à usage multiple par les communautés, avec les délimitations physiques et les activités de contrôle qui s'ensuivront. L'approche progressive permettrait de résoudre ce point.

    Les pêcheurs migrants, qui verront leur accès restreint aux ressources voire sous contrôle, pourraient se positionner en détracteurs de l'APM.

    Des répercussions sur la culture locale sont attendues, en particulier l'ouverture des sites rituels aux touristes doit être approfondie avec les communautés non seulement par respect de leurs traditions mais aussi pour maintenir leurs fonctions dans le tourisme.

    Comment sera conçu le partage équitable des bénéfices tirés de l'APM?

    3.3.6. Enjeux

    Pour que la gestion et la conservation de l'APM soit efficace, nous attirons particulièrement l'attention sur certains enjeux : d'un côté, les pôles de prise de décision des différentes structures qui socialement gèrent cette population littorale, car il faudrait les considérer pour une meilleure appropriation du système de Cogestion à mettre en place. D'autre côté, l'APM ne pourrait vraiment avoir des impacts que si des projets d'accompagnement ne seraient mis en oeuvre, sinon les menaces et pressions persisteraient. Aussi, il faudrait attribuer plus de participation et plus de responsabilité aux communautés face à l'ingérence de l'état.

    3.3.7. Analyse des acteurs

    La création de l'APM Nosy Ve-Androka est souhaitée par la plupart des acteurs et communautés, comme en témoignent les différentes initiatives de gestion et de protection de ressources naturelles et de sites des acteurs environnementaux. Il convient peut-être de souligner que, sous l'encadrement de SAGE et d'autres institutions telles que WWF ..., les transferts de gestion des lots forestiers dans les Communes rurales Beheloka et Itampolo ont été finis à terme. Le WWF a lancé depuis 2006 a lancé dans le projet « pêche durable ». La mise à niveau des connaissances et techniques d'exploitation des pêcheurs et la mise en place de comité de sensibilisation dans chaque village sont déjà initiées. Dans la zone, les pêcheurs disposent d'une assez bonne connaissance de la GDRN.

    58

    Cependant, les pêcheurs s'inquiètent sur certains aspects de la mise en place de l'APM, tels que l'interdiction de pêche dans leurs zones habituelles. Par conséquent, les pêcheurs demandent à être informés sur la mise en oeuvre du projet et le marquage des délimitations en pleine mer. Madagascar National Parks dispose d'une direction régionale basée à Toliara. La gestion de l'APM au niveau de ses composantes nationales sera assurée par cette institution. Les branches de l'université de Toliara, IHSM et Faculté des Sciences, disposent des capacités techniques pour la surveillance des aires centrales.

    3.3.8. Impacts de la mise en place de l'APM

    Les éventuels impacts positifs et négatifs de la mise en place de l'APM Nosy Ve-Androka sont présentés par le tableau 08.

    Tableau 08 : Eventuels impacts de la mise en place de l'APM Nosy Ve-Androka

    IMPACTS POSITIFS

    IMPACTS NEGATIFS

    Economie

    - Création d'emplois directs et amélioration du niveau de vie des populations, motivation à sortir du sous-développement, apport de devises et de revenus fiscaux et surtout la diversification des activités économiques

    - Limitation des zones d'exploitation et de production, hausse des prix pour les locaux

    Occupation des sols

    - Mise en valeur des terrains par la valorisation des plages et dunes pour le tourisme et construction d'hôtel.

    - Spéculation sur les terrains, perte de terroirs villageois, perte de systèmes traditionnels compromettant la cohésion sociale et conflits fonciers entre locaux et investisseurs

    Socio-culturels

    - Embellissement des villages - Amélioration des modes de vie, meilleure connaissance et valorisation des cultures, développement de la vie associative

    - Risques de conflit d'usage de l'espace marin entre les riverains et les immigrants pêcheurs, dérangement des systèmes de valeurs culturelles, exploitation sexuelle surtout pour les mineurs

    Education

    - Renforcement des capacités en technique de pêche, connaissance du milieu marin et côtier, construction des infrastructures scolaires par les financements obtenus

    - Travail lié au tourisme : un facteur démotivant pour l'éducation

    Vie et santé humaine

    - Aide aux cliniques des villages, amélioration de la sécurité en mer grâce au passage des bateaux touristiques

    - Rejets des hôtels dans la mer, expansion des maladies sexuellement transmissibles, risque d'accidents de plongée sous-marine

    Environnementaux

    - Conservation de la biodiversité marine et côtière, conservation des paysages naturels et écosystèmes, mise en valeur non-extractive de la biodiversité (récifs, mangroves, forêts)

    - Surexploitation dans certaines zones

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    CONCLUSION

    L'analyse de la situation économique et du contexte biologique forment des éléments pertinents dans la planification, le zonage et la mise en place de l'APM Nosy Ve-Androka. Les données et informations collectées lors de cette analyse servent aussi de base pour orienter les actions futures de conservation et de gestion des ressources marines.

    La base de la création de l'APM Nosy Ve-Androka est l'existence des ressources à préserver et à protéger avec ses utilisateurs que l'on devrait harmoniser. Les moyens de préservation, de conservation choisies ainsi que l'adoption du mode de gestion et le choix de la catégorie d'APM considèrent les paramètres socio-économiques et biologiques de la zone.

    La zone possède des potentialités en terme de biodiversité marine et ressources halieutiques. Des écosystèmes marins et côtiers y sont présents, entre autres les récifs coralliens. Les plages merveilleuses et les dunes de sable donnent une esthétique du paysage qui a donc un intérêt touristique. Cependant, les activités anthropiques : l'accroissement de la pêche par la poussée démographique, la cherté de la vie quotidienne, le manque de matériels adéquats (filet à mailles convenables, pirogue adaptée pour travailler plus au large etc. ), le non respect des lois sur la taille limite commercialisable, le manque d'information et d'éducation, le souci d'argent ; ont une incidence sur les ressources récifales et entraînent d'une façon évidente, directe ou non, la dégradation des récifs coralliens.

    L'action de conservation au niveau du récif est primordiale à cause de sa fragilité et de la difficulté de sa restauration ainsi que sa régénération trop lente. Le récif corallien est aussi essentiel pour la survie de plusieurs espèces marines.

    La mise en place de l'APM Nosy Ve-Androka est alors une nécessité face à cette situation. Elle est utile pour préserver et protéger les écosystèmes marins, un « capital bleu » qualifié comme « puit des ressources marines ». Trois types d'aménagement ont été définis dans le mode de gestion : des Noyaux Durs (zones à conservation stricte), des Zones Tampons constituées des zones de pêche réglementées, des Zones de Protection et périphériques constituées par un espace d'utilisation naturelle et des zones de conservation des paysages naturels.

    Le bon fonctionnement de la conservation nécessite une bonne gouvernance. La catégorie Parc National Marin de l'UICN et selon la loi COAP serait donc proposée comme statut de l'APM Nosy Ve-Androka. Vue la multiplicité des acteurs environnementaux et des acteurs de développement qui oeuvrent avec la population locale dans la région, la gestion collaborative est proposée comme type de gouvernance adaptée à l'APM.

    60

    RECOMMANDATIONS

    Les recommandations se portent sur les trois points suivants :

    - Education environnementale, la communication et l'information sur la gestion du PN Nosy Ve-Androka.

    La participation effective des pêcheurs sur la gestion et la consarvation de l'APM Nosy Ve-Androka dépend de la bonne compréhension des enjeux de gestion et des actions proposées. En effet, un programme d'éducation environnementale compréhensible à tous les acteurs devrait être élaboré pour une meilleure synergie et une circulation des informations environnementales. De ce fait, il devrait comprendre les composantes suivantes : la connaissance de base de l'écologie du système récifal, le rôle de chaque zone de l'AP, le concept de GIZC, la méthode d'éducation et de sensibilisation.

    - Les mesures d'accompagnement et intérêt pour le développement socio-économique. Les mesures consistent à : un développement des nouvelles techniques aquacoles, amélioration des pratiques agricoles et de l'élévage, génération d'emploi et développement des sources alternatives d'énergie, désenclavement culturel

    - Suivi et évaluation

    Les impacts de la création de l'APM notamment sur les écosystèmes visés par la conservation, et sur les écosystèmes affectés par les activités de développement, devront faire l'objet d'un suivi, dans le cadre du programme de surveillance et de suivi de l'APM.

    Des exemples d'indicateurs sont figurés dans l'Annexe 15.

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