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L'indépendance et l'impartialité des arbitres internationaux

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par Julie BOYELDIEU
Université de Nantes - Master II juriste trilingue 2011
  

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Section III - LE PROBLEME DE LA CORRUPTION EN ARBITRAGE INTERNATIONAL

167. Comme le montre cette étude, l'indépendance et l'impartialité sont garanties par différents moyens. Cependant, you cannot make people honest by Act of Parliament, comme le dit le proverbe anglais.110 Dans la pratique de l'arbitrage international, nous pouvons observer que ce domaine n'est pas à l'abri des dérives de la corruption. Même si les arbitres sont supposés être et rester impartiaux, en raison de la nature particulière de l'arbitrage, c'est-à-dire à part des procédures étatiques, et la limitation de l'intervention judiciaire dans les processus arbitraux peut ouvrir la voie à la corruption.

168. En effet, il serait plus facile pour les parties dans une justice privée de donner de l'argent ou des avantages à l'arbitre en échange d'une faveur lors de l'arbitrage. Dans certaines situations, le financement peut même venir d'argent public et dans ce cas, ce serait reconnu dans le monde entier comme contraire aux lois de police. Lorsque ce n'est pas le cas, la prohibition de la corruption dépendra de la loi applicable qui peut différer considérablement d'un système à un autre.

169. La corruption pure est souvent distinguée du trafic d'influence* qui peut être examiné de manière moins stricte dans de nombreux états111, comme la Suisse ou

109 Cour de Cassation, Civ. 1ère, 06 mai 2009, n° 08-10.281

110 [Vous ne pouvez pas rendre les gens honnêtes par un acte du Parlement], «The Reader's Digest Great Encyclopaedic Dictionary», Vol 3, 3rd Edn, March 1979, published by the reader's digest association.

111 Affaire CCI no. 7047 (1994), westacre v Jugoimport (1995) ASA Bull. 301.

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l'Angleterre. Dans d'autres états, ces concepts sont considérés de la même manière, comme en France où le trafic d'influence est prohibé et assimilé à de la corruption.112

170. La corruption peut concerner le contrat qui est la base de l'arbitrage, ou les procédures arbitrales. Dans notre étude, il est intéressant de se concentrer sur la corruption lors du déroulement de l'arbitrage, qui est manifestement une atteinte à l'indépendance et à l'impartialité de l'arbitre.

171. Lorsque l'on révise une sentence en raison de la corruption de l'arbitre, la question qui se pose alors est l'étendue du standard de preuve, qui dépendra de la loi applicable à la Cour qui révise la sentence.113 De plus, certaines règles institutionnelles ont réglé la question de la preuve, comme par exemple les Règles de l'IBA sur l'administration de la preuve dans l'arbitrage international114. Les tribunaux anglais exigent « un degré de probabilité proportionné à l'occasion » 115 et les systèmes civilistes européens exigent de même un standard de preuve élevé. Ainsi, il doit être mentionné que :

Dans l'arbitrage international, il est sensé d'imposer un standard de preuve à la partie qui soulève une défense basée sur une allégation de corruption. [...] Autrement, il serait simple d'une manière tentante pour le défendeur de soulever une allégation de corruption, sans preuve à l'appui, principalement dans le but de déplacer la charge de la preuve sur le demandeur et ainsi d'améliorer ses chances d'éviter l'obligation de paiement issues du contrat.116

172. Il faut relever que certaines institutions arbitrales mentionnent directement la corruption en tant que fondement d'une annulation de sentence.117 Lorsqu'il n'est pas possible d'annuler la sentence en raison de l'absence de compétence juridictionnelle d'un tribunal, la possibilité sera de refuser l'exécution de la sentence rendue par un arbitre corrompu sur le fondement de l'Ordre Public. Ainsi, la Convention de New York prévoit dans son article V :

« La reconnaissance et l'exécution d'une sentence arbitrale pourront aussi être refusées si l'autorité compétente du pays où la reconnaissance et l'exécution sont

112 Code Pénal français, Art. 433-1 and 433-2.

113 M.SCHERER, « Circumstantial evidence in corruption cases before international arbitral tribunals », International Arbitration Law Review, Vol 5, Issue 2, Sweet and Mawell. 2002,

114 IBA Rules on Taking of Evidence in International Commercial Arbitration, 1 June 1999, Article 9.1.

115 E.EVELEIGH, « Général Standards of Proof in Litigation and Arbitration Generally, 1994, 10 Arb Int 3, 334, cited in A.T. MARTIN, «International Arbitration and Corruption: an Evolving Standard», 20th Annual Institute for Transnational Arbitration, June, 2009, available at: http://www.timmartin.ca/qualifications/publications

116 Traduction par mes soins d'un extrait de J. ROSSEL and H. PRAGER, « Illicit Commissions and International Arbitration : The question of Proof », 1999, Arb Int Vol. 15, No 4 at p. 348, cited in A.T. MARTIN, «International Arbitration and Corruption: an Evolving Standard», op. cit. n° Erreur ! Signet non défini..

117 ICSID Convention, Article 52 (c), «that there was corruption on the part of a member of the Tribunal»

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requises constate [...] que la reconnaissance ou l'exécution de la sentence serait contraire à l'ordre public de ce pays »118

173. C'est ce que la Cour anglaise a statué par exemple dans l'affaire Soleymany v Soleymany119 où une sentence corrompue comme il apparaissait dans cette affaire directement, était contraire à l'Ordre Public anglais, même si elle était conforme à la loi juive applicable au contrat, et a pour cette raison refusé la reconnaissance et l'exécution de cette sentence. Néanmoins, la cour anglaise a refusé d'aller plus loin que la sentence, si la corruption alléguée n'est pas assez sérieuse pour être condamnée universellement.120

174. Un autre moyen de réviser une sentence semble s'appliquer devant les tribunaux des systèmes européens civilistes, comme la Cour d'Appel de Paris121 par exemple, qui réexamine tous les éléments légaux et factuels pour déterminer si la sentence doit être annulée pour des raisons d'ordre public. Cela peut même être étendu à un examen du contrat de base.

175. En outre, certains Etats ont adopté des provisions spéciales dans le but d'empêcher la corruption, comme l'Inde, avec une version modifiée de la Loi-Modèle CNUDCI.122 Selon cette version, « pour éviter le doute » et « sans limiter la généralité » des articles 34 et 36 (pour la Loi-Modèle), une sentence est contraire à l'ordre public si : « la prise de décision de la sentence a été induite ou affectée par de la fraude ou de la corruption ».

176. Cependant, si l'on s'intéresse un peu plus précisément à l'Inde, évidemment pas dans le but de pointer du doigt cet état en particulier, mais uniquement en tant qu'étude de cas, il apparait qu'il y a pratiquement beaucoup de corruption dans l'arbitrage.123 La pratique du Backchich, nom persan pour décrire la corruption, a malheureusement un impact sur l'arbitrage international mené en Inde exactement comme pour la justice d'état.

177. Le problème majeur vient de l'Arbitration and Conciliation Act 1996, qui prévoit que dans le cas d'une remise en cause de l'arbitre, « le tribunal arbitral devra décider sur la remise en cause »124, donnant ainsi le pouvoir à l'arbitrage de juger de son indépendance et ou de son impartialité.

118 Article V (3), Convention pour la reconnaissance et l'exécution des sentences arbitrales étrangères, New York, 10 juin 1958.

Convention on the Recognition and Enforcement of Foreign Arbitral Awards, New York, 10 June 1958, Article V.

119 Soleymany v Soleymany, 1999, QB 785.

120 Omnium De Traitement et de Valorisation S.A. v. Hilmarton Limited, [1999] 2 Lloyds Rep 222

121 CA Paris, 30 septembre 1993, European Gas Turbines SA v Westman International Ltd, (1994) Rev. Arb. 359

122 Arbitration and Conciliation Act 1996, article 48(2).

123 J. C. SETH, «Corruption and Miscarriage of Justice in Arbitration», Indian Council of Arbitration, Vol XLIX, January-March 2011, p. 17.

124 Arbitration and Conciliation Act 1996, Section 13 (3) and (4), Indian Bare Act, No.26 of 1996, 16 August 1996.

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178. M. Seth, avocat à la Cour Suprême Indienne, suggère une solution pour éviter un tel danger de corruption dans l'arbitrage. En fait, pour assurer aux parties que l'arbitre n'est pas « biaisé, corrompu ou indiscipliné », cela doit être un moyen de s'assurer que « les bonnes personnes sont nominées comme arbitre. » Dans cette fin, un panel d'arbitre doit être mis en place incluant uniquement des arbitres contrôlés et vérifiés, qui seraient mis sur une liste noire en cas de corruption.125

179. Finalement, de tels problèmes de corruption dans les procédures arbitrales ont mené à un évitement des clauses arbitrales, par peur d'une justice inéquitable rendue par l'arbitrage. C'est bien sur un danger réel pour la concurrence, en raison de la nécessité d'utiliser des clauses arbitrales pour être compétitif avec les autres contractants du marché.

180. Il faut espérer que les récents changements dans la conception de la Haute Cour indienne concernant la remise en cause d'un arbitre partiel126 vont pouvoir influer positivement sur les problèmes de corruption. Le succès de l'action du mouvement contre la corruption en Inde (« India Against Corruption »), qui combat la corruption, avec M. Anna Hazare à sa tête, a été à l'origine de la résolution récente du Parlement Indien de prendre des mesures contre la corruption, et semble être un pas considérable pour la guerre indienne contre la corruption.

125 J. C. SETH, «Corruption and Miscarriage of Justice in Arbitration», op. cit. n° Erreur ! Signet non défini., p. 18-19.

126 Indian High Court, 15 July 2009, cited in J. C. SETH, «Corruption and Miscarriage of Justice in Arbitration», op. cit. n° Erreur ! Signet non défini., p. 19.

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