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La persistance des sciences sociales coloniales en Afrique

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par Jean Barnabé MILALA LUNGALA
Université de Kinshasa RDC - Doctorat 2009
  

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Le constructivisme et le relativisme en sciences sociales

La tendance conventionnaliste a donné lieu au mouvement dit postmodernisme consécutif au relativisme qui s'est étendu dans le monde entier. « L'un des terrains fertiles de déploiement des thèmes postmodernistes est constitué, c'est Yves Bonny qui le rappelle, par les différentes aires régionales ayant historiquement formé l' « Autre » de l'Occident, qu'il s'agisse des pays dits du tiers-monde ou de ceux de l'ancien bloc communiste ».222(*) Et, « les versions latino-américaines du postmodernisme sont quant à elles fortement marquées par l'expérience du colonialisme d'abord, puis de l'hégémonie exercée par les Etats -Unis sur le continent ».223(*) C'est la question de la décolonisation intellectuelle.

Pour les tenants de cette pensée, l'enjeu est de réviser l'ensemble des discours qui fondent l'identité nationale, les récits de l'histoire, les canons de la littérature, avec comme cible centrale les programmes de l'enseignement scolaire et les manuels qui les accompagnent. Il s'agit sous la forme la plus mesurée de reconnaître les formes de racisme, de stigmatisation, de discrimination inscrites dans le passé national, notamment dans les manuels d'histoire, d'éliminer les préjugés, de célébrer la diversité et les différences, de favoriser une plus grande tolérance en faisant connaître les cultures et les religions qui composent le pays. 224(*)

Le mouvement multiculturel a atteint notre pays, la République Démocratique du Congo, sous plusieurs formes, notamment dans la reforme des programmes académiques. A la suite de PADEM (programme de modernisation de l'enseignement supérieur) en République Démocratique du Congo, il a été instauré un programme basé sur la thématique identitaire de Genre (les études féminines dont on a que faire à la faculté des Lettres et sciences humaines de l'Université de Kinshasa ) et aux Facultés protestantes de Kinshasa.

En Philosophie nous pensons qu'à cette suite , le programme académique doit tendre vers ce qu'on appelle aux Etats Unis et maintenant en France, les Lettres et Sciences ou le Ph.D, Philosophia Doctor, tel que nous tentons de le faire. Ceci est d'autant plus urgent pour imposer un dialogue entre notre philosophie on ne peut plus cloisonnée avec les sciences sociales et humaines particulières. Chaque tournant pragmatique des sciences sociales se pense avec la philosophie.

Par ailleurs,une épistémologie d'intégration doit viser à trancher des persistances contradictions dans ces positions épistémologiques. Ces contradictions actuelles se focalisent selon Jean De Munck sur deux tendances: « une théorie de connaissance (qui) se tend entre une version positiviste dure de la méthodologie, et la tendance déconstructive. (Par exemple) la philosophie morale se divise entre un néo-formalisme -utilitariste, libéral, néo-kantien- et des appels à l'authenticité personnelle ou aux traditions communautaires. La théorie sociale oscille entre de grandes constructions rationalistes et l'étude moléculaire des réseaux, des territoires, des styles de vie ».225(*)

Au point de vue pratique, Jean De Munck fait constater la «  persistance des contradictions : au moment où le libéralisme triomphant peut prétendre occuper tout le champ laissé libre par l'effondrement du communisme , sa figure inversée, sa négation systématique ont pris forme des esprits, dans les événements, dans les configurations culturelles ».226(*)

Et de conclure sans beaucoup de conviction : « notre monde est à la fois libéral et postmoderne. (Ils) s'appellent l'un et l'autre, « et leur constante inversion est l'aporie centrale de notre temps ».227(*) Il affirme le fait que  « la tendance déconstructive, fait ses 'adieux', ne voulant voir dans ces sciences que des constructions contingentes, dépendantes de lieux, d'histoires et de sombres stratégies de puissance ».228(*)

En effet ,« au moment où le formalisme d'une Raison économique et politique se redéploie à grande échelle, le postmodernisme démasque son irrationalité persistante, l'injustice qu'il génère, le mensonge qu'il véhicule et la violence qui le soutient. Au clivage de la guerre froide s'est substitué le nouveau grand partage : non plus les droits de l'Homme contre les droits collectifs ,mais les droits de l'Homme contre le droit à la différence ;non plus le marché contre l'Etat ,mais le marché contre les cultures ; non plus l'individu ,universel et abstrait ,contre le travailleur concret ,mais l'individu ,toujours universel ,toujours abstrait ,contre la diversité des visages ,le pluralisme des tributs ,la diffraction des valeurs ,des styles ,des convictions ».229(*) Jean De Munck projette ainsi de façon minimaliste un programme de révisitation de l'idée de la raison à travers la revue des modèles en sciences sociales.

En fait, la question est si délicate que, le particularisme est aussi la tentation qui nous ante encore nous africains ; en fait c'est serait un coup de maître de nous faire sortir du relativisme et de nous éviter la tentation d'y sombrer. Selon Renée Bouveresse, « le relativisme est aujourd'hui largement supporté par les sciences humaines, qui montrent facilement que chaque société, chaque culture, chaque groupe social, chaque homme même ont des cadres de pensée différents. En particulier, elles ont attiré l'attention sur le fait que chaque langue implique une vision du monde autonome. Whorf a poussé à la limite le relativisme linguistique en analysant l'emploi des temps dans la langue Hopi et en montrant qu'ils supposent une conception du monde totalement incompréhensible pour un Occidental ».230(*)

Aussi « il va de soi que, si l'on accepte toutes les conséquences de ce que Quine a appelé la « relativité ontologique », il n'y a plus de place pour le profil rationnel, puisque celui-ci suppose que l'on puisse communiquer, et tout remettre en cause ».231(*) Nous allons ici nous référer à Renée Bouveresse et tirer des extraits de son livre intitulé Karl Popper, ou, le rationalisme critique, critique du relativisme où il affirme le fait que « Hegel parait être le père du relativisme moderne, dans la mesure où la vérité était pour lui relative à chaque cadre culturel et historique : mais il affirmait en même temps, la vérité absolue de sa propre théorie »232(*). Dans ce contexte «la problématique avec Kuhn s'inscrit dans un combat philosophique de portée très générale : celui de la critique par Popper de la « maladie philosophique essentielle » du XX ème siècle : le relativisme ».233(*) C'est une maladie de notre temps. Il faut souligner le fait aussi que « Popper a examiné, poursuit Bouveresse, le « mythe du cadre de référence » qui est, selon lui, le support majeur du relativisme moderne, à la fois sous sa forme morale, et sous la forme intellectuelle dont la thèse de Kuhn est une illustration particulière. Il entend par là, la thèse selon laquelle on ne peut discuter ni même communiquer à moins d'avoir accepté de part et d'autre un certain nombre de postulats de base. Entre hommes se situant dans des « cadres » de références différents , aucun dialogue n'est vraiment possible , et si l'on peut changer de « cadre » c'est de façon irrationnelle , par un choix arbitraire.»234(*)

* 222Ibidem, p.62.

* 223Ibidem, p.62.

* 224Ibidem, p.81.

* 225 Jean de MUNCK, L'institution sociale de l'esprit, Puf, l'interrogation philosophique, Paris,1999,p.3.

* 226Ibidem , p.3.

* 227Ibidem, p.4.

* 228Ibidem.

* 229Ibidem, p.3.

* 230Ibidem, p.92.

* 231Ibidem.

* 232 René BOUVERESSE, Karl Popper, ou, le rationalisme critique, critique du relativisme, 2è édition, Vrin, 1998, p.92.

* 233Ibidem.

* 234Ibidem.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway