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La persistance des sciences sociales coloniales en Afrique

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par Jean Barnabé MILALA LUNGALA
Université de Kinshasa RDC - Doctorat 2009
  

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La théorie actionniste et constructiviste de Peter Berger

Peter Berger et Thomas Luckman ont mis ensemble un nombre impressionnant des traditions scientifiques pour en arriver à son approche de la construction sociale de la réalité à partir non de la structure comme chez les classiques comme Emile Durkheim ou Claude Lévi Strauss mais de l'acteur et de sa connaissance collective.

Peter Berger et Thomas Luckmann ont écris, dans le courant phénoménologique à la suite des précurseurs comme Rudolf Carnap, La construction logique du monde, en 1966, La construction sociale de la réalité, un livre devenu depuis un classique, en tout cas selon le dire de Danilo Martuccelli, qui en présente l'avant-propos dans l'édition de 2006 chez Armand Colin. Ce livre qui traite de la réalité quotidienne rejoint la réflexion de John Searle dans son livre, La construction de la réalité sociale, qui corrobore cette même réflexion déjà en 1969 avec un de ses livres dont l'autorité est restée quasiment intacte en philosophie du langage, Les actes du langage, essai de philosophie du langage qui est d'une grande importance dans le contexte des fondements de la connaissance.

Les concepts d'action et de sens sont au centre de la théorisation de Peter Berger. C'est « l'étude de la réalité au travers de processus cognitifs et pratiques, l'instituant comme réalité »725(*) chez Berger et Luckmann. « Ce qui anime d'un bout à l'autre l'ouvrage (la construction sociale de la réalité) est l'étude des processus cognitifs dynamiques par lesquels se produit et reproduit la vie sociale en fonction des interprétations et des connaissances socialement distribuées ».726(*) Ce sont des règles et des schèmes par lesquels la société est vécue, institutionnalisée, transmise et transformée par l'acteur. 

Le courant sociologique du constructivisme a pour pères fondateurs, Peter Berger et Thomas Luckmann et peut se comprendre « en une seule phrase lapidaire énonçant les fondements du constructionnisme sociologique (...): la société est une production humaine, la société est une réalité objective, l'homme est une production sociale et résumant en ces trois propositions en trois concepts : « extériorisation, objectivation, intériorisation ».727(*)

Par rapport à John Searle ,Peter Berger et Thomas Luckmann pensent que l'expression - non exempte d'ambiguïté - de « construction sociale de la réalité » qui fait partie d'une discussion nourrie chez le premier , ne vise pas à nier l'existence d'une réalité objective première(tout au plus ,leur arrive-t-il d'affirmer qu'ils mettent cette question entre parenthèses- c'est -à - dire ,qu'ils ne l'abordent pas vraiment dans leur travail ) mais souligne le fait que le regard doit se centrer sur des règles et schèmes par lesquels la société est vécue ,institutionnalisée ,transmise et transformée ».728(*) John Searle développe aussi la question qui est mise entre parenthèses.

B. La société et le sens

« La vie sociale repose sur des significations communes. »729(*) Pour Peter Berger et Luckmann le substrat constructif de la réalité sociale est l'univers commun de sens. Ainsi « sous l'influence de Durkheim et de Weber, la religion n'est pas un domaine particulier, mais se place au coeur de la réalité sociale ».730(*) Pour les deux auteurs, « il s'agit de prolonger l'intuition majeure des auteurs classiques pour qui la religion est une matrice de sens dans une société et prendre acte du fait que dans une société sécularisée et plurielle il existe une crise des significations et des mécanismes de légitimation, ce qui accentue l'interrogation de l'homme sur le sens ».731(*)

Ainsi, « la confrontation des univers symboliques est une donnée structurelle des sociétés modernes ».732(*) La centralité de la signification est bien relevante ici : « la vie sociale est toujours déjà là, et elle est toujours appréhendée comme une réalité ordonnée et significative. L'individu ne peut pas ne pas rencontrer cette réalité objectivité, déployé à travers une série d'objectivations qu'il véhicule, qui constituent ainsi à proprement parler l'univers symbolique dans lequel se déroule sa vie ».733(*) Autrement dit,  la vie sociale repose sur le partage d'un ensemble commun des connaissances, quotidiennes, renouvelées, assurant tout autant la continuité de l'ordre social que celle des identités personnelles.

En cas de crise, « cette même société « invente » aussi de nouvelles institutions de production et de transmission de sens. (...) Les institutions de sens opérant dans un marché ouvert et d'autres orientées vers des communautés spirituelles plus restreintes et souvent fermées (sectes, cultes divers et styles de vie très définis) ».734(*) Par exemple, « la modernité est le théâtre d'une série d'enclaves de sens qui coexistent plus ou moins pacifiquement entre elles, apaisant la crise ici ou là au niveau individuel, mais ne parvenant plus à asseoir la société sur un univers symbolique commun. »735(*) Toutefois, « la crise de sens spécifique à la modernité est amortie par un ensemble d'institutions intermédiaires- à mi-chemin entre l'individu (et le besoin de sens) et les anciens grands principes d'action sociétale. »736(*) Ainsi, « les individus ne sont nullement assaillis par l'angoisse ou le vide existentiel ; au contraire même, ils sont largement capables de gérer le pluralisme structurel auquel elle les confronte ».737(*)

Sur la question de la valeur, « l'individu opère dans un monde dans lequel il n'existe plus de valeurs communes orientant l'action dans toutes les sphères - autrement dit, il n'existe plus de réalité unique identique pour tous ».738(*) Ainsi,poursuivent-ils « la société s'organise autour de principes abstraits, à vocation avant tout instrumentale, auxquels tous les acteurs sont censés se plier, et ne générant que des normes visant à résoudre des problèmes éthiques spécifiques propres à certaines sphères d'activité (l' « éthique médicale », l' « éthique commerciale », etc.). Ces règles permettent aux individus d'organiser leur vie commune en faisant l'économie d'une morale globale partagée ».739(*)

* 725 Peter BERGER et Thomas LUCKMANN, op.cit., p.17.

* 726Ibidem, p.18.

* 727 Blandine DESTREMAU, Agnès DEBOULET, François IRETON, op.cit., p. 56.

* 728 Peter BERGER et Thomas LUCKMANN, Avant -propos de Danilo Martuccelli ,op.cit .,p.18.

* 729Ibidem, p.22.

* 730Ibidem, p.8.

* 731Ibidem, p.9.

* 732Ibidem, p.22.

* 733Ibidem, p.24.

* 734Ibidem, p.38.

* 735Ibidem, p.36.

* 736Ibidem.

* 737Ibidem.

* 738Ibidem.

* 739Ibidem, p.37.

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