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Impacts environnementaux des réfugiés autour des zones conflictuelles en Afrique de l'ouest

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par Abdoulaye DIALLO
Université Ouaga I Pr Zoseph KI-ZERBO - Master II recherche (Gestion des Ressources Naturelles) 2015
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU

UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE

EN SCIENCES HUMAINES

MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE BURKINA FASO

ET SUPERIEUR Unité-Progrès-Justice

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

MEMOIRE DE MASTER DE RECHERCHE

OPTION : GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES
REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE
L'OUEST

PRESENTE PAR
DIALLO Abdoulaye
Sous la Direction de :

DA Dapola Evariste Constant

Professeur titulaire

Année académique

2014-2015

A mon père et à ma mère, vous avez aimé la terre et vous continuez de l'aimer. Vous m'avez appris qu'aucune protection n'est aussi humanitaire que celle consacrée à l'environnement. Ce travail est le vôtre.

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i

REMERCIEMENTS

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

ii

Si ce mémoire avait été une expérience aussi solitaire qu'elle a parfois semblé, elle n'aurait jamais pu être terminée. Elle a été un parcours chargé à travers lequel nous avons beaucoup reçu, appris et changé. Je tiens à remercier tous ceux qui m'ont apporté leur aide sur ce chemin.

Nous sommes reconnaissants au Professeur DA Dapola Evariste Constant, Directeur de mémoire, d'avoir créé les conditions de sa réalisation. Merci au département de Géographie et à tout le corps enseignant pour l'encadrement et les conseils reçus depuis la première année.

Nous adressons une mention spéciale aux docteurs KABORE Oumar de l'INERA et YANOGO Isidore du département de Géographie à Koudougou pour leur relecture critique de l'ouvrage. Aux ambassades de la Côte d'Ivoire et du Ghana au Burkina Faso pour les informations mises à notre disposition.

Nos remerciements vont également à nos proches dont la présence et le soutien nous ont assuré un équilibre certain, indispensable au bon déroulement de nos recherches. Et nous présentons nos excuses à tous ce que nous oublions de remercier dans la course épuisante pour terminer ce document.

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

III

SOMMAIRE

DEDICACE i

REMERCIEMENTS ii

SOMMAIRE iii

RESUME .iv

SIGLES ET ABREVIATIONS v

INTRODUCTION GENERALE : 1

PREMIERE PARTIE : LE CADRE THEORIQUE ET LA METHODOLOGIE DE

L'ETUDE 4

Chapitre I : Cadre théorique et présentation de la zone d'étude 5

Chapitre II : Méthodologie de l'étude 24

DEUXIEME PARTIE : LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES DE

CONFLITS EN AFRIQUE DE L'OUEST 27

Chapitre III : Conditions d'installation et modes de vie des réfugiés dans trois pays ouest

africains : la Guinée Conakry, le Ghana et le Burkina Faso 28

Chapitre IV : Les impacts environnementaux des réfugiés de conflits en Afrique de

l'Ouest 52

Chapitre V : Aspects positifs liés à la présence de réfugiés et perspectives face aux impacts

environnementaux de ces populations en Afrique de l'Ouest 70

CONCLUSION GENERALE 79

BIBLIOGRAPHIE 81

LISTE DES ILLUSTRATIONS 89

TABLE DES MATIERES 91

RESUME

La focalisation médiatique de l'Afrique ces dernières décennies témoigne malheureusement de l'existence de tragédies et de crises à répétition. Les conflits, latents ou ouverts qui touchent l'Afrique de l'Ouest exercent des mouvements de populations dans les deux sens. Les réfugiés de conflits, en quête de refuges, représentent parfois un lourd fardeau pour les écosystèmes des pays d'accueil (VAN HAUWAERT W, 1992).

Cette étude a pour objectif d'analyser les impacts spatiaux et temporels des réfugiés de conflits sur les ressources naturelles renouvelables et humaines en Afrique de l'Ouest. Il s'agira surtout de montrer la part de responsabilité des réfugiés dans la dégradation de ces ressources à travers une comparaison des modes de vie et des pratiques agro-pastorales des immigrants à celles des populations autochtones. Et dans le cadre du présent travail, une collecte d'informations basée sur l'exploitation de données secondaires a permis de déceler des variables d'étude puis d'orienter les recherches vers une documentation spécifique et de synthétiser les résultats qui ont été discutés.

Il ressort de l'examen des différents ouvrages que les liens étroits qui existent entre les causes et les conséquences environnementales de la présence de réfugiés constituent un argument irréfutable qui justifie leurs évaluations. En effet, la dégradation du cadre de vie au niveau des sites d'accueil a un impact majeur sur le bien-être des personnes vivant à proximité, qu'il s'agisse de réfugiés, de rapatriés ou de membres de la population locale.

MOTS-CLES : Afrique de l'Ouest, Ressources Naturelles renouvelables, dégradation, réfugiés.

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'O

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

V

SIGLES ET ABREVIATIONS

APD Aide Publique au Développement

ACC Accra

CCD Convention to Combat Desertification

CEDEAO Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CICR Comité International de la Croix Rouge

CILSS Comité Permanent Inter-Etats de lutte contre la Sécheresse au Sahel

CINU Centre d'Instruction des Nations Unies

CRG Croix Rouge Guinéenne

CSAO Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest

FAO Fonds des Nations-Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation

FCFA Fonds Français pour l'Environnement

Ffem Fonds Français pour l'Environnement Mondial

FIDA Fonds International de Développement Agricole

Ghanaian Times Presse écrite ghanéenne occupant la deuxième place à Accra

GIS Ghana Immigration Service

GRB Ghana Refugee Board

GTZ Gesellschaft fur Technische Zusammenarbeit

Horoya quotidien national et journal officiel du gouvernement à Conakry

IDE Investissements Directs Etrangers

IRD (ex ORSTOM) Institut de Recherche et de Développement

INSD Institut National de la Statistique et de la Démographie

MSF Médecins Sans Frontières

MSP Ministère de la Santé Publique

NMP National Mobilization Program

NPFL National Patriotic Front of Libéria

OIM Organisation Internationale des Migrations

ONG Organisation Non Gouvernementale

ONU Organisation des Nations Unies

OUA Organisation de l'Union Africaine

OXFAM Oxford Commitee for Famine Relief (1942)

PAM Programme Alimentaire Mondial

PIB Produit Intérieur Brut

PMA Pays les Moins Avancés

PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement

PNUE Programme des Nations Unies pour l'Environnement

Sida Agence Suédoise de Coopération Internationale pour le

Développement

SIG Système d'Information Géographique

SPAI Sous-Produit Agro-Industriel

UBT Unité de Bétail Tropical

UICN Union Internationale de la Conservation de la Nature

ULIMO United Liberation Movement of Liberia for Democracy

UMA Union Maghreb Arabe

UNHCR Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés

VESCOL Veteran Child Soldiers of Liberia

VSF Vétérinaires Sans Frontières

WRS World Refugee Survey

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vi

INTRODUCTION GENERALE

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

1

Le rapport d'activité du CICR (Comité International de la Croix Rouge), volume 51, 1969 montre que le monde a assisté à des changements spectaculaires sur de nombreux fronts : politique, économique et social. Par contre, les conséquences des conflits armés n'ont hélas pas changé. Entre 1960 et 2005, les conflits armés interétatiques ont fait environ 6.6 millions de morts dans le monde. En juin 2013, l'ONU a publié ses dernières statistiques relevant que le nombre de personnes déracinées de leurs foyers par les conflits s'élevaient à 45.2 millions. L'immense majorité de ces migrations forcées a lieu dans les pays dits « du Sud », notamment en Afrique où leur prise en charge n'est pas une priorité pour les pays d'accueil (BLACK R, 2001).

L'Afrique compte un tiers des réfugiés recensés sur la planète, abstraction faite des « déplacés » qui n'ont pas franchi de frontières internationales. Les migrations forcées de ce type ont pris tant d'importance qu'elles ont pu devenir des éléments de structuration du champ politique, économique et social sur le continent (CORDELL D.D, 2002). La vulnérabilité géographique, l'immensité territoriale, les richesses naturelles et minières abondantes ont fait de l'Afrique un terrain plus favorable à la production de réfugiés que tout autre continent de la planète.

A l'instar d'autres régions du continent, l'Afrique de l'Ouest compte environ 884 000 personnes relevant de la compétence du HCR (rapport global UNHCR, 2012). Privés de protection originelle de leurs Etats, ces réfugiés espèrent, grâce à l'internationalisation des droits de l'homme trouver une seconde patrie de survie et voir leur calvaire prendre fin. La grande majorité des réfugiés de la sous-région est regroupée dans les camps du HCR qui présentent des aspects et des tailles variables en fonction de l'origine des migrants, des conditions environnementales et du volume de l'aide. (AGIER M, 2008) rappelle que les camps sont autant un outil d'aide que de contrôle pour les acteurs humanitaires car très souvent, les réfugiés sont considérés comme corrupteurs, impurs et dangereux. Ils sont gardés dans les camps afin de ne pas déséquilibrer l'environnement, l'économie nationale et la culture « unique » du pays d'accueil (LEACH M, 1995). Les réfugiés peuvent autant être un « fardeau », selon une expression employée de façon récurrente par le HCR et les Etats, qu'une valeur ajoutée pour leurs hôtes. Ainsi, les géographes ont rappelé l'hétérogénéité sociale de certains réfugiés, observant qu'avec davantage de capital économique et social, ils pouvaient

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

2

s'appuyer sur leurs compatriotes pour développer avec succès des projets agricoles (BASCOM J, 1998).

Aujourd'hui, l'impact de l'humanité sur son environnement est probablement la question la plus importante à laquelle nous ayons à répondre. Bien qu'à court terme, cette question puisse paraître triviale, elle peut être décisive sur le long terme. Selon JACOBSEN.K (1997), les thèmes sur l'environnement peuvent être abordés suivants quatre angles : problématique ; systèmes de production et environnement ; santé et environnement ; ville, espace de vie et environnement. De même, du fait de leur caractère transversal, les problèmes environnementaux ne peuvent pas être traités de manière isolée. En effet, les directives en matière d'environnement qui se rapportent à un secteur donné doivent être suivies en tenant compte de celles établies pour les autres secteurs. Les questions liées à l'environnement doivent être abordées dans une perspective globale tout en précisant les contextes : temporel, spatial et culturel dans lesquels elles s'insèrent. Une approche sectorielle sépare souvent les causes des effets et ne prend pas en compte les interactions entre les différentes composantes environnementales (PNUE/HCR, 2000). Toutefois, sans remettre en cause ces directives infaillibles et enrichissantes, notre étude traite du milieu physique et humain, particulièrement les impacts directs des réfugiés sur les ressources naturelles renouvelables (le bois, la faune, l'eau et les pâturages) avec une exploration de quelques problèmes de santé, d'hygiène, sociaux et d'érosion du sol dus à la présence des réfugiés. De façon spécifique, il sera question dans ce mémoire, d'analyser les effets générés par la présence des réfugiés de conflits sur les milieux biophysique et humain en Afrique de l'Ouest. Et pour une meilleure analyse de l'étude, c'est l'environnement défini comme l'ensemble des ressources naturelles et humaines dont la conservation est primordiale à moyen et long termes qui sera le cadre d'investigation de notre travail.

En outre, la volonté de consacrer ce mémoire à l'analyse des travaux menés sur l'impact des réfugiés de conflits sur les ressources naturelles renouvelables et humaines se veut une contribution à la mise en lumière des effets néfastes des concentrations rapides de populations sur les écosystèmes et les sociétés ouest africaines. Et l'impact environnemental des réfugiés se produisant dans un « territoire » donné, « territoire » qui permet à un individu ou à un groupe d'affirmer son identité et de poser des actes d'existence identifiables et localisables, le géographe a son mot à dire dans cette étude.

Afin d'illustrer efficacement la problématique formulée, l'identification de trois pays ouest africains accueillant ces populations de longues dates a été nécessaire : la Guinée

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3

Conakry, le Ghana et le Burkina Faso. Dans ces trois pays, il sera question de présenter l'état des lieux fait par certains chercheurs sur le thème abordé. Et à partir de cet état des lieux, il sera plus aisé d'analyser l'impact de ces réfugiés sur les ressources naturelles renouvelables et les communautés hôtes.

Ce présent document qui fait la synthèse de la revue de littérature exploitée est scindé en deux parties. La première pose la problématique du thème, expose la méthodologie adoptée pour appréhender la question et présente l'Afrique de l'Ouest. La seconde plus critique, accorde une place de choix à l'analyse des travaux déjà réalisés sur le sujet.

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

4

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

PREMIERE PARTIE : LE CADRE THEORIQUE ET
LES CARACTERISTIQUES DE L'ENVIRONNEMENT

 

PHYSIQUE ET HUMAIN EN AFRIQUE DE L'OUEST

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Cette première partie aborde la problématique de la dégradation des ressources naturelles renouvelables et humaines par les réfugiés de conflits à une échelle micro régionale des sites d'accueil, présente l'Afrique de l'Ouest et expose la méthodologie d'étude du mémoire.

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

5

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE

I-1 PROBLEMATIQUE

L'Afrique de l'Ouest comprend l'ensemble des pays de l'espace CEDEAO (15 pays), auquel, compte tenu des liens historiques, géographiques et culturels a été adjoint la Mauritanie qui a quitté l'organisation en 1999 pour l'Union du Maghreb Arabe (UMA). A l'horizon 2030, l'Afrique de l'Ouest comptera 480 millions d'habitants répartis sur une superficie 7.800.000 km2 soit 1/5e du continent africain (CSAO/SWAC, 2007). Cela représente d'énormes défis à relever pour ces pays au regard de la forte jeunesse de la population (65%), de la recrudescence des conflits armés et de l'insécurité dans la sous-région. Ces conflits impliquent des coûts socio-économiques importants et surtout des mouvements de populations au-delà des limites territoriales. Cette affluence à travers les frontières est favorisée en grande partie par les liens culturels et les relations d'affinités linguistiques et ethniques que les populations ouest africaines entretiennent. Et très souvent, ces réfugiés arrivent à s'installer sans grande difficulté avant l'arrivée des ONG humanitaires. Toutefois, cette augmentation spontanée de populations, même de courtes durées dans certains cas constitue un risque de détérioration de l'environnement car les intérêts et priorités des populations autochtones et des nouveaux arrivants sont souvent divergents. En effet, selon les recherches de BLACK R et SESSAY M, (1995) ; BLACK R et LASSAILLY-JACOB V, (1996) ; JACOBSEN K, (1997) ; GIBERT F, (2009) ; SIMON-LORIERE H, (2013) ; BARRY S et al, (2013) ; consacrées aux zones d'accueil de réfugiés en Guinée, au Sénégal, au Libéria, au Ghana et au Burkina Faso : les ressources fauniques, végétales et hydriques environnant les sites d'accueil de réfugiés sont souvent dégradées. De plus, le déplacement ayant globalement tendance à s'allonger dans la durée, la population a besoin de mener des activités dans la région d'accueil dont l'équilibre socio-économique et surtout écologique peut être complètement dévasté. Ainsi, à l'heure où la région ouest africaine doit nourrir, loger, soigner, former une population en forte croissance, où elle doit s'insérer dans une mondialisation multipolaire, où elle fait face à la résurgence de conflits et à l'apparition de crises de types nouveaux, où les migrations forcées s'affichent à la une des médias, où les écosystèmes sont dans l'impasse, la question sur le devenir des ressources naturelles et humaines, sur son capital de développement dans certains pays est primordiale et d'actualité (OCDE, 2009). Et dans ce cadre, nous proposons de réfléchir sur le thème : « impacts environnementaux des réfugiés autour des zones conflictuelles en Afrique de l'Ouest ».

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

6

Le choix de ce thème s'appuie également sur quelques indicateurs écologiques qui révèlent la dégradation progressive des ressources naturelles en Afrique de l'Ouest car soumises à un climat instable (pluies violentes, fortes chaleurs) et à une pression anthropique croissante. Parmi ces ressources, l'eau, la végétation et la faune sauvage méritent notre attention parce qu'elles jouent un rôle essentiel dans l'équilibre écologique du milieu et suscitent un grand intérêt socio-économique pour les populations riveraines (UICN, 2012).

Ainsi, à l'issue de cette problématique, un certain nombre de questions s'imposent à

nous :

Quelles sont la nature et l'ampleur de la dégradation des ressources naturelles renouvelables autour des sites d'accueil de réfugiés?

- Quelle est la part de responsabilité des réfugiés de conflits dans la dégradation de ces ressources ?

- Quelles sont les conséquences à long terme de l'installation des réfugiés sur les communautés et pays hôtes ?

I-2 : CADRE LOGIQUE ET CLARIFICATION DES CONCEPTS

Le cadre logique de l'étude fait la relation entre trois hypothèses (principale et secondaires) et trois objectifs (générale et spécifiques). Et à partir des hypothèses, des variables et indicateurs ont été retenues.

I-2-1 : CADRE OPERATOIRE

LES HYPOTHESES DE RECHERCHE

L'hypothèse principale de cette étude soutient que dans les zones péri-urbaines et dans les campagnes ouest-africaines qui accueillent les réfugiés de conflits, les écosystèmes et les populations locales subissent de forts désagréments. De cette hypothèse principale, deux hypothèses secondaires sont définies :

-les réfugiés de conflits ont un impact sur l'environnement particulièrement sur les ressources naturelles renouvelables au plan local ;

-le séjour prolongé de ces réfugiés peut perturber la cohésion sociale dans les pays

hôtes.

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7

LES OBJECTIFS D'ETUDE

L'objectif général de notre étude consiste à montrer que les ressources naturelles et humaines jouxtant les sites d'accueil de réfugiés sont en proie à de fortes mutations et souvent dans un équilibre précaire. De cet objectif général, découlent deux objectifs spécifiques :

-évaluer les incidences des réfugiés de conflits sur la dynamique des ressources naturelles renouvelables localisées dans les zones d'installation des populations en détresse;

-analyser l'impact humain induit par une longue présence des réfugiés dans les zones d'accueil.

LES VARIABLES ET INDICATEURS DE L'ETUDE

Afin de bien tester nos hypothèses formulées dans le cadre de cette étude, le choix de variables et d'indicateurs est utile. Les variables sont des composantes qui permettent de confirmer ou infirmer les hypothèses formulées. Quant aux indicateurs, ils permettent de mesurer et d'évaluer les variables. Dans l'objectif d'évaluer les effets induits par la présence de réfugiés sur les milieux biophysique en Afrique de l'Ouest, les variables suivantes ont été retenues : les ressources végétales, fauniques et pédologiques, le niveau d'assainissement et la géomorphologie du site d'accueil. Les indicateurs utilisés pour tester ces variables sont : les superficies emblavées et les traces d'émondage, le braconnage des herbivores, le taux d'assainissement, la pente et la qualité du sol abritant le site.

En quoi la surveillance et la sensibilisation des réfugiés sont-elles nécessaires dans la pérennisation des ressources naturelles et la sécurité des régions d'accueil ? Quelle est la portée du rapatriement tardif des réfugiés sur la vitalité des ressources naturelles biotiques et partant de la paix sociale dans les pays hôtes ? Quelle place ces ressources naturelles renouvelables occupent dans la vie socio-économique des populations riveraines ? Ainsi, la réduction des forêts, la population, le surpâturage, la délinquance, les conflits potentiels au sein des réfugiés et avec les autochtones des lieux sont les variables retenues qui ont permis de répondre à ces interrogations. Comme indicateurs permettant d'apprécier l'ampleur de la dégradation des ressources naturelles et les risques de conflits entre les différentes populations, nous avons recensés : l'érosion des sols, l'amenuisement des surfaces pastorales et effectif des animaux, l'effectif de la population, le nombre d'installations sociales de base dans les sites d'accueil, frustration et accessibilité aux ressources disponibles par les différentes populations.

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GRILLE DU CADRE LOGIQUE

Sur la base des hypothèses et des objectifs spécifiques, des variables et des indicateurs retenus, il est possible d'élaborer le cadre opératoire qui a sous tendu cette revue de littérature. Celui-ci est présenté sous forme de tableau en quatre colonnes.

Tableau 1 : cadre opératoire

HYPOTHESES

OBJECTIFS

VARIABLES

INDICATEURS

Les réfugiés de

Evaluer la

Les ressources

Les superficies

conflits ont un

responsabilité des

végétales, fauniques

emblavées et la

impact sur les

réfugiés dans la

et pédologiques, le

présence d'arbres

ressources naturelles

dégradation des

niveau

émondés, le

renouvelables autour

ressources naturelles

d'assainissement et

braconnage des

des sites d'accueil en

renouvelables.

la géomorphologie

herbivores, Le taux

Afrique de l'Ouest.

 

du site d'accueil.

d'assainissement, la

pente et la qualité du sol abritant le site.

L'installation

prolongée des
réfugiés a un impact

Mettre en lumière les
effets imputables au
séjour prolongé des

La réduction des

forêts, la population,

le surpâturage, la

L'érosion des sols,

l'amenuisement des
surfaces pastorales et

significatif sur les

populations et la

réfugiés de conflits

dans les pays hôtes.

délinquance, les

conflits potentiels au

effectif des animaux,

l'effectif de la

cohésion sociale des

 

sein des réfugiés et

population, le

pays hôtes.

 

avec les autochtones.

nombre

d'installations

sociales de base dans

les sites d'accueil,

frustration et taux

d'accessibilité aux
ressources

disponibles par les
différentes

populations.

Le cadre opératoire pour cette étude est résumé par le tableau ci-dessus. Les relations sont faites entre les hypothèses, les objectifs, les variables et les indicateurs de l'étude.

Suite à l'élaboration de cette problématique, de la formulation des hypothèses, des objectifs et de l'identification des variables et indicateurs, nous allons clarifier les différents concepts utilisés dans ce mémoire.

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I-2-2 CLARIFICATION DES CONCEPTS

Sachant qu'il y a une abondante littérature en lien avec la dégradation des ressources naturelles, les conflits armés et les réfugiés en Afrique de l'Ouest, il est nécessaire que les principaux mots clés et certains concepts qui ont été utilisés dans le cadre de ce travail soient identifiés et clarifiés.

ABIOTIQUE : d'après le dictionnaire encyclopédique des sciences de la nature et de la biodiversité, édition DUNOD, 2008, abiotique désigne un facteur écologique, un phénomène ou un processus de nature et d'origine strictement physico-chimique, donc indépendant des êtres vivants. Selon le dictionnaire, le nouveau petit Robert (2010), abiotique veut dire là où la vie est absente, impossible. Dans cette étude, abiotique signifie, absence totale de vie quel que soit le milieu.

ANTHROPOECOSYSTEMES : ce terme est composé de deux mots dont anthropo qui veut dire homme selon le dictionnaire le nouveau petit Robert (1994) et écosystème qui signifie d'après le même document, l'ensemble des êtres vivants et des éléments non vivants d'un milieu naturel aux nombreuses interactions. Dans le cadre de cette étude, nous retiendrons que ce terme correspond à un écosystème façonné et mise en place par l'homme dont les interactions entre biotope et biocénose dépendent fortement des actions anthropiques.

APATRIDE : selon le grand Larousse illustré 2016, ce mot veut dire sans nationalité légale. D'après le dictionnaire Hachette (2008), un apatride est une personne sans patrie et nationalité. Dans cette étude, nous retiendrons que l'apatride est un étranger privé des droits que les lois nationaux réservent aux locaux, soit parce qu'ils n'a pas de nationalité, soit qu'il la perdue.

BIOCENOSE : selon le dictionnaire critique « les mots de la Géographie », édition GIP RECLUS 1992, la biocénose est l'ensemble des êtres vivants d'un biotope ou d'une station donnée. D'après le dictionnaire Hachette (2013), biocénose est l'ensemble des êtres vivants en équilibre biologique. De notre compréhension, la biocénose est l'ensemble des populations humaines, des animaux, des plantes et des micro-organismes dans un environnement de vie acceptable.

BIODIVERSITE : selon l'Atlas de la biodiversité en Afrique de l'Ouest (Tome II, 2010), biodiversité veut dire la variété et la variabilité des organismes vivants de la planète et de leurs interactions. Elle englobe de ce fait tous les niveaux d'expression de la variation des êtres vivants, des gênes aux écosystèmes en passant par les communautés. Et selon le

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10

dictionnaire de Géographie, Hatier 2008 (4è édition), la biodiversité représente la richesse et la variété des espèces animales et végétales. Nous retiendrons de toutes ces définitions que la biodiversité regroupe l'ensemble des êtres vivants avec leurs différentes variétés dans un milieu donné, qu'il soit naturel ou artificiel.

BIOTIQUE : selon le dictionnaire encyclopédique des sciences de la nature et de la biodiversité, édition DUNOD, 2008, biotique veut dire qui est propre à la vie ; ensemble des paramètres propre à l'environnement dans un milieu donné. D'après le petit Larousse en couleurs (1991), biotique veut dire qui concerne la vie et permet son développement. Dans le cadre de cette étude, biotique est l'ensemble des conditions naturels et physiologiques nécessaires au développement de la vie.

CONFLITS : selon le dictionnaire critique « les mots de la Géographie », édition GIP RECLUS 1992, conflit veut dire choc, affrontement, battre. Et d'après le dictionnaire le nouveau petit Robert (2010), un conflit est une lutte, un combat. C'est une rencontre d'éléments, de sentiments contraires, qui s'opposent (antagonisme, conflagration, discorde, lutte, opposition, tiraillement). Est également une contestation entre deux puissances qui se disputent un droit. L'étude retient que conflit veut dire opposition, mésentente et souvent affrontement entre individus ou encore entre Etats. De même, le terme conflit se distingue de celui de crise en ce qu'il implique une opposition entre différents types d'acteurs alors que la crise qualifie une situation de désordre, laquelle peut ou non déboucher sur un conflit. Les deux concepts sont néanmoins proches dans la mesure où les crises peuvent conduire aux conflits de même que les conflits sont sources de crises. Ainsi, une crise humanitaire est souvent la conséquence d'un conflit armé et elle peut aussi provoquer en retour des conflits, suite à des déplacements de populations par exemple (TARDY T, 2009).

CONFLITS ARMES INTERNES : ce sont des conflits qui se déroulent à l'intérieur d'un Etat et qui se sont exacerbés par « l'ethnisme » c'est-à-dire la manipulation d'identités initialement secondaires et composites, qui, chauffées au rouge génèrent des clivages radicaux servant d'explications fallacieuses (LAISSAILLY-JACOB V et MARCHAL J-Y, 1997). L'étude s'inscrit dans cette définition tout en privilégiant les causes économiques d'un tel conflit.

CONFLIT INTERCONFESSIONNEL : ce conflit procède de la même logique : du fait de la laïcité de l'Etat qui prône la tolérance, la cohabitation interconfessionnelle musulmans-chrétiens ou la coexistence pacifique entre les populations d'un même pays (QUESNEL A, 1997). L'étude épouse cette vision en mettant l'accent sur les classes sociales.

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DEPLACES « INTERNES » sont aussi appelés « REFUGIES DE L'INTERIEUR ». Cette catégorie rassemble tous ceux qui, fuyant la violence, survivent par eux-mêmes en « déplacés » dans leurs propres pays, trouvant refuge dans les villes ou dans les régions isolées de leur pays (UNHCR, 1997). Selon l'ONU, les personnes déplacées fuient une menace ou une situation dans laquelle leur existence ou leurs droits sont bafoués. D'après le dictionnaire critique « les mots de la Géographie », édition GIP RECLUS 1992, le déplacé est une personne qui sort indument de son rang social, ou des convenances. C'est aussi une personne qui subit une migration forcée en cas de danger. Pour notre part, le déplacé « interne » est un citoyen qui fuit des répercussions politiques ou claniques d'une région précise pour se réfugier dans une autre localité de son pays.

ECOSYSTEME : selon l'Atlas de la biodiversité en Afrique de l'Ouest (Tome II, 2010), l'écosystème est une communauté d'êtres vivants (la biocénose) et son environnement géologique, pédologique, hydrologique et atmosphérique (le biotope). D'après le dictionnaire critique « les mots de la Géographie », édition GIP RECLUS 1992, un écosystème est un système localisé d'êtres vivants et de leur milieu de vie. Il inclut la matière vivante, les chaînes alimentaires, l'habitat de l'espèce ou du groupe. Dans le cadre de notre étude, nous disons que l'écosystème est l'ensemble des êtres vivants et leurs milieux de vie dans une entité géographique donnée.

ELEVAGE : d'après le dictionnaire le petit Larousse en couleurs (1991), ce terme représente l'action d'élever et d'entretenir des animaux d'une même espèce dans une exploitation agricole, piscicole, etc. Et selon le dictionnaire critique « les mots de la Géographie », édition GIP RECLUS 1992, élevage veut dire production d'animaux domestiques ou captifs, entretien de troupeaux en vue d'un produit ou d'un profit. Nous retiendrons que, c'est l'ensemble des techniques permettant de faire naître, de veiller au développement, à l'entretien et à la reproduction d'animaux terrestres ou aquatiques.

ENVIRONNEMENT : selon le dictionnaire de Géographie, Hatier 2008 (4è édition), l'environnement est tout ce qui entoure un groupe humain. Il est considéré en général comme l'environnement dans la manière dont il peut influencer le comportement des hommes par ses potentialités et ses contraintes qu'il leur impose. D'après le dictionnaire critique « les mots de la Géographie », édition GIP RECLUS 1992, l'environnement est ce qui nous environne et, de ce fait, agit plus ou moins sur nous ; tourner autour. Dans cette étude, nous retiendrons que l'environnement regroupe la biocénose et le biotope d'un milieu donné ainsi que tout ce qui est matériel et immatériel qu'on y trouve.

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ESPACES OUVERTS A LA PATURE: selon la loi d'orientation relative au pastoralisme au Burkina Faso (loi n°032-2002/AN du 14 novembre 2002), ce sont des espaces dont la destination principale est autre que pastorale, mais supportant des droits d'usage pastoraux. Il s'agit notamment:

- des espaces forestiers ouverts à la pâture;

- des terres agricoles laissées en jachère;

- des champs de cultures après récoltes.

En résumé, ce sont des espaces identifiés et légiférés pour la pâture des animaux.

ESPACES PASTORAUX: selon la loi d'orientation relative au pastoralisme au Burkina Faso (loi n°034-2002/AN du 14 novembre 2002), ce sont des espaces affectés et espaces ouverts à la pâture des animaux. Constituent des espaces affectés à la pâture des animaux, les espaces dont la destination principale est l'exercice d'activités pastorales. Ce sont:

- les espaces pastoraux d'aménagement spécial

- les espaces de terroirs réservés à la pâture

- les espaces de cultures fourragères destinés à la pâture directe des animaux.

Nous ajoutons que, c'est l'ensemble des surfaces réservées à l'activité pastorale.

FAUNE : selon l'Atlas de la biodiversité de l'Afrique de l'Ouest (Tome II, 2010), la faune représente toutes les espèces animales d'une région. Et d'après le grand Larousse illustré 2016, c'est l'ensemble des espèces animales vivant dans un espace géographique ou un habitat déterminé. De notre compréhension, la faune est constituée de l'ensemble des animaux terrestres, aquatiques et des micro-organismes dans un biotope bien défini.

FLORE : selon le dictionnaire Hachette (2008), la flore est l'ensemble des espèces végétales d'une région, d'un pays. Intégralité des bactéries qui vivent normalement dans l'organisme. D'après le grand Larousse illustré 2016, la flore est l'ensemble des espèces végétales croissant dans une région, un milieu donné. Ensemble des micro-organismes vivant dans un écosystème donné (micro flore). Dans le cadre de cette étude, la faune est l'ensemble des végétaux d'une région précise.

FUGITIF : D'après le dictionnaire, le nouveau petit Robert (2010), un fugitif est une personne qui passe, s'éloigne rapidement et disparait sans qu'on ne puisse l'attraper. Et selon le petit Larousse en couleurs (1991), un fugitif correspond à une personne qui s'est échappé rapidement et dont la fuite ne dure pas. Nous retiendrons qu'un fugitif est une personne qui prend la fuite en toute conscience enfin d'échapper à des contraintes physiques ou morales.

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HUMANITAIRE : selon le dictionnaire de la Géographie et de l'espace des sociétés, édition Belin, 2013, l'humanitaire vise le bien être, le bonheur des êtres humains en tant que membres de la société-Monde. D'après le dictionnaire critique « les mots de la Géographie », édition GIP RECLUS, 1992, est humanitaire ce qui intervient pour sauver la vie de l'ensemble des êtres humains, distribués dans l'écoumène, formant une population finie mais jamais exactement connue. Pour notre étude, nous retiendrons que l'humanitaire regroupe l'ensemble des actes posés pour soulager les personnes déplacées. Les plus urgents concernent l'eau, le matériel de chauffage, le matériel pour construire des abris, les vêtements, la nourriture et les soins médicaux. S'ajoute à cela l'assistance pour les victimes de traumatisme.

IMPACT : selon le dictionnaire critique « les mots de la Géographie », édition GIP RECLUS 1992, ce mot signifie choc, heurt, comme un projectile qui vient frapper un autre en un endroit bien précis ou influence dans l'effet qui résulte d'une action (étude prévisionnelle des effets sur l'environnement de travaux d'aménagement important). D'après le nouveau petit Robert (2010), impact veut dire collision, heurt. Définit aussi comme l'étude des conséquences éventuelles d'un aménagement sur l'environnement. Dans cette étude, l'impact est considéré comme l'ensemble des conséquences possibles de l'action d'une personne tiers sur son environnement immédiat. Ses conséquences qui se produisent à court ou à moyen terme peuvent être positives mais surtout négatives.

JACHERE : selon la loi d'orientation relative au pastoralisme au Burkina Faso (loi n°034-2002/AN du 14 novembre 2002), ce sont des espaces de cultures temporairement laissés au repos en vue de la restauration naturelle de la fertilité des sols. Selon le dictionnaire Hachette, (2008), la jachère est l'état d'une terre labourable qu'on laisse volontairement reposer en ne l'ensemençant pas. Nous ajoutons que ces espaces peuvent être des champs ou des sols nus laissés à la pâture des animaux enfin de permettre leur fertilisation.

MOBILITE : selon la loi d'orientation relative au pastoralisme au Burkina Faso (loi n°034-2002/AN du 14 novembre 2002), c'est le fait du déplacement d'un animal ou d'un troupeau d'un point à un autre, à la recherche de ressources pastorales (eau, pâturages, cures salées). D'après le dictionnaire de Géographie, Hatier 2008 (4è édition), une mobilité est un mouvement qui se traduit, pour la personne qui l'effectue, par un changement durable de résidence principale et parfois par l'adoption d'un nouveau mode de vie. Elle peut être individuelle ou collective, s'opérer sur des distances variables. Dans le cadre de cette étude, la mobilité représente la capacité de se déplacer le plus rapidement possible face à un danger ou un obstacle.

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NATUREL, ELLE : selon le dictionnaire critique « les mots de la Géographie », édition GIP RECLUS, 1992, ce mot est relatif à normal, simple, sans afféterie. C'est aussi la partie de la terre qui se distingue de ses voisines par des caractéristiques physiques. D'après le petit Larousse en couleurs (1991), ce mot signifie qui appartient à la nature, qui en est le fait, qui est le propre du monde physique, qui n'est pas dû au travail de l'homme. Nous retiendrons que, naturel est relatif à tout ce qui n'est pas artificielle mais mis en place par les facteurs physiques du milieu naturel.

LE PASTORALISME : selon la loi d'orientation relative au pastoralisme au Burkina Faso (loi n°034-2002/AN du 14 Novembre 2002), le pastoralisme est toute activité d'élevage consistant à assurer l'alimentation et l'abreuvement des animaux par l'exploitation directe des ressources naturelles sur des espaces déterminés et impliquant la mobilité des animaux. D'après le dictionnaire, le nouveau petit Robert (2010), le pastoralisme désigne une économie pastorale ; mode d'exploitation agricole fondé sur l'élevage extensif. Et nous ajoutons que le pastoralisme renferme également des activités associant de manière complémentaire l'élevage, l'agriculture, la sylviculture et le déplacement fréquent des animaux.

PATURAGE : selon le dictionnaire critique « les mots de la Géographie », édition GIP RECLUS, 1992, un pâturage est une étendue servant à la nourriture des troupeaux. Et d'après le petit Larousse en couleurs (1991), c'est un lieu où le bétail à le droit de pâturer. Dans le cadre de cette étude, un pâturage est un espace pourvu d'eau et d'herbe tendre très appétée par les animaux.

PAYS SAHELIENS : cette expression désigne selon BRUNET-MORET J.Y et al., (1986), l'ensemble des pays africains appartenant à la zone sahélienne ; vaste zone située immédiatement au sud du Sahara et allant de l'Atlantique (Sud Mauritanie et Sénégal) au Sud du Soudan. La moyenne annuelle pluviométrique est comprise entre 300 et 600 mm. Et pour notre étude, nous retiendrons qu'un pays sahélien est un espace territorial bien définie, ayant entre 290 à 390 mm de pluie par an et se situant entre le sud du Sénégal et le sud du Soudan. RAPATRIES : les retournés ou rapatriés sont des nationaux de retour chez eux après une expérience d'émigration suite à un conflit ou crise dans le pays d'accueil. Les retournés ont en effet été considérés dans une situation différente de celle des réfugiés car rentrant dans leur pays d'origine, y ayant les droits de tous citoyens mais surtout un réseau familial et amical permettant leur réintégration sociale. L'enjeu de cette distinction est politique mais est également économique et humanitaire du point de vue du HCR et des ONG partenaires qui s'assurent que l'aide est attribuée aux réfugiés et non aux rapatriés (SIMONE-LORIERE H,

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2013). Dans le cadre de cette étude, nous retiendrons qu'un rapatrié est tout migrant international contraint de rentrer dans son pays en raison de problèmes de sécurité ou judiciaires dans son pays hôte.

REFUGIES : selon la convention de Genève du 28 juillet 1951 et de son Protocol additionnel du 31 janvier 1967, est réfugiés « toute personne qui, craignant d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors de son pays d'origine et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut réclamer protection de ce pays. La convention de l'Organisation de l'Union Africaine (O.U.A) régissant les aspects propres aux problèmes de réfugiés en Afrique, signée le 10 Septembre 1969 et entrée en vigueur le 23 Juillet 1975 ne s'est bornée à reproduire un texte existant. Elle dispose également que le terme réfugié s'applique à toute personne qui, du fait d'une agression, d'une occupation extérieure, d'une domination étrangère ou d'un évènement troublant gravement l'ordre public dans une partie ou dans la totalité de son pays d'origine ou du pays dont elle a la nationalité est obligé de quitter sa résidence habituelle pour chercher refuge dans un autre endroit à l'extérieur de son pays d'origine ou du pays dont elle a la nationalité. Une telle approche se justifiait par le contexte politique et économique de l'époque. Les réfugiés ne doivent pas être confondus avec d'autres catégories d'exilés volontaires ou involontaires, tels que les fugitifs, les émigrés économiques, les apatrides et les personnes déplacées. De même, selon le dictionnaire Hachette (2008), un réfugié, c'est celui qui a dû quitter son pays d'origine pour fuir un danger (guerre, invasion, persécution politiques, catastrophes naturelles, etc.). Dans le cadre de cette étude, nous retiendrons qu'un réfugié est toute personne demandant refuge, assistance et protection dans un pays étranger parce que sa vie et ses ressources sont menacées dans son pays d'origine.

REFUGIES CLANDESTINS : ce sont des réfugiés qui franchissent une frontière et se fonde dans le milieu rural ou dans les villes, vivant en clandestins dans les pays d'accueil. Très souvent, on donne le nom de « dispersés » à ces réfugiés qui ne sont pas enregistrés, ni assistés (LAMPHIER M, 1993). Nous ajoutons que ce réfugié ne bénéficie d'aucune protection juridique, ni d'assistance du pays hôte et des Organisations Non Gouvernementales.

REFUGIES DE « L'ENVIRONNEMENT » ou « ECO-REFUGIES » sont ceux qui quittent leurs lieux de résidence lorsque l'équilibre populations-ressources est durablement rompu. Ces réfugiés sont rassemblés dans des villages modèles ou villages stratégiques afin de mieux les contrôler (GLASSMAN J, 1992). Ces réfugiés deviennent des réfugiés de la « misère »

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lorsqu'ils viennent frapper aux portes de l'Europe ou « réfugiés de la famine », lorsqu'ils échouent dans les bidonvilles de la périphérie des pays du Sud. Nous ajoutons que ce sont des populations qui ont subi un déplacement forcé à la suite d'une catastrophe naturelle, industrielle ou victime d'un grand projet de réaménagement ou de construction d'ouvrages gigantesques.

RESSOURCE : selon le dictionnaire le petit Larousse en couleurs (1991), ressource signifie tout ce qu'on emploie dans une situation fâcheuse pour se tirer d'embarras. C'est également l'intégralité des potentialités qu'offre le milieu physique. D'après le dictionnaire de la Géographie et de l'espace des sociétés, éditions Belin, 2013, une ressource est une réalité entrant dans un processus de production et incorporée dans le résultat final de cette production. Pour cette étude, nous retiendrons que ressource renvoi à un moyen de subsistance, richesse, moyen matériel utilisé par les hommes dans une entité géographique précise.

VILLAGES JUMELES : d'après le dictionnaire de la Géographie et de l'espace des sociétés, éditions Belin, 2013, ce terme signifie une agglomération rurale permanente ayant une vie spécifique, regroupant des groupes d'habitation assez semblable et importante. Selon Hachette (2008), cette expression veut dire une petite agglomération rurale consolidée au moyen de pièces identiques. Et nous ajoutons que c'est une agglomération rurale installée près d'une autre et avec laquelle elle partage des liens ethniques et culturels.

ZONE CONFLICTUELLE : selon le dictionnaire Hachette (2008), c'est une étendue déterminée de terrain qui recèle ou provoque des oppositions entre des exigences internes contradictoires. D'après le petit Larousse en couleurs (1991), c'est une zone qui fait l'objet d'un conflit, d'un antagonisme entre deux personnes ou groupes. Et dans le cadre de ce mémoire, nous retiendrons que c'est une portion de terres qui abrite des oppositions sanglantes entre différents protagonistes.

II : CARACTERISTIQUES DE L'ENVIRONNEMENT PHYSIQUE ET

HUMAIN D'AFRIQUE DE L'OUEST

Cette partie traite d'une part du climat, des sols, des écosystèmes et d'autre part des langues, des religions et des activités agricoles en Afrique de l'Ouest.

II-1 : DESCRIPTION DE TROIS PARAMETRES PRINCIPAUX POUR EVALUER LE RISQUE DE DEGRADATION DES RESSOURCES NATURELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

Les trois paramètres illustrés ici sont le climat, les écosystèmes et les sols.

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II-1-1 : LE CLIMAT ET SES FLUCTUATIONS

Le régime pluviométrique de l'Afrique de l'Ouest dépend du mouvement saisonnier au niveau de la zone intertropicale, où se rencontrent les alizés (vents chauds et secs venant du Nord-est) et les masses d'air humide (venant de l'océan Atlantique sud) à l'origine des précipitations. Les bandes sahélienne et sahélo-saharienne qui font partie de la bande semi-aride n'ont qu'une saison de pluie (OCDE, 2007). Les zones les plus arrosées sont les régions côtières du golfe de Guinée (réfère carte 1). Celles qui enregistrent moins de précipitations sont les terres de l'intérieur et à proximité du tropique du cancer. Les deux grands vents soufflant sur l'Afrique de l'Ouest notamment les courants marins doux et humides de l'océan Atlantique et les vents secs du Sahara occasionnent respectivement des basses températures au niveau des côtes et fortes pour les pays de l'intérieur et proches du Tropique du cancer.

Carte 1 : Climat et perspectives climatiques en Afrique de l'Ouest

Cette carte de l'Afrique de l'Ouest montre une inégale répartition spatiale des précipitations et des températures de la région. Cette répartition s'explique par les courants marins et les vents sahariens, mais également par le relief, la végétation et les activités humaines dans la sous-région.

L'Afrique de l'Ouest a subi une diminution de ces précipitations depuis les 50 dernières années. Il y a notamment eu des épisodes d'importants déficits en 1972-73 ; 198284 et 1997. Cette aridification générale du climat a eu pour conséquence de faire glisser les isohyètes de 200 km vers le Sud (IRD France-Nord, 2012). En outre, l'Afrique de l'Ouest a

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une faible consommation énergétique et elle est la région qui rejette le moins de gaz à effet de serre (nocif pour le climat). Par contre, c'est une région qui puise principalement son énergie dans la biomasse (80% de l'énergie) contribue pleinement à la déforestation qui a actuellement lieu en Afrique Subsaharienne. La végétation de cette région, et plus particulièrement la forêt, est considérée comme « protecteur du climat », car cela agit comme des puits de carbone.

II-1-2 : LES TYPES DE SOLS

L'Afrique de l'Ouest présente un large panel de types de sols, dont cinq seulement sont représentés en majorité. Les sols de l'Afrique de l'Ouest sont majoritairement sableux, rouge-jaunâtres et légèrement acides (5<ph<6). Ces sols sont généralement peu profonds et situés sur une cuirasse latéritique. Ils sont déficients en azote et phosphore et la matière organique atteint rarement plus de 1% de la surface de la couche superficielle. Et selon la classification française CPCS 1986, les cinq types de sols majoritaires en Afrique de l'Ouest sont :

Les sols ferralitiques (sols rouges de très grande profondeur, aux horizons peu marqués et contenant du fer et de l'alumine). Ces sols ferralitiques occupent des surfaces importantes au Sénégal, au Burkina Faso, au Togo et au Benin ;

Les sols ferrugineux (sols à profil différencié, de teinte claire, moyennement épais et aux horizons bien visibles). Sols largement rependus au Burkina Faso et au Sénégal et sont principalement du domaine des versants sur des formes quaternaires ;

Les sols à argile gonflante (sols de faible profondeur, riches en éléments utiles et engorgés d'eau en saison des pluies). On les observe surtout dans les vastes étendues de sols à montmorillonites, principalement dans les thalwegs des grandes plaines alluviales du Nord ;

Les sols bruns subarides (sols argileux sensibles à l'érosion, de profil très coloré avec une faible différenciation entre les horizons). Leur distribution est limitée aux régions sahéliennes et sont le domaine du pastoralisme à longue transhumance ;

Les sols hydromorphes (sols soumis à un excès d'eau marqués souvent par la présence d'un gley ou d'un pseudo-gley à faible profondeur). Ils sont un peu dispersés dans la région et constituent la majeure partie des plaines alluviales concentrant les principales rizières.

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Ces différents sols sont peu riches en matières minérales et organiques et ne sont pas présents en Afrique de l'Ouest dans les mêmes proportions. Les sols largement dominant sont ceux qui sont dénommés dans les cartes comme les sols ferrugineux tropicaux qui couvrent presque 70% de terrain. Ce sont aussi les plus sensibles à l'érosion, à la dégradation physique et chimique. L'évaluation globale de la dégradation des terres en Afrique de l'Ouest n'est pas chose aisée. La plupart des statistiques indiquent les risques de dégradation ou de désertification (en se fondant sur les facteurs climatiques et l'utilisation des terres) et non l'état actuel des sols (JANICOT S, 1996; KATYAL J.C & VLEK P.L.J, 2000). Selon BLAIKIE P et BROOKFIELD H, (1987), pour mesurer la dégradation des terres il convient de vérifier qu'il y a un lien de cause à effet entre ces changements et un déclin de productivité des terres. Ainsi, de façon générale en Afrique de l'Ouest, on enregistre depuis quelques années une dégradation de la matière organique des différents sols qui est imputable à des pratiques culturales érosives et conduisant à une perte de substances (argile et oxyde de fer) ainsi qu'une augmentation relative des acides fulviques et de l'humidité résiduelle (BARBANT P, 2008). Cette dégradation des sols implique aussi des facteurs de pression très spécifiques sur les anthropoécosystèmes locaux et régionaux ; rendant ces sols plus sensibles à l'érosion éolienne et hydrique.

II-1-3 LES ECOSYSTEMES

Les ressources naturelles renouvelables d'Afrique de l'Ouest présente une riche biodiversité et sont à la base de nombreuses activités économiques (agriculture, énergie, commerce, etc.). Les écosystèmes sont très divers puisque du nord au sud, en fonction des conditions pluviométriques se succèdent les espaces arides sahariens, les savanes et les forêts côtières, avec les différentes situations intermédiaires. Ils sont également fragiles, soumis à un climat capricieux, une pression anthropique croissante et entraine une variation des écosystèmes suivant les pays comme l'atteste le tableau 3 (UNEP, 2008).

TABLEAU 2 : DES PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX MAJEURS DANS QUELQUES PAYS OUEST AFRICAINS.

PAYS

PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX

MAJEURS

BENIN

Déforestation

Désertification

Menaces pesant sur la biodiversité

BURKINA FASO

Pénurie d'eau

Désertification et dégradation des terres Consommation de bois de chauffage

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CAP-VERT

 

Erosion des sols et dégradation des terres Menaces sur la biodiversité

COTE D'IVOIRE

Déforestation

Menaces sur la biodiversité Menaces sur les écosystèmes côtiers

GAMBIE

Sécheresse et productivité agricole Menaces pesant sur les forêts et marais Pêche intensive et érosion des côtes

GHANA

Déforestation

Dégradation des terres et érosion des côtes Pêche intensive et baisse du volume des eaux du lac Volta

GUINEE

Déforestation et réfugiés

Pêche intensive et destruction des forêts de mangrove

Dégradation des terres

GUINEE BISSEAU

Déforestation

Culture de cajou et érosion des sols Réserves de biosphère des bijagos

LIBERIA

Déforestation et plantations de caoutchouc Menaces pesant sur la biodiversité Pollution des eaux

MALI

Désertification et sécheresse Disponibilité de l'eau et pollution Menaces pesant sur la biodiversité

NIGER

Désertification et déforestation Menaces pesant sur la vie sauvage

Conséquences environnementales de
l'exploitation minière

NIGERIA

Désertification

Déforestation et menaces pesant sur la
biodiversité

Pollution pétrolière

SENEGAL

Pollution urbaine Déforestation

Surexploitation des pêcheries et dégradation des marais côtiers

SIERRA LEONE

Déforestation

Dégradation des terres Pêche intensive

TOGO

Dégradation des terres et déforestation Menaces sur les écosystèmes aquatiques Menaces pesant sur la biodiversité

MAURITANIE

Désertification et déforestation Exploitation du fer

Pêche et écosystèmes côtiers

Source : L'AFRIQUE, « Atlas d'un environnement en mutation », UNEP, 2008.

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L'analyse globale de ce tableau révèle que tous les pays ouest-africains enregistrent de nos jours une forte déforestation suivie d'une dégradation de leur biodiversité. De façon spécifique, les pays sahéliens connaissent des problèmes fonciers, de pollution et d'accès à l'eau potable. Les pays côtiers quant à eux enregistrent une augmentation de la pollution des eaux et de l'air, une destruction des écosystèmes côtiers et aquatiques et une déforestation accrue comme en Guinée avec la présence des réfugiés libériens et sierra léonais. La pollution de façon générale en Afrique de l'Ouest est surtout due aux industries et à la circulation urbaine et aux mauvaises pratiques agricoles. Par ailleurs, la mise en gras du dernier pays du tableau pour montrer qu'il appartient à la région Afrique de l'Ouest mais fait partie de la ligue arabe.

II-2 : LES ASPECTS HUMAINS

II-2-1 : POPULATIONS ET LANGUES EN AFRIQUE DE L'OUEST

La population ouest africaine devrait atteindre 480 millions en 2030 puis 650 à 700 millions en 2050 comme l'exprime la figure 1. Elle est majoritairement jeune (60% a moins de 25 ans) et le restera jusqu'à 2050, même si un léger vieillissement de la population commencera alors à se faire sentir (VERDIERE M.C et al, 1997). De même, 7,5 millions de cette population est expatriée dans un autre pays de la région, essentiellement dans les zones côtières et les villes portuaires. Au début de 2003, on comptait, dans la région, environ un million de personnes victimes de conflits, de bouleversements et de déplacements relevant de la compétence du HCR, dont 522 000 réfugiés. Une quarantaine d'organisations intergouvernementales existent dans la région dont la plus importante est la CEDEAO regroupant 15 Etats membres. Ces organisations s'attachent à lutter contre les pires trafics nés des conflits et les entretenant : trafics d'armes et privatisation des armées (mercenariats), économie de la drogue, enrôlements forcés des jeunes, filles et garçons, mise en dépendance des réfugiés.

Figure 1 : croissance et structure démographique en Afrique de l'Ouest.

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Le premier graphique de la figure 1 (page précédente) montre une croissance continue de la population ouest africaine jusqu'en 2050, avec une population rurale qui connaitra une nette stabilisation de 2025 à 2050. Quant au second graphique, nous constatons l'importance et l'inégalité des tranches d'âge et leur évolution en fonction des années jusqu'en 2050.

L'Afrique de l'Ouest est riche en diversité sociale et culturelle. Les quelques 1200 langues parlées en Afrique de l'Ouest constituent un des piliers des communautés. Elles sont d'importance très inégale, puisque les cinq premières que l'on situe facilement sur la carte 2 : haoussa, yoruba, peul, ibo et mandingue regroupent à elles seules plus d'un tiers de la population. A ces langues se superposent les trois langues apportées par la colonisation : l'anglais, le français et le portugais. La valorisation de cette richesse est sans doute une des clés trop souvent négligée du développement de la région. Ces liens culturels en Afrique de l'Ouest sont prégnants et ont favorisé l'arrivée et l'installation des premières vagues de réfugiés au sein des autochtones en Guinée et au Burkina Faso, sans qu'aucune aide extérieure ne soit intervenue. Aussi, les victimes de conflits fuient vers les pays les plus proches et où ils ont soit des parents ou des proximité ethniques avec les populations locales comme ce fut le cas des ethnies Kissi du Libéria qui sont venus vers Guéckédou où vivaient de nombreux Kissi guinéens et les Loma ont privilégié les environs de Macenta où vivaient de nombreux Toma (le nom de ce groupe se dit Loma au Libéria et Toma en Guinée).

Les enjeux géoculturels sont appelés à constituer demain, au même titre que les enjeux géopolitiques et géoéconomiques, un axe de gouvernance locale (OCDE/CSAO/CEDEAO, 1997).

Carte 2 : foyers linguistiques et aires d'extension en Afrique de l'Ouest

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L'analyse de cette carte permet de voir que les foyers linguistiques en Afrique de l'Ouest s'étendent de la côte occidentale jusqu'au Sahel. Dans cette zone, nous avons des aires d'extension uniforme de langues et des localités ou les foyers linguistiques se chevauchent tels que chez les haoussas au Nigeria.

II-2-2 : RELIGIONS ET ACTIVITES AGRICOLES

Plusieurs solidarités se manifestent en Afrique de l'Ouest autour des grandes religions. La croyance religieuse, extrêmement importante en Afrique de l'Ouest, préexiste aux deux grandes religions importées qui sont chronologiquement l'islam et le christianisme. Les métissages entre religions traditionnelles et importées sont nombreux. Une distinction géographique existe par ailleurs entre le Nord et l'Ouest de la région majoritairement musulman et le Sud chrétien.

Au niveau de cette région à vocation rurale, l'exploitation agricole a souvent un impact très fort sur l'évolution des terres surtout lorsqu'elle n'est pas faite dans le sens de la conservation des sols. Les méthodes d'exploitation des terres sont parfois excessives : apports excessifs d'engrais, d'amendements, d'herbicides, de pesticides, épandages des déchets contenants des polluants, raccourcissement du temps de jachère et absence de jachère. Aussi, la forte croissance des populations entraine une nécessité de produire plus pour subvenir aux besoins des populations et provoquant par la même occasion des risques de pénurie des terres dans certaines régions. On assiste à une surexploitation des terres déjà exploitées ou encore à l'exploitation des zones marginales, difficiles à exploiter. Il y a sédentarisation des hommes et une pression sur les ressources en sol provoquant de lourdes tensions et des conflits entre les différentes communautés. Face à cette destruction des écosystèmes et à l'installation itinérante des camps de réfugiés dans la sous-région, la question de la gestion du capital naturel et humain est cruciale et nécessite de donner une importance particulière à une approche pluridisciplinaire qui tient compte à la fois des enjeux économiques, sociaux et environnementaux au regard de la fragilité et au caractère non renouvelable de certaines de ces ressources (LEPERS J.P et al., 2005 ;OZER P et al., 2007).

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CHAPITRE II : LA METHODOLOGIE DE L'ETUDE

La méthodologie de l'étude est basée sur la revue de littérature à savoir l'utilisation de données secondaires.

II-1 : L'APPROCHE METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE

La méthodologie adoptée a consisté à localiser quelques pays ouest africains (Guinée, Ghana, Burkina Faso) accueillant les réfugiés de conflits de longues dates, ayant une grande expérience dans la gestion des populations en crise et qui disposent d'ouvrages diversifiés sur ces migrants. Ensuite, il a été procédé à une recherche documentaire en lien avec les réfugiés et les conflits armés en Afrique de l'Ouest, à la description de l'espace d'étude, à la définition conceptuelle et logique de l'étude, à la synthèse et la discussion autour des résultats.

II-2 : LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE

Pour mener à bien la recherche documentaire, un certain nombre de centres de documentation, d'établissement et d'institution ont été préalablement identifiés pour la collecte des données. Les principaux centres de documentation fréquentés à Ouagadougou sont ceux de :

-L'IRD, du CILSS, de la FAO, de l'Université de Ouagadougou (bibliothèques Centrale, de Géographie et de Sociologie), de l'Ambassade des ETATS UNIES d'AMERIQUE, de la bibliothèque CATIMINI DU CANADA, du Centre Culturel Français GEORGES MELIES et du Centre d'Instruction des Nations Unies (CINU). Dans ces différents centres de documentation, les recherches ont porté sur des documents ayant un lien avec le thème ainsi que sur des bases de données. Les nombreuses recherches sur internet grâce aux serveurs : BASES HORIZON IRD, GOOGLE SCHOLAR, GOOGLE et YAHOO ont permis de recueillir une quantité importante de données sur la thématique abordée. Aussi, à travers les sites web des ONG telles que le PNUE, l'UICN, Médecins Sans Frontières, Oxfam, FAO, la Croix Rouge Internationale et l'UNHCR, l'essentiel de la documentation a été constitué pour le thème.

A travers ces recherches, les thèses de doctorat, les mémoires de master et de maîtrise ainsi que des publications scientifiques (articles, livres, etc.) ont été consultés, même s'il faut noter le creux bibliographique des mémoires et thèses en rapport avec les conflits armés, particulièrement les réfugiés dans la sous-région ouest africaine. De plus, une analyse

multidisciplinaire de travaux de géographes, de sociologues, d'anthropologues, de botanistes, d'économistes, de géomaticiens a été nécessaire pour mieux cerner la problématique abordée.

II-3 : LE TRAITEMENT DES DONNEES

Les données collectées dans le cadre de la revue documentaire ont été traitées sur la base d'une grille de traitement et d'analyse. Cette grille a consisté à l'élaboration d'un tableau à quatre colonnes :

Tableau 3 : traitement et analyse de la revue de littérature

Nature des documents lus

Thèmes et/ou

approches

Zones d'étude

Intérêt de la recherche

Ouvrages thématiques et rapports spécifiques (littérature grise)

Environnement,

conflits armés et

mobilité sous
contrainte

Monde, Afrique et

Afrique de l'Ouest.

Différence entre déplacés

forcés, conséquences
conflits sur les populations et états environnementaux

Publications, revues et articles

Réfugiés, évaluation
du comportement des
réfugiés, populations

d'accueil et ONG
humanitaires

Afrique, Afrique de l'0uest

Modalités d'accueil et

niveaux de prise en charge

déterminent impacts
possibles des réfugiés sur l'environnement

Thèses, mémoires

Migration forcée,

pression

démographique, changement

climatique et

exploitation des

ressources naturelles

Monde, Afrique de

l'Ouest, Burkina
Faso

Etat de lieu de

l'environnement et
dégradation des ressources

naturelles, part de

responsabilité des
différentes populations et perspectives

S'agissant de la lecture proprement dite, pour une question de temps, l'intérêt est d'abord porté au résumé, aux mots clés, à la table des matières ainsi qu'à la liste bibliographique du document consulté pour une meilleure orientation et élargissement de notre champ d'investigation. Ensuite, il est procédé à la lecture intégrale des parties du document qui ont un lien avec la dégradation des ressources naturelles, les conflits armés, les réfugiés et leurs impacts possibles sur les ressources naturelles renouvelables et humaines en Afrique de l'Ouest. Une grille de recension a été élaborée afin de retenir les éléments pertinents lors de la lecture. Cela a permis de mieux appréhender et de comprendre les stratégies adoptées par les différents chercheurs.

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

25

CONCLUSION PARTIELLE

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

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Le cadre logique de cette étude met corrélation les hypothèses formulées, les objectifs fixés, les variables et indicateurs retenues. L'analyse de ce cadre opératoire a permis de mettre en évidence des concepts et définitions qui ont été clarifiés pour une bonne compréhension de l'étude. Les données collectées dans le cadre du présent travail ont été traitées, analysées et classifiées par thèmes et par zones géographiques suivant les résultats de la recherche. Et ces investigations nous ont permis d'aboutir à un certain nombre de résultats qui seront présentés et discutés dans la suite de notre travail.

ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES DE

CONFLITS EN AFRIQUE DE L'OUEST.

DEUXIEME PARTIE : LES IMPACTS

Cette deuxième partie de notre étude traite des conditions d'accueil et des modes de vie des réfugiés de conflits dans trois pays ouest africains : la Guinée Conakry, le Ghana et le Burkina Faso. Elle met l'accent sur les impacts environnementaux des réfugiés dans ces différents pays. Quelques impacts positifs et des mesures d'atténuation des dommages causés par les réfugiés sur l'environnement seront également abordés.

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

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IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

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CHAPITRE III : CONDITIONS D'INSTALLATION ET MODES DE VIE DES REFUGIES DANS TROIS PAYS OUEST AFRICAINS : LA GUINEE CONAKRY, LE GHANA ET LE BURKINA FASO

Les conditions d'installation et les modes de vie déterminent en grande partie le degré d'autonomie des réfugiés et partant leurs impacts possibles sur l'environnement.

III-1 : ARRIVEES ET INSTALLATIONS DES REFUGIES LIBERIENS ET SIERRA LEONAIS EN GUINEE

Les régions accueillant nouvellement les réfugiés attirent et continuent d'attirer les médias alors que celles qui reçoivent les réfugiés depuis des années sont oubliées. C'est le cas, notamment de la république de Guinée, qui a accueillie depuis 1990, environ 600.000 réfugiés, les uns, victimes de la guerre au Libéria, les autres, chassés par le conflit de Sierra Leone. De 1990 à 1995, plus de 500.000 réfugiés libériens et sierra léonais sont accueillis en Guinée (HCR, 1995). En juin 1995, le HCR avait officiellement enregistré en Guinée 603 750 réfugiés, dont 578 846 dans la seule zone forestière qui jouxte les deux pays en conflit, matérialisée ici en couleur verte sur la carte 3. Ces chiffres représentaient 10% de la population en Guinée. A la fin de 1995, dans la région forestière du Sud, un habitant sur trois était réfugié. A l'échelle mondiale, c'était le pays où il existait l'une des plus grandes

concentrations de réfugiés.

Carte 3 : carte de la Guinée Conakry

Carte montrant les limites territoriales, régionales et provinciales de la Guinée Conakry.

III-1-1 ARRIVEES DES DIFFERENTES VAGUES DE REFUGIES EN GUINEE

Arrivés par vagues successives, deux grands groupes de réfugiés étaient distingués : entre Janvier 1990 et Avril 1991, il y eut quatre importantes vagues de réfugiés, soit environ 350 000 personnes qui représentaient les premiers arrivants (réfère tableau 4 et carte 4). Chaque grande vague apportait brusquement une population importante de réfugiés pendant plusieurs jours suivie de venues plus faibles qui s'étalaient sur des mois jusqu'à l'afflux suivant. Ces vagues étaient assez homogènes dans la mesure où les réfugiés avaient la même origine ethnique, le même degré de dénuement, mais des origines diverses, liées à l'itinéraire géographique de la progression des rebelles du NPFL et à leur combat avec les troupes gouvernementales (Van Damme W, 1999). Ces premières vagues de réfugiés en Guinée partagèrent les cases des guinéens ou bien occupèrent des bâtiments publics comme les écoles. Puis de 1992 à 1995, plusieurs petites vagues de réfugiés continuèrent à arriver en Guinée, soit environ 150 000 « derniers arrivants ».

Tableau 4 : arrivées des quatre premières vagues de réfugiés en Guinée forestière. Source : Wim Van Damme, 1999

Vague (date d'arrivée)

Origine

Estimation du nombre et état à l'arrivée

Zone d'installation en Guinée

Mode d'installation

Première vague ou vague Nimba (janvier-mars 90)

Ruraux Mano du comté de Nimba

Environ 100 000, pauvres et démunis, en bonne santé

Zones frontalières
rurales de Yomou,
N'Zérékoré et Lola

Installation autonome au sein des membres de leur ethnie; camps de facto à Thuao (10 000)

Deuxième vague ou vague urbaine (mai- août 90).

Mandingues urbains et différentes villes du Liberia.

Environ 100 000, biens personnels importants et en bonne santé.

Villes de Macenta et N'Zérékoré; plus de déplacements vers Beyla et la Haute-Guinée.

Installation autonome au sein des membres de leur ethnie.

Troisième vague ou vague Loffa (juin- août 90).

Ruraux guerzés, Toma et Kissi des comtés de Loffa et Bong.

Environ 50 000, pauvres et démunis, en bonne santé.

Zones rurales de Yomou(Guerzés), Macenta (Toma) et Guéckédou (Kissi).

Installation autonome au sein des membres de leur ethnie.

Quatrième vague ou vague de Sierra Leone (mars-avril 91).

Ruraux Kissi et Mende de Sierra Leone et ruraux Gbande du Liberia.

Environ 100 000, pauvres et démunis, sous- alimentés mais encore en assez bonne santé.

Régions rurales de Guéckédou.

Kissi : installation autonome au sein des membres de leur ethnie Mende et

Gbande : « auto-installation guidée » en zones rurales (mais pas de liens ethniques, camps de facto à Kouloumba) (26 000).

Source : Wim Van Damme, 1999

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Les populations de la Guinée forestière ont plus partagé avec les premières vagues de réfugiés « le gîte et le couvert, les terres cultivables et les ressources naturelles » (GTZ, 1998). Ils ont donné « un coin de leur case, dans leur village » explique Michel Kamano (conseiller politique du président guinéen Lassana CONTE) lors d'un entretien avec Helène SIMONE-LORIERE pour les enquêtes de terrain de sa thèse le 10/11/2008. Ces propos de l'homme politique montrent que grâce aux liens culturels communs avec les migrants, les autochtones ont accordé une aide inconditionnelle aux réfugiés avant même l'intervention de l'Etat guinéen et du HCR. De même, les proximités ethniques entre hôtes et réfugiés expliquaient ces réactions spontanées mais elles ont été largement instrumentalisées et mises en scène par un Etat faible et pauvre qui n'était pas vraiment en mesure de canaliser les milliers de réfugiés entrés sur son territoire.

Carte 4 : illustration des quatre grandes vagues d'arrivées des réfugiés en Guinée forestière entre 1990 et 1991

L'observation de ces cartes révèle que les réfugiés arrivés entre 1990 et 1991 en

Guinée forestière avaient des origines géographiques diverses et sont en majorité des libériens.

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Les besoins des derniers arrivants étaient plus grands et leurs moyens de s'en sortir seule, moins efficaces. Dans ce groupe de réfugiés arrivé entre 1992 et 1995, on a pu observer plus de dix petites vagues, soit quelque 150 000 personnes. La plupart arrivèrent dans les préfectures de Yomou, Macenta et Guéckédou. Lorsque le conflit s'étendit en 1995, environ 9000 s'installèrent à Kissidougou et 24 000 à Forécariah, le long de la côte guinéenne. Bon nombre de réfugiés arrivés entre 1992 et 1995 avaient été auparavant des « déplacés ». Certains avaient connu pendant plusieurs années de terribles épreuves proches du travail forcé, étaient pauvres, malnutris et sans liens avec la population locale qui supportait déjà un grand nombre de réfugiés (Van Damme W, 1999).

Tableau 5 : aperçu général de trois des dernières petites vagues de réfugiés en Guinée

Date d'arrivée

Evénement déclencheur

Evaluation du

nombre et/ou état sanitaire à l'arrivée

Zone d'accueil en

Guinée et mode
d'installation

Juin 1993

Conflits dans la zone de Kailahun (Sierra Leone) et du comté de Loffa (Liberia)

En mauvaise santé.

Taux de
malnutrition élevé.

Arrivés dans la zone

frontière de

Guéckédou puis

transférés par le HCR dans de petits camps

(Nyeadou et

Fandouyema), bon

accès à la terre.

Septembre 1994

Attaque de l'ULIMO

contre le quartier
général du NPFL à Gbamga

27 000 réfugiés

généralement en

mauvaise santé

D'abord dans des

camps de transit :
Diécké, Bignamou et Betha (Yomou).

En janvier 1995,
transfert par le HCR à Noonah. Peu d'accès à

la terre (8000

seulement sont

acceptés, les autres
s'installent seuls, sans assistance).

Janvier 1995

Attaque de Kambia par le RUF

24 000 réfugiés, en bonne santé

Forécariah, s'installent
eux-mêmes au milieu
des membres de leur

ethnie, puis sont
incités par le HCR à aller dans les camps.

Source : Wim Van Damme, 1999

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33

III-1-2 INSTALLATION DES REFUGIES EN GUINEE

Le lieu d'installation des réfugiés étaient principalement déterminé par l'origine ethnique, rurale ou urbaine et les contacts transfrontaliers.

Suite à leurs arrivées, certains réfugiés issus des premières vagues entreprirent de construire leurs propres cases dans les endroits indiqués par la communauté d'accueil. La taille des groupements de réfugiés était souvent égale ou même supérieure à celle des villages locaux, chaque communauté gardant son identité dans ces villages jumelés. Aucun acte extérieur, pas plus le gouvernement guinéen que les agences étrangères n'étaient intervenues dans ce processus. Ce processus d'auto prise en charge a été moins efficace avec les réfugiés de la quatrième grande vague constituée de sierra léonais particulièrement des ethnies Kissi, Mende et Madingue qui fuyaient les combats de la zone frontalière entre le Libéria et la Sierra Leone (TRAORE O, 1990). Ils subirent une installation qualifiée « d'auto installation guidée » dans le camp de facto crée à Kouloumba quelques temps après leurs arrivées.

Les degrés d'homogénéité des réfugiés variaient fortement selon les situations de « séparation spatiale » et de « ségrégation spatiale » qui étaient souvent hétérogènes. Et bien que non voulue, cette situation peut être qualifiée de ségrégation spatiale. On estimait qu'environ moins de 20% des réfugiés de la région forestière vivaient dans de vrais camps, 25% dans de nouveaux villages ou des villages jumelés et que plus de la moitié était intégrée dans les villages et villes de la Guinée. Guéckédou était là où la densité de réfugiés étaient la plus forte et comptait le plus grand nombre de camps (Van Damme W, 1995). Toutefois dans cette préfecture, deux tiers des réfugiés n'appréciaient pas la vie dans les camps et étaient intégrés à la population locale, ou vivaient dans des regroupements de moins de 300 personnes. Plusieurs groupes ethniques, différents de la population d'accueil étaient mélangés.

La Guinée a montré un bel exemple d'accueil de réfugiés en Afrique et même le HCR l'a dit une fois. De fait le magazine « réfugiés » publié par le HCR employait l'image d'une « lune de miel » pour qualifier la relation entre réfugiés et guinéens en 1991 (RUIZ M, 1992).

III-1-3 : MODES DE VIE DES REFUGIES EN GUINEE

En 1995, World Refugee Survey (WRS) estimait le nombre de réfugiés en guinée à 640 000. Les villages jumelés dans les campagnes étaient le résultat des seuls inters actions entre réfugiés et communautés locales. Cette situation fut possible car il n'y avait pas de

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véritables urgences, l'afflux de réfugiés ayant eu lieu progressivement et sans un trop grand nombre à la fois.

En générale, un grand nombre de réfugiés en Guinée et leurs hôtes partagent les mêmes langues, coutumes et cultures. Un niveau élevé d'intégration sociale et de cohabitation pacifique caractérise la présence des réfugiés en Guinée, aussi bien dans les camps officiels de réfugiés que ceux installés parmi la population locale (HCR, 2000). Toutefois, les anciens et les nouveaux réfugiés avaient droit à des quantités de nourritures différentes selon les humanitaires, les anciens réfugiés étant censés être autosuffisants depuis 1993 contrairement aux nouveaux. Cette distinction fut maintenue malgré les études qui montraient que, l'insécurité alimentaire n'était pas liée à la date d'arrivée mais à la zone d'installation (Davis, 1996). L'aide alimentaire qui se limitait à l'huile, le riz et rarement des lentilles et des haricots était en grande partie détournée par les autorités locales ainsi que les commerçants (OULARE A et KEITA F, 1992).

a) La vie des réfugiés vivant au sein des populations locales

Avec l'installation des réfugiés en Guinée, une surveillance nutritionnelle et épidémiologique fut mise en place dans les postes de santé par le Ministère de la Santé Publique (MSP) et Médecins sans Frontières (MSF) pour protéger les sources d'eau potable, creuser des latrines, assurer les frais curatifs de base et la vaccination contre la rougeole (VAN HAUWAERT W, 1992).

Grâce à leur liberté d'installation; les réfugiés s'organisaient au mieux pour tirer parti de toutes les opportunités économiques. Les réfugiés intégrés au milieu des populations autochtones, jouissaient d'un degré plus élevé d'autonomie, leurs moyens d'existence et ceux de la communauté d'accueil étant étroitement liés. La cohabitation pacifique de réfugiés issus de villages jumelés ou de nouveaux villages leur permettait également avec le temps, d'atteindre un niveau satisfaisant d'autonomie.

Les réfugiés retournaient dans leurs régions d'origine lorsque la situation le permettait, craignant qu'une trop longue absence menace leurs droits fonciers et autres possessions. Les hommes partaient souvent les premiers, laissant femmes et enfants en Guinée ou ils étaient en sécurité et bénéficiaient de l'aide de la part des populations locales. Ils partaient au début de la période culturale pour mettre en valeur leurs terres (DIALLO M.A, 1991). Quand les conditions de sécurité s'améliorent, le mouvement se fit principalement en direction du pays d'origine. Quand l'insécurité augmenta, il se fit dans le sens contraire.

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Dans les villes comme Conakry, le HCR avait formalisé un partenariat avec la Croix Rouge Guinéenne (CRG) pour qu'elle assure, après enquête, des aides ponctuelles en hébergement, nourriture et soin, à certains réfugiés reconnus et enregistrés. Ce partenariat était une mesure exceptionnelle vue que la région forestière devrait abriter l'essentiel de l'aide (horoya, 05/07/1992).

b) Modes de vie des réfugiés à l'intérieur des camps

La situation de ceux qui vivaient à l'écart, dans des camps était beaucoup plus difficile. Les réfugiés libériens et sierra léonais qui étaient des agriculteurs devinrent des paysans sans terres en Guinée. Face à la faiblesse de l'aide, ils quittaient les camps pour chercher à mieux s'intégrer à la population et à l'économie rurale. Certains réfugiés étaient employés par les Guinéens comme journaliers agricoles et d'autres avaient accès à des terres laissées en jachères pour une année. Dans certains cas, le travail des réfugiés a été utilisé pour éclaircir une forêt secondaire plus ancienne pour la culture pendant les premières années, après quoi la terre a été utilisée par les guinéens pour des cultures plus rentables, principalement le café (HCR, 2000).

Les réfugiés officiellement enregistrés par le HCR comme résidents des camps et qui vivaient parmi les guinéens retournaient au site d'accueil que lors de la distribution des vivres. Ce phénomène était particulièrement important à la saison des pluies, quand l'agriculture nécessitait beaucoup de main d'oeuvre. Les camps étaient alors désertés, quelques personnes seulement y restaient, les autres s'étant installés de manière semi-permanente dans les villages à l'extérieur des camps. Beaucoup de cases étant fermées ou s'effondrant et la végétation revenant à l'état sauvage, on appelait ces camps « camps fantômes ». Les réfugiés devaient avoir l'autorisation des guinéens pour l'accès à la terre et l'utilisation des ressources communautaires pour la production du charbon de bois, du bois de chauffe, de l'argent comptant et des matériaux de construction (palmier raphia).

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Tableau 6 : programme d'assistance aux réfugiés libériens et sierra léonais en Guinée

 

Premiers arrivants

Quatre importantes vagues (1990-
1991)

Derniers arrivants

Succession de petites vagues (1992-1995)

Assistance médicale

Ensemble de mesures minimales.

Au début, soins curatifs de base,

vaccinations contre la rougeole,

surveillance épidémiologique et
contrôle nutritionnel sont considérées être des activités suffisantes.

Ensemble de mesures plus complètes.

Centres nutritionnels,

programme d'alimentation

supplémentaire et animateurs

de santé s'ajoutent aux
activités précédentes.

Aide alimentaire

Les réfugiés vivent plusieurs

semaines, voire plusieurs mois, sans aide alimentaire, sans conséquences graves pour leur santé.

Les réfugiés reçoivent des rations d'aide alimentaire dès

les premiers jours ou les
premières semaines.

Alimentation en eau

L'amélioration des installations

sanitaires villageoises (par exemple la protection des puits peu profonds

existants) est d'abord tentée. Des
nouveaux puits et des forages avec des pompes à main sont installés quelques mois plus tard

Dans les camps, des

nouveaux puits et des forages sont très tôt creusés

Habitat

Au départ, aucune aide n'est donnée pour la construction des cases. Après plusieurs mois, quelques bâches en plastiques sont distribuées.

Une aide pour la mise en

place des camps et la

construction d'abris est
donnée dès le début

Source : Wim Van Damme, 1990-1995

Les réfugiés arrivèrent par vagues successives en Guinée entre 1990 et 1995 et la plupart s'installèrent librement au niveau de la population locale. Leur mode d'installation fut très divers allant de l'intégration spatiale à la ségrégation spatiale. Les éléments les plus importants qui déterminèrent leur mode d'installation furent : l'origine, urbaine ou rurale ; les liens ethniques ; l'accès aux ressources agricoles disponibles et les effectifs. Les modes

d'installation déterminèrent dans une grande mesure, le degré d'autonomie auquel les réfugiés pouvaient parvenir et leur impact possible sur l'environnement. L'efficacité des techniques d'auto prise en charge des réfugiés en Guinée et du soutien de la population d'accueil diminua au cours des années. Par contre, l'aide humanitaire extérieur augmenta (Simon & Schuster ; Van Damme W, 1995).

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III-2 : ACCUEIL ET ETABLISSEMENT DES REFUGIES LIBERIENS A ACCRA

Au Ghana, comme en Guinée, les autorités n'étaient pas prêtes à accueillir les réfugiés. Le pays avait bien accueilli des militants africains indépendantistes et anti- apartheid mais ces « freedom fighters » n'ont jamais représenté des milliers de personnes. Il s'agissait surtout d'étudiants qui ont été hébergés dans des Foreign Students' Hotels mis en place notamment près de l'université d'Accra par la politique panafricaniste de Kwame N'krumah entre 1957 et 1996 (ADJAKRA A.D.Y, 1990 ; ALIFO N.M.K, 1999). C'est le gouvernement militaire de John. J. Rawlings au pouvoir depuis le coup d'état de 1981, qui a ouvert un camp à une quarantaine de kilomètres à l'Ouest d'Accra, dans le village de Gomoa-Buduburam (communément appelé Buduburam) pour les réfugiés libériens en nombre croissant en Septembre 2000.

III-2-1 : LE MODELE D'ACCUEIL GHANAEEN : UN ENCADREMENT DES REFUGIES

Les premiers libériens arrivés au port de Tema ont été accueillis par le Ghana Immigration Service (GIS) comme l'atteste la photo 1. Au nombre d'une centaine, ils ont d'abord été hébergés à Afienya, une localité au Nord-est de Tema, dans une école transformée par l'Etat en centre de transit (OKAE-MENSAH K, 1997). D'autres réfugiés arrivés plus tard ont emprunté les lignes aériennes régulières et ont bénéficié de l'aide de l'armée ghanéenne, empruntant les avions, et surtout les bateaux militaires ghanéens. A partir de la création du camp de Buduburam, le GIS a orienté les réfugiés arrivant à Accra vers ce lieu d'accueil où ils étaient estimés à 9000 en 1990 et 15 000 en 1996. Toutefois, le gouvernement ghanéen n'a jamais obligé les libériens à s'installer à Buduburam et ESSUMAN-JONHSON A, 1992b précise ainsi qu'environ 2000 libériens s'étaient installés par leurs propres moyens à Accra ou ailleurs tout en ajoutant que certains ont par la suite cherché à rejoindre le camp où le degré d'aide était important (Ghanaian Times, 05/10/1990). Le camp a également servi de lieu de transit, avant qu'ils ne rejoignent leur pays d'origine, à des centaines de ressortissants africains, nigérians par exemple, fuyant la guerre civile libérienne. Dans ce grand camp d'accueil, les réfugiés ont été hébergés dans des maisons préexistantes sur le terrain ainsi que sous des tentes données par l'armée.

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

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Photo 1 : extraits de presse ghanéenne montrant l'arrivée des réfugiés libériens à Accra

Source : Ghanaian Times, 09/10/1990

Ces extraits de presse ghanéenne en anglais montrent que les premiers arrivants à

Accra n'ont pas été accueillis à bras ouverts par la société civile, mais ont été pris en charge par le gouvernement.

Le camp de Buduburam, situé à 45 km d'Accra, peut être considéré comme une centralité libérienne au Ghana, au sens où il concentre une forte population de réfugiés et de services proposés par et pour eux, et où il entraine des mobilités particulières de la part des libériens installés ailleurs. Le camp est en effet pour eux un point de repère et un lieu de sociabilité important, mais à des degrés divers, selon l'éloignement géographique, le capital socio-économique et l'histoire personnelle des individus (ASARE V.N.B, 2000). Point d'ancrage non résidentiel pour ces derniers, le camp est surtout le signe d'une reterritorialisation des libériens au Ghana (AGIER M, 2013). La majorité des réfugiés libériens rencontrés au Ghana, soit 44 sur 50, vivaient ou avaient vécu dans le camp de Buduburam. A l'échelle de l'agglomération d'Accra, DICK S (2002a), proposait de distinguer les « camps refugees » des « town refugees » et observait elle aussi de nombreux allers et retours entre le camp et la ville.

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39

A l'instar du camp urbain de Buduburam, le camp de Krisan visible sur la carte 5, situé en milieu rural, à 80 km de l'agglomération de Sekondi-Takoradi, a également accueilli un petit nombre de réfugiés à partir de 1996. Le camp de Krisan a hébergé des libériens et de petits groupes de réfugiés sierra-léonais, soudanais ou encore centrafricains. Les arrivées de libériens au Ghana ont été ponctuelles et diffuses comme en Guinée et la lenteur des rapatriements étaient visible.

Carte 5 : Plan du camp de Buduburam et répartition inégale des libériens à Accra

L'analyse de cette carte dévoile que l'installation des réfugiés s'est faite le long de la zone côtière à Accra et que les trois localités qui concentraient le plus de réfugiés libériens étaient respectivement Buduburam, Tema, Kasao.

Outre ces réfugiés, le Ghana a surtout été marqué entre 1993-1995 par la présence de réfugiés togolais en nombre irrégulière comme le montre la figure 2, dans la partie Est du pays qui fuyaient les troubles politiques de leur patrie. A l'Ouest, ce sont les réfugiés en provenance de la Côte d'Ivoire qui ont franchi la frontière ghanéenne dans les années 2000. Le nombre total de réfugiés dépassait les 40 000 en 2003 (ASARE V.N.B, 2000).

En plus de ces effectifs, le Ghana a aussi enregistré le retour de ses ressortissants fuyant la guerre civile du Libéria. Le Ghana Immigration Service (GIS) s'est chargé de séparer les libériens des ghanéens grâce à l'absence d'ethnies communes entre le Libéria et le Ghana et surtout le broken english des libériens. Le gouvernement ghanéen, via le GIS, a aidé

financièrement au retour de ces nationaux vers leurs villages d'origine, mais ne leur a pas octroyé d'aide spécifique. Ces ghanéens ont d'abord séjourné dans le camp de Buduburam avant de choisir un lieu spécifique pour leur réintégration lorsqu'ils n'avaient pas de villages d'origine. Ces 15 000 ghanéens d'origine rurale, sont revenus les mains vides entrainant une réinsertion difficile comme à Senya Beraku, un village proche de Buduburam (DEKKER R, 1995). Ils ont néanmoins obtenu des micros crédits de l'ONG Assemblies of God Relief and Development Services qui est également intervenue dans le camp de Buduburam.

Figure 2 : arrivées des différents réfugiés de conflits et exilés ghanéens à Accra entre 1990 et 2009

Ce graphique atteste que de 1990 à 2009, l'accueil du plus grand nombre de réfugiés au Ghana a eu lieu de 1993 à 1996, constitué à majorité de réfugiés togolais fuyant les troubles électoraux au Togo. L'arrivée du deuxième contingent important de réfugiés s'est déroulée de 2002 à 2007 et dominée par les réfugiés libériens issus de la deuxième guerre civile de leur pays.

III-2-2 : LES LIMITES DE L'ACCUEIL DES REFUGIES A ACCRA

Le gouvernement ghanéen, d'abord accueillant, est devenu plus réticent à recevoir davantage de réfugiés libériens à partir du milieu des années 1990, après l'afflux de milliers de réfugiés togolais dans l'Est du pays et les échecs répétés de négociations de paix au Libéria. Les autorités ghanéennes ont affirmé également les limites de leur accueil et les ont reformulées à plusieurs reprises pendant mais surtout à la fin de chaque guerre civile, c'est-à dire à la fin des années 1990, puis de nouveau après 2003, encourageant les libériens à rentrer chez eux. Les limites de l'accueil ont surtout été révélées avec acuité en 2008, lors d'une manifestation pendant laquelle les réfugiés libériens ont rejeté l'éventualité de rester au Ghana et ont réclamé d'être réinstallés par le HCR dans des pays tiers (Etats Unies d'Amérique,

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

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IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

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Australie, Canada). Cette manifestation a conduit à l'expulsion de quelques libériens et entraîné une remise en question de leur présence au Ghana en tant que réfugiés.

Egalement, l'épopée du bateau Bulk challenge en 1996 (NAGBE K.M, 1996) qui avait quitté Monrovia après les combats d'«April 6 » a erré plusieurs semaines dans le Golfe de Guinée, les autorités ivoiriennes puis ghanéennes lui interdisant de débarquer ses passagers sur leur territoire, le soupçonnant de transporter des anciens combattants en déroute. Après quelques jours, le navire a néanmoins accosté au port de Takoradi le 15 mai 1996, suite aux pressions internationales et à la détérioration de la situation à bord. Les quelques 2000 libériens du Bulk Challenge, installés dans le camp de Krisan dans l'Ouest du pays près de la ville de Sanzule ont peu à peu rejoint le camp de Buduburam ou bien sont rentrés au Libéria à la fin de la première guerre. A la fin du mois de mai 1996, des libériens embarqués sur un autre bateau, le Zolotitsa n'ont pas eu cette chance et ont passé plusieurs jours en mer avant de retourner à Monrovia (Ghanaian Times, 19/06/1996).

A cela s'ajoute le phénomène de « refugees fatigue ». Cette notion de fatigue (lassitude des bailleurs de fonds du HCR et pays accueillant les réfugiés) a d'abord été exprimée par les pays donateurs, notamment les pays industrialisés qui contribuent pour l'essentiel au budget du HCR (CAMBREZY L, 2001), mais aussi par le pays hôte, qui est le Ghana. Ces deux types de fatigue interviennent le plus souvent face à des situations dites d'exil prolongé (LOESCHER G, MILNER J, 2005).

III-2-3 : PRISE EN CHARGE DES REFUGIES LIBERIENS A ACCRA

Le HCR est intervenu plus tardivement au Ghana qu'en Guinée et il faut surtout y souligner la place importante qu'ont prise les ONG nationales dans l'aide aux réfugiés du camp de Buduburam. Les fonds internationaux débloqués par le HCR pour les réfugiés libériens sont d'abord allés aux pays ou ces réfugiés étaient les plus nombreux (Côte d'Ivoire, Guinée, Sierra Léone) et non pas au Ghana. Avant 1993, le HCR n'avait d'ailleurs qu'un seul chargé de mission dans le pays et non un bureau permanent. Ce sont principalement les ONG ghanéennes qui se sont investies auprès des réfugiés à Buduburam et qui ont ensuite continué de les aider avec le financement du HCR. Autant, la société civile ghanéenne a fait de nombreux dons matériels et financiers aux libériens dans les premiers mois d'existence du camp comme l'exprime la photo 2. En 1990 et dans les années suivantes, le journal Ghanaian Times relayait régulièrement les demandes d'aide supplémentaires adressées à la population

par la National Reception Task Force, (Ghanaian Times, 09/10/1990) et rapportait ces gestes de générosité. Ces dons ont largement été orchestrés par le pouvoir, mais comme en Guinée, l'Etat, ayant peu de moyens, s'est appuyé sur la société civile, tout en conservant son rôle principal dans la gestion des réfugiés à travers le NMP (National Mobilization Program) et le comité interministériel d'accueil.

Photo 2 : extraits de presse ghanéenne montrant des dons alimentaires aux réfugiés libériens à Accra.

Source : Ghanaian Times, 09/10/1990

Les différentes ONG et associations religieuses sous la supervision de l'Etat ghanéen sont venues en aide aux réfugiés libériens à Accra. Ces aides concernaient des fournitures de biens de première nécessité.

Le HCR a ainsi entériné la répartition des tâches qui avaient eu lieu avant son intervention et dans laquelle les ONG nationales avaient une part essentielle, avec le soutien du gouvernement ghanéen. Ces ONG étaient souvent confessionnelles. On peut en citer quatre principales ayant joué un rôle majeur dès les débuts du camp et qui continuaient à y être actives en 2008-2009 : la Croix Rouge Ghanéenne, l'Assemblies of God Development and Relief Services, la National Catholic Secretariat et le Christian Council of Ghana. Avec le temps, les tentes du camp ont été remplacées par des maisons en dur, construites par les réfugiés eux- mêmes, grâce à des matériaux donnés par ces ONG et le HCR ou acquis par le dynamisme économique de ces derniers. Malgré la volonté initiale du gouvernement ghanéen de ne pas créer l'impression que les réfugiés libériens seraient au Ghana pour longtemps, le

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camp de buduburam est devenu peu à peu un petit village, voir une petite ville avec des services publics dépendant de l'aide humanitaire du HCR mais essentiellement des ONG ghanéennes. Du point de vue des conditions de vie, ce camp était considéré comme un exemple par le HCR (ACC, NS, 20/07/2008).

La gestion du camp a été confiée à un organisme déjà existant le National Mobilization Program (NMP), dépendant du Ministry of Social Welfare, qui avait été créé pour répondre à des crises et était notamment intervenu dans la gestion du retour des ghanéens expulsés du Nigéria en 1985 (ALIFO N.M.K, 1999). Un fonctionnaire du NMP a été nommé responsable du camp, camp manager, chargé de règlementer la vie à l'intérieur du camp et doté d'assistants qui ont tous été hébergés dans l'une des maisons du camp baptisée par les réfugiés, the Mension en référence au palais présidentiel de Monrovia et en signe de reconnaissance de ce lieu de pouvoir. Cette équipe de gestionnaires était payée par le gouvernement ghanéen et non le HCR qui n'a commencé à financer l'aide aux réfugiés au Ghana qu'à partir de 1992.

III-2-4 : MODES DE VIE DES REFUGIES LIBERIENS A BUDUBURAM

La grande majorité des réfugiés libériens à Accra vivait au camp de Buduburam qui faisait preuve d'un grand dynamisme. Les diverses activités économiques menées dans le camp font penser à une ville, car elles sont surtout tertiaires. L'agriculture pratiquée par les libériens à l'intérieur du camp permettait de préparer des plats typiques du Libéria qui diffèrent des habitudes alimentaires du Ghana. Les réfugiés parviennent aussi à revendre une partie de leur production agricole (BOAMAH-GYAU K, 2008). Par ailleurs, le camp apparaissait plutôt propre en comparaison à certains quartiers d'Accra, et surtout de Conakry ou le ramassage d'ordures était moins organisé ou systématique. Les différentes zones du camp disposent de points de collecte des déchets. Dans chaque zone s'est constituée une équipe de résidents pour veiller à la propreté des lieux : balayage, ramassage des ordures et entretien des drains d'assainissement quand nécessaire. Certaines familles plutôt plus pauvres survivent en partie grâce au ramassage et à la collecte des emballages plastiques vides, notamment ceux des sachets d'eau, qu'ils revendent ensuite pour un petit bénéfice (OMATA N, 2011a). A Buduburam, les réfugiés libériens tout comme les ghanéens devaient compter sur leurs propres ressources pour bénéficier des services de base (eau courante et électricité).

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Le camp comporte également des associations qui sont animées où fréquentées par les réfugiés sur une base quotidienne ou hebdomadaire. Elles constituent des opportunités d'emplois, ou du moins d'occupation pour les habitants du camp, quel que soit leur âge. La plupart des réfugiés sont chrétiens et fréquentent des petites églises qui leur apportent un soutien spirituel et psychologique (DOVLO E et SONDAH S, 2001) mais aussi matériel, en leur donnant accès à des sources de revenu stables ou ponctuelles. De même, les moments de fêtes, religieuses ou nationales rassemblent les résidents du camp ainsi que leurs amis les ghanéens, ou encore les manifestations de revendication envers les instances dirigeantes du camp et le HCR. Du reste, le camp dispose d'un marché en contact avec le village de Buduburam et qui a surtout servi de lieu de vente d'une partie de l'aide alimentaire qui avait été allouée aux réfugiés pour acquérir d'autres biens de consommation courante non fournis par les ONG, comme dans d'autres situations d'exil et d'aide alimentaire (FERRY F, 2004).

III-3 : CONDITIONS D'INSTALLATION ET MODES DE VIE DES REFUGIES

MALIENS DANS LE SAHEL BURKINABE

A la suite de la crise malienne de Janvier 2012, des réfugiés maliens sont arrivés par vagues successives au Burkina Faso avec leur bétail. Un nombre important de ces réfugiés s'est installé dans la région du sahel en faveur d'une décision politique mais surtout à cause des liens ethniques et culturels communs avec les populations locales. Ils se sont installés auprès des populations autochtones ou sur d'anciens sites ayant accueilli d'autres réfugiés maliens en 1993. Mais avec l'afflux des réfugiés, de nouveaux sites d'accueil ont été ajoutés aux anciens, donnant un total de neuf sites d'accueil inégalement répartis dans les trois provinces de la région comme indiqué sur la carte 6 : cinq dans l'Oudalan, trois dans le Soum et un seul dans le Séno. Pour des raisons pratiques (accessibilité, regroupement, stratégie, sécuritaire), des relocalisations de sites sont en cours sous la supervision du HCR et des autorités nationales (CONAREF), surtout dans le Soum. Les sites de Férerio, de Gandafabou ayant déjà été fermés (UNHCR, 2013).

Carte 6 : camps de réfugiés dans le sahel burkinabé

Les camps de réfugiés dans la région du sahel burkinabé sont dominés par les sites spontanés dans la province de l'Oudalan, suivi des sites officiels dans le Séno et le Soum.

III-3-1 : INSTALLATION ET RELOCALISATION DES REFUGIES MALIENS DANS LE SAHEL BURKINABE

L'unique site répertorié au Séno est celui de Goudébo au Nord de Dori, à environ 10 km sur l'axe Dori-Gorom. Au dernier recensement officiel de 2006, le village de Goudébo comptait 692 habitants répartis dans 136 ménages dont 50,51% de femmes. Avec quatre quartiers comportant chacun un forage, le camp de réfugiés installé au quartier Goudébo école, compte 9 982 habitants dont 2 862 ménages (Barry S et al). Les réfugiés de Guédebo sont venus des sites spontanés de Déou, de Férerio et de Gountouré-Gnégné entre Novembre et Décembre 2012 (HCR, 2013).

Dans le Soum, les sites initiaux sont Damba et Mentao, localisés respectivement au Nord-ouest et au Sud-ouest de la province. Le village de Damba qui est essentiellement constitué de réfugiés est en plein transfert vers le site de Mentao. Cette localité est subdivisée en cinq entités et abrite 1 295 habitants dont 241 ménages (RGPH, 2006). Les premiers réfugiés y sont arrivés en fin Janvier 2012, dont certains y avaient déjà séjourné en 1993. Les chiffres officiels font état de 14 808 réfugiés dont 4 306 ménages. Ces chiffres sont très évolutifs car chaque jour voit son contingent de nouveaux arrivants (les relocalisés de

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Damba). Le département de Nassoumbou qui comprend le village de Damba abrite une aire protégée qui est le lieu de collecte de bois énergie et une zone de pâturage pour le bétail des réfugiés. C'est dans cette aire protégée que la collecte supervisée du bois mort est organisée par OCADES/CARITAS et les services techniques du ministère de l'environnement et du développement durable pour la fourniture de bois aux réfugiés des camps.

Contrairement aux deux provinces précédentes qui abritent la plupart des sites officiels, les sites d'installation spontanée des réfugiés se concentrent à l'Ouest de l'Oudalan. Il s'agit des localités Tin Edja, Déou, Dibissi et Gountouré-Gnégné constituées surtout de communautés locales évoluant dans l'élevage, le commerce et l'agriculture. Les réfugiés installés à Tin Edja sont arrivés en Avril 2012. Mais beaucoup d'entre eux y avaient déjà séjourné en 1993 lors de la crise malienne de 1992. Le nombre de réfugiés est estimé à 1 214 individus dont 350 familles de bergers ne sont pas enregistrées et prises en charge par le HCR. Ces réfugiés éprouvent de sérieuses difficultés pour leur prise en charge et l'élevage demeure la principale activité même si quelques-uns s'adonnent au petit commerce.

Le village de Déou qui compte 7 878 habitants répartis en 1 369 ménages a enregistré ses premières vagues de réfugiés en février 2012. En mars, leur nombre atteignait 3200 individus répartis dans 498 ménages (FAO, 2013). Une particularité constatée à Déou est qu'une partie des réfugiés était cantonnée à l'Ouest du village tandis que les autres sont disséminés au sein de la population autochtone, dans des concessions ou dans des maisons en location.

A Dibissi, localité abritant 667 âmes répartis dans 110 ménages (RGPH, 2006), a accueilli ses premiers contingents de réfugiés en mars 2012. En mars 2013, soit un an après, le village comptait 4 702 réfugiés en provenance de Gao et de Tombouctou. Les zones de pâturage sont essentiellement localisées au Nord et à l'Ouest et une bonne partie (60%) du cheptel de ces réfugiés pâture hors des camps sur les rives du Béli, aux abords du forage Christine et à Zarmakoye par manque de ressources suffisantes sur place. Le reste du cheptel bivouaque autour du camp et les réfugiés ne manquent pas d'occasion pour témoigner leur reconnaissance aux populations hôtes pour l'hospitalité et le partage des ressources (eau, pâturages, bois d'énergie, terres, bois d'oeuvre) dont ils disposent. Non loin de là, le site de Gandafabou dans l'Oudalan divisé en cinq entités supportant 1 178 habitants dont 188 ménages. Ce site a accueilli des réfugiés qui ont été redéployés vers le camp de Mentao à partir de janvier 2013 (FAO, 2013).

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Enfin, le village de Gountouré-Gnégné, équipé moyennement en infrastructures hydrauliques comporte une population de 1 295 habitants et un site fermé dont le contingent de réfugiés est transféré au camp de Goudébo dans le Séno (RGPH, 2006 ; HCR, 2012). Cependant, selon la même source, 53 familles de réfugiés sont restées à Gountouré-Gnégné à cause de leur bétail qui bénéficie de pâturages abondants et de points d'abreuvement. Ces réfugiés ne sont plus pris en charge par le HCR.

III-3-2 : REPARTITION DU CHEPTEL DES REFUGIES ET DES AUTOCHTONES DANS LE SAHEL BURKINABE

Dans la région du Sahel, l'élevage demeure la principale activité (58%) et source de revenu des réfugiés, suivie du petit commerce (19%), du travail salarié (10%) et de l'agriculture (2%). L'élevage reste également la principale activité des autochtones (49%), talonné par l'agriculture (44%) et le petit commerce (7%) (HCR, 2013). La pratique de l'élevage dans la région du Sahel concerne essentiellement les bovins, les ovins, les caprins, les camelins, l'espèce asine et la volaille. L'analyse des résultats d'enquête du HCR en 2013 montre que le cheptel élevé est bien diversifié dans les sites des réfugiés. Il ressort que le bovin est l'espèce la plus dominante chez les réfugiés avec en moyenne 44,4#177;62,7 têtes par ménage, tandis que chez les autochtones, l'espèce la plus dominante est le caprin avec en moyenne 17,2#177;17,8 têtes par ménage. L'espèce asine et les camelins sont aussi des espèces en effectifs remarquables chez les réfugiés avec en moyenne 2,5#177;3,9 et 4,2#177;8,3 têtes par ménage (HCR, FAO ; 2013).

Ainsi, à Goudébo et à Mentao, les réfugiés détiendraient plus de caprins dans les deux camps probablement pour la production laitière, la viande et la commercialisation. La gestion des effectif vari en fonction des sites A Goudébo le gros du troupea des réfgiés (70 à

Tableau 7 : effectifs du bétail résidents par site dans le Sahel burkinabé

80%) étant avec des bergers à la frontière du Burkina Faso avec le Mali, principalement dans les aires de pâturage des localités d'Inabao, Tin Akoff, Damba, Déou, Gorom-Gorom et le forage Christine. Cette disposition s'explique par la faible disponibilité de pâturages, d'eau, et d'espaces pastoraux dans les zones de Goudébo. Par ailleurs, les effectifs des troupeaux de réfugiés ont été affectés par les déplacements avec de fortes mortalités enregistrées particulièrement chez les petits ruminants (80%). Ces mortalités qui entrainent la variation des effectifs d'animaux (réfère tableau 7) d'un site à l'autre sont favorisées par l'apparition de certaines maladies (VSF, 2012).

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Tableau 7 : répartition du bétail des réfugiés par sites spontanés et officiels

Source : données d'enquête UNHCR/FAO 2013

Effectif de bétail dominé par les ovins et les caprins dans la majorité des sites.

III-3-3 : LES SOURCES D'APPROVISIONNEMENT EN EAU, NOURRITURE ET ENERGIE DOMESTIQUE DES REFUGIES MALIENS

Les forages sont la principale source d'approvisionnement en eau aussi bien pour les réfugiés (98%) que pour les autochtones (87%), suivi des puits (respectivement 1% et 7%) et des eaux de surface (respectivement 1% et 6%). Les réfugiés utilisent les sources d'eau pour leurs besoins quotidiens et l'abreuvement des animaux. Cependant, les réfugiés disent connaître des contraintes d'abreuvement dues à l'insuffisance des points d'eau et des ouvrages hydrauliques comme le montre la photo 5. Les contraintes sont cependant variables selon les sites. Sur le terrain, on a pu observer que certains réfugiés convoient l'eau de Férerio en véhicules jusqu'à Déou pour l'abreuvement des animaux (HCR, 2013).

Source : données d'enquête UNHCR/FAO, 2013

Photo 3 : compétition pour l'accès à l'eau autour d'un puits busé

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Les caprices du climat, la croissance démographique et l'avènement des réfugiés maliens dans la région du Sahel font que les sources d'eau sont fortement convoitées et se raréfient. Les Hommes et les animaux s'approvisionnent souvent au même point d'eau.

Sur le plan alimentaire, plusieurs structures viennent en aide aux réfugiés, parmi lesquels le HCR, le PAM, les organisations caritatives telles que l'OCADES, le CRS, l'ONG HELP. Ces vivres sont distribués mensuellement aux réfugiés dans leur ensemble (99% des réfugiés). Mais lors des focus groupes organisés entre une équipe d'experts diligentée par le HCR et la FAO auprès des réfugiés, il est ressorti essentiellement deux points :

- les nouveaux arrivants dans les camps tardent à recevoir leurs dotations du fait qu'ils n'ont pas encore été recensés. Cette lenteur dans l'enregistrement nécessite la mise en place d'un stock alimentaire en attente pour répondre à ces cas.

- le manque de diversité des rations servies où les produits laitiers et à base de viande sont absents alors que l'on ne peut ignorer leur importance dans l'alimentation de ces réfugiés. Les produits les plus consommés dans cette région sont les céréales (100% chez les réfugiés) et 98,6% chez les autochtones. Les oléagineux constitués principalement du niébé n'est pas apprécié par les réfugiés et demeure peu consommé. Certains mêmes affirment en donner aux animaux. Les réfugiés souhaiteraient être consultés par rapport à la nature des produits distribués. Par ailleurs les besoins alimentaire du cheptel sont importants et varient suivant le type d'espèce comme l'atteste le tableau ci-dessus (FAO, 2013).

Tableau 8 : besoins alimentaires du bétail de réfugiés dans le Sahel burkinabé

Source : données d'enquête UNHCR/FAO, 2013

Ce tableau révèle que les besoins alimentaires du bétail des réfugiés maliens varient selon l'importance du troupeau.

En générale, les réfugiés ont libre accès aux points d'eau, aux pâturages et infrastructures sociocommunautaires (écoles, centres de soins) au même titre que les populations locales ; parfois même avec plus d'attention. Ils ont également accès aux zones de

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prélèvement de bois autour des camps qui constitue la principale source d'énergie domestique aussi bien chez les réfugiés (74%) que la population autochtone (80%). L'achat et la collecte du bois mort sont respectivement les principaux canaux d'approvisionnement en énergie chez les réfugiés (54%) et les autochtones (84%). La brousse demeure le principal lieu d'approvisionnement en énergie (38% des réfugiés et 84% des autochtones) suivi du marché (38% des réfugiés et 16% des autochtones) (FAO, 2013). Les autres sources d'énergie sont le charbon de bois chez les réfugiés (25%) et de la bouse animale chez les autochtones (14%). Pour plus de précision réfère tableau 9.

L'un des principaux lieux de collecte de bois morts reste la forêt classée de Nassoumbou comme en témoigne la photo 4. Moins de 1% des réfugiés utilisent du gaz comme énergie domestique et environ 3% des autochtones utilisent du charbon de bois dans leur ménage. A travers les analyses spatiales (images satellitaires de type Landsat TM pour la période 2001, 2006, 2011), on a constaté que les forêts mises en défends dans le Sahel sont restées intactes jusqu'à là. De même, malgré un approvisionnement insuffisant en bois énergie de la part des ONG (24,3%), il est ressorti que dans tous les sites abritant les réfugiés que la cohabitation était pacifique entre autochtones et hôtes (HCR, FAO ; 2013).

Tableau 9 : source d'approvisionnement en bois énergie des populations au Sahel

Source : données d'enquête UNHCR/FAO 2013

Les sources d'approvisionnement en énergie restent dominées par la collecte et l'achat de bois, mais ces deux modes d'approvisionnement varient aussi en fonction des réfugiés et des autochtones.

Photo 4 : Chargement de bois en provenance de la forêt classée de Nassoumbou

Source : données d'enquête UNHCR/FAO, 2013

La collecte de bois dans la forêt classée de Nassoumbou se fait sous la supervision des agents forestiers. Certaines populations parcourent de longues distances avec des charrettes pour s'approvisionner en bois.

Bien que la région du Sahel soit à vocation pastorale, les ressources naturelles renouvelables y sont limitées à cause des conditions climatiques et écologiques difficiles. Dans un tel contexte, l'arrivée massive de réfugiés avec leurs animaux en nombre important constitue une préoccupation majeure pour l'accès aux ressources, l'organisation sociale et économique des autochtones (UNHCR, 2012).

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CHAPITRE IV : LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES DE
CONFLITS EN AFRIQUE DE L'OUEST

L'arrivée et la présence prolongée des réfugiés dans certains pays ouest africains tels la Guinée, le Ghana et le Burkina Faso, a sans aucun doute augmenté les exigences vis-à-vis de l'environnement. Le risque environnemental représenté par l'arrivée soudaine de ces milliers de réfugiés dans ces pays d'accueil fut une préoccupation pour la Communauté Internationale et les différents gouvernements. Des études générales visant à évaluer l'impact environnemental des réfugiés furent menées (BLACK R, 1994 ; JACOBSEN K, 1997). Toutefois, l'intérêt des différentes études avant l'an 2000 était axé sur les concentrations de réfugiés en milieu rural et leur impact possible sur l'environnement. Les impacts des réfugiés en zone urbaine sont moins connus et étudiés, aussi bien par les gouvernements que les différents acteurs humanitaires impliqués auprès des réfugiés. Alors que les centres de réfugiés officiels dans les zones rurales ont des dispositions prises pour les services socio-économiques de base, cette assistance n'est souvent pas disponible pour les réfugiés dans les centres urbains (ROGGE J, 1981).

Egalement, l'expression de réfugié urbain comporte deux principales ambiguïtés géographiques. D'abord, elle désigne les réfugiés installés dans n'importe quel espace considéré comme urbain par les définitions administratives d'un pays donné (qui diffèrent souvent d'un pays à l'autre), ensuite pour des recherches scientifiques comme dans les pratiques du HCR, elle correspond souvent exclusivement aux réfugiés vivant dans les villes capitales (BLACK R, 1991). La seconde ambiguïté de l'adjectif urbain est qu'on ne sait pas s'il désigne le lieu d'origine ou le lieu d'exil des réfugiés (STEIN B, 1981). Ce mémoire ne déroge pas à la règle, mais pour une meilleure analyse de la problématique formulée plus haut, nous considérons comme « réfugié urbain » tous les réfugiés s'installant dans une capitale ou une ville. Selon le HCR lui-même, 48% des réfugiés urbains dans le monde sont des femmes et 28% ont moins de 18 ans, 12% plus de 60 ans (JACOBSEN K, 2006).

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IV-1 : LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES LIBERIENS ET SIERRA LEONAIS EN GUINEE

Les impacts des réfugiés sont abordés sur le plan physique et humain.

IV-1-1 : LES IMPACTS BIOPHYSIQUES DES REFUGIES

L'impact des réfugiés sur le milieu biophysique guinéen a surtout été enregistré en Guinée forestière au Sud du pays. Cette localité est une région montagneuse, constituée de collines à fortes pentes, séparées de bas-fonds et de plaines alluviales dont l'altitude moyenne varie entre 600 et 800 mètres. Avec un climat subéquatorial, la région forestière demeure jusqu'à nos jours le château d'eau de l'Afrique de l'Ouest. Sa population, estimée à un million cinq cent mille habitants est essentiellement rurale (78%) et comprend une densité de 43 habitants/km2 (RGPH, 1996). A cette même date, 620 000 réfugiés sierra léonais et libériens sont accueillis en Guinée, soit près de 40% de la population guinéenne qui avoisinait les 7.1 millions d'habitants (BIDOU J.E, TOURE J.G, 2002). 75% de ces réfugiés ont été installés dans les milieux ruraux du Sud, particulièrement au sein de la population locale ou dans des camps jouxtant les frontières des deux pays d'exil comme le montre la carte ci-dessus.

Carte 7 : Répartition des camps de réfugiés en Guinée Conakry en 1996

L'observation de cette carte révèle que de la myriade de camps en Guinée forestière, précisément dans la zone frontalière entre la Guinée, le Libéria et la Sierra Léone, ce sont respectivement les camps informels et formels non gérés par le HCR qui dominent. Cette zone forestière enregistre également le plus grand nombre de camps de réfugiés en Guinée.

En Guinée forestière, les impacts biophysiques dus à la présence des réfugiés se résument à quelques cas. En effet, les libériens par exemple ont empiété sur une partie de la réserve des monts Nimba dans l'Est de la région forestière, zone désignée comme site du patrimoine mondial et réserve de la biosphère (UICN, 1991). On s'inquiète aussi pour la réserve de Ziama, elle-même une réserve de biosphère dans la préfecture de Macenta à l'ouest (BOURQUE J.D et WILSON K.B, 1990). Toutefois, l'étendue réelle de la pression exercée

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par les réfugiés reste à préciser; les monts Nimba souffrent actuellement d'un manque de protection contre les dégradations des populations locales elles-mêmes, alors que le projet gouvernemental d'ouvrir, après la guerre libérienne, la zone à l'exploitation de l'aluminium mettra fin à toute initiative de conservation.

a) Les impacts sur les ressources fauniques, végétales et hydriques

Dans la préfecture de Yomou qui a abrité une part importante des réfugiés libériens et sierra léonais, l'analyse du paysage révèle trois types d'impacts sur l'environnement : la suppression totale des arbres fait apparaître des terres dénudées; des zones forestières sont transformées en champs cultivés et certaines ressources et espèces forestières subissent un prélèvement excessif. En ce qui concerne les impacts du premier type, il semble que la région forestière ait peu souffert d'un abattage massif d'arbres même si les coupes aux alentours de certains sites de réfugiés ont entraîné localement ruissellement et érosion. Par contre, la pression exercée sur certaines espèces de la flore et de la faune sauvage provoque l'inquiétude car des pertes conséquentes des espèces indigènes végétales et animales ont été observées. En effet, les réfugiés prélevaient certaines ressources nécessaires à leur subsistance telles que le bois de chauffage et de construction, noix de palme et ignames sauvages. Mais lorsque les ressources devinrent insuffisantes, les réfugiés furent obligés soit d'utiliser des produits alternatifs « de qualité inférieure ». Par exemple, des branches de palme à la place du raphia pour la toiture, soit d'acheter chez les villageois locaux des produits comme le bois de construction qu'ils ne pouvaient se procurer d'une autre manière. Toutefois, il est à noter que les activités rémunératrices des réfugiés dépendaient beaucoup moins de l'exploitation des ressources naturelles que celles des villageois locaux (FAIRHEAD J et LEACH M, 1996).

Les afflux de réfugiés dans les villes du Sud de la Guinée ont créé aussi une augmentation excessive de la demande en eau potable, qui n'était pas prise en compte par les organisations gouvernementales et les efforts des donateurs. Cela a aggravé une situation urbaine d'accessibilité à l'eau déjà critique et mené à une sur-utilisation de toutes les sources d'eau conduisant à des niveaux de tarissement et de pollution record des points d'eau. Face à cette urgence, il y a eu un besoin d'efforts concertés pour augmenter l'accès des populations à l'eau potable au Sud de la Guinée. En outre, la mise en place de systèmes de drainage par les réfugiés dans les zones de marais pour la production du riz a conduit au disfonctionnement des systèmes hydriques et des niveaux d'eau. Le déboisement dans le camp de Kaliah, dans la

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région de Forécariah a eu comme conséquence l'assèchement de la source d'eau de Berecore (un petit village près de Kaliah) (PNUE, 2000).

Enfin, de nombreux Mandingues ayant survécus aux tueries et pillages du Libéria pendant la guerre civile, sont venus grossir les rangs des pauvres et des bidonvilles dans certains centres urbains comme Conakry. La majorité de ces réfugiés urbains vit en effet aux côtés de citadins qui connaissent les mêmes problèmes de pauvreté et aux côtés de migrants qui rencontrent les mêmes discriminations, souvent liées à la peur de l'étranger. Ces réfugiés s'appuyaient en grande partie sur les ressources végétales et fauniques des bidonvilles pour équilibrer leur quotidien, contribuant à la réduction sensible de ces végétaux et petits rongeurs (WRS, 1995).

b) Les impacts des réfugiés sur les ressources foncières

La présence des réfugiés dans les campagnes de la Guinée a augmenté les besoins continus en terres cultivables et le raccourcissement des périodes de jachère, entrainant une diminution de la fertilité des sols. Egalement, les bas-fonds aménagés par les réfugiés grâce aux subsides du HCR ou par d'autres organisations n'ont produit ni les rendements attendus ni plus d'une récolte par an. On nota une baisse de la productivité des bas-fonds de tous types après deux ou trois ans d'exploitation. Le nivellement de ces bas-fonds s'est traduit, dans certains cas, par une destruction de la biodiversité de ces terres marécageuses importantes et variées. En outre, l'utilisation d'engrais chimiques posait évidemment un problème d'ordre écologique alors qu'une ONG (libérienne) était en train d'expérimenter une méthode de culture intensive de bas-fonds à l'aide de techniques «biologiques » et d'engrais vert.

En 2003, grâce au soutien du Ffem (Fonds français pour l'environnement mondial), une étude a été réalisée sur un jeune camp en Guinée forestière, pour évaluer l'impact des réfugiés sur les ressources naturelles renouvelables à une échelle micro-régionale. L'impact environnemental du camp de populations réfugiées du Katkama (au Sud de Kissidougou), est mesuré par télédétection spatiale en utilisant une image satellite Ikonos à très haute résolution (1 mètre). Grâce à cette image satellite, il est possible de voir les espaces où sont accueillis les réfugiés, les changements dans l'occupation des sols du fait de la concentration rapide de populations dans un espace très réduit. L'extension spatiale de ces changements est relativement circonscrite à proximité des camps. Et l'analyse des images satellites met en évidence une forte emprise spatiale des réfugiés du camp sur les bas-fonds cultivables et la

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couverture forestière. Toutefois, la faible densité de forêts et de palmiers à huile à proximité du camp entraine une réduction de l'accessibilité des réfugiés en ressources bois et en noix de palme. Il est probable que le principal impact de la présence des réfugiés dans la région Sud de la Guinée concerne l'extension de terres cultivées aux dépens de la végétation forestière comme le montre la photo 5 (IMBERNON J, 2003).

Photo 5 : défrichement du bec de canard au Sud de Guéckédou pour l'agriculture

Cette photo montre à quel point les ressources végétales étaient convoitées par les réfugiés et les populations autochtones dans certaines localités de la région forestière, portant atteinte aux ressources fauniques également.

Des densités élevées de populations dans les zones rurales et les centres urbains entrainées par l'afflux de réfugiés, ont eu comme conséquence une très forte pression sur les ressources naturelles de la Guinée particulièrement au Sud. Néanmoins, en raison du modèle de répartition des réfugiés dans les zones rurales et le manque de données détaillées sur l'état environnementale en Guinée avant les conflits libériens et sierra léonais, il est souvent difficile, sinon impossible d'estimer avec précision la dégradation environnementale causée seulement par la présence de réfugiés de celle causée par les populations locales. Du reste, le HCR, de plus en plus concerné par les questions environnementales, a subventionné des études comme celles menées par le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) de 1998 à 2001, puis des opérations de reboisement en Guinée forestière.

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IV-1-2 : LES IMPACTS HUMAINS DES REFUGIES EN GUINEE

c) Les impacts sanitaires

En Guinée, aucun centre urbain n'a échappé à l'impact démographique des réfugiés. Les centres urbains souffrant d'un manque de systèmes efficaces et viables pour la collecte, le transport et le dépôt de tous les types de déchets, en particulier les déchets solides, supportaient de grandes décharges et immondices en leur sein surtout avec l'installation des réfugiés. Les villes du Sud de la Guinée, ainsi que Conakry la capitale font face aux pires problèmes sanitaires en Afrique Subsaharienne. Les petits dépôts de déchets, la pollution des cours d'eau et le manque de latrines sautent aux yeux. Des forages sont creusés à proximité de certains égouts notamment dans les périphéries concentrant les réfugiés. Les épidémies sont une menace sérieuse et au milieu des années 1990, il y a eu des cas de choléras et de méningites. Et si la situation d'hygiène n'est pas améliorée, d'autres cas d'épidémies pourraient apparaître avec l'augmentation de la population, particulièrement chez les enfants. En outre, les autorités comme les populations locales constatant une hausse du nombre de personnes infectées par le virus VIH/SIDA en Guinée forestière, ont fait le lien avec les réfugiés (FALCONER J, 1990).

d) Mésententes entre populations autochtones et réfugiés

Certains réfugiés tels que les Mandingues qui avaient davantage de conscience politique et le monopole du commerce dans les villes, s'intégrèrent dans la vie économique citadine. Mais leur brusque augmentation marginalisa davantage les groupes ethniques de forêt (Mano, Guerzé, Toma et Kissi), ce qui exacerba les tensions qui existaient déjà. Ces tribus de forêt étaient loyales à l'égard du NPFL qui avait persécuté les Mandingues au Libéria. En Juin 1991, les tensions entre Guerzés et Mandingues s'accrurent fortement à N'Zérékoré, aboutissant à des conflits qui firent plus de deux cents morts. A Macenta aussi, les tensions entre les Mandingues, connus sous le nom de Tomamania, et les Toma augmentèrent.

Egalement, le sur-enregistrement des réfugiés et l'appropriation des cartes alimentaires par les marchands et autorités locales suscitaient de graves problèmes dans les villes. En effet, lorsque la distribution de l'aide alimentaire devient irrégulière, les réfugiés des villes protestèrent auprès des services du HCR et en 1995, des pressions politiques furent exercées en faveur des réfugiés des villes afin d'éviter les tensions. Il est même arrivé que ces réfugiés

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urbains adoptent un comportement plus exigent et revendicatif. L'image de réfugiés rebelles et violents a souvent été mise en avant par le HCR. En exemple, les incidents de Juin 2003 à Conakry où des réfugiés sierra léonais et libériens avaient violemment pris à partie le représentant du HCR pour réclamer de l'aide. De plus, l'aide humanitaire qui était concentrée sur les réfugiés a fait naitre un sentiment d'injustice chez les guinéens (DARDOIZE V, 1996). En effet, Douglas Henry écrit que « les Guinéens des zones frontalières », face à l'aide déployée pour les seuls réfugiés, avaient pris conscience de leur « dénuement » et de leur « marginalité au sein d'un État qui, jusqu'alors, ne s'était guère occupé d'eux » (HENRY D, 2002). Et pour finir des vols de ressources étaient enregistrés et les responsables locaux s'en plaignaient énergiquement. Mais en 1995, il semble qu'un consensus ait été établi : un certain niveau de larcin était accepté par les responsables locaux.

.

Les chiffres concernant le taux de déforestation guinéenne sont difficiles à prouver et on estime que l'Afrique occidentale a déjà perdu 70% de sa forêt originelle (GRAINGER A, 1993), ce qui représente plus de la moitié de la déforestation globale africaine. Bourque et WILSON K.B (1990) font remarquer que « la Guinée forestière fut à l'origine, comme son nom l'indique, entièrement boisée » ajoutant à cela que « la déforestation est extensive et progressive à une allure soutenue ». Le consensus général est que « toute forêt naturelle en dehors des réserves forestières des ilots protégés par leur inaccessibilité ou par la tradition risque de disparaître dans un avenir très proche ».

IV-2 : LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES LIBERIENS A

ACCRA

En Guinée d'une part et au Ghana d'autre part, les afflux de réfugiés libériens ont donc été différents en termes chiffrés autant qu'en termes de lieux d'accueil, ce qui s'explique par la situation géographique des deux pays par rapport au Libéria, l'un voisin direct et l'autre éloigné de plus de 500 km. Les modèles adoptés pour accueillir ces réfugiés au Ghana ont également été mieux planifiés, limitant du même coup leurs impacts sur le milieu biophysique et humain. En effet, au Ghana, les arrivées de réfugiés libériens ont été moins nombreuses et immédiatement pris en charge par l'Etat. Ce dernier a choisi d'ouvrir un camp pour les

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accueillir tout en veillant à ce que les fonds investis par le HCR pour les réfugiés de manière plus tardive qu'en Guinée soient en partie gérés par les ONG nationales.

IV-2-1 : LES IMPACTS DES REFUGIES LIBERIENS SUR LE MILIEU BIOPHYSIQUE A BUDUBURAM

L'impact des réfugiés libériens sur les ressources naturelles à Accra sans être exhaustif, se limitera dans le cadre de cette étude à la pression exercée par ces réfugiés sur les ressources foncières notamment autour du camp de Buduburam.

a) Impact du camp de Buduburam sur les ressources foncières

Le camp de Buduburam est passé de modeste centre d'accueil pour quelques libériens en 1990 à une petite ville de plusieurs milliers d'habitants au début des années 2000. Sans barbelés pour le séparer des habitations du village voisin, le camp s'est peu à peu étendu vers lui au point que la différence entre les deux entités n'est pas visible sur les images satellites. Cette expansion au-delà du périmètre initial préempté par l'Etat sur les Stool lands, a suscité des pressions foncières et fait rejouer des enjeux fonciers anciens entre autorités coutumières rivales. AGBLORTI S (2011) montre quant à lui que les Ghanéens de Buduburam se sentaient spoliés de leurs terres par l'installation et le maintien par l'Etat du camp de réfugiés sur le territoire du village. A la fin de la première guerre civile libérienne, les chefs traditionnelles de la région et la population ont exprimé le souhait de récupérer ces terres réquisitionnées par le gouvernement sans compensation (ASARE V.N.B, 2000), insistant sur le fait que les réfugiés les occupaient gratuitement alors que les terres ne cessent de prendre de la valeur dans ce secteur en plein urbanisation (BOAMAH-GYAU K, 2003). La reprise du conflit libérien a repoussé le règlement de cette question mais la cessation du statut de réfugiés en 2012 la soulève à nouveau. L'installation massive des libériens dans ce camp doit être replacée dans le phénomène de croissance des périphéries urbaines de la capitale ghanéenne qui offrait peu de choix à ces réfugiés.

b) L'Assainissement

Des problèmes d'assainissement existaient également au sein du camp car peu de maisons sont équipées de toilettes, de salles de bains ou de douches. Les réfugiés sont donc contraints d'utiliser les toilettes et les douches collectives construites grâce aux fonds du HCR et des ONG partenaires (BOAMAH-GYAU K, 2008) ou sur des fonds privés (libériens ou ghanéens). En raison de leur accessibilité payant (2 à 5 centimes d'euro), de nombreux

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résidents du camp se lavaient chez eux ou en plein air, le plus souvent à la nuit tombée. Les résidents utilisent parfois des seaux cuvettes chez eux, qu'ils doivent ensuite vider en dehors de leurs maisons, notamment dans des caniveaux à ciel ouvert parcourant le camp. Là encore, il faut souligner que ces conditions d'hygiène sont partagées par de nombreux citadins ghanéens. Beaucoup se rendent dans des espaces non habités près du camp, pour aller aux toilettes en plein air, par exemple dans le Gulf, un espace marécageux en bordure de la zone 1, à l'Est du camp.

IV-2-2 : IMPACTS HUMAINS DES REFUGIES A BUDUBURAM

c) Conflits fonciers entre autorités locales à Buduburam

L'expansion du camp a également fait rejouer le conflit foncier déjà existant entre les chefs traditionnels N. K. Koranteng III et son rival Nana Kojo Essel II dans le village de Buduburam. En effet, le camp manager comme le président du comité se sont adressés à ces deux autorités pour répondre à l'afflux des réfugiés et des rapatriés ghanéens. Ils ont ainsi relancé la rivalité foncière entre les deux hommes qui estiment être tous deux les détenteurs de l'autorité clanique sur les terres du stool préemptées pour la création du camp. La restitution des terres acquises de façon provisoire par la puissance publique fait augurer la réémergence de ce contentieux entre les deux chefs. A l'instar du camp, le village de Buduburam dans la banlieue de Kasao, a lui aussi connu une importante croissance démographique et spatiale. D'après le recensement de 1984, il ne comptait que 463 habitants alors qu'il y en avait 18 713 lors du recensement de 2000 (BOAMAH-GYAU K, 2000). Ce chiffre fait de Buduburam une ville du point de vue administratif et la plus importante ville du district auquel elle est rattachée depuis 2008, Gomoa East.

d) Les impacts socio-politiques des réfugiés à Accra

En Août 2000, Nana Kojo Essel II réclamait de nouveau une compensation financière pour l'expansion du camp sur ces terres, à défaut de leur restitution, se plaignait de promesses de compensation non tenues de la part des gouvernements successifs. Il faut néanmoins ajouter ici que les conflits à propos de ces stool lands sont récurrents aux alentours d'Accra, pour définir les détenteurs de ce patrimoine foncier ou pour faire valoir des droits d'usage et de cession (GOUGH K, YANKSON P, 2000). Par ailleurs, si la présence de réfugiés a pu être instrumentalisée à l'échelle locale dans ce jeu coutumier, elle l'a été tout autant à l'échelle nationale, au moment d'élections législatives ou présidentielles, par exemple quand l'aide aux réfugiés libériens entrait dans les visées clientélistes de candidats politiques (ESSUMAN-

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JOHNSON A, 1992). Les réfugiés représentaient en effet une augmentation du nombre d'électeurs potentiels dans un pays où il est courant que les étrangers résidents participent aux élections locales et présidentielles. En 2008, le HCR affichait dans le camp une mise en garde (réfère photo) pour que les réfugiés restent à l'écart des élections nationales.

Photo 6 : affiche du HCR mettant en garde les réfugiés libériens à Accra de ne pas prendre part aux élections.

Source : Thèse de H SIMONE-LORIERE, 2013

A partir de 2001-2002, la conjonction du conflit en Côte d'Ivoire et l'intensification de la guerre au Libéria provoqua une augmentation du nombre de libériens réfugiés au Ghana et de certains fléaux. La croissance du camp et les activités criminelles qui s'y étaient développées (problèmes de vols, trafics de drogue et prostitution) ont emmené une nouvelle remise en question de son existence et une reprise en main par l'Etat.

e) Insécurité au camp de Buduburam

Les nombreuses structures scolaires et de formation à Buduburam sont localisées à l'intérieur du camp, mais il arrive que les jeunes gens qui y habitent soient souvent désoeuvrés et impliqués dans des activités illicites (BORTU T.K, 2009). L'accès à l'éducation dans le camp reste couteux et certaines familles, mais aussi des jeunes isolés n'ont pas les moyens de payer les frais de scolarité demandés aux élèves et aux étudiants. Les anciens soldats, et surtout les anciens enfants soldats, ont du mal à trouver une place, géographique et

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psychologique parmi cette société libérienne en exil. La plupart survivent en volant, en vendant de la drogue (marijuana) ou en jouant à des jeux de hasard ou d'argent. Ils sont regroupés en une association, la Veteran Child Soldiers of Liberia (VESCOL) et sont installés pour une grande part d'entre eux dans la zone 9 du camp (au Nord-est), dans une zone baptisée le gap (WOOWARD L et GALVIN P, 2009).

Ces jeunes anciens combattants se sentent isolés et ostracisés par les autres réfugiés. Ils souffrent de traumatismes de guerre et de dépendance à l'alcool et à la drogue. Pour mener leurs trafics, ils fréquentent le gap, mais aussi le Gulf ou la forêt située à l'Est du camp rebaptisée divil's forest. Ce sont également des lieux de prostitution, auxquels il faut ajouter le 18+18 qui concentre la plupart des restaurants et des bars du camp. La vie nocturne y est très dense et les réfugiés l'ont baptisé 18+18 à cause de la nécessité présupposée d'être majeur pour profiter des plaisirs des bars : boissons, danse et rencontres amoureuses, parfois tarifiées (BORTU T.K, 2009). Dans le camp, les grossesses des jeunes filles sont liées à la prostitution ou à des rapports sexuels précoces et sont également une des causes de leur déscolarisation. Plusieurs recherches (TETE S, 2005 ; BOAMAH-GYAU K, 2008 et OMATA N, 2011) le mentionnent pour évoquer les problèmes d'insécurité que la fréquentation du lieu, souvent nocturne, entraine : il entre en effet en concurrence avec d'autres activités religieuses ou illicites, et les agressions et viols y sont récurrents.

En juin 2003, le gouvernement de KUFUOR. J a décidé de recenser les libériens à Buduburam dont le nombre était estimé à 30 000 (Ghanaian Times 22/06/2002). En Septembre, la police et l'armée ont été envoyées pour faire une recherche d'armes dans le camp. Selon ESSUMAN-JOHNSON A (2011), le gouvernement soupçonnait le camp d'être devenu un lieu d'entrainement pour des mercenaires ensuite envoyés en Côte d'Ivoire. Il était en tout cas un réservoir pour leur recrutement. La presse ghanéenne qui rapportait régulièrement les affaires criminelles, de l'escroquerie au vol à mains armées, dans lesquelles étaient impliqués les libériens, avaient alors demandé la fermeture définitive du camp (Ghanaian Times, Editorial du 20/09/2002, throw them out). Cependant l'escalade de la seconde guerre civile au Libéria avait empêché toute fermeture du site d'accueil et le gouvernement ghanéen encourageait les libériens à s'organiser en tant que communauté pour combattre la criminalité grandissante.

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

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En résumé aux analyses menées, nous pouvons souligner que les effectifs de réfugiés n'ont pas été les mêmes dans les deux pays d'accueil (Guinée et Ghana) et que les façons d'y répondre ont également été différentes. Mais dans les deux cas les réfugiés ont bénéficié d'une importante liberté de mouvements si l'on compare avec la situation d'autres réfugiés dans d'autres pays d'asile en Afrique notamment. Suite à la description des impacts environnementaux des réfugiés de conflits dans ces deux pays côtiers, nous proposons de montrer maintenant le risque environnemental représenté par l'arrivée de réfugiés de conflits dans un pays sahélien comme le Burkina Faso.

IV-3 : LE RISQUE ENVIRONNEMENTAL REPRESENTE PAR L'ARRIVEE DES REFUGIES MALIENS EN 2012 AU BURKINA FASO

La dégradation de la situation sociopolitique au Mali en 2012 a entraîné un afflux massif de 145 000 réfugiés dans les zones déshéritées du Niger, de la Mauritanie et du Burkina Faso. Ces réfugiés en 2013 étaient estimés à 48 731 individus sur le sol burkinabé. Ils sont pour la plupart des pasteurs qui ont trouvé asile avec leurs troupeaux (54 488 têtes) dans le Sahel, région frontalière du Mali (VSF, 2012). Cette arrivée continue de réfugiés suscite quelques inquiétudes car l'état de l'environnement « naturel » de la région sahélienne du Burkina est également complexe car influencé, depuis ces dernières années par des changements climatiques et végétaux et un impact humain qui n'est pas lié à la présence de réfugiés. Les périodes de sécheresse successives qui touchèrent, surtout dans les années 70 et au début des années 80, le domaine sahélien, n'épargnèrent pas, le Sahel burkinabé et sont considérées aujourd'hui comme faisant partie d'un processus de « désertification » dans une zone écologique déjà fragilisée (TOUSSAINT R et al., 1994).

IV-3-1 : LES IMPACTS BIOPHYSIQUES DES REFUGIES MALIENS DANS LA REGION DU SAHEL AU BURKINA FASO

Au regard de la fragilité des écosystèmes sahéliens, les impacts environnementaux majeurs liés à la présence de réfugiés pourraient se traduire par la dégradation des ressources naturelles dont la végétation, les sols, les eaux et la pollution. Cette dégradation concerne à priori les formations végétales qui vont subir les assauts des troupeaux et des prélèvements divers (pâture, bois d'énergie, bois d'oeuvre). En tenant compte de la capacité de mobilité du troupeau, une aire d'emprise a été circonscrite autour des principaux points de cantonnement du bétail des réfugiés. Cela permet de délimiter des zones dont les ressources environnementales sont assujetties à une menace de dégradation.

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

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a) Impacts des réfugiés sur les ressources végétales et foncières

Les besoins en énergie domestique dans les sites d'accueil des réfugiés augmentent les prélèvements des ressources végétales des forêts classées de Nassoumbou dans le Soum et le Séno, Mango dans l'Oudalan qui demeurent les principales sources d'approvisionnement. En outre, la pâture du bétail dans ces réserves peut porter un préjudice à la vitalité, voire la survie des espèces floristiques appétées (acacia) par le troupeau.

Tableau 10 : lieux d'approvisionnement en énergie des populations dans la région du Sahel

Source : données d'enquête UNHCR/FAO, 2013

Que ce soit les réfugiés ou les autochtones, le lieu d'approvisionnement en énergie est dominé par la brousse suivi des marchés. Les autres sources sont constituées par le gaz naturel, le biogaz et le charbon de bois.

L'augmentation des effectifs du cheptel dans la zone sahélienne a créé un accroissement en besoin alimentaire (fourrage, sous-produits agricoles et agro-industriels) et en eau d'abreuvement. Les producteurs autochtones expliquent que la situation s'est davantage dégradée cette année (2013) à cause de l'arrivée d'un cheptel trois fois plus nombreux que les leurs et de l'impossibilité de faire la transhumance vers le Mali due à la situation d'insécurité qui y prévaut. Et sachant que les ressources alimentaires n'ont pas évoluées, la présence d'un plus grand nombre d'animaux joue négativement sur les ressources naturelles. En effet, on enregistre un colmatage du sol par piétinement sur les meilleures zones de pâturage et les points d'abreuvement. Les bergers réfugiés connaissent très peu la zone et les craintes de se perdre ou de subir des vols les poussent à occuper durablement leurs zones de pâture avant de passer à un autre site. Cette situation provoque localement un grand dommage au sol et à la végétation car elle conduit à l'imperméabilisation du sol et au non recharge des nappes par infiltration. Et sur un tel sol dépourvu de végétation, le ruissellement appose son emprise avec ses corollaires de la dynamique érosive (décapage, ravinement, perte de fertilité) (FAO, 2012).

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Photo 7 : colmatage du sol autour de la mare d'Oursi

Source : données d'enquête UNHCR/FAO, 2013

Le colmatage du sol autour de la mare d'Oursi est dû au séjour prolongé de quantités

importantes d'animaux autour du point d'eau.

b) Impacts des réfugiés sur les ressources hydriques et fauniques

Selon certaines sources du HCR, des pénuries d'eau ne manquent pas, particulièrement à Dibissi, Déou et Gountouré-Gnégné. Cela se constate sur le terrain avec le tarissement précoce des mares (Damba et de celle de Férerio). De même, l'état défectueux des deux forages à Déou amène les populations locales et les réfugiés à s'approvisionner à un château d'eau à Ayagoro situé à 5 km du village. Les points d'eau naturels comme les mares (Oursi) connaissent également une pression (hommes et cheptel) qui réduit le temps de disponibilité en eau, augmente les risques d'envasement et de dégradation des terres en bordure de ces points d'eau. Par ailleurs, l'avènement des troupeaux de réfugiés a occasionné un certain brassage avec ceux du Sahel et a fortement joué sur la situation épidémiologique. Il ressort des cas de pasteurellose et de charbon symptomatique dans certains sites qui sont liés à l'utilisation de produits vétérinaires prohibés et l'automédication. Ces pratiques sont courantes au Mali et ont été apportées sur les sites (VSF, 2012).

c) Mauvaise assainissement et planning autour des camps de réfugiés

La pollution environnementale, par les déchets plastiques, omniprésente dans toutes les contrées du Burkina Faso, risque d'être exacerbée dans les sites d'accueil des réfugiés par

les habitudes qui s'installent peu à peu autour des camps. On n'y constate effectivement que tous les emballages des divers produits alimentaires et autres mis à la disposition des familles sont systématiquement rejetés dans la nature en dépit de la présence de certains dispositifs de collecte. Il est à craindre qu'avec les fortes averses dans la localité, toutes ces immondices soient drainées dans les cours et retenues d'eau, ce qui pourrait précipiter leur comblement. Aussi, le système d'organisation des camps ne tient pas compte des méthodes d'élevage des réfugiés, grande consommatrice d'espace. Le fait de regrouper ces derniers dans des camps tels que Goudébo et Mentao est très dommageable aux éleveurs et particulièrement les grands propriétaires de bétail. Ces zones sont peu fournies en pâturages (UNHCR, 2013). En outre dans cette région du Sahel, l'augmentation des effectifs du cheptel a entrainé une modification du circuit de pâturage. Face à la pression et à l'incapacité de faire la transhumance vers le Nord Mali, certains éleveurs envisagent se rediriger vers les pâturages du Sud en zone soudanienne.

Photo 8 : déchets plastiques jetés dans un drain autour du camp de Mentao

L

Source : données d'enquête UNHCR/FAO, 2013

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Les déchets plastiques au niveau des camps sont accumulés près des tentes et jetés ensuite dans la brousse ou dans des drains autour des camps comme c'est le cas de Mentao. Les déchets s'y accumulent et gênent le passage de l'eau en hivernage.

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IV-3-2 : IMPACTS HUMAINS DES REFUGIES DANS LE SAHEL BURKINABE

d) Mésententes entre populations locales et réfugiés

Des actions urgentes doivent être entreprises à travers la multiplication des points d'eau (puits, forages, micro-barrages). Si rien n'est fait, des mésententes pourraient naître tel que ce fut le cas dans le village de Bouro entre éleveurs réfugiés et autochtones pour l'utilisation d'une mare (UNHCR, 2012). L'ouverture du forage de Christine pourrait, à court terme, résorber un peu la pression autour des points d'eau et des pâturages. Il y aussi le risque de conflits fonciers avec les paysans locaux qui veulent semer leurs champs, qui sont dans la famine alors qu'on distribue la nourriture aux étrangers, et qui aussi, bloqué dans le pays avec leurs troupeaux peuvent les conduire à côté des champs cultivés.

e) Insécurité et forte spéculation dans la région du sahel

Selon le Haut-Commissaire de la province du Soum, on ne peut exclure la présence d'islamistes sur le territoire mais dit s'occuper de la sécurité des réfugiés et des habitants. Cette révélation demeure une menace pour la sécurité nationale pour peu que ces réfugiés constitués à majorité de jeunes en âges de combattre se mettent à faire des revendications envers l'Etat burkinabé. De même, selon une jeune institutrice à Djibo, l'arrivée des réfugiés a entrainé une explosion des loyers, des prix des denrées de première nécessité et une baisse tarifaire du cheptel, des produits animaux et artisanaux que beaucoup de réfugiés mettent sur le marché.

Par ailleurs, l'offre éducative n'est pas suffisante dans les camps de réfugiés. Et pour cela, l'agent humanitaire Thierry Agagliate de l'ONG Terres des Hommes disait : « l'éducation n'est pas une priorité dans les interventions d'urgence auprès des réfugiés maliens et il faut agir maintenant afin de prévenir la création d'un bataillon d'enfants soldats ». Des conditions de vie difficiles et la perte de l'identité culturelle diminuent la stabilité sociale. On note également des problèmes religieux et sécuritaires à l'intérieur des grands camps avec les différentes tendances islamiques et la présence de coupeurs de route et de présumé djihadistes.

Dans l'exploitation des ressources pastorales, il a cependant été noté jusque-là (2013) une cohabitation pacifique entre les réfugiés maliens et les populations des sites d'accueil.

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

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Très peu de conflits entre réfugiés et autochtones en lien avec l'exploitation des ressources fourragères ou hydriques ont été enregistrés dans les zones administrées par le HCR. Certains partenaires du HCR ont perçu les enjeux importants et prennent en compte les populations hôtes dans les actions humanitaires. En effet, les organisations telles que Vétérinaires Sans Frontières et l'ONG Help (à travers le financement de l'UNHCR) mènent des plaidoyers pour une cohabitation pacifique entre réfugiés et populations hôtes dans le partage des ressources.

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

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CHAPITRE V : ASPECTS POSITIFS LIES A LA PRESENCE DE REFUGIES ET PERSPECTIVES FACE AUX IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DE CES POULATIONS EN AFRIQUE DE L'OUEST.

Ce volet de notre travail, sans être une contradiction de tout ce qui a été dit jusqu'à là, met en exergue les effets positifs de la présence de réfugiés pour les pays d'accueil. Il propose également quelques solutions face aux impacts environnementaux de ces populations en Afrique de l'Ouest.

V-1 : CONSEQUENCES POSITIVES DUES A LA PRESENCE DES REFUGIES

Il est important dans cette étude de faire état des répercussions positives possibles et réelles qu'entraine la présence de réfugiés. Une accélération du développement, une amélioration du bien-être en particulier, sont fréquemment relevées une fois mise en place la phase de soin et d'entretien. Ainsi, le développement des régions d'accueil est susceptible d'être encouragé et dynamisé par l'arrivée de fonds supplémentaires ainsi que par la présence d'organismes internationaux promoteurs de développement ou financeurs. Les populations locales au sein desquelles les réfugiés sont accueillis profitent souvent de l'amélioration des infrastructures routières à même de donner un nouvel élan aux échanges commerciaux et des services (BLACK. R, 1995). C'est le cas de la Guinée forestière, auparavant délaissée par le pouvoir central et qui a connu un désenclavement en devenant le centre de l'intervention humanitaire suite à l'éclatement des guerres civiles au Libéria et en Sierra Léone (Levron, 2006). On assista à l'amélioration du réseau routier pour le trafic des camions d'aide humanitaire. Elle a également connu un relatif développement économique, la présence de réfugiés, tout comme celle des travailleurs humanitaires amenant des activités économiques nouvelles (DARDOIZE V, 1996 ; FERRY F, 2004).

En guinée, la diversité des situations socio-professionnelles des réfugiés installés en ville, dont certains sont d'anciens agriculteurs et d'autres évoluant dans le secteur informel montrent que les réfugiés peuvent participer au mouvement d'urbanisation, voire le développement de leurs pays d'accueil grâce aux recherches d'opportunités économiques (LANDAU L, 2006). Il en est de même sur la présence, en milieu urbain, d'une « élite » d'exilés-intellectuels, politiciens, entrepreneurs, ingénieurs ou médecins qui arrivent à s'intégrer correctement dans le jeu d'une économie formelle. Au Ghana, plus précisément à Buduburam, le chef traditionnel, N. K. Koranteng III déclare ouvertement que le développement de son village est en partie lié aux réfugiés et à l'aide du HCR (ACC, NKK, 01/12/2004) : grâce aux fonds du HCR, le village a été doté d'un poste de police, d'une

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caserne de pompier, de toilettes publiques et d'une école inaugurée en 2009.

Dans la région du Sahel au Burkina Faso, les populations autochtones qui sont à majorité des éleveurs, ont tiré profit de leur hospitalité à travers le développement d'ouvrages hydrauliques, la restauration du couvert végétale, la réhabilitation des camps fermés tels que Férerio, Gandafabou et Damba, la récupération des terres dégradées et l'appui en aliment bétail. La présence des réfugiés a par ailleurs redynamisé le commerce de bétail et les intrants d'élevage comme les sous-produits agro industriels et les produits vétérinaires. De l'avis des services techniques d'élevage, le commerce du bétail a connu un certain essor avec les réfugiés en termes de volumes d'échanges et d'augmentation des prix des animaux. Il est à noter que ces derniers ne pratiquent pas l'agriculture et vivent pour l'essentiel de la vente de leurs animaux. Les ventes sont effectuées dans les marchés (Dori, Djibo, Oursi, Déou et Gorom-Gorom). Les intrants d'élevage sont également achetés dans ces mêmes marchés. Enfin, les bouses de bovins en grande quantité constituent un combustible pour le chauffage et la préparation des repas. Les excréments des animaux domestiques (fumier) servent d'engrais organique dans les potagers et les champs. Les bovins, les camélidés et les ânes sont utilisés comme animaux de trait ou de bât pour les travaux agricoles, le transport et d'autres usages, permettant d'économiser des formes d'énergie non renouvelables. En somme, la promotion de certaines activités, selon le scénario le plus optimiste, contribue directement à une meilleure gestion de l'environnement des animaux au Sahel (UNHCR, 2013).

V-2 : RECOMMANDATIONS POUR UNE MEILLEURE ATTENUATION DES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES EN AFRIQUE DE L'OUEST

Ces recommandations présentent d'abord les directives données par le HCR en matière d'environnement, ensuite exposent des perspectives formulées pour les différents cas de dégradation des ressources naturelles et humaines causées par les réfugiés en Afrique de l'Ouest. Enfin, des conseils spécifiques ont été proposés pour les cas de dégradation des ressources aux Burkina Faso.

V-2-1 : RECOMMANDATIONS HCR

Pour une meilleure gestion des impacts environnementaux des réfugiés de conflits, nous allons d'abord énumérer des mesures d'atténuation proposées par le HCR à l'échelle mondiale et ensuite, formuler des recommandations propres au regard des connaissances acquises tout au long de cette étude pour la sous-région ouest africaine. Ainsi, selon le HCR :

La planification et la résolution des problèmes environnementaux associés aux réfugiés ou aux rapatriés doivent se faire suivant trois phases essentielles :

·

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La phase d'urgence ;

· La phase de soins et d'entretien et

· La phase des solutions durables.

Dans le cadre des opérations en phase d'urgence, le système d'information du HCR qui permet de disposer d'informations détaillées sur :

· La topographie ;

· La géologie ;

L'hydrologie ;


·

· La couverture végétale ;

· Les sols ;

· Les conditions climatiques ;

Les espaces fragiles ou protégés se trouvant à proximité des camps, le contexte socio-économique et les infrastructures existantes, constitue une base à partir de laquelle dresser une planification prospective, afin de mieux choisir l'emplacement du site, organiser la disposition intérieure du site, positionner les infrastructures telles que routes, pistes d'atterrissage et décharges, et établir des plans de gestion des zones forestières. Aussi, le choix pour l'installation du camp doit tenir également compte du climat, des spécificités locales en matière de maladies, des conditions de drainage et/ou la disponibilité en eau. Ainsi, les mesures préventives et palliatives doivent devenir la norme plutôt que rester l'exception. La démarche préventive devient de faite la seule solution véritable. Une sélection soigneuse des sites d'installation et une organisation spatiale bien réfléchie des habitations au sein de ces sites constituent deux exemples de cette démarche (HCR/UICN, Août 2005).

Suite à la phase d'urgence, la phase de soins et d'entretien (stabilisation des effectifs de réfugiés et début de l'intervention du HCR) est celle durant laquelle les effets cumulés des différents types d'impacts commencent à se faire sentir de manière marquée par la population réfugiée comme par la population locale. Ces impacts environnementaux découlant de la présence de réfugiés sont divers et susceptibles d'avoir des répercussions négatives sur l'alimentation, la santé et le bien-être des populations locales ainsi que des réfugiés eux-mêmes. Pour pallier à ces problèmes selon le HCR, il y a lieu :

.SUR LE PLAN ALIMENTAIRE

De promouvoir les préparations alimentaires enrichies ou composées, telles que les mélanges maïs-soja, et les légumes frais ne doivent pas être cuits trop longtemps pour préserver leurs qualités nutritionnelles (se reporter aux directives conjointes du HCR et du PAM

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concernant les programmes d'alimentation sélective). Promouvoir l'utilisation de réchauds économes en énergie, produisant peu de fumée et la distribution de denrées de ration générale sous la forme nécessitant le moins d'énergie de cuisson (farine au lieu de grain, par exemple). La fourniture de denrées alternatives, plus respectueuses de l'environnement (par exemple des aliments à cuisson rapide nécessitant moins de combustibles) devrait être encouragée si le contexte s'y prête.

Choisir les denrées ou les sources d'approvisionnement impliquant moins de besoins de transport, de manipulation et de conditionnement. L'alimentation de la population entière par distribution de biscuits énergétiques et de repas tout prêts ne doit concerner que des périodes courtes.

.SUR LE PLAN AGRICOLE

Il convient d'accorder une attention particulière aux mesures de préservation des sols et de leurs réserves en eau dans le cas de cultures pluviales à travers l'introduction de méthodes et de techniques agricoles durables (rotation des cultures avec légumineuses, utilisation d'engrais organiques tels que le compost et le fumier). Encourager la conception et la construction de systèmes d'irrigation adaptés dans le cas de cultures irriguées. Sensibiliser et éduquer les réfugiés et autres bénéficiaires à la nécessité d'économiser l'eau. Pour ce faire, promouvoir des pratiques exemplaires en matière d'utilisation optimale de l'eau comme l'amendement des terres et la promotion de pratiques agricoles (zaï, cordons pierreux).

La réalisation communautaire des activités de foresterie au niveau des camps, des villages locaux, des plantations d'arbres le long des routes et des canaux d'irrigation ; la construction de prises d'eau, de barrages-déversoirs fixes, de terrasses ou de diguettes de rétentions participent à la préservation des sols et des ressources en eau. Des techniques alternatives de traitement des déjections humaines devraient être utilisées dans la mesure du possible, telles que la production de biogaz et sa transformation en engrais organique. De même, les dispositifs de collecte et de stockage des eaux de ménages peuvent permettre leur acheminement vers des jardins potagers ou des arbres. Afin de compenser la faible production agricole dans certaines zones d'accueil de réfugiés, il convient d'accompagner les réfugiés par le développement d'activités génératrices de revenus chez les femmes surtout en leur octroyant des fonds de roulement (UICN, 2005).

.SUR LE PLAN LOGISTIQUE ET SANITAIRE

Travailler à limiter les allées et venues inutiles et optimiser l'utilisation des véhicules vides : les divers organismes de mise en oeuvre devraient coordonner et optimiser l'utilisation

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de ces véhicules, y compris les livraisons de ravitaillement, afin de limiter les besoins en matière de transport. De plus, lorsqu'un équipement lourd est utilisé, il convient d'éviter absolument les terrassements abusifs ou une destruction étendue de la couverture végétale du sol. Au contraire, la présence d'arbres et d'arbustes doit être respectée autant que possible lors de la construction des routes et des autres infrastructures. Les facteurs topographiques doivent également être pris en compte, les terrassements se faisant en suivant les lignes de niveaux. L'emplacement des lieux d'habitation doit permettre de maintenir en place le plus de végétation existante possible.

Réduire à la source les emballages inutiles et évacuer ces déchets là où ils pourront être recyclés et/ou éliminés dans un site d'enfouissement géré à plus long terme. Les déchets de construction doivent être recyclés ou éliminés dans les règles. Règlementer autant que possible, les activités génératrices de revenus car elles sont parfois une source excessive de nuisances diverses, telles que fumée, suie ou bruit, au point de porter atteinte à la qualité de vie des personnes demeurant à proximité. Même s'il est surtout important de percevoir que, de manière générale, la multiplication des opportunités de revenus peut permettre de réduire les impacts des réfugiés sur l'environnement.

Après la phase de soins et d'entretien, vient la phase de solutions durables, où il est essentiel de veiller à la restauration des sites d'accueil des réfugiés après leur rapatriement, aux soucis environnementaux posés par l'intégration des réfugiés dans le pays hôte ou la réintégration des rapatriés dans leurs propres pays d'origine. Egalement, des précautions spéciales sont de mises en ce qui concerne tous les déchets dangereux tels que les déchets d'origine médicale, les récipients ayant contenu des pesticides et les produits chimiques périmés ou usagés. Le plan de gestion des déchets devrait comporter en bonne place la mise en oeuvre d'un programme d'application des « 3 R » (réduire, réutiliser, recycler) et il est préférable d'instituer si possible l'utilisation de moyens de lutte non chimiques. Enfin, oeuvrer à ce que les éléments potentiellement dangereux, tels que les logements abandonnés, les fosses des latrines ou les zones d'enfouissement des déchets, soient démontés et évacués en toute sécurité ou traités selon les règles en usage (HCR, 2005).

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V-2-2 : APPROCHE GLOBALE DANS LE CADRE DE CETTE ETUDE POUR LA PREVENTION DES PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX DUS AUX REFUGIES EN AFRIQUE DE L'OUEST

La résolution des problèmes environnementaux doit être approchée en veillant à l'entière participation de toutes les parties concernées, surtout sur les modalités de l'interdépendance entre les opérations d'aide aux réfugiés et les pratiques locales de gestion des ressources. En effet, les désaccords qui apparaissent parfois entre réfugiés et autochtones peuvent plus facilement être dissipés si l'on veille à ce que les deux communautés soient représentées au moment des prises de décision concernant l'environnement. Au cours du processus de consultation des diverses parties concernées à l'échelle local, une attention toute particulière doit être donnée aux catégories les plus démunies et vulnérables (femmes et personnes âgés) de la population réfugiée comme des communautés autochtones. Ces groupes humains sont ceux qui ressentent le plus les répercussions écologiques liées à la présence des réfugiés, bien que leurs voix soient rarement entendues ou même prises en considération.

Par ailleurs, les activités du HCR doivent se plier à la législation et à la réglementation locale en matière d'environnement. Si cette législation est faible ou inexistante, par exemple en ce qui concerne l'utilisation de pesticides toxiques, les activités du HCR devraient, en principe, se conformer aux normes universellement reconnues qui s'appliquent. A cela s'ajoute le fait que la constitution d'une équipe d'urgence spéciale dévolue à l'environnement est considérée déterminante pour la promotion et le suivi de la coordination à l'échelle locale. La formation du personnel des équipes d'urgence se doit de rappeler les principes de base en matière d'environnement et d'examiner les questions fondamentales qui se posent pendant la phase d'urgence, telles que le choix des sites et leur organisation spatiale interne. Leurs interventions en temps opportun et leur présence permanente sont à même de contribuer à prévenir et à limiter les atteintes à l'environnement. Ces problèmes environnementaux de premières heures peuvent avoir des impacts à long terme qui sont irréversibles.

Le HCR et les gouvernements ont l'obligation de promouvoir la préservation et la réhabilitation de l'environnement sur le terrain en se fixant des objectifs, des priorités et des politiques ; en encadrant la conception et la mise en oeuvre des projets environnementaux et en coordonnant les actions de toutes les parties concernées. Les préoccupations environnementales devraient être incorporées dans l'ensemble des directives et manuels sectoriels, conformément aux politiques environnementales établies par le HCR. Par ailleurs, il est crucial, dès le début de chaque opération, de sensibiliser les bailleurs de fonds à l'existence d'éventuels problèmes environnementaux. Des fonds bilatéraux d'aide au développement destinés à l'environnement doivent être localisés et examinés quant à leur

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utilisation possible dans le cadre de programmes nationaux ou de programme du HCR. Enfin, maintenir autant que possible l'entente entre les communautés à l'intérieur des camps, travailler à la sécurité des agents humanitaires et à l'éradication des abus sexuels de femmes réfugiés par certains personnels humanitaires.

V-2-3 : CONSIGNES SPECIALES SUR LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AU BURKINA FASO

De façon spécifique, dans la région du Sahel Burkinabé, il y a un besoin urgent :

D'encourager des actions de formation des producteurs (autochtones surtout) dans les techniques de prélèvement des ressources fourragères (herbacées et ligneuses) en relation avec la quantité de fourrage pour la préservation durable de l'environnement. Ces formations devraient être associées à des modules de renforcement des capacités des éleveurs (autochtones et réfugiés) à s'organiser pour une meilleure exploitation et gestion du fourrage dans les zones de pâture des sites/camps. Le renforcement des capacités est aussi important aussi bien chez les autochtones que chez les réfugiés et même chez les agents techniques en charge de l'encadrement des communautés dans les sites d'accueil. Des actions d'organisation efficiente de la mise sur le marché des SPAT très prisés en saison sèche ainsi que des formations pour leur utilisation sont nécessaires pour une valorisation optimale du cheptel.

L'élevage est la base de survie des éleveurs réfugiés dont la plupart ne pratiquent pas l'agriculture et ont perdu une bonne partie de leurs animaux lors de leur déplacement. Le renforcement de programmes (la reconstitution du cheptel et la lutte contre la malnutrition basée sur la dotation de petits ruminants comme les chèvres laitières aux couches les plus vulnérables au niveau des camps) par la FAO, l'ONG Reach Italia et le HCR devrait être envisagé avec plus de moyens et une meilleure implication des réfugiés particulièrement sur l'entraide et la solidarité. En outre, des efforts des services techniques de la région du Sahel doivent être portés sur l'intensification de la vaccination (PPCB, pasteurellose, charbon symptomatique, etc.), le déparasitage et divers traitements curatifs à l'antibiotique.

Enfin, il conviendrait d'apporter un appui technique aux communautés pour assurer une bonne gestion et la durabilité des ouvrages hydrauliques déjà réalisés par les populations locales (mares, boulis, forages, puisards, micro-barrages et retenues). De même qu'il est essentiel d'avoir à long terme des indicateurs pour assurer une bonne suivie des ressources naturelles dans les trois provinces concernées, mieux que des parcelles d'observation soient établies en nombre suffisant sur les zones de fréquentation des animaux afin de recueillir et d'apprécier les paramètres climatiques les plus importants. Toutefois, Il n'est pas habituellement possible de réparer entièrement les atteintes subies par la zone d'accueil avant

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le départ des réfugiés (UNHCR, 2013).

Toutes ces recommandations ont pour fondements un préalable : la mise en place et le renforcement d'une coordination entre les acteurs humanitaires (partenaires financiers, organisations internationales) et les autorités locales (services techniques déconcentrés).

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CONCLUSION PARTIELLE

Les analyses menées sur les conditions d'accueil et les impacts environnementaux des réfugiés de conflits dans les trois pays d'étude (Guinée, Accra et Burkina Faso), révèlent que la prise en charge de ces migrants demeure un souci majeur pour beaucoup de pays ouest africains. La gestion des réfugiés nécessite des moyens colossaux à court terme, mais avec le temps, leur présence peut contribuer au développement des pays hôtes. Aujourd'hui, les réfugiés de conflits sont en nombre croissant dans la sous-région et il est plus que nécessaire de travailler à asseoir la paix et des institutions judiciaires fortes dans nos pays.

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CONCLUSION GENERALE

La réflexion menée autour des évaluations des impacts sur l'environnement des réfugiés de conflits a suivi le cheminement établi au préalable et ce, sans embûches particulières. Toutefois, nous notons l'inaccessibilité à certains rapports clés du HCR pour mieux illustrer les effectifs de réfugiés et localiser d'autres cas de dégradation de ressources naturelles et humaines autour des sites d'accueil. A cela s'ajoute l'impossibilité de joindre des spécialistes qui auraient pu apporter leur témoignage et leur expertise sur la question de dégradation environnementale en Afrique de l'Ouest. Cependant, le premier obstacle a été franchi grâce aux rapports d'autres institutions dépendant des Nations Unies. Nos lectures des ouvrages officiels de chercheurs burkinabés et français ont permis de relever le second obstacle. Les réfugiés étudiés dans les trois pays d'accueil (Guinée, Ghana et Burkina Faso) avaient souvent connu un premier déplacement interne avant de quitter leur pays.

Afin d'illustrer par trois exemples de cas d'investigation ce que c'est qu'une EIE (Etude d'Impact Environnemental) de réfugiés de conflits, les choix d'une évaluation des conditions d'accueil des réfugiés en milieu urbain ou rural et d'une appréciation des modes de vie des réfugiés ont été nécessaires. Ils ont permis d'apprécier trois contextes différents auxquels est confronté le quotidien des réfugiés. La description puis l'analyse des résultats de ces choix ont été sources de compréhension du processus de dégradation environnementale par les différentes populations particulièrement dans un contexte de vulnérabilité des écosystèmes dans la sous-région. Se préoccuper de l'exploitation des ressources locales et de la façon dont celles-ci résistent ou s'adaptent aux pressions créées par une augmentation soudaine de populations dans les zones accueillant les réfugiés peuvent fournir des indices précieux en ce qui concerne la nature et l'ampleur des changements dans l'environnement. Elle nous donne également des enseignements sur le meilleur moyen de faire face à de telles transformations lorsqu'elles sont socialement, économiquement et écologiquement indésirables.

Les actes posés par les réfugiés de conflits en Guinée, au Ghana et au Burkina Faso se sont avérés multiples tant dans leur nature que dans leur étendue spatiale et ont eu un impact sur la vitalité des ressources naturelles renouvelables. En effet, après l'installation des différents réfugiés, on assista à une augmentation de la déforestation et du braconnage en Guinée ; à un problème d'assainissement et une expropriation des terres villageoises par l'Etat au Ghana ; une dégradation de sols, de végétaux et points d'eau au Burkina Faso. Ainsi, l'hypothèse selon laquelle les réfugiés de conflits ont un impact négatif sur les ressources

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naturelles renouvelables est confirmée. En ce qui concerne les disputent entre réfugiés et autochtones, les conflits entre Guerzés et Mandingues en Guinée, entre les chefs traditionnels à Buduburam et récemment à Sanyonyongo au Burkina Faso entre réfugiés et villageois, attestent de la dégradation possible des relations entre populations dans les pays hôtes. Les activités agro-pastorales et génératrices de revenus indispensables à l'épanouissement des réfugiés sont surtout des sources de mésententes car les ressources naturelles accessibles sans grande technologie se font rares. Ainsi, est confirmée l'hypothèse selon laquelle le séjour prolongé des réfugiés peut porter atteinte à la paix et à la cohésion sociale dans les pays hôtes. Toutefois, si l'objectif principal de cette étude est de montrer les atteintes environnementales dues à la présence de réfugiés, il convient d'attirer l'attention sur le fait que certaines régions présentent des risques naturels susceptibles de mettre en péril la santé des réfugiés. Il peut s'agir de maladies endémiques, de niveaux élevés de pollution de l'eau ou de l'air ou de la présence de substances toxiques ou radioactives dans le sol. La mise au point d'un plan spécifiquement attaché au site permet de prévenir les impacts environnementaux irréversibles.

Ces trois types de lieux d'étude correspondent à des pôles d'accueil de réfugiés de longues dates, mais aussi à une diaspora ouest africaine très variée. Les différentes orientations de recherches probables de cette étude, malgré leurs spécificités, permettraient de réfléchir aux lieux investis par les différents réfugiés en tant qu'anciens migrants forcés, à la possible tension entre des lieux de vie et d'habitude, des lieux d'initiative, de projet et d'attachement. Dans les champs possibles de la recherche persisterait ainsi le souci de poursuivre la réflexion sur les rapports entre réfugiés, autochtones, lieux, cultures, activités et conflits. Si ce mémoire de master venait à être reçu, nous envisageons poursuivre en thèse, une étude sur les impacts environnementaux des réfugiés maliens dans le sahel burkinabé focalisée sur une approche géographique et culturelle. En effet, au Burkina Faso, l'environnement est une donnée importante tant économiquement que socialement. Sa dégradation constitue donc un problème préoccupant tout le monde et cela, à quelque niveau que ce soit. De ce fait, il est utile de déterminer l'ampleur de la dégradation environnementale causée par les réfugiés maliens au pays des hommes intègres, présenter les secteurs les plus affectés et proposer des solutions pour remédier à ces dommages. En outre, dans la dégradation de l'environnement au sahel, les facteurs anthropiques occupent souvent une large part du fait que le phénomène migratoire véhicule généralement des pratiques culturales et pastorales nuisibles à la nature. Ce constat n'écarte nullement l'éventualité d'une part active des autochtones dans la dégradation de cette nature.

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IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

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ANNEXES

Quatre « système de conflit » sont ainsi distinguées dans cette étude : le complexe conflictuel de l'espace géopolitique constitué par les pays de l'Union du Fleuve Mano (UFM), qui regroupe la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone ; le système de conflits de la zone sénégambienne, dont l'épicentre se situe sur la région sénégalaise de la Casamance, frontalière de la Gambie et de la Guinée Bissau ; le système de conflits dans le domaine sahélo-saharien qui englobe les zones frontalières qui vont de la Mauritanie à l'Algérie et du Mali au Niger ; enfin, le complexe conflictuel du golfe de Guinée qui a pour épicentre la zone du Delta du Niger avec un prolongement sur la péninsule de Bakassi au Cameroun. Il est à noter que chacun des quatre « systèmes de conflits » s'inscrit dans des complexes régionaux plus larges, à dimension régionale, caractérisés par des dynamiques sécuritaires et des acteurs communs (M. Massaër Diallo, 2008).

Carte 8 : les différents bureaux du HCR en Afrique de l'Ouest

Source : UNHCR, 2012

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

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LISTE DES ILLUSTRATIONS LISTE DES CARTES

Carte 1 : climat et perspectives climatiques en Afrique de l'Ouest 17

Carte 2 : foyers Linguistiques et Aires d'extension en Afrique de l'Ouest 22

Carte 3 : carte de la Guinée Conakry 28

Carte 4 : vagues d'arrivées de réfugiés en Guinée Forestière entre 1990-1991 31

Carte 5 : plan de Buduburam et inégale repartition des libériens à Accra 39

Carte 6 : camps de réfugiés dans le sahel Burkinabé 45

Carte 7 : répartition des camps de réfugiés en Guinée Conakry 54

Carte 8 : les différents bureaux du HCR en Afrique de l'Ouest 88

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : croissance et structure démographique en Afrique de l'Ouest 21

Figure 2: arrivées des différents réfugiés de conflits et exilés ghanéens à Accra entre 1990 et 2009

40

LISTE DES PHOTOS

Photo 1 : extraits de presse ghanéenne montrant l'arrivée de réfugiés libériens à Accra 38

Photo 2 : extraits de presse ghanéenne sur des dons humanitaires aux réfugiés libériens à

Accra 42

Photo 3 : compétition pour l'accès à l'eau autour d'un puits busé 48

Photo 4 : chargement de bois en provenance de la forêt classée de Nassoumbou 51

Photo 5 : défrichement du bec de canard au Sud de Guéckédou pour l'agriculture 57

Photo 6 : affiche de mise en garde du HCR aux réfugiés contre les élections à Accra 62

Photo 7 : colmatage du sol autour de la mare d'Oursi 66

Photo 8 : déchets plastiques jetés dans un drain autour du camp de Mentao 67
LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : cadre opératoire 8

Tableau 2 : des problèmes environnementaux majeurs dans quelques pays ouest africains....19

Tableau 3 : traitement et analyse de la revue de littérature 25

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

90

Tableau 4 : arrivées des quatre premières vagues de réfugiés en Guinée forestière 29

Tableau 5 : aperçu général de trois des dernières petites vagues de réfugiés en Guinée 32

Tableau 6 : programme d'assistance aux réfugiés libériens et sierra léonais en Guinée, 1990-

1995 36

Tableau 7 : effectifs du bétail résidents par site dans le Sahel burkinabé 48

Tableau 8 : besoins alimentaires du bétail de réfugiés dans le Sahel burkinabé 49

Tableau 9 : sources d'approvisionnement en bois énergie des populations du Sahel 50

Tableau 10 : lieux d'approvisionnement en énergie des populations dans la région du Sahel 65

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

91

TABLE DES MATIERES

DEDICACE i

REMERCIEMENTS ii

SOMMAIRE iii

RESUME iv

SIGLES ET ABREVIATIONS v

INTRODUCTION GENERALE 1

PREMIERE PARTIE : LE CADRE THEORIQUE ET LA METHODOLIGIE DE

L'ETUDE 4

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE 5

I-1 Problématique 5

I-2 : Cadre logique et clarification des concepts 6

I-2-1 : Cadre opératoire 6

I-2-2 : Clarification des concepts 9

II: Caractéristiques de l'environnement physique et humain en Afrique de l'Ouest 16

II-1: description de trois paramètres principaux pour évaluer le « risque de dégradation

des ressources naturelles » en Afrique de l'Ouest 16

II-1-1 : Le climat et ses fluctuations 17

II-1-2 : Les types de sols 18

II-1-3 : Les écosystèmes 19

II-2 : Les aspects humains 21

II-2-1 : Populations et langues en Afrique de l'Ouest 21

II-2-2 : Religions et activités agricoles 23

CHAPITRE II : METHODOLOGIE DE L'ETUDE 24

II-1 : L'approche méthodologique de la recherche 24

II-2 : La recherche documentaire 24

II-3 : Le traitement des données 25

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

92

CONCLUSION PARTIELLE 26

DEUXIEME PARTIE : LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES

DE CONFLITS EN AFRIQUE DE L'OUEST 27

CHAPITRE III : CONDITIONS D'INSTALLATION ET MODES DE VIE DES REFUGIES DANS TROIS PAYS OUEST AFRICAINS : LA GUINEE CONAKRY, LE GHANA ET LE

BURKINA FASO 28

III-1 : Arrivées et installations des réfugiés libériens et sierra léonais en Guinée 28

III-1-1 : Arrivées des différentes vagues de réfugiés en Guinée 29

III-1-2 : Installation des réfugiés en Guinée 33

III-1-3 : Modes de vie des réfugiés en Guinée 33

a) La vie des réfugiés vivant au sein des populations locales 34

b) Mode de vie des réfugiés à l'intérieur des camps 35

III-2 : Accueil et établissement des réfugiés libériens à Accra 37

III-2-1 : Le modèle d'accueil ghanéen : un encadrement des réfugiés 37

III-2-2 : Les limites de l'accueil des réfugiés à Accra 40

III-2-3 : Prise en charge des réfugiés libériens à Accra 41

III-2-4 : Modes de vie des réfugiés libériens à Accra 43

III-3 : Conditions d'installation et modes de vie des réfugiés maliens dans le sahel

burkinabé 44

III-3-1 : Installation et relocalisation des réfugiés maliens dans le sahel burkinabé 45

III-3-2 : Repartition du cheptel des réfugiés et des autochtones dans le sahel burkinabé 47

III-3-3 : Les sources d'approvisionnement en eau, nourriture et énergie domestique des

réfugiés maliens 48

CHAPITRE IV : LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES DE

CONFLITS EN AFRIQUE DE L'OUEST 52

IV-1 : Les impacts environnementaux des réfugiés libériens et sierra léonais en Guinée 53

IV-1-1 : Les impacts biophysiques des réfugiés 53

a) Les impacts sur les ressources fauniques, végétales et hydriques 55

b) Les impacts des réfugiés sur les ressources foncières 56

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

93

IV-1-2 : Les impacts humains des réfugiés en Guinée 58

c) Les impacts sanitaires 58

d) Mésententes entre populations autochtones et réfugiés 58

IV-2 : Les impacts environnementaux des réfugiés libériens à Accra 59

IV-2-1 : Les impacts des réfugiés libériens sur le milieu biophysique à buduburam 60

a) Impact du camp de buduburam sur les ressources foncières 60

b) L'Assainissement 60

IV-2-2 : Impacts humains des réfugiés à buduburam 60

c) Conflits fonciers entre autorités locales à buduburam 61

d) Les impacts socio-politiques des réfugiés à Accra 61

e) Insécurité au camp de buduburam 62
IV-3 : Le risque environnemental représente par l'arrivée des réfugiés maliens en 2012 au

burkina faso 64

IV-3-1 : Les impacts biophysiques des réfugiés maliens dans la région du sahel au Burkina Faso..64

a) Impacts des réfugiés sur les ressources végétales et foncières 65

b) Impacts des réfugiés sur les ressources hydriques et fauniques 66

c) Mauvaise assainissement et planning autour des camps de réfugiés 67

IV-3-2 : Impacts humains des réfugiés dans le sahel burkinabé 68

d) Mésententes entre populations locales et réfugiés 68

e) Insécurité et forte spéculation dans la région du sahel 68

CHAPITRE V : ASPECTS POSITIFS LIES A LA PRESENCE DE REFUGIES ET PERSPECTIVES FACE AUX IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DE CES

POULATIONS EN AFRIQUE DE L'OUEST 70

V-1 : Conséquences positives dues à la présence de réfugiés 70

V-2 : Recommandations pour une meilleure atténuation des impacts environnementaux

des réfugiés en afrique de l'Ouest. 71

V-2-1 : Recommandations HCR 71

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

94

CONCLUSION PARTIELLE 78

CONCLUSION GENERALE 79

BIBLIOGRAPHIE 81

ANNEXES 88

LISTE DES ILLUSTRATIONS 89

TABLE DES MATIERES 91

Tel : 226-70-79-98-40

Email : abdouyela.1@gmail.com






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