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Impacts environnementaux des réfugiés autour des zones conflictuelles en Afrique de l'ouest

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par Abdoulaye DIALLO
Université Ouaga I Pr Zoseph KI-ZERBO - Master II recherche (Gestion des Ressources Naturelles) 2015
  

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INTRODUCTION GENERALE

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

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Le rapport d'activité du CICR (Comité International de la Croix Rouge), volume 51, 1969 montre que le monde a assisté à des changements spectaculaires sur de nombreux fronts : politique, économique et social. Par contre, les conséquences des conflits armés n'ont hélas pas changé. Entre 1960 et 2005, les conflits armés interétatiques ont fait environ 6.6 millions de morts dans le monde. En juin 2013, l'ONU a publié ses dernières statistiques relevant que le nombre de personnes déracinées de leurs foyers par les conflits s'élevaient à 45.2 millions. L'immense majorité de ces migrations forcées a lieu dans les pays dits « du Sud », notamment en Afrique où leur prise en charge n'est pas une priorité pour les pays d'accueil (BLACK R, 2001).

L'Afrique compte un tiers des réfugiés recensés sur la planète, abstraction faite des « déplacés » qui n'ont pas franchi de frontières internationales. Les migrations forcées de ce type ont pris tant d'importance qu'elles ont pu devenir des éléments de structuration du champ politique, économique et social sur le continent (CORDELL D.D, 2002). La vulnérabilité géographique, l'immensité territoriale, les richesses naturelles et minières abondantes ont fait de l'Afrique un terrain plus favorable à la production de réfugiés que tout autre continent de la planète.

A l'instar d'autres régions du continent, l'Afrique de l'Ouest compte environ 884 000 personnes relevant de la compétence du HCR (rapport global UNHCR, 2012). Privés de protection originelle de leurs Etats, ces réfugiés espèrent, grâce à l'internationalisation des droits de l'homme trouver une seconde patrie de survie et voir leur calvaire prendre fin. La grande majorité des réfugiés de la sous-région est regroupée dans les camps du HCR qui présentent des aspects et des tailles variables en fonction de l'origine des migrants, des conditions environnementales et du volume de l'aide. (AGIER M, 2008) rappelle que les camps sont autant un outil d'aide que de contrôle pour les acteurs humanitaires car très souvent, les réfugiés sont considérés comme corrupteurs, impurs et dangereux. Ils sont gardés dans les camps afin de ne pas déséquilibrer l'environnement, l'économie nationale et la culture « unique » du pays d'accueil (LEACH M, 1995). Les réfugiés peuvent autant être un « fardeau », selon une expression employée de façon récurrente par le HCR et les Etats, qu'une valeur ajoutée pour leurs hôtes. Ainsi, les géographes ont rappelé l'hétérogénéité sociale de certains réfugiés, observant qu'avec davantage de capital économique et social, ils pouvaient

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s'appuyer sur leurs compatriotes pour développer avec succès des projets agricoles (BASCOM J, 1998).

Aujourd'hui, l'impact de l'humanité sur son environnement est probablement la question la plus importante à laquelle nous ayons à répondre. Bien qu'à court terme, cette question puisse paraître triviale, elle peut être décisive sur le long terme. Selon JACOBSEN.K (1997), les thèmes sur l'environnement peuvent être abordés suivants quatre angles : problématique ; systèmes de production et environnement ; santé et environnement ; ville, espace de vie et environnement. De même, du fait de leur caractère transversal, les problèmes environnementaux ne peuvent pas être traités de manière isolée. En effet, les directives en matière d'environnement qui se rapportent à un secteur donné doivent être suivies en tenant compte de celles établies pour les autres secteurs. Les questions liées à l'environnement doivent être abordées dans une perspective globale tout en précisant les contextes : temporel, spatial et culturel dans lesquels elles s'insèrent. Une approche sectorielle sépare souvent les causes des effets et ne prend pas en compte les interactions entre les différentes composantes environnementales (PNUE/HCR, 2000). Toutefois, sans remettre en cause ces directives infaillibles et enrichissantes, notre étude traite du milieu physique et humain, particulièrement les impacts directs des réfugiés sur les ressources naturelles renouvelables (le bois, la faune, l'eau et les pâturages) avec une exploration de quelques problèmes de santé, d'hygiène, sociaux et d'érosion du sol dus à la présence des réfugiés. De façon spécifique, il sera question dans ce mémoire, d'analyser les effets générés par la présence des réfugiés de conflits sur les milieux biophysique et humain en Afrique de l'Ouest. Et pour une meilleure analyse de l'étude, c'est l'environnement défini comme l'ensemble des ressources naturelles et humaines dont la conservation est primordiale à moyen et long termes qui sera le cadre d'investigation de notre travail.

En outre, la volonté de consacrer ce mémoire à l'analyse des travaux menés sur l'impact des réfugiés de conflits sur les ressources naturelles renouvelables et humaines se veut une contribution à la mise en lumière des effets néfastes des concentrations rapides de populations sur les écosystèmes et les sociétés ouest africaines. Et l'impact environnemental des réfugiés se produisant dans un « territoire » donné, « territoire » qui permet à un individu ou à un groupe d'affirmer son identité et de poser des actes d'existence identifiables et localisables, le géographe a son mot à dire dans cette étude.

Afin d'illustrer efficacement la problématique formulée, l'identification de trois pays ouest africains accueillant ces populations de longues dates a été nécessaire : la Guinée

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Conakry, le Ghana et le Burkina Faso. Dans ces trois pays, il sera question de présenter l'état des lieux fait par certains chercheurs sur le thème abordé. Et à partir de cet état des lieux, il sera plus aisé d'analyser l'impact de ces réfugiés sur les ressources naturelles renouvelables et les communautés hôtes.

Ce présent document qui fait la synthèse de la revue de littérature exploitée est scindé en deux parties. La première pose la problématique du thème, expose la méthodologie adoptée pour appréhender la question et présente l'Afrique de l'Ouest. La seconde plus critique, accorde une place de choix à l'analyse des travaux déjà réalisés sur le sujet.

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PREMIERE PARTIE : LE CADRE THEORIQUE ET
LES CARACTERISTIQUES DE L'ENVIRONNEMENT

 

PHYSIQUE ET HUMAIN EN AFRIQUE DE L'OUEST

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Cette première partie aborde la problématique de la dégradation des ressources naturelles renouvelables et humaines par les réfugiés de conflits à une échelle micro régionale des sites d'accueil, présente l'Afrique de l'Ouest et expose la méthodologie d'étude du mémoire.

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CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE

I-1 PROBLEMATIQUE

L'Afrique de l'Ouest comprend l'ensemble des pays de l'espace CEDEAO (15 pays), auquel, compte tenu des liens historiques, géographiques et culturels a été adjoint la Mauritanie qui a quitté l'organisation en 1999 pour l'Union du Maghreb Arabe (UMA). A l'horizon 2030, l'Afrique de l'Ouest comptera 480 millions d'habitants répartis sur une superficie 7.800.000 km2 soit 1/5e du continent africain (CSAO/SWAC, 2007). Cela représente d'énormes défis à relever pour ces pays au regard de la forte jeunesse de la population (65%), de la recrudescence des conflits armés et de l'insécurité dans la sous-région. Ces conflits impliquent des coûts socio-économiques importants et surtout des mouvements de populations au-delà des limites territoriales. Cette affluence à travers les frontières est favorisée en grande partie par les liens culturels et les relations d'affinités linguistiques et ethniques que les populations ouest africaines entretiennent. Et très souvent, ces réfugiés arrivent à s'installer sans grande difficulté avant l'arrivée des ONG humanitaires. Toutefois, cette augmentation spontanée de populations, même de courtes durées dans certains cas constitue un risque de détérioration de l'environnement car les intérêts et priorités des populations autochtones et des nouveaux arrivants sont souvent divergents. En effet, selon les recherches de BLACK R et SESSAY M, (1995) ; BLACK R et LASSAILLY-JACOB V, (1996) ; JACOBSEN K, (1997) ; GIBERT F, (2009) ; SIMON-LORIERE H, (2013) ; BARRY S et al, (2013) ; consacrées aux zones d'accueil de réfugiés en Guinée, au Sénégal, au Libéria, au Ghana et au Burkina Faso : les ressources fauniques, végétales et hydriques environnant les sites d'accueil de réfugiés sont souvent dégradées. De plus, le déplacement ayant globalement tendance à s'allonger dans la durée, la population a besoin de mener des activités dans la région d'accueil dont l'équilibre socio-économique et surtout écologique peut être complètement dévasté. Ainsi, à l'heure où la région ouest africaine doit nourrir, loger, soigner, former une population en forte croissance, où elle doit s'insérer dans une mondialisation multipolaire, où elle fait face à la résurgence de conflits et à l'apparition de crises de types nouveaux, où les migrations forcées s'affichent à la une des médias, où les écosystèmes sont dans l'impasse, la question sur le devenir des ressources naturelles et humaines, sur son capital de développement dans certains pays est primordiale et d'actualité (OCDE, 2009). Et dans ce cadre, nous proposons de réfléchir sur le thème : « impacts environnementaux des réfugiés autour des zones conflictuelles en Afrique de l'Ouest ».

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Le choix de ce thème s'appuie également sur quelques indicateurs écologiques qui révèlent la dégradation progressive des ressources naturelles en Afrique de l'Ouest car soumises à un climat instable (pluies violentes, fortes chaleurs) et à une pression anthropique croissante. Parmi ces ressources, l'eau, la végétation et la faune sauvage méritent notre attention parce qu'elles jouent un rôle essentiel dans l'équilibre écologique du milieu et suscitent un grand intérêt socio-économique pour les populations riveraines (UICN, 2012).

Ainsi, à l'issue de cette problématique, un certain nombre de questions s'imposent à

nous :

Quelles sont la nature et l'ampleur de la dégradation des ressources naturelles renouvelables autour des sites d'accueil de réfugiés?

- Quelle est la part de responsabilité des réfugiés de conflits dans la dégradation de ces ressources ?

- Quelles sont les conséquences à long terme de l'installation des réfugiés sur les communautés et pays hôtes ?

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon