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Les transactions commerciales dans le bourré sous le règne de Kankou Moussa (1307-1332)

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par Djenabou Mady KOMA
Général Lansana Conté de Sonfonia-Conakry - Maitrise en Histoire des relations internationales 2008
  

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    Avant Propos

    Au terme de notre étude supérieure nous avons décidé de traiter un thème de mémoire portant sur le thème « Les transactions commerciales dans le Bourré sous le règne de kankou Moussa (1307-1 332) ».

    En abordant ce sujet, nous avons voulu non seulement définir la place et le rôle combien déterminant de l'or et des marchands noirs dans le circuit des échanges commerciaux internationaux du Moyen Age, mais aussi faire une mise au point en ce qui concerne la contribution de la localité dans l'oeuvre de prospérité et de grandeur de l'Empire Manding.

    Le choix du règne de kankou Moussa comme borne de notre travail ne relève pas du hasard quand on sait que c'est avec ce souverain que le Manding eut la réputation d'un pays aux richesses inépuisables en or ; c'est avec lui que le trafic de l'or a atteint son niveau le plus élevé dans le Manding et plus précisément dans la province aurifère de Bourré.

    Aussi le choix de ce sujet s'explique par le souci d'apporter une modeste contribution à l'oeuvre de revalorisation de l'histoire de notre continent qui fut pendant longtemps bafoué par la colonisation.

    Ce travail est une étude historique parsemée d'essais économiques, le chemin emprunté pour sa réalisation est semé d'embûches : d'un côté, la rareté des documents et surtout l'absence d'éléments statistiques appropriés, de l'autre le manque de moyens adéquats (financier). A cet égard, nous ne saurions prétendre l'avoir épuisé ; cependant nos espoirs seraient largement comblés si elle pouvait guider ceux qui, après nous, éprouveront le besoin de s'en inspirer.

    Pour peu que nous ayons réussi ce travail, nous le devons à l'ensemble de nos maîtres, parents, professeurs et amis qui nous ont fait profiter de leur formation, leurs conseils, leurs encouragements et leur assistance inestimable. Qu'il nous soit permis au moins d'exprimer ici nos sentiments de reconnaissance à nos parents, professeurs et consultants dont entre autres : nos chères mères Djenabou Kourouma, Hawa Condé, , Sayon Condé, Hadja Aminata Keita, Hadja Aicha Koma à nos pères N'faly Koma, Mory Keita, , El Hadj Lanciné Keita, nos formateurs Dr Seydou Magassouba, Dr Mamadou Dian Chérif Diallo, Dr Sidy Malado Baldé, Mr Mansaré Lamine, Mr Mamady Bamba, Mr Aboubacar Demba Diaby, le corps professoral des Universités de Kankan et de Conakry et tous ceux qui de près ou de loin, ont contribué à l'élaboration de ce mémoire.

    Introduction Générale :

    L'Afrique Occidentale, au XIVe siècle a été le foyer d'une activité commerciale intense. Le développement de ce commerce allait mener à la prospérité et au rayonnement d'un puissant empire : l'Empire Manding ou le Mali, qui saura marquer l'histoire du continent au XIVe siècle avec le règne de kankou Moussa (1307-1332).

    Cet empire a longtemps exercé la curiosité des chercheurs, chroniqueurs, écrivains et des historiens en Afrique, en Asie et en Europe.

    Ces célèbres cités marchandes font de l'Empire l'un des plus importants carrefours du commerce mondial. A travers le Sahara et venant de tous les horizons, d'immenses caravanes relient aussi bien l'Afrique septentrionale que le bassin de la Méditerranée aux métropoles commerciales de l'Empire.

    Grâce à son organisation stable à la sécurité de ses routes et surtout aux riches gisements des provinces aurifères du Bambouk et du Bouré, le Mali va élargir l'éventail de son commerce extérieur. Non seulement les transactions prennent une nouvelle envergure avec l'Afrique septentrionale, mais également avec les pays de l'orient et même de l'Europe par le truchement des Arabes. Il nous est toutefois difficile d'évaluer ce commerce avec exactitude, on peut du moins affirmer que l'or du Mali a alimenté le marché méditerranéen dans une forte proportion sous le règne de kankou Moussa.

    Au cours de son prestigieux pèlerinage à la Mecque, l'Empereur noue des relations commerciales très fructueuses avec l'orient ; sous son règne aux dires de plusieurs auteurs, douze mille animaux venaient du Caire apportant sur les bords du Niger, les marchandises de traite, y compris le précieux sel gemme en échange de l'or.

    C'est dans ce cadre que le Bouré s'est distingué sur le plan commercial au point qu'il est à se demander si en définitive ce n'est pas là où se trouve l'un des moteurs qui a fait tourner la grande roue de l'économie mondiale de l'époque, dans le bassin méditerranéen.

    Pour la réalisation de travail, nous nous sommes posé plusieurs questions dans le cadre de notre problématique dont entre autres :

    -Quelle était la physionomie géographique et humaine de Bouré ?

    - Comment l'intégration de la localité à l'Empire Manding s'est-elle effectuée ? ,

    Comment se présentait son organisation politique et économique sous le règne de l'Empereur kankou Moussa ?

    -Comment étaient organisés les transactions commerciales sous le règne de kankou Moussa ?

    -Quelles sont les conséquences des transactions commerciales pour le Bouré et pour l'Empire du Mali ?

    Revues de littérature :

    Dans son ouvrage `'Belles pages de l'histoire africaine'' Vera Cardot relate''... C'est un nom que l'on retrouve jusque sous la plume de Rabelais et aussi sur les cartes et mappemondes du XIVe siècle...L'empereur du Mali y est représenté couronné assis sur son trône, il tient d'une main un sceptre et de l'autre une pépite d'or de la forme et de la grosseur d'une pomme, on y voit les grandes villes des bords du Niger1(*) ...

    En effet, les grandes ressources minières du Bouré auxquelles l'Empire du Mali doit sa splendeur, ont été de tout temps le champ d'attraction du monde extérieur. A ce propos, CAMARA Mamady Koba, citant Malick Ben Nabi, écrit ; `'Jamais la soif de l'or du monde arabe ne fut si violente qu'après la découverte du Bouré''.

    Cependant, il convient de signaler qu'à côté de l'or, d'autres produits furent l'objet de ce commerce.

    Komara Sidiki citant Raymond Mauny in `'l'or en Guinée''2(*) affirme que la quantité d'or a Bouré a été un facteur d'épanouissement du commerce entre l'empire et le reste du monde.

    Labourey Henry in `' l'Afrique précoloniale'' conclut que les transactions commerciales de Bouré dépendaient en général de l'or qui s'échangeait avec d'autres produits.

    Niane Djibril Tamsir `' le Soudan occidental à l'époque des grands empires du XIIème au XVIème siècle'' ressort que la grandeur des empires est soutenue par le commerce dont l'or occupe une place primordiale.

    Ki-Zerbo Joseph in `'l'histoire de l'Afrique noire'' souligne que le baromètre des échanges commerciaux en Afrique au sud du Sahara fut l'or.

    Dans le souci de replacer notre travail dans son cadre spacial et chronologique, nous avons adopté un plan de travail structuré de la manière suivante.

    Un premier chapitre intitulé présentation sommaire de Bouré. Cette partie traitera de la situation géographique, le visage humain, l'intégration de la localité à l'Empire Manding, son organisation politique et économique et le règne de l'Empereur kankou Moussa.

    Le deuxième chapitre est consacré à l'étude des transactions commerciales sous le règne de kankou Moussa.

    Le troisième chapitre porte sur les conséquences des transactions commerciales pour le Bouré et pour l'Empire du Mali.

    CHAPITRE I : Présentation sommaire du Bouré

    Section 1 : Cadre geo-humain

    a- Données géographiques :

    Le Bouré, situé sur la rive gauche du Niger, occupe la partie Nord- Ouest de l'actuelle préfecture de Siguiri. Il est limité au Nord-est : par le KendéManden et le Bidika, au Nord-Ouest par le fleuve Bakoy et Dinguiraye, au Sud-Est par la rivière Koba, au Sud-ouest par le fleuve Tinkisso.

    Le Bouré est une région de plaines et de plateaux qui atteignent 500 mètres d'altitude. Son sol est généralement argileux et couvert de latérite, le sous-sol recèle de riches gisements aurifères.

    Le climat est marqué par l'alternance de deux saisons : la saison sèche et l'hivernage. La saison sèche correspondant à la période active de l'orpaillage et des transactions commerciales.

    La végétation caractéristique est la savane de type arbustive appelée `'petite brousse soudanaise''. Le Bouré est arrosé par le fleuve Tinkisso, le Bakoy et son affluent kökoro et de nombreuses petites rivières. Cependant, il convient de signaler que ces différents cours d'eau ont un régime irrégulier3(*)

    b-Aperçu humain

    Au XIVe siècle, la physionomie humaine du Bouré était formée principalement de Djalonka, suivi de Maninka en nombre restreint ainsi qu'un petit groupement de Sarakollés.

    Les Djalonka qui constituent le groupement humain le plus important (par le nombre) se seraient installés dans la région aurifère à la même époque que la naissance de l'Empire des KEITA, sinon un peu plus tôt (fin XIIe siècle) ; à ce propos, Mady KABA SYLLA, dans son Mémoire de D.E.S, souligne : `' Au prix d'épisodes réitérés, (Fougabani, Dan kadi)4(*) les Djalonka devaient s'assurer à Lénkékoro l'ultime victoire peu avant l'avènement de Soundiata. Cet épisode est considéré par les chroniqueurs comme la date du refoulement définitif des Bambara5(*).

    Si dès le XIIIe siècle les Djalonka vivaient dans le Bouré, la question qui se pose est de savoir quels furent les mobiles de leur migration? Ont-ils été attirés par la richesse aurifère du Bouré ? Ont-ils fui les exactions de Soumaoro KANTE ? La question reste posée. Cependant, on peut penser que l'épisode Djalonka serait une séquence des vastes mouvements de populations déclenchés en Afrique Occidentale, au lendemain de la mise à sac de Koumbi Saleh par les Almoravides.

    Les Djalonka, réfractaires à la nouvelle foi religieuse, se dirigèrent vers le sud, probablement dans les vallées du Bafing, du Tinkisso. Au cours de leur migration, remontant le Niger, une vague a dû s'installer dans cette région, attirée par la richesse agricole et minière du Bouré. Ils seront suivis par les Maninka et les Sarakollés. Ces deux derniers groupements humains s'y sont installés dans le but d'exercer leurs métiers d'artisans et de commerçants6(*).

    Section 2 : Intégration du bouré a l'empire manding

    Le Bouré à l'origine, serait sous le contrôle politique de l'Empire du Ghana qui dominait presque tout le Soudan Occidental du IXè au XIème siècle.

    A partir de 1077, le Ghana va perdre son hégémonie sous le poids de l'invasion almoravide. De cet affaiblissement, certains royaumes vassaux recouvrèrent leur autonomie, tel fut le cas de Sosso qui prendra d'ailleurs la relève de Ghana.

    En effet, dès son accession au pouvoir, Soumaoro KANTE, le souverain de Sosso, s'attaque à l'Empire du Ghana affaibli par la guerre contre les Almoravides et s'empare de Koumbi Saleh. Cet exploit semblait offrir au royaume sosso la possibilité d'une succession économique et politique de l'Empire du Ghana. Mais au sud, le Royaume Manding issu de l'unification des chefferies traditionnelles au XIè siècle probablement, s'organise sous l'égide des KEITA.

    Si Soumaoro KANTE détient le terminus des pistes caravanières, les KEITA du Manding détiennent, eux-aussi, les riches places aurifères du Bouré. Tous deux aspirent à relever l'Empire du Ghana.

    Sachant donc qu'il ne parviendrait jamais à l'hégémonie du Soudan s'il ne contrôlait pas les mines aurifères, Soumaoro KANTE attaque le Manding et s'empare du Bouré. Dès lors, le Manding connut une période de sujétion, ? marquée par la domination des KANTE du Sosso.

    Mais cette domination sera de courte durée car, à la tête d'une coalition de clan maninka révoltée, Soundiata KEITA reconstitue la force du Manding et, à la bataille de kirina (1235), il battit Soumaoro qui disparut dans les grottes de Koulikoro. Soundiata recueillit l'héritage de sosso et s'empare de ses dépendances.

    Désormais la riche province aurifère du Bouré sera partie intégrante de l'Empire Manding. Cette province va devenir l'un des pôles d'attraction économique les plus importants sur lequel reposera l'hégémonie du nouvel Empire Manding.

    L'organisation et les structures de l'empire ainsi fondées seront ratifiées au cours de la grande assemblée de kouroukanFougha. Un des principaux points de cette assemblée concerne la réorganisation de l'empire en trente clans.

    Ainsi la population du Bouré formait un ensemble de clans vivant en semi-autonomie. Elle fut organisée de la façon suivante :

    ü La cellule de base est la famille groupée autour de l'unité de sang , d'alliance et dirigée par un chef;

    ü Un ensemble de familles forment le clan dirigé par un patriarche ;

    ü L'association des clans forme le village orienté et dynamisé par un chef de village ;

    ü L'ensemble des villages constitue la province dirigée par un chef de province désigné et assisté par un conseil gérontocratique dont la puissance était considérable ;

    ü La province du Bouré était rattachée au pouvoir central.

    Du point de vue économique, l'agriculture et l'artisanat étaient pratiqués. Cependant, l'orpaillage fut la principale activité économique des Djalonka du Bouré. Pratiquée en saison sèche (après les récoltes) cette activité est croissante et reste une source de revenue des populations qui y tirent un profit substantiel.

    Les habitants du Bouré pratiquaient aussi l'élevage du petit bétail, la chasse et la pêche.

    Les produits des secteurs ci-dessus énumérés assuraient non seulement la subsistance de la population, mais aussi alimentaient le commerce sur le plan local et international. Soundiata KEITA, le fondateur de l'Empire, mourut en 1235. Ses successeurs : Mansa Oulen, Ouati et surtout Sakoura étendirent les limites de l'Empire. L'empire devient un centre d'affaires très florissant avec le règne de kankou Moussa7(*).

    Section 3 : Bref aperçu sur le règne de kankou moussa

    Kankou Moussa8(*), connu sous le nom de Mansa Moussa 1er, régna au Mali de 1307 à 1332. Au cours de son pèlerinage à la Mecque il séjourna au Caire où il distribua l'or en provision, ce qui lui valurent une réputation extraordinaire. Ce pèlerinage eut de multiples conséquences sur l'histoire ultérieure du Soudan Occidental : l'Egypte, le Maghreb, le Portugal et les villes marchandes d'Italie s'intéressèrent de plus en plus au Mali. Mansa Moussa contribua lui-même largement à donner a son Empire une image d'Eldorado.

    Mansa Moussa 1er prépara son voyage à la Mecque avec soin et toutes les provinces de l'Empire y contribuèrent. Il quitta Niani avec un train extraordinaire pour lequel le Tarik El Fettach avance le chiffre de 80.000 porteurs, 500 serviteurs chamarrés d'or et tenant chacun une canne d'or.

    Mansa Moussa 1er reçut au Caire les honneurs dû au Grand Sultan qu'il était.

    A la Mecque et au Caire, selon la tradition, il acheta terrains et maisons pour abriter les pèlerins soudanais et noua de solides relations économiques et culturelles avec les Mameluks.

    Après ce pèlerinage, les Mérinide9(*) de Fez, les villes marchandes du Maghreb à leur tour s'intéressèrent vivement au Mali : il y eut échange de cadeaux et d'ambassade entre souverains. Le commerce avec l'Egypte prit une place prépondérante, mais ne sur planta pas les échanges traditionnels avec le Maroc et les pays méditerranéens qui étaient assez importants.

    Le quart de siècle que dura le règne de Mansa Moussa 1er fut marqué par une sage administration de l'Empire. `'Il paracheva l'unification de cet empire où des peuples de langues et de coutumes différentes se côtoyaient10(*). Mansa Moussa encouragea et soutint le commerce qui connut désormais une protection étatique garantie par le pouvoir Central. La stabilité politique, la paix qui caractérisaient son règne, favorisèrent le commerce. Les pistes caravanières étaient très sûres. A ce propos, Zaïnoul Abidine Sanoussy citant Ibn Batuta, écrit : `' toute escorte était inutile car, dans toute l'étendue du pays règne une sécurité parfaite. On peut y demeurer et voyager sans craindre le vol et la rapine''11(*). Les hommes étaient libres de travailler, de commercer, de prospérer comme ils le pouvaient. Le pays tout entier connaissait la paix et la prospérité.

    `'Sous son régime, écrit Vera Cardot, la prospérité du pays permet aux habitants d'avoir des goûts fastueux....on vend sur les marchés les produits de toutes les parties du monde ....et, l'Etat ne manque pas de percevoir une taxe sur les transactions12(*)''

    Ainsi, le règne de Mansa Moussa, par plusieurs aspects, a des conséquences importantes. Ce règne comme le fait remarquer Delafosse, a contribué à propager le mythe d'un soudant fabuleux où l'on `'récolte l'or'' comme des `'carottes'' selon certains autours arabes. Ce quart de siècle constitue le moment du plus grand équilibre économique, politique et social du Mali.

    `' L'ordre qui régnait dans cet immense empire, sa prospérité, sa recherche constante du progrès, sa célébrité en Orient et en Occident font honneur aux peuples africains et à kankou Moussa que Monteil n'hésite pas à qualifier de grand monarque : `' il domine de haut, ajoute-t-il ce XIVe siècle au Soudan que l'on pourrait appeler le siècle de kankou Moussa13(*)''.Il convient de souligner que la tradition ne mentionne aucune guerre sous le règne de ce roi connu surtout par sa sainteté et sa grande justice.

    Chapitre II : Les transactions commerciales sous le règne de kankou moussa

    Après ses déboires contre le Ghana vers 734, le Général Habib Ben Ubaïda14(*) noua des relations commerciales avec le souverain de l'Empire du Ghana. Il est important de souligner que l'or fut le produit privilégié de ces relations commerciales. `'C'est pourquoi, nous dit Joseph KI-ZERBO, les zones stratégiques de ce commerce étaient centrées autour des places aurifères15(*).

    Ces réalités qui édifièrent la puissance et la splendeur de l'Empire du Ghana passèrent à l'Empire du Manding ; et les `'Mansa'' du Mali, surtout kankou Moussa les développèrent.

    Grâce à son or, la province du Bouré suscita, pendant le règne de kankou Moussa, un intérêt tout à fait particulier, devenant ainsi le véritable poumon économique du grand commerce transsaharien.

    Section 1 : Les produits du commerce

    a- Les Produits Agricoles

    L'agriculture fournissait des rendements satisfaisants. Ce qui permit à la population de placer les surplus agricoles sur les marchés. Ces produits étaient pour la plupart des céréales, des tubercules, des fourragères et des légumineux.

    ü Les céréales : les plus répandues étaient le mil, le sorgho, le riz et le fonio. La consommation du riz était assez limitée non seulement parce qu'elle obéissait à des circonstances données : cérémonies culturelles (initiation, baptême, mariage, décès, etc..) , réception d'un hôte de marque ou d'un étranger, mais aussi parce que le riz n'était pas l'aliment de base de la population. Le Bouré recevait le riz en provenance de Djenné et de la Gambie.

    Le mil était consommé sous formes de galettes ou de bouillie. C'était l'aliment de base. On l'utilisait aussi dans la fabrication d'une boisson fermentée, le `'dolo'' ou bière de mil. Cette boisson était très appréciée par la population animiste.

    ü Les tubercules : le tubercule qui servait d'aliment d'appoint avant la vulgarisation du manioc était l'igname. Elle était consommée cuite à l'eau simple.

    ü Les fourragères : parmi elles, notons l'arachide. Outre sa consommation à vert, elle était transformée sous forme de pâte ou de boulette, pour assaisonner les sauces. En pays manding, les hôtes de marque étaient reçus avec un plat à base de sauce d'arachide. C'était le mets le plus apprécié des Mandenka. La production arachidière était si abondante que la province exportait une certaine quantité à l'intention des cités du sahel.

    Dans la gamme des fourragères, il faut mentionner le voandzou ou pois de terre appelé `'tikagbèlèn'' (en Maninka) que les Arabes ont confondu avec le haricot. Le voandzou était importé au Bouré en provenance du Bidika et peut-être du Menyèn.

    ü Les légumineuses : A côté des produits susmentionnés se trouvent une gamme de légumes variés qui faisaient objet de commerce. Ce sont : le gombo, le piment, les melons, les pastèques, les feuilles de têtard (boronFida, en Maninka), les aubergines et les oignons (en bottes).

    Ahmad Zaki16(*) mentionne que l'aubergine était rare dans les villes du Sahel, par conséquent, très sollicitée par les populations urbaines.

    b-Les produits de cueillette et de ramassage

    La cueillette et le ramassage fournissaient des fruits et des plantes comestibles variés dont le néré ; sa poudre a une grande valeur nutritive et surtout elle est conservable à long terme. La poudre du néré était indispensable en période de soudure. Les grains de néré sont transformés par les femmes en bouillon aromatisant appelé `'sumbara'' très recherché par la population de la savane aussi bien que par celle de la forêt ; le karité à partir duquel en extrait un beurre faisait partie des produits de ramassage. Son usage et son commerce sont très anciens.

    La cueillette fournissait également les feuilles de baobab qui séchées et pilées, donnaient une poudre comestible, utilisée dans la cuisson pour donner un aspect gluant à la sauce.

    Aux feuilles de baobab s'ajoutent le miel et la cire. Ces deux produits furent l'objet d'une demande toujours croissante par les Arabes.

    c-Les Produits de l'Elevage

    L'élevage était très peu développé au Bouré à cause de l'existence de nombreux puits miniers qui constituaient un danger pour les animaux. Les bovins, les ovins et les caprins étaient importés en provenance des régions voisines et surtout du sahel. Il nous est toutefois impossible d'évaluer l'importation annuelle de bétail faute de données chiffrées.

    L'âne figurait sur le marché des échanges au Bouré. Cet animal était recherché pour son importance dans le transport des charges de plus de 50 kilogrammes. Il a toujours été l'animal favori des marchands. A propos du cheval, ni la tradition orale ni les écrits arabes ne mentionnent sa présence sur les marchés du Bouré au XIVe siècle.

    Certains produits tels la volaille, le lait frais, le lait caillé, la viande des animaux abattus entraient dans le circuit des échanges. Ils étaient destinés à la consommation locale.

    d -Les Produits de la Pêche et de la Chasse :

    Du point de vue produit de pêche, les sources arabes soulignent que des charges de poissons séchés et de l'huile de poisson arrivaient au Bouré en provenance de Mopti et de Djenné. Cependant, les pêcheurs locaux troquaient leur `'petite quantité'' contre certains produits de première nécessité17(*).

    e-Les Produits de l'Artisanat :

    Parmi les produits de l'artisanat, citons entre autres :

    - Des instruments de travail : outils agricoles, outillage minier (pic ou soli), hache, couteau..

    - Des armes : lance, javelot, harpon (pour les pêcheurs), flèches, arcs, sagaies, couteau...Il convient de signaler que ces armes étaient utilisées pour la chasse, pour se défendre contre les animaux féroces et la guerre ;

    - Des bandes de cotonnade, des tissus teints à l'indigo

    - Des couvertures en cotonnade, de Kayes et de Ségou ;

    - Des parures : bijoux, bracelets, pendentifs ;

    - Des articles en vannerie : léfa, panier, corbeilles et vans ;

    - Des articles en poterie : jarres, gargoulettes, canaris, encensoirs ;

    - Du savon artisanal ainsi que plusieurs ustensiles de ménage en bois sculpte.

    f-Les Produits Miniers :

    - l'or : il a toujours été la principale richesse des Empires Ouest-Africains au Moyen Age.

    D'après Komara Sidiki : `' Le principal fournisseur d'or du monde méditerranéen était le Soudan et cela bien avant la découverte de l'Amérique18(*). L'or fut la richesse par excellence que venaient chercher les caravaniers du Nord.

    En effet, dès 800, le monde arabe eut la révélation du pays de l'or. Les Arabes intéressés au plus haut point notent avec précision au sein de tous les empires soudanais cette richesse qui attire leurs commerçants.

    Al Omari, décrivant la cour de kankou Moussa, note'' Faucon d'or'' surmontant le parasol impérial, fourreaux des sabres faits du même métal, armes en or (ou du moins recouvertes d'or)19(*).

    Lors de son voyage à la Mecque, Mansa Moussa 1er aurait fait suivre quelques dix à douze tonnes d'or pour subvenir à ses dépenses de voyage.

    Il a fait son entrée au Caire précédé de milliers d'esclaves portant chacun une charge d'or (ce qui eut pour conséquence, de faire baisser pour quelques années, dans le proche Orient, le cours de l'or). Il est important de souligner que cette baisse du cours de l'or n'a eu aucune incidence sur l'afflux des marchands égyptiens au Mali.

    Selon la tradition recueillie auprès de Elhadj Oumar Camara20(*), l'éclat du voyage de kankou Moussa à la Mecque serait dû en grande partie à l'or du Bourécar selon la même source, le Bouré était la principale province productrice d'or aux XIIIe et XIVe siècles dans l'Empire du Mali.

    E.W. Bovill confirme cette hypothèse en soulignant que `'les mines d'or du Bouré étaient très prospères aux temps des `'Mansa'' du Mali''21(*).

    Les données chiffrées à propos de la production d'or du Bouré durant le règne de kankou Moussa sont très rares et presque inexistantes. Néanmoins, nous présentons comme réferenciel très relatif le tableau estimatif ci-dessous pour ce qui est de l'exploitation d'or au Soudan Occidental à l'époque des Grands Empires.

    TABLEAU N°1 : Exploitation annuelle d'or au Soudan Occidental du XIIe au XVIe siècle

    12000

    10000

    8000

    6000

    4000

    2000

    (Siècles)

    12 13 14 15 16

    Il ressort de ce graphique que le plus grand chiffre d'exportation fut atteint au XIVe siècle. Ce siècle correspond au règne de kankou Moussa et à l'apogée de l'Empire du Mali.

    Le volume des exportations a baissé au XVe siècle. Ce siècle correspond aux périodes de troubles politiques dans l'empire. Ce qui porte à croire que la stabilité politique, la paix et la sécurité des routes commerciales sont des conditions qui ont favorisé l'accroissement de la production du métal précieux.

    Si les chiffres avancés nous donnent une image de ce qu'a été l'exportation à cette époque reculée, ils nous paraissent cependant très réduits au regard des largesses de Mansa Moussa 1er.

    Il convient de rappeler que c'est au XIVe siècle que le Mali a connu le plus grand afflux de commerçants arabo-berbères venus à la recherche de l'or cela a dû encourager et intensifier la production d'or dans les mines du Bouré.

    Il nous est toutefois impossible d'évaluer la part du Bouré dans cette exportation, nous savons du moins que l'or du Mali sous le règne de kankou Moussa provenait, dans une forte proportion, des mines du Bouré22(*).

    Les raisons de cette prépondérance résident en partie dans le fait que c'est au Bouré que se rencontrent de bonnes petites d'androïdes ( Sani Kaba, en Maninka) et des blocs de quartz à or à gros grains (Sani bèrè, en maninka). L'or extrait des mines du Bouré était du métal pur. D'après le géologue KomaraSidiki `'La teneur moyenne des gisements aurifères du Bouré était de 5 à 10 grammes d'or par mètre cube. La teneur maximale atteint 32 kg d'or par mètre cube. L'horizon payant des gisements était disponible à moins de 4 mètres de profondeur''23(*).

    D'autres raisons non moins déterminantes se rapportent à la position géographique de la localité .En fait, le Bouré était proche de Niani, la capitale de l'Empire et se trouvait sur un territoire rattaché au noyau primitif de l'Empire. L'autorité politique du Mali avait donc la facilité de contrôler l'exploitation des mines.

    Retenons que les mines relevaient de l'autorité de l'Empereur qui déléguait un chef des mines ou `'Daman tigui'' en Maninka, choisi parmi les habitants du Bouré sur proposition du Conseil des Anciens. Le `'Daman tigui'' décidait le début et l'arrêt des travaux d'orpaillage sur ordre de l'Empereur. Le Conseil des Anciens assurait la répartition des places à exploiter, réglait les conflits. L'on pourrait se poser la question de savoir comment se faisait l'exploitation de l'or dans les mines du Bouré.

    Selon la tradition recueillie auprès de Bassi CAMARA24(*), les orpailleurs ont toujours utilisé deux procédés d'extraction : puits et puits-galeries.

    Le premier procédé consiste à creuser une fosse de forme carrée de la profondeur de la taille humaine ou à peu près : on recueille le minerai sur les côtés (de la fosse) et quelquefois on le trouve sur le fond des trous. Il s'utilise dans les zones où il y a assez d'eau.

    Le second procédé consiste à creuser un trou de forme circulaire et de 3 à 4 mètres de profondeur. Ensuite l'on creuse des galeries pour s'attaquer aux filons. Ce procédé s'utilise dans les zones où il y a très peu d'eau, ceci pour éviter les risques d'éboulement.

    Chacune de ces deux techniques d'extraction fournit des rendements toujours encourageants. Mais la première technique nécessite moins d'efforts et le rendement était plus rapide.

    Dans les deux cas, les instruments de travail utilisés par les manoeuvres sont : un pic ou `' soli'' (en Maninka) qui sert à creuser les trous un puiseau fait de calebasse attachée à une corde obtenue à partir de fibre de Kénap ou `'Da'' (en Maninka) ; ce puiseau est appelé `'Dankafé'' (en Maninka des calebasses pour le lavage : une tranche de calebasse ou `'fèkè'' (en Maninka) qui sert à remplir le Puiseau de minerais à faire monter et une lampe à huile pour éclairer les galeries et aussi prévenir la présence d'oxygène dans les galeries.

    La montée et le lavage se font à la main. Le lavage25(*) se fait dans une calebasse. Il consiste en un débourbage soigné, obtenu en triturant la terre dans l'eau, puis la concentration de l'or commerce.

    La calebasse est animée d'un mouvement de rotation dans le sens des aiguilles d'une montre suivi en même temps de mouvements oscillatoires dans l'eau. Le fond de la calebasse est mis à part dans une deuxième calebasse.

    Les fonds de calebasse sont alors concentrés et le résidu est versé dans une sorte de cuiller métallique appelée `'fanfan'' (en Maninka), et mis sur un feu de manière à sécher le minerai, puis le mineur procède à la séparation. Cette dernière opération consiste à recueillir le métal précieux.

    L'orpaillage soumis à des rites et à des tabous très stricts était presque monopolisé à l'époque par les familles djalonka et bambara de la localité. Cependant, tout Mandenka était admis s'il savait faire le travail.

    Par ailleurs, l'Empereur jouissait du monopole des pépites d'or. Cette politique avait pour but non seulement d'assurer la réserve d'or de la cour impériale, mais aussi de soutenir.

    La valeur d'échange de l'or. Ceci pour éviter au métal précieux de perdre sa valeur. A ce propos El Békri souligne `'Toutes les pépites d'or trouvées dans les mines appartiennent à l'empereur mais il laisse à son peuple la poudre d'or... Sans cette précaution l'or perdrait pratiquement sa valeur26(*)''.

    ü Le sel : denrée tout aussi importante, le sel n'était pas non plus disponible dans toute la région. On en faisait un commerce lucratif.

    Avec une proportion de 94% de Na CL (chlorure de sodium), le sel gemme avait une qualité exceptionnelle par rapport au sel marin. Compact, il pouvait se tailler en barres, ce qui rend son transport plus facile.

    Il provenait essentiellement des mines de Teghazza. De ces mines, le minerai est exporté vers le sud. A ce propos, El Békri note `'les marchands ne cessent d'affluer vers cette mine dont les travaux ne s'interrompent jamais27(*)''.

    Crozals essayant d'évaluer la production annuelle de ces mines au XIVe siècle, l'estime à douze mille barres de sel.

    Comme nous l'avons souligné plus haut, le sel gemme du Sahara était découpé en barres ; d'après Hans Ritter, une barre pesait au maximum 25 kg et mesurait 1,60m de long sur 0,50m de large et 10 cm d'épaisseur. Le même auteur souligne que ces dimensions étaient variables28(*).

    Le transport se faisait à dos de chameau et à dos d'âne. Un chanteau ou un âne pouvait porter six à huit barres (150 à 200 kg).

    La plupart des historiens soulignent que c'est sur la base de l'échange du sel et de l'or que l'on peut situer les premiers succès de l'organisation commerciale des Empires soudanais en général et du Bouré en particulier.

    Le cuivre : il figure parmi les articles du commerce. A ce propos kankou Moussa, au cours d'une interview qu'il accorda à Al Zawawi, déclara `'dans une ville du nom de Tigida (Takedda) se trouve une mine de cuivre rouge lequel est importé en baguettes à Niani. On en tire un revenu tout spécial sans égal. Nous expédions en effet ce cuivre aux pays des Soudan païens où nous le vendons à raison du poids d'unmithkal pour les 2/3 du poids du mithkal d'or29(*)''.

    Al Zawawi souligne que l'importation du cuivre au aurait atteint 3.000 baguettes par an. Selon lui, une baguette pourrait peser 100 grammes environ30(*).

    Au Bouré les artisans locaux en tiraient les fils pour la fabrication des parures, bijoux, bracelets et des gris-gris. Il servait également de matière première à la manufacture des javelots et des objets de culte animiste.

    - Le fer : La province du Bouré n'a pas connu la métallurgie du fer. Les barres de fer étaient rapportées du voisinage (Niani) et du Sud forestier. Ces barres étaient transformées en outils ou armes par les artisans locaux.

    g) -les Produits du Sud forestier : Dans la gamme des produits du Sud forestier, la noix de cola passait pour le plus important. En effet, le fruit grisé figurait en bonne place parmi les grands produits qui ont dominé le commerce et surtout du Bouré.

    Il était recherché pour sa valeur symbolique et aussi pour ses vertus la noix du cola contient des alcaloïdes, stimulants qui permettent de lutter contre la fatigue et le sommeil. Les caravaniers apportaient au Bouré une importante quantité de noix de cola dans des paniers en provenance du `'Worodugu'' (pays du cola).

    La tradition souligne que la cola se vendait à un `'prix'' très élevé (nous le verrons plus loin). Elle constituait une source de revenu considérable.

    A la noix de cola il convient d'ajouter : l'huile de palme. C'était alors un produit de luxe pour la consommation ; les épices -poivre ou fèfè (en Maninka), maniguette ou cani (en Maninka). Ces produits étaient consommés en grande quantité par exemple pour relever le goût du poisson.

    h) Les Produits Orientaux : En échange des matières locales, le Bouré recevait divers produits venus de l'Orient et même de l'Europe. Ce sont : des tissus de soie ou de laine, des habits brodés des couvertures de laine, des draps de Venise, des caussabes( grands boubous), des draps de brocart, des perles et des colliers de corail, des dattes, du raisin sec, du henné, de l'antimoine pour les coquettes, des miroirs de Venise, des sabres, du parfum, de l'encens, du tabac, et...

    Tel se présente le tableau des différents produits qui ont meublé le commerce au Bouré sous le règne de Kankou Moussa (1307 - 13332). L'on aura remarqué à travers cette étude une richesse et une diversité frappante des marchandises dans le circuit des échanges30(*).

    Cette richesse et cette diversité n'étaient dues à l'importance numérique de consommateurs ; mais plutôt parce que la province regorgeait de produits qui suscitaient la convoitise des uns et des autres (or et denrées). Il fallait alors apporter toutes sortes d'articles rares dont la population du Bouré a réellement besoin pour les échanger contre les produits locaux31(*).

    On peut se poser la question de savoir par quelles voies et par quels moyens les marchandises étaient acheminées au Bouré ; la tradition souligne qu'il y avait deux principales voies commerciales de grande importance :

    ü Une voie terrestre constituée d'une piste qui reliait le Bouré à Niani, la capitale de l'Empire. Cette piste s'appelait `'Mandensila'' ou la route du Mandén.

    Selon Elhadj Mamoudou Gaye32(*), les commerçants, pour se rendre au Bouré, devaient nécessairement transiter par la capitale `'siège du pouvoir Central'' où ils obtenaient un sauf-conduit délivré par l'autorité impériale, ceci pour mieux contrôler le mouvement des commerçant dans la région, car dans le souci de sauvegarder les intérêts de la cour royale, l'accès des régions productrices d'or était formellement interdit aux commerçants arabo-berbères ; des sanctions sévères allant jusqu'à la confiscation des biens et à l'expulsion étaient prises à l'encontre des contrevenants.

    Une voie fluviale par le Tinkisso et le Niger qui reliait le Bouré au grand centre soudano-sahélien : Gao, Djenné, Tombouctou, les caravaniers repartaient du Bouré par cette voie.

    De petits sentiers reliaient d'une part les villages de la localité entre eux, et d'autre part la localité aux régions voisines (Bidika, Djalonkadou, Menien, etc...)

    Salon la tradition recueillie auprès du même informateur, le transport des marchandises à travers la région était assuré par deux moyens : le portage à tête d'homme et le portage à dos d'animal. Les charges de 50 kg et plus, étaient transportés à dos d'âne. La traversée des fleuves et des rivières était assurée par de grandes embarcations appelées `'kanké'' (en maninka), tenues par les bateliers Bozos et somonos ; et de petits ponts en bois ou en lianes appelés `'sin'' (en maninka).

    Notons pour terminer qu'à cette époque les principales voies commerciales étaient en parfaite sécurité.

    Section 2 : Organisation du commerce

    Avant le XIVe siècle, les transactions commerciales au Bouré semblent avoir été très réduites. C'est avec le règne de kankou Moussa (plus précisément à partir de 1325)33(*) que s'amorce un renouveau dans les échanges : le trafic de l'or et du sel y prirent une importance sans précédent, mais n'affecta pas les échanges traditionnels de denrées alimentaires et artisanales.

    a- Le Commerce Intérieur :

    Il portait essentiellement sur les échanges de produits de consommation courante contre les habitants d'une même localité : à propos de ce type de commerce, Henry Labouret écrit : `'Les communautés d'évolution égales, mais de spécialisation particulière, se procuraient de tout ce qui leur manquait ; les cultivateurs proposaient des céréales contre les animaux, les pêcheurs et les chasseurs de la viande ou du poisson contre grain ou des objets manufacturés34(*)''.

    Ces transactions commerciales étaient le fait de diverses catégories de personnes :

    ü D'abord les détaillants locaux : ce sont ceux qui se chargeaient pour le compte des marchands étrangers, de toutes les opérations de vente de marchandises en détail et de l'approvisionnement en marchandises locales.

    Cette première catégorie de marchands comprenait surtout les familles Camara- Finah qui serraient d'origine Sarakollé, et les Samoura ;

    ü Ensuite, il y avait les marchands ambulants, appartenant pour la plupart à l'ethnie maninka. Ce sont ceux-ci qui faisaient la jonction entre les régions de l'Empire et la forêt. Ces deniers se livraient temporairement à leur activité commerciale dans le Bouré. Mais ces commerçants, aux dires d'Elhadj Souleymane Camara35(*), ne traitaient pas directement avec les consommateurs. Ils sollicitaient les services des marchands locaux qui s'occupaient de leurs affaires parce que ces derniers possédaient la connaissance du milieu et tout un réseau de clients permanents au sein de la population.

    Aussi, selon notre informateur, la population du Bouré, qui était profondément animiste, se méfiait beaucoup de ces étrangers propagateurs de la nouvelle foi islamique. Leur contact était un peu difficile, seuls les autochtones pouvaient surmonter ce sérieux obstacle et naturellement la population portait confiance en ces derniers qui étaient des leurs.

    A côté de ces deux agents essentiels du gros commerce local se trouve une catégorie de personnes non spécialisées dans le métier de marchands, mais qui, pour des circonstances, viennent échanger leurs divers produits tirés de l'agriculture contre d'autres produits qui leur sont nécessaires. Dans cette catégorie, on rencontre généralement les femmes.

    Le lieu privilégié des transactions commerciales dans le Bouré était le marché qui se tenait suivant les échelons de distribution :

    ü à l'échelon local, un marché périodique était organisé au niveau de chaque village. Ces marchés locaux ou marchés de village se tenaient tous les six jours sur la place publique du village avec un système de roulement permettant ainsi que villageois de s'approvisionner dans de différentes directions36(*). C'étaient des centres d'échanges et de distribution de denrées alimentaires telles que condiments, légumes, céréales, tubercules, etc... que les femmes y vendaient. Le rayonnement de ces marchés n'excédait presque pas le territoire du village ;

    ü A l'échelon inter-régional, était organisée tous les lundis37(*) une grande foire où s'opéraient les transactions d'une importance et d'un volume un peu plus considérables.

    La tradition souligne que le marché forain se tenait exclusivement dans le village où l'exploitation d'un placer se déroulait. Ce marché inter-régional à caractère réputatif connaissait la participation de marchands venus de divers horizons (les Arabo-berbères font exception).

    On échangeait sur le marché forain, en plus des produits agro-pastoral et artisanal, des métaux, du sel, des denrées du Sud forestier, du poisson séché de Mopti, des articles de l'Orient et de l'Europe... C'est là où l'orpailleur apporte sa petite quantité d'or en poudre ou en paillettes ; c'est là où les marchands intermédiaires s'approvisionnent en or. C'est la où part la chaîne des transactions qui alimentant de proche en proche les régions voisines, les centres urbains et le monde méditerranéen.

    Ces foires hebdomadaires jouèrent un rôle de plus en plus grand sous le règne de kankou Moussa. L'Empereur les favorisait, car il percevait une taxe sur les transactions. Selon la tradition recueillie auprès de Bassi Camara38(*), le souverain organisait et garantissait la sécurité des marchands et des acheteurs. Des agents appelés `'Ton boloma'' (en Maninka),

    Placés sous l'autorité d'un administrateur des marchés ou (Löötigui''), lui-même délégué par le pouvoir Central, se chargeraient de cette lourde tâche et assuraient en même temps le maintien d'ordre. L'administration du marché réglait les conflits.

    Par ailleurs, les foires ne sont pas importantes, seulement au point de vue commercial, elles constituaient aussi des lieux de rencontre où s'échangent et se diffusent les nouvelles.

    La tradition souligne que les mines de certains villages tels que : Didi, Séla, Fatoya, et peut-être Kolenda furent très prospères durant les XIIIe et XIVe siècles. Notons que le centre d'intérêt des transactions se déplaçait en fonction de la prospérité des mines.

    Voyons comment se faisaient les transactions.

    Selon la tradition recueillie auprès de Finah Hawa Camara39(*), les denrées étaient présentées par les marchandes en petits tas sur une natte, une étoffe, une peau d'animal, dans un van, dans une calebasse ou dans des poteries.

    Pour se les procurer, la clientèle, d'une manière générale, procédait par le système de troc, c'est -à-dire denrée contre denrée. Par exemple, une femme de pêcheur ou somono (en Maninka) ou de chasseur `'donzo'' (en Maninka) qui dispose du poisson frais ou de la viande, veut se procurer de grains elle va au marché, trouver une vendeuse qui accepte lui donner la quantité de grains contre une certaine quantité de poisson ou de viande suivant une convention établie entre elles.

    Parfois, quand la marchande ne faisait pas le troc direct, la clientèle se servait d'un équivalent général40(*) pour se procurer des autres produits tels qu'huile de palme oula cola. A chaque achat la marchande ajoute toujours rituellement un supplément dont l'importance est fonction de la quantité achetée, ceci pour être sûre de la mesure et pour attirer la clientèle.

    Les denrées comme le lait n'étaient livrable que sur commande parce qu'on n'en trouvait pas en abondance. Le paiement se faisait à la réception.

    Quant aux animaux vivants, on ne rencontrait régulièrement sur les marchés que la volaille, les moutons du sahel, les chèvres41(*).

    Certains articles de l'artisanat tels que les outils agricoles et miniers ou des ustensiles de ménage, n'étaient pas exposés à la vente sur les marchés. On se le procurait sur commande auprès de l'artisan. Les deux parties conviennent sur la nature et le mode de paiement qui ne se faisaient qu'à la livraison de l'instrument42(*).

    En général, le commerce intérieur était basé sur le système de troc direct. Il avait pour but essentiel de satisfaire les besoins de chacun en ce qu'il manque d'essentiel.

    b) Le Commerce extérieur :

    Il consistait à échanger les marchandises d'origine lointaine contre les matières locales, puis de les vendre ailleurs.

    Il portait surtout sur les produits particuliers (or), les objets rares (sel, fer cuivre, cola, épices) qui étaient fort recherchés par la population du Bouré comme celle de l'extérieur.

    Ce type de commerce se faisait entre le Bouré et les métropoles sahélo-soudanaises ainsi qu'avec le sud forestier. Il était principalement aux mains des commerçants professionnels.

    C'étaient les entrepositaires ou demi-grossistes établis à demeure dans les villes sahélo-soudanaises (Djenné, Tombouctou, Gao).Mais ils avaient, écrit Djibril Tamsir NIANE, des courtiers dans les régions aurifères (Bambouk, Bouré) qui prospectaient les marchés et assuraient l'expédition des produits `'achetés'' soit sur Djenné, soit sur Tombouctou43(*)''.

    Ce sont ces négociants noirs qui organisaient et envoyaient les caravanes dans le Bouré. Ils étaient pour la plupart des Sarakollés traditionnellement connus dans le commerce (depuis Ghana) et, parlant tous Maninka la langue commerciale de l'époque. On les appelait `'Wangara'' ou `'Mangara''

    Si les `'Wangara'' ont été les éléments les plus actifs et les plus dynamiques du trafic de l'or, cependant ils n'étaient pas les vrais maîtres.

    A ce propos, le professeur Joseph Ki-Zerbo44(*) précise `'... les vrais maîtres du commerce transdésertique n'étaient pas les marchands noirs, c'étaient les hommes d'affaires du Maghreb et les princes berbères, qui organisaient les caravanes, rassemblaient les denrées et les livraient au Soudan par l'intermédiaire de leurs agents ou des demi-grossistes et détaillants locaux seuls, ils connaissaient la valeur de l'or au Maghreb et les coûts approximatifs du transport qui n'étaient pas sans risque ...seuls ils étaient à même capables de calculer assez rationnellement la marge bénéficiaire et les termes de l'échange jouaient la plupart du temps en leur faveur...''

    Rationnellement la marge et les termes de l'échange jouaient la plupart du temps en leur faveur ''

    Il est important de souligner que les Arabo-berbères s'étaient établis en grand nombre dans la capitale de l'Empire où ils disposaient de maisons de commerce qui, en réalité, étaient les filiales des établissements commerciaux implantés au Maghreb et au Proche-Orient. Ces grossistes blancs avaient pour tâche de livrer au Sud les marchandises venues du Nord ; et au Nord, les produits du Sud.

    Mais comment s'effectuait le processus de circulation des marchandises, leur déplacement entre marchands et consommateurs ?

    Le processus débutait à partir des entrepôts des grands centres sahelo soudanais.

    Les marchands du Bouré se rendaient à Niani, Djenné et à Gao pour rencontrer les entrepositaires ou demi-grossistes. C'est de ces négociants noir qu'ils recevaient des marchandises du Sahara et de l'Orient.

    Les entrepositaires voudraient de l'or pour leurs transactions avec les grossistes maghrébins ; il se trouve que les marchands du Bouré connaissent particulièrement les besoins en articles nécessaires des orpailleurs. Ainsi, ils remettent une quantité de marchandises aux marchands locaux ; ceux-ci la prennent en charge puis s'occupent de son transport vers les marchés du Bouré. Pour les opérations de vente et d'achat, le marchand, s'il n'accuse pas de déficits considérables, recevait une rémunération de 1/40ème du montant de l'opération.

    El hadj Souleymane Camara45(*) souligne que parfois les marchands du Bouré n'avaient pas besoin d'effectuer le déplacement ; les marchandises étaient alors confiées (par l'entrepositaire) à un convoyeur quelconque, accompagné ou suivi d'un écrit arabe qui, de la manière d'une lettre de voiture, indique le détail de l'envoi.

    Exploitant ses expériences, le marchand autochtone savait mettre les circonstances à profit, pour n'envoyer que ce qui fait réellement défaut dans le Bourré ; il savait aussi créer les disettes artificielle grâce au stockage de produits abondants sur le marché et qu'il ne tardait pas à faire écouler dès que ces produits se raréfiaient. Ces opérations de spéculations leur permettaient de traiter de grosses affaires au mieux de leurs intérêts46(*).

    Malgré la multiplicité et l'imbrication des rouages, les marchands du Bouré ont toujours fait montre de loyauté et de scrupules dans leurs opérations commerciales. A ce propos, V. Fernandez précise `'... les crédits qu'ils (marchands) consentent s'étendent jusqu'à un certain moment de l'année, parce que les marchands ne viennent à Djenné et à Gao qu'une fois par an. Ils sont si honnêtes que si l'un d'eux venait à mourir avant l'échéance, son fils ou son héritier accourt aussitôt pour régler sa dette47(*). Les marchands locaux ne se livraient donc ni à des actes d'indélicatesse, ni à des détournements de biens au détriment de leur partenaire.

    Les caravanes composées de plusieurs centaines de personnes partaient des villes sahélo-soudanaises pour le Bouré, à la fin de la saison des pluies, ce qui correspond au début de la traite de l'or.

    Dans le souci d'évaluation de ce commerce, nos difficultés sont grandes en raison du fait que l'étude économique de l'Afrique précoloniale se caractérise par la rareté d'éléments statistiques appropriés.

    Néanmoins, V. Fernandez, essayant d'évaluer le chiffre d'affaires approximatif des marchands noirs dans ces transactions commerciales, écrit : `'....les marchands qui font le trafic des mines d'or font des affaires considérables, certains d'entre eux font le commerce qui s'élève à 60.000 Mithkal par traite48(*)''.

    Jean Devisse souligne, quant à lui, que ces marchands réalisaient des profits qui oscillent entre 60.000 à 80.000 dinars d'or49(*)''.

    Ces chiffres même relatifs sont tout de même indicatifs de l'ampleur des transactions commerciales d'alors.

    Cependant, les commerçants manding en général étaient très larges dans leurs dépenses, le professeur Djibril Tamsir Niane écrit''... comme toute société en pleine transformation, il y eut de nouveaux riches dont le comportement et les manières traduisaient une fortune trop rapidement acquise. Ils se signalaient par leur extravagance. Ils aimaient se donner des airs de grands lettrés ou d'hommes vertueux, somptueusement vêtus, ils se faisaient suivre par un porteur de cauris et quand ils voulaient acheter un article, ils se retournaient et disaient au porteur `'compte à celui-ci tant de cauris'' ils s'arrêtaient en pleine rue, faisaient l'aumône aux pauvres d'une manière peu discrète... Nombreux furent les fanfarons dont la fortune fut ainsi volatilisée en vaine recherche de prestige par excès de générosité (fonisséraya) 50(*) `'.

    Par ailleurs, le commerce à cette époque n'a pas connu l'existence d'une quelconque institution qui permettait l'épargne. Les fortunes des marchands locaux étaient soit confiées à des personnes de confiance, soit conservées dans des greniers ou dans un souterrain aménagé dans les demeures, ceci pour éviter les cas d'incendies ou les cas de vols.

    Ce qu'il faut retenir de cette analyse de l'organisation commerciale, c'est que le commerce intérieur du Bouré était dominé par les marchands autochtones. Cependant ces derniers ne faisaient pas fructifier un capital propre à eux-mêmes. En fait, ils travaillaient sous-commission, c'est-à-dire qu'ils touchaient un pourcentage sur les affaires traitées par eux51(*).

    En dépit de l'influence dont ils jouissaient dans la région, leur rôle se limitait à celui de sous-agents ( commissionnaires, courtier, ou correspondant commercial) au service des grands commerçants noirs, desquels ils ne se contentaient que de rémunérations quelque peu dérisoires comparativement aux efforts fournis.

    L'essentiel des transactions commerciales dans le Bouré se résume à l'acquisition d'une quantité considérable de métal précieux pour le compte des Arabo-berbères dont la soif d'or devenait de plus en plus insatiable.

    Section 3 : Les équivalents généraux et système de mesures

    a- Les Equivalents généraux :

    Dans les transactions commerciales au Bouré, l'usage de monnaie frappée n'était pas connu. Cependant, certains objets, à cause de leur rareté, jouaient le rôle d'équivalents généraux, c'étaient le sel-gemme, le cuivre, le cauris (coquillage provenant de l'Océan Indien).

    La tradition souligne que l'or (comme moyen de paiement) intéressait très peu les paysans du Bouré dans leurs échanges, c'est -à-dire entre les différentes collectivités villageoises de la province ou entre les habitants d'un même village''52(*).

    A ce niveau, le système de troc semble avoir été le plus dominant. Il reposait essentiellement sur les denrées alimentaires, le bétail et les produits de l'artisanat. Des rapports d'équivalence avaient été établis à cet effet. Par exemple :

    - Deux mesures en grains de mil ou de Fonio d'un panier53(*) s'échangeaient contre une mesure du même récipient en grains de riz ;

    - Quatre-vingt-dix mesures en grains d'un panier s'échangeaient contre une couverture en Leine de mouton (kassa) ;

    - Dix mesures en grains d'un panier s'échangeaient contre une longueur de bandes de cotonnade tenue entre les deux bras latéralement ;

    - Sept à huit gros moutons s'échangeaient contre un boeuf de deux ans et demi ;

    - Dix à douze moutons ou quinze chèvres s'échangeaient contre un âne de douze mois ;

    - Les ustensiles en poterie et en vannerie étaient livrés contre leur contenu en grains ou en tubercules :

    - Les instruments de travail agraires ou miniers s'obtenaient de trois façons :

    1- Soit contre denrées alimentaires (grains, tubercules),

    2- Soit contre une journée de travail d'une personne,

    3- Soit contre la poudre d'or. Cela n'était valable que pour un outil d'orpailleur. Ainsi pour un pic ou soli (outil servant à creuser les mines), on exigeait dix grammes d'or en poudre ;

    - Les denrées alimentaires : Sumbara, beurre de karité, lait caillé, aubergine, étaient payables (sur les marchés forains), en tablettes de sel54(*) :

    -Trois boules de Sumbara valaient deux tablettes de sel,

    - Cinq boules de beurre de karité valaient deux tablettes de sel

    - Une calebasse de lait valait cinq tablettes de sel

    - Un petit tas d'aubergines valait deux tablettes de sel

    - Le cauri et le cuivre, transformés en anneaux, jouaient le rôle de `'petite monnaie'' au niveau du commerce local.

    - Une calebasse55(*) d'huile de palme s'obtenait contre 1500 cauris

    - La noix de cola s'obtenait contre cinq anneaux de cuivre ou cinq cents cauris56(*)

    - Un boeuf s'obtenait contre vingt anneaux de cuivre57(*)

    - Une longueur de bande de cotonnade s'obtenait contre cinq anneaux de cuivre ou cinq cents cauris58(*).59(*)

    Il ressort de tout ce qui précède que les relations d'équivalence étaient établies en fonction de l'importance d'un produit par rapport à l'autre.

    L'or servait d'équivalent général dans les transactions entre les marchands professionnels et les paysans du Bouré. A ce propos El hadj Souleymane Camara souligne''... C'est avec l'or que la population du Bouré pouvait se procurer de tous les produits `'importés'' par les dioula...''.

    Ce fait atteste une fois de plus que l'action commerciale des dioulas reposait essentiellement sur la collecte de l'or.

    L'évaluation de l'or avait pour base une mesure en poids d'origine arabe appelée mithkal. Il pesait environ 4,729 grammes59(*) ... c'était, indique Cheick AntaDiop, l'étalon-or au sens strictement moderne du terme...60(*) `'.son usage était courant.

    A propos de l'usage de mithkal dans le Bouré sous le règne de kankou Moussa, le professeur Djibril TamsirNiane précise''...les rois soudanais ne battaient pas la monnaie, mais le mithkal jouait le rôle d'étalon or, d'où l'utilisation généralisée des balances de pesée par les marchands qui font le trafic des mines du Bambouk et du Bouré...61(*)''.

    La valeur du mithkal variait suivant le taux d'échange, lui-même lié aux fluctuations de l'offre et de la demande. Mais il paraît que pour l'époque qui nous occupe, le mithkal ne descendait au-dessous de 4,729 grammes et avait même la plupart du temps tendance à la hausse, ceci à cause des multiples opérations de spéculation.

    Nous présentons ci-dessous un tableau de la valeur des principaux produits payables en mithkal sur les marchés forains du Bouré à l'apogée du Mali.62(*)

    Tableau N° 2 : Valeurs des marchandises en mithkal

    Désignation

    Quantité

    Valeur (mithkal)

    Evaluation

    (g) (1)

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    9

    10

    11

    12

    13

    14

    15

    16

    17

    18

    19

    20

    21

    22

    23

    24

    25

    Mouton du Sahel

    Ane

    Poisson sec de Mopti

    Couverture de Ségou

    Cotonnade de Kayes (Kosso)

    Pagne de Kano

    Savon artisanal de Djenné 

    Sandales du pays haoussa

    Barre de fer

    Sel gemme de Teghazza

    Cuivre de Takkeda

    Drap de Venise

    Fin monachino

    Gaze (tissu en soie oukassab)

    Caussabe (grand boubou)

    Pantalon d'Orient

    Paire de chaussures d'Orient

    Perles de Venise

    Sabre

    Antimoine

    Parfum

    Ambre

    Encens

    Cauris

    Tabac de Toaut (ville de Sahel)

    Un

    Un

    Le paquet

    Une

    La couverture

    Un

    Un

    la paire

    Une

    La barre

    Le mithkal

    Un

    Un

    Un

    Un

    Un

    Une

    La filière

    Un

    Le mithkal

    Le flacon

    La boule

    mithkal

    1150

    Le rouleau

    47,75-50

    80-100

    12-15

    20

    25

    85,25

    0,25

    1

    80-120

    120-180

    3,5-6,30

    60-80

    30-50

    60-80

    25-30

    15

    10

    4

    8

    2,50

    50

    3,50

    5

    1

    10

    207-231

    379-472,9

    57

    95

    119

    119,15

    1,19

    4,729

    379 -567,48

    567,48b -851,2

    15 - 30

    284 - 379

    142 - 236,45

    284 - 379

    119 - 142

    71

    47,29

    19

    30

    12

    236,45

    16,55

    23,645

    4,729

    47,29

    Source : Bouah (Niangoran) in `'L'univers Akan des poids a pesée l'or'', Thèse de doctorat d'Etat Université Cocody (Abidjan, 1972).

    Il apparaît du tableau ci-dessus que l'or était si abondant sur les marchés que le prix de certaines marchandises fort recherchées par les Bouréka doublait et parfois même quadruplait.

    En guise d'illustration, voici un exemple pour le cas particulier du sel de Teghazza.

    Dans les salines à Teghazza, une barre de sel s'obtient contre 1,5 mithkal d'or en poudre ; tandis que 40 jours de marche plus loin (ou 1000 km environ), au Bouré une barre de sel se vend à 120 mithkals d'or en poudre.

    Si l'on veut connaître le gain d'une caravane de vingt chameaux transportant chacun en moyenne huit barres de sel, (8 barres x 20 = 160 barres), on aura :

    19.200 mithkals (120 x 160) - 240 mithkals (1,5 x 160) = 18.960 mithkal

    On s'aperçoit ici que le prix du sel augmente au fur et à mesure que l'on s'éloigne du milieu d'extraction. Ainsi, la balance était favorable aux marchands qui obtenaient l'or en contrepartie de marchandises à vil prix.

    b)- Les systèmes de mesure :

    - les mesures de longueur : du point de vue mesure de longueur, on utilisait plusieurs sortes d'unités. Ainsi, il y avait62(*)

    * le `'simbidi'' : distance entre le pouce et le majeur= 24 cm

    * le `'nonkon'' : une coudéeégale à 28 doigtées ou 48 cm environ

    * le `'gbalagbala'' : deux coudées égales à 56 doigtées ou 96 cm

    * le `'kunkékén'' : quatre coudées égales à 192 cm à peu prés

    * le `'kabafa'' : distance comprise entre les deux bras tendus latéralement égale à 1,50 m à peu prés.

    Notons que ces principales unités étaient utilisées pour mesurer les étoffes et les bandes de cotonnade ainsi que les barres de fer.

    ü Les mesures de capacité :

    Pour les mesures de capacité, on utilisait généralement le `'Ba saki'' c'est un cône en vannerie n'ayant pas de dimensions fixe, mais dont la capacité est d'environ 40 kg de grains. D'après El hadj Mamby Keita63(*), un sac de 100 kg contient en grains 3 `' ba saki'', ce qui porte la capacité du ba saki à 33,33 kg à peu prés.

    Le ba saki était l'unité principale de mesure de capacité utilisée par presque tous les Mandenka. Il servait à mesurer les grains (céréales, arachide). Il avait pour sous-multiple un petit panier appelé `'Saki ni'' (en Maninka) qui servait à mesurer la ration journalière dans les familles. Il valait à peu près 1/10é du ba saki.

    Pour les corps liquides on utilisait principalement `' le Tongba `'64(*) (en Maninka) qui servait à mesurer la bière de mil, l'huile de palme et parfois le miel.

    Dans la gamme des mesures de capacité pour les corps liquides, il y avait le `'soron'' (en Maninka) ; c'était une sorte de jarre en poterie de petites et de grandes dimensions. Le petit `'soron'' pouvait contenir dix litres à peu près et le grand `'soron'' environ 20 à 25 litres. Il servait d'instrument pour le conditionnement du miel.

    Il est important de souligner que ces unités de mesure de capacité n'ont pas de données précises ou rigoureuses et ce, pour les corps solides (grains). Les renseignements qu'elles fournissent ne sont qu'approximatifs,

    ü Les mesures de poids pour les métaux :

    Le système pondéral du Bouré n'a pas connu l'usage de poids métallique ou de poids de verre. Toutefois, les Bouréka utilisaient couramment des unités conventionnelles établies à l'aide de graines de certain fruit des plantes locales. Par exemple :

    - 1 gramme= 1 graine de Tali65(*) (Talikissè, en Maninka) ou Talikélensi *

    - 1gramme= 2 graines de bagana66(*) (baganakissè) ou fila si*

    - 1 gramme = 3 graines de gbelen (gbelenKissè) ou saba si*

    - 1 décigramme = 1 graine de kamalen (kamalenkissè) ou kélen si *

    - 1 décagramme = 3 fimani ou saba si *

    - 1 décigramme = 10 dandenmafen ou tan si *

    Ces poids locaux n'étaient utilisés seulement que pour la pesée du métal précieux, de l'encens, du cuivre et de l'antimoine.

    Ainsi, le système pondéral était original et l'on aura remarqué que lorsqu'il s'agit de poids pour l'or, les Bouréka ne se sont pas laissés piper par les marchands avides d'or, mais c'est l'échange qui leur était défavorable.

    La balance en usage était le `'Al-mizan'' ou `'Djà'' (en Maninka) d'origine arabe. C'est une balance à deux plateaux suspendus, encore utilisés de nos jours. Elle a toujours été l'unique balance connue pour le pesage quand il s'agit de l'or.

    Les charges de cola et de poisson sec, par exemple, étaient (pesées à l'aide de balance dite romaine ou `' Moroudjan'' (en Maninka). Connue de tous, cette balance n'exigeait l'emploi de poids.

    Toutes ces unités de mesures étaient soumisses à un contrôle strict de la part des agents délégués par le Mansa. Les cas de fraude étaient réprimés avec la plus grande sévérité. Le contrôle intéressait surtout le système pondéral.

    Les cas de falsification étaient rares à cause d l'honnêteté qui affectait les transactions, mais aussi les sanctions de la `'police'' des marchés étaient très sévères.

    Section 4 : Les droits et taxes

    Très peu de renseignements nous sont fournis sur la nature et le mode de perception des droits et taxes commerciaux dans la province du Bouré sous le règne de kankou Moussa et ce à travers les informations recueillies auprès de la tradition et les écrits de certains auteurs arabes.

    Les sources de revenu de l'Empire du Mali étaient constituées essentiellement par le monopole du commerce des pépites d'or et des taxes fixées sur les marchandises.

    A propos des taxes, Al Zawawi écrit'' ...il n'y avait rien dans mon Empire, me déclara le sultan Moussa, qui ne soit soumis aux taxes, à l'exception du cuivre brut qui me rapporte un revenu tout spécial sans égal `'.

    La nature et la forme de perception des taxes dans le Mali à l'époque dekankou Moussa (XIVe siècle) ne devaient pas être différents sous l'Empire de Ghana. Elles ne semblaient pas avoir subi de modifications fondamentales durant des siècles. Basil Davidson nous le confirme en ces termes''... le type de commerce et de fiscalité qui avait fait la puissance et la grandeur du Ghana pendant des siècles n'était pas détruit. Il se renforça plutôt ; en même temps que Ghana et après Ghana. D'autres Etats apparurent...''

    Selon Bassi Camara67(*), chaque commerçant devait payer une redevance estimée à 1/40é de la valeur de sa marchandise. Lorsqu'il s'agissait du bétail, le droit était fixé par tête de bétail et suivant leur espèce : 2 mithkal d'or pour chaque tête de bovin : 1 mithkal d'or pour chaque tête d'ovin (mouton du sahel) : 1,50 mithkal d'or pour chaque tête d'équidé (âne) ; 0,5 mithkal pour chaque tête de caprin.

    Rappelons que les droits n'étaient valables que pour le séjour des commerçants au Bouré. Ils ne concernaient que les commerçants ambulants et les convoyeurs qui s'y rendaient.

    Le même informateur souligne que pour la traversée des fleuves en pirogue et de rivières sur les ponts et ponceaux, les caravaniers devaient payer chacun et pour chaque animal ou chaque porteur deux Mithkals d'or ou trois mithkals de cuivre à la rentrée et un mithkal d'or à la sortie. Ces droits de péage avaient été institués par l'autorité locale.

    A propos des droits de marchés, Elhadj Mahmoud Gaye68(*) souligne qu'on prélevait un droit (sur le marché forain) selon la valeur de la marchandise.

    Il nous livre ce qui suit :

    - Pour les marchandises de 10-50 mithkals, on prélève 1/10é du prix de la marchandise (en mithkal d'or)

    - Pour les marchandises de 50-100 mithkals, on prélève 1/8é du prix de la marchandise.

    - Pour les marchandises de plus de 100 mithkals, on prélève 1/5é du prix de la marchandise.

    S'agissant des denrées alimentaires, la taxe était prélevée par mesure : pour 1 `' ba saki, on prélevait 1 demi mithkal.

    Notons que les droits de marché ne concernaient que les marchés forains seulement. Aucun droit n'était fixé au niveau du marché périodique qui en fait, constituait une importante source d'approvisionnement pour les paysans en denrées alimentaires de première nécessité. Les droits de séjour étaient perçus par un fonctionnaire de la cour impériale à Niani et, nous l'avons vu, un sauf conduit était délivré aux intéressés. Les droits de marché étaient perçus par l'administrateur du marché .Des collecteurs placés sous son autorité se chargeaient des autres taxes.

    En général, les commerçants de par leur loyauté s'acquittaient des droits de marché sans qu'on ne le leur réclame. Cependant, il faut remarquer que ces taxes étaient très élevées. En fait, elles freinaient le commerce dans le Bouré au profit des villes sahélo-soudanaises qui jouissaient de tous les privilèges offerts par ce commerce. Aussi, elles réduisaient le revenu des marchands locaux au profit des grossistes arabo-berbères, empêchant ainsi tout embourgeoisement des locaux. La tradition souligne que tous ces droits ont servi à alimenter les caisses de l'Empire. On pourrait croire que l'opulence et la puissance de la cour impériale sous le règne de Kankou Moussa sont dues non seulement aux réquisitions des pépites d'or, mais aussi et surtout aux taxes exorbitantes imposées aux marchands opérant dans le Bouré. C'est pourquoi ces taxes sont d'ailleurs payées en mithkald'or.

    Chapitre III : Les conséquences des transactions commerciales

    Dans cette étude des transactions commerciales au Bouré sous le règne de Kankou Moussa, nous n'avons effleuré que les grandes lignes d'une réalité complexe.

    S'il ne nous a pas été possible de cerner de façon exhaustive cette analyse, nous tenterons de dégager l'impact des transactions commerciales sur le Bouré et sur l'Empire du Mali.

    Section 1 : conséquences pour le bouré

    La province aurifère du Bouré, nous l'avons vu, fut considérée par les marchands soudanais comme une zone d'approvisionnement en or pour leurs transactions avec les Maghrébins.

    Ce fait a entraîné une amélioration sensible des conditions de vie de quelques commerçants locaux qui constituaient d'ailleurs la catégorie des nouveaux riches. Dans cette catégorie se retrouvent les marchands locaux qui jouaient le rôle d'intermédiaires et de commissionnaires dans les transactions.

    L'inégalité des termes de l'échange a provoqué la paupérisation du reste de la population. En effet, celle-ci était obligée de se déposséder de sa `'trouvaille'' pour obtenir quelques articles de première nécessité.

    Les avantages que la population du Bouré a tirés de ces transactions commerciales se résument à la multiplication des liens d'amitié avec la population du voisinage et les étrangers (venus de la forêt), à la limitation de ses déplacements à la recherche des marchandises nécessaires en d'autres lieux, et à la promotion culturelle au contact d'autres collectivités.

    En étudiant les transactions commerciales dans le Bouré, nous avons constate que malgré l'afflux des marchands noirs, la localité n'a pas connu le développement d'une grande cité commerciale ou d'un marché de grande importance à l'image de Niani, Djenné, Tombouctou et Gao.

    En fait les vrais tenants du commerce dont nous avons parlé plus haut n'y étaient pas établis à demeure. Le séjour de ceux qui s'y rendaient était temporaire, parce que le Bouré était un centre de production contrôlé par le pouvoir Central et d'ailleurs intégrés à ce dernier, alors que le commerce était libre à l'Est et au Nord-Est.

    Aussi, les marchands soudanais ne se sont pas intéressés à la propagation de la foi religieuse au sein de la population car, les expériences malheureuses leur avaient appris que la guerre sainte contre les orpailleurs faisait baisser la production du métal précieux.

    Section 2 : conséquences pour l'empire du Mali

    Le commerce, sur le plan intérieur comme extérieur du Mali, fut essentiellement dominé par le trafic de l'or dont l'essentiel provenait du Bouré.

    L'intensification du trafic a permis à l'Etat de réaliser des bénéfices énormes chaque année, des caravaniers de 10.000 à 12.000 chameaux traversaient le Sahara vers les métropoles commerciales de l'Empire. Le pouvoir Central percevait une taxe sur chaque charge de chameau, ce qui augmentait énormément les revenus de l'Empire. Grâce à son commerce, le Mali pouvait faire face à ses dépenses ; en témoignent le geste et les nombreux dons de l'Empereur kankou Moussa lors de son célèbre pèlerinage à la Mecque. Ibn Kaldun, dans son livre `'Histoire des Berbères'', note `'...Le roi kankou Moussa arrive de son pays avec 80 charges de poudre d'or pesant chacune trois Kundar (quintaux)''.

    D'après Mihmandar, `' Le souverain a inondé le Caire des flots de sa générosité ; il n'a laissé amis, proches du sultan ou titulaire d'une charge sultanine sans lui remettre une somme d'or. Il offrit en Sultan 5.000 dinards69(*) `'.

    Jean Suret Canale note, quant à lui,... A la Mecque, l'Empereur distribua 20.000 pièces d'or en aumône aux pauvres. Pendant quelques années au Caire et à la Mecque, on ne parle que du fameux pèlerinage de l'Empereur70(*)''.

    Les revenus tirés de la vente du cuivre sur les placers, les droits de marché perçus sur les marchands opérant dans le Bouré, ont alimenté en grande partie le trésor de la cour impériale.

    Le développement du commerce de l'or entre le Mali et le monde arabe à travers le Sahara constitue un élément décisif ayant servi de stimulant dynamique à l'expansion politique et au rayonnement international de l'Empire du Mali.

    En effet, le vaste mouvement des caravanes à la recherche de l'or a entraîné un afflux de plus en plus d'étrangers dans les centres urbains.

    Le commerce était un moyen dynamique de diffusion et de brassage des civilisations. Ces étrangers, adeptes fanatiques de l'Islam, vont propager peu à peu la nouvelle religion au sein des populations urbaines.

    Il en résulte que le commerce de l'or a été pour le Mali comme pour les autres Empires du Soudan, un catalyseur du prosélytisme religieux et des relations avec le monde extérieur. Les marchands voyageurs et les chroniqueurs arabes vont créer des écoles coraniques et le développement d'une culture islamique va progressivement aboutir à la création d'un climat intellectuel très intense.

    Ce processus explique dans bien des cas pourquoi les souverains du Mali ont été les premiers à se convertir à l'Islam à cette époque de prospérité commerciale.

    Ainsi, les pèlerinages à la Mecque favorisaient les relations économiques et culturelles entre le Manding et l'Orient et affermissaient la politique intérieure de l'Empire du Mali.

    Le commerce a aussi favorisé la connaissance du Mali à l'étranger. Il s'ensuit pour l'Empire un prestige international sans précédent car, au-delà du Maghreb, les rois d'Espagne, du Portugal et de France connurent ou du moins entendirent parler le nom de l'Empire du Mali. Mansa Moussa fut considéré comme l'un des plus grands souverains de l'époque. Sa sagesse et ses richesses font l'image du Mali à l'étranger.

    Aux carrefours des échanges commerciaux se développent les villes importantes : Niani, Djenné, Oualata, Gao et Tombouctou qui devinrent de grandes métropoles commerciales et intellectuelles.

    La prospérité économique de l'empire du Mali due au commerce de l'or du Bouré explique, dans une large mésure l'expansion territoriale considérable de cet empire.

    A cet égard si le commerce apparaît comme une activité qui a favorisé le développement historique des Empires du Soudan en général et du Mali en particulier, il ne saurait expliquer leurs origines.

    A ce propos, le professeur Ki-Zerbo, note `'...prétendre cependant que les divers royaumes et empires du Soudan n'ont été que l'expression politique de ces transactions économiques serait une grossière schématisation de la réalité. En fait, il y a eu interaction de ces facteurs économiques et politiques. L'essor économique était lié à la prospérité économique ... Mais le commerce lui-même dépendait étroitement de la paix et de la stabilité politique...71(*)''

    La sécurité des routes dépendait directement de l'autorité politique. C'est pourquoi le pouvoir Central des Empires Soudanais s'est toujours préoccupé à instaurer la paix, la stabilité politique et à assurer la sécurité des routes caravanières.

    Le fait que kankou Moussa ait atteint cet objectif n'est sans doute pas étranger à sa célébrité.

    En définitive, le commerce de l'or du Bouré a contribué à établir la prospérité, la grandeur et la crédibilité de l'Empire du Mali au XIVè siècle.

    Conclusion générale

    L'étude qui précède n'a pas la prétention d'être parfaite, ni d'avoir embrassé tous les aspects d'une réalité complexe et surtout de n'avoir saisi les problèmes abordés dans les moindres détails. Néanmoins, il en ressort que les échanges commerciaux connurent un progrès sensible dans l'Empire Manding sous le règne de kankou Moussa.

    Parmi les produits qui ont dominé ces échanges, l'or demeurait le plus important, c'est pourquoi le Bouré occupait une position stratégique pour le négoce transsaharien.

    Bien que la province soit de peu d'importance, au regard des réalités démographiques, les transactions commerciales s'y opéraient sur une vaste gamme de produits.

    L'organisation mise en place répondait aux intérêts des seuls marchands Arabes parce que ces derniers contrôlaient l'essentiel du trafic. Mais ils n'avaient pas accès aux mines. Pour s'approvisionner en or, ils passaient par l'intermédiaire des marchands soudanais qui étaient les seuls autorisés à approcher les mines. Cette organisation commerciale très complexe comprenait presque tous les rouages liés à la pratique même des transactions, succursale ; représentation, courtage, offre de commissions, prospection de marchés, loi de l'offre et de la demande. Toutes ces réalités ont fait du Bouré un centre d'approvisionnement en matières première et, les agents du commerce local furent réduits à des actifs `' collecteurs d'or'', ne vivant que de simple rétribution.

    Aussi, les transactions commerciales n'avaient une ampleur telles celles pratiquées dans les grandes villes sahélo-soudanaises.

    Si le Bouré était `'une succursale'' de Gao, Niani, Djenné et de Tombouctou, il faut reconnaître cependant qu'il fut un important entrepôt pour les régions limitrophes et pour le Sud forestier qui y trouvaient toutes sortes de marchandises.

    D'une manière générale le commerce était en partie autonome dans la mesure où il s'agissant d'échanger les produits de consommation courante entre les collectivités d'une même localité en partie dépendant du grand négoce transsaharien car, il consistait à la rentrée du sel notamment et à la sortie de l'or.

    Du point de vue équivalent général et système de mesure ; la région a communiqué ses propres règles du jeu car la plupart des systèmes en usage étaient originaux, mais l'orpailleur n'était pas maître des `'prix'' pratiqués sur les marchés et de leurs fluctuations. Concrètement, l'échange reposait en grande partie sur l'inégalité des termes de l'échange ; dans ce cas l'orpailleur devait fournir toujours une quantité exorbitante de métal précieux pour s'offrir un article en provenance de l'extérieur.

    Les droits et taxes commerciaux qui paraissaient trop exagérés profitaient exclusivement à la cour impériale.

    Parlant des conséquences de ces transactions commerciales, elles furent négatives pour le Bouré car, le commerce était fort désavantageux pour les populations qui en sont restées pauvres. Il faut tout de même reconnaître qu'elles ont permis d'apporter les produits qui manquaient à ces populations dans le but d'améliorer leurs conditions de vie. Tandis que pour l'Empire du Mali, elles furent positives car elles ont permis d'asseoir la puissance économique du souverain, de favoriser le développement de grandes métropoles et de faire connaître le nom de l'empire à l'étranger.

    En définitive, toute la tendance de ce commerce se résume à la course à l'acquisition du métal précieux en vue de permettre aux Orientaux de s'assumer la suprématie dans la Méditerranée. Et nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que les Arabes sont `'les précurseurs'' du `'pillage économique du continent africain.

    Bibliographie :

    I- Ouvrages généraux :

    1- BATOUTA (Ibn) : Voyages- Paris, F. MASPERO, 1960.

    2- BOVIL (E.W): the golden Trade of the Moors - LONDON - OXFORD, University press, 1961.

    3- CANALE (Jean Suret) : Afrique Noire: Géographie - Civilisation- Histoire Paris, Editions Sociales, 1961.

    4- CARDOT (Vera) : Belles pages de l'Histoire africaine, Paris - Présence Africaine, 1961.

    5- CUOQ (Joseph Maurice) : Recueil des sources arabes concernant l'Afrique Occidentale, du VIIIe au XVIe siècle (Bilad-es-Soudan), Paris, CNRS, 1975

    6- DAVIDSON (Basil) : L'Afrique avant les Blancs, Paris, PUF, 1956.

    7- DEVISSE (Jean) : Essai sur le commerce africain médiéval du XIe au XVIè siècle, Paris RHES, 1961.

    8- DIOP (Cheick Anta) : L'Afrique Noire Précoloniale, Paris - Présence Africaine, 1960.

    9- DURAND (Bernard) : Histoire comparative des Institutions , Dakar, N.E.A 1985.

    10- KALDUN (Ibn) : Histoire des Berbères, Tome I - Paris, Paul Geuthner 1927.

    11- KATI (Mahmoud) : Tarik El Fetach, Paris - Ernest Leroux, 1913.

    12- KI-ZERBO (Joseph) : Histoire de l'Afrique Noire, Paris Hatier, 1971.

    13- LABOURET (Henri) : L'Afrique Précoloniale, Collection que sais-je ? Paris, PUF - 1961.

    14- LEON L'AFRICAIN (Jean) : Description de l'Afrique, Paris - Maisonneuve 1956.

    15- MAC KAY (Vermon) : L'Afrique dans le monde, Paris ISTRA, 1963.

    16- MAUNY (Raymond) : `' Tableau géographique de l'Ouest Africain'', Dakar IFAN, 1961

    17- NIANE (Djibril Tamsir) : `' Le Soudan Occidental à l'époque des Grands Empires XIe et XVIe siècles'', Paris - Présence Africaine, 1975.

    18- RITTER (Hans) : `' Caravanes du sel'' Zurich-Artaud, 1980.

    19- UNESCO : `'Histoire Générale de l'Afrique'', Tome I- Méthodologies et Préhistoire africaine, Paris, J.A - Stock - Unesco, 1980.

    II- MEMOIRES

    20- BANGOURA (Mahawa) : `' Contribution à l'histoire des Soso du XVIe au XIXe siècle'', IPGAN, 1974.

    21- BEAVOGUI (Siafa) : `' Les relations historiques entre le Manding et le Pays Loma'', IPK, 1978.

    22- CAMARA (MamadyKoba) : `' l'implantation de l'Islam en Haute-Guinée et ses Conséquences `', IPK1976.

    23- DIANE (Taliby) : `' Kankan, ville de négoce'', IPK, 1974-1975.

    24- SOUMAORO (Youssouf) : `'Monographie historique du Toron des origines au XIXe siècle'', Université de Kankan, 1986.

    25- SYLLA (Mady kaba) : `' Monographie historique du Bouré de l'intrusion coloniale à l'indépendance `', IPK

    III- AUTRES OUVRAGES

    26- BOUAH (Niangara) : `' L'Univers Akan des poids à peser l'or'', Thèse de doctorat d'Etat - Université de Cocody (Abidjan), 1972.

    27- KOMARA (Sidiki) : `' L'or en Guinée `' - Communication Séminaire Kankan, 1988.

    28- Courrier de l'Unesco n°5, Mai 1984

    29- COURRIER DE L'UNESCO n°6, Juin 1984.

    30- REVUE BALAFONG n°83, Juillet - Août 1987.

    IV- SOURCES ORALES

    31- Balaké CAMARA : Originaire du Bouré, résidant Quartier km 36

    32- Bassi CAMARA : Notable à Kintinyan (Bouré), âge de 79 ans.

    33- Alpha Bouré TRAORE : Agent des Impôts à Kankan, âge de 40 ans.

    34- Djigui CAMARA : Notable à Sétiguiya, âge de 65 ans.

    35- Elhadj Mamoudou GAYE : Notable à NIANI, âge de 79 ans.

    36- El Hadj Mamby KEITA : Originaire de Niagassola, résidant à Simbaya

    37- El Hadj Souleymane CAMARA : Ex-employé de commerce SCOA, résident quartier Sokuda, Siguiri.

    38- Elhadj Oumar CAMARA dit Morifindjan DIOUBATE ; âge de 62 ans, notable à Kankan.

    39- FinahHawa CAMARA : Originaire du Bouré, âge de 85 ans, Ménagère à NIANI.

    40- Mamady KONATE : Ex-enseignant à L'E.N.S Kankan, résidant à Siguiri.

    TABLE DES MATIERES :

    Introduction Générale : 2

    Revues de littérature : 4

    CHAPITRE I : Présentation sommaire du bouré 6

    Section 1 : Cadre geo-humain 6

    a) - Données géographiques : 6

    b) -Aperçu humain 6

    Section 2 : Intégration du bouré a l'empire manding 7

    Section 3 : Bref aperçu sur le règne de kankou moussa 9

    Chapitre II : Les transactions commerciales sous le règne de kankou moussa 11

    Section 1 : Les produits du commerce 11

    a) - Les Produits Agricoles 11

    ü Les tubercules :. 11

    ü Les fourragères : 12

    ü Les légumineuses :. 12

    b) -Les produits de cueillette et de ramassage 12

    c) -Les Produits de l'Elevage 13

    d) -Les Produits de la Pêche et de la Chasse : 13

    e) -Les Produits de l'Artisanat : 13

    f) -Les Produits Miniers : 14

    - l'or : 14

    ü Le sel :. 18

    - Le fer : 19

    g) -les Produits du Sud forestier :. 19

    h) Les Produits Orientaux : ... 19

    Section 2 : Organisation du commerce 21

    a) - Le Commerce Intérieur : 21

    b) Le Commerce extérieur : 24

    Section 3 : Les équivalents généraux et système de mesures 28

    a) - Les Equivalents généraux : 28

    b)- Les systèmes de mesure : 32

    ü Les mesures de capacité : 33

    ü Les mesures de poids pour les métaux : 33

    Section 4 : Les droits et taxes 34

    Chapitre III : Les conséquences des transactions commerciales 37

    Section 1 : conséquences pour le bouré 37

    Section 2 : conséquences pour l'empire du Mali 38

    Conclusion générale 41

    Bibliographie : 43

    * 1 Vera CARDOT: «Belles Pages de l'Histoire Africaine», Paris, Présence Africaine, 1961, p 45.

    * 2

    * 3 Pour plus d'informations sur la situation géographique du Bouré, nous renvoyons le lecteur à Mady Kaba Sylla : `'Monographie historique du Bouré de l'implantation coloniale à l'indépendance'' IPK, 1978-1979

    * 4 Ce sont les endroits où ont eu lieu des affrontements entre migrants et premiers occupants.

    * 5 Sylla Mady kaba: Op. Cit.

    * 6 Seyna Camara `'Mise en place de la population au Bouré, U.C, 1983-1985, p ?

    * 7

    * 8 La tradition mentionne que Kankou Moussa descandait de Aboubacar 1er alias MandenBory, frère de Soundjata.

    * 9 Dynastie qui règna sur l'Egypte et la Syrie de 1250 à 1317.

    * 10 Dynastie Berbère qui règna au Maroc de 1269-1465.

    * 11 Terme emprunté à Vera Cardot, Op. Cit, p ?

    * 12 Ibn Batuta cité par Zaïnoul Abdine Sanoussy in `'Miriya'' ; n° 0009, Mars 1997, Page 67.

    * 13 Vera Cardot Op. Cit.

    * 14 General Arabe qui, parti du Maroc, aurait dirigé des expéditions militaires contre le Ghana au VIIIème siècle

    * 15 Ki-Zerbo Joseph : `'l'Histoire de l'Afrique Noire'', Paris-Hatier 1971.

    * 16 Ahmad Zaki : Massaliki al Absar Fit Mamalik al Amsar, Le Caire, 1924, Tome1n, p ?

    * 17

    * 18 KomaraSidiki citant Raymond Mauny in `'l'Or en Guinée'' Comunication Séminaire National sur l'Orpaillage en guinée, Kankan 1988

    * 19 Al Omari : cité par Durand Bernard in `'Histoire comparative des institutions'', Dakar, N.E.A

    * 20 El Hadj Oumar Camara dit MorifidjanDioubaté : Notable à kankan âgé de 62 ans

    * 21 E.W. Bovill, `'Golden Trade of the Moors'' London-Oxford University Press 1963

    * 22

    * 23 KomaraSidiki : `'l'or en Guinée'' Communication Séminaire de Kankan, indiqué l'année ?

    * 24 Camara Bassi, âgé de 79 ans, notable à Kintinya (Bouré).

    * 25 Le lavage dans les puits est l'oeuvre des hommes ; en dehors du puits il devient l'affaire des femmes des mineurs.

    * 26 El Bekri : cité par Basil Davidson in `'L'Afrique avant les Blancs'' Paris-P.U.F, 1915, p ?

    * 27 El Bekri : cité par Ki-Zerbo, Op. Cit.

    * 28 Et 27 : Ritter Hans `'Caravane du sel'' Zurich-Artaud-1980, p ?

    * 29 Et 30 Al ZAWAWI : cité par Joseph Cuoq in `'Recueil des sources arabes concernant l'Afrique occidentale du VIII è au XVIèsiècle'', Paris-CNRS-1975.

    * 30 El Hadj souleymane Camara : âgé de 71 ans, fonctionnaire à la retraite Siguiri, 2009.

    * 31 El Hadj souleymane Camara : âgé de 71 ans, fonctionnaire à la retraite Siguiri, 2009.

    * 32 El Hadj Mamadou GAYE, âgé de 79 ans d'origine Sarakollé, notable de Niani.

    * 33 Date du retour de Kankou Moussa à la Mecque.

    * 34 Labouret Henry : `'L'Afrique précolonialiste'' (s.d).

    * 35 El Hadj souleymane Camara : âgé de 71 ans, fonctionnaire à la retraite Siguiri, 2009

    * 36 Il ne semble pas avoir eu de spécialisation des villages selon un produit bien déterminé. Nous savons du moins qu'un produit pouvait être abondant dans un village que dans un autre.

    * 37 La tradition explique que ce jour n'est pas favorable aux travaux d'orpaillage, il est considéré pour ce fait comme un jour de repos.

    * 38 Camara Bassi, âgé de 79 ans, notable de Kintinya (Bouré), 2009.

    * 39 Finah Hawa Camara, âgé de 81 ans, originaire du Bouré, ménagère à Niani. 2009.

    * 40 Voir page 26 pour les équivalents généraux.

    * 41 Le boeuf avait une valeur symbolique. Sa possession était un titre de richesse ; c'est pourquoi il n'était pas exposé à la vente sur les marchés.

    * 42 Voir page 26 pour les équivalents généraux.

    * 43 Djibril TamsirNiane : `'Le Soudan occidental à l'époque des grands Empires du XIIèau XVIèsiècle, Présence Africaine, 1975, p. 30.

    * 44 Ki-ZerboJoseph : Op. Cit. p. 29.

    * 45 Camara EL Hadj Souleymane âgé de 71 ans, fonctionnaire retraité, originaire du Bouré domicilié à Siguiri 2009.

    * 46 El Hadj souleymane Camara : âgé de 71 ans, fonctionnaire à la retraite Siguiri, 2009.

    * 47 Fernandez cite par H. Labouret in `'L'Afrique précoloniale'' Paris, P.U.F, 1961

    * 48 Devisse Jean : Essai sur le commerce médiéval du XIèau XVI è siècle, RHES 1950

    * 49 Niane Djibril Tamsir : Op.Cit.

    * 50 Le mithkal correspond à 4,729 grammes de même que le Dinard.

    * 51

    * 52 Niane Djibril Tamsir : `'Le Soudan occidental à l'époque des grands empires du 14-16e siècle, Paris, Présence Africaine, 1975

    * 53 Cette hypothèse est confirmée par le fait que la marchandise principale du Bouré était l'or. Son abondance devrait être un obstacle à sa transformation en moyen de paiement entre les habitants de la même localité ;

    * 54 El hadj Souleymane Camara: âgé de 71 ans, domicilié à Siguiri, quartier Sokouda, 2009.

    * 55 Léon l'Africain : cité par Maurice Cuoq in `'Recueil des sources arabes concernant l'A.O du VIIIèau XVIèsiècle, Paris , CNRS, 1975, p. 59.

    * 56 Cheick Anta Diop : `'L'Afrique Noire Précoloniale'' présence Africaine, 1960, p. 61.

    * 57 Niane Djibril Tamsir : Op. Cit. p. 82.

    * 58 L'évaluation en grammes est faite sur la base de 1 mithkal pour 4,729 grammes.

    * 59 Léon l'Africain : cité par Maurice Cuoq in `'Recueil des sources arabes concernant l'A.O du VIIIèau XVIèsiècle, Paris , CNRS, 1975, p.62

    * 60 Cheick Anta Diop, Op. Cit. p.58

    * 61 Niane Djibril Tamsir : Op. Cit.

    *

    * 62 L'évaluation en grammes est faite sur la base de 1 mithkal pour 4,729 grammes

    * 63 Les différentes appellations sont des termes Maninka, la principale langue commerciale de l'époque

    * 64 El hadj Mamby Keita, 71 ans, enseignant à la retraite, originaire de Niagassola, domicilié à Simbaya, 2009.

    * 65 Cylindre en bois dont la capacité est 1 litre à peu près.

    * 66 Erythrophelumsenegalensis ?

    * 67 Bassi Camara, âgé de 79 ans, notable à Kintinya, 2009.

    * 68 El Hadj Mamadou Gaye, âgé de 79 ans, d'origine Sarakollé, notable à Niani

    * 69 Mihmandar : cité par Joseph Cuoq in `' Recueil des sources arabes concernant l'A.O du VIIIè au XVIèsiècle, Paris, CNRS, 1975.

    * 70 Jean Suret Canale : `' L'Afrique Noire'' : Geographie-Histoire-Civilisation ; Paris-Edition Sociales, 1961, p.60.

    * 71. Ki-Zerbo Joseph: Op.Cit.






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