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Organisation de la contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua (extrême-nord Cameroun)

( Télécharger le fichier original )
par El Oumar Mohamed
Université de Maroua - DIPES II 2016
  

Disponible en mode multipage

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Dédicace

A nos Parents

Remerciements

Nous ne serions jamais arrivés au bout de ce travail sans l'aide de ceux qui nous ont soutenus. Raison pour laquelle, nous sommes particulièrement reconnaissant à l'endroit de nos directeurs de mémoire le Pr. Gonne Bernard et le Dr. Baska Toussia Daniel Valérie pour toute l'aide qu'ils nous ont apportée dans la production de ce travail.

Les Dr. Watang Félix et Pahimi Patrice respectivement chefs de département de Géographie et d'Histoire pour toutes les pédagogies et les recommandations qu'ils nous ont inculqués durant la période d'apprentissage.

Tous les enseignants de Géographie et d'Histoire de l'Ecole Normale Supérieure de Maroua ayant contribués à notre formation.

Nos remerciements vont également à l'endroit du commandant de subdivision commerciale des Douanes Camerounaise Mr. Jude Mofor, le médecin généraliste en service à l'hôpital de la CNPS Dr Bindjemé, le directeur d'ACAMAS Mr. Abdourahman Tom, pour leur accueil, disponibilité, orientation et encouragement. Nous n'oublions pas les autres responsables dans les services de l'hôpital Régional et l'hôpital de la Police de Maroua, les différentes pharmacies de Maroua Ier et IIe, ainsi que les populations des différents quartiers de Maroua qui ont bien voulu nous donner les informations dont nous avions besoin.

Nous remercions particulièrement Harouna Ibrahim, Oumarou, Mariama Atiné, Sadatou Djibring, Djomo Oyono Réné, Ibrahim Bouba Mana, Mme Bouba Suzanne, Fadimatou Bouba, Aissatou Bouba, Mariama Atiné, Aboubakar El Oumar et Nzie Esther Adeline pour leurs apports financiers, matériels et moraux.

Nous pensons aussi aux autres membres de nos différentes familles, à nos camarades de promotion, à nos amis, frères et soeurs qui nous ont soutenus matériellement, moralement et financièrement de près ou de loin tout au long de notre parcours.

Table des matières

Dédicace Erreur ! Signet non défini.

Remerciements ii

Résumé viii

Abstract viii

Liste des figures xi

Liste des tableaux xii

Liste des Photos xiii

Liste des planches xiv

Liste des acronymes et sigles xv

Introduction générale 1

I. Contexte général 2

II. Délimitation du sujet 4

II.1.Délimitation thématique 4

II.2.Délimitation spatiale 5

III. Problématique 6

III.1. Problème général 8

III.2. Problèmes spécifiques 8

IV. Questions de recherches 9

IV.1.Question principale 9

IV.2. Questions spécifiques 9

V. Revue de la littérature 9

V.1. Contrefaçon des médicaments 9

V.2. Vente illicite des médicaments de la rue 12

V.3. Contrebande 16

VI. Objectifs de la recherche 18

VI.1. Objectif principal de recherche 18

VI.2. Objectifs spécifiques 18

VII. Hypothèses 18

VII.1. Hypothèse principale 18

VII.2. Hypothèses spécifiques 19

VIII. Cadre conceptuel et théorique 19

VIII.1. Cadre conceptuel 19

VIII.1.1. Concept de l'Organisation 19

VIII.1.2. Concept de contrebande 20

VIII.1.3. Concept du médicament dopant 22

VIII.2. Cadre théorique 25

IX. Cadre méthodologique 28

IX.1. La technique d'échantillonnage par boule de neige 28

IX.2.La collecte des données 29

IX.2.1. Les données secondaires 29

IX.2.2. Les données primaires 29

IX.3. Le traitement et analyse des données 30

IX.3.1. Traitement des données 30

IX.3.2. Analyse des données 31

X. Intérêt de l'étude 31

X.1. Intérêt scientifique 31

X.2. Intérêt économique 32

X.3. Intérêt géopolitique 32

X.4. Intérêt social 32

XI. Plan de travail 33

Chapitre 1. Facteurs de la contrebande et de la consommation des médicaments dopants à Maroua 34

Introduction 34

1.1. Facteurs du développement de la contrebande des produits dopants à Maroua 34

1.1.1. Porosité des frontières entre le nord Cameroun et le nord du Nigeria 35

1.1.2. Utilisation limitée des voies principales dans la pratique de la contrebande 35

1.1.3. Utilisation des voies non officielles dans la pratique de la contrebande des médicaments dopants 36

1.1.4. Prolifération des activités informelles et consommation des médicaments dopants de contrebande à Maroua 36

1.1.2. Méthodes employées par les contrebandiers pour acheminer les médicaments à Maroua 39

1.1.2.1. Corruption des agents de contrôle au niveau des frontières 39

1.1.2.2. Produits dopants et camouflage aux contrôles douaniers 40

1.1.2.3. Emprunt régulier de pistes inconnues par les médicaments dopants dans la ville de Maroua 41

1.1.3. Facteurs favorisant la consommation des médicaments dopants dans la ville de Maroua 41

1.1.3.1. Faible niveau de scolarisation des consommateurs des médicaments dopants de contrebande à Maroua 42

1.1.3.2. Faible revenu des consommateurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua 43

1.1.3.3. Non implication des autorités sanitaires, communales et administratives dans la consommation des médicaments dopants 43

Conclusion 45

Chapitre 2. Distribution des médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua 46

Introduction 46

2.1. Circuit et flux des médicaments dopants de contrebande de la ville de Maroua 46

2.1.1. Nigéria principal lieu d'approvisionnement en Afrique de l'ouest et centrale 48

2.2. Itinéraires utilisés par les contrebandiers des médicaments dopants à Maroua 50

2.2.1. Routes utilisées par les contrebandiers avant l'avènement de l'insécurité à l'Extrême-Nord 51

2.2.2. Nouvelles voies utilisées par les contrebandiers des médicaments dopants pour la ville de Maroua 52

2.3. Acteurs de la contrebande des médicaments dopants à Maroua 53

2.3.1. Grossistes fournisseurs des détaillants, des vendeurs ambulants et des populations 53

2.3.2. Vendeurs en détail : distributeurs auprès des vendeurs ambulants et des populations des quartiers 61

2.3.3. Vendeurs ambulants : distributeurs auprès des populations des quartiers éloignés 63

1.2.4. Consommateurs : acteurs favorisant la contrebande des médicaments dopants à Maroua 67

2.3.4. Maroua : Un lieu de ravitaillement des villes environnantes en médicaments dopants 71

2.4. Typologie des médicaments dopants consommés dans la ville de Maroua 71

2.5. Répartition socioprofessionnelle et spatiale des consommateurs des médicaments dopants à Maroua 78

2.5.1. Répartition socioprofessionnelle des consommateurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua 79

2.5.1.1. Consommation du tramol par les mototaxi mans dans la ville de Maroua 80

2.5.1.2. Consommation du tramol par les pousseurs et les maçons à Maroua 81

2.5.1.3. Consommation du diazépam et du viagra par les commerçants dans la ville de Maroua 81

2.5.1.4. Consommation du diazépam par les élèves et étudiants dans la ville de Maroua 82

2.5.2. Répartition spatiale des consommateurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua 82

Conclusion 87

Chapitre 3. Risques sanitaires des médicaments dopants de contrebande 88

Introduction 88

3.1. Médicaments dopants fabriqués pour le traitement de l'anxiété, des douleurs cancéreuses et des dysfonctionnements érectiles 89

3.1.1. Utilisation du diazépam, tramol et du viagra pour des fins dopantes à Maroua 91

3.1.2. Diazépam, tramol et le viagra de contrebande consommés dans les rues de Maroua 93

3.2. Effets immédiats du tramol de contrebande sur la santé du consommateur 96

3.2.1. Effets respiratoires observés chez les consommateurs du Tramol de contrebande 97

3.2.2. Risque D'AVC (accident vasculaire cérébral) pour les consommateurs du Tramol de contrebande 98

3.2.3. Effets neurologiques tels que la sédation, convulsion dus à la consommation abusive du tramol 98

3.3. Effets à long terme du tramol sur la santé du consommateur des médicaments dopants de contrebande 99

3.3.1. Troubles maniaco-dépressif 100

3.3.2. Forte dépendance des consommateurs vis-à-vis de ces médicaments dopants 100

3.3.3. Réduction de l'espérance de vie des consommateurs du tramol de contrebande 101

3.4. Caractéristiques physiologiques des consommateurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua 104

3.4.1. Manque de raisonnement chez les consommateurs du tramol et du Diazépam 105

3.4.2. Déséquilibre physique des consommateurs des médicaments dopants 105

3.4.3. Association avec d'autres produits dopants tels que le cannabis 105

Conclusion 106

Chapitre 4. Stratégies de lutte contre la contrebande des médicaments dopants 108

Introduction 108

4.1. Différents acteurs et leurs politiques de lutte contre la commercialisation des médicaments dopants de contrebande 108

4.1.1. Actions de l'Etat camerounais dans la lutte contre la vente des médicaments dopants de contrebande à Maroua 109

4.1.2. Rôle de la Délégation régionale de la santé publique dans la saisie des médicaments dopants auprès des vendeurs à Maroua 109

4.1.3. Rôle de l'ordre national des pharmaciens du Cameroun dans la sensibilisation des consommateurs sur les conséquences des médicaments dopants de contrebande sur la santé 110

4.1.4. Forces de l'ordre et les autorités communales dans la lutte contre les médicaments dopants de contrebande 111

4.1.5. Rôle mitigé des populations de Maroua dans la lutte contre la contrebande des médicaments dopants 111

4.2. Limites des mesures prises par les acteurs dans la lutte contre la vente des médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua 112

4.2.1. Absence ou faiblesse des autorités régionales de réglementation pharmaceutique dans la lutte contre la vente des médicaments dopants de contrebande à Maroua 112

4.2.2. Manque de rigueur dans l'application de la législation existante face à la vente des médicaments dopants de contrebande à Maroua 113

4.2.3. Faiblesse des sanctions pénales, corruption et conflits d'intérêts dans la lutte contre la vente des médicaments dopants de contrebande à Maroua 113

4.2.4. Insuffisance des moyens à louer au service de douane dans la lutte contre la contrebande des médicaments dopants à Maroua 113

4.3. Quelques suggestions pour limiter la consommation des médicaments dopants dans la ville de Maroua 114

4.3.1. Favoriser la scolarisation des jeunes consommateurs de Maroua 114

4.3.2. Mise sur pied d'un système de contrôle de tous les médicaments qui circulent à Maroua 115

4.3.3. Création des aires de divertissement pour varier les loisirs des jeunes afin de réduire le taux d'anxiété pouvant conduire à la consommation des produits dopant à Maroua 116

4.3.4. Donner les moyens nécessaires aux autorités sanitaires de lutter contre la vente illicite des médicaments dopants 117

Pendant les enquêtes sur le terrain, il a été remarqué une absence des autorités sanitaires dans la lutte contre la vente illicite des médicaments de la rue en général et des médicaments dopants en particulier. Il ressort que la lutte contre la vente illicite des médicaments de la rue ne relève pas de leur compétence. Ainsi, l'Etat et la commune urbaine de Maroua doivent donnent les moyens aux autorités sanitaires afin que ces derniers puissent lutter contre la vente illicite des médicaments dopants dans la ville de Maroua. En dehors des acteurs locaux qui luttent contre la vente illicite des médicaments dopants, il y'a également les acteurs à l'échelle Mondiale et Régionale. 117

4.4. Acteurs Mondiaux et Régionaux de lutte contre la contrebande des médicaments dopants 117

Conclusion 118

Conclusion générale 120

Références bibliographiques 124

Ouvrages 124

Webographie 127

Annexe 1. Loi relative à l'exercice et à l'organisation de la profession de médecine 129

Annexe 2. Enregistrement des achats des psychotropes à la pharmacie Masseboeuf de Maroua 131

Annexe 3. Incidents causés par les mototaxi mans dans trois (03) quartiers de Maroua 131

Annexe 4. Lois et règlements limitant la fabrication et la distribution des stupéfiants 132

Annexe 5. Sources orales 136

Annexe 6. Fiches d'enquêtes 137

Résumé

Ce travail traite de la contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua. Il s'agit ici d'analyser les différents circuits de la contrebande de ces produits. Ainsi, l'objectif de ce travail est de montrer l'organisation de la contrebande des médicaments dopants à travers ses différents circuits d'approvisionnement, les acteurs et les facteurs y afférents. Pour mener à bien ces recherches, la technique d'échantillonnage par boule de neige de 100 vendeurs et 50 consommateurs de ces médicaments a été adoptée. L'analyse des données issues des enquêtes a permis de comprendre que le Nigéria est la principale source d'approvisionnement des médicaments dopants de contrebande à cause de la porosité des frontières entre ce pays et l'Extrême-Nord Cameroun. De ce fait, le tramol apparaît comme étant le médicament le plus utilisé dans la ville de Maroua soit 52%. Toutefois il entraine des effets néfastes à long et à court termes sur la santé du consommateur tels que les convulsions, la sédation, la dépendance et les comportements maniaco-dépressifs. Afin d'éradiquer ce fléau, il serait judicieux de créer les emplois, les lieux de divertissements, contrôler tous les médicaments qui entrent dans la ville de Maroua et favoriser l'accès à la scolarisation des jeunes dans la ville de Maroua, car c'est la couche sociale la plus touchée, soit 92%.

Mots clés. Contrebande-Contrefaçon-Médicaments Dopants-Toxicomanie médicamenteuse-Psychotropes-Maroua-Cameroun.

Abstract

This work deals with the smuggling of doping substances in the town of Maroua. this is to analyze the different circuits of the smuggling of these products. Thus, the objective of this work is to show the organization of the smuggling of doping substances through its various supply channels, actors and factors relating thereto. To carry out this research, the sampling technique snowball 100 sellers and 50 consumers of these drugs has been adopted. Analysis of the survey data has to understand that Nigeria is the main source of dopants smuggling drugs because of the porous borders between the country and the Far North Cameroon. Therefore, the tramol appears to be the most used drug in the city of Maroua 52%. However it causes adverse effects in the long and short terms on consumer health such as seizures, sedation, addiction and manic behavior. To eradicate this scourge, it would be wise to create jobs, entertainment, control all drugs that enter the city of Maroua and promote access to schooling for young people in the town of Maroua, because it ' is the most affected social group, or 92%.

Keywords. Contraband-Counterfeit-Drugs Dopants-Addiction Drug-Psychotropic-Maroua-Cameroon

Liste des figures

Figure 1. Zone d'étude 3

Figure 2. Circuit frauduleux des médicaments d'Asie pour l'Afrique 49

Figure 3. Différents itinéraires utilisés dans l'acheminement des médicaments dans la ville de Maroua 52

Figure 4. Distribution spatiale des vendeurs des médicaments dopants de contrebande par quartiers 55

Figure 5. Avis des vendeurs des médicaments dopants de contrebande sur leur formation en médecine à Maroua 58

Figure 6. Types des vendeurs et leurs revenus journaliers sur les médicaments dopants de contrebande 59

Figure 7. Raisons évoquées par les consommateurs des médicaments dopants 67

Figure 8. Schéma des acteurs impliqués dans la contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua 68

Figure 9. Flux de distribution des médicaments dopants de contrebande à Maroua 69

Figure 10. Répartition des médicaments dopants de contrebande consommés à Maroua 71

Figure 11. Répartition spatiale de la consommation du diazépam dans la ville de Maroua 73

Figure 12. Consommation du tramol dans les quartiers de la ville de Maroua 75

Figure 13. Consommation du viagra dans les quartiers de Maroua 77

Figure 14. Catégories professionnelles des consommateurs des médicaments dopants à Maroua 78

Figure 15. Répartition spatiale des consommateurs des médicaments dopants de contrebande à Maroua 82

Figure 16. Répartition par tranches d'âge des consommateurs des médicaments dopants par quartiers 84

Figure 17. Dépenses journalières des consommateurs pour l'achat des médicaments dopants 85

Figure 18. Dépenses journalières en fonction de l'ancienneté des consommateurs 85

Figure 19. Pathologies des toxicomanes en fonction de la durée de la consommation 101

Liste des tableaux

Tableau I. Opérationnalisation des concepts 3

Tableau II. Origines des médicaments dopants vendus à Maroua 40

Tableau III. Niveau scolaire des consommateurs des médicaments dopants de contrebande à Maroua 42

Tableau IV. Types de vendeurs des médicaments dopants de contrebande à Maroua 54

Tableau V. Ethnie d'origine des vendeurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua 56

Tableau VII. Points de stationnement en soirée des vendeurs ambulants des médicaments dopants de contrebande 63

Tableau VII. Types de problèmes rencontrés par les vendeurs des médicaments dopants de contrebande à Maroua 64

Tableau VIII. Age et sexe des consommateurs des médicaments dopants de contrebande à Maroua 81

Tableau IX. Raisons de la consommation des médicaments dopants en fonction des quartiers 83

Tableau X. Récapitulatif de certaines maladies traitées par les médicaments dopants 88

Tableau XI. Récapitulatif des quartiers utilisant les médicaments dopants de contrebande 91

Tableau XII. Malades enregistrés dans les hôpitaux suite à la consommation abusive des médicaments dopants de contrebande à Maroua 95

Tableau XIII. Récapitulatif des Mesures prises en cas de Crise de Convulsion due à la prise du tramol à Maroua 97

Tableau XIV. Récapitulatif des personnes ayant assisté aux décès causés par le tramol 100

Tableau XV. Quantité de médicament consommé par jour et par individu 103

Liste des Photos

Photo 1. Installation des médicaments de contrebande au marché central de Maroua. 53

Photo 2. Vendeurs ambulants des médicaments dopants de contrebande à Dougoi 65

Photo 3. Qualité du diazépam vendu au marché central de Maroua 72

Photo 4. Qualité de tramadol vendu à Maroua 74

Photo 5. Différentes qualités de viagra vendues à Maroua 76

Liste des planches

Planche 1. Quelques activités nécessitant les efforts physiques à Maroua............ 37

Planche 2. Médicaments dopants dissipés dans la marchandise d'un vendeur détaillant au quartier Mbarmaré........................................................................... 60

Planche 3. Comparaison entre le tramadol vendu au marché et celui vendu en pharmacie 93

Planche 4. Viagra et diazépam vendus dans les pharmacies 94

Liste des acronymes et sigles

ACAMAS : Association Camerounaise pour l'Aide et la Solidarité

AMA : Agence Mondiale Anti-dopage

AVC : Accident Vasculaire Cérébral

BUCREP : Bureau Central des Recensements et des Etudes de Population

CAPP : Centre d'Approvisionnement en Produits Pharmaceutiques

CCP : Compagnie Camerounaise de Pharmacie

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

CENAME : Centrale Nationale d'Approvisionnement en Médicaments et Consommables Médicaux Essentiels

CIO : Comité International Olympique

CMA : Centre Médicalisé d'Approvisionnement

CNAC : Commission Nationale d'Aménagement Commercial

CNPS : Caisse Nationale de Prévoyance Sociale

CNOP : Conseil National de l'Ordre des Pharmaciens

Cp : Comprimé

DAP : Programme d'Action pour les Médicaments essentiels

DMP : Division de la Gestion et des Politiques pharmaceutiques

FCFA : Francs des Colonies Française d'Afrique

GPS : Global Positioning System

HRM : Hôpital Régional de Maroua

HP : Hôpital de la Police

IDE : Infirmier Dipômé d'Etat

INS : Institut National de la Statistique

INSERM : Institut national de la santé et de la recherche médicale

OCISCA : Observatoire du Changement et de l'Innovation Sociale au Cameroun

OICS : Organe Internationale du Contrôle des Stupéfiants

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

OMD : Organisation Mondiale des Douanes

LANACOM : Laboratoire National de Contrôle de Qualité des Médicaments

Mg : Milligramme

MSP : Ministère de la Santé Publique

UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'enfance

UNODC: United Nations Office on Drugs and Crime

REMED : Réseau Médicament et Développement

SNC : Système Nerveux Central

Introduction générale

La mondialisation a engendré le développement d'un marché juteux qui est encore de nos jours en pleine expansion, s'adaptant au contexte socio-économique de chaque pays : il s'agit du marché des médicaments de contrebande. Dans les pays développés, internet constitue le lieu où les acteurs de ce marché proposent leurs différents produits dopants à l'instar du viagra et d'autres médicaments appartenant à la famille des benzodiazépines. Ces médicaments sont ainsi soumis à une législation renforcée (stupéfiants), mais ils sont surtout conçus pour le traitement des maladies de longue durée. Il s'agit à cet effet des médicaments psychoactifs qui permettent d'atténuer ou de faire disparaître une souffrance psychologique : anxiété, angoisse, insomnie, dépression, psychoses, maladie affective bipolaire (Roussin, 2011). Dans les pays du tiers monde dont l'économie est soutenue par le secteur informel, la contrebande est employée dans l'exercice des activités de certains opérateurs économiques et même de la plupart des activités formelles et informelles telles que la vente des médicaments dans la rue où l'on trouve également les médicaments dopants.

En Afrique par contre, le marché des médicaments de la rue en général et ceux dopants en particulier à profiter de la crise économique des années 1980 et de la dévaluation du franc CFA dans les années 1994 qui a considérablement réduit le pouvoir d'achat des populations (Ouedraogo, 2008). C'est de là qu'est parti le développement du marché des médicaments de la rue où l'on voit exposés des médicaments par les vendeurs qui sont tantôt immobiles ou stables, et tantôt mobiles ou ambulants dans les rues, dans les marchés et dans les bus. Ce marché illicite qui s'expose à la vue de tous comme s'il s'agit d'une pratique légale, s'est étendu peu à peu pour prendre de nos jours des tournures inquiétantes devenant, ainsi un véritable problème de santé publique. La vraie complication dans la lutte contre la vente des médicaments dopants est qu'elle ne concerne pas seulement les délinquants généralement traqués par la police, mais également des hommes d'affaires, professionnels de la santé et les politiques.

Le Cameroun est également concerné par ce phénomène car les populations ont très souvent recours à l'automédication qui est justifiée par des raisons économiques et sociales. Ainsi, depuis les années 1980 le phénomène de l'offre informelle pharmaceutique et même médicale s'est développé. Cependant, cette offre est alimentée par le fléau des médicaments de contrebande que l'on trouve dans les rues de la plus part des villes du Cameroun. Mais, il est important de signaler tout de même que la contrebande prend plusieurs sens. Il faut distinguer la contrebande de la propriété intellectuelle qui désigne la falsification des produits mis sur le marché par une entreprise ou une personne de la contrebande des marchandises qui désigne tout simplement le commerce ou le trafic illicite des marchandises. A cet effet, le concept qui va le plus nous intéressé sera la contrebande des marchandises qui est le champ dans lequel s'inscrit notre recherche qui porte sur la contrebande des médicaments dopants et ses effets sur la santé des consommateurs : cas de Maroua. Cette pratique étant dangereuse et nuisible à la santé de la population, il a été choisi de mener une étude afin de connaître les principales causes qui entretiennent l'utilisation des «  médicaments dopants » de contrebande et évaluer les conséquences de ces médicaments sur la santé des consommateurs.

I. Contexte général

Ce travail rentre dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue de façon générale à travers le monde et la lutte contre la contrebande des médicaments illicites consommés par certaines personnes pour se droguer (toxicomanie médicamenteuse) en particulier. A cet effet, nous avons constaté que la consommation et le trafic de drogue sont devenus de nos jours un problème d'ordre mondial car lorsqu'on observe les sociétés occidentales en générale et celles du tiers monde en particulier, on se rend compte que la consommation de la drogue constitue un phénomène social contre lequel les gouvernements et les organismes internationaux tels que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l'Organe Internationale du Contrôle des Stupéfiants (OICS) luttent sans cesse. Les jeunes sont de plus en plus impliqués dans la consommation de ces produits. A cet effet, nous avons également remarqué que l'Afrique et particulièrement la sous-région Afrique centrale est touchée par le fléau de la contrebande de médicaments dopants. Ainsi, nous avons remarqué que les villes africaines telles que Ndjamena au Tchad, Libreville au Gabon, Yaoundé et Maroua au Cameroun sont envahies par les médicaments de la rue (Pouillot et al., 2007 ; Ngarbitana, 1998).

Au Cameroun, le phénomène de trafic de drogue et de toxicomanie médicamenteuse touche les plus grandes villes du pays. Car après cinq (05) ans d'observation on s'est rendu compte que la circulation des médicaments dopants est devenue un phénomène de plus en plus répandu partout dans le pays à cause de plusieurs raisons parmi lesquelles le laxisme des autorités camerounaises. Nous parlons de laxisme des autorités parce que ce commerce se passe en plein jour dans les rues de nos villes et ceci en toute impunité. Par ailleurs, on a également constaté que la vente des médicaments de la rue contre laquelle l'Etat camerounais lutte depuis longtemps connait une évolution au fil du temps et aujourd'hui, elle prend une nouvelle trajectoire qui est celle de la contrebande. Ainsi, la contrebande des médicaments dopants trouve donc ses origines réelles dans la vente des médicaments de la rue.

Toutefois, il est nécessaire de signaler que ces produits se vendent également dans les pharmacies car ce sont des produits qui, à la base ont été conçus pour des traitements précis. Etant donné que la plus part de ces médicaments sont psychoactifs c'est-à-dire qu'ils permettent d'atténuer ou de faire disparaître une souffrance psychologique : anxiété, angoisse, insomnie, dépression, et psychoses, ces médicaments se trouvent finalement être vendus dans les rues et sans ordonnance. Préalablement signaler, toutes les régions de notre pays sont concernées par la contrebande des médicaments dopants, mais la région de l'Extrême-Nord est l'une des régions les plus touchées par ce trafic. Cette situation se justifie par sa proximité avec le Nigeria qui est l'un des pourvoyeurs majeurs des médicaments vendus dans nos rues.

Une autre justification est celle du pouvoir d'achat des populations qui n'ont pas assez de moyens pour se rendre dans des pharmacies parce que le même médicament coûte deux à trois fois plus moins cher dans la rue. Notre étude est basée sur cette Région et principalement dans la ville de Maroua qui est non seulement le chef-lieu de l'Extrême-Nord, mais aussi la ville la plus peuplée de cette région et par conséquent, constitue l'exemple parfait pour ces recherches. En outre, on se rend compte que la population de cette ville utilise beaucoup ces médicaments pour des fins dopants, c'est-à-dire qu'elle pratique la toxicomanie médicamenteuse. C'est donc dans ce contexte que ce thème s'inscrit, un contexte de la consommation des médicaments dopants de contrebande.

C'est également dans un contexte d'insécurité créée par les consommateurs de ces produits dans leur milieu de vie, qu'entre notre thème. Car nous avons constaté que les consommateurs de ces médicaments deviennent parfois violents et un danger permanent pour la société. De ce point de vue, le contrôle du trafic des médicaments dopants devient ainsi un phénomène contre lequel les autorités administratives de la région de l'Extrême-Nord en particulier et du Cameroun en générale devraient absolument lutter. Il est donc impératif de contrôler non seulement la nature de tous les médicaments qui traversent nos frontières, mais aussi exiger l'ordonnance médicale pour l'achat de ces types de médicaments.

II. Délimitation du sujet

Dans cette étude, il est important de faire une délimitation thématique, spatiale et temporelle de notre thème de recherche, afin de mieux circonscrire et localiser géographiquement la zone d'étude.

II.1.Délimitation thématique

Ce thème de recherche s'inscrit dans le champ de la géographie de la santé et de la géographie sociale. De ce fait, cette recherche étudie la signification de la répartition géographique devant la santé et le processus de diffusion des médicaments dopants. La géographie de la santé étudie les maladies et plus particulièrement celles de la mortalité et de ses causes immédiates en rapport avec l'organisation du territoire. Elle s'intéresse aux facteurs de mortalité des maladies et de ses causes en rapport avec l'organisation du territoire. Quant à la géographie sociale, elle met non seulement l'accent sur les interactions de rapports sociaux et spatiaux. Ce thème de recherche traite également de la question du détournement du rôle premier des médicaments dopants qui est celui de soulager les maux des malades. Ces derniers sont finalement utilisés pour se droguer.

Le thème qui fait l'objet de notre étude est « la contrebande des médicaments dopants et ses effets sur la santé des consommateurs à Maroua». Ce thème rentre dans la contrebande des médicaments, notamment les médicaments de la rue. Mais il s'agit ici d'axer le travail sur les médicaments dopants de contrebande et les effets de ces derniers sur la santé des consommateurs. Les recherches seront donc centrées sur les drogues emballées sous formes de comprimés (Cp), ou encore des médicaments qui sont détournés de leur fonction première ; car ces médicaments sont conçus dans le but de soigner des maladies bien spécifiques. De ce fait, il s'agira de ressortir dans un premier temps les facteurs d'une existence de la toxicomanie médicamenteuse, en suite de faire un lien entre l'entrée frauduleuse des médicaments.

II.2.Délimitation spatiale

Cette étude a pour cadre géographique la ville de Maroua, chef-lieu de la Région de l'Extrême-Nord. Cette ville est située à 10° 33'' de latitude Nord, 10°37'' de Latitude Nord et 14°15''de Latitude Est, 14°23'' de latitude Est (figure 1). Elle se trouve dans la pleine du Diamaré. D'après l'organisation administrative, la ville de Maroua est subdivisée en trois arrondissements : Maroua 1er, Maroua 2e et Maroua 3e soit une superficie de 1610 km2 (Bello et al., 2010).

Elle connaît une croissance urbaine sans précédent : les premiers administrateurs français évaluèrent sa population en Octobre 1916 à environ 25000 habitants. Ce chiffre de la population est maintenu pendant une décennie avant qu'une série de crises d'épidémies et disettes, ne ramenèrent les recensements administratifs à des chiffres plus modestes : 16 606 habitants en 1940 ; 17 269 en 1954. Depuis, la ville ne cesse de croître : 31 422 en 1963, 62 600 au recensement général de 1976 (BUCREP, 2010). Le choix de cette ville est simple. La ville de Maroua se situe dans l'Extrême-Nord du Cameroun. Elle débouche sur le Nigeria et bénéficie ainsi des échanges très poussés dus à l'industrialisation du Nord du Nigéria.

Réalisée et adaptée par Mohamed, janvier 2016.

Figure 1. Zone d'étude

Cet espace géographique est limité au nord par l'arrondissement de Petté, au Sud par le Département du Mayo Kani, à l'Est par les arrondissements de Bogo et Dargala, et à l'Ouest par les arrondissements de Gazawa et Méri.

III. Problématique

La consommation des médicaments dopants de contrebande ou la toxicomanie médicamenteuse est interdite dans la plupart des pays du monde. Le Cameroun n'est pas en reste, car la consommation, le trafic et la vente de ces médicaments sont strictement interdits par les lois camerounaises, étant donné que ces trafics sont passibles d'une peine de prison (Code Pénal n° 67/LF/112 Juin 1967). On note tout de même que cette activité est menée en toute impunité par les vendeurs des médicaments dans les rues de la ville de Maroua. On peut alors prendre pour exemple les tramadol qui sont plus connu sous le nom de « tramol ». Les médicaments dopants devraient normalement être vendus dans les pharmacies sous ordonnances mais le constat fait est autre sur le terrain. A cet effet, on note de plus en plus une forte dépendance des consommateurs car à force de consommer ces produits, ils finissent par être totalement dépendants. Pour mener à bien notre recherche, nous allons focaliser notre attention sur les jeunes car la jeunesse étant l'espoir d'une nation, il est très important pour nous de nous interroger sur ses comportements et sur son état de santé.

Il est question ici de présenter le problème de la dépendance des consommateurs des produits dopants à Maroua. La consommation du « tramol » amène à enquêter sur les effets néfastes que peut avoir ce produit sur la santé humaine. Lors des recherches dans la ville de Maroua, surtout dans les quartiers à fonction commerciale comme Kakataré, Dougoi ou encore Mbarmaré, à chaque cinq minutes de marche se trouvent toujours des plaquettes de « tramol » déjà utilisé. Ainsi, il ressort que la population active dans le secteur informel de Maroua fait appel à ce produit dans l'exercice de leurs activités. Car à 80%, ces médicaments les aident à booster leurs capacités physiques et sexuelles.

Dans le même ordre d'idées, le but est également de vérifier les capacités réelles des populations de la ville de Maroua, c'est-à-dire connaitre le pourcentage et la tranche d'âges des personnes qui font recours aux médicaments dopants de contrebande dans leurs différentes activités. Connaitre également les effets réels de ces produits sur la santé de la population consommatrice sera aussi l'une des principales questions aux quelles vont s'atteler ces recherches. A cet effet, ayant constaté un nombre de personnes dont l'état de santé tire presqu'à la folie et un nombre de jeunes non négligeable atteints par la folie (10%), cette situation nécessite des enquêtes afin de trouver des liens entre l'état de santé de ces personnes et la consommation abusive des médicaments dopants. Ainsi, il ressort qu'elles sont atteintes de folie parce qu'elles consommaient exagérément ces produits. A partir de ce constat, on comprend clairement que ces produits ont des conséquences très négatives (crises de convulsions, dépendances, problèmes respiratoires) lorsqu'ils sont consommés au quotidien.

Dans la même perspective, quelle est la relation conséquente qui existe entre les personnes atteintes par des convulsions et la consommation des médicaments dopants de contrebande? Là encore il se trouve que ces consommateurs de tramol sont des personnes en majorité jeunes. A cet effet, qu'est ce qui explique le fait que ce soit cette couche sociale qui soit la plus touchée ? Le tramol en lui-même constitue-t-il un danger? Autrement dit, l'autoconsommation abusive du tramol n'est-elle pas une pratique extrêmement dangereuse pour la santé des consommateurs ? Compte tenu de l'importante consommation des psychotropes dans la ville de Maroua, la contrebande des médicaments dopants n'est-elle pas interdite par la loi camerounaise ? Cependant, comment comprendre la vente de ces médicaments dans toutes les rues de la ville et même dans les différents marchés en toute impunité?

III.1. Problème général

Dans le cadre de ce travail, il est question de s'interroger sur l'organisation de la contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua à travers les différents circuits, les flux de distribution et les risques sanitaires liés à l'utilisation abusive de ces médicaments.

III.2. Problèmes spécifiques

Ø La contrebande des médicaments dopants inonde les marchés de la ville de Maroua de faux produits pharmaceutiques, mais elle reste à étudier ;

Ø Le circuit et les flux de distribution des médicaments dopants dans la ville de Maroua ne respectent pas les nomes pharmaceutiques ;

Ø La consommation des médicaments dopants de contrebande est un risque sanitaire pour la population de Maroua ;

Ø La mise sur pieds des mécanismes pouvant éradiquer la contrebande des médicaments dopants est un gage.

IV. Questions de recherches

A partir de la problématique de ce thème découle une question principale et des questions spécifiques.

IV.1.Question principale

Comment s'organise la contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua?

IV.2. Questions spécifiques

Ø Comment la contrebande des médicaments dopants inonde la ville de Maroua de faux produits pharmaceutiques?

Ø Comment s'organisent le circuit et les flux de distribution des médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua ?

Ø En quoi est-ce que la contrebande des médicaments dopants constitue-t-elle un risque sanitaire pour les populations de la ville de Maroua?

Ø En quoi la mise sur pieds des stratégies de lutte contre la vente illicite des médicaments dopants est-elle nécessaire?

V. Revue de la littérature

Les problèmes relatifs à l'organisation de la contrebande des médicaments ont été abordés par de nombreux auteurs autour de trois axes : la contrefaçon des médicaments, la vente illicite des médicaments de la rue et la contrebande.

V.1. Contrefaçon des médicaments

Le thème sur la contrefaçon des médicaments dans le monde et au Cameroun en particulier, a fait l'objet de plusieurs travaux de recherches. C'est ainsi que, Barbereau (2006) parle non seulement des différentes dimensions que peut prendre le mot contrefaçon, mais aussi l'état de ce phénomène à l'échelle mondiale. Il souligne d'entrée de jeu que c'est chaque pays qui donne le sens qu'il veut au mot contrefaçon. Ainsi, en fonction des pays, la définition est restée différente et comprend des notions de qualité, de légalité et d'intention frauduleuse. Cela a amené l'OMS à définir un médicament contrefait comme étant : un médicament qui a été délibérément et frauduleusement étiqueté de façon erronée quant à son identité et/ou sa source. Il pense ainsi que la notion de contrefaçon comprend trois concepts différents à savoir : celui de la qualité du médicament, celui de la légalité du produit et celui de l'intention frauduleuse. Le travail de Barbereau nous permet de connaitre les différentes définitions du mot contrefaçon. Au-delà des définitions de ce concept, il fait également l'état des lieux du phénomène de contrefaçon ; à cet effet, il constate donc que la contrefaçon est un phénomène en pleine expansion à travers le monde. Cependant, il faut noter que le travail de Barbereau dans ses différentes définitions n'a pas pris en compte le fait que la contrebande concerne également l'entrée frauduleuse des médicaments dans un territoire, même si ces médicaments sont originaux ou authentiques. Dans le même ordre d'idées, Videau fait un lien entre la contrefaçon des médicaments et la pauvreté des pays qui entraine le non-respect des réglementations pharmaceutiques et douanières.

Videau (2006) associe la qualité des médicaments des pays pauvres à leur situation économiques et à leur difficulté à faire respecter les réglementations pharmaceutiques et douanières. En effet, ces pays sont exposés au phénomène de contrefaçon et de malfaçon des médicaments. D'où la multiplication des produits pharmaceutiques illicites dans les marchés de ces pays. Selon lui, les populations les plus pauvres sont alors soumises au risque de consommation desdits produits.

Il analyse également cette multiplication des médicaments d'origine douteuse par les politiques pharmaceutiques mises en place par les gouvernements car ces politiques rendent les médicaments de bonne qualité inaccessibles du fait qu'ils sont financièrement et géographiquement chers. Le travail de Videau permet d'élaborer des stratégies de lutte contre les médicaments contrefaits. Car il pense que seul un système d'approvisionnement et de distribution rationnel et rigoureux basé sur le respect des procédures d'assurance qualité tout au long de la chaîne pharmaceutique peut permettre d'offrir aux patients des produits de santé présentant toutes les garanties de qualité, d'efficacité et de sécurité. Ainsi, pour résoudre le problème des médicaments dopants, il est également impératif de résoudre le problème de la vente illicite des produits pharmaceutiques car ces deux phénomènes sont intimement liés.

Il faut cependant noter que, Videau a juste donner une solution qui règle seulement le problème de l'entrée des produits contrefaits dans les pays pauvres sans toutefois dire comment faire pour le résoudre le problème de l'inaccessibilité financière de ces produits qui ne sont pas à la portée de tout le monde. Ainsi, pendant que Videau met l'accent sur les facteurs responsables de la prolifération des médicaments contrefaits dans les pays pauvres, le projet conjoint de la Division de la Gestion et des Politiques pharmaceutiques (DMP) et le Programme d'Action pour les Médicaments essentiels (DAP) quant à lui guide les Etats dans l'élaboration des mesures visant à éliminer les médicaments contrefaits.

Le guide pour l'élaboration des mesures visant à éliminer les médicaments contrefaits (1995 à 1997) préparé sous l'égide du projet conjoint de la Division de la DMP et le DAP, a été géré par les offices de l'OMS sur les médicaments contrefaits. Ce présent guide est destiné à orienter les Etats dans l'élaboration des mesures nationales pour combattre les médicaments contrefaits, notamment à instituer des programmes pour prévenir et détecter l'exportation, l'importation et la contrebande entre autre des médicaments dopants. En effet, il donne un aperçu général du problème et des facteurs qui favorisent la contrebande des médicaments. Selon ce document, le phénomène affecte les pays développés comme ceux en voie de développement. Mais il touche davantage les pays où la fabrication, l'importation, la distribution, l'approvisionnement et la vente de ces médicaments sont moins réglementés et où l'application de la réglementation manque de rigueur. Surtout lorsqu'on sait que les médicaments contrefaits ont été rarement efficaces et dans de nombreux cas, ils se sont même révélés dangereux et préjudiciables à la santé publique. Dans le cas des pays développés, la vente de ces médicaments se fait via internet.

Bourgoin (2015) fait un aperçu de la contrefaçon des médicaments en Europe aujourd'hui, notamment la falsification des médicaments qui est un sujet plus que jamais avec le développement important de la vente par le biais d'internet d'une part et le procédé des sérialisation devant être mis en place dans chaque industrie d'autre part. Cette thèse montre que la contrefaçon des médicaments touche aussi bien les pharmaciens officinaux que les pharmaciens industriels. Pour lui, il n'existe pas un moyen de lutte contre la contrefaçon des médicaments mais plusieurs qui ont chacun un niveau d'authentification différent, mais tous ont une utilité et une complémentarité. Cependant, Bourgoin s'est appuyé seulement sur les réalités européennes pour analyser et décrire la contrefaçon. Alors qu'au Cameroun la vente des médicaments contrefaits ne se fait pas sur internet mais plus tôt dans les rues et les marchés. Mais le travail le Bourgoin va nous aider à élaborer les différentes méthodes de distribution des médicaments contrefaits dans le monde. Au-delà des études qui ont été menées sur la contrefaçon des médicaments, un autre aspect a été évoqué par plusieurs auteurs à savoir la vente illicite de ces médicaments dans les rues.

V.2. Vente illicite des médicaments de la rue

L'émergence de cette activité est l'une des conséquences de la crise économique des années 1980. Ainsi, Hamel (2006) pense que cette vente constitue un véritable phénomène de société dans certains pays à revenu intermédiaire et faible. Pour lui le recours à ce marché est intégré aux moeurs dans la mesure où les vendeurs sont connus de la population et les zones concernées sont autant rurales qu'urbaines. Pour les plus démunis, l'achat facilité (crédits, vente à l'unité) de médicaments livrés à domicile est une aubaine. Le marché informel distribue les médicaments jusque dans les zones rurales isolées, autant par le biais des marchés hebdomadaires que par les petits vendeurs ambulants qui parcourent parfois plusieurs villages par journée. L'avantage économique de ce recours est considérable puisqu'il épargne des coûts d'opportunité et de déplacement parfois très élevés ; surtout lorsque plusieurs dizaines de kilomètres séparent les malades du centre de santé le plus proche. Le travail de Hamel nous permet donc de constater, de voir comment les médicaments contrefaits dans lesquels se trouvent également les médicaments dopants sont vendus. En même temps, cette thèse va nous aider dans l'élaboration des circuits de ventes et les atouts du commerce illicite des médicaments à des fins dopants. C'est dans la même perspective en parlant du circuit de vente des médicaments dopants, Pouillot et al., ont mené une étude à Yaoundé et à Niamey.

Pouillot et al., (2007) ont menés une étude pour la santé publique sur le circuit informel dans les médicaments à Yaoundé (Cameroun) et à Niamey (Niger). Elle a pour objectif de décrire la population des vendeurs des médicaments dudit circuit à Yaoundé et à Niamey et d'évaluer la qualité des médicaments vendus. Ici, l'analyse des données issues de l'échantillon des vendeurs illicites dans ces villes montre qu'il pourrait avoir un impact en termes de santé publique sur les consommateurs, du fait que le taux de non-conformité s'élève globalement à environ 50% des médicaments analysés dans les deux villes. Ainsi, des études complémentaires sont nécessaires pour connaitre l'origine de ces non-conformités, entre contrefaçon, faible qualité ou instabilité des formulations. Cette étude a le méritez de nous édifier sur le phénomène des vents illicites des médicaments dans les rues de Yaoundé et de Niamey. Cependant, cette étude ne prend pas en compte la nature des médicaments contrefaits qui est l'objet de notre thème de mémoire. A sa suite Wogaing évoque également la question du circuit de vente illicite des médicaments.

Ainsi, Wogaing (2010) mentionne que le circuit illicite des médicaments est en plein expansion en Afrique et on observe que de plus en plus de personnes en quête de médicaments ont recours aux deux secteurs, formel et informel. Dans cet article, elle fait un essai d'analyse du circuit thérapeutique suivi par une population en quête de médicaments modernes au Cameroun. A travers une enquête menée auprès de la population de Douala, cet article vise à montrer à la fois les risques sanitaires pris par les populations à la recherche du médicament par les vendeurs. Ici, le constat est que pour les clients et vendeurs les médicaments sont de bonnes1 qualités, disponibles et financièrement accessibles au grand nombre. Mais le travail de Jeannette Wogaing se limite seulement dans la ville de Douala. Nous cherchons à comprendre le circuit et la vente des médicaments à des fins dopants dans la ville de Maroua.

Ouedraogo (2008) constate que le développement du marché parallèle des médicaments constitue un véritable problème de santé publique dans les pays en développement et plus particulièrement au Burkina Faso. A cet effet, elle montre que les résultats des luttes déjà menées sont en deçà des attentes sur le sujet. Il est donc impératif de renforcer les stratégies de lutte déjà en place afin d'aboutir à la maîtrise du circuit d'approvisionnement et de distribution du médicament (fabrication approvisionnement et distribution) ; à un accès favorable et facile (financier et géographique) aux soins et aux médicaments dans les structures légales ; à un accès à une médecine et une pharmacopée traditionnelle de qualité. En mettant l'accent sur l'élaboration des stratégies pouvant maîtriser le circuit de vente illicite des médicaments de la rue au Burkina Faso, Fassin traite ce thème sur la banlieue de Dakar tout en dénonçant la passivité du l'Etat sur la question.

Fassin (1985) aborde ce thème sous l'angle économique et consacre une étude sur la banlieue de Dakar dénommé Pikine. Dans ce travail, l'auteur explique les raisons d'intervention des Marabouts dans le réseau de la vente illicite des médicaments au Sénégal. Il dénonce par la même occasion le non intervention ou la passivité de l'Etat sur ce type de problème.

«L'Afrique malade de médicaments» est un titre évocateur du problème des médicaments de la rue. Dans cet article, est évoquée la situation dans certains pays en Afrique (Benin, Burkina-Faso, Cameroun). Le marché des médicaments de la rue, au Benin est aussi florissant qu'il est illicite, comme partout ailleurs. Selon l'organisation mondiale de la santé, 25% des médicaments consommés dans les pays pauvres sont des contrefaçons ou des produits de qualité inférieure. En Afrique de l'Ouest, le phénomène a particulièrement pris de l'ampleur depuis la dévaluation du franc CFA. Ici l'explosion du marché informel des médicaments est le corollaire des coupes claires dans les budgets de la santé imposés par les politiques d'ajustement structurel initiées dans les années 1980. La vente de médicaments dans le circuit informel est extrêmement populaire au Niger où les vendeurs des rues sont légion et où le phénomène semble prendre une ampleur grandissante ; Idrissa (2005) relève un nombre d'aberrations dans la capitale nigérienne : Un anxiolytique tel que le vanadium peut ainsi être vendu comme vitamine. Les conséquences de ce commerce ne sont pas anodines puisque, selon une analyse documentaire, 146 malades intoxiqués par les médicaments vendus sur le marché illicite ont été recensés aux urgences de l'hôpital national de Niamey et de l'hôpital universitaire de Lamordé. Dans ses travaux pour une bonne approche de la vente des médicaments dans les rues, il cible son investigation sur la distribution des anti-infectieux. Dans son travail il note les différentes caractéristiques des vendeurs comme par exemple : modes de ventes des médicaments de la rue, le sexe et l'âge des vendeurs, leur ancienneté dans la vente de médicaments. Mais il ne fait pas allusion aux lieux de vente desdits médicaments, ni à leur localisation dans la ville de Niamey. Toujours sur la question du circuit des médicaments, une étude a été menée sur la distribution des médicaments au Tchad.

Donato et Odjimbey (1998) dans leurs travaux portant sur la distribution des médicaments au Tchad, adoptent une attitude alarmiste. Selon eux, la vente illicite des médicaments est une activité dangereuse pour la vie publique. De même, elle tue le secteur privé de la pharmacie. A leur suite, Ngarssen (1998), après avoir mené une étude sur la prolifération des médicaments illicites note que le circuit est étranglé par les vendeurs ambulants des produits pharmaceutiques.

Dans le même sens le rapport de l'AIA (2008) met en exergue l'ambigüité de la sous-région de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) qui est dotée d'une richesse incontestable, mais qui figure paradoxalement parmi les Etats les moins avancés. La pauvreté associée à d'autres facteurs tels que la perméabilité des frontières pousse les individus à emprunter le chemin des activités illicites dont la contrefaçon. Ainsi, la synergie des efforts entre les Etats doit être de mise pour mieux limiter le phénomène.

Suivant la même logique du rapport de l'AIA, les stratégies développées par les vendeurs de médicaments de la rue sont particulières. Médeibou (2004) dans ses travaux à Ngaoundéré aborde ce thème sous un aspect spatio-temporel. Aussi les réseaux des médicaments illicites intéressent Yadang (2005) qui se focalise sur les réseaux sur l'espace frontalière Banki-Amchidé. Elle a regroupé de nombreux acteurs intervenant dans la vente illicite de médicaments (grossistes, détaillants et vendeurs ambulants). Ceux-ci s'insinuent dans cette activité dans le but de répondre à leurs besoins financiers et sanitaires tout en ignorant l'impact y afférant sur la santé humaine.

L'impact des médicaments de la rue sur la santé, est soulevé par Wabo (2003) vue leurs moyens de conservation qui sont très précaires et leurs provenances douteuses. Les médicaments vendus au Cameroun en général et en particulier à Dschang dans le secteur informel, proviennent en grande majorité du Nigeria. Compte tenu de l'ignorance de l'impact de l'environnement physique (température, degré de chaleur ou d'humidité) sur les médicaments par des acteurs sans formation, ces produits sont très dangereux éventuellement pour les consommateurs, malgré, que certains d'entre eux s'avèrent soulageant. L'informel dans le secteur de la pharmacie constitue une véritable plaie sociale, une gangrène qu'il est urgent de supprimer.

V.3. Contrebande

La vente des médicaments dopants est faite dans des normes sanitaires sous prescription médicale. Cependant au Cameroun et plus précisément à Maroua, les usagers s'offrent ces produits dans des marchés inondés des produits de toute nature issus essentiellement de la contrebande. C'est dans ce contexte que plusieurs auteurs ont écrit sur la question de contrebande telle que Kengne Fodouop, Djanabou, OCISCA, Tatoloum.

Kengne (1988), étudie les échanges commerciaux entre le Cameroun et le Nigéria qui se font essentiellement par le biais de la contrebande. Interrompue entre 1967 et 1970 par la guerre de sécession biafraise, cette contrebande a repris progressivement et a atteint dans les années 1980 une grande ampleur, en dépit des mesures par les gouvernements camerounais et nigérians pour la contrebande. En effet, la pratique de la contrebande apparait comme une activité qui nourrit son homme, car elle n'offre pas seulement de nombreux emplois, mais elle assure aussi à ses hommes des revenus confortables. Elle est l'occasion d'une intense circulation des personnes, des marchandises et des capitaux qui suivent deux itinéraires : la voie terrestres et les voies d'eaux maritimes, fluviales ou lacustres.

Djanabou (2005) étudie la dynamique du commerce transfrontalier pratiqué par les femmes entre les frontières camerouno-nigériane et camerouno-tchadienne. En fait, les femmes sont perçue ici comme les actrices de la contrebande car usant des voies et moyens pour pouvoir contrecarrer les barrières douanières afin de mettre le produits sur le marché.

Dans la même logique, l'Observatoire du Changement et de l'Innovation Sociale au Cameroun (OCISCA, 2005) a réalisé un travail important sur les échanges transfrontaliers informels entre le Cameroun et le Nigéria. Ce travail, dans la perspective de notre thème relève clairement les facteurs et les acteurs des échanges informels et les routes de la fraude entre les deux pays. De plus, l'Etat camerounais perd sur le plan économique à cause de cette pratique illégale.

Dans le cadre de l'analyse des causes du développement de la contrebande des médicaments, Tatoloum (2003) rapporte qu'une étude analytique portant sur la qualité des médicaments sur le marché africain a été menée par l'équipe des chercheurs pharmaceutiques du réseau médicament et développement (REMED). Ce rapport mentionne les facteurs de développement de cette activité. A cet effet, il mentionne comme causes de la contrebande des médicaments : la faiblesse des réglementations, l'absence de la sécurité sociale, la difficulté d'accès aux médicaments, et la pauvreté de la population. L'auteur évoque comme autres facteurs de développement de la contrebande des médicaments, les longues années de guerre qui ont ouvert la vie à tout type de commerce, le chômage, l'accessibilité des prix des médicaments, la perméabilité des frontières, le succès de la diffusion des médicaments.

De tous ces travaux sur les médicaments de la rue, nous avons des travaux qui ont traité tour à tour de la contrefaçon des médicaments ; de la vente illicite des médicaments de la rue dans les pays du Sud et de la contrebande. Partant de ces analyses générales, nous allons nous attarder dans le cadre de cette recherche sur la vente des médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua.

VI. Objectifs de la recherche

VI.1. Objectif principal de recherche

L'objectif principal de ce travail est de montrer comment s'organise et se structure la contrebande des médicaments dopants, c'est-à-dire le circuit, le flux et la distribution.

VI.2. Objectifs spécifiques

Il s'agit de façon spécifique de :

Ø Identifier et caractériser les facteurs et les acteurs responsables de la contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua ;

Ø Présenter les différents circuits et les flux de distribution des médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua ;

Ø Montrer que la contrebande des médicaments dopants entraine des conséquences négatives sur la santé des consommateurs ;

Ø Proposer des stratégies de lutte contre la contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua.

VII. Hypothèses

VII.1. Hypothèse principale

L'hypothèse principale de cette étude est que le circuit de la contrebande des médicaments dopants va au-delà des frontières camerounaises. Cependant, les flux de distributions dépendent du type d'acteurs intégré dans la chaine de distribution de ces médicaments à Maroua.

VII.2. Hypothèses spécifiques

Ø Le laxisme des autorités administratives et douanières au niveau des frontières est un facteur qui favorise le développement de la contrebande des médicaments dopants ;

Ø Les circuits et les flux de distribution des médicaments dopants de contrebande sont à l'origine du détournement de leur rôle principal, car les consommateurs utilisent ces médicaments pour renforcer leurs capacités physiques et mentales ;

Ø La consommation des médicaments dopants de contrebande ou la toxicomanie médicamenteuse est responsable de la dégradation (crises de convulsion, comportement maniaco-dépressif, dépendance) de la santé des consommateurs ;

Ø La mise sur pieds des stratégies de lutte contre la vente illicite des médicaments dopants est un gage.

VIII. Cadre conceptuel et théorique

VIII.1. Cadre conceptuel

Il est important de souligner que pour mieux appréhender cette thématique, la clarification de certains concepts clés tels que organisation, contrebande, médicament, médicament dopant est nécessaire.

VIII.1.1. Concept de l'Organisation

Pour commencer on observe que la signification du mot organisation a beaucoup évoluée dans le langage courant. Le Nouveau Petit Robert signale que le mot organisation apparait en 1339. Son étymologie le lie à un organe du latin organum, qui signifie instrument. Organisation renvoie, dans un sens vieilli, à l'état d'un corps organisé et la manière dont ce corps est organisé. Selon le Grand Dictionnaire des Lettre ce n'est qu'à la fin du XVIIIe siècle que le mot organisation se détache du champ lexical de la biologie pour se rapprocher à son sens contemporain et désigner l' « action d'organiser », et la manière dont un corps quelconque, une institution ou un travail sont organisées.

En sociologie, l'organisation se définie comme une structure de mise en relation des parties dispersées. Elle est opérationnelle et spécialisée dans un champ bien circonscrit d'activités. L'organisation constitue, en un mot, un outil collectif que les parties différentes utilisent à des fins différentes.

L'organisation est un concept clé de la géographie car il désigne les différentes stratégies mises en place par des groupes humains dans le but de mettre en valeur leur espace. Cependant, pour les géographes l'organisation renvoie à l'espace et définit de ce fait l'objet de la géographie comme la structuration des aménagements humains à l'interface terrestre, et non plus comme l' interaction entre un milieu et des genres de vie. Epistémologiquement cela suppose qu'au-delà du désordre apparent des phénomènes présents à la surface de la Terre, il existe des logiques à révéler.

Dans le cadre de ce travail, l'organisation renvoie aux différentes manières dont un groupe de personne s'organise pour mettre sur pieds des stratégies leur permettant de transiter les marchandises d'une frontière à une autre pour une meilleure distribution de ces marchandises dans la destination finale. Toutefois, le concept de contrebande apparait également comme étant un concept clé dans le cadre de ce travail.

VIII.1.2. Concept de contrebande

D'entrée de jeu, il est important avant de présenter les différentes conceptions de la contrebande de noter que celle-ci se distingue de la piraterie et de la contrefaçon. On entend par piraterie la reproduction frauduleuse d`une oeuvre littéraire ou artistique sans payer les droits de reproduction (Encyclopédie Universalis, 2008). D'après la Commission Nationale d'Aménagement Commercial (CNAC) en France, la définition juridique de la contrefaçon est la suivante : « La contrefaçon consiste en l'imitation, l'utilisation, et la reproduction totale ou partielle d'une marque, un dessin, un modèle, d'un brevet, d'un logiciel, d'un droit d'auteur, ou d'une obtention végétale sans l'autorisation de son titulaire». A cet effet, la contrefaçon est une violation d'un droit de propriété intellectuelle https://fr.wikipedia.org/wiki/Propri%C3%A9t%C3%A9_intellectuelle par le fait de reproduire ou d'imiter quelque chose sans en avoir le droit ou en affirmant ou laissant présumer que la copie est authentique. Concernant le médicament, on notera que le terme «contrefait» est utilisé de manière synonyme au terme « falsifié » (Bourgoin, 2015).

Etymologiquement, le mot contrebande vient de deux mots italiens composés de contra qui veut dire contre et bando qui veut dire ban ; donc « contrabbando » qui signifie « sans payer de tribut », « action illicite » (Encyclopédie Universalis, 2008).

En effet, selon le Dictionnaire Larousse illustré, la contrebande désigne de façon globale l'introduction ou la sortie et la vente de marchandises prohibées. La contrebande en matière de médicament se définit comme toute marchandise prohibées, colportées ou introduites dans le territoire national sans acquittement des droits auxquels elles sont soumises. La contrebande est aussi appréhendée comme une infraction douanière consistant à passer clandestinement, par tout moyen, à travers la frontière douanière, les soustrayant aussi au contrôle de la douane (OMD, 2011). C'est d'ailleurs dans cette optique que Kola Gonzé définit la contrebande comme « la faute douanière aggravée par un refus total de collaborer avec la douane, en refusant de passer la marchandise par un bureau douanier » (Gonzé, 2005).

En sociologie, la contrebande s'appréhendant comme une agression, est d'abord intentionnelle et « ne s'observe pas seulement dans la plupart des sociétés de telle ou telle espèce, mais dans toutes les sociétés de tous les types [...] et consiste dans un acte qui offense certains sentiments collectifs, doués d'énergie et d'une netteté particulière» (Durkheim, 1894). Cela signifie que le crime est localisé dans toutes les sociétés du monde entier et répond le plus souvent à une volonté de mieux être pour des personnes voulant sortir de la pauvreté. C'est le sentiment qui anime les personnes qui se lancent les activités économiques liées à la contrebande.

Cette thématique est explicite dans le cadre de la géographie, car la contrebande des marchandises met en relation des espaces géographiques distincts. Ainsi, cette thématique est abordée de manière plus précise dans le champ de la géographie politique, car l'espace qui sert d'étude du phénomène est un espace politique constitué de territoires étatiques délimités par des frontières. Compte tenu du caractère transfrontalier de ce trafic, de sa relation avec d'autres formes d'activités criminelles, nous pouvons aussi aborder ce travail à l'aide du raisonnement géopolitique qui « implique une connaissance des acteurs, de leurs représentations territoriales, de leurs pratiques de l'espace et de leurs motivations» (Rosière, 2001)

Dans le cadre de ce travail, la contrebande se perçoit comme étant l'introduction clandestine des marchandises dans un territoire donné et qui ne sont pas passées dans un bureau de douane ou qui y sont passées, mais ont été dissimulé pour ne pas être aperçues par les agents de douane. Elle concerne une large gamme d'articles étrangers. Pratique très classique, elle est le produit des échanges qu'entretiennent les différentes sociétés de part et d'autre de frontière. Ce trafic transfrontalier consiste en l'usage des différentes méthodes de contournement des taxes et barrières douanières. Toutefois, la contrebande est une activité florissante qui emploie de milliers de personnes entre importateurs grossistes, passeurs, commerçants installés, détaillants ambulants et qui fait vivre de nombreuses familles. Il est également important de signaler que les produits issus de la contrebande ne sont pas seulement dissimulés pour éviter de payer les taxes douanières, mais aussi parce qu'il s'agit en fait des produits dont la vente est interdite dans le territoire d'un pays. Toutefois, il est également important de comprendre le concept du médicament dopant.

VIII.1.3. Concept du médicament dopant

Pour mieux cerner le concept de médicament dopant, il est primordial de définir d'abord ce que l'on entend par médicament. De ce fait, le dictionnaire raisonné de la géographie de la santé définie le médicament comme toute substance d'origine synthétique ou naturel destinée à la prophysie ou au traitement de la maladie.

Au terme des dispositions du décret n° 94/040PM du 7 mars 1995 portant code de la santé publique au Cameroun on entend par médicament : toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l'égard des maladies humaines ou animales, ainsi que tout produit pouvant être administré à l'homme ou à l'animal en vue d'établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions organiques.

Sont aussi des médicaments :

- Les produits cosmétiques ou d'hygiène corporelle contenant une substance ayant une action thérapeutique ou contenant des substances vénéneuses à des doses et concentration supérieure aux doses d'exonération ;

- Les produits diététiques qui renferment dans leur composition des substances chimiques ou biologiques ne constituant pas par elles-mêmes des aliments, mais dont la présence confère à ces produits des propriétés spéciales recherchées en thérapeutique diététique, soit des propriétés de repas d'épreuve.

Depuis que l'humanité existe, elle cherche à soulager par des substances chimiques ses maux et ses maladies. Mais l'être humain ne demande pas seulement à ces substances de soigner son mal, il en attend aussi un certain nombre de modification de ses sensations. Ainsi, tout au long des siècles, les hommes ont continué à utiliser des substances chimiques pour diverses raisons telles que se détendre et soulager le stress. C'est dans cette optique que les médicaments dopants sont consommés. On peut à cet effet définir ces derniers comme étant toutes substances médicales dont la consommation modifie, de par sa nature chimique, la structure et les fonctions de l'organisme. On les range généralement en deux grandes catégories : les produits pharmaceutiques (médicaments européens), qui se présentent le plus souvent sous forme de pilules, comprimés, et capsule de couleurs variées. Et les remèdes traditionnels sous forme d'herbe tels que le cannabis et le chanvre indien.

Dans le domaine sportif, l'on utilise les médicaments dopants dans le cadre des compétitions, des manifestations organisées par les fédérations des différentes disciplines sportives (athlétisme, football, natation). Ainsi, d'après le Comité International Olympique (CIO) et l'Agence Mondiale Anti-dopage (AMA), le dopage est la pratique consistant à absorber des substances ou à utiliser des actes médicaux afin d'augmenter artificiellement ses capacités physiques ou mentales (hématocrite dans le sang, battements du coeur, confiance en soi, etc.) (Dot et al., 2010). Cependant, il est nécessaire de signaler que l'utilisation des médicaments dopants ne s'arrête pas qu'au niveau sportif.

L'utilisation des médicaments dopants hors du milieu sportif est qualifiée de conduites dopantes. Ces médicaments sont également sollicités dans le milieu étudiant et professionnel. Ainsi, dans le cadre de nos recherches, un médicament dopant est une substance dont une personne consomme (somnifères, complément alimentaire, substances psychoactives) pour affronter un obstacle, réel ou ressenti, dans un objectif de performance. L'obstacle peut être un examen, un entretien d'embauche, un travail difficile ou pénible, une épreuve sportive, etc. toutefois, L'objectif de performance constitue les motivations réelles de l'utilisation de cette catégorie de médicaments. À cette fin, le consommateur des produits dopants cherche non seulement à augmenter ses performances physiques ou intellectuelles, mais également à éviter que ses performances ne diminuent.

Dans le cadre de ce travail, le concept de médicament dopant se définit comme étant tout produit pharmaceutique consommé par une tierce personne sans prescription médicale dans le but de booster ses capacités physiques, mentales et sexuelles. Il s'agit en effet pour la plus part des médicaments psychoactifs tels que le viagra, le diazépam et le tramadol. Les contenus accordés à ces concepts sont repartis de manière plus détaillée et structurée graduellement en dimensions, en variables et en indicateurs (Tableau I).

Tableau I. Opérationnalisation des concepts

Concepts

Dimensions

Variables

Indicateurs

Organisation de la

Contrebande des médicaments dopants

Facteurs et acteurs

Approvisionnement : Nigéria/ Marché central

Circuit /flux / quantité

Distribution/vente

Vendeurs / acheteurs

Toxicomanie médicamenteuse

Types de médicaments dopants

Diazépam / tramol / viagra / qualité du produit

Consommateur

Age / sexe / quantité / quartiers / catégories socioprofessionnelles

Motifs du consommateur

Renforcer les capacités physiques / intellectuelles / sexuelles

Conséquences des médicaments dopants

Impact à court termes

Illusions / sentiments de force / sagesse

Impact à long termes

Troubles psychiques / crises de convulsions / tremblote

Codes juridiques et mécanismes d'éradications

Lois nationales/internationales

Lois / institutions

Mécanismes d'éradications

Contrôle des frontières / centre de désintoxication

Source : Enquêtes de terrain, mars 2016.

VIII.2. Cadre théorique

Pour mieux assoir les contours de ce travail, des théories ont été convoquées. Il s'agit entre autre de la théorie du probabilisme de Vidal de la Blache, la théorie des lieux centraux de Walter Christaller, la théorie de l'auto-organisation de Damienne Provitolo et celle de la localisation de Von Thünen. L'analyse des idées développées par les auteurs de ces théories, permet de mener un débat théorique, lequel concourt à la construction du cadre opératoire de cette étude.

Ø La théorie du probabilisme de Vidal de la Blache dans la vulgarisation de la consommation des médicaments dopants à Maroua

C'est une théorie qui a été développée par le géographe français Paul Vidal de La Blache (1910). Elle explique dans quelle mesure une situation ou une relation passée, a des chances de se poursuivre dans le futur ; autrement dit si tout continue comme avant, toutes choses égales par ailleurs, il y a maintien des relations par le passé.

Cette théorie vient approfondir cette inquiétude dans la mesure où il y'a quelques années de cela, il était rare de voir des personnes manifestant des comportements dignes de consommateurs de drogue ni même des produits stupéfiants circulant à découvert dans les rues de la ville de Maroua. Mais, le constat qui se dégage aujourd'hui est alarmant. C'est tout le contraire. On note une quasi indifférence des services de maintien de l'ordre qui sont censés protéger les biens et les personnes. Et de surcroit une inertie des services déconcentrés du ministère de la santé publique qui ont pour mission de mettre en valeur l'arrêté ministériel interdisant la vente illicite des médicaments dans la rue en générale et celle des médicaments dopants en particulier à Maroua. De ce fait, la lutte efficace contre la consommation de ces produits se pose avec acuité, car on ne le dira jamais assez, «la jeunesse est le fer de lance de la nation».

Ø La théorie des lieux centraux de Walter Christaller dans la localisation des points de vente des médicaments dopants à Maroua

Cette théorie a été développée par beaucoup d'auteurs. Celui qui met le plus en exergue ce travail est le géographe allemand Walter Christaller (1933) publie : « Die Zentralen Orte in suddeutschland » qui veut dire les lieux centraux dans le sud de l'Allemagne. Il appela son modèle, le modèle christallérien. Ce modèle réduit l'espace géographique à un « espace homogène ». C'est-à-dire à un espace où on se déplace de manière identique et à la même vitesse dans toutes les directions et dans lequel les formes géométriques régulières se déduisent les unes des autres. Ce modèle fonctionne aussi sans tenir compte des comportements socioculturels et psychologiques des populations.

Les producteurs et les consommateurs font des choix rationnels et se déplacent de la manière la plus économique. Ce modèle permettrait alors de déduire qu'en théorie, les villes dans lesquelles vivent les populations s'organisent en vertu de trois principes souvent appelés logiques à savoir :

-Le principe du marché : ce principe est sensé résulter de la loi économique de l'offre et de la demande. Une ville est considérée comme un lieu de création et de consommation des richesses. Il en résulte une concentration, une accumulation et une convergence de la population. Plus une ville offre des biens et services, plus son aire d'influence en tant que « lieu » central est étendue.

-Le principe de transport : ce principe est sensé résulter de la recherche de l'économie dans les déplacements entre les lieux centraux.

-Le principe administratif : ce principe est sensé résulter d'une organisation spatiale pyramidale de lieux centraux secondaires autour d'un lieu central principal. Cet auteur situe les lieux centraux secondaires à une distance du lieu central principal sur les sommets de l'hexagone.

Ø La théorie de l'auto-organisation de Damienne Provitolo dans la maîtrise des circuits de vente à Maroua

Comme la précédente, cette théorie a été développée par beaucoup d'auteurs. Mais celle qui a le plus marquée est la théorie de Damienne Provitolo qui a démontré que l'organisation interne d'un système dépend de la capacité des éléments de ce système à s'organiser d'eux-mêmes ou à produire et maintenir une structure à l'échelle du système sans intervention ou sans être dirigé par un agent extérieur.

Cette théorie démontre la capacité du pouvoir public et de la société civile de la ville de Maroua de se mettre en oeuvre pour que le système qui permet la production, le ravitaillement, la commercialisation et la consommation de ces stupéfiants soit bloqué d'une part et moraliser ces acteurs d'autre part par des sanctions.

Ø La théorie de la localisation de Von Thünen dans la localisation des grossistes à Maroua

Même si certains chercheurs plus anciens devraient recevoir quelques crédits, c'est surtout avec Johann Heinrich Von Thünen qu'on peut situer la naissance de cette théorie en 1826. En effet, elle s'intéresse à la localisation géographique des activités économiques et répond à la question suivante : Quelles activités économiques se localisent où et pourquoi ?

Elle se base principalement sur la théorie microéconomique, notamment sur l'hypothèse que ces acteurs économiques agissent dans leur propre intérêt. Cette théorie dans cette étude permettra aux autorités responsables de la santé publique dans la ville de Maroua de localiser plus facilement les différents secteurs de vente de ces produits. Ces responsables pourront donc avoir une meilleure visibilité et lisibilité des activités qui s'y déroulent dans et autour des marchés central et abattoir ; et par là organiser des campagnes de sensibilisation en direction des jeunes sur les conséquences de la drogue dans l'organisme.

Toutefois, parmi les théories sus évoquées, ce travail s'est basé beaucoup plus sur la théorie du probabilisme car, nous avons constaté que la consommation des médicaments dopants de contrebande n'était pas propagée par le passé. Mais, de nos jours elle est devenue un fléau contre lequel les autorités administratives et sanitaires de la ville de Maroua se battent sans cesse. Ainsi, si l'on remet les mêmes conditions de contrôle de la qualité des médicaments vendus, la saisie et la destruction des médicaments dopants de contrebande, l'on peut alors espérer voir la réduction de la consommation des dits médicaments, mieux encore la disparition des médicaments de la rue en générale et des médicaments dopants en particulier.

IX. Cadre méthodologique

Ce travail a été mené en utilisant essentiellement la méthode des sciences humaines et sociales dans l'analyse des faits socialement observables. Mais aussi dans l'élaboration des plans ou des stratégies de lutte contre la contrebande des médicaments dopants et contre la toxicomanie médicamenteuse. Dans ce cadre méthodologique, deux types de données ont été recensé à savoir : les données secondaires et les données primaires.

IX.1. La technique d'échantillonnage par boule de neige

La technique choisit est l'échantillonnage par boule de neige. En effet, conscients des difficultés à trouver les sujets de l'enquête parce qu'ils constituent une population minoritaire et une catégorie sociale bien précise à savoir les drogués, cette méthode s'est avérée utile. Le principe des contacts personnels a permit de retracer les sujets recherchés. Ici, il s'est agi de constituer un réseau permettant de trouver les répondants au fur et à mesure de la progression de l'enquête. Cependant, cette technique d'échantillonnage contient plusieurs contraintes. La principale contrainte liée à cette méthode est la difficulté d'avoir un entretien avec l'enquêté qui pense être en danger s'il répond au questionnaire qui lui est exposé. Toutefois une autre contrainte liée à l'utilisation de cette technique est la difficulté d'entrer en contact direct avec le sujet pour une prise de photo. Pour se faire, une collaboration avec le voisinage de l'enquêté était nécessaire.

Ainsi, dans le but de produire ce travail, 100 vendeurs de médicaments (grossistes, semi-grossistes, détaillants, vendeurs ambulants) ont été choisi pour répondre aux questionnaires. 50 consommateurs ont également été enquêtés. Les sites d'enquête étant bien défini au préalable, et en fonction de la concentration du nombre de vendeurs de médicaments de la rue ont été observé. Ce qui a permis de produire les tableaux, les figures, les cartes et de faire la localisation des zones d'étude tout en faisant les commentaires adéquats.

IX.2.La collecte des données

Il s'agit ici des données secondaires et primaires.

IX.2.1. Les données secondaires

Ce sont les données documentaires permettant de connaitre les travaux déjà réalisés afin de les exploiter. Elles ont également permis d'orienter ce travail. Il s'agit ainsi des :

Ø Documents sur support papier (articles, journaux, livres, mémoires et biens d'autres) ;

Ø Documents en version numérique (article, journaux, livres, mémoires, documentaires, vidéo...)

Pour avoir accès à ces documents, une descente dans les bibliothèques du centre de documentation, du département de géographie de l'école normale supérieure de Maroua, la bibliothèque du Mission de Développement des Monts Mandara (MIDIMA) a été faite. Les rapports et les archives à la Délégation Régionale des Affaires Sociales de Maroua ont aussi été consultés. Toutefois, la consultation de l'internet a été également d'un grand apport.

IX.2.2. Les données primaires

Il s'agit des observations faites directement sur le terrain qui permettent de s'imprégner de la situation et de la problématique de la consommation des psychotropes de contrebande dans la ville de Maroua. Ainsi, Ces observations ont également permis de décrire et de caractériser les faits liés à la toxicomanie médicamenteuse rencontrés dans les rues de la ville de Maroua.

La collecte des données primaires sur le terrain à consister à :

Faire des enquêtes sur le terrain à travers un questionnaire sur lequel sont posées des questions principalement dans le but de connaitre le lieu d'approvisionnement ; lieu d'activité ; le sexe ; l'âge ; le niveau d'études ; et connaitre le produit et la quantité consommée ; connaitre les raisons de la consommation ; les sensations après avoir consommé ces médicaments.

Des entretiens directs ou semi-structurés avec divers acteurs : partant des vendeurs grossistes de ces médicaments jusqu'aux petits détaillants afin d'avoir d'amples informations sur ce trafic qui d'après eux les rapporte beaucoup d'argent. Des entretiens ont été passés avec les professionnels de la santé pour savoir s'ils collaborent avec les acteurs de la contrebande des médicaments dopants et de savoir également les effets néfastes de ces médicaments sur la santé humaine à long ou court termes.

Les levés Global Positioning System (GPS) ont permis de localiser la zone d'étude et les points de vente des médicaments de contrebande dans les marchés, ce qui a permis de réaliser les cartes.

IX.3. Le traitement et analyse des données

IX.3.1. Traitement des données

Le traitement des données s'est fait de deux façons, un traitement manuel et un traitement informatique :

Ø Le traitement manuel porte sur le dépouillement des informations obtenues sur le terrain ; il s'agit des données recueillies sur les consommations des médicaments à des fins dopants tels que le tramol.

Ø Pour le traitement informatique les logiciels utilises sont :

· Spss pour le montage de la base de données des informations recueillies sur le terrain

· Excel pour le montage des tableaux statistiques et des figures

· Words pour la saisie et le traitement de texte

· MapInfo a permis de réaliser les cartes.

IX.3.2. Analyse des données

L'analyse des données se fait selon plusieurs méthodes :

Les méthodes d'étude et d'évaluation de l'enjeu/impact : une approche rétrospective faisant état des dégâts enregistrés suites à la consommation abusive et répétée des médicaments dopants et à une approche prospective faisant ressortir les différents impacts de la toxicomanie médicamenteuse, ainsi que leurs caractéristiques sur la santé des consommateurs.

Les méthodes des statistiques descriptives et observation pour caractériser le phénomène de la contrebande des médicaments dopants ;

A travers les coordonnées géographiques issues des levées GPS plusieurs cartes ont été réalisées et analysées.

X. Intérêt de l'étude

Ce thème regorge un nombre important d'intérêts qui méritent d'être évoqués à savoir l'intérêt scientifique, économique, géopolitique et social.

X.1. Intérêt scientifique

Etant donné que l'augmentation de l'espérance de vie due à l'évolution de la médecine est au centre de toute préoccupation de l'Etat du Cameroun pour la population de Maroua en particulier, il n'est pas possible de rester muets devant un tel phénomène en tant que jeune chercheur, dans la mesure où les médicaments dopants de contrebande non seulement envahissent les marchés mais aussi mettent la santé des jeunes en péril. De ce fait, ce travail constitue une contribution modeste soit-elle dans la présentation des effets de la vente des médicaments de la rue en générale et de la toxicomanie médicamenteuse en particulier. Ce thème apporte également une contribution au Ministère de la Sante Publique des stratégies de lutte contre les médicaments de la rue et contre la toxicomanie médicamenteuse.

X.2. Intérêt économique

La prolifération des activités de la contrebande apporte d'énormes conséquences sur l'économie camerounaise. Ainsi, la présente étude a le mérite d'amener les pouvoirs publics à prendre des mesures importantes sur l'ampleur du phénomène. D'autre part, elle met à la disposition de tous les chercheurs désireux de s'intéresser à l'économie parallèle en générale et à la contrebande en particulier comme des pistes de recherche. Ce mémoire se met aussi au service de la lutte contre la fraude, en ce sens qu'il permet de prendre conscience des effets de celle-ci sur l'économie de la région de l'Extrême-Nord. Ceci permet de voir les dispositifs en termes de moyens et techniques utilisés pour lutter contre ce fléau. Bref, il s'agit de constater et d'analyser l'incidence de la contrebande des médicaments dopants sur l'économie de la ville de Maroua.

X.3. Intérêt géopolitique

Compte tenu des échanges commerciaux que le Cameroun entretient avec ses pays voisins, et particulièrement le Nigeria avec qui, il partage une longue frontière ; on constate que le Cameroun ne contrôle pas de façon entière toutes sa frontière. Car les produits de nature douteuse en provenance du Nigéria et d'autres pays voisins entrent chaque jour dans notre pays mettant ainsi en péril la santé des populations. En outre, il est important de connaitre le rôle de la douane camerounaise dans la mesure où les postes de douane sont des postes stratégiques pour la sécurité de l'Etat. Mais le constat fait est tel que ces produits dopants nocifs à la santé des consommateurs traversent ces postes sous le regard impuissant et parfois avec la complicité des autorités douanières.

X.4. Intérêt social

Sur le plan social, les résultats issus de l'analyse de l'impact de la consommation des produits dopants pourront servir à la population de la ville de Maroua d'outils d'aide à la conscientisation des masses de jeunes. Mais, aussi dans la lutte contre l'insécurité, car ces produits mettent le consommateur dans un état second et devient un danger pour la société. A cet effet, à travers ce thème il faudrait comprendre les motivations et les conséquences de la contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua.

XI. Plan de travail

Pour mener à bien cette étude, ce travail a été articulé autour de quatre chapitres. Le premier chapitre porte sur la contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua. Le deuxième chapitre de ce travail met en exergue la distribution des médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua. Le troisième chapitre quant à lui analyse les risques sanitaires liés à l'utilisation des médicaments dopants. Enfin, le quatrième chapitre fait quelques suggestions pour lutte contre la contrebande des médicaments de la rue en général et les médicaments dopants en particulier.

Chapitre 1. Facteurs de la contrebande et de la consommation des médicaments dopants à Maroua

Introduction

Les fortes contraintes économiques des années 1980 qui s'accompagnèrent d'une diminution importante des emplois, ont vu apparaître l'émergence simultanée d'une économie informelle devenue prédominante au début des années 1990 (en nombre de salariés). Parallèlement le secteur de la santé a connu des années difficiles avec des importations insuffisantes de médicaments, les baisses de salaire ont diminué la qualité des services et le médicament est devenu de plus en plus inaccessible (trop cher ou indisponible) (Kengne, 1988). Ainsi, dans le contexte de cette pénurie, les commerçants du secteur informel ont commencé à vendre des médicaments, exerçant ainsi une pression concurrentielle sur les pharmacies officielles. Les prix sont devenus rapidement plus intéressants dans la rue que dans les pharmacies, et la débrouillardise des acteurs informels (contrebande, arrangements) a rendu les « médicaments de la rue » plus disponibles que les médicaments du secteur formel. C'est dans ce contexte que l'utilisation des médicaments dopants s'est rependue dans la ville de Maroua. Ainsi, plusieurs facteurs participent à la vulgarisation et à la consommation des médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua à travers une multitude de méthodes.

1.1. Facteurs du développement de la contrebande des produits dopants à Maroua

La contrebande des médicaments entre l'Extrême-Nord Cameroun et le Nigéria est soutenue par un certain nombre de facteurs qui facilitent non seulement la contrebande des médicaments dopants, mais aussi un grand nombre de produits qui rentrent au Cameroun en général et dans la ville de Maroua en particulier de façon illicite. A cet effet, les taxes et droits de douane étant faibles ou inexistants au Nigéria, et élevés au Cameroun, les deux pays n'ont pas la même politique dans ce domaine. Il en résulte donc des différences de prix considérables, pouvant aller du simple au double pour les produits industriels et les marchandises importée (Hallaire, 1983). Une telle situation favorise évidemment la contrebande que les multiples postes douaniers camerounais sont impuissants à enrayer totalement.

1.1.1. Porosité des frontières entre le nord Cameroun et le nord du Nigeria

La crise économique de 1980 a perturbé le fonctionnement économique de l'Etat. Son aggravation a bouleversé le mode de vie des camerounais. Avant cette crise, il était rare de voir des camerounais pratiquer des activités commerciales informelles. De nos jours, ils sont nombreux à pratiquer ces activités ; c'est le cas de la vente des médicaments de la rue qui tire ses origines dans le manque d'emploi et la pauvreté. Du fait du caractère illicite de cette activité, afin d'éviter tout contrôle douanier et policier, les vendeurs emploient des méthodes performantes pour faire acheminer à l'intérieur du Cameroun, les médicaments nigérians transitant par l'espace Banki-Amchidé (Yadang, 2005). En plus de cela, ce qui favorise l'entrée des produits nigérians dans les villes septentrionales en général et à Maroua en particulier, c'est sa proximité avec ce pays. En effet, du fait notamment de la porosité des frontières, les marchandises échangées entre le Cameroun et ses voisins échappent à la surveillance des services douaniers, notamment les produits pharmaceutiques contribuant fortement à l'intensification des échanges transfrontaliers avec le Cameroun.

1.1.2. Utilisation limitée des voies principales dans la pratique de la contrebande

Le long des voies principales, on retrouve des contrôles de la douane et de la police. Elles débouchent directement sur le marché d'Amchidé et assurant un très bon contact entre Amchidé et les autres localités septentrionales. Mais du fait de leur surveillance, elles sont peu empruntées par les contrebandiers qui ont pour activité la vente illicite et le commerce clandestin des marchandises issues de la contrebande. D'après le commandant de subdivision commerciale des douanes, les routes officielles qui lient l'Extrême-Nord à Amchidé sont :

Ø L'axe Ngaoundéré-Garoua-Maroua-Mora-Limani-Amchidé;

Ø L'axe Yagoua-Kaélé-Maroua-Mora-Limani-Amchidé;

Ø L'axe Mubi- Garoua-Maroua-Mora-Limani-Amchidé.

Outre les routes officielles, de nombreuses voies permettent l'entrée au Nord Cameroun des produits venant du Nord du Nigéria.

1.1.3. Utilisation des voies non officielles dans la pratique de la contrebande des médicaments dopants

Ces voies sont plus utilisées par les vendeurs de médicaments de la rue qui cherchent à éviter les contrôles douaniers et policiers. D'après les grossistes du marché central, ces voies sont des routes qui apparaissent et disparaissent au jour le jour. Ils soulignent que quand une piste n'est pas encore sous le contrôle des forces de l'ordre, elle est empruntée, mais lorsqu'elle est découverte par les forces de l'ordre, immédiatement une autre piste est créée par les clandestins avec l'aide des populations. Raison pour laquelle leur surveillance échappe le plus à la douane puisqu'elles sont difficilement accessibles et irrépérables. De plus en plus, elles sont truffées d'obstacles et d'embuscades qui rendent difficile la poursuite des clandestins et la saisie de leurs marchandises. C'est ainsi que les médicaments entrent au Nord-Cameroun en général et inondent les rues de la ville de Maroua en particulier. La demande grandissante en médicaments sur les marchés camerounais amène de nombreux clandestins et vendeurs à se lancer dans le commerce de ces produits. Toutefois, au vue des multiples produits dopants vendus dans les rues de la ville, la question qui se pose est celle de savoir si les multiples activités du secteur informel n'encouragent pas la contrebande de ces produits.

1.1.4. Prolifération des activités informelles et consommation des médicaments dopants de contrebande à Maroua

Maroua enregistre un très grand nombre d'activités qui exigent beaucoup d'effort physique. En effet, suite aux effets néfastes de la crise économique, on assiste à une multitude de petits métiers, qui relèvent pour la plupart du secteur informel. Véritable refuge des pauvres, ce secteur recouvre des activités qui permettent tout juste d'assurer la subsistance pour mieux s'insérer dans le nouveau contexte économique et de subvenir à ses besoins. Il s'agit des tailleurs, des blanchisseurs, des « call boxeurs », des pousseurs, des chargeurs, des maçons, des porteurs d'eau. Ainsi donc, dans la ville de Maroua, on enregistre un grand nombre d'activités informelles qui amènent les pratiquants à consommer la drogue. Parmi lesquelles les chargeurs et déchargeurs. Ils sont une catégorie socioprofessionnelle fortement sollicitée par les commerçants au regard du nombre accru des camions contenant des marchandises qui entrent dans la ville de Maroua chaque jour. Généralement situés en berges des mayo, les fabricants des parpaings n'en restent pas moins. En effet, dans le but de réaliser de gros bénéfices, les maçons consomment le tramol pour avoir la force de travailler le plus longtemps possible pendant la journée. Il y'a aussi les mototaxi mans. Communément appelés « clando », certains d'entre eux avouent utiliser le tramol pour travailler toute la journée, afin d'avoir la recette. Comme ceux cités préalablement, les pousseurs utilisent également la drogue. Il a été constaté que ces derniers portent des charges très lourdes pour les amener d'un lieu à un autre. Ainsi, cette activité qui demande beaucoup de force physique est pratiquée par bon nombre de personnes à Maroua ; ce qui les amène donc à utiliser les drogues telles que le tramol pour être en forme (planche 1).

A

B

Cliché : Djomo, mars 2016.

D

C

Planche 1. Quelques activités nécessitant les efforts physiques à Maroua

La planche 1 regroupe les chargeurs et déchargeurs (A), les maçons (B), les mototaxi mans (C) et les pousseurs (D). Il s'agit là de quelques activités du secteur informel nécessitant des efforts physiques pour être effectuées.

Dans la photo (A), les chargeurs et déchargeurs font usage de leur force physique pour charger et décharger au maximum un nombre de sacs tels que les sacs de riz, de ciment, de cartons d'huile, de farine et d'orange. Car, la paie se fait en fonction du nombre de sacs chargés ou déchargés par jour. C'est dans cette optique qu'un chargeur explique : « Je suis obligé de consommer du tramol pour éradiquer la fatigue, afin de pouvoir travailler toute la journée dans le but de gagner une somme d'argent considérable me permettant de nourrir ma famille ». Les chargeurs et déchargeurs ne sont pas les seuls à utiliser le tramol pour pouvoir travail toute la journée.

La photo (B) indique directement que la fabrique de ces parpaings se passe aux berges du mayo. Ici, les tas de sable se trouvent çà et là. On constate donc que ces derniers sortent directement du mayo. Sous un soleil ardent, on voit deux maçons en pleine oeuvre assistés par leurs collaborateurs. D'après leurs déclarations, ces maçons font usage du tramol dans la pratique de leur activité. Une autre catégorie du secteur informel ayant un lien avec l'utilisation du tramol est celle des mototaxi mans.

D'après la photo (C), à première vu le marché est vide lorsqu'on connait le degré d'embrouillage habituel. On constate donc que le manque de client entraine une baisse du revenu journalier. Par conséquent, il va falloir beaucoup plus d'endurance pour travailler toute la journée, afin de couvrir la recette journalière d'où la consommation du tramol. La prise du tramol fait donc partie de leur pain quotidien dans la mesure où ce produit leur permet d'éradiquer la fatigue. Comme les mototaxi mans, les pousseurs utilisent également ce type de produits pour leur permettre de vaincre la fatigue.

La pratique des pousseurs (photo D) amène à confirmer leurs déclarations selon lesquelles avoir la force physique pour transporter autant de sac à plusieurs reprises des magasins vers les boutiques et vice versa nécessite automatiquement la consommation des produits dopants de contrebande tels que le tramol. En dehors des facteurs nous avons également les méthodes employées par les contrebandiers pour acheminer les médicaments dopants dans la ville de Maroua.

1.1.5. Méthodes employées par les contrebandiers pour acheminer les médicaments à Maroua

Etant donné que les frontières et les voies terrestres sont sur la surveillance des forces de l'ordre, les acteurs, craignant d'être saisis avec les médicaments ont mis en place des méthodes pour faciliter leur entrée au Cameroun. Selon Yadang (2005 :20), « comme stratégies mises en place par les vendeurs de médicaments de la rue nous pouvons citer : la corruption avec les agents de contrôle, le camouflage des médicaments parmi les produits formels et l'emprunt régulier des pistes inconnues par les agents de surveillance ». Ce sont les stratégies d'importation des médicaments venant du Nigéria dans les villes septentrionales en général et à Maroua en particulier.

1.1.2.1. Corruption des agents de contrôle au niveau des frontières

Les agents de contrôle au niveau des frontières entre le Cameroun et le Nigéria ne font pas bien leur contrôle de la nature de toutes les marchandises qui entrent dans le pays. Cependant, nonobstant leur présence au niveau des frontières on note la présence d'importante quantité de ces médicaments dans les marchés notamment au marché central de Maroua où il existe de grands magasins dans lesquels ces médicaments sont stockés et vendus au vu et au su de tous et en toute impunité. C'est le cas des magasins BD137, BO52, BAO22, MO37 visités lors des enquêtes sur le terrain. Aussi, dans le cas de cette suspicion certains grossistes ont avoués qu'ils achètent leurs médicaments aux Nigéria et les acheminent à Maroua sans aucun obstacle douanier (Tableau II). C'est d'ailleurs ce que Biena et al.,(2010) ont confirmé : 

Certains commerçants ne fuient pas les contrôles de douane et de police car ils sont en contact permanent avec ceux-ci. Le fait de fuir les douaniers pour emprunter les voies inconnues, parfois d'état douteux peut leur causer des accidents avec des pertes de marchandises. Alors, ils font des arrangements avec les policiers ou les douaniers. Ces derniers, une fois le pourboire perçu, les laissent faire leur route.

Tableau II. Origines des médicaments dopants vendus à Maroua

Origine des médicaments

Nombre

Pourcentage

Marché/grossistes

88

88%

Délégués médicaux

1

1%

Nigéria

11

11%

Total

100

100%

Source : enquêtes sur le terrain, mars 2016.

Le tableau II présente l'origine des médicaments vendus par les grossistes aux autres vendeurs. A cet effet, on compte 12 grossistes dans notre échantillon. 11 des 12 grossistes se ravitaillent directement au Nigéria tandis qu'un grossiste de ces 12 déclare se ravitailler auprès des délégués médicaux. Ainsi, le reste des 88% englobe les vendeurs détaillants et les vendeurs ambulants ; qui à leur tour se ravitaillent auprès des 12 grossistes. Une autre méthode est développée par les grossistes, c'est le camouflage des produits dans les articles formels.

1.1.2.2. Produits dopants et camouflage aux contrôles douaniers

L'entretien avec le commandant des douanes de Maroua a permis de comprendre que, pour acheminer les médicaments dopants jusqu'à bon port, les commerçants sont aidés par les transporteurs des marchandises de différente nature, afin de tromper facilement la vigilance des agents de la douane en camouflant ces médicaments parmi les articles officiellement achetés sur le marché du Nigéria. Une fois devant les barrières de surveillance, ils montrent seulement les factures de dédouanement des produits formels. Les agents de contrôle au regard de ces quittances ne prennent plus la peine de fouiller le véhicule qui transporte également les médicaments dopants. C'est ainsi que les produits pharmaceutiques de qualité douteuse achetés au Nigéria sont acheminés sans problème et en grande quantité dans les villes Camerounaises en général et à Maroua en particulier. Cependant, c'est par hasard que certains produits sont rarement découverts par les forces de l'ordre procédant ainsi à des saisies et à l'amendement du propriétaire. Mais, d'autres empruntent les pistes inconnues.

1.1.2.3. Emprunt régulier de pistes inconnues par les médicaments dopants dans la ville de Maroua

D'après les propos du commandant de douane de Maroua, la frontière entre le Nigéria et le Cameroun étant poreuse, on dénombre ainsi un grand nombre de pistes inconnues ou non officielles. Celles-ci sont empruntées pour échapper au contrôle. Les commerçants de ces produits délaissent les voies officielles et empruntent des pistes inconnues par les agents de surveillance. Leur maîtrise échappe aux agents douaniers et policiers. C'est ainsi que les vendeurs à voiture, à moto, et à vélo transportent plusieurs produits (médicaments, carburants, huile de moteur, pagnes...) et passent inaperçus à travers la frontière. La ville de Maroua connait depuis les années 1980 une croissance progressive en terme de médicaments car, elle est une ville qui connait constamment des endémies de paludisme et de cholera. Cependant, les contrebandiers ont des itinéraires bien spécifiques qu'ils empruntent dans l'acheminement de leurs marchandises à Maroua. Cependant, la consommation des médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua amène à faire l'analyse des facteurs qui concourent à la prolifération de la consommation abusive de ces médicaments.

1.1.3. Facteurs favorisant la consommation des médicaments dopants dans la ville de Maroua

La consommation abusive des médicaments dopants ou la toxicomanie médicamenteuse est un phénomène en pleine expansion dans la ville de Maroua. L'expansion rapide de ce phénomène est due à la conjugaison de plusieurs facteurs qui facilitent et accroissent le nombre de personnes consommant des produits dopants. Ainsi, la toxicomanie médicamenteuse dans la ville de Maroua est progressivement devenue un problème de santé publique encouragé par le faible niveau des consommateurs, la pauvreté et le non application des autorités sanitaires, communales et administratives.

1.1.3.1. Faible niveau de scolarisation des consommateurs des médicaments dopants de contrebande à Maroua

Les consommateurs des médicaments dopants ont un faible niveau de scolarisation. A cet effet, le tableau III fait un récapitulatif des consommateurs de ces produits et de leur niveau de scolarisation.

Tableau III. Niveau scolaire des consommateurs des médicaments dopants de contrebande à Maroua

Niveau scolaire

Nombres

Pourcentage

Aucun

19

38%

Coranique

6

12%

Primaire

12

24%

Secondaire

11

22%

Supérieur

2

4%

Total

50

100%

Source : Enquêtes de terrain, mars 2016.

Le tableau III permet d'avoir des informations sur le niveau scolaire réel des consommateurs dans la ville de Maroua. Ainsi, le faible niveau scolaire des consommateurs devient un facteur qui encourage la consommation des produits dopants dans la ville de Maroua dans la mesure où la plus part d'entre eux ne savent même pas lire ni écrire (38%). Par rapport à ceux qui ont fait le niveau primaire (24%), secondaire (22%) et supérieure (4%). C'est pourquoi ils ne savent pas que ces médicaments constituent un danger pour leur santé. Ainsi, à cause donc de cette ignorance, les nombreux consommateurs rencontrés dans les différents quartiers de Maroua ne sont pas au courant du fait que leurs vies sont en danger à cause du dosage des comprimés qu'ils avalent, soit 10 à 20 comprimés de tramol de 225mg /jour. Alors, le faible niveau scolaire des consommateurs constitue donc un véritable facteur d'augmentation de la toxicomanie médicamenteuse. Par ailleurs, d'autres facteurs tels que la pauvreté s'associe à facteur pour favoriser accroitre le nombre de consommateur des produits dopants.

1.1.3.2. Faible revenu des consommateurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua

Les données issues des enquêtes de terrain ont permis de comprendre que 90% des consommateurs des médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua ont un revenu bas. C'est donc la recherche des moyens leurs permettant de joindre les deux bouts qui pousse 52% d'entre à consommer le tramol qui les aide au renforcement de leur capacité physiques pour travailler plus longtemps. D'après le rapport de l'INS, la région de l'Extrême-Nord est celle qui enregistre le plus grand nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté. Le seuil de pauvreté est entendu ici comme « le niveau de revenu en-deçà duquel il est impossible de s'offrir le panier minimum de consommation ». C'est-à-dire un revenu qui ne permet pas à l'individu d'avoir une alimentation journalière adaptée du point de vue nutritionnel et de pouvoir satisfaire à ses besoins de base non alimentaire. Au Cameroun, ce seuil de pauvreté est établi pour l'année 2014 à 339 715f CFA par adulte et par an. Ce qui revient à 28 310f CFA par mois soit 931f CFA par jour (INS, 2014). Ainsi, à cause de cette pauvreté, dans la ville de Maroua, certaines personnes se sont lancées dans la pratique des petits métiers afin d'avoir leur pain quotidien familial. Ces dernières ce sont donc tournées vers la pratique des activités telles que la fabrique des parpaings, l'exploitation du sable, pousseurs et prostitutions qui les amènent à consommer soit le diazépam, soit le tramol ou alors le viagra.

A partir de ce qui précède, il devient ainsi évident que la pauvreté constitue un facteur qui encourage ou qui augmente considérablement le taux de consommateurs des produits dopants dans la ville de Maroua. Cependant, il y'a également le non implication des autorités sanitaires dans la lutte contre la vente illicite des médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua.

1.1.3.3. Non implication des autorités sanitaires, communales et administratives dans la consommation des médicaments dopants

Les autorités sanitaires de la ville de Maroua sont quasiment absentes dans la lutte contre la vente illicite des médicaments des médicaments dopants de contrebande. En effet, lors des recherches sur le terrain, dans le but de savoir si les vendeurs des médicaments sont souvent inquiétés par le problème des saisies de leurs médicaments par les autorités sanitaires. Ainsi, l'on note un désintérêt des acteurs chargés organiser la médecine à Maroua. Le délégué de la santé publique de la Région de l'Extrême-Nord installé à Maroua ne prend pas des initiatives d'assainissement ou de contrôle de la nature des médicaments vendus dans les rues de cette ville.

Les autorités communales et administratives ont également leur part de responsabilité dans la prolifération de la consommation des médicaments dopants dans la ville de Maroua. En effet, les grossistes qui vendent ces médicaments de contrebande à Maroua sont enregistrés comme étant des commerçants licites car, ils occupent plusieurs boutiques au marché central ayant des numéros enregistrés par la communauté urbaine telles que BD137, BO52 DB052. Or c'est dans ces mêmes magasins qu'ils cachent leurs produits. Aussi, pour avoir l'autorisation de mener nos enquêtes auprès d'eux, ils ont exigés d'aller voir le chef du marché afin qu'il leur rassure que les questionnaires ne seront utilisés qu'à des fins académiques. Ce qui implique davantage que ces autorités sont au courant de la vente illicite des produits dopants de contrebande vu la hiérarchie établie pour réguler le fonctionnement des activités dans ce marché.

Au regard de l'ensemble des facteurs (faible niveau de scolarisation, pauvreté, laxisme des autorités sanitaires, communales et administratives) précédemment relevés et d'analysés, il parait donc évident que le laxisme des autorités sanitaires, communales et administratives nous ont conduit à la situation dans laquelle on se retrouve aujourd'hui. Or la pénalisation des acteurs de distributions des médicaments dopants de contrebande aurait aidé à faire disparaitre ce fléau dans la ville de Maroua. Ainsi, l'association de ces différents disfonctionnements conduit la ville de Maroua à une situation de crise car la santé des jeunes consommateurs est menacée par la ces médicaments.

Conclusion

La contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua est un trafic en pleine expansion. Ce trafic est soutenu par un certain nombre de facteurs qui favorisent son développement. Comme facteurs facilitant la contrebande des médicaments dopants à Maroua, on note la proximité et la porosité des frontières entre le Cameroun et le Nigéria qui est le lieu d'approvisionnement, l'utilisation limitée des voies principales et l'utilisation des voies non officielles. Les contrebandiers bénéficient ainsi de ces avantages pour mettre en place des méthodes dans le but d'acheminer à bien les médicaments dopants à Maroua telles que la corruption des agents de contrôle au niveau des frontières, le camouflage de leurs produits dans les marchandises de nature licite et l'emprunt régulier des pistes inconnues. Comme facteurs favorisant la consommation des médicaments dopants dans la ville de Maroua, on a principalement le faible niveau scolaire et le faible revenu des consommateurs, le tout accompagné du non implication des autorités sanitaires dans la lutte contre ce trafic. Cependant comment s'organisent le circuit et la distribution de ces médicaments depuis l'Asie pour l'Afrique, notamment au Cameroun et plus précisément dans la ville de Maroua ?

Chapitre 2. Distribution des médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua

Introduction

La contrebande des médicaments dans la ville de Maroua est un phénomène concret qui déroule dans la ville de Maroua. Ces médicaments qui sont entrés frauduleusement au Cameroun viennent du Nigeria. Etant la principale source d'approvisionnement de ses pays voisins, le Nigéria est un pays qui, au fil du temps à développer le marché de l'industrie pharmaceutique. Cependant, malgré la présence de quelques industries pharmaceutiques locales, les médicaments retrouvés au Nigéria trouvent leur origine principalement en Chine et en Inde car, ces deux pays sont identifiés comme étant les sources d'approvisionnement des médicaments frauduleux dans le monde. A cet effet, les importations de médicaments en Afrique de l'Ouest ont augmenté de manière spectaculaire ces dernières années, et leur valeur a plus que triplé entre 2004 et 2010 (UNODC, 2010). Une fois sur le marché Nigérian, ces médicaments sont aussi distribués dans de nombreuses régions africaines telles qu'en Afrique Centrale, notamment au Cameroun. Jadis, ces médicaments étaient en transit par la frontière Banki-Amchidé ; mais aujourd'hui avec l'insécurité causée par la secte Boko-Haram qui a déstabilisée et même paralysée cette zone, les contrebandiers utilisent désormais la frontière Garoua-Jimeta pour amener leurs produits à Maroua. Dans ce chapitre donc, il sera question de présenter le circuit et le flux des médicaments dopants depuis l'Asie pour l'Afrique, notamment au Cameroun et plus précisément dans la ville de Maroua. Nous allons également présenter les facteurs et les acteurs de la vente illicite de ces médicaments.

2.1. Circuit et flux des médicaments dopants de contrebande de la ville de Maroua

Il est important avant toute analyse de retracer l'origine même de la vente des médicaments de la rue dans la ville de Maroua. En effet, tout commence avec la crise économique des années 1990 et la dévaluation du Franc CFA en 1994, qui ont causé la baisse du pouvoir d'achat des populations au Cameroun en général et à Maroua en particulier entrainant ainsi la prolifération de l'informel dans le secteur pharmaceutique (Biena et al., 2010). Ce secteur apparaît de nos jours comme le plus sollicité par toutes les couches de la population. Quoi que cette activité soit condamnée par les autorités administratives, les lois et les règlements de chaque pays ; elle ne cesse de se développer à un rythme sans précédent. Face à cette situation où le gouvernement paraît impuissant, les pharmaciens s'opposent de façon radicale à cette pratique illicite qu'ils jugent dangereux pour la santé des populations. C'est pourquoi, il n'est pas rare de nos jours de trouver dans les officines les affichages portant le slogan « Les médicaments de la rue, ça tuent ».

Les pharmaciens attirent ainsi l'attention des patients sur les conséquences néfastes et parfois dramatiques que la vente des médicaments dans la rue, à la sauvette etc., peuvent entraîner. Les médicaments de la rue, un danger pour le consommateur, cause de plusieurs paramètres dont les plus alarmants sont d'origine douteuse de ces médicaments et l'analphabétisme des vendeurs de ces médicaments qui, en générale n'ont subi aucune formation dans le domaine de la médicine. Or la Loi n° 90-36 du 10 août 1990, relative à l'exercice et à l'organisation de la profession de médecin, dans son art.17 (al.1er) du IIIème chapitre stipule que toute personne reconnue coupable d'exercice illégal de la profession de médecin est passible d'un emprisonnement de six (6) jours à six (6) mois et d'une amende de 200 000 à 2.000.000 de FCFA ou de l'une de ces deux peines seulement (annexe 1). De ce fait, il est donc clair que les vendeurs des médicaments de la rue transgressent la loi réglementant la profession de médecin.

De plus, selon les normes internationales et camerounaises des prescriptions médicamenteuses, les médicaments doivent être dispensés car ils sont prescrits après des consultations faites par un médecin ou un infirmier ; or dans la rue les médicaments sont plutôt vendus. Mais ce qui nous intéresse dans ce travail est la vente ou l'origine des médicaments dopants de contrebande. Parler des médicaments dopant revient à parler des médicaments de la rue car le premier est un sous ensemble du deuxième. La vente des médicaments dopants tout comme la vente des médicaments de la rue est une activité condamnée par les lois camerounaises.

Mais, compte tenu du contexte économique et des différentes contraintes sus-évoquées, accompagnées du manque d'emploi, il va alors se développer le marché des médicaments dans le secteur informel. La véritable énigme avec ces médicaments est souvent liée au nom du fabricant. A cet effet, les enquêtes menées auprès des vendeurs de ces médicaments d'origine douteuse nous permettent d'identifier avec certitude que le Nigéria est la source d'approvisionnement des médicaments de la rue dans la ville de Maroua.

2.1.1. Nigéria principal lieu d'approvisionnement en Afrique de l'ouest et centrale

Les enquêtes menées auprès des vendeurs des médicaments dans la ville de Maroua nous révèlent que 88% des médicaments que l'on retrouve à Maroua viennent du Nigeria. Cependant, le Nigéria importe également ces médicaments vers les pays d'Asie du Sud et de l'Est (figure 2) tels que la Chine et l'Inde (UNODC, 2010). Le Nigéria est donc une plateforme de distribution des médicaments de contrefaçon et de contrebande dans la sous-région Afrique de l'Ouest qui impacte négativement sur le circuit des médicaments en Afrique centrale notamment au Cameroun, et plus précisément dans la ville de Maroua.

Figure 2. Circuit frauduleux des médicaments d'Asie pour l'Afrique

Réalisée et adaptée par Mohamed, avril 2016.

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Source : UNODC, 2010

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La figure 2 nous présente le circuit frauduleux des médicaments de la contrebande entre l'Asie (Chine et l'Inde) et l'Afrique. Cette carte nous retrace l'entrée frauduleuse des médicaments depuis l'Asie vers l'Afrique notamment en Afrique de l'ouest à partir de deux itinéraires : une partie de ces médicaments partent de la chine et de l'inde directement à destination de l'Afrique de l'ouest et l'autre partie part de l'Asie pour l'Afrique de l'ouest en transitant par le moyen orient.

Parler de la contrebande des produits venant du Nigéria, c'est aussi évoquer le peu de moyen mis sur pied par les autorités administratives pour le contrôle de nos frontières avec le Nigéria. Ainsi, en 1988, il y avait 17 postes de douanes (Fodouop, 1988) et donc l'impuissance à surveiller une frontière de 1600 km. Quant à l'Extrême-Nord, sa perméabilité est illustrée par des centaines de kilomètres carrossables permettant, à une population qui ne se distingue en rien de celle du grand pays voisin, de traverser la frontière à n'importe quel point (OCISCA, 1995). En effet, de l'aveu des propres agents de douanes, la plus grande part du volume des marchandises venant du Nigéria est introduite par les points de contrôle douanier. En fait, les commerçants recherchent systématiquement à entrer de manière clandestine par d'autres chemins. Au contraire, en passant par les postes traditionnels de contrôle, ils désirent obtenir, par la corruption des agents, les documents qui leur permettront de faire entrer dans un semblant de légalité des marchandises sous-évaluées ou de nature différente à ce qui est déclaré. Il s'agit donc moins de commerce clandestin de contrebande que de fraude douanière (OCISCA, 1995). Toutefois, il est important de relever que la situation a évolué car nous avons une augmentation considérable du nombre de poste de douane entre le Cameroun et le Nigéria. Cependant, les voies qui mènent au Cameroun à partir du Nigéria ne sont pas toutes officielles ou légales (Jude Mefor, Commandant de Subdivision Commerciale des Douanes en Service à Maroua). A cet effet, plusieurs facteurs favorisent l'acheminement des marchandises du Nigéria vers le Cameroun ; mais le plus important est la proximité entre le Nord du Cameroun et le Nigéria.

De ce fait, un certain nombre de questions se soulèvent, parmi ces questions la plus importante est celle de savoir comment les contrebandiers font pour acheminer leurs marchandises du Nigéria pour le Cameroun malgré, le contrôle systématique de toutes les marchandises en direction du Cameroun. La recherche de la réponse à cette question nous a conduit à mener des enquêtes et des recherches supplémentaires. Du fait du caractère illicite de cette activité, les contrebandiers emploient plusieurs méthodes, afin d'éviter tout contrôle douanier et policier. Les grossistes disent achetés leurs médicaments à Kano et Mubi qui sont des villes situées au nord du Nigéria et relativement proche du Nord Cameroun. De ce fait, les contrebandiers empruntent les voies non officielles pour faire entrer leurs produits au Cameroun. Cependant, c'est par hasard que certains produits sont rarement découverts par les forces de l'ordre procédant ainsi à des saisies et à l'amendement du propriétaire. Toutefois, les contrebandiers ont des itinéraires bien spécifiques qu'ils exploitent pour acheminer leurs marchandises à Maroua.

2.2. Itinéraires utilisés par les contrebandiers des médicaments dopants à Maroua

Le commerce informel entre le Nigeria et le Cameroun peut suivre une typologie relativement précise selon l'appartenance ou non des commerçants à un réseau, selon la nature des produits échangés et enfin, selon la quantité de marchandises qui traversent la frontière (Herrera, 1995). Jadis avant l'insécurité qui a déstabilisée la frontière Banki-Amchidé, les marchandises étaient acheminées au Cameroun à travers cette frontière. Ainsi, le Cameroun partage une très longue frontière de plus de 1600 km avec le Nigéria. De ce fait, les contrebandiers empruntaient les voies officielles et non officielles pour acheminer leur produit au Cameroun. Toutefois, la sécurité a été renforcée aux frontières de ces deux pays à cause l'insécurité orchestrée par la secte islamique Boko-Haram.

2.2.1. Routes utilisées par les contrebandiers avant l'avènement de l'insécurité à l'Extrême-Nord

Le commerce transfrontalier entre le Cameroun et le Nigéria est dense dans les villes frontalières des deux pays. Les commerçants empruntaient en général et les contrebandiers des médicaments en particulier utilisaient beaucoup plus l'axe Banki-Amchidé dans l'exercice de leur activité. A cet effet, les voies officielles sont celles préalablement évoquées. Ici, les principales portes d'entrée de ces médicaments à partir du Nigéria pour l'Extrême-Nord notamment dans la ville de Maroua sont :

Ø Kano-Maiduguri-Kerawa-Banki-amchidé-Maroua,

Ø Kano-Maiduguri-Gambaru-Kousseri-Maroua.

Cependant, l'insécurité causée par la secte islamique Boko-Haram au Nigéria depuis a fini par affecter dans un premier temps les villes frontalières entre le Cameroun et le Nigéria, et ensuite les villes de l'Extrême-Nord Cameroun telles que Maroua qui a subi des attentats kamikazes en juillet 2015. A cause de cette insécurité ces axes que nous venons de citer ne sont plus officiellement employés par les commerçants, car cette secte est très active sur ces axes. De ce fait, les contrebandiers utilisent désormais d'autres axes pour acheminer leurs produits à Maroua.

2.2.2. Nouvelles voies utilisées par les contrebandiers des médicaments dopants pour la ville de Maroua

Dans le but de mener à bien leur activité, et en tenant compte de la distance du nouvel itinéraire par lequel les produits doivent transiter pour arriver dans la ville de Maroua, le commerce va se réaliser à travers les réseaux de commerçants, dont les relations entre les membres sont basées sur la solidarité ethnique de part et d'autre de la frontière. C'est par le biais de cette forme d'organisation que s'effectue l'essentiel des importations de fraude des produits manufacturés provenant du Nigeria (Egg, Herrera, 1998). Ainsi, pour contourner l'ancien itinéraire devenu trop dangereux, le nouvel itinéraire est le suivant : Onisha-Yola-Mubi-Jimeta-Guider-Maroua. Afin de spatialiser les itinéraires sus-évoqués, la figure 3 a été réalisée.

Réalisée et adaptée par Mohamed, avril 2016.

Source : Hallaire, 1983

Source : TFF, 2011

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Figure 3. Différents itinéraires utilisés dans l'acheminement des médicaments dans la ville de Maroua

La

retrace les différents itinéraires empruntés par les contrebandiers pour acheminement de leurs produits à l'Extrême-Nord Cameroun en général, et dans la ville de Maroua en particulier. Elle montre qu'avant l'insécurité, ceux-ci se ravitaillaient en médicaments dopants non seulement dans de nombreuses villes nigérianes telles que Mubi, Maiduguri, Kano, Onisha, Kerawa, Yola et Gambaru ; mais aussi dans les marchés situés au niveau de la frontière Nigéria/Cameroun comme les marchés de Limani et de Banki du côté du Cameroun. Ainsi, pour arriver à Maroua à partir de ces points d'achat, les contrebandiers transitaient soit par Kousseri ou par Amchidé. Cependant, pour contourner l'insécurité, ces derniers ayant fait leurs achats des médicaments dopants à Onisha, Yola et Mubi passent par Garoua à destination de Maroua. Une fois à Maroua, les médicaments dopants de contrebande sont propagés dans toute la ville à travers les acteurs tels que les vendeurs grossistes, détaillants et ambulants.

2.3. Acteurs de la contrebande des médicaments dopants à Maroua

La contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua est coordonnée par un certain nombre d'acteurs. Il s'agit des grossistes, des détaillants, des vendeurs ambulants et des consommateurs.

2.3.1. Grossistes fournisseurs des détaillants, des vendeurs ambulants et des populations

Lorsque les médicaments arrivent à Maroua, les grossistes ravitaillent les détaillants et les vendeurs ambulants, qui vont à leur tour parcourir tous les quartiers de la ville afin de ravitailler les populations. Dans le cadre des enquêtes sur le terrain, l'échantillon de 100 vendeurs de tous types sur lesquels nous avons menés des enquêtes, nous ont révélées un pourcentage de 12% grossistes, dont 11% affirment s'approvisionner au Nigeria. La photo 1 présente à cet effet l'installation d'un grossiste qui se ravitaille au Nigéria.

Photo 1. Installation des médicaments de contrebande au marché central de Maroua

Cliché : Djomo, mars 2016.

C

B B

A

Sur la photo 1 apparaissent trois personnes dont deux sont debout entrain de regarder une installation des médicaments tandis que la troisième est accroupie et fouille les produits dans l'étalage.

Sur la photo 1 un grossiste (A) coordonne l'installation de la marchandise faite par son employée (B), et un détaillant (C) venu se ravitailler. Il est important de souligner tout de même qu'ici on ne retrouve qu'une partie de la marchandise car la grande quantité des produits est stockée dans les magasins, pour problème d'espace au niveau de l'étalage et problème de sécurité du fait des contrôles inopinés des agents régulateurs. Parmi les médicaments qu'ils installent se trouve forcement des médicaments dopants tels que le tramol, le viagra, le diazépam, la passion et bien d'autres ; dans la mesure où les détaillants et les vendeurs ambulants se ravitaillent auprès des grossistes. La vente des médicaments dopants en gros est une activité pratiquée par une minorité de vendeurs. Dans la mesure où tous ces commerçants n'ont pas les moyens de s'approvisionner en grande quantité au Nigéria.

A cet effet, on enregistre un nombre d'acteur limité à l'amont qui approvisionne les marchés de Maroua et ses environs (Tableau IV).

Tableau IV. Types de vendeurs des médicaments dopants de contrebande à Maroua

Types de vendeurs

Nombre de vendeurs

Pourcentage

Ambulants

45

45%

Détaillants

36

36%

Grossistes

12

12%

Grossistes/détaillants

07

7%

Total

100

100%

Source : Enquêtes de terrain mars 2016.

Le tableau IV présente les types de vendeurs et le pourcentage occupé par chacun. La lecture de ce tableau amène à comprendre qu'il existe très peu de grossistes qui ravitaillent la ville de Maroua. Car, il s'agit d'un cercle fermé dans lequel chaque grossiste a ses clients habituels qui viennent se ravitailler auprès de lui. Toujours selon les résultats obtenus des enquêtes et faisant une lecture spatiale de la vente des médicaments dopants dans la ville de Maroua, il en ressort la configuration spatiale des vendeurs des médicaments dopants de contrebande en fonction des quartiers (figure 4 ).

Source : Enquêtes sur le terrain, mars 2016.

Figure 4. Distribution spatiale des vendeurs des médicaments dopants de contrebande par quartiers

La figure 4 présente les quartiers Kakataré, Mbarmaré et Dougoi comme étant les principaux lieux d'approvisionnement des autres quartiers en médicaments dopants de contrebande. Dans la mesure où 90% de grossistes qui ravitaillent la ville s'y trouvent. Ainsi, l'on peut affirmer que ces quartiers sont le moteur de la contrebande des médicaments dopants. Le marché central est le lieu où l'on rencontre les grossistes à cause de plusieurs facteurs dont les plus notoires sont l'étalement en termes de superficie car, c'est le plus grand marché de la ville de Maroua, mais aussi c'est le lieu où l'on trouve tous les produits de première nécessité. Ainsi, ce marché regorge les commerçants qui font dans la vente en gros des produits de nature différente. De ce fait, le marché central est le centre commercial de Maroua.

Cependant, il est important de signaler que dans les quartiers tels que Dougoi, on retrouve également des vendeurs grossistes et détaillants qui s'approvisionnent eux aussi au Nigéria. Ces derniers assurent donc de ce fait le ravitaillement des détaillants et des vendeurs ambulants qui résident et effectuent leurs activités dans les quartiers environnants. Ainsi, les grossistes sont au coeur même du trafic illicite des partenariats entre eux les autres vendeurs (détaillants et ambulants) ; c'est-à-dire qu'ils offrent la marchandise aux détaillants qui vont soit payés en cash ou encore payés une partie lorsqu'ils prennent ces médicaments et le reste lorsqu'ils vendent. D'où les propos de Saïdou Ousmaila, vendeur en gros des médicaments dopants au marché central «Je vends les médicaments aux détaillants. Ceux qui peuvent payé directement le font, et ceux qui n'ont pas l'argent me paient après avoir vendu. Je leur donne la marchandise à crédit parce qu'on évolue ensemble depuis des années dans ce métier ». Le marché des médicaments dans la ville de Maroua est dominé par l'ethnie Mandara car elle est la plus représentative dans la vente des médicaments. Le tableau V met ainsi en exergue les différentes tribus qui pratiquent la vente des médicaments dopants dans la ville de Maroua.

Tableau V. Ethnie d'origine des vendeurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua

Tribu d'origine

Nombres

Pourcentage

Peul

18

18%

Mandara

44

44%

Haussa

10

10%

Kanouri

10

10%

Autres

18

18%

Total

100

100%

Source : Enquêtes sur le terrain, mars 2016.

Ce tableau permet de constater que, 44% des vendeurs des médicaments dopants que l'on retrouve dans la ville de Maroua sont Mandara, 18% sont des peuls tandis que 20% de ces vendeurs sont respectivement haussa et Kanouri. Quant aux autre 18%, ils sont constitués des plusieurs tribus parmi lesquelles les guizga, les arabe choua, les bayas et les moundang.

Les Mandara occupent ainsi le premier rang dans le classement des ethnies qui effectuent la vente illicite des médicaments dopants à Maroua. Après eux se trouve les Peuls, les Haoussas et les kanouri. Dans le but comprendre pourquoi ces ethnies dominent ce marché, des analyses historiques et spatiales ont été faites, afin de comprendre l'affinité que ces ethnies ont avec le Nigéria voisin et même la raison pour laquelle ils se sont lancés dans la vente des médicaments de la rue.

Les Mandara et les Haoussa appartiennent à la grande famille linguistique Afro-asiatique dont la sous famille sémitique est le Sahel Plateau et le Biu Mandara dans laquelle on retrouve non seulement les Mandara et les Haussa, mais aussi des ethnies telles que les Mafa et les Kanouri (les groupes ethniques et les langues, 1983). Quant aux peuls, on les retrouve au Nord et dans l'Adamaoua.

Aujourd'hui, on retrouve le peuple Mandara beaucoup plus autour des villes de Mora et Mémé. Cependant, une lecture historique de leur parcours révèle qu'il s'agit d'un peuple appartenant au sultanat wandala qui se trouve pratiquement à la frontière entre le Cameroun et le Nigéria. Les peuls, les Haoussas et les kanouri sont des peuples qui pratiquent le commerce et l'élevage comme principales activités. Les deuxièmes c'est-à-dire les Haoussas sont une ethnie d'origine Nigériane car la langue Haoussa très utilisée à des fins commerciales dans les villes Nigérianes. De ce fait, il apparait clairement que, ces trois ethnies ont des affinités plus ou moins poussées avec le Nigéria parce que les commerçants appartenant à ces ethnies parlent les mêmes langues que les Nigérians. C'est donc cet aspect qui facilite les échanges entre les peuples des deux pays. Les Mandara ont donc développés le commerce de tout genre avec le Nigéria avec qui on partage la frontière.

La vente des médicaments dopants de contrebande à Maroua est devenue une profession de plus en plus rependue car elle ne nécessite pas forcement une formation. Il s'agit d'un commerce que les commerçants pratiquent pour deux principales raisons à savoir : le manque d'emploi et la pauvreté. La figure 5 vient consolider les informations soupçonnées par rapport au niveau d'étude et à la formation reçue par les vendeurs.

Source : Enquêtes sur le terrain, mars 2016.

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Figure 5. Avis des vendeurs des médicaments dopants de contrebande sur leur formation en médecine à Maroua

Les enquêtes révèlent que, 16% des vendeurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua affirment avoir subi une formation en médecine auprès d'un Infirmier Diplômé d'Etat (IDE) en service à l'Hôpital Régional de Maroua (HRM) pour certains et pour d'autres en service à l'Hôpital de la Police (HP). Tandis que 84% de ces vendeurs déclarent n'avoir subi aucune formation leur permettant d'exercer ce métier. Il s'agit donc des pseudos pharmaciens. A cet effet, les chiffres parlent d'eux même, la situation est telle que bon nombre de vendeurs n'ont même pas été scolarisé. Ce qui veut dire qu'ils n'ont aucune capacité de dispenser des médicaments aux patients. Même s'ils le font, ils devraient en principe vendre juste lorsque les acheteurs précisent ce dont ils ont besoin. Il est tout aussi important de prendre en compte le mode de conservation des médicaments par les grossistes. Toujours parlant du mode de conservation, il s'agit de comprendre comment ils gèrent leur stock de médicaments étant donné que leur vente est interdite au Cameroun.

La vente des médicaments de la rue étant un phénomène illicite strictement interdit, celle des médicaments dopants de contrebande est donc doublement sanctionnée par les lois internationales et camerounaises. Ainsi, la livraison des médicaments dopants se fait de façon très prudente à l'abri des regards étrangers à l'environnement du vendeur. En général, les grossistes cachent les médicaments de nature dopante sous leurs étalages. Mais la plus grande quantité est souvent sécurisée dans leurs magasins et ne sort que sur commande. Cependant, on s'est également penché sur le flux générés par cette activité. La figure 6 ci-dessous présente donc le revenu moyen journalier des vendeurs de médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua.

Source : Enquêtes de terrain, mars 2016.

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Figure 6. Types des vendeurs et leurs revenus journaliers sur les médicaments dopants de contrebande

La figure 6 montre le revenu journalier des différents types de vendeurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua. Ici les grossistes qui détaillent en même temps gagnent entre 10 000 - 20 000f CFA (Francs des Colonies Françaises Africaines) par jour occupent 5%. Ceux faisant uniquement dans la vente en gros ont les revenus journaliers différents. Ainsi, les grossistes ayant entre 1000 - 10000f CFA ont un pourcentage de 4%, ceux qui gagnent entre 10000 - 20000f CFA par jour occupent 3% tout comme ceux gagnant entre 3000f CFA et plus. Parmi les détaillants, ceux qui gagnent entre 1000 - 10000f CFA représentent 33% et ceux qui gagnent entre 10000-20000f CFA, 20000 -30000f CFA, 30000F CFA et plus représentent respectivement 2%, et 1%. Tandis que les détaillants qui affirment gagner entre 1000-10000f CFA ont 44%. Ce revenu leur permet de mieux assurer le maintien de leurs chiffres d'affaire, de nourrir leurs familles et de subvenir à leurs besoins. On a également les vendeurs détaillants qui constituent un autre type de vendeurs également très sollicitée par les consommateurs des médicaments dopants.

2.3.2. Vendeurs en détail : distributeurs auprès des vendeurs ambulants et des populations des quartiers

Les détaillants sont spatialement repartis dans tous les quartiers de la ville de Maroua. Ils constituent l'élément essentiel de transition des médicaments de la rue entre les vendeurs à vélo et les populations dans cette ville. Préalablement signaler, les détaillants se ravitaillent au marché central de Maroua. Le concept de vendeur en détail se défini dans ce travail comme étant cette catégorie des vendeurs qui livrent les médicaments sur des lieux stables dans lesquels on peut les rencontrer chaque jour à des heures précises. En effet, on retrouve certains détaillants dans des boutiques aux quartiers, d'autres au marché central en matinée et dans des carrefours en soirée et une autre catégorie de détaillants présent à longueur de journée dans des endroits bien précis (Planche 2).

B

A

Planche 2. Médicaments dopants dissipés dans la marchandise d'un vendeur détaillant au quartier Mbarmaré

Cliché : Mohamed, mars 2016.

La planche 2 présente les médicaments que vend un détaillant situé au quartier Mbarmaré. Ce détaillant étale sa marchandise dans une caisse. Dans cette marchandise A se trouve également des médicaments dopants B dissipés sous les médicaments de nature licite.

Les médicaments dopants de contrebande vendus par les détaillants dans la ville de Maroua proviennent des grossistes situés au marché central. Etant un commerce illicite, l'achat de ces médicaments par les détaillants reste très discret. Les commerçants (grossistes et détaillants) se connaissent du fait de leur ancienneté dans le trafic de ces produits. Ainsi, il est difficile pour une tiers personne ne faisant pas partie du domaine de s'approvisionner auprès de ces commerçants. D'où les propos de Mouhamadou Sani, détaillants des médicaments dopants à Mbarmaré « A moins que ce soit un débutant qui soit conduit par un ancien du domaine auprès du grossiste ». De ce fait il s'agit donc d'un cercle fermé dans lequel les vendeurs savent qu'ils font un commerce illicite et par conséquence, la prudence est leur devise. Une fois l'achat effectué au marché central, les détaillants acheminent donc leur marchandise dans leur point de vente respectif. A cet effet, les médicaments dopants sont camouflés sous les médicaments dont la vente parait « normale ». Ainsi, la vente auprès des consommateurs se fait toujours de façon de très prudente. Les clients sont connus d'avance et chaque médicament dopant a un code qui le qualifie. Par exemple, le tramol est appelé « café » dans le circuit et le viagra « 0,25 ». En dehors du code, les clients que le vendeur ne connait pas sont servis à travers la langue parlée par le détaillant « Le nouveau client doit parler le fulfulde ou le haoussa qui sont mes langues de communication pour que je lui vende le tramol », propos d'Adamou, détaillant du tramol au carrefour Schell.

Dans le but de retracer le profil des vendeurs détaillants des médicaments dopants, pendant les enquêtes, il a été retenu un total de 36 détaillants sur 100 vendeurs interrogés soit un pourcentage de 36%. On constate donc que les détaillants constituent l'une des pièces maitresse dans la vente des médicaments dopants à Maroua. On les trouve dans la plupart des quartiers de la ville et sont communément appelés « docta ». Les détaillants ont pratiquement le même profil que les grossistes c'est à dire, 82,47% de vendeur de médicaments de la rue dans la ville de Maroua n'ont pas reçu de formation qui leur permet de dispenser les médicaments aux patients. Leur tranche d'âge varie entre 20 et 40ans soit un pourcentage de 68%, 9% d'entre eux ont moins de 20 ans tandis que 23% ont plus de 40 ans. Ces vendeurs sont majoritairement issus de l'ethnie Mandara, 44%. Cette catégorie de vendeur pour la plus part à un niveau scolaire bas. Le taux de scolarisation varie entre 15% pour ceux qui ont arrêtés les études au niveau primaire, 10% ont le niveau secondaire, tandis que 23% n'ont aucun niveau scolaire.

Cependant, la majorité a effectué des études coraniques, soit un taux de 49%. Les données de terrain ont permis de comprendre que le manque d'emploi et la pauvreté accompagnés des responsabilités familiales dont ces vendeurs doivent faire face au quotidien sont à l'origine la pratique de la vente illicite des médicaments de toute nature, même celle qui est interdite comme le tramol.

Toutefois, les détaillants jouent également le rôle de grossiste auprès des vendeurs ambulants.

2.3.3. Vendeurs ambulants : distributeurs auprès des populations des quartiers éloignés

La distribution des médicaments dopants se fait dans tous les quartiers de la ville de Maroua et même des villages environnants par les vendeurs ambulants qui utilisent le vélo. Ici, il est important de souligner qu'on distingue deux types de vendeurs ambulants à savoir les vendeurs par vélo et les vendeurs à la sauvette. Pour la plupart des vendeurs le point de départ est déterminé en fonction du lieu d'habitation et du lieu d'approvisionnement. C'est dans cette optique que certains vendeurs ambulants communément appelés « pharmacie » résidant au quartier Mbarmaré se ravitaillent au marché central qui constitue à cet effet leur point de départ. Les vendeurs ambulants sont pour la plus part des jeunes dont l'âge va de 20 à 40 ans. Certains vendeurs ambulants des médicaments dopants travaillent également dans la nuit. En effet, ils s'installent le long des carrefours où la population fréquente souvent les boites de nuit et les bars. A Domayo par exemple, ils sont présents à partir de 18H30 minutes et y restent jusqu'à 23H pour certains d'entre eux. 39% de ces vendeurs adoptent ce genre de modes de commerce. Le tableau VI récapitule ainsi, les points de stationnement en soirée des vendeurs ambulants.

Tableau VII. Points de stationnement en soirée des vendeurs ambulants des médicaments dopants de contrebande

Lieux de stationnement en soirée

Lieu de stationnement en matinée

Nombre de vendeurs ambulant

Total

Domayo vieux manoir

0

7

7

Dougoi carrefour Schell

1

3

4

Barmaré ministère du kilichi

1

10

11

Doursoungo

0

1

1

Agence Djama'aré

0

1

1

Kakataré

1

1

2

Doualaré

0

4

4

Carrefour laking

0

2

2

Artisanat

2

2

4

Hardé

0

1

1

Djarengol

0

1

1

Ouroutchédé

0

4

4

Autre

0

3

3

Total

5

40

45

Source : Enquêtes de terrain, mars 2016.

251572736

L'analyse du tableau VI permet de voir une autre dimension de la vente des médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua. En effet, ici les vendeurs ambulants se transforment en vendeurs fixes dans le but d'arrondir leur recette journalière. De ce fait, les quartiers généralement animés en soirée comme Domayo, Dougoi et Mbarmaré sont ceux attirent les vendeurs ambulants car ils ont déjà leurs clients habituels à ces endroits. Ainsi, parmi les 45 vendeurs ambulants des médicaments dopants de contrebande, seulement 5% ne vendent pas en soirée, contrairement au tableau où 40% stationnent en soirée dans différents quartiers.

Pour ce qui est du lieu de ravitaillement des vendeurs ambulants, 80% d'entre eux se ravitaillent près de leur lieu d'habitation parce qu'ils prennent en compte la distance et leurs associés et aussi du fait que toutes les « pharmacies» n'ont pas de contact direct avec les grossistes qui se trouvent au marché central, ce qui explique les propos de Ibrahim Oumate, vendeur ambulant «  Je réside au quartier comice et je me ravitaille auprès d'un détaillant situé en face de l'agence touristique ». Ayant le même profil que les détaillants des médicaments c'est-à-dire niveau scolaire bas, aucune formation suivie dans le domaine de la santé, âgés pour la plupart entre moins de 20ans et 20-40ans et ayant pour motif de vente la recherche du gain quotidien afin d'assumer les responsabilités familiales, cette catégorie de vendeurs acheminent leurs produits dans de nombreux quartiers de la ville. Ici, la technique de conservation des médicaments ne préoccupe pas le vendeur, mais plutôt leur sécurité dans la mesure où après avoir fait les achats, le vendeur ambulant laisse une bonne quantité des produits chez lui et ne sort qu'avec celle qu'il espère vendre tout au long de la journée. Néanmoins, ces vendeurs rencontrent des problèmes par rapport à la nature illicite de leur activité. De ce fait, le Tableau VII récapitule les types de problèmes rencontrés par les vendeurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua.

Tableau VII. Types de problèmes rencontrés par les vendeurs des médicaments dopants de contrebande à Maroua

Types de vendeurs

Problèmes rencontrés par les différents vendeurs

Amandes

Demande de patente

Saisie des médicaments

Aucun problème

total

Ambulants

15

10

12

8

45

Détaillants

9

10

8

9

36

Grossistes

5

4

3

0

12

Grossistes et détaillants

2

0

2

3

7

Total

31

24

25

20

100

Source : Enquêtes de terrain, avril 2016.

Le tableau VII présente le résultat des enquêtes menées auprès des vendeurs en fonction de leur catégorie. Sur un total de 100 vendeurs enquêtés, 80 disent rencontrer de nombreux problèmes avec la police et les agents communaux liés à la nature des médicaments qu'ils vendent. Soit 37 vendeurs ambulants, 27 détaillants, 12 grossistes et 4 grossistes et détaillants. Cependant, 20 vendeurs ont affirmé n'avoir jamais eu de problèmes.

La distribution de ces produits par les vendeurs dans les différents quartiers s'effectue à travers plusieurs critères tels que le poids démographique du quartier, les activités économiques y afférentes et le ravitaillement des clients réguliers. C'est pourquoi, selon les données issues de ces enquêtes, les quartiers les plus fréquemment couverts par ces vendeurs sont ; Domayo, Mbarmaré, Dougoi et le Pont Vert. Concernant les quartiers Domayo et Pont Vert, le taux élevé des activités de nuit enregistrées dans ces parties de la ville attirent naturellement les vendeurs des produits dopants car dans ces lieux se trouvent leurs clients personnels. C'est pourquoi ces zones sont très souvent considérées comme étant leurs points de stationnement en soirée. Concernant le quartier Mbarmaré, le constat est tel que ce dernier a une fonction commerciale car les commerçants qui importent les marchandises de Douala et du Nigéria stockent leurs marchandises dans des grands magasins que dispose ce quartier. La photo 2 en est une parfaite illustration de la distribution des médicaments dopants par les vendeurs ambulants non seulement dans de la ville de Maroua, mais aussi dans les quartiers environnant la ville.

Cliché : Djomo, mars 2016.

Photo 2. Vendeurs ambulants des médicaments dopants de contrebande à Dougoi

La photo 2 présente deux (02) jeunes vendeurs ambulants des médicaments dopants. On voit qu'un des deux est entrain de pédaler tandis que l'autre a les pieds posés au sol prêt à rouler. En arrière-plan on voit une forêt d'arbres. Il s'agit des arbres plantés pour procurer de l'ombre à cet endroit qui sert de bancs publics. Sur l'étalage du vélo du premier se trouve des médicaments qu'il a exposé afin d'attirer l'attention des clients sur ce qu'il propose comme médicaments.

On constate que ces vendeurs âgés de moins de 20 ans sont disposés à parcourir tous les quartiers de la ville et même ceux environnant Maroua. Car ces derniers possèdent les vélos qui sont leur moyen de transport. Compte tenu de la demande élevée en médicament dopant dans la ville de Maroua, il est donc nécessaire d'analyser aussi les consommateurs.

1.2.4. Consommateurs : acteurs favorisant la contrebande des médicaments dopants à Maroua

Les consommateurs constituent les acteurs principaux de la contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua. En effet, les consommateurs sont nombreux et constituent un marché lucratif que les vendeurs fixes et ambulants ravitaillent tous les jours. Car, si la demande n'est pas forte les contrebandiers n'auront pas de raisons d'investir dans cette activité. Préalablement signaler, les consommateurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua sont ceux-là qui exercent les activités demandant beaucoup d'effort physique afin de pouvoir se nourrir. Cependant, ces consommateurs ne se dopent pas seulement pour éradiquer la fatigue, il y a d'autres raisons qui les poussent à acheter ces produits (Figure 7).

Source : enquêtes sur le terrain, mars 2016

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Source : Enquêtes de terrain, mars 2016.

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Figure 7. Raisons évoquées par les consommateurs des médicaments dopants

La Figure 7 récapitule les raisons évoquées par les consommateurs des médicaments dopants. Ainsi, 30% des personnes achètent régulièrement ces médicaments pour éradiquer la fatigue. Mais d'autres raisons sont évoquées par les consommateurs. De ce fait, 20% de personnes les utilisent pour avoir des rapports sexuels, 34% de personnes les utilisent afin de travailler le plus longtemps possible. Tandis que 10% de consommateurs les utilisent pour de noyer leurs soucis. La demande étant de plus en plus croissante, les consommateurs permettent à ce trafic de prendre une ampleur exponentielle.

Dans le but d'appréhender l'expansion exponentielle de l'utilisation des médicaments dopants dans la ville de Maroua, la figure 8 retrace le circuit de ces médicaments à partir des grossistes jusqu'aux consommateurs.

251577856 GROSSISTES

Nigeria/Marche Central

251586048251587072

DETAILLANTS

Grossistes/Marché Central/quartier

251580928

AMBULANTS

Détaillants/mobiles

251582976

CONSOMMATEURS

Lieux d'activités ou de résidence

251585024

Source : Enquête de terrain, Mars 2016.

Figure 8. Schéma des acteurs impliqués dans la contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua

La figure 8 met en exergue les lieux de ravitaillement des différents acteurs ainsi que leur lieu de vente. Ici, on constate que les consommateurs traitent beaucoup avec les détaillants et les vendeurs ambulants qui sont leurs principaux fournisseurs.

Afin de mieux cerner la diffusion des médicaments dopants dans la ville de Maroua, nous avons configuré la figure 9.

Réalisée par Mohamed, avril 2016.

251588096

Figure 9. Flux de distribution des médicaments dopants de contrebande à Maroua

La figure 9 présente les flux de distribution des médicaments dopants dans la ville de Maroua. La lecture de cette carte permet de constater que les principaux pôles de distribution des médicaments dopants dans la ville de Maroua sont les quartiers Kakataré, Mbarmaré et Dougoi (10 à 50 kg). On constate également que chaque quartier de la ville de Maroua possède au moins un point de vente des médicaments dopants de contrebande tel que Doualaré, Palar, Lopéré, Ouro-Lopé et Doursoungo qui distribuent également ces médicaments vers les destinations finales (1 à 9 kg). Il a été également constaté que Maroua est un lieu de ravitaillement des villes environnantes en médicaments dopants.

2.3.4. Maroua : Un lieu de ravitaillement des villes environnantes en médicaments dopants

Les différentes enquêtes sur le terrain auprès des grossistes situés au marché central de Maroua nous ont permis de comprendre que les vendeurs de ces médicaments qu'on retrouve dans les villes environnantes viennent se ravitailler à Maroua. Les grossistes qui ont acceptés collaborer avec nous ont cités des villes dans lesquelles ils ont des partenaires auxquels ils livrent toute sorte de médicaments y compris les médicaments dopants. Parmi ces villes, nous avons Bogo, Moutourouwa, Méri, Pété, Balaza, Dargala, Dogba, Salak. A cet effet, Maroua devient la capitale des activités liées à la contrebande des médicaments de la rue en général et des médicaments dopants en particuliers. Cependant, plusieurs facteurs avec le concours des acteurs tels que les grossistes, les détaillants et les vendeurs ambulants participent énormément à la vulgarisation et à la consommation des médicaments dopant dans la ville de Maroua. Toutefois, dans le but de mettre en exergue les médicaments dopants de contrebande les plus utilisés à Maroua, une typologie de ces derniers a été faite.

2.4. Typologie des médicaments dopants consommés dans la ville de Maroua

Les données de terrain ont permis de recenser un ensemble de produit pharmaceutique varié vendu dans les marchés de la ville de Maroua sans aucune ordonnance médicale. La grande famille de ces produits dopants étant les psychotropes, ces derniers comportent plusieurs sous familles. Un psychotrope est une substance chimique qui agit principalement sur l'état du système nerveux central (SNC) en y modifiant certains processus biochimiques et physiologiques cérébraux (Grelaud, 2012). Un psychotrope induit des modifications des perceptions sensorielles, des sensations, de l'humeur, de la conscience, d'autres fonctions psychologiques et Comportementales. C'est alors qu'allant dans le sens de ces modifications notamment celles des capacités physiques et sexuelles, que ces psychotropes sont consommés dans la ville de Maroua. Ainsi, la figure 10 permet donc de ressortir le pourcentage de la consommation de chaque psychotrope dans cette ville. Il s'agit du tramol, du viagra et du diazépam.

Source : Données de terrain, avril 2016.

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Figure 10. Répartition des médicaments dopants de contrebande consommés à Maroua

La

fait état de la prise des psychotropes dans la ville de Maroua. Ici, il apparait que le médicament dopant le plus consommé est le tramol, soit un pourcentage de 52%. Tandis que le viagra et le diazépam sont respectivement utilisés à l'ordre 28% et de 20%. Ces résultats permettent ainsi de confirmer que le tramol et le viagra sont les médicaments les plus utilisés. Le premier pour renforcer les capacités physiques et le deuxième pour renforcer les capacités sexuelles, alors que le diazépam est consommé pour éradiquer les soucis.

Le tramol, le viagra et le diazépam recensés dans les différents marchés de Maroua sont des psychotropes appartenant à plusieurs sous familles, notamment la famille des benzodiazépines (médicaments traitant les troubles d'anxiété, surmenage), celle des antalgiques paliers II (médicaments traitant les maladies aux douleurs modérées), palier III (médicaments traitant les maladies aux douleurs atroces) et la famille des sildénafil (excitants).

Ø Benzodiazépines vendus dans la ville de Maroua

Les benzodiazépines sont des molécules qui agissent sur le système nerveux central et qui possèdent cinq (05) propriétés fondamentales mais à des niveaux différents en fonction de leur structure chimique parmi lesquelles les anxiolytiques (Sellal et al., 1994). Ces derniers sont des agents tranquillisants permettant de réduire les états d'anxiété, de stress et d'hyper-émotivité. Ici, on retrouve les produits tels que le Diazépam consommé à un pourcentage de 20% (Photo 3).

Cliché : Mohamed, mars 2016.

Photo 3. Qualité du diazépam vendu au marché central de Maroua

La photo 3 présente un anxiolytique dont le nom est « Dizapam » de 10mg. Les comprimés sont de couleurs bleue ciel alors que son étui est de couleur maronne claire. Il est écrit dessus « 25×10 tablets ».

Cependant, le nom de ce médicament qui est vendu dans toutes les rues de la ville montre clairement que c'est un produit contrefait. Dans le même ordre d'idées, la figure 11 ressort le pourcentage de la consommation du diazépam en fonction des quartiers enquêtés dans la ville de Maroua.

Source : Enquêtes de terrain Avril 2016.

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Figure 11. Répartition spatiale de la consommation du diazépam dans la ville de Maroua

La figure 11 fait un récapitulatif de la consommation du Diazépam en fonction des quartiers enquêtés dans la ville de Maroua. Les quartiers les plus touchés sont Mbarmaré, Domayo et Kakataré avec respectivement 5,00%, 3,00% et 3,00% également. Dougoi et Pont vert couvrent chacun 2,00%, tandis que Lopéré, Palar, Doursoungo, Hardé et Djarengol enregistrent tous 1,00%. Le constat qui se dégage à cet effet est que la consommation du diazépam est beaucoup plus développée dans les quartiers où diverses activités commerciales sont menées de jour comme de nuit. C'est le cas de Mbarmaré, Domayo, Kakataré et Pont vert. En dehors du Diazépam qui est de la famille des Benzodiazépines, les Antalgiques font également partir de la sous famille des psychotropes consommés dans la ville de Maroua.

Ø Antalgiques vendus dans la ville de Maroua

Les antalgiques ou analgésiques sont des médicaments utilisés en médecine dans le traitement de la douleur (antalgie ou analgésie) d'un patient. En théorie c'est-à-dire selon les normes médicinales, on différencie les antalgiques, qui ont pour rôle de diminuer la douleur, et les analgésiques, qui suppriment la sensibilité à la douleur. Ainsi, le terme antalgique serait à réserver au paracétamol et à l'aspirine, alors que le terme analgésique évoque plutôt les morphiniques. Toutefois, en pratique c'est-à-dire lors du traitement d'un patient, les deux termes sont employés comme synonymes. Cependant, faisant partie de cette sous famille, le tramadol est un antalgique très utilisé à Maroua pour différentes raisons telles que augmenter les capacités physiques ou éradiquer la fatigue. La photo 4 ci-dessous montre à cet effet l'antalgique le plus utilisé dans la ville de Maroua.

Cliché : Mohamed, avril 2016.

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Photo 4. Qualité de tramadol vendu à Maroua

La photo 4 présente le « tramadol hydrochloride tablets 225mg » vendu dans la rue. Il est écrit dessous « new Royal » qui renvoie certainement à la puissance ou au nombre élevé du mg concentré dans ce produit soit 225 mg par comprimé.

La plaquette de ce tramadol est de couleur blanche alors que les comprimés sont de couleur rose. Il est donc clair que ce médicament n'est pas fabriqué dans les normes pharmaceutiques pourtant consommé à hauteur de 52%. A cet effet la figure 12 ressort le pourcentage de la consommation du tramol en fonction des quartiers enquêtés dans la ville de Maroua.

Source : Enquêtes de terrain, avril 2016.

Figure 12. Consommation du tramol dans les quartiers de la ville de Maroua

La Erreur ! Source du renvoi introuvable. réalisée à partir des données issues des enquêtes sur le terrain, révèle que Mbarmaré est le quartier ou le taux de consommation du tramol est plus élevé soit 12%. Il est suivi des quartiers tels que Domayo, Dougoi et Pont vert qui ont regorgent respectivement un taux de consommation de 12%, 8%, 8% et 5%. Les quartiers tels que Doursoungo, Djarengol et Lopéré n'en restent pas moins avec un taux de consommation respectivement de 3%, et 2%. Tandis que Hardé et Palar présente chacun 1% du taux de consommation du tramol. Cette dernière quant à elle est fonction des activités nécessitant sa prise dans chaque quartier évoqué. Outre la sous famille des antalgiques dans laquelle de se trouve le tramol, il y a également la sous famille des sildénafil.

Ø Sildénafil vendu dans la ville de Maroua

Le citrate de sildénafil (dénomination commune internationale) est un médicament de la classe des inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 développé par la firme pharmaceutique Pfizer. Ce médicament est indiqué dans les troubles de l'érection et l'hypertension artérielle pulmonaire. Il est commercialisé par la firme sous le nom de Viagra en comprimés de 25 mg, 50 mg et 100 mg, et sous le nom de Revatio en comprimés de 20 mg. Mais dans la ville de Maroua, on retrouve plusieurs produits désignant le viagra et sont utilisés à 28% à des fins sexuelles. Cependant, on les reconnaît dans les différents marchés de la ville à travers les noms tels que Valvogra, Ceagra et Arofranil Tablet (photo 5).

Cliché : Mohamed, avril 2016.

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Photo 5. Différentes qualités de viagra vendues à Maroua

Sur la photo 5 se trouvent les différentes variétés de viagra vendu dans les rues de Maroua. A l'extrême gauche de cette photo se trouve l'image d'un homme qui embrasse la femme tandis que sur les autres cartouches se trouvent les images telles qu'éléphant, le cheval et l'hippopotame .A l'extrême droite se trouve une cartouche intitulée « arofranil tablets » de 3×10 tablets de 25 mg par comprimé. Toutes ces images renvoient aux multiples mauvais produits de viagra que consomme la population de Maroua.

De ce fait, la figure 13 ressort le pourcentage de la consommation du viagra en fonction des quartiers enquêtés dans la ville de Maroua.

Source : Enquêtes de terrain, avril 2016.

Figure 13. Consommation du viagra dans les quartiers de Maroua

D'après la Erreur ! Source du renvoi introuvable., Domayo avec un pourcentage de 10% est le quartier où on note la consommation importante du viagra. Celle-ci est liée aux activités nocturnes qui s'y déroulent et font de lui un endroit de rencontre entre les consommateurs et les vendeurs. Il ressort également que les quartiers tels que Mbarmaré (4%,) Kakataré et Dougoi (3%), Pont vert et Lopéré (2%), alors Palar, Doursoungo, Hardé et Djarengol occupent (1%) chacun.

Cependant, une répartition socioprofessionnelle et spatiale des consommateurs des médicaments dopants est nécessaire dans cette étude afin de mettre en exergue les différentes activités qui encouragent la consommation de la drogue à Maroua et les quartiers dans lesquels on rencontre ces consommateurs.

2.5. Répartition socioprofessionnelle et spatiale des consommateurs des médicaments dopants à Maroua

Les consommateurs des médicaments dopants de contrebande appartiennent à une catégorie socioprofessionnelle bien spécifique à savoir celle des activités du secteur informel exigeant beaucoup d'effort physique et mental. En effet, la ville de Maroua est un lieu où la majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté. Un rapport de l'Institut National de la Statistique (INS) révèle que l'Extrême-Nord du Cameroun a la plus haute proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté, soit 74,3% (INS, 2014). De ce fait, on assiste à une prolifération du secteur informel car les débrouillards sont obligés de travailler à longueur de journée afin d'avoir de quoi nourrir leurs familles. Quant à leur répartition spatiale, ils sont inégalement présents dans les quartiers de la ville de Maroua.

2.5.1. Répartition socioprofessionnelle des consommateurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua

Au cours des enquêtes sur le terrain, des catégories d'activités dans lesquelles on rencontre beaucoup de consommateurs ont été identifié. Des différentes catégories socioprofessionnelles permettant de cerner les motivations des consommateurs ont été prises en compte, mieux encore ont permis d'analyser ces différentes raisons qui les poussent à faire le choix des produits dopants. Par exemple, les « les clandos » ont dit pourquoi ils font pour la plus part d'entre eux le choix de consommer le tramol et non un autre produit. Les résultats de ces enquêtes indiquent que les commerçants, les fonctionnaires, les élèves, les étudiants et autres débrouillards consomment également les médicaments dopants vendus dans les rues de Maroua (Figure 14).

Figure 14. Catégories professionnelles des consommateurs des médicaments dopants à Maroua

Source : Enquêtes de terrain, mars 2016.

L'analyse de la figure 14 montre que la consommation des médicaments dopants dans la ville de Maroua est un phénomène pratiqué par des personnes appartenant à des catégories socioprofessionnelles différentes. Cependant, catégories socioprofessionnelles sont toutes liées par le fait qu'elles appartiennent presque toutes au secteur informel. Ainsi, les plus grands consommateurs des médicaments sont constitués par les « autres » catégories socioprofessionnelles dans lesquelles on retrouve les pousseurs, les chargeurs et les maçons ; en effet ils constituent 42% des consommateurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua. Ils sont suivis des mototaxi mans et des commerçants qui ont 18% des consommateurs chacun. Ces trois groupes constituent ainsi les grandes catégories socioprofessionnelles des consommateurs des produits dopants dans la ville de Maroua.

2.5.1.1. Consommation du tramol par les mototaxi mans dans la ville de Maroua

Communément appelé « clandos » les mototaxi mans constituent une catégorie socioprofessionnelle qui assure le déplacement des populations d'un lieu à un autre à l'intérieur d'une ville. La majorité des mototaxi mans ne sont pas les propriétaires des motos avec lesquelles ils travaillent. De ce fait, ils sont obligés d'aller au-delà de leurs efforts physiques en attaquant durant toute la journée afin d'avoir la recette pour leurs patrons et d'avoir également un petit bénéfice par jour pour leurs propres économies. Ainsi, les mototaxi mans de la ville de Maroua utilisent le tramol pour leur permettre d'éradiquer la fatigue et d'avoir la force de travailler longtemps. En effet, les 18% des mototaxi mans disent consommés le tramol parfois en associations avec d'autres produits tels que le cannabis et la « passion ». Cependant, la prise de médicaments par les « clandos » ne reste pas sans conséquences car, ils ont très souvent des comportements irresponsables sur la route tels que les excès de vitesse, non-respect du code de la route (annexe 3). Une autre catégorie socioprofessionnelle regroupe les pousseurs et les maçons dans la consommation des médicaments dopants.

2.5.1.2. Consommation du tramol par les pousseurs et les maçons à Maroua

Les pousseurs sont les gens qui assurent le déplacement des marchandises (sac de riz, de farine, de sucre, carton d'huile, de savon, biscuits, bonbon) des magasins pour les boutiques et vice versa. Ils assurent également le déplacement des produits tels que les sacs de ciment, les planches et les lattes des points de vente vers le lieu où habitent les acheteurs. Quant aux maçons, on les retrouve aux berges des mayo et sont spécialisés dans l'exploitation du sable et la fabrique des parpaings. En effet, lors des enquêtes sur le terrain dans les fabriques de parpaings, un des maçons interrogés a révélé qu'il est obligé d'utiliser au moins trois (03) sacs de ciments par jour pour fabriquer les parpaings de 15 à raison de 60 parpaings par sac de ciment, soit un total de 180 parpaings par jour afin d'avoir un revenu acceptable lui permettant de nourrir sa famille. C'est pourquoi il se sent contraint de consommer le tramol. Ainsi, 42% des pousseurs et les maçons utilisent le tramol et le la passion pour les aider à travailler toute la journée. Les commerçants sont aussi parmi ceux qui consomment les médicaments dopants dans la ville de Maroua.

2.5.1.3. Consommation du diazépam et du viagra par les commerçants dans la ville de Maroua

Le commerce est l'une des principales activités pratiquées par les populations de la ville de Maroua. En effet, les consommateurs des médicaments dopants de contrebande sont également des commerçants, soit 22,22%. Ces derniers ont révélés que leur activité est très compliquée car ils prennent des crédits et se ravitaillent très loin à Douala et au Nigéria. Ils sont soucieux pour leurs marchandises car parfois ils rencontrent des problèmes en route surtout depuis l'insécurité orchestrée par Boko-Haram dans la région de l'Extrême-Nord. A cet effet, les commerçants consomment le diazépam pour les aider à contrôler leur émotion et à bien gérer leurs problèmes quotidiens tels que la perte des marchandises et le fonds de commerce octroyé aux partenaires remboursé tardivement voire même non remboursé. D'après eux, ils utilisent également le Viagra pour leur permettre d'avoir des érections car ils sont stressés. Aussi, l'un d'entre eux d'une façon plus discrète dit qu'étant polygame, il est obligé de prendre le viagra pour être à la hauteur des attentes sexuelles de ces trois femmes. Selon lui, c'est cette performance qui fait de lui un homme très respecté dans son foyer.

2.5.1.4. Consommation du diazépam par les élèves et étudiants dans la ville de Maroua

Les élèves et les étudiants ne sont pas en reste dans la consommation du diazépam. Ceux-ci avancent des raisons telles que la recherche de l'argent pour le paiement des pensions scolaires et le besoin de se soulager après une épreuve difficile affrontée en classe pendant la composition. En fait, parmi les étudiants interrogés certains ont fait comprendre qu'ils sont obligés de se lancer dans la pratique des petits métiers qu'ils n'ont pas souhaité lister pour pouvoir satisfaire leurs besoins sur le plan scolaire. Cependant, ils sont très souvent confrontés à moult difficultés parmi lesquelles le non-paiement ou partiel de leur salaire journalier par leurs employeurs. D'autres en revanche comme préalablement évoqué veulent juste se consoler après une épreuve colossale. C'est donc la somme de toutes ces contraintes rencontrées au quotidien qui les amènent à consommer du tramol. Cependant, on retrouve ces consommateurs plus nombreux dans un quartier par rapport à un autre, d'où leur répartition spatiale.

2.5.2. Répartition spatiale des consommateurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua

Préalablement signalés, les consommateurs sont inégalement répartis dans tous les quartiers de la ville de Maroua. En effet, dans les quartiers appartenant aux différentes communes de cette ville, au moins un consommateur a été rencontré dans chaque lieu où les enquêtés ont été menée. Le tableau VIII récapitule ces consommateurs en fonction de leurs tranches d'âge et de leurs sexes.

Tableau VIII. Age et sexe des consommateurs des médicaments dopants de contrebande à Maroua

Sexes

Ages

masculin

féminin

Total

Moins de 20 ans

1

0

1

20 à 40 ans

38

7

45

40 à 60 ans

4

0

4

Source : Enquêtes de terrain, mars 2016.

25159936043

 

7

50

 

Le tableau VIII ressort les statistiques générales sur l'âge et le sexe des consommateurs. Ici, la tranche d'âge dominante va de 20 à 40 ans soit un pourcentage de 90%. Et les hommes constituent le genre qui consomment le plus les produits dopants dans la ville de Maroua. Il s'agit de 43 hommes sur les 50 personnes de notre échantillon soit un pourcentage de 86%. Les femmes qui consomment sont celles qui se prostituent, soit un pourcentage de 7%.

A cet effet, les quartiers abritant le plus grand nombre de consommateur dans chaque commune de Maroua ont été relevé. Ainsi, les quartiers Mbarmaré (Maroua IIe), Domayo (Maroua Ier) et Dougoï (Maroua IIIe) ont retenus notre attention. Car, ils sont considérés comme étant les quartiers phares de chaque commune ( Erreur ! Source du renvoi introuvable.).

Figure 15. Répartition spatiale des consommateurs des médicaments dopants de contrebande à Maroua

Source : Enquêtes de terrain, mars 2016.

251600384

La Erreur ! Source du renvoi introuvable. montre que dans chaque quartier de la ville de Maroua se trouve au moins un consommateur des médicaments dopants de contrebande. Cependant les quartiers ayants les plus grands nombre de consommateurs sont Domayo, Mbarmaré et Dougoï. Dans ces quartiers, on retrouve plusieurs activités contrairement aux quartiers ayant un nombre moyen de consommateurs tels que Djarengol, Pont-vert, Djarengol-Kodek, Kakataré et Makabaye. Quant aux quartiers tels que Baouliwol, Ouroutchédé, Doursoungo et Sararé. On enregistre peu de consommateurs de médicaments dopants de contrebande. Ici, il apparaît que le nombre élevé des consommateurs dans chaque quartier est fonction des activités qui s'y déroulent. Cependant, des raisons diverses ont été évoquées par les consommateurs rencontrés dans chaque quartier de la ville de Maroua (tableau IX).

Tableau IX. Raisons de la consommation des médicaments dopants en fonction des quartiers

Raisons

Quartiers

Eradiquer

La fatigue

Avoir des rapports sexuels

Travailler longtemps

Soulager la douleur

Eradiquer les soucis

Total

Mbarmaré

6

2

2

1

2

13

Parar

3

2

0

0

1

6

Palar

2

1

2

0

0

5

Domayo

2

4

1

0

0

7

M central

3

1

1

0

0

5

Baoliwol

2

1

0

0

0

3

Doualaré

4

0

1

0

0

5

Dougoi

3

2

0

0

0

5

Doursoungo

1

0

0

0

0

1

Total

30

10

1

1

4

50

Source : Enquêtes de terrain, mars 2016.

Toutefois, la figure 16 met en exergue la tranche d'âge touchée par ce phénomène dans les différents quartiers.

Source : Enquêtes de terrain, mars 2016.

251601408

Figure 16. Répartition par tranches d'âge des consommateurs des médicaments dopants par quartiers

D'après la figure 16, étant un quartier à vocation commerciale, Mbarmaré est très indexé parmi les quartiers regorgeant le plus grand nombre de consommateurs des médicaments dopants de contrebande du fait des activités qui s'y déroulent et de sa proximité avec le marché central. Concernant le quartier Domayo, le nombre élevé des consommateurs se justifie par le fait que ce quartier est considéré comme étant le centre de la ville. Et parlant de Dougoi, il ressort que le marché forêt est le lieu par excellence dans lequel les vendeurs ambulants sillonnent à cause de la forte population non seulement dans le marché mais aussi au niveau du carrefour Schell.

Au regard donc de l'ampleur du phénomène de consommation de ces médicaments dans la ville de Maroua, il est important de ressortir les dépenses journalières liées à cette consommation. Ainsi, les prix de ces produits varient en fonction de la qualité médicament dopant que l'on achète. La figure 17 éclaire à cet effet sur les dépenses journalières liées à l'achat des médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua.

Source : enquêtes de terrain, 2016.

251603456

Figure 17. Dépenses journalières des consommateurs pour l'achat des médicaments dopants

L'analyse de la figure 17 fait constater que 48% des consommateurs des médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua dépensent entre 200f - 500f CFA par jour pour l'achat des médicaments dopants de contrebande. Une projection annuelle de ces dépenses reviendrait à 182.500f CFA par consommateur. Ce qui les appauvrit davantage non seulement sur le plan financière mais aussi sur le plan physique. 20% de ces consommateurs dépensent entre 500 - 1000 f CFA par jour, soit 365.000f CFA/ an. Et 32% quant à eux dépensent entre 50 - 200f CFA soit environ 73.000f CFA/an. Toutefois, dans le but de connaitre le nombre d'année de consommation en fonction des dépenses journalières, la figure 18 a été réalisée.

Figure 18. Dépenses journalières en fonction de l'ancienneté des consommateurs

Source : Enquêtes de terrain, avril 2016.

La figure 18 présente la tranche d'âge de l'ancienneté de la consommation des médicaments dopants. On constate à cet effet que les tranches d'âge ayants le plus de consommateurs dont les médicaments coûtent entre 50-200f et 200-500f CFA sont entre 1-5ans et 5-10ans.

Conclusion

Ce chapitre traitant de la distribution des médicaments dopants de contrebande à Maroua a permis de comprendre un certain nombre faits qui motivent et facilitent la consommation des médicaments dopants dans la ville de Maroua. Dans un premier temps le circuit et les flux des médicaments dopants de contrebande de la ville de Maroua ont été présenté. Ainsi, il ressort que ces médicaments qui envahissent toutes les rues de Maroua viennent en quantité importante du Nigéria provenant en Asie notamment de la Chine et de l'Inde. Ils sont distribués à Maroua par plusieurs types d'acteurs notamment les vendeurs grossistes, les détaillants et les vendeurs ambulants. De ce fait, dans le souci de connaître les médicaments dopants de contrebande utilisés à Maroua, leur typologie a été faite. Il s'agit des médicaments appartenant à la famille des benzodiazépines, ceux appartenant à la famille des antalgiques des paliers II et III et ceux de la famille des sildénafil. Ceci étant, les quartiers tels que Mbarmaré, Domayo et Dougoï apparaissent comme étant les quartiers qui renferment le plus de consommateurs. A cet effet, la consommation des médicaments aussi sensibles tels que le tramol (52%), le diazépam (20%) et le viagra (28%) va-t-elle restée sans conséquences considérables sur la santé des consommateurs ?

Chapitre 3. Risques sanitaires des médicaments dopants de contrebande

Introduction

La consommation des médicaments psychoactifs à des fins non médicales ne reste pas sans conséquence sur la santé des consommateurs. Etant donné que ce phénomène est un fléau mondial, on rencontre çà et là des personnes qui présentent des comportements de troubles particuliers causés par la consommation des médicaments dopants. Cependant, il est également important de signaler que ce phénomène ne se produit pas au même degré partout dans le monde. De ce fait, il y a des spécificités en fonction de l'usage que l'on en fait, et les conséquences sont également fonctions du type de produits, de la durée et de la quantité du produit consommée par le toxicomane. Le phénomène de consommation de produits dopants est en pleine expansion dans les villes camerounaises en général, et à Maroua en particulier. Ce qui explique la vulgarisation des scènes des personnes en pleine crise de convulsion dans les rues de la ville de Maroua. Les impacts des produits dopants sont spatialement inégalement répartis dans les quartiers de la ville. Ainsi, les quartiers qui abritent les toxicomanes les plus anciens sont ceux-là même qui regorgent le plus grand nombre de malades. Toutefois, il est important de signaler que ces médicaments, qui de nos jours parcourent tous les marchés et toutes les rues de la ville de Maroua par le biais des différents vendeurs, ont été préalablement fabriqués pour les traitements biens spécifiques comme l'anxiété, les douleurs cancéreuses et les dysfonctionnements érectiles. Dans ce chapitre, il est question d'étudier les effets à court et à long terme liés à la conséquence des médicaments dopants de contrebande non seulement sur la santé du consommateur.

3.1. Médicaments dopants fabriqués pour le traitement de l'anxiété, des douleurs cancéreuses et des dysfonctionnements érectiles

Les médicaments dopants sont des médicaments susceptibles d'entraîner des toxicomanies. De ce fait, leur prescription est soumise à des règles strictes définies d'après les dispositions du décret no 94/040PM du 07 mars 1995 du code de la santé publique au Cameroun. Ainsi, la fabrication, la vente, la détention et l'usage nécessitent une autorisation spéciale. Par conséquent, doivent être prescrits sur une ordonnance délivrée par un médecin. La durée de prescription est relativement courte et la quantité des médicaments délivrés en dépend. D'après le médecin généraliste de l'hôpital de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) de Maroua, « les médicaments psychotropes sont délivrés sous prescription médicale pour une durée très courte ayant des doses bien déterminées. Pendant le traitement l'ordonnance n'est pas renouvelable et pour éviter la pharmacodépendance on change de traitement lorsque le mal persiste ». Le tableau X met à cet effet en exergue quelques maladies traitées telles que l'anxiété, les douleurs atroces et le dysfonctionnement érectile par le diazépam, le tramadol et le viagra.

Tableau X. Récapitulatif de certaines maladies traitées par les médicaments dopants

Médicaments Dopants

Maladies Traitées

Consommation

Durée du Traitement

Diazépam

-Anxiété

-Surmenage

-Troubles de Sommeil

-Adulte : un comprimé de 05 à 20mg par jour

08 à 12 semaines

-Enfant : entre 0,1 et 05 mg en fonction du poids du patient

Tramol

-Douleurs Cancéreuses

Action Prolongée : un comprimé de 50mg toute les 24H

Le traitement peut durer des mois, des années en fonction du stade de la maladie

-Douleurs Modérées en cas d'accident grave

Comprimés à Action Rapide de 50mg : un comprimé toutes les 4 à 6H de temps

Le traitement doit être le plus court possible

Viagra

-Dysfonctionnement érectile

Un comprimé de 50mg à prendre 1H avant l'activité sexuelle

Elle va varie en fonction de l'âge et de l'état du Patient

Source : Archives de HRM, avril 2016.

Le tableau X récapitule quelques maladies traitées par les médicaments dopants. Celles sur lesquels les recherches de ce travail se basent sont l'anxiété, les douleurs dues au cancer et les dysfonctionnements érectiles. L'anxiété est un état correspondant à une insuffisance relative du système inhibiteur. Elle peut être consécutive à un choc ou une émotion ou être associée à des difficultés rencontrées par l'individu dans sa vie et sa relation à son environnement. Elle se traduit notamment par des troubles comportementaux, cognitifs et végétatifs. Toutefois, la durée du traitement doit être aussi brève que possible et ne devrait pas dépasser 8 à 12 semaines. Les doses administrées varient d'un adulte à un enfant selon les déclarations Dr. Dantio en service à HRM.

Concernant les douleurs cancéreuses et d'après le Dr. Bindjeme en service à l'hôpital de la CNPS de Maroua, les médecins et les oncologues prescrivent le tramadol pour soulager la douleur modérée à sévère causée par beaucoup de maladies, y compris la douleur qui découle d'un cancer. Il existe deux principaux types de tramadol utilisé pour le traitement du cancer : courte durée d'action et à action prolongée. Le tramadol est offert en comprimé à avaler. Les comprimés à action rapide se prennent toutes 4 à 6 heures. Les comprimés à action prolongée quant eux se prennent toutes les 24 heures et les doses varient d'un patient à un autre. La durée du traitement dépend de l'état de ce dernier. Si la douleur est très forte, le traitement dure quelques jours ou quelques semaines. Dans le cas d'une douleur persistante, le traitement peut durer des mois ou des années.

Quant à la dysfonction érectile c'est une incapacité persistante d'obtenir et/ou de maintenir une érection, c'est-à-dire une rigidité suffisante du corps caverneux du pénis pour permettre le déroulement satisfaisant du rapport sexuel. Le médecin en service à l'hôpital de police de Maroua a expliqué qu'elle se produit de façon répétée chez un homme de plus de 50 ans. Selon lui, pour que le diagnostic de dysfonction érectile soit établi, il faut que les troubles rencontrés par le patient soient présents depuis plus de trois mois ou récidivants. Ainsi, les médicaments vont lui faciliter l'érection. Et ils ne sont efficaces que si leur prise est associée à une stimulation sexuelle et à des caresses sur les zones érogènes, il faut donc pratiquer des préliminaires pour faciliter l'érection. De ce fait, la dose recommandée est de 50 mg à prendre une heure avant l'activité sexuelle. Le viagra peut induire une érection 4h à 5h après l'administration. En fonction de l'efficacité et de la tolérance la dose peut être réduite à 25 mg ou augmentée à 100 mg. La dose maximale autorisée est de 100 mg à prendre une fois par jour au maximum. La durée du traitement varie en fonction de l'âge et de l'état de santé du patient. Malheureusement, la situation qui se présente dans la ville de Maroua est telle que ces médicaments sont détournés de leur rôle initial dans la mesure où ils ne sont pas consommés sous prescription médicale par rapport à une maladie y afférente, mais sont plutôt consommés dans le but de se droguer.

3.1.1. Utilisation du diazépam, tramol et du viagra pour des fins dopantes à Maroua

D'après Dr. Bindjemé en service à l'hôpital de la CNPS de Maroua, les stupéfiants et les psychotropes sont des substances psychoactives pouvant, dans le cadre d'un usage détourné, faire l'objet de pharmacodépendance ou d'abus. La pharmacodépendance se caractérise par le désir obsessionnel de se procurer et de s'administrer une substance. L'abus des substances psychoactives quant à lui, se définit comme l'utilisation excessive et volontaire, permanente ou intermittente, ayant des conséquences préjudiciables sur la santé physique ou psychique que les consommateurs de la rue ignorent. Ces derniers utilisent le diazépam, le tramol et le viagra comme drogues le plus souvent en association avec le cannabis qui en potentialise ses effets. Alors on enregistre les comportements de transgression dans la mesure où ces médicaments sont détournés à des fins sexuelles, de sensation de force et d'assurance totale.

Dans le même ordre d'idées et contrairement au rôle initial des psychotropes, on observe la surconsommation de ces produits dans toutes les rues de la ville de Maroua par les adolescents et les jeunes adultes. La surconsommation de médicaments désigne, d'un point de vue médical et sociétal, le fait qu'un individu ou une collectivité, prenne une médication de façon excessive ou non nécessaire. Selon les critères d'évaluation de l'OMS, la surconsommation de médicaments est en lien avec un usage incorrect des médicaments, ce qui se manifeste sous la forme d'une consommation exagérée en vente libre. Alors, d'après les enquêtes de terrain, 90% des personnes interrogées affirment acheter un produit dopant et 10% de ces personnes interrogées disent connaitre quelqu'un qui en achète dans leur environnement. Le tableau XI Récapitule à cet effet des personnes ayant acheté ou non un produit dopant dans les différents quartiers enquêtés.

Tableau XI. Récapitulatif des quartiers utilisant les médicaments dopants de contrebande

Achat direct des médicaments dopants

Présence d'un consommateur dans l'environnement de l'enquêté

Quartiers

Oui

Non

Souvent

Oui

Non

Souvent

Total

Pourcentage(%)

Mbarmaré

8

0

1

2

0

2

13

26%

Dougoi

2

0

1

2

0

0

5

10%

Doursoungo

0

0

0

1

0

0

1

2%

Kakataré

2

0

0

2

0

1

5

10%

Domayo

2

0

1

2

0

1

6

12%

Parar

0

0

2

4

0

2

8

16%

Palar

1

0

1

3

0

0

5

10%

Baouliwol

0

0

0

3

0

0

3

6%

Doualaré

0

0

1

3

0

0

4

8%

Total

15

0

7

22

0

6

50

100%

Source : Enquêtes de terrain, mars 2016.

Les chiffres du tableau XI parlent d'eux-mêmes. Ici un total de 15 consommateurs des médicaments dopants de contrebande avouent acheter ces médicaments régulièrement contre 7 consommateurs disent les utiliser de temps à temps. Tandis que 22 enquêtés confirment avoir 22 consommateurs réguliers contre 7 consommateurs qui prennent ces médicaments quelques fois. Cependant la situation est plus que préoccupante dans la mesure où les médicaments dopants consommés dans les rues de la ville de Maroua sont différents de ceux vendus dans les pharmacies de cette ville. A cet effet, le constat qui se dégage dès lors est celui de la contrefaçon de ces produits.

3.1.2. Diazépam, tramol et le viagra de contrebande consommés dans les rues de Maroua

Selon l'OMS (2010) un médicament contrefait est un médicament qui a été délibérément et frauduleusement étiqueté de façon erronée quant à son identité et/ou sa source. Il pense ainsi que la notion de contrefaçon comprend trois concepts différents à savoir : celui de la qualité du médicament, celui de la légalité du produit et celui de l'intention frauduleuse. Le terme « contrefaçon » peut s'appliquer à des médicaments de marque comme à des génériques. Partant de cette analyse, on se rend ainsi compte que les médicaments dopants vendus dans la ville de Maroua à l'instar du tramadol, du diazépam et du viagra sont contrefaits. Car, ces médicaments provenant du Nigéria ne respectent pas des normes internationales d'emballages et même d'étiquetages. De ce fait, les médicaments dopants de contrebande provenant du Nigéria sont contrefaits comme le confirme la découverte de deux laboratoires clandestins de fabrication des psychotropes non spécifiés à Lagos au cours de l'année 2011. Pendant cette opération, on a enregistré une augmentation considérable de la fabrication de ces substances, soit 2 985 kg en 2011 contre 712 kg en 2009 (OICS, 2014). A cet effet, pour matérialiser la présence des médicaments contrefaits provenant du Nigéria vendus dans la ville de Maroua, la comparaison de ces derniers avec les psychotropes vendus dans les pharmacies de la même ville mais qui sont fabriqués dans des normes internationales reconnues a été jugée nécessaire (planche 3).

A

251610624

B

251611648

Cliché : Mohamed, avril 2016.

251609600

Planche 3. Comparaison entre le tramadol vendu au marché et celui vendu en pharmacie

La planche 3 fait une comparaison entre le tramol (A) qui est vendu dans les pharmacies et le tramol (B) vendu dans la rue à Maroua. Le tramol (A) vendu dans les pharmacies est fabriqué par les laboratoires « denk pharma » basés en Allemagne. Il présente également un dessin du gobelet écrit dessous 10 comprimés effervescents en trois langues à savoir : l'anglais, le français et l'espagnol et le dosage de ce tramadol est de 50mg. Quant au tramadol (B), il est inscrit dessus « royal  225 ».

D'après la planche 3, le tramadol vendu en pharmacie est plus fiable car il donne des renseignements sur le fabricant. Il contient également une posologie qui indique la manière dont il doit être consommé et son dosage ; mais aussi renseigne le consommateur sur les possibles effets indésirables afin que ce dernier consulte son médecin au cas où il apparait un de ces effets. Or le tramol vendu dans la rue à Maroua est muet, il ne donne ni le nom du fabricant, ni la posologie encore moins les cas dans lesquels utiliser ce produit. Il s'agit à cet effet d'un médicament surdosé car il a 225 mg par comprimé contre 50 mg par comprimé du tramol vendu en pharmacie.

Dans la même perspective, la comparaison du viagra et du Diazépam vendus dans toutes les rues de la ville de Maroua et celle du viagra et du Diazépam vendus dans les pharmacies de la même ville a été faite (planche 4).

B

251614720

Cliché : Djomo, avril 2016.

251612672

A

251613696

Planche 4. Viagra et diazépam vendus dans les pharmacies

Contrairement aux différents médicaments dopants désignant le viagra (photo5) et diazépam (photo 3) vendus dans les rues de Maroua sans ordonnance, la planche 4 nous présente respectivement ces produits vendus dans les pharmacies sous prescriptions médicales. Dans la photo A, il s'agit de l'étui du viagra de 4 comprimés enrobés de 50 mg par comprimé fabriqué par les laboratoires « Pfizer », le code bar de ce produit nous renseigne sur son authenticité. La photo B quant à elle présente le diazépam en solution injectable de 6 ampoules de 10 mg/ 2ml. Le prix de ce produit est 2120f CFA, il s'agit d'un produit fabriqué dans les normes pharmaceutiques d'après son code bar.

De plus la vente de ces médicaments dans les pharmacies s'effectue après la présentation d'une ordonnance que le pharmacien enregistre afin de prévenir les éventuelles mauvaises utilisations du médicament par le patient (annexe 2). La consommation des médicaments dopants tels que le tramol entraine des risques sanitaires à long et à cour termes chez le consommateur.

3.2. Effets immédiats du tramol de contrebande sur la santé du consommateur

La consommation du tramol à des doses élevées peut avoir des conséquences très néfastes pour la santé humaine. Ainsi, les symptômes de surdosage du tramol sont les suivants : dépression respiratoire, somnolence évoluant vers la stupeur ou le coma, flaccidité musculaire squelettique, peau froide et moite, contraction pupillaire, crises convulsives, bradycardie, hypotension, arrêt cardiaque et décès (Picard, 2003).

Cependant, des réactions anaphylactoïdes peuvent survenir notamment en cas d'allergie à la codéine, et parfois dès la première prise. Le tramadol est par conséquent, contre indiqué en cas d'allergie avérée aux médicaments de la classe des opioïdes. Ainsi, toutes les conséquences relevées sont groupées en conséquence à long et à court termes. d'autres, moins fréquentes: crises convulsives lors de conditions favorisantes (surdosage, antécédents convulsifs; plus de 200 cas rapportés en 1 an selon la Food and Drug Administration), troubles de la vigilance, euphorie, hallucination, douleurs abdominales. Et enfin les plus rares sont: hypotension artérielle, bronchospasme, rash cutané, choc anaphylactique, oedème angioneurotique (INSERM, 2014). Toutes ces maladies ou effets indésirables ont été classés en deux catégorie à savoir : les effets immédiats ou à court terme et les effets à long terme.

La consommation du tramol entraine des conséquences multiples sur la santé humaine. En effet, en comparaison aux autres médicaments à visée antalgique, La constipation est décrite comme étant une des conséquences immédiates dues à la consommation du tramol. Mais le tramadol est dénué d'effets gastro-toxiques et réno-toxiques comparativement aux anti-inflammatoires non stéroïdiens. Parmi les effets immédiats, il y a l'intoxication médicamenteuse que l'on enregistre d'ailleurs dans les hôpitaux de la ville de Maroua. A cet effet, les enquêtes sur le terrain ont permis de faire le tour des hôpitaux dans la ville de Maroua à la recherche des cas urgents et d'intoxications aux médicaments dopants enregistrés dans ces hôpitaux (Tableau XII).

Tableau XII. Malades enregistrés dans les hôpitaux suite à la consommation abusive des médicaments dopants de contrebande à Maroua

Hôpital Régional de Maroua

Noms et âges des Patients

Professions et Résidence

Motifs et Date d'admissions

Hamadou Sadjo, 30ans

Menuisiers, domayo

Intoxication au tramol, 22 janvier 2016

Abbo, 25ans

Elève, Lopéré

Intoxication médicamenteuse, 11 février 2016

Hôpital de la CNPS

Amidou Gaspard, 32ans

Pousseur, Mbarmaré

Intoxication médicamenteuse, 3octobre 2015

Mouhamadou Sani Ibrahim, 23ans

Tailleur, Mbarmaré

Convulsion, 09decembre2015

Hôpital de Police

Adamou Hamadou, 37ans

Mototaximan, Mbarmaré

Intoxication au tramol, 9mars 2016

Abakar, 29 ans

Mototaximan, Kakataré

Intoxication médicamenteuse, 10 mars 2016

Hôpital Islamique de Barmaré

Salvador Balawé, 28 ans

Maçon, Doualaré

Convulsion, 04 novembre 2015

Siradjo Bouba, 20ans

Elève, Kakataré

Intoxication médicamenteuse

Source : Archives des hôpitaux, avril 2016.

3.2.1. Effets respiratoires observés chez les consommateurs du Tramol de contrebande

Tous les médicaments ayant un mode d'action de type opioïde sont susceptibles d'entraîner une dépression respiratoire (diminution du volume courant et de la fréquence respiratoire avec perturbation de l'hématose). En ce qui concerne le tramadol, il apparaît après sa large utilisation, notamment dans le traitement préventif de la douleur en péri opératoire, que cette molécule entrainerait moins de trouble à type de dépression respiratoire que la morphine à doses analgésiques; ceci s'expliquerait par sa moindre affinité envers le récepteur. Ainsi, 10% des consommateurs du Tramol à Maroua affirment effectivement avoir des problèmes respiratoires. Cependant, ils ne sont pas les seuls effets négatifs qui apparaissent chez les consommateurs des médicaments dopants.

3.2.2. Risque D'AVC (accident vasculaire cérébral) pour les consommateurs du Tramol de contrebande

D'après Dr. Dantio en service à HRM, la consommation abusive du tramol entraine des accidents vasculaires cérébraux. Ainsi, le tramadol peut être impliqué dans une augmentation de la tension artérielle systolo-diastolique ainsi que dans l'augmentation du rythme cardiaque (actions sympathomimétiques). Il est également décrit une vasodilatation périphérique responsable d'une hypotension artérielle orthostatique dans l'utilisation de tramadol par voie intraveineuse, mais cet effet indésirable ne survient qu'en cas d'injection trop rapide ou de doses trop importantes. En effet, les AVC sont responsable de la mort de certains consommateurs du tramol dans la ville de Maroua, 40% des enquêtés dans les quartiers de la ville de Maroua disent connaitre des personnes mortes à la suite de cette crise. Les hôpitaux de Maroua font quant à eux état de ce que 13% de leurs patients atteints d'AVC consomment le tramol sans avis médical.

3.2.3. Effets neurologiques tels que la sédation, convulsion dus à la consommation abusive du tramol

D'après le Dr. Bindjemé, les effets les plus fréquents de la consommation abusive du tramol sont les vertiges, les céphalées et la somnolence. Néanmoins on rencontre également plusieurs cas décrits de crises convulsives. Dans un tiers des cas, ces convulsions sont apparues au cours de la première journée de traitement et elles ne sont dues à un surdosage que pour un quart d'entre elles. Globalement, le tramadol, utilisé dans le traitement de la douleur à doses thérapeutiques et administré selon les recommandations, ne semble être que très rarement la seule cause dans la survenue de crises convulsives et il apparaît très souvent que l'initiation des crises est due à un des facteurs favorisants suivants: Une intoxication par surdosage. Ainsi, les chiffres de nos enquêtes nous révèlent que 25% de toxicomanes dans la ville de Maroua souffrent de convulsions. Lors de ces crises, les premiers secours sont organisés à la maison par les proches du patient. Les populations de la ville de Maroua ont ainsi leurs méthodes traditionnelles pour aider le malade à se relever. Le tableau XIII apporte donc les différentes mesures prises par les proches des patients pour soulager les maux de leur patient lors d'une crise causé par la consommation abusive du tramol.

Tableau XIII. Récapitulatif des Mesures prises en cas de Crise de Convulsion due à la prise du tramol à Maroua

Mesures prises lors des Convulsions

Nombre de Personnes

Pourcentage

Vous lui donnez le cube

35

70%

Vous lui donnez de l'eau

7

14%

Vous lui donnez le citron

1

2%

Injection diazépam

1

2%

Total

44

88%

Source : Enquêtes de terrain, avril 2016.

Le tableau XIII permet de comprendre que l'environnement du consommateur du tramol a des méthodes bien propres pour aider le patient en cas de crise de convulsion. En effet, les crises de convulsion causées par la consommation du tramol entrainent souvent la mort du patient si rien n'est fait. De ce fait, les populations ont développées des méthodes qui leur permettent de sauver ces personnes. A cet effet, 70% des personnes administre le cube aux malades tandis que 14% des personnes leur l'eau et 2% leur donne respectivement du citron et le diazépam en injection dans les hôpitaux où ils sont transférés de toute urgence tel que HRM. Tandis que 12% des autres six (06) enquêtés ne disent jamais administrer un soin à un consommateur du tramol en pleine convulsion. Cependant, les mesures de secours faits à la maison par les proches des malades en cas de crises de convulsions ne sont pas sans risques pour la santé de ces derniers. En effet, la consommation abusive du cube par exemple est responsable des maladies telles que l'hypertension. Toutefois, la prise abusive du tramol entraine des effets à long terme encore plus dangereux chez le consommateur.

3.3. Effets à long terme du tramol sur la santé du consommateur des médicaments dopants de contrebande

Les effets à long terme de la consommation abusive des médicaments dopants sont multiples. Elles vont des dépressions maniaco-dépressifs (4%) jusqu'à la mort en passant par les maladies telles que la tremblote et la dépendance (78%) dans la ville de Maroua.

3.3.1. Troubles maniaco-dépressif

Communément appelés « folie », les troubles maniaco-dépressif sont l'une des conséquences les plus manifestes de la consommation abusive des médicaments psychoactifs. Par leur nature, les médicaments psychoactifs entrainent souvent un changement de comportement chez le consommateur qui devient parfois trop violant ou trop calme au point de ne plus avoir une conversation avec les gens auprès de lui. A cet effet, pendant les enquêtes sur le terrain un nombre des personnes souffrantes de cette maladie a été enregistré (4%), il était certes difficile de causer directement avec elles à cause de leur manque de résonnement. Mais 28% des proches donnés beaucoup de renseignement sur ce qu'ils pensent être la cause de leurs maladies. Ainsi, ils affirment que ces « fous » consommaient beaucoup de tramol en association avec d'autres produits tels que le « cannabis » avant de se retrouver dans cet état. Dans la même logique les médecins de HRM et de la CNPS affirment avoir reçu ces « fous » bien qu'il soit de difficile de les quantifier à cause de l'occurrence du phénomène.

3.3.2. Forte dépendance des consommateurs vis-à-vis de ces médicaments dopants

Les enquêtes auprès des médecins de HRM, CNPS et HP, révèlent que 78% de consommateurs de médicaments dopants vendus dans les rues de la ville de Maroua sont dépendants. Selon eux, la dépendance peut se caractériser sur deux formes à savoir : la forme psychique et la forme physique.

· Dépendance Psychique : une addiction ou dépendance psychique se manifeste par un phénomène de manque lorsqu'on est privé d'un besoin non vital (exemples de besoins vitaux : nourriture, sommeil). Elle se manifeste aussi par une forte envie de toujours consommer les produits dopants afin de se sentir bien. Ainsi, le consommateur trouve la nécessité de consommer le produit dopant à des doses encore plus importantes dans le but de se satisfaire.

· Dépendance Physique : l'addiction physique se caractérise par une incapacité de l'individu à vaquer à ses occupations lorsqu'il ne prend pas ses médicaments. A cet effet, le consommateur des produits dopants se sent tellement diminué physiquement au point de ne même pas pouvoir marcher. Ainsi, pendant les enquêtes une catégorie de consommateurs (42%) dit ne pas pouvoir se lever de leurs lits pour aller travailler lorsqu'ils ne prennent pas le tramol. L'individu prend d'abord la dose de médicaments qu'il a l'habitude de prendre, en suite il ressent la nécessité d'augmenter les doses pour retrouver l'effet initial.

3.3.3. Réduction de l'espérance de vie des consommateurs du tramol de contrebande

Les consommateurs du tramol dans la ville de Maroua ont une espérance de vie réduite. En effet, plusieurs cas de décès suite à la consommation abusive du tramol à Maroua ont été dénombrés. Il s'agit pour la plus part des cas des décès survenus lors de la crise de convulsions dont les proches et les médecins n'ont pas pu soigner. Cependant, il important de signer que les chiffres liés aux décès causés par le tramol présentés dans ce travail sont de deux types : il s'agit des chiffres issus des personnes auprès desquelles les enquêtes ont été ménées, et les chiffres recueillis auprès des médecins dans les Hôpitaux. De ce fait, 1% des décès dans les Hôpitaux de la ville de Maroua sont causés par les intoxications à tramol. Le tableau XIV présente également un récapitulatif des personnes ayant vu ou non des personnes mortes à cause de la consommation abusive d tramol.

Tableau XIV. Récapitulatif des personnes ayant assisté aux décès causés par le tramol

Personnes ayant vu des décès dus au tramol

Nombre de Personnes

Pourcentage (%)

Oui

17

29,78%

Non

33

70,21%

Source : Enquêtes de terrain, mars 2016.

251618816 50

 

100%

 

L'analyse du tableau XIV permet de comprendre que les chiffres des décès liés à la consommation abusive du tramol dans la ville de Maroua sont lourds. En effet, 29,78% des personnes enquêtées ont déjà vus des décès liés à la consommation du tramol. Il s'agit des personnes mortes au cours des crises de convulsions dont les proches n'ont pas pu aider malgré les différentes mesures prises.

(Roussin, 2011) met en évidence les effets de la consommation abusive des médicaments dopants sur l'espérance de vie à travers une série d'expérience qu'elle a menée sur les rats en utilisant le tramol. Ainsi, Le tramadol a été évalué dans le cadre d'études périnatales et postnatales chez le rat. Les ratons dont la mère avait reçu par gavage des doses de 50mg/kg (300 mg/m2 ou 1,2 fois la dose quotidienne maximale chez l'être humain) avaient un poids plus faible et leur survie a été réduite tôt durant la période de lactation à la dose de 80mg/kg. Elle a fini par conclure que la consommation des médicaments dopants entraine une diminution des capacités physiques du consommateur, et à la longue une diminution de l'espérance de vie.

La figure 19 présente les maladies dont souffrent les consommateurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua en fonction du nombre d'année qu'ils consomment ces produits.

Source : Enquêtes de terrain, mars 2016.

251619840

Figure 19. Pathologies des toxicomanes en fonction de la durée de la consommation

L'analyse de la figure 19 permet de constater que plus de la moitié des consommateurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua souffrent des pathologies soupçonnées être causées par la consommation abusive des produits dopants tels que le tramol et le diazépam. Les principales pathologies dont souffrent ces toxicomanes sont les troubles de comportement à caractère maniaco-dépressif dont 31% de personnes souffrent déjà ; les crises de convulsions dont 25% de personnes souffrent ; il y a la tremblote qui est caractérisée par une incapacité de l'individu à contrôler tous les mouvements de son corps, dont 21,88% de personnes sont atteintes. Nous avons aussi la dépendance qui atteint 15,62% de consommateurs.

Cependant il est également très important de rappeler que la plus part de ces maladies apparaissent à long terme, c'est-à-dire que les toxicomanes qui consomment depuis 5 à 10 ans sont ceux-là qui présentent le plus de pathologies. Néanmoins, les maladies comme les crises de convulsions apparaissent généralement après une intoxication au tramol. Lors des enquêtes, la question a été posée aux consommateurs de savoir s'ils sont conscients du fait que la consommation de ces produits constitue un danger pour leur santé. Et les réponses sont plutôt surprenantes car seul 41,30% de consommateurs sont conscients que ces produits sont dangereux pour leur santé. Ainsi, on se rend également compte que ces toxicomanes ne savent même pas que les produits sont un danger pour leur santé. Ce qui constitue un risque encore plus élevé de voir le nombre de consommateur évolué et même le taux de malades en hausse dans la ville de Maroua. Dès lors, pendant ces enquêtes sur le terrain on a rencontré au moins un consommateur souffrant d'une de ces pathologies dans chaque quartier. En effet, la consommation du tramol dans la ville de Maroua est alarmante parce qu'on enregistre les décès aussi bien les hôpitaux que dans les quartiers. Les quartiers tels que Mbarmaré Domayo et Dougoi ont respectivement un taux de prévalence de 10%, 8% et 7% de la consommation du tramol. Toutefois, il est important de présenter quelques caractéristiques physiologiques d'un consommateur de tramol afin de mieux cerner les effets visibles du tramol sur la santé humaine.

3.4. Caractéristiques physiologiques des consommateurs des médicaments dopants dans la ville de Maroua

Tout médicament a une dose journalière et une durée de traitement déterminée par le médecin qui suit un malade. Cependant certaines maladies à l'instar du cancer et du diabète nécessitent la prise de médicaments à vie. Concernant les médicaments dopants retrouvés dans la ville de Maroua, ils sont pour la plus part de la famille des anxiolytiques. De ce fait, ils doivent obligatoirement être prescrits par un médecin et le pharmacien en vendant exige également l'ordonnance médicale signée par le médecin. Aussi, la durée d'un traitement à base de ce type de médicament doit être la plus réduite possible à cause du caractère dangereux de ce produit lorsqu'il est pris tout le temps. Or, les toxicomanes médicamenteux ne respectent ni la dose, ni la durée étant donné même que la plus part d'entre eux qui en consomment ces produits ne sont pas déclarés malades. A cet effet, la prise exagérée des médicaments dopants tels que le diazépam et le tramol leur confèrent des caractéristiques physiologiques bien spécifiques à eux. Ainsi, le tableau XV ressort la quantité de médicaments consommée par un individu et par jour.

Tableau XV. Quantité de médicament consommé par jour et par individu

Quantité du comprimé

Nombre de personne

Pourcentage

1-10

30

65%

10-20

12

26%

20-30

8

8%

Total

50

100%

Source : Enquêtes de terrain, mars 2016.

L'analyse du tableau XV permet de constater la gravité de la situation de la consommation abusive des produits dopants dans la ville de Maroua. Ainsi, 26% de personnes consomment 10 à 20 comprimés par jour, ce qui est extrêmement dangereux pour la santé, il y a même ceux qui en consomment 20 à 30 comprimés par jour. A cause donc de cette consommation abusive, ces personnes ont des caractéristiques physiologiques et psychologiques propres à eux qui convient de relever.

3.4.1. Manque de raisonnement chez les consommateurs du tramol et du Diazépam

Les médicaments dopants consommés par certaines personnes ont des effets psychoactifs, c'est-à-dire qu'ils ont des effets notoires sur la perception et la conscience du consommateur. Il est important de signaler que 38% de ces consommateurs n'ont jamais été à l'école. De ce fait, ils ont de façon naturelle un niveau de raisonnement bas qu'ils aggravent encore plus avec la consommation des médicaments dopants tels que le diazépam qui altère davantage leurs fonctions psychologiques. Ce qui va ainsi entraîner une altération du fonctionnement intellectuel et comportemental de l'individu consommateur : l'humeur, le jugement et le contrôle social peuvent être atteints, de même que diverses fonctions physiologiques. Ainsi, les consommateurs se font remarqués par un trouble de comportement et un manque de logique dans leur raisonnement. Ils ont des difficultés à avoir une conversation logique dans leurs déclarations. De ce fait, ils mélangent plusieurs sujets à la fois lorsqu'ils parlent. Cependant, les troubles psychiques ne sont pas les seuls caractéristiques physiologiques des consommateurs.

3.4.2. Déséquilibre physique des consommateurs des médicaments dopants

Il a été remarqué chez la plus part des toxicomanes un déséquilibre physique (68% des personnes enquêtées). En effet, ces toxicomanes donnent l'impression de ne pas tenir sur leurs deux jambes lorsqu'ils marchent et lorsqu'ils parlent. Ceux qui ont ces symptômes sont les personnes qui pour la plupart consomment plus de 10 comprimés de ces médicaments et ce, depuis plus de 10 ans déjà. Ainsi, le manque d'équilibre physique apparait sur une longue durée de consommation.

3.4.3. Association avec d'autres produits dopants tels que le cannabis

Les consommateurs des médicaments à des fins dopants ont généralement des « yeux rouges » parfois dû à l'association de ces médicaments avec d`autres substances tels que le cannabis qui est également très consommé dans la ville de Maroua. 60% des consommateurs des produits dopants avoués qu'ils mélange ces médicaments au cannabis. C'est-à-dire que lorsqu'ils ont un travail à effectuer, ils consomment le tramol et fument le cannabis quelques minutes avant le début de leur travail. Toutefois, les conséquences socio-sanitaires de l'association des médicaments aux autres produits sont multiples. L'association du tramol au cannabis entraine des effets maniaco-dépressifs accompagnés des violences. En effet, les personnes qui les associent sont celles-là qui sont atteintes de folies et de manque de raisonnement (enquêtes de terrain).

Conclusion

La toxicomanie médicamenteuse ou la consommation des médicaments dopants dans la ville de Maroua est un phénomène dont les conséquences sur la santé du consommateur sont visibles. Les médicaments dopants entrainent des effets néfastes sur la santé humaine lorsqu'ils sont consommés sans avis médicale. Or ces derniers ont été pour le traitement des maladies bien spécifiques telles que l'anxiété, les douleurs cancéreuses et les troubles érectiles. Ainsi, le médicament le plus consommé dans la ville de Maroua étant le tramol soit un pourcentage de 52%. L'évaluation des conséquences de ce produit sur la santé des consommateurs a été faite. C'est alors qu'il a été constaté que ce produit entraine des conséquences à long et à court termes. Les premières sont celles qui favorisent la pharmacodépendance à l'instar de la dépendance physique et la dépendance psychique pouvant conduit à un comportement maniaco-dépressif c'est-à-dire à la folie. Parlant toujours des dégâts causés par la consommation du tramol à long terme, on observe une réduction de l'espérance de vie chez le consommateur qui est de 45 ans, or la moyenne est de 60 et 65 ans respectivement chez les Hommes et Femmes. Les secondes conséquences quant à elles se manifestent immédiatement après la prise abusive du tramol. Il s'agit des manifestations telles que la sédation et les convulsions (40%), risque d'AVC (13%) et les effets respiratoires (10%). Alors, sachant que la tranche d'âge la plus atteinte est de 20 à 40 ans soit 90% de la population enquêtée il est nécessaire d'élaborer un plan de lutte contre la contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua.

Chapitre 4. Stratégies de lutte contre la contrebande des médicaments dopants

Introduction

La consommation des médicaments dopants dans la ville de Maroua étant un phénomène qui révèle de la santé publique, il convient donc de développer des stratégies qui permettront non seulement de limiter l'entrée frauduleuse de ces médicaments dans la ville de Maroua, mais aussi de trouver des solutions afin de minimiser la consommation de ces produits et de trouver de moyens de prendre en charge les consommateurs qui présentent déjà des conséquences néfastes liées à la toxicomanie médicamenteuse. A cet effet, ce chapitre consiste à apporter des solutions fiables, concrètes au problème de la contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua. Il sera donc question de présenter les différents acteurs et leurs politiques dans la lutte contre la vente des médicaments dopants. Il s'agit de ceux qui luttent contre la vente illicite des médicaments dopants dans la ville de Maroua. Toutefois, le constat qui se dégage est tel que ces politiques bien élaborées ne sont malheureusement pas appliquées sur le terrain vu le nombre sans cesse croissant de ces médicaments vendus dans les différents marchés et même dans les rues de la ville de Maroua. Il s'agit ici de montrer les causes des limites de ces différentes politiques. Alors, pour apporter un plus à tout ce qui a été précédemment dit, de nouvelles stratégies sont proposées pour lutter non seulement contre la contrebande des médicaments dopants mais aussi contre leur consommation.

4.1. Différents acteurs et leurs politiques de lutte contre la commercialisation des médicaments dopants de contrebande

Face à la montée dramatique de la vente illicite des médicaments dopants de contrebande dans les villes camerounaises en général et à Maroua en particulier, plusieurs acteurs tels que l'Etat, le ministère de la santé publique, l'ordre national des pharmaciens, la police et les autorités communales ont mis sur pieds de nombreuses politiques qui luttent contre la vente illégale des psychotropes.

4.1.1. Actions de l'Etat camerounais dans la lutte contre la vente des médicaments dopants de contrebande à Maroua

Le Cameroun s'est joint à la communauté africaine en Mars 2010, pour célébrer la 6e journée de lutte contre la vente illicite des médicaments ayant pour thème « Sensibilisation de la mère et de l'enfant aux dangers du marché illicite du médicament en Afrique francophone ». C'est dans le même ordre d'idée qu'au regard des dégâts que causent les médicaments dopants, les Nations unies ont institué depuis dix ans déjà, une journée (le 28 mai de chaque année) visant à soutenir la campagne de sensibilisation des populations sur les dangers du médicament de la rue. Ainsi, à Maroua les autorités sanitaires et du Commerce notamment, ont marqué cette célébration par des saisies sporadiques des médicaments vendus illicitement. Par exemple, le 30 avril 2016 à 7h a eu lieu une descente des forces de l'Ordre dans le quartier Mbarmaré afin de saisir les nombreux vendeurs des médicaments dopants présents dans ce quartier. Un scénario auquel l'on assiste depuis cinq (05) années et l'on se demande s'il est vraiment efficace. Puisque dès le passage des autorités, les étals refont surface aux abords des rues. Or selon les statistiques de l'OMS, un médicament sur cinq vendu est périmé, détérioré ou de mauvaise qualité. L'Etat camerounais lutte toujours contre la vente illicite des médicaments dopants à Maroua à travers ses différents Organes tels que la délégation régionale de la santé publique.

4.1.2. Rôle de la Délégation régionale de la santé publique dans la saisie des médicaments dopants auprès des vendeurs à Maroua

Selon les données obtenues à la Délégation Régionale de la Santé Publique, près de 40% des médicaments dopants vendus dans la rue de Maroua proviennent de la contrebande, le circuit illicite représentant entre 20 et 25 % du marché du médicament local. L'approvisionnement des revendeurs en association avec les dépôts de médicaments par les grossistes et les pharmaciens est formellement interdit. Seuls les pharmaciens et les établissements hospitaliers sont habiletés à importer les produits dopants. Tout médicament ou produit, stocké vendu en violation de la présente décision sera saisi et détruit par les autorités administratives compétentes. Ce qui leur a permis de réaliser déjà quatre (04) en 2008 opérations de saisie et la destruction des médicaments et produits pharmaceutiques contrefaits vendus dans les rues de Maroua. Toutefois, les pharmaciens des différentes pharmacies de la ville de Maroua jouent un rôle non négligeable en sensibilisant les consommateurs des produits dopants de contrebande des conséquences auxquelles ils sont exposés.

4.1.3. Rôle de l'ordre national des pharmaciens du Cameroun dans la sensibilisation des consommateurs sur les conséquences des médicaments dopants de contrebande sur la santé

La profession de pharmacien est régie par l'ordonnance n°60-26 du 21 Mars 1960, art 71 (annexe 4), portant organisation au Cameroun l'exercice de la pharmacie. Dans la ville de Maroua, il n'existe pas un bureau véritable du CNOP, mais d'après M. Tiyou Pierre de la pharmacie du Centre, cette structure a son représentant à la Délégation Régionale de la Santé Publique de l'Extrême-Nord. Cette structure participe à la sensibilisation des populations sur les risques liés à l'utilisation des médicaments illicites. Elle interpelle le gouvernement sur les problèmes posés par le marché des médicaments dopants de contrebande. Des réunions, des semaines de sensibilisation sur les dangers liés à la consommation de ces médicaments sont faites par les professionnels de santé à travers plusieurs séminaires à Maroua, dont le plus récent fut tenu le 08 Avril 2016.

Ainsi, l'Ordre national des pharmaciens et les pouvoirs publics lancent régulièrement des campagnes nationales de sensibilisation des populations sur les dangers relatifs à la consommation et à la commercialisation des produits pharmaceutiques de la rue dans la ville de Maroua. Elle ambitionne, à défaut de l'éradiquer, au moins de limiter le phénomène récurrent des faux médicaments et des psychotropes dans la ville de Maroua. A cet effet, les pharmaciens constituent également une catégorie d'acteurs engagés dans la lutte contre la vente illicite des médicaments dopants. Lors des entretiens avec les pharmaciens de la ville de la Maroua, 90% d'entre eux font comprendre que désormais, ils luttent contre ce phénomène à travers la sensibilisation de chaque patient dont ils suivent. Ainsi, leurs actions sont à prendre en compte dans les stratégies employées pour éradiquer la consommation des médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua. Toutefois la même perspective, les actions des Forces de l'Ordre sont aussi à saluer.

4.1.4. Forces de l'ordre et les autorités communales dans la lutte contre les médicaments dopants de contrebande

Dans la ville de Maroua, la politique de lutte contre le phénomène de la vente illicite des médicaments de menée par les forces de l'ordre et les agents de commune urbaine de Maroua s'effectue à travers les saisies et les destructions de ces médicaments. Il est important ici de noter qu'un accent particulier est ainsi mis sur la vente illicite des psychotropes tels que le tramol. De lourds impôts et amandes sont demandés aux vendeurs dans le but de les décourager à mener cette activité.

Cependant, nonobstant les politiques mises sur pied par les différents auteurs dans la lutte contre la vente illicite des médicaments dopants dans toutes les rues des villes camerounaises, le constat est que celles-ci présentent des insuffisances à travers un bon nombre de facteurs qui favorisent ou encouragent plutôt la circulation de ces médicaments de contrebande dans toute la ville dans la mesure où ces médicaments nuisibles à la santé continuent de faire bon marché et de cela, malgré la connaissance des causes de certains consommateurs ainsi qu'au vu et au su des autorités de la ville de Maroua.

4.1.5. Rôle mitigé des populations de Maroua dans la lutte contre la contrebande des médicaments dopants

Les populations de la ville de Maroua conçoivent la pratique de la contrebande de façons différentes. Nous avons d'un côté, 60% des personnes que nous avons interrogés qui condamnent ces pratiques car leurs proches sont victimes des conséquences des maladies causées par la consommation des médicaments dopants de contrebande à Maroua. Aussi, elles contribuent à lutter contre la consommation de ces produits en sensibilisant les personnes autour d'elles sur les méfaits du tramol par exemple sur la santé humaine (enquêtes de terrain, avril 2016). Par contre, une catégorie de population est indifférente par rapport au fléau de consommation des médicaments dopants de contrebande à Maroua (40%). A cet effet, après un entretien ces 40%  trouvent que chacun est libre de consommer ces produits et de ce fait, elles ne peuvent pas aider les autorités sanitaires et administratives à lutter contre cette contrebande.

4.2. Limites des mesures prises par les acteurs dans la lutte contre la vente des médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua

L'ensemble des mesures présentées souffrent de multiples déficits qui sont eux aussi favorisés par un certain nombre de facteurs qui contribuent à la prolifération des psychotropes sur les marchés de Maroua. La qualité de ces médicaments étant douteuse, il convient donc de repérer les insuffisances des mesures prises par le gouvernement avec précision pour leur permettre de déceler les problèmes posés par cette contrebande et de mettre en place des programmes efficaces pouvant faire disparaître ces circuits frauduleux de distribution des médicaments dopants. Nous allons en étudier quelques-uns.

4.2.1. Absence ou faiblesse des autorités régionales de réglementation pharmaceutique dans la lutte contre la vente des médicaments dopants de contrebande à Maroua

Les compétences du conseil national de l'ordre des pharmaciens du Cameroun et laboratoire national de contrôle de qualité (LANACOM) jouent un rôle crucial pour évaluer la qualité des médicaments importés et inspecter correctement l'origine de production. L'insuffisance, la faiblesse ou l'inefficacité des contrôles réglementaires favorisent l'importation et la distribution de médicaments sans surveillance, ce qui favorise la prolifération des médicaments dopants de contrebande dans les circuits de distribution à Maroua. Elle stimuler également l'apparition des marchés illicites qui, à leur tour, accentuent la promotion et la commercialisation de ces médicaments. Il y'a également une incapacité des pharmaciens de lutter efficacement contre le phénomène de contrebande des médicaments dopants à Maroua. En effet, ils n'ont pas les moyens leur permettant de faire des descentes sur le terrain à la saisie des médicaments de prescription qu'on retrouve dans les marchés de Maroua.

4.2.2. Manque de rigueur dans l'application de la législation existante face à la vente des médicaments dopants de contrebande à Maroua

Le manque de rigueur dans l'application de la loi favorise la perpétration de délits comme la contrebande, la crainte de se faire arrêter et poursuivre étant alors faible. De plus, le mépris des droits des marques commerciales favorise la circulation des médicaments de mauvaise qualité à grande échelle.

4.2.3. Faiblesse des sanctions pénales, corruption et conflits d'intérêts dans la lutte contre la vente des médicaments dopants de contrebande à Maroua

L'absence, ou la clémence des sanctions pénales punissant les violations de la législation pharmaceutique peuvent inciter à la contrebande. La corruption et les conflits d'intérêts dans la lutte contre la vente des médicaments dopants de contrebande à Maroua nuisent à l'efficacité du CNOP et du personnel chargé de faire respecter la loi. Les personnes responsables de contrebande ont alors la possibilité d'échapper aux arrestations, aux poursuites et aux condamnations.

4.2.4. Insuffisance des moyens à louer au service de douane dans la lutte contre la contrebande des médicaments dopants à Maroua

Les services de douane de Maroua compte 60 agents de terrain, ce qui du point de vue du Commandant des Douanes de la Subdivision Commerciale est insuffisant pour mener à bien leur travail. De même, il a également souligné l'insuffisance des moyens de transport qui acheminer les marchandises saisies jusqu'aux services des douanes. Or étant un service de contrôle par excellence de toutes les marchandises qui sont importées et exportées au pays en passant par les frontières camerounaises, la douane est confrontée à plusieurs difficultés parmi lesquelles l'insuffisance des véhicules mis à leur disposition et le manque du personnel.

En effet, selon le commandant de subdivision commerciale des douanes de la Région de l'Extrême-Nord, le nombre de véhicule disponible dans l'exercice de leur fonction pose des problèmes dans la mesure où pendant les opérations de saisie des médicaments en grande quantité au niveau des frontières, le seul véhicule à leur possession ne leur permet pas de transporter toutes les marchandises jusqu'au poste des douanes. Ceci étant, ils nécessitent une augmentation du nombre de véhicule. Pour ce qui est du personnel, ce déficit est dû à l'irrégularité du recrutement des éléments des douanes. A ces problèmes s'ajoute également un manque de matériels sophistiqués pouvant détecter à distance la présence des produits illicites. Il s'agit là des matériels modernes déjà utilisés par les douanes françaises qui, peuvent également nous aider compte tenu du contexte d'insécurité dans laquelle on se trouve. Toutefois, la jeunesse étant le fer de lance de la nation, quelques suggestions sont proposées dans le but de limiter considérablement la toxicomanie médicamenteuse dans la ville de Maroua.

4.3. Quelques suggestions pour limiter la consommation des médicaments dopants dans la ville de Maroua

Comme tous les Etats africains en général et au Cameroun en particulier notamment dans la ville de Maroua, la réduction du nombre de toxicomanes se pose avec acuité. Ainsi, pour apporter une modeste contribution à travers ce travail, il sera judicieux de faire quelques propositions pouvant permettre à l'Etat de mobiliser les ressources nécessaires pour éradiquer ce fléau. Notamment favoriser la scolarisation des jeunes dans la ville de Maroua, de mettre sur pieds un système de contrôle de tous les médicaments qui circulent dans les villes camerounaises en général, créer les aires de divertissement et déployés les moyens nécessaires aux autorités sanitaires afin de lutter contre la vente illicite de ces médicaments.

4.3.1. Favoriser la scolarisation des jeunes consommateurs de Maroua

Les toxicomanes médicamenteux ont un niveau scolaire très bas. De ce fait, ils ne sont pas avertis sur les dangers qu'ils courent lorsqu'ils consomment les médicaments dopants. A cet effet, réussir à éradiquer le phénomène de consommation des médicaments dopants dans les villes camerounaises en général et à Maroua en particulier nécessite avant tout à favoriser l'augmentation du niveau scolaire des jeunes en général. En effet, on note de grandes disparités régionales en matière d'éducation. Les régions du Grand-Nord (Adamaoua, Nord et Extrême-Nord) présentent des retards dans la scolarisation des enfants, par rapport au reste du pays ; c'est dans ces régions qu'on retrouve les plus faibles taux, inférieurs à la moyenne nationale. En outre, c'est aussi dans ces régions qu'on observe les écarts les plus prononcés entre garçons et filles en matière de scolarisation. Dans l'Extrême-Nord par exemple, le taux net de scolarisation des garçons est de 59,4% et celui des filles de 42,6?. Tandis que dans les autres régions ces écarts sont moins prononcés, et parfois même à la faveur des filles. Dans le Centre par exemple, on relève un taux net de scolarisation de 96,1% chez les garçons contre 94,9% chez les filles. Dans le Sud, il est respectivement de 94,9? et 96,6? et à l'Ouest de 95,2? et 95,8?, (BUCREP, 2010). Ainsi, augmenter le taux de scolarisation dans cette partie du Cameroun revient à réduire le nombre de toxicomanes dans la ville de Maroua. D'où la nécessité de favoriser l'accès aux établissements scolaires aux jeunes de cette ville. Car d'après l'organisation des Nations Unies pour l'Enfance, l'éducation constitue un droit fondamental indispensable au développement de l'individu et de la société, et nécessaire au bien-être (UNICEF, 2007).

4.3.2. Mise sur pied d'un système de contrôle de tous les médicaments qui circulent à Maroua

La mise sur pieds d'un système de contrôle systématique des médicaments qui entrent sur le sol camerounais est très important dans la lutte contre la consommation et la vente des médicaments de la rue dans les villes camerounaises en générale et à Maroua en particulier. En effet, il a été constaté que la contrebande des médicaments dopants jouit d'un certain nombre de laisser aller. En effet, on constate également que les contrebandiers ne subissent pas souvent des contrôles stricts lorsqu'ils acheminent leurs produits sur les marchés des différentes villes camerounaises. De plus, Maroua étant une ville à proximité du Nigéria, l'Etat doit donner aux agents de la Douane les moyens de bien contrôler et de saisir toutes les marchandises dont la vente et la consommation sont interdite au Cameroun.

L'aspect le plus important de cette lutte est le caractère laxiste des mesures prises par l'Etat camerounais dans la lutte contre ce fléau. Ainsi, les vendeurs des médicaments de la rue et des médicaments dopants ne sont pas inquiétés car, il n'y a pas de lourdes poursuites pénales contre leur activité. De ce fait, l'Etat Camerounais doit impérativement prendre des mesures encore plus strictes contre les vendeurs des médicaments de la rue en général. Mais on doit prendre en compte le fait que la majorité des camerounais sont pauvres et c'est la principale raison pour laquelle la plus part des gens se trouvent dans la rue à acheter les faux médicaments issus de la contrebande. Ainsi, l'Etat doit prendre des dispositions pour réduire les prix des médicaments dans les hôpitaux et dans les pharmacies. Pour ceux-là qui ont fait de la vente des médicaments de la rue leur métier, l'Etat doit amèner ces vendeurs à se conformer aux normes officielles de la pharmacie, c'est-à-dire qu'il faut leur faire subir une formation initiative en pharmacie et les amener aussi à se ravitailler dans les circuits officiels.

Si l'Etat applique ces mesures élaborées, en ce moment-là on peut être sûr que tous les médicaments circulent dans les villes camerounaises en générale et à Maroua en particulier sont des médicaments d'origine fiable. La suite de nos propositions s'articule autour de la question des médicaments de prescriptions qui sont des produits très pour la santé lorsqu'ils sont vendus et consommation sans avis médicale. Pour pallier donc à ce problème, il faut avant tout exiger à chaque vendeur des produits psychotropes de demander la prescription médicale à chaque consommateur avant de lui vendre ces produits. A partir de là donc on va avoir une traçabilité sur la raison de la consommation, le médecin qui a prescrit le produit en question et la durée du traitement.

4.3.3. Création des aires de divertissement pour varier les loisirs des jeunes afin de réduire le taux d'anxiété pouvant conduire à la consommation des produits dopant à Maroua

D'après les chiffres issus des enquêtes sur le terrain, 8,51% des consommateurs des médicaments dopants font recours à ces produits pour soulager leurs soucis. En effet, les gens de plus en plus se sentent noyer par les soucis. Pour aider cette catégorie de consommateurs, il est nécessaire de créer les centres de loisirs tels que les terrains de football, les salles de cinéma, les espaces touristiques. En fait, il faut diversifier les centres de loisirs afin que chacun puisse avoir le choix sur le loisir qui l'intéresse. Or la ville de Maroua n'a pas développée cette culture. De ce fait, les gens n'ont pas assez d'issus lorsqu'il faut se détendre et oublier ses soucis.

4.3.4. Donner les moyens nécessaires aux autorités sanitaires de lutter contre la vente illicite des médicaments dopants

Pendant les enquêtes sur le terrain, il a été remarqué une absence des autorités sanitaires dans la lutte contre la vente illicite des médicaments de la rue en général et des médicaments dopants en particulier. Il ressort que la lutte contre la vente illicite des médicaments de la rue ne relève pas de leur compétence. Ainsi, l'Etat et la commune urbaine de Maroua doivent donnent les moyens aux autorités sanitaires afin que ces derniers puissent lutter contre la vente illicite des médicaments dopants dans la ville de Maroua. En dehors des acteurs locaux qui luttent contre la vente illicite des médicaments dopants, il y'a également les acteurs à l'échelle Mondiale et Régionale.

4.4. Acteurs Mondiaux et Régionaux de lutte contre la contrebande des médicaments dopants

Le trafic et la consommation des stupéfiants est fléau mondial. En effet, après avoir constaté une augmentation de ces pratiques, l'ONU a créé des organes spécialisés tels que l'OICS, L'UNODC chargés de lutter contre ce phénomène à l'échelle mondiale. Ces deux organes organisent généralement des opérations de saisies des stupéfiants dans de nombreux pays à travers le monde. C'est dans le cadre de ces opérations que l'UNODC a mené une descente sur le terrain à Lagos au Nigéria où une industrie pharmaceutique de fabrication des amphétamines clandestine a été démantelée en 2012.

Dans le cadre de la Commission de l'Union Africaine, l'ONUDC a concouru à l'élaboration du Plan d'action de l'Union africaine sur la lutte contre la drogue 2003-2017, qui a été adopté à la cinquième session de la Conférence des ministres chargés de la lutte contre la drogue et de la prévention du crime de la Commission, tenue en octobre 2012 à Addis-Abeba (Éthiopie). Ces mesures sont prises parce que les réseaux internationaux de trafic de drogues se tournent de plus en plus vers l'Afrique pour faire transiter et stocker des drogues illicites à grande échelle. Ces organisations illégales font preuve de beaucoup de souplesse et d'ingéniosité dans leurs procédés de production et de distribution. De plus, selon les experts, la consommation du tramol a fortement augmenté, en particulier dans la région du Sahel. Bien que la dose prescrite ne dépasse pas souvent les 50 mg, les saisies récentes effectuées dans la région ont porté généralement sur des dosages excessifs de 100, 120, 125, 200, 225 ou 250 mg. D'après les données communiquées par un certain nombre de ports et d'aéroports indiens, 157 envois non autorisés de tramadol ont été effectués en 2012 de l'Inde vers l'Afrique de l'Ouest. Ce nombre est passé à 882 en 2013, soit une hausse de 560 % par rapport à 2012, tandis qu'entre janvier et mi-avril 2014, 232 envois ont été signalés (UNODC, 2014).

Conclusion

Le chapitre qui porte sur les propositions des solutions visant à éliminer la contrebande des médicaments dopants de contrebande à Maroua amène dans un premier temps à constater et à présenter les mesures et les politiques prises par les différentes autorités (Etat, Ministère de la santé, Ordre national des pharmaciens du Cameroun, force de l'ordre et autorités communales). Ce faisant, après la présentation des différents acteurs et leurs méthodes de lutte contre la vente illicite des médicaments dopants de contrebande, l'évaluation de ces mesures a été faite. C'est-à-dire, questionner la pertinence et l'efficacité des mesures prises par ces autorités. A cet effet, on s'est rendu compte que la contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua jouit d'un certain nombre de privilège qui lui permet non seulement de subsister, mais aussi d'évoluer car il a été constaté qu'il s'agit d'un phénomène qui va prendre encore beaucoup d'ampleur si rien n'est fait pour l'éradiquer. A cet effet, plus de la moitié des vendeurs des médicaments enquêtes ne sont inquiétés ni par les autorités sanitaires, encore moins par les forces de l'ordre ou les autorités communales. Cependant, face aux faiblesses ou déficits que présentent les mesures des autorités de la ville de Maroua, des propositions ont été faites qui permettront de trouver une solution idoine entre les vendeurs des médicaments, les consommateurs, les pharmaciens et les autorités administratives camerounaises en général. Ces solutions vont ainsi permettre d'assainir et d'avoir une bonne traçabilité sur la qualité des médicaments vendus dans les rues de la ville de Maroua, mais aussi sur la vente des médicaments psychotropes. Car, la vente de ces produits sera soumise à la présentation d'une ordonnance médicale.

Conclusion générale

Au terme de notre analyse où il était question la contrebande des médicaments dopants et ses effets sur la santé des consommateurs dans la ville de Maroua, il ressort que la vente illicite de ces médicaments constitue un véritable phénomène de société dans les villes camerounaises en général et dans celle de Maroua en particulier. Il s'agit d'un trafic très complexe dans la mesure où plusieurs facteurs alimentent le circuit des médicaments de contrebande, dont le principal facteur qui le favorise est la porosité des frontières entre l'Extrême-Nord du Cameroun et le Nigéria. Ce dernier étant le pays d'origine des médicaments dopants que l'on retrouve dans toutes les rues de la ville de Maroua, le Nigéria abrite des entreprises pharmaceutiques clandestines qui fabriquent des psychotropes tels que les amphétamines et le tramol ; ces entreprises ont été découverts dans la ville de Lagos (OICS, 2012). De plus, les produits fabriqués par ces entreprises ne présentent pas le nom du fabricant encore moins la notice de posologie. Il s'agit de ce fait des produits contrefaits nocifs pour la santé des consommateurs. Cependant, il n'y a une autre quantité importante de ces produits que le Nigéria importe depuis les pays d'Asie tels que la chine et l'Inde.

L'acheminement de ces produits se faisait jadis par les frontières de Banki-Amchidé, mais aussi par la ville frontalière de Gambaru. Par ailleurs, depuis l'avènement de l'insécurité par la secte Boko-Haram, les contrebandiers empruntent la route de Mubi-Jimeta-guider-Maroua. Les méthodes adoptées par les contrebandiers pour transporter leurs marchandises à Maroua sont multiples. Ainsi, les contrebandiers transportent généralement ces médicaments de mauvaises qualités dans les gros porteurs transportant les marchandises légales à l'intérieur desquelles les médicaments dopants sont dissimulés afin de tromper la vigilance des douaniers et autres contrôleurs. Il est également important de rappeler que certaines pistes frontalières sont utilisées par les trafiquants des médicaments dopants pour conduire leurs produits à Maroua. Une fois arriver dans la ville de Maroua, les grossistes livrent également leurs marchandises aux détaillants qui se trouvent dans les environnantes.

Le recours à ces produits dopants est intégré aux moeurs dans la mesure où, une fois que ces médicaments arrivent dans cette ville, la distribution se fait par chaîne. Ici, les grossistes situés au marché central ravitaillent les détaillants situés dans les autres marchés et dans les différents quartiers de la ville. Ceux-ci à leur tour livrent aux vendeurs ambulants qui à l'aide de leurs vélos satisfont la population autant dans les zones rurales qu'urbaines. Les consommateurs des produits dopants sont en majorité celles qui pratiquent les activités qui exigent beaucoup d'efforts physiques ; comme les pousseurs, les chargeurs et déchargeurs. Cependant il y a également une grande partie des populations de Maroua qui font appelle à ce produit pour avoir des rapports sexuels.

A cet effet, la consommation abusive des médicaments dopants présente un grand danger la santé humaine. De multiples conséquences liées à la consommation du tramol par exemple ont été relevés. Les effets de la consommation de ce produit se repartissent en deux : les effets à long et à court termes. Parmi les effets à court terme ou effets immédiats, on a les convulsions les risques d'AVC, alors que les effets à long terme sont beaucoup plus sévères que ça. Les principaux effets à long terme sont entre autres la dépendance (physique et psychique) les comportements maniaco-dépressifs. Afin de mieux cerner la répartition spatiale de la contrebande des médicaments dopants, nous avons dans un premier temps effectués un tableau qui présente les quartiers des consommateurs en fonction de leur tranche d'âge. Ensuite, nous avons effectués une carte des points de vente de ces produits dans la ville de Maroua. Enfin, une carte qui présente les différentes pathologies liées à la consommation des médicaments dopants dans la ville de Maroua.

Face à la montée de ce phénomène, le gouvernement camerounais à travers ses différents démembrements (ministère de la santé, force de l'ordre et commune) a pris des mesures visant à limiter l'expansion de ce phénomène. Dans les villes de Yaoundé et Douala par exemple, il y a souvent eut des opérations des forces de l'ordre et des autorités sanitaires sur le terrain afin d'effectuer les saisies des dits médicaments (Biena et al., 2010). Cependant, le constat est que ces mesures manquent de rigueur et de sérieux car on rencontre dans la plus part des villes camerounais en générale et dans les rues de Maroua en particulier les vendeurs des médicaments dopants qui effectuent leurs activités sans aucune inquiétude. A Maroua, depuis les opérations de saisies des médicaments en 2008 par les autorités sanitaires, on note aujourd'hui une inertie de leur part dans la lutte contre la illicite des médicaments dopants à Maroua. Plus en grave encore, les vendeurs des médicaments dopants en gros ont même des boutiques qu'ils louent auprès de la communauté urbaine de Maroua au marché central. Ce qui permet de conclure que cette activité est désormais dépénalisée ; car lors des enquêtes sur le terrain, avant de questionner les vendeurs des médicaments installés au marché central, une permission auprès du chef du marché qui couvre ces vendeurs a été délivrée. Après tous ces constats amères, des propositions qui non seulement vont limiter la consommation des médicaments dopants dans la ville de Maroua, mais aussi va résoudre le problème de contrefaçon des médicaments dans l'ensemble ont été faites. A cet effet, nous rentrons dans la logique selon laquelle chaque Pays, chaque ville va se développer selon ses spécificités. Ainsi, le chômage et la pauvreté sont étant des faits sociaux qui minent la ville de Maroua, associés aux prix élevés des médicaments en pharmacies nous avons pensés qu'il n'est pas nécessaire d'interdire radicalement la vente des médicaments de la rue à Maroua. Parce que si on le fait, le taux du chômage dans cette ville sera revu à la hausse et il n'y aura également un impact sur le pouvoir d'achat des populations de cette ville en produits pharmaceutiques.

De ce fait, plusieurs suggestions ont été faites à l'Etat camerounais assainisse cette activité dans un premier temps à travers la baisse conséquente des prix des médicaments de tel sorte que chaque personne soit capable de s'acheter les médicaments lorsqu'elle est malade. Ensuite, l'Etat propose une formation d'initiation en pharmacie afin que les vendeurs des médicaments de la rue aient des bases de conservations de distribution et de dispensation des produits pharmaceutiques au patient. Enfin l'Etat doit faire des contrôles systématiques de tous les produits qui entrent non seulement dans notre territoire, mais aussi dans les rues de nos villes en générale et celles de Maroua en particulier. Ainsi, les vendeurs des médicaments de la rue doivent d'approvisionner dans les circuits officiels que l'Etat va gérer. Concernant les produits psychotropes, leurs ventes dans la rue doit de ce fait être effectué après la présentation de l'ordonnance médicale par le consommateur. Ainsi, si ces mesures sont prises, on est certain que les médicaments qui vont circuler dans rues seront des médicaments de qualité, mais aussi leur vente sera très minutieuse.

Références bibliographiques

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Diplômes

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Articles

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http://www.who.int/medicines/technical_briefing/tbs/2010_impactcounterfeit_rdg_prs/fr/, consulté le 17 mars 2016

ANNEXE

Annexe 1. Loi relative à l'exercice et à l'organisation de la profession de médecine
Loi relative à l'exercice et à l'organisation
de la profession de médecin
Loi N° 90-36 du 10 août 1990

Loi N° 90-36 du 10 août 1990 Relative à l'exercice et à l'organisation de la Profession de Médecin
Article premier
. -- La présente loi et les textes pris pour son application réglementent l'exercice et l'organisation de la profession de médecin.

Chapitre III. - De l'exercice illégal de la profession de médecin
Art. 16. -- Est reconnu coupable d'exercice illégal de la médecine :
1 - Tout praticien qui exerce son art sous un pseudonyme ou qui donne des consultations dans des locaux à usage commercial où sont vendus des appareils qu'il prescrit ou utilise ;

2 - Toute personne non habilitée qui, même en présence d'un praticien, prend part habituellement ou par direction suivie, à l'établissement de diagnostics ou aux traitements d'affections par actes professionnels, consultations ou par tous autres procédés :

3 - Tout praticien qui exerce son art en infraction aux dispositions de l'article deux (2) ci-dessus ou qui prête son concours aux personnes non habilitées ;
4 - Tout praticien qui exerce son art en dépit d'une peine d'interdiction temporaire ou définitive dont il est l'objet.

Art. 17. -- (1) Sans préjudice des sanctions administratives, disciplinaires ou pénales plus sévères, toute personne reconnue coupable d'exercice illégal de la profession de médecin est passible d'un emprisonnement de six (6) jours à six (6) mois et d'une amende de 200 000 à 2 000 000 de F ou de l'une de ces deux peines seulement.
2) Le tribunal peut, le cas échéant, prononcer la confiscation du matériel ayant servi à la commission de l'infraction et la fermeture de l'établissement.

(3) Toute personne reconnue coupable d'infraction à la présente loi cesse immédiatement son activité. En outre, la fermeture de son cabinet ou de sa clinique peut être ordonnée par le Conseil de l'Ordre indépendamment de toute décision judiciaire.
Art. 18. -- Le Conseil de l'Ordre peut saisir la juridiction d'instruction ou la Juridiction de jugement ou le cas échéant, se constituer partie civile dans toute poursuite intentée par le ministère public contre toute personne inculpée ou prévenue d'exercice illégal de la profession de médecin. /p. 55/ Titre II. - De l'ordre national des médecins.

Art. 19. -- L'Ordre National des Médecins ci-après également désigné l'Ordre, institué par l'article 1 er de la loi n° 80-07 du 14 juillet 1980 comprend obligatoirement tous les médecins exerçant au porte, à l'exclusion de toute considération d'opportunité, sur la seule conformité du dossier à la Loi n° 90-036 du 10 août 1990 susmentionnée, au présent décret, au règlement intérieur et/ou au Code de déontologie de la profession.

Art. 38. -- Sont abrogées toutes dispositions antérieures contraires, notamment celles du décret n° 82-231 du 17 juin 1982 fixant les modalités d'exercice de la profession de médecin en clientèle privée.

Art. 39. -- Le Ministre chargé de la Santé publique et le Conseil de l'Ordre sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret qui sera enregistré et publié suivant la procédure d'urgence, puis inséré au journal officiel en français et en anglais et prendra effet à compter de la date de sa publication.

Imprimé au Cameroun par CyBerSpace Tél. : 47 30 03/ 92 72 25 Fax : 4283 18/ 473003 DOUALA SEPTEMBRE 200

Annexe 2. Enregistrement des achats des psychotropes à la pharmacie Masseboeuf de Maroua

Date

Auteur

N° d'ordre

Formes

Prescriptions

Quantité

Nom et adresse du client

18/03/16

Dr. Lakreo

01

Cp

Trabar

1

Saladine

18/03/16

Hop Barmaré

02

Cp

Tramol 50

1

Aminatou

21/03/16

Dr. Nassirou

03

Cp

Lexomil

1

Dinga Mpilé

21/03/16

Dr. Louis

04

Cp

Formol

1

Habiba Sali

21/03/16

Dr. Salamatou

05

Cp

Tramol

1

Youssoupha Hamadou

22/03/16

Dr. Lacrio

06

Cp

Diazépam

1

Hadja

22/03/16

Dr. Dantio

07

Cp

Diazépam

1

Aboubakari

Source : Archive Pharmacie Masseboeuf, mars 2016

Annexe 3. Incidents causés par les mototaxi mans dans trois (03) quartiers de Maroua

Types d'incidents

Lieu et nombre d'accidents

Total

Accidents causées par l'excès de vitesse

Mbarmaré

Dougoi

Domayo

34

12

10

12

Non-respect du code la route

20

15

18

53

Total

32

25

30

87

Source : Archives des commissariats de Maroua, avril 2016.

Annexe 4. Lois et règlements limitant la fabrication et la distribution des stupéfiants

Annexe 5. Sources orales

Noms et Prénoms

Age

Profession

Nationalité

Lieu d'entretien

Date d'entretien

Saidou Ousmaila

38

Vendeur grossiste des médicaments

Camerounaise

Maroua

07 mars

Mohamadou Sani

28

Vendeur ambulants des médicaments

Camerounaise

Maroua

07 mars

Mhat Mohamadou

40

Vendeur détaillant des médicaments

Tchadienne

Maroua

08 mars

Adamou

18

Vendeurs Ambulants des médicaments

Camerounaise

Maroua

08 mars

Ibrahim Youssouf

42

débrouillard

Camerounaise

Maroua

08 mars

Ndjonmo Jonas

27

Maçon

Camerounaise

Maroua

08 mars

Souliya Gabriel

39

Pousseur

Tchadienne

Maroua

08 mars

Jude Mofor

 

Commandant de subdivision des Douanes

Camerounaise

Maroua

27 février

Dantio

 

Médecin

Camerounaise

Maroua

10 mars

Abdourahman Tom

 

Directeur ACAMAS

Camerounaise

Maroua

10 mars

Source : Enquêtes de terrain Mars-Avril 2016.

Annexe 6. Fiches d'enquêtes

Ecole Normale Supérieure de Maroua

**********

Département de Géographie

Université de Maroua

**********

The University of Maroua

Higher Teacher's Training College

***********

Department of Geography

Bonjour M/Mme, Le questionnaire soumis à votre attention est une enquête menée par Mr Mohamed El Oumar et Mme Djomo Minko Edwige, Elèves Professeurs à l'Ecole Normale Supérieure de Maroua niveau V géographie. Ce questionnaire dont le thème porte sur « la contrebande des médicaments dopants et ses effets sur la santé des consommateurs à Maroua » vous est proposé dans le cadre de la rédaction de leur mémoire en vue de l'obtention du DIPES II. Les réponses que vous fournirez seront strictement confidentielle, ne servirons qu'à des fins académiques.

GUIDE D'ENTRETIEN DESTINE AUX VENDEURS DE MEDICAMENT DOPANTS DANS LA VILLEDE MAROUA.

I- POINTS DE VENTE

1-Quartier de la rencontre--------------------------------localisation : x-------y-----------

2-Lieu de rencontre----------------------------------------

3-Nombre de vendeurs----------------------------------------

2516229122516218884-Type de vendeur : 1-Ambulant 2-Détaillant

251623936 3- Grossiste 4-autres (à préciser)----------------------------------------

4.a) Si oui ambulant, combien de quartier couvrez-vous par jour ? Citer au moins quatre

----------------------------------------

----------------------------------------

----------------------------------------

----------------------------------------

5-a) Quelle est votre point de départ en matinée ?

251697664

251696640a.1) marché central a.2) marché abattoir a.3) marché forêt a.4) autre (à préciser) --------------------------------------------------------------------------------

b.) Et le point de stationnement en soirée ?

251695616

251694592

251693568b.1) b.1) domayo b.2) parmaré b.3) ouroutchédé b.4) autre (à préciser) -------------------------------------------------------------------

II-LE VENDEUR DE MEDICAMENT

6-Nom et prénom (facultatif) ------------------------------------------------

2516997122516249607-Sexe : a.1) M a.2) F

b.) Age :

251703808

251702784

251701760

251700736b.1)-de 20 ans b.2) 20-40 b.3) 40-60 b.4) +de 60ans

8- a) quel est votre tribu d'origine ?

251706880

251705856

251704832 a.1) peul a.2) Toupouri a.3) moundang

a.4) autre (à préciser) ----------------------------------------------

251707904

251709952

251708928b) quelle est votre nationalité ? : b.1) camerounaise b.2) tchadienne b.3) nigériane

b.4) autre (à préciser) ----------------------------------------------

2516280322516259842516270089-Niveau scolaire :1) Aucun 2) Coranique 3) Primaire

2516331522516321282516300802516290564) Secondaire 5) Supérieur

25163110410-Situation matrimoniale :1) Marié 2) Célibataire 3) Veuf ou divorcé

11-Nombre de personne en charge------------------------------------------

12-Comment êtes-vous retrouvé dans la vente de ces médicaments ?

251634176251635200Le manque d'emploi La pauvreté

Autre à préciser : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

13-Vous faites cette activité depuis quelle année ? 19--- ou 20---

14-Quelle est votre revenu moyen par jour ?

251712000

2517109761) [1000-10000[ 2) [10000-20000[

251713024

2517140483) [20000-30000[ 4) [30000 [ FCFA

15-Est-ce-que cette activité vous permet de subvenir à vos besoins ?

251637248251636224a.1) Oui a.2) Non

a.3) Si non, pourquoi ------------------------------------------ ------------------------------------------------------------------------------------------------------------

251717120

251715072

251716096b) si oui comment ? b.1) elle nourrit votre famille b.2) elle vous a permis de construire b.3) elle vous a permis d'acheter un véhicule

b.4) autre (à préciser) ---------------------------------------------- ---------------------------------------------- ---------------------------------------------- ----------------------------------------

16-a) Est-ce-que vous rencontrez des problèmes dans cette activité ?

251639296251638272a.1) Oui a.2) Non

251640320251641344b) Si oui, par qui ? b.1) La police ou CUM b.2) Autorités sanitaires

b.3) Autre à préciser-----------------------------------------------------------

251642368251643392c) Si oui, type de problème : c.1) Amande c.2) Demande de patente

251644416c.3) Saisie des médicaments

c.4) Autres à préciser----------------------------------------------------------

25164544025164646417-a) Avez-vous reçu une formation dans le domaine de la santé, vous permettant de vendre les médicaments ?a.1) Oui a.2) Non

251719168

251718144b) Si oui, laquelle ? b.1) IDE b.2) FMSB

b.3) autre (à préciser) ---------------------------------------------- ------------------------------

III- LES MEDICAMENTS DOPANTS

18- a) Citer les produits que vous vendez le plus --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

251648512251647488b) Est -ce des : b.1) Anti-inflammatoires b.2) Anxiolytiques

251649536b.3) Excitants b.4) autre (à préciser) ----------------------------------------------

19-a) comment faites-vous pour délivrer les médicaments aux clients ?

251650560251651584a.1) Sur la demande du client a.2) suivant le problème posé

a.3) Autre à préciser------------------------------------------------------

b) Si problème posé, comment faites-vous pour savoir que c'est le produit exact ?

251721216

251720192b.1) fatigue générale b.2) faiblesse sexuelle

b.3) autre (à préciser) ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

21-D'où viennent les produits que vous vendez ?

2516556802516526082516546562516536321) Marché (grossiste) 2) Délégués médicaux 3) Pharmacies

2516567044)Revendeur 5) Hôpitaux 6) À l'étranger (pays à préciser) ------------------------------

7) Autres structures à préciser---------------------------------------------------------------

25165875225165772822 -Contrôlez-vous la date de péremsion de vos produits ? 1) Oui 2) Non

25165977625166080023- Que faites-vous des produits périmés ? 1) Destruction 2) Vente sans savoir

2517222403) Ignorer

24-donnez quatre (04) raisons pour lesquelles les consommateurs de ces médicaments les utilisent :

1) ----------------------------------------------------------- -----------------------------------------

2) ------------------------------------------------------------ ----------------------------------------

3) ------------------------------------------------------------ ----------------------------------------

2516618242516628484) ------------------------------------------------------------ ----------------------------------------

25-a) exposez-vous ces médicaments sur vos étalages ? a.1) Oui a.2) Non

251724288

251723264b) Si non, où les gardez-vous ? b.1) au magasin b.2) sous l'étalage

b.3) autre (à préciser)------------------------------------------------------

GUIDE D'ENTRETIEN DESTINE AUX POPULATIONS DE LA VILLE DE MAROUA.

25166592026- a) Catégories socioprofessionnelles du client a.1) Commerçant

251664896251666944251663872 a.2) ménagère a.3) moto taximen a.4) Fonctionnaire

251667968a.5) Etudiant/élève a.6) Autre (à préciser) -----------------------------------------------

251726336

251725312b) Sexe : b.1) M b.2) F

c.) Age :

251727360

251728384

251729408251668992c.1)-de 20 ans c.2) 20-40 c.3) 40-60 c.4) +de 60ans

d) quel est votre tribu d'origine ?

251731456

251732480

251730432 d.1) peul d.2) toupouri d.3) moundang

d.4) autre (à préciser) ----------------------------------------------

251734528

251733504e) quelle est votre nationalité ? : e.1) camerounaise e.2) tchadienne

251735552e.3) nigériane e.4) autre (à préciser) ----------------------------------------------

251736576

251737600

251738624f) Niveau scolaire : f.1) Aucun f.2) Coranique f.3) Primaire

251740672

251739648f.4) Secondaire f.5) Supérieur

251675136251673088251674112g) Situation matrimoniale : g.1) marié g.2) célibataire g.3) veuf/divorcé

251742720

251741696h) Obédience religieuse : h.1) musulman h.2) chrétien

251743744h.3) animistes h.4) autre (à préciser) ------------------------------------------------------------------------

25167616027-a) avez-vous déjà entendu parler des médicaments dopants? a.1) Oui

251677184 a.2) Non

b) Si oui achetez-vous souvent les médicaments dopants ?

251688448251672064251671040251670016b.1) Oui b.2) Non b.3Souvent

251687424c) Si non connaissez-vous quelqu'un qui en consomme ? c.1) Oui c.2) Non

d) Si oui Pour quelles raisons

251679232251678208 d.1) Pour éradiquer la fatigue d.2) pour avoir des rapports d.3)autre(àpréciser).......................................................................................................................................................................................

28-quelles sont les médicaments dopants que vous consommez ?

251745792

251744768Tramol 2) viagra

3) autre (à préciser)............................................................................... ..................

29-quel est le prix de ce médicament? (FCFA)

251747840

251749888

251748864

251746816[50-200[ 2)[200-500[ 3)[500-1000[ 4) [1000 et +

30-quelle quantité consommez-vous par jour ?

..............................................................................................................................

31-Depuis combien de temps consommez-vous des médicaments dopants ?

251751936

251750912

251753984

2517529601) moins d'un an 2) [1-5ans [ 3) [5-10ans [ 4) [10-15ans [

251755008 5) [15ans à plus

32-quelles sensations avez-vous lorsque vous consommez ces médicaments ?

251757056

2517560321) soulagement 2) force

3)autre(àpréciser)............................................................................... ..........................................................................................................................................

33-la consommation de ces médicaments vous permet-elle d'atteindre vos objectifs ?

2516802562516812801)Oui 2) Non

25168230425168332834-a) Etes-vous conscients des dangers que coure votre santé en consommant ces produits ? a.1) Oui a.2) Non

b) Si oui souffrez-vous de l'une des maladies ci-dessous ?

251685376251686400251684352b.1) Troubles psychiques b.2) Crises d'épilepsies b.3) La tremblote

b.4) Autres maladies............................................................................... ...........................................................................................................................................

251691520251692544c) Si non connaissez-vous quelqu'un qui en souffre ? c.1) Oui c.2) Non

35-En cas de crise épileptique, comment faites-vous pour calmer le malade ?

251758080

2517591041) Vous lui donnez le cube 2) vous lui donnez de l'eau

Autres (à préciser) ............................................................................... ............................................... ...............................................................................

25169049625168947236-a) connaissez-vous quelqu'un qui est mort suite à la consommation abusive de ces médicaments ?a.1) Oui a.2) Non

251760128b) si oui : b.1) pendant la crise épileptique

b.2) autres (à préciser) ............................................................................... ...............................................

GUIDE D'ENTRETIEN DESTINE AUX MEDECINS DE LA VILLE DE MAROUA.

37-Comment percevez-vous le phénomène de vendeur de médicament dopants ?

38-Avez-vous déjà eu des cas d'intoxication suite à la prise des médicaments dopants?

39-Quels peuvent être les impacts de la prise de médicaments dopants sur la santé à long et à court terme ?

40-quelles sont vos relations avec les vendeurs de ces médicaments ?

41-Selon vous quels sont les moyens les plus efficaces pour venir à bout de ce phénomène ?

42-A votre niveau quelles sont les actions menées pour éradiquer la vente illicite des Médicaments de la rue en général, ceux dopants en particulier dans la ville de Maroua ?

GUIDE D'ENTRETIEN, DESTINE AUX DOUANIERS

43-Toutes les marchandises dont la vente est interdite au Cameroun sont-elles saisies ?

44- Nous avons constaté la présence des médicaments dopants sur les marchés de la ville de Maroua, ces médicaments proviennent du Nigeria. Comment expliquez-vous la présence de ces produits sur le marché Camerounais ?

45-Quelles sont vos méthodes de lutte pour traquer les contrebandiers ?

46-Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la lutte contre la contrebande?

47-Quels sont les moyens mis en place par le gouvernement pour améliorer vos méthodes de travail ?

48-Y a-t-il des civils qui vous aident à repérer les contrebandiers et leurs marchandises?

49-Etes-vous victime de tentative de corruption par les contrebandiers et les commerçants ?

GUIDE D'ENTRETIEN AUX PHARMACIENS DE LA VILLE DE MAROUA

50-Quels sont les problèmes que vous cause le phénomène de commercialisation illicite de Médicament de la rue en général et les médicaments dopants en particulier qui ont été détournés de leur rôle principal?

51-Quelles sont vos relations avec les vendeurs de ces médicaments ?

52-Selon vous est-ce-que la sollicitation de vos produits pharmaceutiques est en baisse suite à la prolifération des médicaments de la rue ?

53- Que faites-vous à votre niveau pour lutter contre la vente de médicaments dopants dans la rue à Maroua ?

54-Quels peuvent être les impacts de la prise de médicaments dopants sur la santé ?






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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote