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Organisation de la contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua (extrême-nord Cameroun)

( Télécharger le fichier original )
par El Oumar Mohamed
Université de Maroua - DIPES II 2016
  

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Conclusion

La contrebande des médicaments dopants dans la ville de Maroua est un trafic en pleine expansion. Ce trafic est soutenu par un certain nombre de facteurs qui favorisent son développement. Comme facteurs facilitant la contrebande des médicaments dopants à Maroua, on note la proximité et la porosité des frontières entre le Cameroun et le Nigéria qui est le lieu d'approvisionnement, l'utilisation limitée des voies principales et l'utilisation des voies non officielles. Les contrebandiers bénéficient ainsi de ces avantages pour mettre en place des méthodes dans le but d'acheminer à bien les médicaments dopants à Maroua telles que la corruption des agents de contrôle au niveau des frontières, le camouflage de leurs produits dans les marchandises de nature licite et l'emprunt régulier des pistes inconnues. Comme facteurs favorisant la consommation des médicaments dopants dans la ville de Maroua, on a principalement le faible niveau scolaire et le faible revenu des consommateurs, le tout accompagné du non implication des autorités sanitaires dans la lutte contre ce trafic. Cependant comment s'organisent le circuit et la distribution de ces médicaments depuis l'Asie pour l'Afrique, notamment au Cameroun et plus précisément dans la ville de Maroua ?

Chapitre 2. Distribution des médicaments dopants de contrebande dans la ville de Maroua

Introduction

La contrebande des médicaments dans la ville de Maroua est un phénomène concret qui déroule dans la ville de Maroua. Ces médicaments qui sont entrés frauduleusement au Cameroun viennent du Nigeria. Etant la principale source d'approvisionnement de ses pays voisins, le Nigéria est un pays qui, au fil du temps à développer le marché de l'industrie pharmaceutique. Cependant, malgré la présence de quelques industries pharmaceutiques locales, les médicaments retrouvés au Nigéria trouvent leur origine principalement en Chine et en Inde car, ces deux pays sont identifiés comme étant les sources d'approvisionnement des médicaments frauduleux dans le monde. A cet effet, les importations de médicaments en Afrique de l'Ouest ont augmenté de manière spectaculaire ces dernières années, et leur valeur a plus que triplé entre 2004 et 2010 (UNODC, 2010). Une fois sur le marché Nigérian, ces médicaments sont aussi distribués dans de nombreuses régions africaines telles qu'en Afrique Centrale, notamment au Cameroun. Jadis, ces médicaments étaient en transit par la frontière Banki-Amchidé ; mais aujourd'hui avec l'insécurité causée par la secte Boko-Haram qui a déstabilisée et même paralysée cette zone, les contrebandiers utilisent désormais la frontière Garoua-Jimeta pour amener leurs produits à Maroua. Dans ce chapitre donc, il sera question de présenter le circuit et le flux des médicaments dopants depuis l'Asie pour l'Afrique, notamment au Cameroun et plus précisément dans la ville de Maroua. Nous allons également présenter les facteurs et les acteurs de la vente illicite de ces médicaments.

2.1. Circuit et flux des médicaments dopants de contrebande de la ville de Maroua

Il est important avant toute analyse de retracer l'origine même de la vente des médicaments de la rue dans la ville de Maroua. En effet, tout commence avec la crise économique des années 1990 et la dévaluation du Franc CFA en 1994, qui ont causé la baisse du pouvoir d'achat des populations au Cameroun en général et à Maroua en particulier entrainant ainsi la prolifération de l'informel dans le secteur pharmaceutique (Biena et al., 2010). Ce secteur apparaît de nos jours comme le plus sollicité par toutes les couches de la population. Quoi que cette activité soit condamnée par les autorités administratives, les lois et les règlements de chaque pays ; elle ne cesse de se développer à un rythme sans précédent. Face à cette situation où le gouvernement paraît impuissant, les pharmaciens s'opposent de façon radicale à cette pratique illicite qu'ils jugent dangereux pour la santé des populations. C'est pourquoi, il n'est pas rare de nos jours de trouver dans les officines les affichages portant le slogan « Les médicaments de la rue, ça tuent ».

Les pharmaciens attirent ainsi l'attention des patients sur les conséquences néfastes et parfois dramatiques que la vente des médicaments dans la rue, à la sauvette etc., peuvent entraîner. Les médicaments de la rue, un danger pour le consommateur, cause de plusieurs paramètres dont les plus alarmants sont d'origine douteuse de ces médicaments et l'analphabétisme des vendeurs de ces médicaments qui, en générale n'ont subi aucune formation dans le domaine de la médicine. Or la Loi n° 90-36 du 10 août 1990, relative à l'exercice et à l'organisation de la profession de médecin, dans son art.17 (al.1er) du IIIème chapitre stipule que toute personne reconnue coupable d'exercice illégal de la profession de médecin est passible d'un emprisonnement de six (6) jours à six (6) mois et d'une amende de 200 000 à 2.000.000 de FCFA ou de l'une de ces deux peines seulement (annexe 1). De ce fait, il est donc clair que les vendeurs des médicaments de la rue transgressent la loi réglementant la profession de médecin.

De plus, selon les normes internationales et camerounaises des prescriptions médicamenteuses, les médicaments doivent être dispensés car ils sont prescrits après des consultations faites par un médecin ou un infirmier ; or dans la rue les médicaments sont plutôt vendus. Mais ce qui nous intéresse dans ce travail est la vente ou l'origine des médicaments dopants de contrebande. Parler des médicaments dopant revient à parler des médicaments de la rue car le premier est un sous ensemble du deuxième. La vente des médicaments dopants tout comme la vente des médicaments de la rue est une activité condamnée par les lois camerounaises.

Mais, compte tenu du contexte économique et des différentes contraintes sus-évoquées, accompagnées du manque d'emploi, il va alors se développer le marché des médicaments dans le secteur informel. La véritable énigme avec ces médicaments est souvent liée au nom du fabricant. A cet effet, les enquêtes menées auprès des vendeurs de ces médicaments d'origine douteuse nous permettent d'identifier avec certitude que le Nigéria est la source d'approvisionnement des médicaments de la rue dans la ville de Maroua.

2.1.1. Nigéria principal lieu d'approvisionnement en Afrique de l'ouest et centrale

Les enquêtes menées auprès des vendeurs des médicaments dans la ville de Maroua nous révèlent que 88% des médicaments que l'on retrouve à Maroua viennent du Nigeria. Cependant, le Nigéria importe également ces médicaments vers les pays d'Asie du Sud et de l'Est (figure 2) tels que la Chine et l'Inde (UNODC, 2010). Le Nigéria est donc une plateforme de distribution des médicaments de contrefaçon et de contrebande dans la sous-région Afrique de l'Ouest qui impacte négativement sur le circuit des médicaments en Afrique centrale notamment au Cameroun, et plus précisément dans la ville de Maroua.

Figure 2. Circuit frauduleux des médicaments d'Asie pour l'Afrique

Réalisée et adaptée par Mohamed, avril 2016.

251557376

Source : UNODC, 2010

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La figure 2 nous présente le circuit frauduleux des médicaments de la contrebande entre l'Asie (Chine et l'Inde) et l'Afrique. Cette carte nous retrace l'entrée frauduleuse des médicaments depuis l'Asie vers l'Afrique notamment en Afrique de l'ouest à partir de deux itinéraires : une partie de ces médicaments partent de la chine et de l'inde directement à destination de l'Afrique de l'ouest et l'autre partie part de l'Asie pour l'Afrique de l'ouest en transitant par le moyen orient.

Parler de la contrebande des produits venant du Nigéria, c'est aussi évoquer le peu de moyen mis sur pied par les autorités administratives pour le contrôle de nos frontières avec le Nigéria. Ainsi, en 1988, il y avait 17 postes de douanes (Fodouop, 1988) et donc l'impuissance à surveiller une frontière de 1600 km. Quant à l'Extrême-Nord, sa perméabilité est illustrée par des centaines de kilomètres carrossables permettant, à une population qui ne se distingue en rien de celle du grand pays voisin, de traverser la frontière à n'importe quel point (OCISCA, 1995). En effet, de l'aveu des propres agents de douanes, la plus grande part du volume des marchandises venant du Nigéria est introduite par les points de contrôle douanier. En fait, les commerçants recherchent systématiquement à entrer de manière clandestine par d'autres chemins. Au contraire, en passant par les postes traditionnels de contrôle, ils désirent obtenir, par la corruption des agents, les documents qui leur permettront de faire entrer dans un semblant de légalité des marchandises sous-évaluées ou de nature différente à ce qui est déclaré. Il s'agit donc moins de commerce clandestin de contrebande que de fraude douanière (OCISCA, 1995). Toutefois, il est important de relever que la situation a évolué car nous avons une augmentation considérable du nombre de poste de douane entre le Cameroun et le Nigéria. Cependant, les voies qui mènent au Cameroun à partir du Nigéria ne sont pas toutes officielles ou légales (Jude Mefor, Commandant de Subdivision Commerciale des Douanes en Service à Maroua). A cet effet, plusieurs facteurs favorisent l'acheminement des marchandises du Nigéria vers le Cameroun ; mais le plus important est la proximité entre le Nord du Cameroun et le Nigéria.

De ce fait, un certain nombre de questions se soulèvent, parmi ces questions la plus importante est celle de savoir comment les contrebandiers font pour acheminer leurs marchandises du Nigéria pour le Cameroun malgré, le contrôle systématique de toutes les marchandises en direction du Cameroun. La recherche de la réponse à cette question nous a conduit à mener des enquêtes et des recherches supplémentaires. Du fait du caractère illicite de cette activité, les contrebandiers emploient plusieurs méthodes, afin d'éviter tout contrôle douanier et policier. Les grossistes disent achetés leurs médicaments à Kano et Mubi qui sont des villes situées au nord du Nigéria et relativement proche du Nord Cameroun. De ce fait, les contrebandiers empruntent les voies non officielles pour faire entrer leurs produits au Cameroun. Cependant, c'est par hasard que certains produits sont rarement découverts par les forces de l'ordre procédant ainsi à des saisies et à l'amendement du propriétaire. Toutefois, les contrebandiers ont des itinéraires bien spécifiques qu'ils exploitent pour acheminer leurs marchandises à Maroua.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus