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Lutte contre le grand banditisme au Burkina Faso: bilan et perspectives.

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par Marcel KAFANDO
Ecole Nationale de Police - Commissaire de police 2015
  

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SOMMAIRE

INTRODUCTION 1

PARTIE I : BILAN DE LA LUTTE CONTRE LE GRAND BANDITISME AU BURKINA

FASO : DE 2009 A NOS JOURS 4

CHAPITRE I : Bilan de la lutte contre le grand banditisme au plan de la prévention 5

Section I : Bilan normatif de la lutte contre le grand banditisme 5

Section II : Bilan de la prévention au plan institutionnel 12

CHAPITRE II : Bilan de la répression du grand banditisme au Burkina Faso. 20

Section I : Le rôle des acteurs judiciaires dans la répression du grand banditisme 20

Section II : L'impact de la répression sur le grand banditisme. 28

PARTIE II : ANALYSE ET PERSPECTIVES DU SYSTEME DE REPRESSION DU

GRAND BANDITISME 35

CHAPITRE I : Evaluation du système de répression du grand banditisme 36

Section I : Les forces de la politique de répression du grand banditisme 36

Section II : Les faiblesses de la politique de répression du grand banditisme 43

CHAPITRE II : Perspectives pour une meilleure répression du grand banditisme 50

Section I : Suggestions pour un renforcement du système de répression actuel 50

Section II : Pour une innovation dans l'approche du phénomène de grand banditisme 57

CONCLUSION 66

Bibliographie 68

TABLE DES MATIERES 70

1

INTRODUCTION

Six Décembre 2010. Monsieur Dénis quitte la capitale. Il venait de rendre visite à ses enfants restés dans la cour familiale pour des raisons d'étude. Il rejoint sa femme au centre-sud à deux centaines de kilomètres. Il est 5 heures du soir quand le car démarra. A bord, une soixantaine de passagers composés essentiellement de commerçants en partance pour le Ghana.

Après deux heures de route, aux environs de 08 heures du soir, et à l'entrée du parc d'Arly, alors que Dénis et bien d'autres passagers se laissaient aller à l'assoupissement, ils furent violemment extirpés de leurs torpeurs par des tirs de sommation d'un gang lourdement armé qui essayait de stopper le convoi. Le chauffeur ayant pris conscience du danger se mit à faire marche-arrière en toute vitesse. Mais sitôt, une balle le faucha mortellement avant de frôler l'oreille de Dénis alors plaqué contre la paroi du véhicule. Perforé au côté droit, gisant dans le sang et gémissant jusqu'à l'aube, le chauffeur rendit l'âme après une lente agonie. Dénis fut témoin de cette mort effroyable et des coups portés à tous les passagers, desquels les fortunes furent littéralement confisquées jusqu'aux centimes. L'opération dura jusqu'au matin sans aucune intervention.1

Ce fait loin d'être isolé et propre au Burkina Faso est omniprésent dans toutes les sociétés du monde entier. Sous diverses qualifications, la criminalité reste un défi majeur de la communauté internationale. Elle représente aujourd'hui la menace non militaire la plus importante contre la sécurité et la stabilité économique nationale et internationale. Difficile à chiffrer, le produit global de la criminalité organisée serait de l'ordre de mille milliards d'euros annuels2. De nombreux instruments juridiques et de plans de coopérations ont été adoptés à l'échelle internationale pour, sinon conjurer le phénomène, au moins, le contenir dans des proportions acceptables. En effet, s'il faut convenir avec Emile DURKHEIM que « le crime est un phénomène normal de société »3, il faut admettre néanmoins que toute société humaine, quelle qu'elle soit, a intérêt à maîtriser sa criminalité et à la contenir dans des limites acceptables. Nulle communauté humaine ne peut prospérer dans la délinquance. C'est pourquoi une

1 Enquêtes personnelles : Témoignage de Dénis, pasteur installé au centre-sud.

2 La France et la lutte contre la criminalité organisée : criminalité organisée-France-diplomatie-Ministère des affaires étrangères et du développement international/ Mai 2013.

3 Émile Durkheim, «Le crime, phénomène normal» (1894). [Source: Les règles de la méthode sociologique (1894), Paris, P.U.F., 14e édition, 1960, pp. 65-72].

2

politique criminelle adaptée à la criminalité du moment est une nécessité constante dans tout type de société.

Au Burkina Faso, un aspect particulier de criminalité organisée sous le vocable d' « acte de grand banditisme » mine notre économie, perturbe la quiétude de nos populations et hypothèque l'avenir de notre nation. Il est en passe de devenir l'enjeu majeur des politiques de sécurité. C'est dans cette perspective, et conscient de l'impact du phénomène sur les fortes aspirations du peuple à la sécurité sociale et à la prospérité économique que les tenants du pouvoir décisionnel ont pris à bras-le-corps la question et l'ont posé sur la table des priorités. Ainsi, il a été mis en place depuis peu une politique de répression qui se veut sévère, pour répondre aux exigences de sécurité du moment. Elle a consisté d'une part à l'adoption d'une loi créant une infraction nouvelle4 avec une procédure pénale particulière :la loi 017/AN du 05 Mai 2009 portant répression du grand banditisme qui constitue le texte de base de la répression ; d'autre part, au renforcement des moyens d'action dans les rangs des organes chargés de la prévention et de la répression, au redéploiement du personnel des officiers de police judiciaire, à la constitution de nouvelles unités d'intervention rapides telles que la Brigade Anti Criminalité (B.A.C.) et l'Unité Intervention Polyvalente de la Police Nationale (U.I.P.-PN). Au sein des forces armées nationales, d'autres unités telles que les unités mobiles de la gendarmerie nationale ont été créées pour contribuer à la lutte contre le grand banditisme. Mais en dépit de ce dispositif, l'insécurité demeure une préoccupation. Et ce constat appelle les interrogations suivantes :

La politique de répression actuelle en matière de grand banditisme répond-t-elle aux attentes de la population en matière de sécurité ? Il s'agit ici de juger de l'efficacité du système de répression mis en place et de juger de la nature des moyens employés dans la lutte contre le grand banditisme. Cette question principale soulève d'autres inquiétudes: les droits de la personne sont-ils suffisamment protégés dans la politique de répression ? Quelles perspectives sont envisageables en vue de concilier au mieux les besoins de sécurité des peuples et les libertés fondamentales des individus5? Quelles sont les correctifs qui pourraient réaliser le meilleur équilibre entre les nécessités de la répression et la protection des libertés individuelles? Autant de questions à examiner dans la présente réflexion.

4 L'avis des spécialistes et praticiens du droit est mitigé là-dessus. D'aucuns pensent qu'il ne s'agit pas d'une nouvelle incrimination et d'autres pensent que c'est le cas en se référant à l'article 3 du texte de loi.

5 Nous ferons fi des éventuelles nuances qui pourraient exister entre « droits de l'Homme », « droits humains» « libertés individuelles » et « libertés fondamentales », pour les considérer comme étant rigoureusement identiques. Nous les emploierons indifféremment pour désigner « les prérogatives inhérentes à tout être humain » de sexe féminin ou masculin.

3

Mesure-t-on suffisamment l'importance d'une telle réflexion ? Le bilan donne une idée précise du niveau réel de criminalité relative aux actes de grand banditisme et permettra non seulement de juger de l'opportunité de redéployer les stratégies et les moyens d'interventions, mais aussi de rectifier certaines actions au regard de l'évolution du droit. La lutte contre le grand banditisme remonte bien loin dans le temps. Mais la présente réflexion porte sur la criminalité bien définie par la loi 017/AN du 05 Mai 2009 portant répression du grand banditisme. Elle se limite au bilan de la lutte engagée sous cette loi. Néanmoins, la répression du grand banditisme se faisant dans le cadre d'une procédure soucieuse des libertés individuelles, il sera fait un état des lieux en matière de respect de ces libertés.

La présente étude se subdivise en deux parties essentielles.

La première présente le bilan de la lutte contre le grand banditisme et se décline en deux chapitres dont le premier aborde le cadre juridique de la lutte tandis que le deuxième traite de l'organisation de la répression.

La deuxième partie qui se veut concrète comporte aussi deux chapitres dont le premier fait une évaluation du système de répression et le second fait des suggestions pour une répression plus efficace.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault