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Lutte contre le grand banditisme au Burkina Faso: bilan et perspectives.

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par Marcel KAFANDO
Ecole Nationale de Police - Commissaire de police 2015
  

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A. L'imprécision des textes de base portant répression du grand banditisme

En rappel, le texte de base qui organise la répression des actes de grand banditisme reste la loi 017/AN du 05 mai 2009 portant répression du grand banditisme. Ce texte qui est le référentiel de principe (des fois, le parquet peut poursuivre sur la base du vol aggravé) comporte des lacunes qui méritent d'être comblées. Au titre de ces imprécisions, on relève les circonstances autorisant le recours à l'arme par l'OPJ et la mesure de la peine.

1. Le droit de recours à l'arme par l'OPJ

L'article 9 de la loi n°017 dispose qu'« en cas d'absolue nécessité, les officiers et les agents de police judiciaire peuvent faire usage de leurs armes pour se défendre ou pour neutraliser un délinquant ».

Certes, la loi ne précise pas la nature des armes dont il est ici question ; ce qui laisse aux agents de sécurité la latitude d'utiliser toute arme à leur disposition, y compris les armes à feu. L'utilisation des armes à feu pose le problème de la force létale et partant, celui de la protection du droit à la vie. Notons que la force létale ou meurtrière s'entend non seulement de la force ayant donné lieu à une perte en vie humaine, mais aussi de toute force potentiellement meurtrière, c'est-à-dire susceptible de tuer, même si finalement, la mort n'en est pas résulté68. Eu égard au fait que l'usage des armes à feu est susceptible de porter atteinte au droit à la vie, le Droit International des Droits de l'Homme (DIDH) le soumet à un régime juridique rigoureux qui conditionne la régularité de l'autorisation d'usage des armes à feu.

En outre, le recours à l'arme à feu était autorisé dans les cas d'« absolue nécessité »; c'est-à-dire dans le cadre strict de la légitime défense. Mais cet article ayant étendu le champ

68 CrEDH, Affaire Makaratzis c. Grèce, requête n°46221/99, arrêt du 20 décembre 2004, §49, où la Cour a estimé que l'article 2 CEDH trouvait à s'appliquer à l'usage d'armes dans le but d'obliger Makaratzis à immobiliser sa voiture même si en définitive, il n'en est résulté que des blessures.

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d'application au besoin de neutralisation du délinquant, la « notion d'absolue » mérite une nouvelle définition au risque d'être une porte ouverte à l'arbitraire.

2. La difficile détermination de la peine

L'article 18 de la loi dispose que « le tribunal qui prononce une peine d'emprisonnement ferme doit l'assortir d'une peine de sûreté au moins égale à la moitié de la peine prononcée.

La peine de sûreté détermine une période de détention maximale incompressible. » La période de sûreté est, en droit pénal français, une durée minimale assortie à une peine de réclusion ou d'emprisonnement durant laquelle, le condamné ne peut bénéficier d'aucun aménagement de peine (tel qu'un placement en semi-liberté ou une libération conditionnelle). Cette période de sûreté peut aller jusqu'à deux tiers de la durée de la peine pour une peine à temps, en France jusqu'à 22 ans dans le cas d'un emprisonnement à perpétuité, et peut être illimitée dans le cas des deux crimes passibles de la perpétuité incompressible69

Or, le même texte de loi donne la possibilité au juge de prononcer une peine d'emprisonnement à vie contre les auteurs, coauteurs ou complices d'actes de grand banditisme. La question qui se pose est alors celle de savoir comment déterminer la peine de sûreté en cas de condamnation à l'emprisonnement à vie, manoeuvre obligatoire pour le juge. Comment déterminer en effet, la moitié du restant des années d'un homme encore en vie ? Cette situation conduirait le juge à prononcer de très longue peine dans l'espoir que la peine de sûreté corresponde au restant de la vie du délinquant, ce qui n'est pas de nature à assurer une protection suffisante des droits humains.

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