WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Lutte contre le grand banditisme au Burkina Faso: bilan et perspectives.

( Télécharger le fichier original )
par Marcel KAFANDO
Ecole Nationale de Police - Commissaire de police 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

A. L'insuffisance des ressources

L'insuffisance des ressources se constate d'une part au niveau du personnel et d'autre part au niveau des ressources matérielles disponibles.

1. Le personnel.

La sécurité est avant tout l'oeuvre des acteurs publics commis à cette tâche. La lutte contre le grand banditisme exige une mobilisation grandiose des forces d'intervention compte tenu de l'omniprésence du phénomène sur tout le territoire national. Si c'est vrai qu'il y a des disparités dans les fréquences des attaques à mains armées, aucune région du Burkina Faso n'est à l'abri. C'est pourquoi il faut une couverture conséquente des forces de sécurité sur le terrain. Malheureusement, le manque de personnel rend difficile cette exigence. En effet, les effectifs

75 Art. 6 al 2 de la loi n°017, op.cit.

48

des forces de sécurité paraissent dérisoires devant le besoin de sécurité d'une population estimée à plus de 18 millions d'habitants. A titre illustratif, avec un effectif de cinq mille deux cent dix-neuf (5219) hommes dont cinq cent (500) en formation au 31 août 2009, le ratio gendarmerie/population est d'un (01) gendarme pour deux mille six cent quatre-vingt-cinq (2685) habitants. Avec un effectif de sept mille trois cent soixante-huit (7368) fonctionnaires de police au 31 août 2009 dont huit cent treize (813) en formation, le ratio police/population est d'un (01) policier pour mille neuf cent deux (1902) habitants. Cependant, le ratio optimum est de 300 à 400 habitants par policier.

De nombreux efforts sont en train d'être faits en faveur du renforcement des capacités des forces de sécurité en vue de leur permettre de lutter efficacement contre le grand banditisme et les autres formes de criminalité. . Depuis 2013, la police nationale a lancé un programme biennal de recrutement spécial de 1300 policiers avec le recrutement ordinaire annuel qui porte l'effectif des nouveaux recrus à 2400 policiers par an. Cette initiative pourrait bien permettre une meilleure couverture sécuritaire du pays les années à venir.

2. Le manque de ressources matérielles, logistiques et financières.

Une chose est de recruter le personnel, une autre est de l'équiper pour le travail du terrain. La répression du grand banditisme comporte constamment le défi de faire face à des délinquants souvent mieux armés que les agents républicains. En effet, il est constamment ressorti des rapports que le développement des attaques à mains armées a un lien avec la fuite d'armes et de munitions provenant des pays en crise. En plus, quelques crises socio-politiques qui ont secoué le Burkina Faso cette dernière décennie ont favorisé l'expansion de la criminalité. Il faut donc armer conséquemment les hommes sur le terrain. Mais malheureusement, ce n'est pas toujours le cas. Les armes de points sont en nombre insuffisant ; les mesures de protection sont dérisoires, ce qui n'encourage pas les intervenants76; véhicules de terrain et carburant sont en manque à tel point que souvent les hommes interviennent avec des moyens personnels. Cette insuffisance des ressources ne sont pas de nature à faciliter la répression. Cependant, les équipements des agents de sécurité font parties des exigences des conventions internationales de protection des droits de l'Homme. En effet, pour éviter le recours systématique aux armes pour se défendre, l'Etat a l'obligation de « munir les responsables de l'application des lois d'équipements défensifs tels que pare-balles, casques ou gilets anti balles et véhicules blindés,

76 Les informations récoltées lors de nos enquêtes font état de cas où des éléments porteraient des cartons en guise de pare-balle, juste pour une protection psychologique.

49

afin qu'il soit de moins en moins nécessaire d'utiliser des armes de tout genre »77. Or, au Burkina Faso, les forces de sécurité sont mal équipées en moyens défensifs78 ; d'où le risque d'une systématisation de l'usage des armes pour leur défense.

B. Le manque de coopération inter corps

La quête d'un environnement sécuritaire est l'oeuvre de tous, mais particulièrement celles des corps de sécurité à qui la loi confie cette tâche. Elle est précisément l'oeuvre de la gendarmerie et de la police nationale. Ayant un ennemi commun, les acteurs de la sécurité devraient coopérer en vue de multiplier leurs forces de frappe et décupler leur efficacité dans la lutte contre l'insécurité. Cependant, l'expérience révèle bien souvent des rivalités résultant de complexes de supériorité entre les corps, chose qui est de nature à nuire à la bonne exécution des missions.

La coordination et la coopération entre les forces de sécurité intérieure et la gendarmerie ne sauraient constituer à elles seules des conditions suffisantes et nécessaires pour créer un climat exempt de concurrence contre-productive.

« Elles seraient même inopérantes sans la relecture de la loi sur la sécurité intérieure et l'adoption des différents textes juridiques évoqués à maintes reprises. Ces textes devront comporter des dispositions claires en ce qui concerne les attributions républicaines, les missions, les circonstances et les périmètres d'intervention de chacune des forces, en même temps qu'elles devront leur fixer les objectifs à atteindre. Il faudra aussi leur fournir les moyens nécessaires et adaptés à l'accomplissement de leurs missions afin de permettre à chacune de s'affirmer sur le terrain sans complexe vis-à-vis des autres. Au-delà de ces principes de précaution, demeurera toujours cependant l'épineuse question de la confiance que les décideurs politiques placent en chaque force, quand on sait que la politique y a acquis droit de cité79».

77 Principes de base sur le recours à la force et à l'usage des armes à feu par les responsables de l'application des lois, précité, principe 2.

78 Voir réponse du Ministre de l'Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité à la question orale avec débat du député Bendi OUOBA, précitée.

79BAYALA. Jean-Pierre. 2009. Les défis de la gouvernance du secteur de la sécurité en Afrique de l'Ouest -cas du Burkina Faso. Sus cité

50

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery