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La place de la Chine dans le commerce international

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par Hope&Fiston MATABARO MASUMBUKO Hope,MATABARO SAFARI,MALOANI MUSAFIRI,BYE
Institut Supérieur Pédagogique de Bukavu - licence en informatique de gestion 2015
  

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3. DU « PRIX CHINOIS » A LA « VALEUR CHINOISE », DEFIS DE LA « REMONTEE EN GAMME » POUR LA CHINE

La montée en flèche des produits « made in China » sur le marché international n'est pas le résultat d'un hasard. A bien des égards, la Chine est un pays, certes en voie de développement, mais atypique, car elle possède en même temps des avantages absolus en matière de coûts, des avantages comparatifs en termes de productivité et même des avantages compétitifs dans plusieurs segments du secteur technologique. En plus d'un bassin de main d'oeuvre gigantesque, bon marché et de plus en plus qualifié (sur l'ensemble des étudiants diplômés chaque année en Chine, 1,2 à 1,35 millions sont des ingénieurs), elle a su développer une productivité manufacturière de plus en plus élevée. En fait, la compétitivité des entreprises chinoises ne se limite plus aujourd'hui uniquement au faible coût de la main d'oeuvre chinoise. Selon une étude réalisée par McKinsey en 2004, dans plusieurs branches manufacturières, la productivité chinoise est déjà plus élevée que celle des pays européens et elle est globalement bien supérieure à celle des autres pays en développement. Douze minutes suffisent à un

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ouvrier chinois pour fabriquer une chemise, alors qu'il faut 22 minutes pour un Indien et 30 minutes pour un Mexicain. Ainsi, un tissu industriel de plus en plus complet et efficace pour faciliter les activités économiques, un réservoir de capital humain rural, peu qualifié mais enclin à travailler pour un salaire bas, une domination de plus en plus forte des entreprises privées chinoises dans les industries, une présence importante des firmes étrangères, une monnaie sous- évaluée et l'existence d'une infrastructure importante et relativement peu coûteuse sont autant de facteurs qui ont contribué à l'ascension des produits « made in China » sur le marché international. Pourtant, il faut souligner le rôle particulier de l'autorité chinoise dans ce développement. En 1978, le gouvernement chinois a entamé une série de réformes économiques à la suite, d'une part d'un changement « idéologique » du Parti communiste chinois qui met désormais le développement économique du pays au coeur de sa mission et, d'autre part, d'une transformation du rôle de l'État chinois qui, d'État producteur, programmeur et protecteur, est devenu avant tout un État promoteur. L'autorité chinoise qui, après avoir accordé tant d'attention aux mouvements politiques, considère désormais que « seul un développement économique permettrait au Parti Communiste de rester au pouvoir ». Selon l'autorité chinoise, ce processus de réformes et la stabilité politique interne sont intimement liés dans le pays. En effet, alors que la stabilité politique assurée par le Parti Communiste chinois était une condition sine qua non pour de telles réformes, le succès de ces réformes et un réel développement économique étaient les conditions pouvant assurer le maintien du Parti Communiste chinois au pouvoir. Quoiqu'il en soit, depuis 1978, la transformation de l'État s'est traduite par une importante mobilisation des ressources afin de créer un environnement propice au développement économique. Sous l'impulsion des gouvernements chinois à différentes échelles, les exportations tout comme les investissements ont constitué un moteur clé de la croissance chinoise. L'obtention d'un taux de croissance élevé est devenue une obsession pour bien des responsables chinois dont la carrière politique en est souvent dépendante. Un régimetotalitaire leur a donné une efficacité d'action contre tous les obstacles à la croissance. Ainsi, pour soutenir les exportations des produits « made in China », les autorités chinoises ont multiplié les incitations fiscales, maintenu de façon artificielle les bas coûts de capitaux et d'infrastructures, subventionné le prix des ressources énergétiques, adopté une attitude laxiste envers les activités polluantes, et se sont contentées pendant longtemps de réglementations très rudimentaires en matière de conditions sociales des travailleurs chinois. Il est clair que la Chine possède aujourd'hui plusieurs atouts incontestables pour continuer sa lancée sur le marché international avec les produits « made in China ». La véritable question est cependant de savoir si la Chine a vraiment intérêt à poursuivre ce mode de développement à tout prix et si elle pourra le réaliser sans heurts. Le modèle de développement chinois est basé sur une forte consommation d'inputs, ou entrants, avec des outputs, ou produits finis et semi-finis, mais dont le succès sur les marchés internationaux repose sur sa compétitivité en matière de prix. De ce fait, l'usine ou l'atelier mondial que la Chine constitue n'est jusqu'aujourd'hui pas tout à fait synonyme d'enrichissement réel du pays. L'avantage absolu de la Chine réside, jusqu'ici, dans son potentiel de main d'oeuvre bon marché, sans cesse renouvelé. Il est par ailleurs à noter que la stratégie stérile de prix bas suivie par les entreprises chinoises s'est faite dans bien des cas au détriment des intérêts des ouvriers. C'est souvent la réduction des salaires et la détérioration des conditions de travail de ces derniers qui ont permis de réaliser une telle compétitivité, car le niveau de bénéfices des entreprises manufacturières chinoises est déjà extrêmement bas (3 à 5% dans la plupart des cas). Selon les statistiques officielles du gouvernement chinois, entre 1990 et 2005, le poids de la masse salariale globale des travailleurs chinois par rapport au PNB a été réduit de 53% à 41,4% et le rapport entre la masse salariale des travailleurs des entreprises industrielles et le montant global du profit de ces entreprises est passé de 2,4 à 0,43. Les nombreux accidents qui se sont produits au cours de ces dernières années dans le secteur minier chinois sont, à cet égard, très illustratifs : avec seulement 35% de la production mondiale de charbon, la Chine a enregistré 80% des accidents mortels. Par ailleurs, le développement

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des produits « made in China » est de plus en plus confronté à des résistances et ce, malgré plusieurs avantages que ces produits représentent (économie pour les consommateurs, amélioration de la compétitivité de certaines entreprises grâce à une délocalisation partielle des activités vers la Chine, etc.) (Su, 2006). Pour soutenir sa croissance et le développement de sa production, la Chine a énormément besoin de ressources. Elle ne compte que 7% de la terre cultivable mondiale, 6% de l'eau potable, 4% des forêts, 2% des réserves pétrolières et 12% des réserves minérales de la planète12. De pays exportateur de pétrole, elle en est aujourd'hui devenue le second importateur (environ 50% de sa consommation est importée). Depuis 2000, la Chine est responsable d'une augmentation de 40% de la demande mondiale de pétrole et, en 2003, d'une augmentation de 60% de la demande mondiale en métaux non ferreux. Avec 5% de la production manufacturière mondiale, la Chine a consommé 20% de la production mondiale d'aluminium, 35% de la production mondiale d'acier et 45% de celle de ciment en 2004. Il en ressort aujourd'hui que la Chine apparaît comme le principal responsable de la hausse des cours des matières premières, et ceci n'est pas sans incidence, puisque, si la Chine continue à croître à ce rythme, l'ensemble des ressources mondiales ne suffira plus13. Jusqu'à maintenant, le charbon reste la plus importante ressource énergétique de la Chine (75%). Toutefois, ce type d'énergie, même s'il est peu cher, est très polluant et les effets de la croissance chinoise sur son environnement se font sentir. La volonté du gouvernement de développer l'utilisation du pétrole et du gaz se heurte aux coûts d'exploitation. De plus, le développement industriel, ne s'intéressant que peu aux retours sur investissement mais plus aux coûts, s'est fait au travers de gaspillages énormes. Pour fabriquer un même produit, la Chine utilise 7 fois plus d'énergie que le Japon et 5 fois plus que l'Europe. Les entreprises chinoises de sidérurgie consomment 40% de ressources énergétiques de plus ; le secteur de l'électricité, 50%. 10 000 yuans de PIB réalisés coûtent à la Chine 5 fois plus d'eau et 3 fois plus d'énergie que pour les pays développés. Il en résulte qu'aujourd'hui, en plus d'être le premier pays émetteur de CO2 dans le monde, la Chine compte 20 des 30 villes les plus polluées de la planète (Banque Mondiale, 2008). Le pays souffre aussi d'une érosion des sols et d'un réel problème de pollution globale : pollution atmosphérique, pollution des eaux, pluies acides, etc. Selon le gouvernement chinois, en 2004, par exemple, la perte économique directe causée par la pollution représentait 3,05% du PIB chinois et une somme équivalente à 8,6% du PIB devrait être déboursée pour réparer les dégâts écologiques. Au niveau de l'emploi, le bouleversement suscité par l'ascension des produits « made in China » est très brutal partout dans le monde et ce, aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement. Ainsi, depuis le milieu des années 1990, la Chine est devenue la principale cible des mesures antidumping : 37 cas en 1994, 53 en 2001, 57 en 2005, 68 en 2006 et 62 en 2007. Entre 1995 et 2006, la Chine a totalisé 19% de l'ensemble des cas d'antidumping initiés par les pays membres de l'Organisation Mondiale du Commerce et ce, loin avant les autres pays visés (voir le Tableau 4). Il est à noter, par ailleurs, que 65% des cas ont été initiés par les pays en développement.

Source : OMC Dans une telle situation, il apparaît clairement que, même si les résultats liés au modèle actuel de la croissance chinoise sont, à plusieurs égards, extraordinaires, ce modèle de développement

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ne semble pas soutenable. Néanmoins, il est compréhensible qu'un pays en transition comme la Chine ait besoin d'une forte croissance. En fait, tant et aussi longtemps que la croissance sera au rendezvous, tous les problèmes et conflits internes resteront relatifs. Cependant, l'obsession pour une croissance forte sur le marché international à tout prix est indéniablement nuisible aux intérêts de tous. La recherche d'une plus grande efficacité économique, sociale, environnementale ainsi que d'un équilibre dans les échanges commerciaux avec les autres pays du monde serait une condition primordiale pour la Chine si elle souhaitait poursuivre son ascension au sein de l'économie internationale. Une « remontée en gamme » de la Chine dans la nouvelle division internationale du travail s'impose : la Chine devrait désormais miser davantage sur le développement de la « Valeur chinoise » (Cai et al., 2008) au lieu de se concentrer uniquement sur le « Prix chinois » (Engardio et al., 2004). Tout indique que ce passage ne pourra se faire sans heurts et que de nombreuses conditions fondamentales s'imposent au préalable à la Chine. Cependant, il serait très hasardeux de conclure à un « effondrement prochain » de la Chine (Chang, 2001) ou à une « crise imminente » dans ce pays (Shirk, 2007). En effet, étant un pays en voie de développement et surtout un pays en transition, ce dont la Chine ne manque pas aujourd'hui sont des « problèmes ». Pourtant, le fort potentiel du marché intérieur de la Chine, la grande compétitivité de plusieurs de ses facteurs de production, le désir profond de mieux vivre de la population chinoise et l'important pouvoir de mobilisation des ressources de son gouvernement sont des éléments majeurs qui relativisent la gravité de la situation. Pour anticiper l'évolution future de la Chine, il faudrait être capable d'analyser la situation de ce pays non seulement horizontalement, c'est-à-dire par rapport à la situation des pays les plus performants dans le monde d'aujourd'hui, mais aussi, et même surtout, verticalement, soit par rapport à son passé récent - parcours réalisé depuis ces trente dernières années. En fait, l'ouverture de la Chine et sa participation à la nouvelle division internationale du travail ont connu une évolution constante durant cette période. Globalement, quatre périodes pourraient être identifiées, lesquelles sont : 1. la période d'expérimentation (1978-1991), qui est caractérisée essentiellement par l'ouverture des régions côtières ; par l'introduction de capitaux internationaux provenant principalement des Chinois d'outre-mer ; par le développement de la sous-traitance internationale essentiellement dans les secteurs de biens de consommation intensifs en main d'oeuvre. 2. la période d'approfondissement (1992-2001), qui est marquée par le grand élan de la réforme et de l'ouverture de la Chine que Deng Xiaoping a donné en 1992, trois ans après l'événement de la Place de Tian An Men : la plupart des régions sont devenues ouvertes, le système du commerce extérieur chinois a fait l'objet d'une réforme importante, les capitaux occidentaux sont entrés massivement dans le pays, la structure de l'exportation chinoise s'est significativement transformée en faveur des produits de haute technologie, etc. 3. la période de l'essor des produits « made in China » (2002-2006), qui a bénéficié des effets de l'adhésion de la Chine à l'OMC en décembre 2001. Plusieurs réformes majeures ont été réalisées pour que la Chine s'adapte aux normes internationales : les produits « made in China » ont pris une place incontournable dans la structure de la nouvelle division internationale du travail. Par ailleurs, la Chine a tenté d'amorcer une stratégie de « remontée en gamme » en faveur de l'innovation et de l'efficacité économique, sociale et environnementale ; des mesures ont été prises pour encourager les entreprises chinoises à investir dans les pays étrangers afin de contrôler l'approvisionnement et la distribution mais également dans le but d'acquérir certains savoirs et de nouvelles technologies. 4. la période du rééquilibrage qui a débuté officiellement en octobre 2007 lors de l'adoption de la résolution du 17e Congrès du Parti communiste chinois qui vise désormais un développement « harmonieux » mais également un développement « bon et rapide » plutôt que « rapide et bon », tel qu'il l'était auparavant 17. Cette période est notamment ponctuée par l'entrée en vigueur de plusieurs lois importantes, telles que la Loi sur le contrat de travail, la Loi sur le régime fiscal des entreprises en Chine, la Loi anti-monopole, la Loi sur la création de l'emploi, etc. Celles-ci forcent les entreprises exportatrices, chinoises comme étrangères, à redéfinir leur positionnement dans la structure de la division

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internationale du travail et à réaliser plus d'innovations technologiques. Bien qu'il soit encore tôt pour évaluer les impacts réels de la nouvelle stratégie de développement adoptée par le gouvernement chinois, il semble que la Chine possède quelques atouts pour poursuivre une « remontée en gamme ». En fait, au cours de ces dernières années, la Chine a multiplié ses efforts pour favoriser le développement des innovations « indigènes ». Depuis 1995, elle est même devenue la championne en termes de croissance annuelle des investissements en R&D (voir la Figure 5). Fruit de la nouvelle politique d'incitation envers les entreprises étrangères de haute technologie, plus de 1000 centres de R&D ont été implantés en Chine par des multinationales occidentales. Selon certains sondages, la Chine est aujourd'hui un des pays les plus attrayants en termes d'installations en R&D (voir la Figure 6).

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote