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Le design comme moyen de reconstruction d'une identité territoriale: cas de la ville de Saint-Etienne.


par Inès Marandon
Kedge Business School - Master Ecole Supérieur de Commerce 2016
  

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ANNEXES

1 Guide d'entretien semi-directif

« Bonjour. Je m'appelle Inès Marandon, étudiante en Master 2 Programme ESC à Kedge Business School (Bordeaux) en spécialisation dans le Management des Industries Créatives. Je mène un mémoire de recherche ayant comme sujet « Le design comme moyen de reconstruction d'une identité territoriale. Cas de la ville de Saint-Etienne ». Je vous remercie de bien vouloir m'accorder du temps pour répondre à mes questions. L'entretien sera enregistré et durera environ une heure durant laquelle je vais aborder 4 thèmes. Vous pourrez parler librement et exprimer votre point de vue sans craintes, je n'utiliserais que ces données dans le but d'enrichir mon mémoire. »

Thème 1 : Parlez-moi de votre organisation

RELANCES - Activité, importance (notoriété, réputation, taille, missions...)

Thème 2 : Parlez-moi du design et de votre organisation

RELANCES - Définition et représentation du design, intérêt du design, design intégré...

Thème 3 : Parlez-moi de l'identité territoriale de Saint-Etienne

RELANCES - Ville Unesco de Design, Ville de Design, « Classe Créative » à Saint-Etienne,

Facteurs moteurs et freins (Aides...), Fréquentation des publics...

Thème 4 : Parlez-moi de l'impact du design de Saint-Etienne sur votre organisation RELANCES - Atout de cette politique pour votre activité...

Conclusion : Auriez-vous quelque chose dont nous n'aurions pas parlé et que vous souhaiteriez évoquer ?

Remerciements

Signalétique (Nom, Prénom, Statut, Fonction)

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2 Entretien avec Stéphane DEVRIEUX,

Directeur Le l'Office Lu Tourisme Le Saint-

Etienne

· Bonjour (présentation etc.), je souhaiterais savoir quelles sont les missions actuelles de l'Office du Tourisme, votre rôle et puis dans un second temps, je vous proposerais de rentrer dans le vif du sujet.

D'accord. Donc l'Office de Tourisme, nous avons les compétences sur 45 communes de Saint-Etienne métropole. On est le statut industriel et commerce avec les fonctions traditionnelles des offices de tourisme, c'est à dire les fonctions d'accueil, d'information des visiteurs, des fonctions de promotion du territoire (euh), avec un lien marqué sur l'attractivité du territoire. Un lien transversal pour faire évoluer l'image du territoire. On gère le bureau des congrès des événements de Saint-Etienne métropole, donc on a mission de développer l'activité liée aux événements et aux congrès, de coordonner l'ensemble des partenaires qui interviennent sur les congrès. Ensuite, on gère la promotion, tout ce qui est en lien avec la presse, deux sites patrimoniaux et culturels, le parc régional du Pilat et le site Le Corbusier à Firminy. Au total on est une trentaine de personnes en temps plein.

· D'accord et vous êtes Directeur de l'Office du Tourisme depuis quand ? Depuis 2010.

· Et avant, étiez-vous sur Saint-Etienne aussi ?

Non, auparavant, j'étais directeur départemental du tourisme de l'Ain. Donc je travaillais sur ce département.

· Etant donné que nous n'avons pas énormément de temps, je vous propose de rentrer directement dans le vif du sujet. Donc en ce qui concerne Saint-Etienne, ville de design, qu'est-ce que ce réseau apporte à la ville, en terme de communication mais également en terme de réseau entre les villes de design ?

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Effectivement, il y a 2 aspects, même s'il s'agit pas d'un label mais d'un réseau, donc le fait d'être membre de ce réseau depuis 2010 très concrètement ça a permis de tamponner un peu, même si c'est pas un label, on peut quand même dire que ça a labélisé le territoire, c'est à dire, que ça a été un outil de communication local. Le fait d'être reconnu à l'international, souvent, c'est un vecteur positif en local, à la fois auprès des habitants mais aussi c'est très efficace auprès des acteurs, que ça soit des entreprises, entre les sites touristiques, pour nous, au niveau du positionnement, pour faire évoluer l'image (euh) de Saint-Etienne, c'est quelque chose qui est très très important. Ca, c'est le volet « image ».

Après, il y a le volet réseau. Il est très dynamique, le réseau des villes design Unesco. Il y a beaucoup d'échanges, alors pour le coup c'est moins nous directement, mais c'est plus la Cité du Design qui développe ça, et qui (euh) est directement liée au réseau mais beaucoup d'échanges d'expérience, donc du coup des gains de temps, et aussi quand on va voir dans des pays qui ont des cultures différentes, on progresse beaucoup, plus que quand on fait du benchmark en local donc ça apporte beaucoup par rapport à ça, et ça nourrit beaucoup. Par exemple, chaque biennale internationale du design, il y a des « temps » complets qui sont liés au réseau.

· D'accord. Et pour l'Office du Tourisme, c'est une directive importante de promouvoir Saint-Etienne en tant que ville de design ?

Ben nous au-delà d'une directive, c'est notre positionnement. C'est à dire que le positionnement qu'on travaille, il est autour du design, du créatif, du collectif donc, on a tout restructuré, nos actions, nos outils, nos supports autour de ça. On travaille beaucoup en déclinaisons, par exemple, le tourisme d'affaires, quand on présente la destination, c'est autour d'une destination design, donc on a travaillé sur des offres autour du design avec des designers. Là, pour un congrès qu'on est en train de monter, on est en train de bosser avec une équipe de designers et une agence d'événementiel pour créer des prestations très spécifiques à Saint-Etienne où les gens, puissent lors d'une soirée, toucher le design, arriver à le concrétiser, donc vraiment, nous c'est un fil rouge, même si c'est du marketing pur et dur, mais on oublie pas le reste, on se positionne par rapport aux autres puisque le design c'est quelque chose qui est vrai à Saint-Etienne, c'est issu de l'industrie, ça s'appuie sur une réalité, où il y a un vrai réseau, avec la Cité, avec l'Ecole d'Art et de Design, les entreprises, avec beaucoup d'activités économiques liées au design, donc elle est vraie. Et, au détriment du positionnement, on reste la seule ville française membre du réseau et en Europe, y'a Berlin, Bilbao, GratzÉ

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Donc du coup, au niveau des projets à l'avenir, des événements, etc. pour vraiment, le concrétiser, qu'y a t-il de concret pour valoriser la ville, à part la Biennale, la Cité, et le Corbusier ?

C'est déjà pas mal (rires). La dessus, le Corbusier c'est surement l'outil qui nous permet d'aller le plus loin, c'est à dire, d'amener des tours opérateurs de très loin, c'est notre plus fort vecteur. La Biennale, c'est quelque chose de très important, comme c'est tous les deux ans, on ne peut pas tout miser là dessus. Et ensuite, on s'appuie sur l'entrée design pour valoriser les offres culturels, donc il y a Le Corbusier, le musée d'art moderne et contemporain, les collections du musée d'art et d'industrie, on arrive à tisser après tout une offre qui existe pour la faire découvrir et on a moins besoin de trouver plus d'offres concrètes que de travailler justement la communication et la facilité d'accès à cette offre.

· D'accord. Donc ce qui est important est surtout de communiquer autour de ça en fait ?

Communiquer, structurer, on a mis en place une City Card qui permet de faciliter et de rendre achetable, consommable facilement l'offre, donc c'est vraiment notre enjeu.

· Et concernant le lien, est-ce qu'il y a un lien entre l'Office du Tourisme et la Cité du Design, travaillez-vous ensemble là dessus ?

Oui. On travaille très souvent ensemble. On était ensemble hier. Par exemple on travaille sur la biennale 2017, on est les pieds dans l'Euro bien profond (rires), mais on travaille sur la prochaine biennale. On attaque à peu près 1 an et demie avant une biennale, des groupes, on a des comités de pilotage à minima en Suède et après on a par exemple, on a bossé sur des groupes de travail sur le réceptif, on travaille sur la billetterie, là on va mettre en place des liens un système de vente en ligne, on a travaillé pour que la City Card puisse intégrer des entrées à la biennale, et euh, très souvent, quand on travaille sur des projets pour structurer l'offre comme je disais l'organisation des congrès d'événements, on a pas mal de relations, avec la cité, avec l'école. Par exemple, avec l'école, il est question que l'on travaille avec eux pour l'aménagement de l'espace de l'Office du Tourisme pendant la biennale.

· Et auprès du public, des visiteurs à Saint-Etienne, vous avez déjà réalisé des études marketing ou autre ?

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Y'a une étude sur la dernière biennale qui permet d'analyser les retombées. Elle a été réalisée par Saint-Etienne métropole, elle permet de mesurer la perfection des territoires avant, après, est-ce qu'ils étaient primo-visiteurs, est-ce qu'ils pensent revenir, leurs dépenses sur place...

· Et du coup, qu'est-ce qu'il ressort de cette étude ?

Pour faire simple, il y a un côté très positif en terme d'événement. Une biennale, ça change complètement le territoire, on progresse en terme d'image, de notoriété, très importante par rapport à d'autres choses qu'on pourrait faire qui couteraient beaucoup plus cher. Et euh, on a de plus en plus de monde, de fréquentations externes, là, on a atteint 210 000 visiteurs pendant la biennale, le territoire, à la base, Saint-Etienne qui n'est pas une destination touristique en tant que telle, on a des comportements touristiques. On a des personnes qui viennent, qui achètent des package sur 3 jours, on a une augmentation importante des flux. Le territoire est lui-même, vous connaissez, vous êtes stéphanoise à la base, ça change quand même pas mal les choses. Les gens qui viennent pendant une biennale sont quand même agréablement surpris. C'est des moments très privilégiés pour faire venir du monde, donc on accueille des journalistes, des moments où on invite des organisateurs de congrès, c'est un moment de visibilité qui est précieux. Bon, c'est 1 mois tous les 2 ans (rires).

· Oui. C'est vraiment très important en fait pour la ville, son image...

De toute façon, on voit que les territoires en France se battent pour créer des événements porteurs d'image. C'est très compliqué. J'avais travaillé notamment sur le sujet quand j'étais dans l'Ain, où il n'y avait pas d'événement majeur, porteur d'image, où il n'y avait pas de visibilité pour en créer. Première chose, déjà, c'est que ça ne se crée que si c'est une réalité. Les choses montrent qu'il faut qu'il y ai un noyau associatif qui est lancé ça pour que ça marche. C'est le cas avec la biennale. On va dire, c'est une bande d'allumés au début qui a lancé ça et puis au fil du temps, ça s'est structuré, professionnalisé, mais c'est pas parti dans l'autre sens.

· C'est pas venu de nul part cette biennale à Saint-EtienneÉ

Oui. Et l'ancrage progressif, en général, c'est le gage de quelque chose de fort. C'est le festival de la BD à Angoulême, et puis après, c'est des trucs qui sont porteurs d'image et puis en plus d'avoir un impact bien supérieur à ce qu'on pourrait faire en terme de plan média.

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Ca amène une animation et ça a des bénéfices sur l'économie locale. Donc au-delà du positionnement touristique, l'intérêt du design, c'est... Quand je suis arrivé, on m'avait dit que c'était encore pas gagné, et ça c'est acquis assez rapidement derrière et quand même, de plus en plus et porté et intégré par les différents secteurs d'activité. Ce qui nous reste à travailler le plus, c'est les habitants. Il y a eu pas mal de travail là-dessus, mais il y a encore du boulot. Avec toutes les actions qui ont été entreprises, ça a évolué mais c'est ceux qui restaient plus à dire « Saint-Etienne, le design... ».

· Justement, j'ai l'impression qu'il y a une sorte d'incompréhension des habitants qui ne comprennent pas tellement cette Cité du Design et cette biennale etc. Vous êtes justement en train de démocratiser, de sensibiliser les publics ?

Oui justement, c'est une réalité d'arriver à concrétiser ça. Donc il y a eu une première étape sur la biennale 2015, où il y a eu un mandat très clair du maire de bosser dans ce sens. Il y a eu une très forte augmentation des personnes stéphanoises qui sont venues à la biennale, donc ça a commencé à jouer.

Le côté communication, c'est d'arriver à rendre visible le « pourquoi le design à Saint-Etienne ? » en mettant en avant le nombre d'entreprises qui sont pionnières sur le territoire sur le design, qui l'utilisent, le fait que design, c'est pas que le design sur la partie esthétique ; c'est tout ce qu'on appelle la qualité d'usage, comment on pense les usages, comment on les adapte, au final il y a une esthétisme liée à tout ça. Au final, l'idée c'est d'envoyer des signaux permanents dans la vie qui relatent du design...

· Est-ce que vous pourriez me citer quelques actions concrètes menées pour sensibiliser les habitants de la ville et les amener à visiter la biennale, etc. ?

Ben alors, sur la biennale, il y avait euh, des actions spécifiques de communication auprès des habitants, y'a euh toute la parade du design qui a été mise en place et travaillée avec les centres sociaux du territoire, là ça parait anodin mais ça a un effet d'altération. Les enfants étaient associés, pour réaliser des chars design pour la parade du design, forcément les enfants retournent à la cité avec les parents. Les liens avec les compagnes de communication plus déclinés dans les différents supports municipaux de Saint-Etienne et de Saint-Etienne métropole aussi.

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D'accord. Et en dehors de la biennale, d'après les études, les visiteurs qui viennent à Saint-Etienne viennent pour quelles raisons ? Sont-ils attirés par Le Corbusier ouÉ ?

Après, il y a plusieurs types de fréquentations hors biennale. Il y a les fréquentations de ceux qui sont en transit Nord/Sud, ça c'est plutôt l'été. La période estivale est la période où il y a le plus de visites de clientèle étrangère, aussi, qui reste 2-3 jours en allant dans le sud. Après, on a ceux qui commencent à identifier, car c'est un travail de longue haleine, ça fait quelques années qu'on a franchit un cap en terme de moyens et d'outils pour essayer de capitaliser sur cette image plutôt créative, plutôt de design, c'est à dire, ne pas être en concurrence sur des villes plutôt bourgeoises comme Bordeaux ou comme Lyon, où on est pas du tout sur ce positionnement. C'est d'arriver à valoriser des sites comme la Cité, même comme l'urbanisme qui a vraiment ses spécificités, de Saint-Etienne, de Firminy vert, etc. Et là, on a des visiteurs qui viennent plutôt pour des weekends, on a rarement des séjours d'une semaine où là c'est en général pour des motifs comme la famille. On n'est pas sur les mêmes flux qu'à Bordeaux (rires).

· Oui c'est sur que ça n'a rien à voir.

J'étais la semaine dernière à Bordeaux, nous on échange très souvent avec des villes euh, vous devez connaître l'Office du Tourisme ? On échange souvent, c'est une belle réussite sur Bordeaux depuis quelques années. Avec la cité du vin, par exemple, ça va apporter encore autre chose, on a eu le plaisir de la visiter...

· Pour en revenir à ce que vous disiez, Saint-Etienne a une image, il faut se battre un peu contre cette ancienne image, vous sentez que cette image un peu négative de ville noire, industrielle, pas très jolie, est-ce que ça change quand ils viennent à Saint-Etienne ?

On commence effectivement à sentir des évolutions, des personnes qui euh font ces changements. L'image est très ancrée, mais on a des signaux, quand on amène du monde de l'extérieur, y'a un côté très surpris, au sens où y'a un tel décalage, à la fois sur l'image ville-noire fondée, car y'a pas vraiment d'endroits dans la ville où on ne voit pas la montagne autour, le fait qu'il y ai quelques lieux emblématiques d'un point de vue urbanistique, que ça soit le Zénith, la Cité Grüner, demain la nouvelle Comédie, toute personne qui vient sur place renvoi des signaux qui sont très positifs. C'est aussi une raison pour laquelle on travaille

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beaucoup sur le tourisme d'affaires, c'est qu'on sait que lors de congrès, on a des sites plus prescripteurs que d'autres, et que, c'est un vecteur de relai d'image très puissant et que beaucoup de personnes qui viennent en congrès reviennent derrière, ou envoient un message positif sur les destinations.

· D'accord. Et juste, du coup, pour résumer, quelle est l'identité de Saint-Etienne que vous cherchez à faire connaître ?

L'identité, ça reprend un peu ce que j'évoquais, c'est une ville positionnée plutôt sur le créatif, le design. Ville qui a été tout le temps en renouvellement, en recréation... donc ce qu'on a en avant, c'est ce volet dynamique, et pas par opposition mais plutôt par contraste, une cité bourgeoise qui est active depuis toujours sur un mode de fonctionnement, c'est une cité qui a explosé complète avec le décollage industriel et qui est passé d'une taille de 50 000 habitants et en 2 siècles à tout casser à dépasser largement les 200 000 habitants et qui s'est re-stabilisée. Et suite à la crise industriel, elle a rebondit sur le design, les nouvelles technologies de manufacturing, sur l'optique, sur le textile médical de haute technologie, et du coup a une histoire qui est valorisée au travers notamment de ces musées qui est une histoire très contemporaine. Il y a aussi le côté collectif où on retrouve le côté football qui est prégnant sur le territoire. Voilà c'est un peu ce qu'on veut proposer.

· Est-ce que vous pourriez-vous comparer Saint-Etienne avec d'autres villes, que ça soit des villes françaises ou étrangères... ?

Ca dépend, en terme de quoi ? En terme de tourisme ?

· En terme de... régénération urbaine, dynamisme et d'identité ?

Manchester (rires). De la même façon, un passé industriel fort, très marquant et pour autant, une vraie dynamique de relance. Un positionnement fort sur de nouvelles technologies, alors, c'est pas rare qu'on ai des retours comme ça où Saint-Etienne fait penser à Manchester. Après, faut pas regarder les tailles des villes. Une autre ville qui rebondit énormément en terme d'image, et où il y a un parti fort, c'est Bilbao. Bilbao, le Guggenheim, c'est un phare énorme qui a fait positionner Bilbao sur l'échiquier de l'art moderne, sur le volet culturel, Bilbao reste une ville très industrielle. Faut se rendre compte qu'on est pas obligé de tout changer d'un coup, quelque, y'a vraiment une stratégie d'image et de marketing et après, on entre dans un cercle vertueux....

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Et au niveau de l'offre hôtelière par exemple, vous essayez de rajouter du design dans l'offre hôtelière ?

Oui y'a pas mal de choses qui ont été mises en place pour aider les hôteliers à renouveler les chambres avec des designers. Donc ça, ça a très bien fonctionné. Y'a eu le concours Commerce Design, avec du côté commerces, là aussi ça a pas mal marché.

· Donc pour résumer, Saint-Etienne est sur une bonne dynamique et le design fait vraiment partie intégrante de la régénération urbaine.

Complètement oui. C'est notre fil rouge qui a le mérite en plus, de ne pas être que touristique. Là, le design, ça a un côté fédérateur. Ce côté créatif, design, c'est très précieux car je vous garantis que c'est rare, l'économie, le tourisme, les différents secteurs soient derrière un même positionnement. Mais on est au début, on a encore pas mal de choses à faire (rires).

· Et concernant la dernière campagne de com', « Saint-Etienne change le monde avec le design », (rires) est-ce que c'est pas un peu fort de dire ça ?

Alors ça, faut demander au directeur général de Saint-Etienne Métropole... L'objectif, c'est un message interne. Elle n'a pas été relayée en externe. C'est surtout un travail auprès de la population avec le syndrome du « É » avec un déclic et des choses qui sont utilisées dans des industries prestigieuses et pointues c'est fait à Saint-Etienne grâce au design. C'est le message à faire passer.

Vous trouviez que c'est trop fort (rires) ?

· Non, mais je pense qu'il faut le prendre au second degré. J'ai trouvé que c'était presque provocateur mais dans un sens, je comprends pourquoi et c'est bien pensé parce que ça fait réagir. C'est vrai que finalement d'après tout ce que j'ai pu lire et entendre, j'ai l'impression que le problème vient surtout des habitants de Saint-Etienne, y'a comme un décalage.

Oui. Alors j'y pense, vous avez Nantes aussi, qui est beaucoup sur le créatif aussi. Leur image était un peu moins mauvaise, ils ont des clientèles internationales plus présentes, mais ils ont vraiment réussi et arrivent à attirer des touristes en masse. Après la ville a plus de moyens.

· Avez-vous quelque chose à ajouter dont nous n'aurions pas parlé ? Non y'a rien qui me vient.

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3 Témoignage de Bernard Laroche, consultant en

« design pour tous »

Bernard Laroche est un ancien membre de « Designers Plus » et s'est intéressé au design pour tous.

· Pouvez-vous me parler de votre activité ?

Je ne suis pas designer. De formation ingénieur j'ai fait ma carrière dans les Télécommunications puis en fin de carrière je me suis intéressé à l'impact de l'allongement de la durée de vie sur la conception des produits, services, environnements de vie et son impact sociétal et social.

J'ai fondé en 2004 un cabinet de consultant dans le domaine.

En 2006, 2010 et 2013 j'ai été co-commissaire d'exposition à la biennale design.

En 2007 les designers m'ont demandé de prendre la présidence de la grappe d'entreprise « Designers+ » en cours de création. J'en suis resté Président jusqu'en avril 2015 en accompagnant la progression de cette grappe au niveau Rhône-Alpes auvergne (plus de cent adhérents). C'est la plus grande grappe française dans le domaine du design.

Je suis co-auteur d'un guide « Design pour tous comment s'y prendre » disponible gratuitement sur le web.

Je poursuis mon activité dans le domaine du « design pour tous ».

· Et comment définissez-vous le design ?

Le design est pour moi un process (design thinking) qui consiste à observer les usages et détournements d'usage des utilisateurs pour faire émerger un cahier d'idées d'amélioration ou/et d'innovation de rupture, puis les confronter aux contraintes techniques, financières, marketing pour faire émerger l'idée ou les idées qui vont se concrétiser dans un prototype ou une maquette que l'on va confronter aux utilisateurs avant d'aboutir à la conception réalisée ou commercialisée.

Dans tout ce process l'équipe projet doit avoir à l'esprit l'impact de l'évolution sociétale et culturelle des utilisateurs.

· 11

D'après-vous, est-ce que le design est bien compris par les publics ? Cela progresse mais l'on a souvent pris pour le design pour une seule approche esthétique en

oubliant que c'est d'abord la fonctionnalité pour les utilisateurs (au sens large y compris la production et la maintenance) et que l'esthétique vient ensuite rendre le produit « désirable ».

· D'après vous, qu'est-ce qu'une « ville de design » ? Toutes les villes peuvent-elles y avoir accès sans passé industriel ?

Une ville de design c'est avant tout une ville qui place le design comme vecteur de sa

croissance ou de son renouveau et qui développe une politique dans ce sens.

Bien sûr pour être légitime dans ce domaine pouvoir inscrire cette politique dans l'histoire de la ville est un atout primordial. Un passé d'innovation (industriel ou non) est donc indiscutablement un plus. De même que sans école de design et sans designers professionnels pour accompagner cette politique la légitimité sera dure à obtenir pour le territoire qui veut s'afficher terre de design. Enfin le patrimoine de la ville (industriel et urbain) doit pouvoir témoigner de cette histoire et de cette politique.

· Quel est l'intérêt pour une ville de se tourner vers le design dans sa stratégie de développement ?

Aujourd'hui le design thinking dans le processus d'innovation par les usages est de plus en

plus reconnu comme un potentiel de différentiation dans une économie mondialisée (en particulier dans les pays à coût de personnel élevé).

· D'après vous, qu'est-ce qui caractérise Saint-Etienne comme ville de design Unesco (image, design urbain, événements) ?

Saint-Etienne est à même de raconter une histoire avec :

- son passé d'innovation,

- son histoire autour de l'école des beaux-arts et du musée voulus par les industriels

locaux (armurerie, rubanerie, ..)

- sa filière professionnelle organisée (école, nombre de designers, grappe

Designers+, ..)

- sa Cité du Design et l'originalité de son concept

- ses expositions design (Biennale en particulier)

- La présence d'un design manager au sein de la collectivité et tous les projets

réalisés ces dernières années

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Sa spécificité c'est d'aborder le design dans sa globalité et en particulier dans son approche sociale.

· Les créateurs sont-ils bien représentés et quelle place leur est consacrée ? La grappe d'entreprises Designers+, l'existence d'un quartier créatif permet depuis quelques

années une bonne représentation des professionnels du design et des professionnels des métiers connexes qui souhaitent développer des projets avec des designers.

· Que pensez-vous de la Biennale internationale du design, ainsi que du quartier créatif de la Manufacture ?

La Biennale a permis de faire connaître et rayonner Saint-Etienne dans le domaine du design.

Elle doit poursuivre dans l'esprit laboratoire des usages. Le quartier créatif doit faciliter l'implantation et la professionnalisation des acteurs du design stéphanois.

· Que doit faire Saint-Etienne pour continuer dans cette lancée d'après-vous ?

- Poursuivre la démarche même si les conditions financières des collectivités locales peuvent parfois donner envie de freiner.

- S'appuyer sur les acteurs locaux et mieux fédérer avec eux la politique de développement

territoriale par le design pour en optimiser l'efficience.

· Enfin, si vous deviez comparer Saint-Etienne à d'autres villes, lesquelles seraient-elles ?

En France il me semble que les villes concurrentes seraient Nantes puis Lille-Valenciennes.

· Avez-vous quelque chose à ajouter ? Non, bonne finalisation !!!

· Merci beaucoup !

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4 Témoignage de Guillaume GRANJON et

Élodie VICHOS, Designers et fondateurs de

l'agence Kaksi Design

· Pouvez-vous me parler de votre activité ?

Nous sommes Guillaume GRANJON et Élodie VICHOS. Nous avons créé en 2014 à Saint-Étienne l'agence Kaksi design spécialisée dans la conception et l'accompagnement à la réalisation d'objets (design de produits) et d'images (design graphique).

· Comment définissez-vous le design ?

Le design est pour nous une démarche, un ensemble d'outils qui lorsqu'ils sont mis à la disposition d'un commanditaire, permettent la création ou l'amélioration d'un produit, d'une image ou d'un service. Ceci dans le but de rendre plus agréable le quotidien de l'usager et ainsi de faire vendre plus.

· D'après-vous, est-ce que le design est bien compris par les publics ?

Le design est très souvent perçu comme un habillage, l'utilisation du mot faite par les médias faisant référence le plus souvent à l'aspect esthétique, voire artistique et non à la fonctionnalité, à l'usage.

· D'après vous, qu'est-ce qu'une « ville de design » ? Toutes les villes peuvent-elles y avoir accès sans passé industriel ?

Une ville de design est une ville qui infuse le design dans toutes les dimensions de la vie dans la Cité (politique, sociale, urbaine, événementielle, économique). Oui, les villes peuvent accéder à ce statut sans avoir de passé industriel. Le passé industriel est une façon de rendre légitime ce statut.

· Quel est l'intérêt pour une ville de se tourner vers le design dans sa stratégie de développement ?

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L'intérêt d'une ville de design est de pouvoir attirer des investisseurs en améliorant le cadre de vie et les services qui sont proposés aux citoyens et aux entreprises.

· D'après vous, qu'est-ce qui caractérise Saint-Etienne comme ville de design Unesco (image, design urbain, événements) ?

Oui, le design urbain et les actions qui sont menées en ville caractérise Saint-Étienne tout comme la biennale du design qui est un événement ancré dans l'esprit des gens.

· Les créateurs sont-ils bien représentés et quelle place leur est consacrée ?

Les créateurs sont plutôt bien représentés au travers des différents événements auxquels ils peuvent prendre part. Ainsi que par les regroupements et plateformes d'identification des designers locaux.

· Que pensez-vous de la Biennale internationale du design, ainsi que du quartier créatif de la Manufacture ?

La biennale du design et le quartier créatif sont de bons moyens de valoriser l'image et ainsi de faire connaître à la fois le quartier et la ville.

· Que doit faire Saint-Etienne pour continuer dans cette lancée d'après vous ? Poursuivre les actions qu'elle a entrepris ainsi que développer son offre aux entreprises qui utilisent ou souhaitent utiliser le design.

· Enfin, si vous deviez comparer Saint-Etienne à d'autres villes, lesquelles seraient-elles ?

J'ai récemment découvert Bordeaux et les initiatives et le dynamisme mis en place autour de restructurations de sites anciens (de type Caserne Niel Darwin) comporte un aspect très vivant. Milan est aussi intéressante pour l'omniprésence du design partout dans la ville, à des échelles différentes.

· Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Pourquoi pas mettre en place une exposition permanente (à la Cité du design) sur les racines du design à aujourd'hui à Saint-Étienne... Peut-être existe-t-il déjà une édition à ce sujet?)

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5 Entretien avec Gaëlle Subileau, Chargée Le

mission chez Designers Plus

· Bonjour, pouvez-vous me parler de votre organisation, son activité ?

Alors, en structure, en fait, on est en forme associative, ça c'est pas nouveau. Ce qui est unique, c'est que, euh, se conçoit comme un cluster, ça c'est pas commun par rapport aux designers. Il existe un point d'association par rapport aux designers, mais souvent ce sont des gens qui se rapprochent au sein de la mutualisation pour faire du projet collectif, des choses comme ça, mais dans une démarche resserrée. Voilà. Euh, nous on a décidé d'accompagner la filière design, à notre niveau, on n'est pas un syndicat, on est vraiment un réseau professionnel, avec la particularité d'avoir ce qu'on appelle les médias associés en plus des designers : les bureaux d'études, des architectes, des ergonomes, des vidéastes, des programmeurs, enfin voilà, bientôt (euh) un avocat, fin bref, des gens qui font du développement économique.

L'idée c'était, nous on est tournés vers les indépendants, et pas vers les grosses agences. C'est favoriser la collaboration entre nos adhérents, avec des équipes projets pour qu'ils aillent plus loin, en réponse aux appels d'offre ,
· de les former, on a toute une partie qui s'appelle Performance designers, on est aussi organistes de formation, on fait des formations continues, on a des ateliers, qui permettent de voir où ils en sont par rapport à des thématiques métiers, (euh), et puis on a une partie plus recherche et innovation donc on a réfléchi, ah je vous la fait très courte, à un outil numérique enfin c'est un site internet qui vous permet par un système de questionnaire de prendre du recul sur votre pratique en tant qu'indépendant ,
· on va pousser le projet plus loin pour toucher toutes les formes de, non pas de design mais de designer ,
· c'est pas la même réalité pour un designer intégré par rapport à un designer indépendant ou un designer salarié d'agence. Il y a vraiment des spécialités qui sont différentes. Voilà, et puis, après on fait un peu d'accompagnement projet innovant mais ça n'est pas l'essentiel de nos missions. Et puis la dernière chose, c'est la partie valorisation des compétences de nos adhérents. Voilà, ça c'est pour faire très simple : performance designer, communication et puis (euh), on va dire innovation entre guillemet quand même. Voilà.

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Et justement, tous les métiers du design sont représentés ?

En fait, on a pas deÉ On aurait pu, quand ça arrive souvent, avoir des associations qui disent bah nous on est sur toute la frange sur des gens qui sont entre le design et les arts plastiques, ou alors que des graphistes, que du produit. Nous on a vraiment toutes les spécialisations. On a des designers plus, qui sont spécialisés en design thinking, y'en a qui sont spécialisés en design collaboratif, alternatif, on a le designer produit, mais dans le produit, on a très peu de designers, ce que nous on appelle éditeur, c'est à dire des gens qui vont travailler sur de la petite série, qui vont travailler sur un marché qui est celui de la galerie, ou (euh), ça on a pas ça dans nos profils.

· D'accord. Par Editeur vous entendez des designers comme des artistes ?

Non, enfin, les franges sont serrées. Euh, non, je pense plus à des gens qui vont faire des pièces uniques ou des toutes petites séries et qui sont effectivement dans un milieu qui est plus proche de celui du monde de l'art que de l'industrie. Nous, on est tournés TPE, PME.

· D'accord. Et du coup, par rapport à votre organisation, je ne vous ai pas demandé, mais si j'ai bien compris vous êtes une équipe de 3 personnes ?

(Ouh) Nous on est deux personnes, enfin 2 salariés, 1 président et après comme toutes les associations, on a un bureau, un CA. Un bureau qui se réunit une fois par mois donc c'est quand même actifs, on prend pas les décisions tous seuls, euh, on part toujours des besoins de nos adhérents, il a fallu trouver des solutions pour avancer, on a trouvé un système, le fait qu'on soit 2 salariés, ça permet de faire bien avancer les choses mais on ne fait pas les choses sans nos adhérents.

· D'accord, et dans quel cadre Designers Plus a t-elle été fondée ?

La version politiquement correcte, euh, c'est une décision politique, ça c'est une réalité. Euh, c'était un contre point avec ce qui a été fait avec la Cité du Design. La Cité du Design, en fait est une institution, et nous on a une approche terrain. Voilà, c'est simplement, on pas les mêmes fonctionnements, mais lorsque la Cité du Design a été mise en place, je pense qu'il y a eu une grande inquiétude de la part des professionnels qui se sont dits « Est-ce qu'ils montent une méta agence qui serait soutenue par l'argent de l'Etat, on est-ce que c'est vraiment un outil de promotion ? ». Là, on est quand même quelques années plus tard et la réalité est que

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oui, la cité du design est plus là pour promouvoir le territoire, le design auprès des entreprises, etc, et nous, on est vraiment là pour former les designers, pour les aider à être plus (euh) efficaces dans leurs relations avec les entreprises. Quand on sort de l'école, le langage de l'entreprise, on ne le parle pas, je parle pour un designer, le langage de bureau d'étude, on le connaît de loin, comment se présenter, comment expliquer ses méthodologies, comment se présenter soi-même comme un chef d'entreprise, enfin tout ça c'est très très loin de soi quand on sort d'école, et nous notre idée c'est d'accompagner, c'est bien d'avoir 10000 designers au mètre carré mais faut-il encore qu'ils survivent, tout simplement (rires).

· Et au niveau des designers, ce sont des designers de la région essentiellement ? Alors en fait à la base, Designers Plus était juste stéphanois, quand moi j'ai intégré l'association, et on est en ouverture Rhône-Alpes depuis 2012 sur le papier, en réalité depuis 2013.

· Et pourquoi une volonté de s'ouvrir plus largement à la région ?

Parce que tout simplement on a une structure qui est unique. Que d'un point de vue on va parler de concurrence territoriale. Les outils qu'on a développés au sein de la filière, marchent pour des stéphanois comme pour des grenoblois. Il n'y a pas de problème. Une des forces de la région Rhône Alpes est le nombre de designers qu'il y a en activité. Ce qui était intéressant, pour nous, c'était d'essayer de fédérer l'accompagnement de la filière. Faut bien avoir conscience que le design, c'est un métier qui est tout jeune, qui se transforme vite. Les gens qui ont 50 ans n'ont pas été formés comme les gens qui en ont 22. Il y a beaucoup à faire, c'est un mot qui a été galvaudé. On a un petit peu la totale sur ce métier.

Autant l'architecture, a eu la chance d'avoir quelques centaines d'années pour se structurer, autant le design, c'est encore flou, même si on sait à quoi ça peut potentiellement servir quand on est du milieu, tout dépend du profil sur lequel on va tomber, etc. Donc nous, notre mission c'est vraiment, il y a une dimension d'homogénéisation, euh, voilà donc dans la façon dont on accompagne nos adhérents, il s'agit pas de leur dire quoi faire, mais de réfléchir avec eux sur le comment faire, comment faire bien, on est pas un syndicat. Notre job c'est de simplement « pour que ça se passe bien, où est-ce que le job d'un designer commence et ou est-ce que ça s'arrête », comment former pour aller plus loin dans son offre, on se rend compte que la partie stratégique elle est hyper importante. Ce n'est pas parce que vous allez intervenir auprès d'une entreprise et lui refaire son packaging qu'elle est tirée d'affaires.

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C'est-à-dire que... en préalable à toute démarche sur le packaging, c'est vraiment une stratégie sur ce qu'elle veut faire, où intervient la partie emballage et voir s'il y a des choses à étayer autour. Parce que finalement les entreprises qui ont été déçues par le design, elles sont arrivées et ont dit « Moi je veux ça, point », « le designer a fait ça, point » et puis en fait, on se rend compte que non, c'est pas suffisant, on peut pas travailler sur un produit et ne pas travailler sur le packaging, ça marche pas.

· L'idée est de travailler en équipe, ensemble ?

Oui, c'est ça. Au lieu d'être un prestataire, nous on se débrouille pour que nos adhérents deviennent des partenaires, et ça change tout. En fait, le designer est partenaire de l'entreprise.

C'est là où il y a plein de flou. C'est là où il y a vraiment des nouveaux modèles à inventer. Je pense que Saint-Etienne est assez intéressant pour ça, parce que ça permet d'aseptiser un peu les choses.

· Justement, en parlant de Saint-Etienne. La ville est Ville Unesco de Design depuis 2010. Pour vous dans quel sens la ville est Ville de Design ?

Saint-Etienne c'est une ville alors en fait, quand on dit ville de design, c'est assez juste. Si on disait ville du design, ça ferait marrer tout le monde. Saint-Etienne est une ville qui a souffert, qui n'a pas réussi à prendre son virage, enfin, y'a eu des virages, et ils ont tout raté. (Rires) Ils le savent très bien. Je ne sais pas si la partie historique vous intéresse, mais ce qui est important, Saint-Etienne n'avait pas de grandes familles très puissantes, et en peu de temps il y a des entreprises qui sont nées, pour illustrer, elles ont du innover, ça c'est important. C'est vrai que Manufrance, tous ces trucs-là, ils étaient en avance sur leur temps, sauf qu'il n'y a pas une grosses culture industrielle comme à Lyon et au lieu de dire, bon on a gagné la première manche mais pour la seconde, il va falloir qu'on se prépare, c'est ah d'un coup, au lieu d'innover, je vais faire du patrimoine. Je vais racheter plus d'usines, pour faire plus de productions, et puis comme je vends plu, je vais faire moins cher la production. C'était le truc à ne pas faire. On l'a fait. Le VTT est arrivé, on est passé à côté, enfin il y a eu plein d'histoires, la ville est cafouillage. Ce qui est intéressant c'est qu'il a fallu s'en sortir et à nouveau c'est l'innovation qui est revenue, et le design est un très bon levier d'innovation.

Donc on a une ville qui est moche. Quand on dit « La ville du design », faut pas s'attendre à arriver comme dans certaines villes, ultra contemporaines, non c'est pas ça. C'est une ville

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qui par le biais d'une volonté politique, qui est en train d'expérimenter pleins d'outils qui intègrent le design, pour aider les entreprises à se développer.

· Et les outils, justement ?

Dans les outils, il y a déjà le travail de la Cité du Design, qui a un pole Recherche qui est extrêmement compétent. Ils ont mis en place une méthodologie qui s'appelle les LUPI (Laboratoire des Usages et des Pratiques Innovantes), pour faire du développement. Il y a quelque chose qui est en train de se faire au sein du quartier créatif, en terme d'animation. Ils essayent de croiser les regards, de favoriser l'innovation ouverte, en mettant en place des workshops, des ateliers, des sessions de travail libre, enfin, y'a plein plein de choses qui se mettent en place, nous on est en interaction justement avec les acteurs du quartier créatif, voilà, y'a un Fab Lab qui a été monté, y'a une école de communication un peu plus haut, y'a des écoles, des entreprises un peu plus haut. Ce qui est intéressant c'est qu'au lieu d'avoir simplement un lieu de mixité, c'est carrément un quartier.

Voilà alors après des outils, il y en a eu pleins qui ont été mis en place. Le fait qu'il y ait la Biennale Internationale de Design, ça permet d'expérimenter des tas de choses, on a fait des laboratoires d'usage, il y a des workshops géants qui ont été mis en place, y'a pleins de choses comme ça qui ont été testées.

· Du coup le quartier créatif est considéré comme un marqueur fort de la transformation du territoire, quels seraient les autres marqueurs dans la ville d'après vous ?

Est-ce qu'il se passe des choses ? Alors, ce qui est difficile, c'est que quand les entreprises recourent au design et que ça se passe bien, contrairement à ce qu'on peut imaginer, je parle bien des TPE, PME, elles ne communiquent pas dessus. Je vais prendre un exemple, y'a une boite qui fait du tube cintré sur Saint-Etienne, vraiment l'usine à papa, ça fonctionne en silo graphique, plutôt mentalité sous-traitant. Ils ont fait appel à un designer et ce sont rendu compte qu'avec des nouvelles normes, il était obligatoire pour les hôtels d'intégrer des assises pour les handicapés dans un certain nombre de leur chambre, et dans ce cadre-là, un de nos designers a travaillé avec eux, il a fait un truc simple, efficace, et qui c'est dit que l'hôtelier ne voulait pas avoir en permanence un banc dans la douche, donc il a trouvé un système tout con, c'est une applique qui se fixe au mur, quand c'est pas destiné aux personnes handicapées, c'est simplement un reposoir pour les savons, et quand une personne

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handicapée ou qui aurait un problème etc, on enlève la tablette et on fixe un petit siège contre le mur, qui permet de nettoyer la douche sans problème. Elle est mignonne, c'est un petit tabouret, mignon, bien pensé. Et ce designer a voulu savoir comment ça se passait pour l'entreprise, qui a dit « ça marche » mais impossible d'avoir des retours sur combien. Et puis, moi je les ai beaucoup torturé car on a fait un projet en lien avec le design pour tous, et là on apprend qu'ils sont deuxième leader européen sur le marché, en fait (rires). Et là je lui ai dit «Pourquoi vous ne le faites pas savoir ? ». « Ah bah non, vous comprenez, si les autres ils le savent, ils vont embaucher un designer », ma voix est tombée, je me suis dit « wow »É Il faut bien se dire que y'a pas à Saint-Etienne y'a une mentalité particulière, autant à Lyon on veut que ça se sache, autant à Saint-Etienne y'a un syndrome où on fait des trucs c'est superbe mais... ce qui fait qu'en terme de marqueurs, il se passe des trucs étonnants pour les entreprises à Saint-Etienne mais alors, c'est « o maire pas complète », alors la ville essaye de faire des campagnes de com' pour montrer comment le design change le monde à Saint-Etienne, c'est effrayant.

Donc dans les marqueurs, justement, la ville fait un gros travail d'affichage sur Saint-Etienne change le monde, en présentant des projets qui ont été développés par des entreprises du coin, mais c'est toujours les mêmes entreprises.

· Pourriez-vous me donner des noms d'entreprises qui utilisent les designers ?

Oui, Fab Outillage, alors on a quand même DPS, Tollerie Forezienne, (euh) mais il faudrait contacter le pole communication de la mairie qui sera ravie de vous donner tous les noms.

Voilà, on est quand même sur des bonnes entreprises, y'a Verney Caron aussi, qui fait tout ce qui est armes, chasses, etc. Donc sincèrement, il se passe des choses (rires) mais il faut savoir que Saint-Etienne est la 2ème ville de France en terme de densité de TPE-PME. Et voilà, c'est pareil mais personne ne le sait ! C'est pas l'image que donne Saint-Etienne. Voilà donc il y a un travail qui est énorme et ce qui est intéressant, c'est que le design s'intègre aussi dans les écoles, y'a eu pas mal d'actions pour aider les enfants, qu'ils soient acteurs de la remise en forme de leur classe, dans une démarche design ; repenser des espaces de travail, pareil au niveau social, y'a des choses énormes qui ont été faites qui sont super intéressantes, notamment avec le Rabais, où ça sert à rien de refaire les locaux si vous savez qu'il y a une telle misère sociale autour que ce sera flingué, là ils font de la co-conception avec les adhérents ; les ados vont réfléchir, les adultes, ils vont requalifier leurs espaces, et ça marche en fait, les gens sont fiers après. Mais en même temps, y'a la dimension technique, pratique

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du designer aussi, donc c'est pas non plus un projet qui vient comme ça « super on a refait le mur ensemble », c'est plus pérenne.

Voilà donc ce qui est difficile est que Saint-Etienne métropole est la ville qui communique beaucoup sur le quartier créatif et la biennale, et, bon y'a eu la revalorisation du quartier de la gare, on commence à, y'a des choses qui bougent doucement, c'est une ville, faut imaginer, l'urbanisme de la ville, c'est comme un costume qui serait trop grand pour son propriétaire. On a une ville qui s'est développée d'un coup comme les villes américaines champignonneuses et qui s'est vidé d'un coup, le bon exemple c'est Detroit. Et on se retrouve en fait en terme de nombre d'habitants et de battis, y'a un truc qui va pas. Voilà donc c'est une ville qui est en transformation, nous avec nos adhérents on est en train de réfléchir à des démarches en lien avec ce qu'on appelle la slow city. Donc ça, on a une ville qui a un potentiel énorme la dessus, après les choses se font après l'autre et puis y'a pas beaucoup d'argent comme partout.

· Vous pensez du coup que la ville est réellement en train de changer, de changer d'identité vers le design ?

Alors, ça n'engage que moi ce que je vous dit, parce que je n'ai pas tous les paramètres en moi. Il y a quelque chose de particulier qui est en train de se développer sur la ville, en terme d'échange entre les différents acteurs, je trouve qu'il y a beaucoup plus de dialogue que dans pas mal d'autres villes où on intervient. Donc ça c'est une réalité, qui a beaucoup d'initiatives privées à Saint-Etienne qui vont dans cette démarche de slow city, avec des gens qui vont se réunir, se monter en association pour pouvoir se développer, une rue, un quartier, soutenir de la création avec les éditeurs, c'est super, pour pouvoir en faire des mouvements de liasse populaire, indépendamment de la Biennale, où ils ont carrément bloqué le quartier, y'a des défilés. Il se passe quelque chose. Après, la dimension de pérennisation est un truc que la ville a beaucoup de mal avec ça. J'ai fait mes études à Saint-Etienne, je suis partie et je suis revenue, y'a des idées, y'en a partout, mais apprendre à capitaliser et à aller jusqu'au bout, c'est une ville qui a du mal à le faire. Wow super c'est génial, on arrête, d'accord. (rires) Alors que sur Lyon, quand ils ont un truc qui marche ils capitalisent à fond dessus.

· Est qu'est-ce qui fait que la ville change d'avis ?

Il y a des ballotages de municipalités, je pense que là dessus, on est super forts, et puis forcément ce que fait le prédécesseur c'est pas bien, sinon ça serait trop simple. Et puis en

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fait c'est une culture, ce qui est amusant, on a une culture à la fois très gauche (ça c'est le reste ouvrier) et une culture droite catholique mais avec le côté « aides », du coup on est une ville très très sociale, avec les gênes de montrer qu'avec l'argent on peut faire des choses qui brillent. Voilà, et c'est le fond du truc par rapport à Lyon, et que des fois on a mis de l'argent sur des choses où les gens ne comprennent pas à quoi ça sert, alors on va pas trop le dire. C'est dommage.

· En tant que stéphanoise, j'ai toujours entendu beaucoup de critiques sur la Cité du Design, au niveau financier, et je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas trop...

Ce que c'est que ce machin, ouais en fait, après voilà déficit de communication, la Cité du Design fait beaucoup avec pas tant que ça. Quand on regarde ce que coûte la biennale d'art contemporain sur une Biennale de design, ça se compte en zéro. La Biennale du Design, c'est à peine la moitié de ce que coute celle de l'art contemporain, et en terme de visites, Saint-Etienne est au-dessus, ça c'est une réalité et ce qu'on a tendance à oublier, j'étais en régie etc., donc la biennale de design fait manger un paquet considérable d'artisans, d'entreprises locales, ça faut pas l'oublier, c'est quand même pendant un mois les hôtels qui sont un peu pleins sur Saint-Etienne, les restaurants qui tournent, je veux dire, c'est pas tous les jours à sainté. Souvent, je me méfie du bon sens populaire « à quoi ça sert le design, ils nous font une expo ils nous montrent une cocotte-minute », certes, le design c'est comme l'art, il faut avoir les codes, c'est pas donné, c'est pas évident c'est pas fun. Et après quand on retourne vers ces gens et qu'on leur présente le truc, alors là ils trouvent ça génial, mais, je me rappelle de trucs assez dramatiques dans La Tribune Le Progrès, « avec le prix du steak qui a augmenté qu'ils nous demandent 4 euros à La Cité du Design, bientôt on pourra plus nourrir nos enfants » (rires).

Voilà je pense que si la Cité du Design existerait ailleurs elle aurait le même problème, je ne sais pas si vous avez suivi ce qui est arrivé au lieu du Design. A Paris, en fait le lieu du design est en mission des accompagnements des entreprises comme la Cité du design et ils ont une mission d'éducation, partager avec le grand public, et en fait, pour des raisons purement politiques, ils ont perdu toute la partie exposition, alors qu'ils ne faisaient pas ça avec énormément de moyens eux non plus, et voilà, la tendance c'est une espèce de, faudrait que tout ramène de l'argent tout de suite, si on forme pas les gens...

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Saint-Etienne justement c'est vu comme une ville qui démocratise le design, est-ce que c'est vrai d'après vous ?

Oui oui, justement, l'historique que je vous ai fait tout à l'heure, où y'a une dimension sociale qui est très forte, c'est la ville de France où il y a le plus d'associations au mètre carré, y'a beaucoup d'associations d'accompagnement à l'insertion pour les primo-arrivants, c'est la force et la fragilité de Saint-Etienne. Il y a quand même un contexte qui fait que le design c'est de trouver des moyens efficients à couts maitrisés. C'est ça qu'on a oublié... Oui, il y a des mecs qui se sont éclatés dans les années 60, l'avènement du plastique moulé, les entreprises étaient très contentes, ont déposés pleins de brevets, et se sont dit c'est cool mais qu'est-ce qu'on va en faire ? Faut aller chercher des gars, des italiens, qui étaient des artistes purs, des beaux-ardeux, ils leurs ont dit « bluffez nous », y'avait pas de contraintes économiques, y'avait pas la crise pétrolière, et ils ont faits tout le vintage, c'est issu de ça, ultra créatifs car il y avait aucun cadre, et ce qui est amusant c'est que dans l'inconscient, c'est que le designer est un créatif, fait des trucs bizarres oranges et ronds. Ce design-là existe en marché de niche, mais c'est fini. Et je pense que Saint-Etienne là où ils sont assez forts, c'est qu'ils arrivent à montrer que le design peut s'intégrer sur des espaces où on ne l'attendait pas. C'est là où je vous parle de stratégie. C'est là où y'a des méthodologies design qui vont permettre de casser la dimension silographique en entreprise pour montrer que la compétence, ils l'ont en interne, c'est juste de l'activer. Finalement, on est d'accord que c'est pas des choses qui sont si chères que ça de réactiver des choses qui sont pas présentes, et voilà mais c'est pareil, c'est pas... Le problème du design comme on le pratique à Saint-Etienne, c'est pas sexy. On n'a pas un super projet « ouah, regarde comme ça brille, j'ai bossé pour la Roche Bobois ». Super, on est contents, alors qu'il est en train de se passer, au niveau indépendant, et ça va vite. Il y a trois ans en arrière, j'étais à coup de fusil, quand j'allais au Club Gier (club de la sous-traitance de la vallée du Gier), où c'était « ah elle va nous sortir des mots de trois syllabes », des trucs très fins et subtiles comme il peut y avoir dans le milieu de l'entreprise. Et puis aujourd'hui, ils sont en train de développer des produits spécifiques avec des designers et qui se rendent compte que c'est possible.

· Et d'après vous, tous les secteurs des entreprises pourraient être concernés et travailler avec des designers ?

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Carrément. On a participé à la démarche « design en résidence », c'est Alain Cadix qui avait fait des démarches un moratoire sur le design à destination de nos chers ministres, pour leurs montrer que nos entreprises avaient un déficit culturel énorme par rapport au design, ils savaient pas ce que c'était, ni à quoi ça servait... on est vraiment en retard... Y'a d'autres pays on y'a longtemps que c'est activé, donc il a expliqué ça, et puis ils ont cherché mais y'a toujours pas d'argent sur ce qu'on pouvait faire pour inciter les entreprises à y aller. La meilleure solution, ça a été d'aller dans les clubs d'entreprise, ou dans les clusters, donc y'a eu des designers, 11 résidences au finales on en a accompagné 2, Mécaloire et Numélink. Et en fait, par imprégnation lente, on s'est rendu compte que ça marche super bien avec les entreprises. On peut pas se mettre en ascendance, faut pas leur dire « mangez du design c'est bon, voilà ». C'est vraiment être à leur côté, leur montrer comment ça marche, etc, pour qu'en fait, elles se lancent. Une fois qu'elles sont lancées, ça va de soi. En fait, elles le voient comme un surcout, comme du travail en plus, c'est du travail mais après c'est un gain de temps énorme. En fait les actions très ciblées à destination des entreprises, ça marche. Mais là, on retombe sur un truc, c'est passionnant mais c'est pas sexy (rires), du coup ça fait pas partie des marqueurs du territoire. C'est la toute l'ambiguïté.

· Et vous disiez qu'en France on est en retard par rapport à certains pays ?

Ah ouais. Ouais ouais. En Allemagne en fait, les designers sont mieux lotis qu'en France, parce qu'en fait y'a une culture du design, de l'éco-conception aussi, enfin tout ça est un peu imbriqué et voilà, si c'est plus beau, si ça se vend mieux, pour eux c'est top. Ils ont le même problème en Angleterre avec ça, où le design est intégré depuis très très longtemps, et ça devient aussi des modes de pensées. En Angleterre, en fait, ils ont moins ce problème du « je suis chef, c'est moi qui décide ». C'est « j'ai envie de faire un projet, je monte une équipe, à chacun son métier. » donc forcément, le designer a toujours plus sa place. En fait un designer, c'est quelqu'un qui est transverse. Donc en France, il est perçu comme un emmerdeur alors qu'en Angleterre, il est perçu comme un coordinateur (rires). Et pareil, souvent en France, ce sont les coordinateurs de projet qui sont en lien avec les designers alors qu'en fait, ils sont en contact direct avec les donneurs d'ordres, en tout cas les chefs d'entreprise, pour faire avancer les choses, sinon c'est trop lent, y'a des choses qui s'épuisent.

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Et justement, est-ce que cette grosse différence ne viendrait pas du mot « design » qui est, d'après mes recherches, la définition du design est quand même... subjective ?

Elle est fouareuse (rires). Non en fait, on est entre 2 mondes. Tous les anglais c'est vraiment design au sens dessin, ouvrage d'art. Je vous donne un exemple, c'est Jospeh Paxton, qui a répondu un appel d'offre que personne n'arrivait à répondre, il s'agissait de construire 70 000 mètres carrés d'expositions pour une exposition universelle. A cette époque, construire un édifice comme ça en moins de 2 ans, on y arrivait pas. A la base, Paxton était un ingénieur qui était spécialisé dans tout ce qui était serres. Et euh, il a eu l'idée de construire une espèce de construx avec des pièces ultra normées et sur le principe du mécano, il a monté une serre immense en réfléchissant à la circulation de l'air, des personnes. Il y est pas allé tout seul, il s'est monté en équipes. Ca c'est vraiment l'esprit design : « j'ai une problématique, je lâche avec mes certitudes et ce que je connais, pour trouver des solutions qui me permettront de ». Là c'est vraiment le design à l'anglaise. Et à l'inverse, ce dont je vous parlais tout à l'heure, les italiens, c'est génial, on a des brevets, on a des machins, on y va, c'est design dessin, fais moi du joli coco, et si ca peut un peu être ergonomique, c'est top. Du coup, le mot design, il est perdu entre les 2. Et nous on le voit, quand on discute avec les entreprises...

· Du coup dans le travail du designer, ce qui est vraiment intéressant c'est qu'il place l'utilisateur au coeur de la problématique ?

Oui il est tourné usages, tout à fait.

· Il y a une grosse dimension fonctionnelle ?

C'est pas que fonctionnel en fait. Votre cible, vous ne pouvez pas comprendre son bien sans elle. Y'a des tonnes de trucs qui ont été faits pour les personnes âgées qui ont des malaises, le problème, c'est qu'il y en a qui supportent pas d'avoir des trucs autour du coup, ni autour de la main, le problème c'est que les personnes âgées qui ont des boutons comme ça d'alerte, dans 90% des cas, quand ils appuient dessus, c'est qu'ils souffrent de solitude. Donc ça veut dire que les industriels ont pensé à un produit qu'ils pensaient bien pour les personnes âgées générales, et la réponse c'est que ça rassure essentiellement les enfants et que ça n'est absolument pas adapté à la cible. Donc une démarche design, ça serait d'observer en fait, faire venir ces personnes là, faire venir les enfants ou en tout cas leurs responsables, et en échange, de trouver un système qui serait efficient. Aujourd'hui, si vous voulez faire fortune,

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vous dites « voilà je fais comme le réseau Orange, je fais un réseau d'alarmes que ce soit sur des systèmes poignées, poitrine, canes, d'alertes », mais ça coute 5 euros par mois. Aujourd'hui, un système d'alarmes comme ça c'est 50 euros par mois par personne. Parce que tout est éclaté, l'offre est super chère, donc les outils marchent pas, mais le modèle économique derrière il écroule. Donc voilà, c'est là où le design peut être intéressant, mais faut avoir les reins économiquement pour pouvoir le développer. C'est le job de l'entreprise.

· Tout à l'heure, vous m'avez dit qu'il y avait une grosse différence entre Saint-Etienne et Lyon. Pourtant, Lyon est à côté de Saint-Etienne, la ville aurait intérêt à développer le design sur Saint-Etienne et utiliser Lyon comme rayonnement ?

Le fonctionnement Lyon versus Saint-Etienne c'est un truc, c'est comme les derbies de foot, ça revient régulièrement. C'est voilà. A Lyon, y'a des entreprises beaucoup plus grosses. Mais 75% de ses entreprises ne souhaitent pas se développer. Alors qu'à Saint-Etienne, les entreprises sont beaucoup plus petites, et elles vont encore se développer. La plupart des entreprises se disent « qu'est-ce que j'aurais à m'embêter à travailler avec des designers », je vous parle crument mais les échanges que je vous sors, c'est des contacts avec les CCI, avec les entreprises, et à Saint-Etienne, y'a beaucoup à faire, car c'est des boites plus petites.

Utiliser Lyon comme rayonnement, bah non. Parce que du coup c'est déjà assez confus entre nos 2 villes, et Saint-Etienne a tout intérêt à dire « Nous on est les leader du design » et que les boites viennent chercher de la compétence à Saint-Etienne. Si nous on est en ouverture rhônalpine, c'est pour ça, pour que le lead du design reste à Saint-Etienne. Ils ont absolument pas envie que des gens voient ce qu'on fait c'est bien et le mettent en place à Lyon. Je pense que Saint-Etienne joue pas mal, en disant « nous on a le lead sur le design ». Ce qui est intéressant, dans le cadre de la Biennale, ils avaient commencé en 2015, ils vont refaire en 2017 en plus grand, c'est qu'il y a la partie biennale, le noyau c'est Sainté et puis y'a la Biennale territoriale et y'a des échos sur Lyon, et les alentours. Donc oui, on capitalise sur ce qui se passe, après c'est des choix, faut pas oublier qu'on est entre réalité économique et politique (rires).

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Et Lyon avec « Lyon City Design » ?

Lyon City Design c'est une boite de com', c'est une personne qui a mis ça en place, c'est une assoc'. C'est tout petit, c'est une boite spécialisée communication qui a mis en place des événementiels en lien avec le design. Alors là pour le coup, on est sur du design un peu kawa. On est sur des trucs, un peu différents. Ils ont appelé ça Lyon City Design... mais on n'est pas embêtés.

· Finalement, Lyon et Saint-Etienne sont différentes. Saint-Etienne a vraiment sa marque de fabrique. Lyon ça serait plus dans le beau...

Oui voilà, faut pas oublier que derrière Lyon City Design, c'est Fermob. Donc eux ils utilisent le design dans sa dimension, ça fait plaisir, c'est joli, c'est un petit peu sympa pour la planète, (rires), mais bon, je suis très méchante, mais simplement c'est des problèmes de dissension entre les concurrents et la manifestation. Montrer que c'est un outil de développement, stratégique, et innovation, tout ça, nous on se retrouve à faire des trucs,... Enfin voilà, le design a le droit de faire des trucs sympas, c'est pas sa fonction première (rires).

· D'accord. Et en parlant d'autres villes, en comparant avec d'autres villes, vous me parliez de Detroit qui avait le même passé industriel que Saint-Etienne. D'après vous, aujourd'hui, y a t-il une ville qui ressemble à celle de Saint-Etienne ?

Dans la liberté de penser, je pense à Berlin. Y'a des énergies dans des côtés un peu pourris, indus, des soirées bien sympas, alternatives, et tout, y'a quelque chose. Y'a une dimension design mais c'est vraiment du free design. C'est pas évident en fait, si je parlais de Detroit, Saint-Etienne s'est vraiment développée structurellement comme une ville américaine. Ca c'est une réalité urbanistique, mais ouais, après des villes qui soient dans le même état que Saint-Etienne, y'a Lille. Et ouais, Lille, n'a pas les mêmes soucis que nous, mais elle essaye justement de développer la partie design, (euh) dans la volonté de développement du design, mais là on joue pas dans la même cours, c'est Nantes. En fait, le nombre de personnes qui viennent pour y travailler par an, il est énorme, alors que nous, on est en perte. Mais bon voilà, ils ont « Design In » à Nantes, bon c'est l'équivalent de la Cité du Design et un peu de ce qu'on fait, qu'ils développé des trucs super intéressants. Pour l'instant, nous le Lieu du design, Lille Design et Design In, c'est les 3 lieux qu'on suit de prêt en France. Après, y'a

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Toulouse, y'a Montpellier, ils veulent tous faire du design, c'est classe, pour moi c'est plutôt un positionnement politique plus qu'une réalité.

· Dans un sens, Saint-Etienne a vraiment sa marque de fabrique ?

Nous on a été vraiment précurseurs. Bon après, comme tous les précurseurs, au début, on bénéficie d'avance, et puis après, les autres qui ont du retard peuvent regarder ce que les autres ont fait et partent directement avec des trucs efficaces. C'est les ambiguïtés (rires).

· J'aurais une autre question, qui élargit non seulement au design mais aux communautés créatives, est-ce que d'après vous les communautés créatives contribuent à renouveler la ville ? Sont-elles bien représentées ?

Complètement. Ouais. C'est pas des gens justement dans notre réseau, mais j'avais fédéré les off en 2015, c'est un petit regard transversal, quand je vous expliquait les gens qui sont tournés céramique, textile, etc., se fédèrent pour réinvestir un quartier, ou une rue, un immeuble (rires). A Saint-Etienne, y'a pleins de trucs expérimentaux et ça tombe super bien. Eux typiquement, les centres-villes, je parle pas de grandes ville comme Lyon, Bordeaux, etc, mais ce qui arrive à Metz, à Bonson, dans la plupart des villes moyennes françaises, les centres-villes déclinent, à cause d'internet, etc. Il faut réinventer quelque chose, donc les idées en petits efforts, c'est ce qu'essaye de faire Saint-Etienne, d'où l'idée de la Slow City, des espaces verts, des potagers dans la ville, des terrasses, slow city quoi. C'est de la vie à valeur ajoutée.

· Donc c'est un peu l'orientation de Saint-Etienne à l'avenir, la « slow city » ?

Bah ouais. Lyon c'est magnifique, mais Lyon en centre-ville on crève, c'est asphyxié par les bagnoles, ce n'est pas le même rythme de vie qu'ici (rires). Donc nous on a de la chance, dans notre malheur, on a de la chance, on peut réinventer quelque chose, les loyers ne sont pas chers. Donc je pense qu'il y a quelque chose qui est très développé sur Paris, un peu du bout des lèvres sur Lyon, sans doute plus à Marseille mais j'ai pas de recul, qu'il faudrait développer, c'est tous les espaces de coworking, mais pas tenus par des institutions mais qui soient tenus par des initiatives privées, sympathiques, ça prend, ça prend pas, c'est compliqué la France la-dessus, et je pense que Sainté, vu le travail qu'elle fait la dessus, commence à avoir suffisamment d'expérience pour pouvoir inciter des initiatives privées à se lancer et à avoir un retour d'expérience. Et ça, ça fait partie des trucs tout à fait positifs. Y'a beaucoup

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de galeries, bon pareil, faut connaître quoi (rires), mais ce qui est intéressant, c'est que dans la biennale, tout ça sort de l'ombre. Les gens ont adoré la Biennale Off, en 2015, car justement, c'est super créatif, y'en a de partout, mais c'est caché, y'en a dans les arrières cours.

· La Biennale Off c'est... ?

Dans le cadre de la Biennale du design, y'a la partie In, et puis y'a la biennale Off, comme à Avignon, et du coup y'a tous les lieux, 80 lieux qui ont ouverts sur Saint-Etienne et alentours, ça allait du « dans ma cuisine » et dans des anciennes friches indus, et des trucs assez excellents (rires), c'est pour ça que je parlais de Berlin tout à l'heure, car dans le côté un peu free, y'a ça encore. Elle a une culture un peu underground.

· Je trouve que c'est vraiment caché du coup...

Oui ce n'est pas du tout valorisé. Les transformations de la Biennale ça permettra de plus capitaliser sur cette richesse là.

· Donc il y encore beaucoup à exploiter à Saint-Etienne ?

Oui, alors exploiter y'a pas de souci, mais à pérenniser. Les initiatives privées, y'en a énormément ici, mais c'est comment accompagner toutes ces structures à aller la marche du dessus, après les choses se font petit à petit.

· Pour revenir à vous, l'association Designers Plus, quels sont les projets et ambitions futures ?

La conquête du monde (rires). Dans nos projets, notre réalité c'est d'augmenter la part privée. On se débrouille pas trop mal pour une association mais la réalité c'est qu'on a des outils performants, mais on est en train de réfléchir à des modèles économiques de plus en plus indépendants, et d'être moins tributaire des politiques, ça va de soi (euh). Donc ça c'est une réalité.

En terme d'adhésion, on l'a en augmentation très régulière, (euh) nos formations sont pleines, les ateliers sont très bien suivis, c'est pas que vers nos adhérents, sur le rhônalpin, y'a du suivi. Après, être stable économiquement, embaucher de nouvelles personnes, encourager l'innovation.

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Pour l'instant, on est en pleine réflexion, on est en âge de maturité, c'est pareil, on est en train de trouver les outils pour passer la marche du dessus aussi. Après, je pourrais vous dire plus d'adhérents, mais on veut surtout que nos adhérents s'impliquent. On veut que les gens soient acteurs de leur devenir.

Je repense à un truc par rapport à Lyon, on a des excellentes structures d'accompagnement d'entreprise sur Saint-Etienne, et je suis en train de me dire que comme on est plus fragiles économiquement, il faut que les gens soient mieux formés. Finalement, il y a beaucoup d'outils qui ont été développés par des assoc' type Talons Croisés qui font du portage salarial ou des initiatives de la CCI. Finalement, c'est très très créatif, enfin, c'est créatif d'un point de vue économique et les formations sont de très bonne qualité. J'étais surprise parce que sur Lyon, y'a des choses qui sont de moins bonne qualité, parce que le contexte est plus cool autour.

C'est comme si nous, fallait qu'on fasse tout mieux (rires), et la vie est plus dure. Donc ça c'est intéressant car franchement je suis étonnée de l'engagement des chargés de missions, des politiques enfin leurs salariés, qui développent des outils assez étonnants. Ca aussi c'est pas valorisé (rires). C'est extrêmement intéressant, les écarts de qualité entre les différentes CCI, c'est assez énorme. Ce n'est pas super objectif, mais dans le contexte, vous avez compris quelles sont les nuances.

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6 Entretien avec Nathalie Arnould, Design

Manager à Saint-Etienne Métropole et à la

Cité du Design

En gros ce livre date de 2009, on venait juste de finir La Platine et on devait expliquer pourquoi le Design à Saint-Etienne et pourquoi La Cité du Design à Saint-Etienne. Dans ce livre, vous avez pas mal d'information sur Saint-Etienne, on fait le lien historique entre l'art et l'histoire, entre l'industrie et l'art, et l'activité artistique en particulier, parce que en fait, vous le lirez dans le livre, c'est important Saint-Etienne est une ville industrielle, de savoir-faire, textile, vélo, mécanique, etc, et que la construction de l'école des Beaux-Arts, et les besoins de cette école, qui était municipale à l'époque, est venue à la demande des industriels justement du textile notamment qui avaient besoin de dessinateurs, qui avaient besoin de gens qui faisaient des esquisses, des dessins, il y avait d'ailleurs une serre, où l'école était avant 2009, où il y avait des végétaux, l'objectif c'était d'avoir des gens qui savent dessiner, de la matière, de la couleur, les végétaux, donc pour nous, c'est comme si c'était le fondement même du design pour donner forme à un objet, un produit ou concept. C'est presque l'histoire même du design.

Donc ça veut dire que le lien art et industrie, il existe depuis toujours. Le vélo, les armes, le textile, évidemment avec la crise et puis le changement technologique fait que maintenant on utilise d'autres matériaux et on va vers d'autres enjeux, mais il y avait un côté art, artisanat et savoir-faire, un lieu fort.

· La ville a finalement toujours du innover ?

Complètement, vous parliez un petit peu de l'image de la ville et du territoire de la ville. Il faut voir comme s'est construit Saint-Etienne, dans un axe Nord-Sud, avec le Crêt de Roc et notamment des endroits où on faisait le textile à la maison, où les maisons étaient avec des grandes fenêtres parce que les dames travaillaient à l'intérieur de ces maisons, donc ça touche la structure même de la ville. Et puis après il y avait le quartier des manufacturiers, ceux qui faisaient les armes, notamment, puisqu'il y avait des armes pas seulement à la

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Manufacture d'Armes qui était le plus officiel, d'Etat, mais il y avait aussi des petites manufactures d'armes, familiales, dans des usines et c'était côté Fauriel par exemple. Il y a pleins d'usines qui sont devenues des lofts finalement, ou des ateliers d'architectes d'ailleurs, voilà donc c'est sûr que l'activité industrielle a complètement construit la ville. Elle s'est construit autour du Furan, le long du Furan, qui était le fleuve fait pour la mécanique, pour les fours, et puis la Mine, évidemment avec tout ça bien avant, donc nous on fait remonter ça et on raconte tout ça dans ce livre, qui permet de dire aussi que c'est quelque part l'ADN de la ville de Saint-Etienne, la créativité, les petites entreprises, le lien entre les petites et les grandes entreprises, le lien entre la culture, et les habitants et le patrimoine, c'est un vrai écosystème de création, on titre souvent le mot écosystème de création, ou écosystème innovant.

On pense la ville comme ça quand on pense la Cité du Design. La Cité du Design est venue là parce qu'en 1998 l'Ecole des Beaux-Arts, je suis issue de cette école, je suis designer, et donc à l'époque, on avait un département Art, Média et Design, dans les années 86, est arrivé le terme de Design et de Département Design est assez récent en France, on parlait de design déjà beaucoup aux Etats-Unis et dans les Pays Anglo-Saxons, en formation, ça a existé mais il n'y avait pas d'Ecole de Design, ou alors en 84 je crois il y avait à Paris Les Ateliers, l'ENSI, qui est vraiment une Ecole de Design industriel. Mais le département Design de ces écoles des Beaux-Arts c'est officiellement mis en place en 86, pendant mes études.

Ca ne s'appelait pas Design, mais Environnement (rires)... J'ai fait des études d'Environnement. C'est en fait comment les artistes, l'activité créative peut améliorer le cadre de vie des habitants, mais d'un point de vue presque paysager, architectural, voilà, on était pas loin du design mais c'était pas très clair, le design est venu pour vraiment rapprocher les choses vers la notion d'usage : de quoi avons-nous besoin pour vivre ?

· Justement, en parlant de design, j'ai entendu pleins de définitions... Oui, c'est difficile de définir le design.

· J'ai l'impression que c'est assez subjectif et qu'on a banalisé le mot, pour dire « c'est design », pour un style moderne etc...

Oui, c'est ça, contemporain... Alors le design pour nous, on fait presque référence à la notion plutôt latine de la racine du mot design, qui serait plutôt le « dessein » (rires), le projet. En fait c'est un outil de conception, une méthode de conception, c'est un processus de conception, c'est concevoir. Alors, après, effectivement, le dessein s'intéresse plus

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particulièrement pour nous, à Saint-Etienne, à créer un univers, un objet, un service, pour la personne. C'est pour le différencier un petit peu avec quelques concepteurs autres qui existent qui sont les architectes, les urbanistes, ou les paysagistes, voilà, mais on a la même formation générale qui est l'idée de « concevoir pour ». L'architecte ça serait « concevoir pour abriter », euh, tandis que nous on est plus proche de l'usage de l'objet, du service, pour vivre tous les jours, manger dormir...

· Mais un architecte ne peut pas être qualifié de designer ?

Si, dans les pays anglo-saxons, on mélange tout. Mais oui, pour moi, un designer, la partie intéressante du design, c'est la partie conception, mise en projet. Voilà, après effectivement quand on est designer, on fait de l'aménagement urbain, en général on le fait pas seul, on le fait généralement avec les urbanistes. Les architectes ont quand même une discipline qui est très codifiée, qui est définie, on fait une structure, mais le designer la dedans il est plus proche des besoins de l'homme, du service.

· D'accord, en somme il y a une visée fonctionnelle ?

Voilà, on est dans le fonctionnel. On fait quelque chose pour une fonction, pour répondre à un besoin, pour proposer de nouveaux usages, et puis évidemment on s'appuie sur des tas de compétences que doit acquérir le designer, notamment une culture générale, une culture un peu large aussi qui croise la sociologie, qui croise la technologie, être au courant en fait d'à peu près tout, sans être expert de tout. C'est important. Après on se spécialise, y'a des designers qui sont ergonomes, ou designers graphistes par exemple la couleur et la forme, la typo, etc. Après on a des spécialisations mais c'est quand même au départ une formation assez généraliste, c'est comment donner forme à des idées, qui vont répondre à un besoin.

· Un designer finalement, peut intervenir de partout ?

Oui, c'est ce que je vais vous montrer. Il intervient à tous les niveaux. Ce qu'on voit c'est la partie visible de l'iceberg en fait, évidemment quand on voit une bouteille en plastique devant nous, elle a forcément eu un travail de design, et on voit la forme qu'elle a, c'est le résultat, ou la belle chaise qu'on voit dans les catalogues. Mais derrière tout ça, y'a tout le processus, « pourquoi cette chaise ? », « pourquoi cette forme ? », comment ça répond à une demande d'industriel, c'est tout ce qu'il y a derrière qui est vraiment intéressant. Un designer en fait travaille avec un cahier des charges, très spécifique. Et après, il peut répondre à toutes les

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demandes. J'ai des designers qui font de l'aménagement de l'espace, je vous mettrais le lien sur le site de la Cité du Design, vous pouvez aller voir « Design Map », qui une plateforme de designers de la région, Rhône-Alpes Auvergne, c'est plusieurs choses, ça a été à un moment donné un événement, qui nous servait à montrer qu'il y a des designers qui sont sortis de l'école, qui sont installés sur le territoire, qui ont des savoirs faires, qui ont déjà des expériences avec des entreprises, des collectivités, etc. et pour montrer leur travail, à un moment donné on s'est dit qu'il fallait faire un annuaire pour faire connaître ces designers : c'est la partie de promotion de la Cité du Design, par exemple. Pour montrer toute la richesse du territoire, en terme de prestation du design. Donc ca s'appelle Design Map, dont le collectif Designers Plus est adhérent. Et on a crée un réseau qui s'appelle le Co-Design et qui rassemble tous les designers de la Région Rhône-Alpes.

Voilà donc si on revient juste à l'historique et à Pourquoi le design à Saint-Etienne, l'Ecole des Beaux-Arts, l'Art et l'Industrie, une école des Beaux-Arts qui prend le pas du Design comme beaucoup d'autres écoles en France, mais à Saint-Etienne, ça a une répercussion beaucoup plus forte, parce qu'on a un tissu industriel proche, parce qu'on avait une municipalité et un exécutif qui était à l'écoute d'une perspective d'attractivité du territoire auxquels ils n'avaient pas forcément pensé mais qui pouvait prendre sens, et donc, là, on raconte cette histoire, donc Jacques Bonnaval qui était directeur à cette époque de l'école des Beaux-Arts, Michel Thiollière qui était le maire de l'époque, ont échafaudé ensemble, on se disant que finalement que tous ces étudiants que l'on avait dans cette école d'art et design, comment on faisait pour capitaliser et sur cette formation, les garder sur le territoire et faire connaître le métier, et la pratique de design. Et donc l'Ecole des Beaux-Arts a été la première à créer une revue Azimut de Recherche sur le design, un post diplôme, une 6ème année d'étude qui permettait de faire le lien entre ce qu'on apprend dans l'Ecole et le milieu Industriel, à l'époque il n'y avait pas les notions de formation par alternance, donc c'était un peu cette 6ème année qui permettait de rencontrer des futurs prescripteurs designers. Pour ouvrir la perspective de métier, pratique.

Et puis, en même temps, progressivement, il y a eu l'idée de faire un événement international, tout de suite qui est la Biennale Internationale du Design en 1998. Voilà, qui a été un gros succès, très vite, au delà de ce qu'on peut imaginer (rires). Et qui l'est toujours.

Et on arrive à la 10ème biennale en 2017. C'est un événement qui arrive tous les deux ans, on est un événement jeune dans ce milieu là. Des événements entre le design, le savoir-faire entre créateurs et entreprises, c'est plutôt des événements d'ordre économique. Il y a à Paris

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par exemple le Salon du Meuble, qui est bien plus ancien, et puis surtout à Milan, qui est le plus connu, le Salon du Meuble de Milan. Mais voilà, c'est un secteur Meuble.

Nous, on a commencé par ce secteur là, car c'était le secteur qui était une évidence pour tous les designers, et puis très vite, dans le cadre de cette formation et d'Azimut, on est allés à la rencontre des entreprises locales, notamment qui c'était reconvertie en textile innovant, optique, enfin avec l'aide de la CCI d'ailleurs, qui était partenaire, souvent. On s'est rapprochés de l'industrie du territoire, pour ensemble, échafauder un rapprochement, ça a pris du temps (rires), ça a vraiment commencé dès la première Biennale en 98. Et même à partir des années 90 je dirais. On a commencé vraiment de se rapprocher des entreprises.

· Pour revenir un peu à la Cité, qu'est-ce qui selon vous a fait naitre cette Cité du Design ? C'est une politique ?

Oui c'est une politique, parce qu'il fait aller chercher des moyens (rires), des leviers politiques. C'est raconté dans ce livre. En 1998, on fait cette Biennale, elle a du succès tout de suite. On se dit tout de suite qu'on repart sur une autre Biennale, on a eu un soutien très fort de la part de la Ville de Saint-Etienne qui quand même finance à cette époque-là, je pense 90% de l'évènement. Donc oui ça a été un choix politique très fort. Après Michel Thiollière, et le travail des élus, c'est sans doute aller chercher des soutiens au niveau de l'Etat, et au niveau du ministère de la culture, puisqu'on dépend du Ministère de la Culture, en tant qu'école d'Art et Design et non pas d'industrie, même avec le Design.

· Pour en revenir brièvement à la Cité du Design, quelles sont ses missions principales ?

La Cité du Design, c'est un EPCC : Etablissement Public de Coopération Culturelle, donc qui comprend dans la Cité du Design on a un Directeur Générale de la Cité du Design, et dans cette Institution, il y a

- Une école, la formation et un Directeur de l'Ecole,

- Et ensuite on a toute l'entité Cité du Design qui fait, on va commencer par l'entreprise : un pole relations avec les entreprises, qui justement a pour objectif de faire la promotion des pratiques du design auprès des entreprises, entreprises au sens large (entreprises et designers). Ils aident aussi les designers à trouver des entreprises, à se mettre en statut autoentrepreneurs ou en entreprises, à développer leur activité et à la valoriser.

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- Après on a le pole Recherche, là qui est en fait, une démarche prospective sur le design, c'est important, le design c'est toujours quelque chose qui fait qu'on produit pour le futur, et en permanence en besoin de veille, de démarche de réflexion, sur tous les sujets donc le département Recherche il travaille sur beaucoup la notion sur les enjeux de société. Les questions environnementaux, la pauvreté, les enjeux énergétiques par exemple, le véhicule de demain, les nouvelles technologies, les data, tous ces enjeux qui sont là, et dont on a besoin de comprendre, la recherche permet d'associer une école d'art et design, une entreprise, on est répond à des appels à projet européens dans ce cadre là, on travaille avec des entreprises qui ont les moyens d'avoir une recherche, notamment par exemple Philips, pour Orange, La Poste, on en a fait pour les Grands Comptes. Et puis ça permet de faire connaître et de rendre la Cité du Design extrêmement importante à un niveau scientifique, voilà

- Et un autre pole, (rires) il y en a plusieurs, un pole Territoire, donc moi je suis Design Manager au service des collectivités de la Ville de Saint-Etienne Métropole. C'est à dire qu'en fait, j'ai un poste comme un Design Manager dans une entreprise (Décathlon, Orange), toutes les entreprises ont un design manager, mais qui sont les chefs d'orchestre de l'innovation ou de la stratégie d'entreprise, en fait je fais du Management de projet par le design, pour innover. Et avec des designers. Je fais des cahiers des charges pour mettre du design dans la commande publique par exemple. Et mettre du design dans l'espace urbain, l'équipement public etc. Les maitres d'ouvrages, les commanditaires pour ma mission c'est vraiment la collectivité et c'est pour le service public, je ne travaille pas pour Casino quoi. Les piscines, les stades, les écoles, l'espace urbain... On reviendra un peu dessus après.

- Ensuite, on a un pole Relations Internationales qui est très important, qui est mutualisé entre l'école et la Cité du Design, parce que c'est très comment dire, la relation internationale c'est à la fois pour les échanges pour les étudiants entre écoles (Erasmus etc.), mais c'est aussi pour nous, la Cité du Design, valoriser les actions, la Biennale Internationale, créer des Programmes Européens, c'est Josyane Franc. C'est elle qui notamment a déposé le dossier pour être Ville Créative Design Unesco. Donc là, c'est le dossier réduit, c'est un résumé pour expliquer, en fait pour obtenir cette désignation qui n'est pas un label, c'est pas un patrimoine, c'est le Réseau Unesco des Villes Créatives, elle en sait plus sur ce Réseau et quelles sont les enjeux. Par contre c'est vraiment valorisant pour une ville d'avoir la petite maison de l'Unesco à côté de son nom, voilà. Parce qu'on sait que c'est une valeur et il fallait

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qu'on réponde à des critères, notamment qu'on est un événementiel, qu'on est une école d'Art et de Design, et qu'on mette en place une politique d'action et de promotion d'intervention de designers. Tout ça, on l'avait déjà, avec la Biennale, et c'est ce qui est expliqué là.

Alors pourquoi on est rentrés dans ce réseau ? On en a pris connaissance grâce à la Biennale Internationale, le levier vraiment du changement de Saint-Etienne, c'est cet événement fédérateur qui fait que y'a des gens qui sont venus à Saint-Etienne, alors que la destination de venir à Saint-Etienne, à part pour le foot, y'en avait pas, voilà, mais ça par contre le foot ça marche (rires). On dit qu'on vient de Saint-Etienne, c'est un très bon attracteur. Mais voilà c'est un attracteur supplémentaire qui permet en plus de faire du développement économique, développement des entreprises créatives évidemment, voilà. Et donc là, c'était vraiment l'occasion de mettre à plat, dans ce livre, et puis juste après avec ce livre dans ce document, pour les villes créatives Design Unesco, l'occasion de fédérer tous les acteurs autour de cette démarche, politiques, des institutions qui sont aussi régionales et notamment la Région Rhône Alpes qui a été l'une des partenaire important dans le projet grâce à sans doute l'action de nos politiques, et qui en fait en 2009-2010, a créée pour nous un Grand Projet Rhônalpin, c'est à dire pour la Région Rhône-Alpes, le grand projet rhônalpin, c'était à l'échelle d'une région comme la Région Rhône-Alpes, on peut aider et soutenir des attracteurs du territoire, qui bénéficient par simplement à leur territoire mais à la région. Par contre c'est financièrement qu'ils aidaient, donc en gros ça a permis de créer et financer la Cité du Design, aidée par l'Etat, le Maire, la Région, les Institutions, le triptyque. Et tout ça c'est fait, il faut constituer des programmes, des projets, il faut écrire, faut dessiner quelque chose qui n'existe pas, être innovant, je suis pas sure que de nos jours avec la crise actuelle, ce genre de projet si on le présentait au Ministère de Culture, on aurait autant de moyens débloqués... C'est pas sur que s'il fallait refaire la Cité du Design maintenant... Donc en fait c'était une bonne concordance de temps.

Les années 2000, on a réussi à faire venir des Ministres, chaque année on accueille des ministres (premier ministre, il y a eu le ministre de la culture, de l'industrie), chaque Biennale il y a au moins 4 ou 5 ministres, ce qui fait que pour un événement comme ça et quand on amène un ministre, on voit des belles choses, on voit de l'énergie créative, c'est une démarche complètement positive. Le levier, ça a vraiment été la Biennale Internationale.

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Et puis de ce que j'ai su par Gaëlle Subileau, la Biennale apporte vraiment à la ville. La ville vit...

Oui alors, ça c'est pas venu tout de suite (rires), mais maintenant, tout le monde s'est approprié la Biennale, on est à la prochaine édition de 2017, on travaille en partenariat directement avec les villes qui sont voisines, de Saint-Chamond, Firminy, etc., ils viennent nous voir pour construire une Biennale, pour le faire à l'échelle du territoire.

· L'idée c'est de la faire raisonner ?

Partout ! Même à Lyon, et à Clermont maintenant car on est région Auvergne-Rhône-Alpes, et même au Puy-en-Velay, puisque notre nouveau président de la Région, c'est Laurent Wauquiez, il est au Puy, et la dernière fois il a déjà participé à la Biennale en proposant un lieu d'expérimentation pour une exposition. Donc c'est vrai que c'est devenu, et c'est quand même à l'initiative de nous, au départ, mais la Région Rhône-Alpes a été un très gros soutien à partir de 2007 où le contrat a été signé me semble-t-il. Ca a été un dispositif qui nous a beaucoup aidé, qui nous a permis de développer la mission du design, la mission du design c'est d'abord la sensibilisation à tous les publics, du coup, on a cet événement Biennale tous les 2 ans, mais on a aussi les lieux d'exposition à La Platine, que vous connaissez sans doute, et on fait de la Médiation au Public, on travaille beaucoup avec le milieu scolaire, avec le CDDP (Centre de Documentation Pédagogique), pour former les enfants à la notion de conception, de qualité de vie, avec pleins de thématiques...

· Ce sont des écoles de la région ?

Pour la Biennale, c'est toutes les écoles de France, et après on est pole référence, le CDDP, l'Education Nationale a créée des pôles thématiques, je crois que Marseille c'est la danse, et nous, on est sur le Design : on est les référents national pour la formation des enseignants sur la question du design.

· Et un rôle important de la Cité est de démocratiser le design ?

Oui, tout à fait : c'est quoi le design ? Pour qui ? Ca sert à quoi ? Le design c'est partout, c'est tout. C'est simple en même temps, puis après on a pleins de démarches participatives, on a des ateliers pour enfants, etc. Pour faire ce côté sensibilisation, il y a tous les publics : c'est le grand public enfant et public famille, mais c'est aussi le public professionnel, car il y a des tas d'entreprise qui ne font pas appel au design, car ils ne savent pas encore ce que

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c'est, ils sont plutôt côté marketing, communication, ou (euh), en fait ils l'ont intégré mais un petit peu à la fin du processus pour faire une carrosserie un peu belle, alors qu'ils pourraient s'en servir comme outil de stratégie en fait...

· Avec la démarche design ?

Voilà. Oui. Donc on travaille beaucoup, ça c'est ma collègue Isabelle, qui travaille la dessus. C'est une autre façon de penser, le design pour nous, c'est vraiment associer les usagers dans la conception d'un produit. Voilà. Le mettre au coeur. Se mettre à la place de. Il y a une notion d'empathie, ça a d'ailleurs été l'objet d'une Biennale. On a le designer, c'est quelqu'un d'intuitif, de cultivé normalement (rires), il y a une part d'intuition, évidemment créatif, et (euh) il y a cette part de d'empathie. Se mettre à la place, à la fois du commanditaire, c'est normal, parce que quelque part on a quand même un cahier des charges, une mission qui nous est donnée, après, si on peut l'aider à reformuler, à formuler, à repréciser son idée, parce que parfois il a du mal à la définir. Le design peut aussi aller un peu plus en amont pour formuler un peu la proposition. Un exemple, (hum), on a travaillé avec Tigex y'a pas mal de temps déjà, qui fait les biberons, tous les ustensiles pour la maternité, et en fait ils sont un peu spécialistes dans le monde entier, on les voit partout, on leur a proposé de faire un test avec nous de ce qu'on a appelé les Laboratoires d'Usages et de Pratiques Innovantes, en leur disant que peut-être on pourrait prendre du temps, sortir de l'entreprise, et vous posez la question de quels sont les nouveaux modes de vie, parce que (euh), on se dit que quand même, enfin, y'a des tendances notamment dans les pays du Nord, où on utilise de moins en moins d'ustensiles, et en plus il y a eu la phobie du bisphénol, qui a fait qu'on a peur de donner du plastique à nos enfants. Ca a été un effet direct sur les ventes. On s'est dit « peut-être vous devraient penser à créer des objets, soit s'orienter vers des services, remettre en question votre marché quoi ». Voilà. Et donc ils se sont prêtés au jeu, je ne peux pas vous dire les livrables mais ça leur a fait du bien, parce que du coup ils avaient oublié qu'effectivement, les biberons, peut-être qu'il fallait, en changeant les couleurs et la forme, c'est pas ce qui allait à un moment donné, du coup ils ont développé beaucoup plus d'ustensiles autour du repas, par exemple.

· Donc le design est là aussi pour faire réfléchir.

Ben oui, sur le marché et sur les nouveaux modes de vie, dans 5 ans, dans 10 ans, ça dépend des latitudes des prospectives qu'on peut faire, mais voilà, faut toujours être un peu, pour être innovant et sur un marché, une niche de marché, être le premier. Et parfois les entreprises

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n'ont pas le temps de sortir de ce processus de production. Donc en fait, on leur propose un système qui est en fait très court, c'est 3 rendez-vous, on a des designers, on les met dans des situations où on les met prêt des usagers, ceux qui utilisent ou pas leurs produits, parce que c'est toujours bien, en général, on se pose pas forcément la question, même s'ils ont un service après vente, mais c'est très mécanique ce genre de chose. Quand les concepteurs, les ingénieurs et le directeur de l'entreprise va directement voir une famille et que la famille est très écolo, donc du coup, euh, le plastique, c'est fini. Ils en sont à mouliner les légumes, j'en sais rien, je dis n'importe quoi mais ils ont peut-être pensé à d'autres genres de choses.

Voilà. Je vais un peu trop loin dans le détail mais c'est comme ça qu'on construit de nouveaux projets, produits, systèmes et puis, on en était à l'autre (euh), sensibilisation et production d'événement. Donc ça c'est essentiellement les Biennales et les Expositions. Voilà. Et puis, le dernier pole qui est aussi un Pole en mutualisation, c'est un pole de Services, c'est la Communication, là on fait de la communication pour raconter ce qu'on fait tous les jours, on fait des éditions, ces outils là, par exemple là c'est un moment sur « Ville Créative, Design Unesco ».

· Ces documents sont communiqués à qui, où ?

Alors on le fait selon nos cibles. Pendant la Biennale pour parler de Saint-Etienne en terme de design, on le fait quand on va à l'étranger quand on va rencontrer d'autres villes créatives, on fait des outils pour les entreprises pour les aider à intégrer le design, je vous ferais voir des exemples. On le fait, c'est très variable (rires).

· D'accord, et au niveau du grand public ?

Alors on a fait un City Guide, on fait des choses plus simples au niveau du Grand Public. On fait en sorte que ça soit gratuit (rires), on avait fait ça une année, malheureusement on ne l'a jamais renouvelé, c'était un espèce de petit City Guide, ça a été le premier, qui date de 2008 déjà, et depuis, on en a fait, il n'y a pas eu de City Guide spécialement sur la partie Design mais on en a fait un peu plus larges.

· Dans le City Guide justement, on ne parle pas trop de la partie Démarche Design, c'était pas l'objectif ?

Non, c'était vraiment pour découvrir le design dans la ville. De manière plus concrète, pour montrer comment voir les choses de design. On a toujours l'idée que le design (rires) c'est

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quelque chose de beau, coloré, etc., donc, les gens qui viennent dans une ville, ils s'imaginent voir une ville design, pour dire le terme, et c'est un peu délicat, car finalement, une ville design, ça n'existe enfin, elles sont toutes design. Sauf qu'il y a des designs qui sont peut-être de mauvais gout (rires), tout simplement, ou, on a fait plusieurs démarches dans le cadre notamment pour mettre du design dans la ville, dans le cadre de mes missions. Par exemple, lors de la Biennale, on met des objets dans l'espace public, qui ont été crées par des entreprises et des designers, pour les tester, c'est des prototypes, et puis, ça a une vocation pour être en fait, analyser, et, est-ce que ça répond bien aux usages ? C'est vachement intéressant, du coup, parce qu'on teste dans l'espace public, des produits d'entreprise qui seront dans des catalogues après. Voilà. Donc là on avait quelques exemples.

· Et là, ce sont des étudiants qui ont fait ça ?

Alors, non, non. Ce sont des professionnels, des entreprises, des designers qui sont déjà sortis de l'école et qui proposent des prototypes, voilà. Sauf que toute entreprise, quand elles font du design, avant de lancer un produit sur le marché, elles font d'abord un prototype, c'est le processus du design. Pour voir si ça correspond bien au cahier des charges et aux usages, auxquels on pense, « est-ce que le bouton est mis au bon endroit, est-ce que c'est facilement manipulable ? », et on passe par un prototype, c'est à dire par la forme. En fait pour le design, y'a le design, y'a dessein, et le dessin. La forme, on rend formelles les idées, et ensuite, on fait un prototype, une maquette, ça dépend des termes qu'on peut utiliser. Et une fois qu'on a fait cette maquette, on la met en teste, on l'essai, on la fait tester par des usagers, on les met en situation, et ensuite, ça revient dans l'ingénierie de l'entreprise, et on améliore. Après on fait un autre prototype, on le re-teste, etc. Avant que ça passe en production pour un marché, on peut avoir deux, huit ou dix prototypes, ça dépend des objets, et oui ! Donc on se dit, l'espace public, euh, et même l'espace public et la collectivité locale, surtout avec ces périodes où on a des budgets qui sont restreints, on se dit que plutôt d'acheter sur papier ou sur catalogue des objets qui finalement on est pas sur de la qualité, on se dit de pourquoi pas essayer de tester les produits des entreprises, et après d'améliorer en fonction du marché qu'ils veulent atteindre. Donc on a fait des démarches comme ça.

On a fait aussi des démarches très participatives, ou dans un quartier, qui était dans un coin de rue, où y'a beaucoup d'incivilité, des déchets permanents etc, dans un quartier en reconversion, plutôt quartier populaire, on a mis des designers en immersion, ça s'appelle une démarche design dans les quartiers, euh, c'est à dire qu'on leur a demandé pendant un

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mois d'observer le quartier, d'aller à la rencontre des habitants avec les méthodes qu'ils voulaient (donc soit ils faisaient des enquêtes, soit ils prenaient des photos, soit ils faisaient des dessins et discutaient avec les passants, voilà) et donc, les designers qui ont fait ça, issus de l'Ecole, ils ont rencontré beaucoup de personnes du quartier plutôt âgées, venaient du milieu rural, de la Haute-Loire, etc., et en fait ils disaient que c'était dommage, y'a un arbre là, c'est dégoutant, personne y va parce que c'est salle. Et puis en même temps, elles ont racontées leur passé rural, la montagne, le rocher, et tout ça, et du coup, les designers ils sont venus en leur disant « si on faisait descendre un gros rocher de la montagne dans votre parvis et qu'on fasse venir le végétal, on fait ça en bois, ça a un côté éphémère », on avait un budget ridicule, voilà et puis faire quelque chose comme un petit objet de poésie quoi, mais qui a aussi la fonction d'être un banc, c'est un jeu pour les gamins, et ça, ça se fait en co-concevant, pour faire le concept, on le faire avec l'échange des habitants. Avec la créativité, avec les histoires. Par contre, le designer c'est lui qui arrive, alors les dames du quartier, elles étaient super contentes, le rocher est descendu du Pilat, c'était super. Et depuis cet espace, y'a plus de déchets, bon il est un peu tagué, ça fait déjà 3 ans qu'il est dans l'espace public.

Et puis par exemple, les premières expériences design avec la Collectivité Saint-Etienne Métropole, ce qu'on a fait, c'est donner une identité aux trams de Saint-Etienne. Donc on a fait intervenir des designers qui ont fait une identité graphique qui se décline maintenant sur tous les supports de mobilité de Saint-Etienne, le tram, le bus, les arrêts de trams, les vélos, etc. On a même fait dessiner un tram pour la prochaine livraison de rames de trams, on est en train de travailler sur la ligne 3 du tram, avec des designers ; on va très très loin dans les designers comme création d'identité, d'une identité stéphanoise.

· Comme création ?

On les utilise vraiment. Oui, j'ai fait une centaine d'appels d'offres dans la commande publique où je demande la présence de designers pour concevoir avec des designers, et qui sont, en plus, les designers vont souvent chercher des entreprises qui sont pas très loin. Ils commencent à connaître bien le territoire, ils s'imprègnent du savoir-faire et de la culture. Donc quand on reçoit les appels d'offre, on a souvent une qualité des offres très intéressante, qui fait qu'en plus, ce sont souvent des entreprises locales et des designers locaux. Pas à 100%, parce que les appels d'offre, c'est ouvert, mais la qualité des offres, c'est économiquement très intéressant. Ca développe l'économie locale, le circuit court. Voilà.

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C'est le but. C'est pour ça que ça change, votre question était sur la reconstruction d'une identité territoriale, voilà, c'est redonner les valeurs de savoir-faire ancestral parce que l'histoire de la ville de Saint-Etienne s'est fait sur le textile, le velours, la dentelle, il y avait les dentelières, la mécanique, voilà, elle s'est fait sur le savoir-faire des mains.

· C'est ce qu'on veut communiquer encore aujourd'hui ?

On pense que c'est comme ça qu'une ville peut être résiliente. C'est une ville qui se construit sur son potentiel, ancien, et nouveau. Et on essaie de faire ce lien entre un artisanat, un savoir-faire mécanique, technique et le design qui va vers une projection, vers le futur. Voilà. Donc évidemment, on a mis du design dans les hôtels, des démarches de rénovation d'écoles participatives, des objets de la Biennale 2015, pour donner de nouveaux usages à la ville et puis surtout, montrer que notre ville a des objets qui correspond à l'image du territoire qu'on doit se faire, un territoire créatif. On met beaucoup de moyens et d'énergie pour ça.

· Justement dans les projets et ambitions futures, c'est de continuer là dedans ?

Oui, la, le Maire, Gaël Perdriau, le met comme axe structurant. Il a lancé une campagne de communication depuis qu'il est ici qui s'appelle « Saint-Etienne change le Monde », en réaction à l'article du Monde, justement c'est drôle quoi. En fait c'était même pas prévu, mais il se trouve que le, l'article du Monde est sorti, la campagne était déjà prévue (rires). Et là on est à Milan, dans le cadre d'une exposition, la ville des designers et de l'industrie créative, vraiment, et comme ville invitée, on a titré que (euh), Saint-Etienne changeait le design. Carrément. Parce que dans notre idée, le design, c'est justement pas seulement pour faire beau. C'est pas simplement pour faire des, comment dire, que de l'événementiel, c'est aussi une façon de vivre, et de développer une économie et une ville. C'est le design, comme justement vecteur de développement de la ville. Voilà c'est dans cette idée. Le design est presque à l'échelle du territoire. C'est pas le design qui reste dans l'entreprise, voilà, on le revendique, on est les seuls, on y va, c'est une très belle campagne, qui montre que depuis 1998 qu'on fait la Biennale, on est en 2016, c'est très court pour une ville, ce genre de reconversion, et on est leader, il doit y avoir une vingtaine de villes créatives design dans le réseau Unesco, on est en France la seule et en Europe, maintenant y'a Bilbao, Turin, y'avait que Graz et Berlin. Après, y'a des villes chinoises, japonaises, Montréal... Voilà on est à côté de grandes grandes villes, on est une petite ville à côté de grandes villes et on est pris comme exemple, on est l'une des villes les plus exemplaires de démarche. Mon poste de Design Manager est pratiquement unique, en tout cas, en Europe, Helsinki sont en train de mettre un

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poste de ce type-là au sein de leur métropole, Montréal a été les premiers en 2003, et on un Bureau du Design intégré à la Collectivité. Voilà. Mais nous, à Saint-Etienne, on a notre Design Manager et le Pole Territoire (rires) pour mettre du design dans la ville.

Du coup du côté de Saint-Etienne Métropole, maintenant ça va être une communauté urbaine, il y a le développement durable, dont le transport, l'innovation, la recherche, l'université, l'enseignement supérieur, l'économie, l'attractivité du territoire, l'aménagement urbain, voiries, euh, toutes ces compétences et donc là, chaque fois que c'est possible dans les grands projets, je met le design pour améliorer et faire un projet plus innovant. Donc là par exemple, la ligne de tram 3, on travaille sur le diagnostic urbain, des espaces, et on a demandé à ce qu'il y ai des designers en phase de conception pour dessiner cette ligne et ces stations, et y mettre des usages innovants, on est en train de travailler dessus. Le Stade Geoffroy Guichard, qui est quand même l'emblème de Saint-Etienne, on a mis du design dans l'aménagement et la rénovation, avec les loges, etc. Euh, on a fait des études pour améliorer la collecte sélective et essayer de trouver des systèmes pour que la collecte sélective soit mieux faite, c'est pas facile et puis du côté économique, avec les commerces, on a beaucoup travaillé, on fait par exemple le Concours Commerce Design, où on essaye de valoriser auprès des commerçants qui veulent rénover leur espace de vente, d'intégrer un designer ou un architecte d'intérieur, parce que c'est la plus-value d'un professionnel. Dans le cadre des aides de la région, on a mis en place ce qu'on appelle des chèques design, pour les commerçants qui souhaitent avoir un diagnostic de designer, moi je les accompagnais, on les aidait financièrement à aider les prestations des designers. En fait, on a une multitude d'outils en fait (rires), c'est difficile de parler de tout. Voilà.

· Pour vous, à Saint-Etienne, les créateurs sont bien représentés ?

Les créatifs oui, les designers, oui. Alors ça c'est intéressant comme question parce que c'est justement un peu l'idée de notre directeur Jacques Bonnaval quand il a imaginé la Biennale et puis Azimut. A un moment donné, on a une Ecole d'Art et Design, donc il faut qu'en face on ai la capacité de les garder, de développer leur activité. C'est sur que la Cité du Design a été construit pour ça. Le fait est que beaucoup de designers qui sont sortis de l'Ecole sont restés à Saint-Etienne. On a à peu près 200 à 300 designers concepteurs installés sur le territoire de métropole, ce qui est pas mal.

Pourquoi en fait, parce que c'est pas cher : on a des ateliers, des start-ups, le Mixeur, la pépinière d'entreprise, qui donnent la chance avec un loyer très faible sur 3 ans, pour mettre

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en place son activité, d'un côté on a l'offre résidentielle pour accueillir des logements pas chers, c'est une ville étudiante quand même, et il y en aura encore plus avec le nouveau campus universitaire ; on ne va pas concurrencer Montpellier mais pas loin. En tout cas, Lyon c'est presque saturé, c'est très cher pour des étudiants, on commence à avoir le côté petite ville, pas spécialement belle, on va dire, elle a du charme, mais le côté faible loyer est un attracteur pour l'instant. Maintenant il faut pouvoir les garder et leur proposer une offre, donc pouvoir attirer justement des entreprises, faire des recherches. On espère faire venir des entreprises extérieures parce qu'à Saint-Etienne, il y a des designers. Voilà, c'est ça. C'est sur que par rapport à d'autres villes, je pense qu'il n'y a pas d'équivalent, mais on n'arrive pas à avoir d'études claires dessus, c'est très difficile.

Ici, y'a un bel écosystème, avec un quartier en devenir, on a une page à écrire, et on le dit souvent comme ça, c'est le tout début de l'histoire. C'est très peu sur une histoire de ville, 10 ans (rires).

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7 Entretien avec Philippe Moine, Designer

indépendant

· Présentation (ect.). Comme j'ai déjà mené plusieurs entretiens, ça m'intéressait

d'avoir le point de vue d'un designer qui exerce sur la région. Ce qui m'intéresse c'est dans un premier temps, votre activité, pourquoi vous êtes à Saint-Etienne et quelles réalisations, quelles sont vos spécialités si vous en avez et, en tant que designer et aussi si vous pouvez me parler aussi de Designers Plus comme vous êtes co-fondateur, si aussi dans une 2ème partie vous pouviez me parler, comme Gaëlle m'a déjà parlé de Designers Plus donc surtout de votre position en tant que designer.

Alors, moi je suis installé ici depuis 96, après avoir fait mes études et resté 8 ans à Paris, je suis passé par l'école Boules où j'ai fait Arts Déco, j'ai travaillé dans différentes agences, et je me suis installé ici. Je suis originaire de Saint-Etienne et la région Rhône-Alpes est une région industrielle, la 2ème en France après Paris, donc ça me semblait une localisation intéressante pour exercer ce métier, car même si on peut l'exercer n'importe où, c'est quand même bien d'être à proximité des entreprises, donc voilà le pourquoi je suis revenu ici. Euh... et donc, effectivement, on a créé le collectif Designers Plus, juste avant la venue de la Cité du Design, où elle était en construction. Le collectif est un réseau de professionnels actif à côté de la Cité, et donc depuis on existe toujours, voilà un peu pour dresser le portrait.

Moi je travaille dans 2 secteurs d'activité : le design produit et l'architecture d'intérieur. J'ai une double formation de design industriel et d'architecte d'intérieur, sachant que le design produit m'occupe à 80% du temps, donc je suis axé essentiellement design produit avec de l'archi d'intérieur, sur un axe hôtellerie et restauration.

Ce sont les axes où je démarche et qui me plaisent le plus. Mes clients sont essentiellement régionaux, situés en région Rhône-Alpes, euh, un petit peu sur Paris et des expériences anecdotiques à l'étranger, voilà, mais ce sont des « one shot » de manière assez épisodique.

· Essentiellement sur le région Rhône-Alpes donc. Et donc je vais passer à autre chose, j'ai besoin de votre avis concernant le design. Comment définiriez-vous selon vous le design ?

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On va y passer la nuit là (rires). Comment je définirais le design ? Le design est une activité transversale au sein de l'entreprise, de l'industrie, euh, on sait qu'aujourd'hui encore plus, en ces temps actuels, où l'économie ne fonctionne pas très bien, le design est une manière de se différencier dans l'entreprise. C'est vraiment un investissement que les boites font sur du long terme. On a des exemples, enfin, le design est peu utilisé en France.

· Ah oui ?

Oui bien sur. Il est peu utilisé en France malheureusement à tord pour les entreprises. On a des exemples et quand c'est utilisé, à différents stades et à différents niveaux, c'est bien souvent du one shot, on fait du design comme on fait de la cosmétique mais on sait que le design est créateur de valeur, créateur de richesse, et les entreprises ça ne savent pas l'utiliser. On a quelques exemples heureusement des entreprises comme Décathlon, Apple, évidemment, où le design fait partie du développement et de la stratégie d'entreprise et ils nous font pas ça pour faire plaisir aux designers, ils font ça pour avoir des clients et dégager de la marge, et on sait que les entreprises comme Décathlon marchent très bien, mais ils ont des centres de design, ils fabriquent des produits et travaillent avec le service et les usages. Donc voilà. Et moi, jamais avec mes clients, je parle de « beau », de « c'est joli », d' « esthétique », car c'est pas le créneau d'entrée. Evidemment, quand on fait ce métier là, on fait des choses qui sont sympathiques parce que si on n'est pas sensible à la couleur, aux formes, on ne fait pas ce métier là, c'est évident. Mais là où le design est beaucoup plus fort et il apporte beaucoup plus d'impact dans l'entreprise, c'est réfléchir à des processus, réfléchir à des concepts, à comment, c'est là où quand on a duÉ Le design fait partie de la stratégie, on a des designers managers qui vont imaginer et se projeter dans l'avenir et comment voir la société avec l'environnement social, avec les évolutions sociétales, économiques, aujourd'hui on a des manières de consommer qui sont complètement différentes d'il y a seulement 5 ans et quel est le regard du design vis à vis de ça. Et ça, quand on vend du produit, évidemment qu'il faut le vendre, et le commercialiser, donc si le designer il est pas au fait de ça, il n'a pas une réponse à amener, il passe à moitié à côté de la question quoi.

· Oui. On m'a beaucoup parlé de la démarche design, de placer l'utilisateur au coeur du processus de création pour vraiment le tourner usage ça.

Oui alors ça, on a l'impression que c'est à la mode ça. Ca, c'est l'essence même du métier. Moi j'ai appris à travailler comme ça, euh, quand je travaillais avec Tallon, Tallon me disait

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« va regarder les users, une chose seule de bonne, c'est les users, vas voir les utilisateurs ». On n'appelait pas ça du design thinking, aujourd'hui, on met du design thinking et usages à toutes les sauces. Moi ça fait 25 ans que je pratique comme ça quoi, parce que y'a pas d'autres moyens que quand on travaille sur une problématique, d'aller voir comment les gens fonctionnent et de recueillir leur avis. Voilà. On a l'impression de faire une grande découverte mais pour moi, ça n'en n'est pas une (rires).

· Oui donc ça existe depuis toujours quelque part ?

Oui, ça bien sur. Le design existe depuis 2000 ans, sauf qu'effectivement, on n'était pas dans des sociétés de consommation comme maintenant, on avait pas autant d'offres, donc c'est sur que c'était pas autant développé. Et la nécessité n'était pas autant ressentie. Mais quand Brome en Allemagne faisait des rasoirs, en tout cas l'électroménager, ils avaient compris que, évidemment on était très orienté esthétique, alors que maintenant c'est une partie de notre activité, mais Brome avait très bien compris qu'ils avaient embauchés un designer, ils avaient pris un designer manager et c'est un moyen de faire des produits qui étaient... Aujourd'hui, on va dire que ce sont des produits intelligents, avant des produits bons avant d'être des produits beaux.

· Et juste par rapport à vos expériences, selon vous, les entreprises de manière générale, elles sont ouvertes au design, ou vous sentez que, notamment dans la région Rhône-Alpes, est-ce que d'après vous, le processus, l'ouverture à cette démarche est enclenché ou est-ce que...

Non, euh, les entreprises à mon sens sont assez frileuses. Là je reviens, j'ai travaillé un mois aux Etats-Unis, alors et en plus à New York, donc une ville super dynamique, où les gens vont de l'avant, et je suis rentré fin mars là. J'ai pris une grosse claque en rentrant, car j'ai essayé de prospecter comme je fais ou comme je devrais le faire régulièrement, enfin bref, j'ai rencontré des entreprises françaises qui ne sont même pas curieuses de ce qu'est le design, qui sont attentistes, qui sont réticentes au changement, alors, ça, comment j'explique, il y a plusieurs facteurs. Il y a d'une part le facteur économique, alors il faut pas se leurer, malgré tout ce qu'on entend, on est dans une période qui n'est pas florissante économiquement et on est aussi dans un pays qui a une culture très traditionnelle et qui n'est pas ouverte et sensibilisée au design, mise à pars effectivement il y a quelques exemples comme ça, mais on va dire la PME classique en France et en région RA si elle utilisait le design, ça se saurait quoi. Je pense que mes confrères designers sont là pour dire globalement la même chose.

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C'est pas systématique et encore une fois cette semaine, un client pour qui je travaille depuis 4 ans, qui est tourné vers l'usager, c'est même pas 1 client, c'est 2 clients cette semaine, que j'ai rappelé, dans une démarche commerciale et prospective, ils sortaient tous les 2 des nouveaux produits, alors pas essentiel dans leurs gammes, ils sortaient un produit qu'ils allaient mettre sur le marché et ils m'ont dit « on avait pas pensé au design », alors que c'est des gens pour qui je travaille depuis 4 ans, pour qui j'ai développé plusieurs produits, pour qui j'ai fait du graphisme, donc ça veut dire qu'ils n'ont pas le réflex, et que le design n'est pas systématique. Alors, quand je constate ça avec des gens qui me connaissent, ils sont sensibilisés à ce qu'ils ont pratiqué de nombreuses fois, on a eu ensemble des très bons résultats, et je dis, c'est pas encore, ça suffit pas encore. On a quand même quelques longueurs de retard par rapport à des pays comme l'Angleterre par exemple ou l'Allemagne également, ou les pays nordiques également où la le design est dans le processus industriel. Moi j'ai eu plusieurs fois la vision d'une prise dans le milieu médical qui m'a dit « je ne sais pas comment intégrer le design chez moi parce que le bureau d'études est réticent : qu'est-ce que le designer va venir nos emmerder ». Donc elle a besoin de d'abord sensibiliser le bureau d'études avant qu'il vienne parce que travailler avec un designer c'est une source d'ennuis, voilà. Donc il y a aussi toute une éducation à faire au niveau technique...

· Au niveau technique vous dites ?

Au niveau des ingénieurs, du market', parce que la France, on est un pays où les produits ont été dessinés par des ingénieurs, et ça c'est encore très présent. Après y'a le Marketing qui a pris un peu le pouvoir sauf que maintenant le pouvoir est chez les designers, alors ça, c'est un peu aussi la faute aux designers, qui n'ont pas su se défendre, avec une connotation particulière, le sérieux avait du mal à passer dans les entreprises. Mais aujourd'hui, on voit très bien, c'est Décathlon, Seb, euh je suis passé chez Renault également, le pouvoir il est chez les designers parce que le designers a des outils que n'ont pas le market et la technique, et en fait, l'innovation ne vient pas uniquement de la technique et du market mais vient aussi des utilisateurs. Il vient aussi du design. Ca devrait bien souvent être la technique au service du design et non pas l'inverse.

· Et donc d'après vous, il y a quand même encore du chemin. Ah oui, bien sur qu'il y a du chemin.

·

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Et du coup c'est le rôle de Designers Plus de sensibiliser les entreprises là dessus ? Alors ça, les choses ont changé et évolué avec le temps. Et ça, on est en pleine mutation parce que, je sais pas si vous connaissez le contexte régional mais donc maintenant, il y avait le co-design qui était une institution publique qui a répartit les rôles entre les syndicats, la Cité du Design, Designers +, où chacun avait bien sa mission. Maintenant, le design n'existe plus, donc la mission du collectif qui était au départ d'amener du business aux designers et de faire connaître le design, ça ça avait été arrêté, et la mission du collectif était de faire monter en compétences les designers et de les accompagner dans leur développement. Depuis, là on est en pleine mutation, les cartes sont rebattues, parce que, tout ça vient se greffer avec un manque de subventions, le collectif existe uniquement parce qu'il est subventionné par la Région, on sait que les subventions vont diminuer, l'année prochaine on va en avoir beaucoup moins, donc nous, on a dit « il faut qu'on puisse vivre », donc on est en train de réfléchir à comment est-ce qu'on va pouvoir intégrer l'industrie et puis entre guillemets, sauver notre peau et par la même occasion celle du designer. Effectivement peut-être qu'on va revenir à une sensibilité du design, mais ça c'est aussi le rôle de la Cité du Design. On est en plein dialogue avec la Cité du Design pour voir comment on aide, on est 2 entités complètement différentes donc on est en train de voir comment on peut intelligemment se répartir les rôles parce que globalement c'est de faire avancer la machine et que les entreprises stéphanoises s'intéressent plus aux designers.

· Mais du coup, pour vous, juste pour en revenir un peu à mon sujet qui est quand même sur la ville de Saint-Etienne, est-ce que pour vous, c'est naturel que le design soit venu à Saint-Etienne ? Saint-Etienne ville design Unesco, est-ce naturel pour vous ?

Oui c'est naturel pour plusieurs raisons, on a le passé qui plaide en notre faveur. On a ben une entreprise historique Manufrance qui fabriquait des armes, des cycles, des tissus, des machines à coudre, des produits de toutes sortes, alors évidemment il y avait pas de designers, y'avait des ingénieurs, mais c'était les prémices du design, les ingénieurs faisaient du design par défaut, même s'ils étaient pas formés pour, y'avait forcément des gens qui dessinaient. Donc on avait du design de manière sous-jacente et on a eu de l'art et d'industrie et de l'art moderne, donc tout ça c'est assez cohérent et quand Michel Thiollière a axé l'identité d'une ville sur le design, il s'est pas trompé, parce que c'est complètement juste quoi. Donc tout ça, c'est effectivement totalement justifié ouais.

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Donc ouais, le design est très logique à Saint-Etienne. Et même, le design n'existera que si, parce que c'est bien beau d'en parler, n'existe que quand on le pratique. Si on le pratique pas, il n'existe pas, on a beau faire des grandes théories, avoir des écoles, si les entreprises ne s'en servent pas, le design n'existe pas.

· Mais à Saint-Etienne, d'après vous, il est bien réel, il est bien concret le design ?

Il est concret oui, le fait qu'il y est une Cité du Design, il est concret. On a un designer manager nous a Saint-Etienne qui oblige les entreprises, notamment sur des programmes publics, donc c'est à dire, la construction d'établissements publics, qui obligent les architectes à utiliser le design. Hier encore, un confrère me disait « c'est parce qu'on les oblige ». Ils sont obligés. Dans une ville qui a le statut de ville Unesco, on ne peut pas faire sans, mais ça, c'est une obligation de passer par le design, donc effectivement il est présent, mais comme je disais, il est présent parce qu'il faut qu'il se pratique. On a quand même des entreprises qui, c'est pas systématique quoi, mais un de mes anciens clients qui a utilisé le design, qui a investi dans le design, donc ça c'était une politique de la direction qui avait compris, aujourd'hui, la direction a changé, maintenant ce sont des ingénieurs et ils ne font plus de design. Vous allez dire que j'ai une dent contre les ingénieurs, pas du tout, c'est simplement des constats qui sont récurrents, et on le voit parce que c'est leur formation que c'est comme ça. C'est à moitié de leur faute car leur formation fait qu'ils n'ont pas été sensibilisés à ça. On ne peut pas leur en vouloir.

· Et juste, pour Saint-Etienne, d'après vous, il y a quand même d'unique, est-ce qu'il y a une sorte d'une marque de fabrique du design à Saint-Etienne ?

Euh, alors il y a deux manières de voir les choses :

- Si on les voit on va dire avec un certain angélisme et chauvinisme, on peut dire oui, il y a quelque chose d'unique.

- Mais si on est réaliste, bon moi j'ai pas la prétention de voyager beaucoup mais je reviens des Etats-Unis, je vais régulièrement en Italie, on est pas uniques, faut arrêter de penser que les autres ne le sont pas, justement, l'Angleterre, l'Italie, ce sont des gens qui pratiques beaucoup plus le design que les français.

Après effectivement à Saint-Etienne, il y a la Cité du Design, il y a une école de Design mais bon, on va à Paris, y'a un lieu qui s'appelle le Lieu du Design, y'a les meilleures écoles de design à Paris, euh voilà, la plupart des designers sont à Paris, donc c'est très bien, on va pas se plaindre, c'est super d'être designer et d'être à Saint-Etienne, c'est mieux que d'être

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n'importe où en France, mise à part Paris, mais vous allez à Milan, vous avez une manifestation La Biennale du Design qui a je ne sais combien d'années d'ancienneté et qui est mondialement connue, et il y a des grands designers, voilà, donc on est pas les seuls, on a notre épingle du jeu dans la profession aussi et c'est très bien.

· Oui alors c'est vrai que j'ai entendu beaucoup de discours comme quoi Saint-Etienne avait vraiment une place pour les designers et démocratisait vraiment le design...

Ouais, mais pas plus qu'à Paris, qu'à Milan et qu'à Berlin, voilà. Je connais New Castle aussi, pas plus qu'à New Castle non plus. Donc voilà, on n'est pas les seuls. On fait partie d'une région qui se veut plus dynamique, donc la ville a axé la communication là-dessus, okay, mais on est pas les seuls. Le commerce design, on l'a pompé sur Montréal.

· Oui, après Montréal est dans le réseau Unesco et c'est quand même une ville plus grande...

Oui oui c'est pour ça que c'est bien à l'échelle française, après on est dans une époque où on résonne de manière plus élargie que son pays.

· Et la biennale internationale du design, qu'est-ce que vous en pensez (rires) ?

Qu'est-ce que j'en pense ? Bah c'est bien qu'il y est une manifestation comme celle-là. Elle est montée en puissance au fur et à mesure des années, euh, après, je sais pas si la dernière édition, j'ai l'impression qu'on reste un petit peu sur notre faim, l'expo diminue de plus en plus, c'est un petit peu, par rapport à Milan où c'est très fort, j'ai l'impression qu'on a perdu un peu un souffle, il faudrait un nouveau souffle pour dynamiser. Ceci dit, c'est très bien pour la ville car c'est un événement majeur, en France, mais après il faut savoir se réinventer à chaque fois, je sais que c'est pas facile, et chaque fois faut faire mieux que l'année d'avant. Mais c'est bien pour la ville et les designers parce qu'on en entend parler un petit peu, ça dépasse un peu les frontières de Saint-Etienne, on a des journalistes parisiens qui viennent à Saint-Etienne donc c'est bien pour l'image de la ville, et puis on est tellement considérés comme une ville, Saint-Etienne n'a pas forcément une image de ville sympathique et donc ça amène, le design étant une activité à la mode, malheureusement, ça donne un côté plus brillant, voilà.

·

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Par rapport aux autres villes que vous avez vues, vous avez voyagé, qu'est-ce que Saint-Etienne pourrait justement, quelles seraient les inspirations et des pistes pour l'avenir de la ville d'après vous ?

Ca c'est une réflexion là, comme ça, c'est difficile de répondre. Il y a des gens qui réfléchissent sur ce sujet-là, je sais qu'il y a eu des réunions, cette semaine j'étais sur le développement économique de Saint-Etienne et à l'assemblée générale du développement économique de Saint-Etienne et après voilà, faut se mettre autour d'une table et réfléchir. Donc là, c'est une politique globale avec la difficulté qu'il y ai des politiciens qui peuvent changer aujourd'hui, à chaque mandat tous les 5 ans.

· Oui bien sûr. Mais ma question était tournée vers la ville de design, c'est à dire, j'ai eu justement des avis comme quoi le potentiel d'avenir de Saint-Etienne, c'était la slow city, c'était la ville où il fait bon vivre, on m'a aussi parlé

Excusez-moi. Comme retour, ou c'est un souhait ?

· Non, comme pistes de développement...

Ah oui bien sur (rires), ouais. Je pense que y'a beaucoup de villes en France qui seraient qualifiées en France de villes où il fait bon vivre, où c'est sympa...

· Oui je veux dire comparé à Lyon par exemple, l'été il fait chaud et c'est assez pollué Ouais enfin après l'image de la ville, en étant objectif, l'image de Lyon est mieux que celle de Saint-Etienne. Vous allez à l'extérieur.

· Oui bien sur, l'image doit changer. Du coup auriez-vous quelque chose à ajouter ? Non, n'hésitez pas à me contacter si vous avez d'autres questions. Je pourrais y répondre, y'a pas de soucis.

Excursionniste : Visiteur dont le séjour ne comporte aucune nuitée dans un hébergement terrestre

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8 Etude réalisée sur les retombées économiques de

la Biennale Internationale Design 2015

Données issues de l'enquête menée auprès des 941 visiteurs de la Biennale Internationale du Design et ses comptages billetteries dans les sites IN (12 mars - 12 avril 2015, Cabinet PROTOURISME)

FRÉQUENTATION

208 000 VISITEURS sur 33 jours (du 12 mars au 12 avril)

PROFIL DES VISITEURS

> 2/3 des visiteurs âgés de 25 à 50 ans

> 1/3 des visiteurs sont revenus à plusieurs reprises et effectué en moyenne 3 visites

> 2/3 des touristes ont profité de leur venue à Saint-Etienne pour pratiquer d'autres activités (principalement visites des musées de la Ville

> La Biennale Internationale du design dispose d'une forte attractivité et joue le rôle de déclencheur pour venir à Saint-Etienne.

 

RETOMBÉES ÉCONOMIQUES

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3,3 millions d'€ de chiffres d'affaires pour les entreprises de l'Agglomération

A qui profitent ces retombées ?

> 22 500 nuitées (2 nuits en moyenne par touriste)

> 96% des visiteurs ont choisi de séjourner sur le territoire de Saint-

Etienne Métropole

> 65 emplois créés ou maintenus

> 86 visiteurs ont réalisé au moins 1 dépense dans l'agglomération

 

PERCEPTION DES VISITEURS

· Les bénéfices en termes d'image sont indéniables.

· L'image d'une ville austère, triste, liées à son passé industriel, s'efface au profit de celle d'une ville dynamique, modernisée, associée à la culture et au design

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> La Biennale est un succès en terme d'images, tant pour l'événement que pour la Ville. Alors que la moitié des « primo-visiteurs » avaient une image négative de la Ville avant de venir, près des 3/4 d'entre eux en ont une image positive après avoir visité la Biennale.

> La Biennale est donc un vecteur d'attractivité et de fidélisation des visiteurs.

 

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RETOMBÉES PRESSE

> En 2015, les parutions ont généré près de 5,5 millions d'€ d'équivalent publicitaire, soit une augmentation de 59% par rapport à 2013.

10 Réseau Les villes créatives Le l'Unesco

58

Capture d'écran du site http://fr.unesco.org/creative-cities/content/creative-cities le 2016-02-21

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11 Campagne de communication « Saint-Etienne

change Ce monde avec design »

60

12 Saint-Etienne Design City Guide

CRÉDITS

Coordination

Office de Tourisme

de Saint-Étienne Métropole 16 avenue de la Libération 42000 Saint-Étienne www.saint-etiennetourisme.com

Conception graphique Cabaroc

Kaksi design

Photographie

Pierre Grasset

Magali Stora

Saint-Étienne Tourisme

Lin Finn Geipel et Giulia Andi

Jan-Oliver Kunze

Epase / Henri Granjean

Chaix et Morel Associés

Saint-Étienne Métropole

Foster and Partners / Saint-Étienne

Métropole / Franck Ribard

Ville de Saint-Étienne

Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole

Saint-Étienne Tourisme FLC/ADAGP (2015)

Saint-Étienne métropole / Gilles AymardChaix et Morel Associes / Saint-Étienne Metropole

Cité du design

(c) Conception, Le Corbusier architecte, assistant José Oubrerie assistant (1960-65)

Réalisation, José Oubrerie architecte (1968-2007)

Hubert Genouilhac

Les erreurs ou omissions involontaires, malgré les soins et les contrôles de l'équipe rédactionnelle, ne sauraient engager la responsabilité de l'éditeur.

INFORMATIONS PRATIQUES

· www.saint-etiennetourisme.com

· www.citedudesign.com

· www. biennale-design.com

· www.codesign-rhonealpes.fr

· www.designmap.fr

· www. saint-etienne.fr

· www. agglo-st-etienne.fr

· www.art-histoire.saint-etienne.fr

· www. designmanagementexcellence.com

· www. sitelecorbusier.com

· www. mam-st-etienne.fr

· www. le-mixeur.org

· www. cartonnerie.fr

· www. le-fil.com

· www.bit.ly/commercesdesign

· www.en.unesco.org

Conçu pour faciliter la découverte du design sur le territoire, ce Saint-Étienne City guide Design recense les architectures, les aménagements, les interventions urbaines et les commerces dans lesquels le design intervient. Le visiteur peut retrouver l'empreinte des designers qui façonnent les espaces et la vie des habitants. Indispensable pour les curieux du design, ce guide permettra aussi de façon très libre de piocher des informations au fil de leurs pérégrinations ou de construire un parcours spécifique. Belle découverte design de notre territoire.

2 | SAINT-ÉTIENNE DESIGN CITY GUIDE SAINT-ÉTIENNE DESIGN CITY GUIDE | 3

61

Design dans l'architecture

14 rue Paul et Pierre Guichard

42000 Saint-Étienne

Conception :

Chaix & Morel et Associés, Les Charrons, Atelier Ruelle, L'Atelier

Tourette & Goux , L. Bertoni et S. Philibert

8 Stade Geoffroy-Guichard Inauguré en 1931, Geoffroy-Guichard s'inscrit dans la mémoire collective nationale et au-delà. Sa rénovation complète respecte cette identité et l'ambiance mythique du «Chaudron ». Elle s'appuie sur un concept architectural qui en renforce l'effet tout en unifiant la forme existante, avec une «peau » de métal ajouré. Véritable vitrine

du savoir-faire stéphanois, le design des abords, des espaces réceptifs, le vestiaire, le mobilier et la signalétique ont été dessinés en grande partie sur mesure. Le stade qui recevra l'UEFA EURO 2016 abrite en son sein le Musée des Verts, premier musée français consacré au football.

9 Le Fil

Lieu de découverte artistique, le Fil reçoit des artistes émergents de renommée nationale voire internationale. Son architecture est un clin d'oeil à l'identité stéphanoise utilisant une parure métallique extérieure évoquant un métier à tisser ou les cordes d'un instrument de musique. La façade bar-club rappelle la rubanerie. Sa toiture végétalisée s'inscrit dans une démarche environnementale et d'isolation acoustique optimale.

20 boulevard Thiers

42000 Saint-Étienne Conception : XXL Atelier Philippe Delers & Associés

10 Zénith

Implanté sur des anciennes friches industrielles, le Zénith de Saint-Étienne reflète la volonté d'innovation et de création du territoire. Sa silhouette aérodynamique, son design épuré et son caractère hautement écologique font de ce bâtiment un édifice sophistiqué et inventif.

Rue Scheurer Kestner 42000 Saint-Étienne Conception :

Sir Norman Foster

11 Habitats jeunes Clairvivre En continuité avec l'oeuvre de l'architecte André Wogenscky, l'association Habitats jeunes Clairvivre (qui offre aux jeunes un hébergement transitoire et favorise leur parcours vers l'autonomie) a initié depuis 2010 un projet intitulé Habitats jeunes et design. L'association a souhaité que la conception du lieu se construise de manière partagée entre résidents, personnels, designers et architectes.

69 rue Jean Parot

42100 Saint-Étienne

Conception :

J. de Sousa, P. de Glo de Besses, F. Gibilaro, Association Habitats Jeunes Clairvivre, Cité du design

12 Mille Club

Annexe de la maison de quartier du Crêt de Roc, ce projet fait partie d'un ensemble de réaménagements urbains programmés sur le quartier. Le bâtiment, par son implantation, fait le lien entre la plateforme piétonne perpendiculaire à la montée Pointe Appell et le futur parcours ceinturant le cimetière. Sa façade en béton teinté dans la masse, de couleur rouge-ocre, compose avec la couleur de la tuile un monolithe chromatique qui se repère dans le quartier.

36 rue de l'éternité 42000 Saint-Étienne

Conception :

Agence A-MAS (ex YES)

62

10 | SAINT-ÉTIENNE DESIGN CITY GUIDE SAINT-ÉTIENNE DESIGN CITY GUIDE | 11

Design dans l'espace urbain

16 Mise en lumière des Arcades

Dans le cadre du projet de rénovation de l'hôtel de ville, la mise en lumière des plafonds ouvre le regard sur les arcades. Le soulignement des pilastres révèle l'histoire de l'architecture et l'attractivité de ce passage commerçant très fréquenté. La lumière joue un rôle dynamique et artistique, des projecteurs gobo projettent sur deux murs des créations graphiques évènementielles.

Hôtel de ville 42000 Saint-Étienne Conception : Studio By Night, Spie Sud-Est Axente

17 Place Chavanelle Véritable écrin de plusieurs oeuvres d'art contemporaines comme « l'R du large» de Gyslain Bertholon et Maxime Bourgeaux, «Les colosses» de Yannick Vey, le « Pouet » de Remi Jacquier, « Pas à pas » de Chantal Dugave, le cadre de Loëtitia Cornélie.

Place Chavanelle 42000 Saint-Étienne Conception :

C. Bové

18 Engrainage

Telle une constellation suspendue, une multitude de sphères colorées illumine une rue centrale de la ville, et révèle son volume particulier. L'installation qui renvoie à une floraison comporte des interrupteurs que le passant peut actionner s'il le désire. Il peut ainsi, à sa guise, choisir d'éclairer ou d'éteindre un espace partagé, une mémoire collective, et de faire apparaître ou disparaître ce mystérieux « grenier » selon son humeur.

Rue Georges Teissier 42000 Saint-Étienne Conception :

L. Belala

19 Passerelle du Crêt de Roc

Un parcours design se dessine en se promenant depuis le centre-ville à la colline du Crêt de Roc. On peut souligner la placette Paul Appell et la passerelle située

au nord du collège Fauriel. Sur l'esplanade du Crêt de Roc, située à proximité de l'entrée du cimetière Saint-Claude, un traitement des espaces publics complète le projet de renouvellement urbain du quartier.

32 rue Rouget de Lisle 42000 Saint-Étienne Conception :

Bureau d'étude maîtrise d'ouvrage Ville de Saint Étienne

20 Parvis de la Gare Châteaucreux

Lieu de passage et d'entrée de ville, le parvis de la gare accueille de nombreux projets urbains. D'abord les sièges tabourets Tempo qui, comme une forêt de clous, invitent à se reposer. Mais aussi les Chevaux bleus en résine polyester qui sont comme recouverts d'une peau lisse et tendue. Enfin, l'Arbre multicolore qui se dresse fièrement à la lumière du ciel.

2 esplanade de France 42000 Saint-Étienne

Conception :

F. Bauchet, A. Smati, P. Million

21 Gimme shelter

Suite à un appel à projet, l'artiste Nathalie Talec a élaboré selon les principes sensibles du Modulor de Le Corbusier, cet objet refuge. Une manière d'habiter qui propose de jour comme de nuit, une perception troublante du temps et de l'espace. La lumière matérialise un mobilier et donne un sens corporel à l'architecture.

Place d'armes, site Manufacture 42000 Saint-Étienne Conception : MMXI architectures

Atelier du Néon, M. Delarasse N. Talec

14 | SAINT-ÉTIENNE DESIGN CITY GUIDE SAINT-ÉTIENNE DESIGN CITY GUIDE | 15

63

64

· Cadeau Maestro

3 rue Michelet

09 83 69 26 68

· Home Sweet Home

16 rue Pierre Bérard

04 77 46 49 75

· Ô Design

6 avenue de la Libération

04 77 38 42 90

· Ange & Lux

21 rue Étienne Mimard

04 77 37 48 84

· La Belle Histoire

37 rue Gambetta

04 77 37 92 67

n Coursol

25 rue Michelet

04 77 33 24 02

· Epoc Epic

11 rue Pierre Berard

04 77 32 34 01

· Kartell

31 place Chavanelle

04 77 25 84 39

· J'ai Deux Amours

12 rue Sainte-Catherine

04 77 21 00 57

· Le Vieux Colombier

41 rue Gambetta

04 77 32 05 64

· Ma Boutîc

2 rue de la condition

04 77 21 81 76

· Cinna

12 rue de la République

04 77 32 20 09

· L'Éclisse

35 rue Gambetta

04 77 41 58 05

· Ligne Roset

6 rue de la République

04 77 25 65 93

· Bulthaup

3 rue de la République

04 77 32 92 07

· Côté design

10 rue Michel Rondet

04 77 25 65 93

· Bang Olufsen

9 rue de la République

04 77 32 39 26

· Comptoir d'Influences

8 rue Louis Braille

04 77 30 65 49

· Une autre Maison

4 rue Traversière

04 77 32 89 77

26 |

SAINT-ÉTIENNE DESIGN CITY GUIDE

Shopping design

Petits ou grands, vintage ou insolites, branchés ou décalés, les objets et les idées cadeaux des nombreuses boutiques spécialistes du design à Saint-Étienne étancheront les envies de design les plus variées quel que soit le budget.

La présente liste est une sélection de

partenaires non exhaustive.

LÉGENDE

Design dans l'architecture Design dans l'espace urbain Design dans les musées Design hors Saint-Étienne Commerces design Shopping design

SAINT-ÉTIENNE DESIGN CITY GUIDE | 27

Parc

Place

Rue piétonne Voie du tram

Tram

Vers

LE PUY

Firminy

Vers

ROANNE
CLERMOND-FD

27

Andrézieux Bouthéon

Unieux

28

D8

A72

D500

N88 D1028

D201

La Ricamarie

Saint-Héand

Saint-Étienne

D1498

Sorbiers

30

Saint-Christo en-Jarez

N88

29

N88

St-Chamond

Vers

LYON

65

66

26

39

O E

Puits Couriot

N

S

25

2

22

Gare de Carnot

21

23

Place Sadi Carnot

61

49

18

Place Jean-Jaurès

87

50

80

82

24

6

63

65

13

14

16 15

53

5

7 9

31

Place
de l'Hôtel
de Ville

59

19

Place du Peuple

Place
Albert Thomas

48

62

43

47

55

Place Dorian

69

70

35

89

51 67

56

86

72

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76

12

81

41

85

Place
Anatole France

77 79

60

88

74

32

42

52 54

40

8

38

33

83

78 73

44

90

Rue Desjoy

46

Cimetière du Crêt de Roc

Parc

François Mitterrand

Place Chavanelle

10

1

57

3

36

Place Fourneyron

34

75

e

4

Jardin des Plantes

37 64

71 45

58

66

Gare de Châteaucreux

20

11

68

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