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Valeurs et et relativisme moral dans la généalogie de la morale (1887) de friedrich nietzsche

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par Daniel Blaise BITECK
Université de Yaoundé 1 - DIPES II 2013
  

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III.2. LE CARACTERE CATEGORIQUE DU DEVOIR

A la question quel est le fondement de la morale l'auteur de De la quadruple racine du principe de raison suffisante répond que c'est la nature humaine. Pour lui, aucune origine autre que le sentiment de pitié ne peut être attribuée à la morale. Pour lui, c'est le sentiment de pitié qui caractérise l'essentiel de la nature humaine. Même la raison tant élevée par les rationalistes n'est qu' « une partie de la portion phénoménale en nous ». La sympathie qui signifie le fait de souffrir avec l'autre nous rapproche d'autrui, nous ouvre la porte de son intimité, le découvre tout en nous découvrant nous-mêmes aux yeux des autres. Elle nous introduit ainsi à l'être secret de l'autre, nous révèle ses besoins, ses craintes et ses espérances etc.... Ceci suppose selon Schopenhauer que nous niions sinon que nous simplifiions la différence qu'il y a entre autrui et nous et que nous nous reconnaissions en lui et lui en nous. C'est cette auto-identification réciproque qui nous permet, d'après celui que l'histoire de la philosophie présente comme l'un des adversaires farouches de Hegel, agir moralement c'est-à-dire à chercher à faire du bien à autrui. C'est ce qu'il appelle l'action vertueuse. Car, lorsque nous comprenons que l'autre mène une vie identique à la nôtre c'est-à-dire une vie gouvernée par le hasard, une vie malheureuse, lorsqu'il nous apparaît que nous faisons l'expérience des mêmes conditions existentiales, nous nous sentons proche de l'autre et ce sentiment nous détermine à agir en sa faveur. On peut constater ceci lorsque, à chaque fin d'année, les personnes nanties et les organisations non gouvernementales, les membres de certains corps de métier descendent dans les hôpitaux, les orphelinats bref vers les personnes nécessiteuses pour leur témoigner leur compassion en leur offrant des présents de toutes sortes. Cet acte qui est généralement considéré comme un « élan du coeur », un acte désintéressé qui montre qu'il y a un lien intense qui unie ces deux catégories de personnes. Schopenhauer considère cet acte comme la manifestation du sentiment de pitié qui anime l'homme et qui constitue selon lui la véritable source de la moralité.

Cependant, à y regarder de près, on s'aperçoit que la pitié, quoiqu'elle rapproche même pour quelques temps les individus, n'annule pas pour autant la différence existentielle qui existe entre eux. Comme le précise à cet effet ce mot de Monique Canto-Sperber pour qui la sympathie ne peut « annuler la différence entre nous et l'autre, pour la bonne raison qu'elle n'oublie pas que l'autre souffre dans sa propre personne quand il nous amène à souffrir avec lui. »40(*) La compassion ramène ainsi au partage de la douleur de l'autre.

En fait, il apparaît qu'après avoir rejeté la raison et l'absolu comme fondement des valeurs morales, Schopenhauer pose le sentiment de pitié comme origine authentique de la moralité. Il avance notamment l'idée de la prédétermination des conduites humaines. Pour lui en effet, les comportements humains sont innés et immuables c'est-à-dire qu'ils sont soumis à un déterminisme biologique qui implique que nous avons, dans notre constitution biologique des gènes qui prédéterminent notre nature. L'auteur de Sur le fondement de la morale s'inscrit donc en faut contre les thèses existentialistes qui nient toute détermination naturelle ou biologique de l'homme et affirment plutôt la totale liberté de celui-ci : « L'on est libre même dans les fers » nous dit à cet effet Jean-Paul Sartre. Contre ceux-ci, celui que l'histoire de la philosophie présente comme l'un des adversaires les plus farouches de Hegel pense que biologiquement nous sommes orientés soit à faire le bien, soit à faire le mal et c'est pourquoi il soutiendra que « les différences de caractère sont innées et immuables. Le méchant tire sa méchanceté de naissance, comme le serpent ses crochets et ses poches à venin »41(*).

Comme nous l'avons indiqué d'entrée de jeu, il transparaît un pessimisme et un essentialisme de la pensée de Schopenhauer car pour lui, l'homme ne peut devenir ce qu'il veut, il n'en a pas les capacités. Son destin est comme scellé étant donné qu'il est victime de sa constitution biologique. Au demeurant, il apparaît clairement que pour lui, l'homme n'est pas libre d'où cette interrogation : comment les valeurs peuvent-elles exister dans un contexte où il n'y a pas de liberté ?

Dans le but de consacrer une origine solide aux valeurs morales, certains prédécesseurs de Nietzsche ont tôt fait de convoquer l'Absolu, la raison et le sentiment croyant par-là fonder ces valeurs sur une autorité solide et inébranlable. Aussi les valeurs morales trouvent leur force de loi, leur universalité pour Platon et le Judéo-christianisme dans la transcendance. Kant par contre situe l'origine de l'autorité des valeurs morales dans la bonne volonté et le devoir alors que Schopenhauer la trouve dans le sentiment de pitié. Or, Nietzsche pense qu'il est nécessaire d'opérer une révolution dans la manière de concevoir les valeurs et surtout la nécessité de substituer aux critères susmentionnés des critères nouveaux favorisant selon notre auteur l'avènement d'un homme nouveau : le surhomme qui créé lui-même ses valeurs. C'est pourquoi l'auteur de Par-delà bien et mal va postuler une transmutation des valeurs.

CHAPITRE4 :

* 40 M. Canto-Sperber, (dir), op.Cit., p. 1361.

* 41 A. Schopenhauer, Sur le fondement de la morale, Paris, P.U.F, 1997, p.20.

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